Tout le monde connaît Claus North à Storybrooke. Ou en tout cas, dans un monde parfait, tout le monde devrait le connaître. Claus North, c’est le (jeune) papy bougon du coin, celui qui passe la majeure partie de son temps à râler contre tout et tout le monde mais qu’on aime bien quand même parce qu’au fond, on sait qu’il aboie plus qu’il ne mord. On pense qu’il est né en Angleterre, à Oxford, où il a vaguement tenté de faire des études avant de tout envoyer balader parce qu’il n’avait rien du gentil et docile étudiant dont on peut espérer bourrer le crâne de tout un tas de sornettes prémâchées par une bande de vieux croûtons décrépis. En plantant là professeurs ébahis et parents désespérés, il se serait envolé pour les Etats-Unis et aurait voyagé de ville en ville avant d’installer définitivement ses pénates à Storybrooke où il aurait ouvert un magasin de jouets il y a de ça presque vingt-cinq ans. Parce que Claus North n’aimait pas l’école, mais faire fonctionner ses dix doigts pour fabriquer ou inventer quelque chose, voilà qui l’intéressait beaucoup plus. Loin d’être idiot ou ignare, il a fait sa propre éducation en autodidacte et les gens sont généralement surpris de sa culture générale (pour un bricoleur sans diplômes). C’est un esprit critique très acéré, à la réplique toujours prompte et au sarcasme facile. Bruyant, râleur, expansif, rien à part son accent distingué ne rappelle ses origines anglaises. Mais Claus North a beau être un bougon de première classe, c’est aussi l’un des piliers de Storybrooke, l’habitant sur lequel tout le monde sait qu’il peut compter, car Claus connaît la ville comme s’il y était né et ne refuse jamais de rendre service à quelqu’un. Il suffit de s’attarder à faire connaissance un peu plus attentivement avec Claus pour se rendre compte qu’il s’agit d’un personnage profondément serviable et généreux, le cœur sur la main, attentif aux besoins des autres, qui dissimule toutes ces qualités derrière le masque du caractériel et du râleur notoire pour éloigner les potentielles hyènes qui pourraient vouloir abuser de son amabilité. Bon, et aussi parce qu’il trouve ça très drôle de voir la mine déconfite des gens  qui se frottent à lui pour la première fois, mais ça c’est une autre histoire. On lui donnerait environ cinquante ans, et son magasin de jouets ‘Winter’s Bell’ est connu de tous à Storybrooke, et surtout des enfants : ici, rien que des jouets artisanaux, parfois même fabriqué sur mesure sur demande des mômes ou des parents ! Mais il n’y a pas que ça : on le connaît aussi très bien car il participe systématiquement à toutes les kermesses et fêtes organisées par la ville, toujours prêt à mettre la main à la pâte ou fourni des lots pour des jeux ou des loteries. Le personnel de l’hôpital le connaît bien aussi car il vient très régulièrement rendre visite au service pédiatrique, où il organise des activités ou des distributions de jouets pour les enfants malades. Curieusement Claus s’entend merveilleusement bien avec les enfants, qui l’adorent de manière systématique (contrairement à leurs parents). Pourtant, il n’a jamais été marié et n’a jamais eu d’enfant lui-même. Bref, Claus North fait un peu office de bon grand-père un peu bougon mais pas méchant pour tout la ville, et compte bien continuer ainsi encore longtemps.

Vous y avez cru ? Haha. BULLSHIT.





Il était une fois, au Nord le plus au Nord de la Forêt Enchantée, une contrée des plus énigmatiques. Couverte d’un épais manteau de neige toute l’année, les White Mountains n’était rien d’autre qu’une immense chaîne montagneuse aussi hostile à l’homme que les déserts les plus arides, et seuls les plus courageux ou les plus fous osaient s’y aventurer ; la plupart n’en revenaient jamais et l’on n’entendait plus jamais parler de ces quelques intrépides aventuriers qui avaient eu le malheur de vouloir se frotter au grand froid. Longtemps l’on a cru ces montagnes inhabitées, ou peuplées seulement de créatures maléfiques capables de survivre dans ce climat impossible. Longtemps, jusqu’à ce que l’on entende parler de la fabrique de Santa Claus.

La fabrique de Santa Claus est l’un des lieux les plus extraordinaires et chargés de magie de toute la Forêt Enchantée. Nichée au creux de la plus haute montagne des White Mountains, elle abritait tout ce que l’on pouvait compter de lutins, de yétis, et autres créatures des neiges qui passaient leur année à travailler ici dans un seul but : fabriquer des jouets pour les enfants du monde entier pour le 24 décembre, le soir de Noël. A la tête de cette formidable entreprise : Santa Claus. Tous les ans, chaque nuit du 24 au 25 décembre, Santa Claus embarquait sur son traîneau enchanté avec sa hotte magique (elle n’avait pas de fond et ne pesait jamais plus que si elle était vide, quand bien même elle pouvait contenir des milliers et des milliers de jouets) et faisait le tour de la Forêt Enchantée pour distribuer aux enfants qui avaient été sages leur récompense annuelle. Une activité futile selon certaines mauvaises langues qui ne croyaient pas à la légende, car personne n’avait jamais vu Santa en personne ; mais les quelques initiés qui connaissaient les subtilités du monde magique et de son fragile équilibre savait que ce faisant, Santa Claus gardait un œil extrêmement attentif au devenir des enfants et que sa légende avait l’effet d’un catalyseur sur le mal qui aurait pu les influencer. Be good and Santa will come. Personne ne naissait mauvais, mais il était si facile de le devenir : en faisant conserver une lueur d’espoir aux enfants malheureux, Santa Claus agissait en gardien de l’avenir et défenseur de l’innocence. De quoi s’attirer les foudres de certains esprits maléfiques pour lesquels il constituait un obstacle…

Pour ces créatures maléfiques le danger s’était concrétisé le jour où Santa avait été convié à rejoindre le conseil de la Forêt Enchantée, celui-là même constitué par Prince Charming, Snow White, Jiminy Cricket, et tant d’autres défenseurs du bien. Agir contre ces derniers était difficile, mais Santa vivait seul dans sa fabrique, Santa voyageait dans des contrées dangereuses, Santa était plus accessible. C’est la sorcière Maleficient qui devait signer la malédiction qui frapperait le Père Noël. Pour que puisse régner le mal, il fallait attaquer le bien par la racine : les enfants, l’Avenir. Après avoir attiré Santa dans un piège, Maleficient livra contre lui une bataille acharnée qui dura deux jours et deux nuits, et au terme de laquelle elle finit par remporter la victoire. Elle maudit alors Santa Claus, le condamnant à se laisser toucher par le mal de la même manière qu’il se laissait toucher par le bien, le condamnant ainsi à livrer une lutte perpétuelle contre lui-même entre bien et mal, entre Santa Claus et Pitch Black. En la présence du bien, Santa reste lui-même, mais en présence du mal, l’influence néfaste et mortelle du terrible Pitch Black se fait plus forte, au point parfois de prendre le dessus… Le Père Fouettard était né, et si Santa récompensait les bons enfants, Pitch Black refaisait toujours surface pour punir ceux qui n’avaient pas été assez sages, toujours avec cruauté et méchanceté. Si bien que ces enfants qui auraient pu être sauvés grâce à un avertissement ou un encouragement se trouvaient confortés dans leur malheur et ne songeaient ni à se repentir, ni à changer de comportement… Brûlé à la racine, l’Espoir mourait avant même de naître.

Santa luttait de toutes ses forces contre cette part obscure de lui-même, s’accrochant à ses convictions et ses espoirs, et s’était lancé à la recherche d’un moyen de se débarrasser de cette malédiction et de Pitch Black. Mais une autre malédiction frappa la Forêt Enchantée, et comme tous les autres, Sant Claus se retrouva propulsé à Storybrooke sans le moindre souvenir… Durant toute la durée de la malédiction, l’absence de magie avait endormi Pitch Black ; mais maintenant que la magie est de retour, il revient plus déterminé que jamais à prendre le dessus sur son hôte. Il est urgent pour Santa de trouver une solution… Avant qu’il ne soit trop tard.