Alors ça, elle ne l'avait pas vu venir. Cette créature - qui avait l'apparence d'un détraqueur soit dit en passant - lui avait attrapé la jambe et l'avait entraîné avec elle dans ce tourbillon magique, sans lui laisser une seule seconde de réaction. Emma n'eut même pas le temps de profiter du voyage ni de son arrivée. En fait, en ce moment-même, elle souffrait. Un horrible mal de crâne faisait battre le sang dans ses oreilles. En ouvrant les yeux, Emma aperçue Mary-Margaret, sa mère - toujours aussi bizarre de réaliser cette vérité - et d'autres personnes de Storybrooke. Puis, deux étranges femmes arrivèrent près du groupe. L'une d'elle portait une robe légère et avait une tiare dans les cheveux. L'autre avait un costume de chevalier et tenait un casque dans son bras. D'accord. Peut-être que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve, au final. Peut-être que Henry n'avait pas réellement mordu dans cette part de tarte. Peut-être que la ville organisait maintenant une journée costumée - encore - en l'honneur d'une fête quelconque.

Emma n'eut pas trop le temps de réfléchir au pourquoi du comment elle s'était retrouvé ici, mais une chose était sûre : elle ne rêvait pas. Sinon, pourquoi ressentirait-elle cette atroce douleur à la tête ? Rapidement, la jeune femme fut forcée de se lever. Elle apprit alors qu'elle avait affaire à Mulan et la princesse Aurore. Son étonnement ne fut pas vraiment discret. Emma écarquillait ses yeux et haussait les sourcils, toujours surprise de découvrir l'univers dans lequel elle était plongé depuis quelques mois.

Plus tard, après de longues heures de marche, le petit groupe de téméraires de Storybrooke se retrouva dans un camp de survivants. Mais la seule chose à laquelle Emma pensait était la nourriture. Elle avait faim. Et soif, aussi. Elle observa alors le reste de l'équipe et aperçu un homme d'une certaine carrure à la peau foncée qui portait une armure. Un chevalier de la table ronde ? Emma avait eu cette pensée sans réellement être sérieuse, mais lorsque Mary-Margaret se précipita vers lui en l'appelant "Lancelot", la jeune femme ne put s'empêcher d'avoir un hoquet de surprise. « Où sommes-nous tombés au juste ?  »

Si les retrouvailles avec Rumplestiltskin avaient été riches en émotions, je ne regrettais pas du tout le mal que j’avais ressenti. La magie continuait de prendre place entre nous deux, je le savais bien, mais j’avais été au moins en mesure de lui faire abandonner l’idée de se venger de ce que Regina m’avait fait. Ou c’était plutôt ce qu’il m’avait fait croire. Dans sa boutique, il s’était remit au travail. Discutant avec lui, je m’absentai un moment pour aller à la toilette. Pendant mon absence, le shérif Emma Swan accompagnée de deux autres personnes était entré dans la boutique pour discuter avec mon amoureux. Derrière le rideau séparant l’arrière boutique et la boutique en elle-même, j’avais décidé d’attendre afin de n’interrompre leur conversation. Je me rappelais après tout du regard des gens quand ils nous voyaient ensemble. Je ne voulais pas gêner le travail du Ténébreux. Mais la conversation ressemblait beaucoup plus à un règlement de compte qu’autre chose. Le shérif était mécontent. Mais une explosion près de la boutique interrompit la conversation en nous secouant tous, m’empêchant d’en savoir un peu plus. M’appuyant sur le mur pour ne pas tomber, j’écoutai la suite. C’est de la bouche de Rumplestiltskin que j’entendis la vérité. Il n’avait pas tenu sa promesse. Le regard baissé, j’avais prit une profonde inspiration. L’heure de la confrontation sonna quand les trois invités sortirent de la boutique. Rumplestiltskin s’apprêtait à retourner à ses occupations quand j’ouvris enfin le rideau et sortit. Je pris alors une grande respiration « Tu m’as menti. » Il savait que j’avais tout entendu. Ses yeux avaient parlés pour lui. Voilà qu’il se mit alors à nier sa traitrise. « Tu joues avec les mots, comme tu fais avec les gens. Tu es toujours un homme qui fait de mauvais choix… » Des larmes envahissaient mes yeux, mais elles ne coulaient pas.  « Je croyais que tu avais changé. » Alors il me répondit spontanément « Pour l’heure durant laquelle tu m’as connu? » Surprise et brisée par cette phrase, l’horreur se montra dans mon regard alors que je me dirigeai vers la sortie. Il tenta de s’excuser, mais il était trop tard. Je ne voulais plus le voir. Moi qui avait toujours été la seule à voir en lui ce que les autres n’arrivaient pas à voir, voilà qu’il me repoussait à nouveau, qu’il me brisait comme tous les autres. J’avais été naïve une fois de plus.

Claquant la porte de la boutique, je pris n’importe quelle direction pour réfléchir, cherchant Regina par le même fait, jusqu’à ce que je décide d’aller voir à la mairie. Elle m’avait enfermé pendant plus de 28 années, mais je n’étais pas comme elle. Il fallait que je répare la bêtise du Ténébreux. La magie étant revenue, je risquais peut-être gros, mais ça ne me faisait pas grand-chose. Regina aussi risquait gros. Une fois sur place, je fus surprise et effrayée. Je ne m’étais pas attendue à me retrouver aussi rapidement prise dans une situation pareille. À ma grande satisfaction, Emma avait déjà trouvé Regina, mais tout se passait si rapidement ici que je n’eus même pas le temps de faire quoi que ce soit que je me retrouvais déjà dans le portail.

À mon réveil, je constatai une douleur à mon bras sur lequel j’étais couchée. Je n’avais rien, de grave, seulement mal. Me redressant sur mes deux genoux, je regardai autour pendant que les autres se réveillaient également. Cet endroit me disait vaguement quelque chose. Je mis un moment à me souvenir. J’étais au château d’un vieil allié de mon père. J’étais venu ici deux ou trois fois durant mon enfance. Mais tout cela n’était que de lointains souvenirs du temps où je n’avais à me soucier de rien, dans ma jolie robe de princesse jaune. Aujourd’hui, je rattrapais le temps perdu en m’inquiétant de tout. Je n’étais plus une princesse après tout, ou pas entièrement. Me levant debout, je me retournai et croisai le regard de deux femmes qui nous observaient. Je connaissais bien l’une d’elle. Casque de guerrière sous le bras et vêtue de son armure, Mulan me reconnu, malgré mon jean bleu et mon haut gris, vêtements qui devaient paraître étrange à ses yeux et aux yeux de la femme qui était avec elle. Cette dernière d’ailleurs me disait vaguement quelque chose. Quoi qu’il en soit, je regardai mon amie et souris. « Mulan ! » J’étais rassurée de la voir. J’avais beau être dans mon monde, je ne savais pas ce qui s’était passé après la malédiction. C’était comme si ce monde m’était inconnu, et il devait l’être encore plus aux yeux du shérif qui nous accompagnait. Je regardai d’ailleurs le petit groupe avec qui j’étais tombée dans le portail. Je ne connaissais personne, mais je me sentais coupable. C’était comme si je me sentais responsable de la bêtise du Ténébreux.  

Rumplestiltskin… J’eus une pensée pour lui. Moi qui étais partie si brutalement dans l’intention de ne plus revenir, j’avais simplement envie d’aller le revoir. J’étais toujours fâchée contre lui, terriblement déçue et offensée par sa dernière remarque, mais je continuais de l’aimer malgré moi. J’étais inquiète de savoir sa réaction lorsqu’il allait réaliser que je manquais à l’appel. Il faisait des mauvais choix, mais je savais qu’il m’aimait. Bref, je revins sur terre en reposant les yeux sur Mulan. « Où est Phillip ? » demandai-je intriguée. Ma dernière soirée de liberté dans ce monde, je l’avais passé avec les deux. J’ignorais ce qui s’était passé pendant que j’étais retenue prisonnière par Regina et après la malédiction, mais je ne perdais rien à demander. Je m’étais attendue à ce que celle-ci m’annonce que son chemin s’était séparé de l’ex Yaoguai à un certain moment, mais la vérité fut toute autre. Quand je regardai dans la direction qu’on me pointa, me donnant pour explication qu’un dévoreur d’âme venant de notre monde lui avait prit la vie. Horrifiée, mon cœur se serra. J’eus de nouveau l’impression que c’était ma faute et j’en voulu un peu plus au Ténébreux qui m’avait prit un ami. Je me contentai donc de tourner la tête, honteuse et triste en même temps, et ce comportement pouvait laisser deviner les autres que je savais qui était le véritable coupable. Pour éviter d’en parler, du moins pour le moment, je partis aider d’autres à se relever. Plus tard, nous nous mettions en route. Quelques heures plus tard, nous arrivions sur un campement. Les gens nous regardaient avec un regard étrange, comme si nous étions venus d’une autre planète alors que nous étions nous-mêmes originaire de ces lieux, à l’exception d’Emma. Les pieds douloureux, j’avais hâte de m’asseoir, d’autant plus que j’avais faim et soif. C’était comme si je vivais à nouveau l’enfer que j’avais vécu en errant, quand Rumplestiltskin m’avait chassé de son château. Je connaissais le sentiment. Sauf que cette fois, je me retrouvais bien plus loin de lui encore. J’étais séparé par un monde en entier et nous ignorions tous comment retourner à Storybrooke, bien que notre véritable chez soi soit ici. J’avais donc hâte de m’asseoir, manger et boire, rien qu’un peu, mon dernier repas étant bien loin.

Tout tournait autour d’elle, mais elle n’arrivait pas à s’en inquiéter. Les dernières minutes lui avaient semblé incompréhensibles et, alors qu’elle se sentait tomber, elle réalisa que ça n’avait rien d’une sensation inédite. Cela faisait des mois qu’elle se sentait comme prisonnière d’un tourbillon dont la maîtrise lui échappait. Combien de temps avait duré sa chute ? Elle l’ignorait. Elle ne savait même pas si cette chute avait vocation à s’arrêter. Ses vies s’entremêlaient en lui donnant une impression amère. Celle d’une chute perpétuelle et inévitable.

Le fessier de la belle heurta brusquement le sol, et un éclair s’abattit sur son échine, la douleur se répercutant en mille frissons dans tout son corps. Elle se releva péniblement, ses yeux papillonnant légèrement. Elle eut tôt fait d’identifier les personnes qui l’entouraient, et formait un groupe parfaitement hétéroclite. L’ancienne chirurgienne soupira. Elle connaissait ces gens à Storybrooke, mais pas seulement. L’heure ne semblait cependant pas aux retrouvailles, et Mara choisit de garder le silence, alors que deux nouvelles venues s’approchaient. Elles ne venaient pas de Storybrooke, mais elles étaient du même monde, Mara reconnaissait la jeune femme richement vêtue. Ou plutôt était-ce son alter ego, Modestie, qui la reconnaissait. Les princesses du pays des contes se connaissaient plus ou moins toutes, par la force des choses. Un sourire se détacha lentement sur le visage de la brune alors, qu’à côté d’elle, d’autres semblaient les reconnaître.

Des mots furent échangés, mais Mara ne participa pas activement à la conversation. L’esprit sourd aux considérations des autres, la jeune femme arborait un air sombre, qui faisait passer à tous l’envie de recueillir son avis. Mara avait encore beaucoup de peine à agencer les derniers évènements dans son esprit. Le groupe se mit en marche, après quelques minutes, et cela lui laissa l’occasion de faire le vide en elle, occupant ses pensées à détailler les alentours. Le monde dans lequel elle venait d’atterrir était dévasté, il ne restait presque rien de ce qu’elle avait connu. Et le semblant de campement dans lequel le groupe finit par déboucher ne pouvait en rien être comparé aux anciens regroupements humains. Tourmentée, Mara étudia froidement les environs. Et les mots d’Emma Swan firent écho à ses pensées. « Où sommes-nous tombés au juste ? » L’œil sombre et la mine toute aussi lugubre, la brune trouva la force de murmurer ce que tous devaient penser : «En enfer … »

La paix de l’âme, point aisé à qui voulait de la découvrir et laisser son cœur s’y tenir. Il fallait parvenir à trouver son équilibre intérieur, entre la force et la douceur. Les grands guerriers n’avaient peine à trouver le courage tant ils savaient rester maitre de leurs émotions. La peur, la colère, la haine ou la vengeance n’étaient que d’occultes forces que chacun se devait de contrôler. Mais la vie des Hommes dans le monde des contes ne semblaient en rien gracieuse comme l’herbe haute qui se courbe dans le vent.  Cette vie ressemblait aux mâchoires de montagnes, aux cascades d’eau pure issues des glaciers de Kun Lai, tombant avec fracas avant de trouver la paix ou le combat. Une dérive incessante et merveilleuse.
Pour Mulan, la dérive était un mot qui correspondait davantage à sa situation passé. Après avoir quitté l’armée, la guerrière avait mené l’aventure avec conviction et détermination. Et aujourd’hui, elle avait affronté tant de choses ! La malédiction rompue, le temps avait repris son cours, permettant à elle et Philippe de retrouver la princesse Aurore. Mais ce jour là le ciel ne présageait que de bien mauvaises augures.  Une monstrueuse créature avait fait son apparition alors que la fin de cette histoire aurait du être joyeuse. A croire que le mal avait définitivement quitté ce monde.

La suite des évènements ne fut que peu glorieuse, surtout lorsque Mulan et Aurore, après avoir affronté la mort de Philippe, découvrir de bien étranges voyageurs aux têtes méconnues. La guerrière fut troublée de reconnaître Belle, celle qui lui avait fait rencontrer le prince aujourd’hui endormi d’un sommeil sans rêve et sans joie. Morne monde au jour déclinant de bonheur.  Sans plus attendre les deux gentes dames s’en étaient allées mener cette vile populace au camp qui leur servait d’abris à présent.  Bavarder n’avait été que le cadet des soucis de la noble guerrière. Son énergie vitale, circulait à travers tout son corps, était ébranlé dans la paix. Cette aventure ne présageait que pire encore pour l’avenir de ce monde. La force était trouble dans son comportement.
Une fois arrivée au camp, Mulan, l’oreille attentive et alerte, avait entendu les dire des inconnus mais ce fut Aurore qui lança la première pique. La guerrière ne pouvait qu’admettre que la douce princesse, casse-pieds sur les bords, ne pouvait s’empêcher d’épancher les douleurs de son cœur. L’asiatique lui saisit l’épaule pour l’éloigner de les prisonniers. « Calme toi, cela ne fera pas revenir Philippe. » Malgré tout, elle ne pouvait que compatir à sa douleur. Néanmoins, elle restait maitresse de ses propres émotions et s’approcha de Belle qui était en compagnie. « Que faites vous ici ? » Regardant les autres d’un air prédateur, elle n’appréciait que peu l’idée que ces gens soient ici. Rien que par leur présence ils attiraient déjà le malheur. Comme l’avait dit la princesse, ils avaient vécu trop de chagrin pour s’empêcher d’avoir les nerfs à vif. Toutefois le chef du camp ne tarderait sans doute pas à s’intéresser lui aussi à ces invités d’un autre monde. Aussi Mulan espérait-elle une réponse concise et efficace de la part de celle qui fut autrefois sa compagne de chasse.

Emma avait l'impression d'être dans un très long rêve qui ne prenait jamais fin. Quelques heures seulement après avoir ouvert son esprit sur la réalité qui l'entourait, miss Swan s'était retrouvée dans ce monde qu'elle ne connaissait pas avec Mulan, la princesse Aurore et d'autres personnages de contes qui avaient bercé son enfance. C'était irréaliste ! Pas étonnant que la jeune femme passe son temps à froncer des sourcils ou à faire de drôles de têtes. Elle ne comprenait pas tout ce qui lui arrivait et restait étonnée à chaque fois qu'un des membres des survivants prenait la parole. Sans parler du fait qu'elle était la fille de blanche-neige et du prince charmant, rêve que beaucoup de petites filles lui envieraient.

Observant le petit groupe de survivants qui s’attelait à préparer un festin, Emma grimaça à nouveau en se demandant où elle était tombée. Une réponse arriva bien vite et fut délivrée par Mara, personnage que la jeune Swan ne connaissait absolument pas. Ainsi, ils étaient en "enfer" ? Emma afficha une petite moue qui reflétait son état d'esprit du moment. Elle était totalement d'accord avec la jeune femme qui se trouvait à ses cotés, mais la princesse Aurore n'eut pas du tout la même opinion que les deux "étrangères". Celle-ci commença à s'emporter en demandant à ce que cet endroit ne soit pas insulté. Arquant les sourcils, Emma fut étonnée du caractère bien trempée de la princesse et mit un moment à reprendre une expression des plus neutres. Elle n'ajouta pas non plus de remarque, jugeant préférable de ne pas envenimer la discussion actuelle. S'ils étaient ici, tous ensemble, autant s’entraider.

Mulan, qui était l'un des personnages favoris d'Emma durant son enfance, demanda à Aurore de se calmer avant de prendre des nouvelles sur la venue de l'autre groupe dans le monde magique. Coupant sans le vouloir la parole à sa mère, Emma livra une réponse qui n'allait peut-être pas être comprise de tous. « Un détraqueur s'est amusé à terroriser notre petite ville et nous avons ouvert un portail en espérant le faire disparaître à tout jamais. » Blanche-Neige reprit vite le court du récit, pour éviter que l'histoire de sa fille soit mal perçue car elle ne donnait pas tous les éléments essentiels. « Regina nous a dit que ce monde n'était plus. Nous avions donc pensé à nous débarrasser de la créature en l'éliminant une bonne fois pour toute puisque la forêt enchantée était censée être détruite. Mais comment se fait-il que la malédiction ne vous ai pas emporté ? Pourquoi Regina a-t-elle menti ? » Pour Emma, rien d'étonnant à ce que le maire ait omis ce détail...

Voyage long et épuisant, mais en rien pire que ses mois d’exil en forêt, après avoir été rejetée par mon amoureux. Tout le monde était sur les nerfs, mais le shérif semblait encore plus troublé par ce voyage dans cet autre monde qui fut autrefois le nôtre. Peut-être ne venait-elle pas d’ici ? Ce qui expliquerait sa surprise. Si seulement ce monde était pareil à autrefois… Notre séjour serait sans doute déjà plus agréable. Pour certain en tout cas, car certains étaient plus affectés que d’autres par notre arrivée dans ce monde. Philippe en avait payé le prix fort, le pauvre. Rien que d’y penser, j’avais mal, mais le fait que la faute revenait à Rumplestiltskin qui avait invoqué cette créature me faisait encore plus de mal. Je lui en voulais de ne pas avoir tenu sa promesse, d’avoir habilement manipulé ses mots. Calme et silencieuse, j’avançai pour me rendre dans ce campement, où apparemment restaient tous ceux qui n’avaient pas été touchés par la malédiction. Je ne devais d’ailleurs pas être la seule à me demander pourquoi toutes ces personnes n’ont pas été touchées.

Le shérif demanda où nous étions, de quoi confirmer le fait qu’elle ne connaissait pas notre monde, qu’elle ne venait pas d’ici. Je la plaignais. Avant même que je ne réponde, une des personnes présentes avec nous répondit presque instantanément que nous étions en enfer. En regardant autour, il était vrai que rien n’était comme avant maintenant. J’avais peine à reconnaître le monde qui nous avait vu naître. C’est alors que la princesse qui accompagnait Mulan perdit patience. Elle plus que les autres semblait souffrir. Sans doute était-ce le deuil. Je regardai alors celle qui avait décrit cet endroit comme un enfer. Ce léger manque de tact avait su attirer un peu plus de regard autour. Je voulus intervenir, mais Mulan fut plus rapide. Calmant son amie d’abord, elle s’approcha de moi pour me demander ce que l’on faisait ici.

Ouvrant la bouche pour répondre, je fus interrompue par Emma qui répondit à ma place. « Un détraqueur s'est amusé à terroriser notre petite ville et nous avons ouvert un portail en espérant le faire disparaître à tout jamais. » Un détraqueur? Était-ce réellement ça le nom de la créature que le Ténébreux avait invoqué ? Ce point n’étant pas important, j’écoutai la brune qui prit parole à son tour, apparemment plus connue que nous autres, selon les regards étonnés qui se posaient sur elle. « Regina nous a dit que ce monde n'était plus. Nous avions donc pensé à nous débarrasser de la créature en l'éliminant une bonne fois pour toute puisque la forêt enchantée était censée être détruite. Mais comment se fait-il que la malédiction ne vous ai pas emporté ? Pourquoi Regina a-t-elle menti ? » Je ne compris alors pas pourquoi celle-ci semblait étonnée que Regina ait menti. « C’est pourtant évident » dis-je sans vraiment réfléchir. « Regina souhaitait sans doute ce qui s’est passé. Ça fait plus de 28 ans qu’elle ment à tout le monde. Elle nous a retenu prisonnier dans un monde qui n’est pas le nôtre. Il n’y a rien d’étonnant à son comportement. » Gardant mon calme malgré les souvenirs de ma cellule dans l’aile psychiatrique de l’hôpital de Storybrooke, je regardai Mulan. « La créature avait été invoquée pour tuer Regina dès le départ. » Je posai ensuite mon regard sur la princesse qui s’était laissée emportée par la colère. « Elle n’a jamais été envoyée pour Philippe, ni qui que ce soit ici. » L’air désolée et également blessée, je décidai de me taire, mais aussi de taire le nom de mon amoureux. Bien sûr, il devait assumer son erreur, mais je ne voulais pas être celle qui pousserait les gens à le détester encore plus qu’il ne l’était déjà.