Viktor Azarov n’était pas destiné à avoir une existence extraordinaire comme les héros du Royaume Enchanté. Il n’était pas le fils d’un grand roi, ne vivait pas dans un château, ne possédait pas d’or et encore moins de pouvoirs magiques (ou du moins, c’est ce qu’il pensait). À vrai dire, il n’était rien : personne. Il était né quelque part au beau milieu de la Forêt Enchantée ; là où il a grandi et là où il menait une enfance ‘normale’, sans attrait et sans argent. Mais Viktor se complaisait dans cette situation. Il ignorait encore tout de ce que pouvait être une vie d’aventures et, en réalité, il ne connaissait que cela. La banalité et la misère. Très vite, Viktor se rendit compte que quelque chose n’allait pas, que sa situation était différente de celles des autres. Qu’il lui manquait quelque chose ou plutôt quelqu’un. Il n’avait pas de figure paternelle. Ô bien-sûr, sa mère était aimante et tentait, en vain, de combler cette absence d’un père. Mais malgré son jeune âge, Viktor ne cessait de l’interroger : quel âge avait-il vraiment ? Où était son père ? Etait-il mort ? Etait-il parti à la guerre ? Comment s’appelait-il ? Tant de questions mais aucune réponse. Rapidement, Talya éleva la voix. Elle ne voulait plus jamais entendre parler de cet homme qui fût jadis le géniteur de Viktor. Aussi, ne voulant pas blesser sa mère, le jeune Viktor s’exécuta et ne posa plus de questions sur ses origines qui l’intriguaient pourtant tant. Plus les années passèrent et plus Viktor se refermait sur lui-même. Il avait peu d’amis, il se sentait différent des autres ; et sa mère travaillait de plus en plus pour pouvoir le nourrir. Il n’était encore qu’un enfant quand, lui aussi, il se mit à travailler. Il se contentait d’aider les paysans aux champs, ramasser les récoltes ; en contrepartie d’une maigre compensation. Mais les temps étaient durs ; bien trop durs pour une mère seule et un enfant. C’est pour cela qu’un jour, Viktor se rendit au marché du village d’à côté et vola son diner pour le soir même. Sans aucune difficulté. Il prit alors conscience que, si la vie ne lui offrait rien, c’était à lui de prendre. Chaque jour, il ramenait un peu plus à manger pour lui et sa mère. Celle-ci était bien trop occupée pour se poser des questions. Et ce petit manège dura pendant quelques années. Seulement, un jour, alors qu’il était âgé de treize ans, il se fît prendre. Personne dans le village ne connaissait ce garçon brun, au regard perçant et au teint blafard. Il était simplement le voleur qu’il fallait punir. La coutume voulait qu’on lui coupe une main. Viktor fût trainé jusqu’à la tête pensante du village pour  que celui-ci le punisse. Pour la première fois de sa vie, Viktor avait peur. Peur pour lui. Peur pour sa mère qui perdrait probablement son travail et serait à jamais considérée comme la mère d’un voleur dans le village. Une petite foule s’amassa autour, pour la plupart des enfants t des vieillards. À la vue de l’homme armée d’une petite, les poings de Viktor se serrèrent ; jusqu’à ce que ses ongles pénètrent dans sa peau. Ses mains se mirent à saigner mais son regard ne bronchait pas. Quand, d’un coup, l’homme qu’il fixait laissa tomber la hache qu’il tenait. Ce même homme avait les mains en sang, lui aussi. « Que m’as-tu fait sorcier ? » se mit-il à hurler. Viktor ne comprenait pas. Mais il comprit vite que sa place n’était plus ici, qu’il devait partir vite. Poursuivis par quelques personnes, Viktor couru le plus rapidement possible.  C’est dans la forêt qu’il parvint à les semer. Il courait à en perdre haleine. Zigzaguant entre les arbres, prenant des chemins qu’il n’avait jamais arpentés pour brouiller les pistes. À la nuit tombée, lorsque Viktor remarqua que plus personne ne le poursuivait, il prit la décision de retourner dans la petite maisonnette familiale. Talya devrait avoir fini sa journée de travail depuis peu. Viktor entra alors en trombe et réveilla sa mère qui s’était assoupie sur la chaise du salon. Il la secouait de toutes ses forces. « maman, maman ! Il faut qu’on parte, on ne peut plus rester là. Maman, ils me tueront s’ils m’attrapent, il s’est passé quelque chose d’étrange, maman partons » Viktor balbutiait, se perdait dans ses mots. Viktor lui expliqua alors ce qu’il s’était passé, du vol jusqu’à la ‘chose étrange’ : les mains en sang de l’homme. Sa mère le regarda, les yeux ronds. Elle n’avait pas l’air surprise mais plutôt inquiète et à la fois désappointée. Elle souffla longuement avant de murmurer « c’est n’est pas possible, tu ne peux pas être comme lui. C’est impossible ! » puis elle se leva, ramassant alors le peu d’affaires qu’elle avait. Viktor ne parvenait toujours pas à comprendre ce qu’il se passait. Il avait envie d’hurler, il sentait on sang bouillir dans ses veines comme si des fleuves de magma avec remplacés ses vaisseaux sanguins, il pouvait sentir et entendre son cœur battre. Quelque chose se passait en lui. Quelque chose de magique mais à la fois de profondément sombre. Sa mère continuait à lui parler, tout en s’afférant, mais il ne l’écoutait plus désormais. Seule sa première phrase avait retenu son attention. Alors il se mit à crier à son tour, demandant comme qu’il ne pouvait pas être. Il avait bien-sûr une idée derrière la tête mais il voulait que sa mère le lui dise. « Ton père » finit-elle par dire tout simplement.
Cette nuit là, Talya et Viktor avait quitté le village, à l’abri des regards indiscrets. Sa mère connaissait un autre village plus loin, là où habitait l’une de ses sœurs. Ils y arrivèrent trois jours plus tard et posèrent leurs maigres bagages dans la petite maison de la sœur de Talya. Cette dernière ne parlait plus à Viktor, elle le regardait avec dédain. Elle semblait être dégoutée de sa nature. Quelque chose s’était brisé entre eux. Quant à Viktor, il luttait contre lui-même. Ses pouvoirs prenaient possession de lui. Tellement qu’il lui arrivait de se blessé ou même pire, de blesser sa mère. Il ne parvenait pas à contrôler cette magie que son père lui avait léguée. Il avait entendu parler d’un grand sorcier ; le plus grand de tout les temps, qui pouvait former des sorciers. Un certain Rumplestiltskin. Mais il savait qu’il s’agissait d’un être fourbe et que chaque service qu’il rendait devait être en contrepartie de quelque chose. Et Viktor, lui, n’avait rien.

Un soir, alors qu’il rentrait chez ‘lui’, Viktor surprit Talya et sa sœur en pleine discussion. Il se cacha et écouta. « - Tu devrais peut-être essayer de lui en parler, à Raspoutine. Après tout, lui aussi c’est un sorcier. Il est toujours dans ce monde ? – La dernière fois que je l’ai vu, la dernière fois où je lui ai appris qu’il avait un fils, notre fils, il a tenté de me tuer. Moi et le bébé. Je ne veux pas qu’il devienne comme lui. Je ne veux pas qu’il devienne un monstre.» Un monstre. C’était donc comme cela que sa mère le voyait ? Qu’importe. Aujourd’hui, Viktor avait un nom à mettre sur son géniteur. Raspoutine, un sorcier lui aussi. Il allait pouvoir le retrouver. Peut-être pas dans ce monde, peut-être même pas dans cette vie. Mais il mettrait un visage sur ce nom qu’est Raspoutine. Pour cela, il allait devoir parfaire sa magie. Il allait devoir devenir puissant lui aussi. Il n’utiliserait pas sa magie pour le bien. Non, puisqu’après tout, il n’était qu’un monstre. Ce soir là alors, Viktor empaqueta ses affaires et, une fois la maisonnée endormie, il partit. Sa décision était prise. Il allait devenir sorcier et rien ni personne ne pourrait l’en empêcher. Il devint alors nomade et errer de village en village. Volant pour survivre  et exerçant sa magie encore incontrôlable sur des pauvres villageois. Plus les années passèrent et plus sa soif de pouvoir était grandissante. Mais un jour, sa route croisa celle de Declan Weathers ; un sorcier lui aussi. Plus puissant et plus âgé que lui. Viktor devint alors son apprenti et Declan lui apprit tout ce qu’il avait à apprendre sur la magie. Comment la contrôler, comment se perfectionner…

Durant sa vie (plus longue qu'il n'y paraît), Viktor voyagea à Neverland, à Wonderland pour retrouver la trace de ce Raspoutine mais il ne parvint pas à le retrouver.