Réveillée par la bouilloire qui sifflait, Emma releva difficilement la tête de son oreiller et entendit Mary-Margaret courir dans la cuisine pour aller arrêter le vacarme. Trop tard, le shérif devait se lever de toute façon. Un petit déjeuner chez Granny's et le boulot pouvait commencer. Emma se leva après cinq minutes d'hésitation et se dirigea vers sa toute petite commode pour en sortir une paire de jeans noir et un petit débardeur blanc, qu'elle mettrait en dessous d'une chemise à carreaux bleu sous sa magnifique veste en cuir. Un coup de brosse et un peu de maquillage discret et voilà la jeune femme prête à sortir en ville à la poursuite des méchants, comme aimait si bien le dire Henry. D'ailleurs, celui-ci ne s'arrêtait pas de parler de la méchante reine qui était plus prête que jamais à tout faire pour éloigner Emma. L'intéressée était consciente que Regina ne la voulait pas dans sa ville, mais de là à vouloir la tuer... Henry avait une si grande imagination, s'en était quand même un peu affolant.

Arrivée chez Granny's sans encombre, Emma se dirigea vers le comptoir où la vieille dame propriétaire des lieux pris sa commande. La grand-mère du petit chaperon rouge ? Il était vrai que la ressemblance était frappante, mais quand même. Toujours d'après Henry, Ruby n'était autre que le chaperon rouge, menacée par le grand méchant loup. Et qui était donc le loup ? Emma lança un drôle de regard à Sidney Glass qui s'était installé à une table en lisant son journal. Lui avait une tête de loup. Il aurait pu faire l'affaire. Après un petit rire discret pour elle même, Emma tourna les talons avec sa tasse de chocolat chaud à la cannelle et son muffin, à la recherche d'une table. Et justement, une jeune fille avait de la place à sa table. En espérant qu'elle n'attende personne, car plus les minutes défilaient et plus les habitants de la ville s'agglutinaient dans le restaurant. « Anastasia ? » Ne sachant pas du tout quel était le nom de la demoiselle face à elle, Emma ne se rendait pas compte qu'elle l'avait appelé, car elle s'était uniquement contenté de lire le titre du bouquin que la jeune femme lisait. « J'espère que vous n'attendez pas quelqu'un, parce que j'évite de prendre mon petit déjeuner au bureau quand il y a un homme en cellule. » À savoir un drôle d'habitant qui avait été un peu trop bourré la nuit dernière...

« Habituellement, je suis accompagnée de ma grand mère mais en ce moment, les temps sont durs entre elle et moi. » Emma grimaça, désolée pour la jeune femme en face d'elle. Les froids dans la famille ne devaient jamais être simple. Même si le shérif n'avait pas de famille, elle se doutait bien que ce ne devait pas être évident d'être distante avec une personne de son entourage. « J'espère que ça s'arrangera pour vous alors. » Emma eut un sourire, espérant que ses paroles puissent être un peu réconfortante. Elle avait souvent l'habitude d'aider les autres, de rassurer. Ici, à Storybrooke, elle ne faisait pas exception à la règle et semblait attirer la sympathie auprès des habitants qui voyaient en elle une sorte de conseillère à qui parler. Surtout lorsqu'elle se trouvait au Granny's.

« Je m'excuse, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Anastasia. Anastasia Gordon. » Anastasia ? Emma ne put s'empêcher de baisser les yeux vers le livre de la jeune femme. Une grand-mère, tout comme l'héroïne de son histoire, le même prénom, la même couleur de cheveux... Henry dirait à coup sûr que ce ne serait pas une coïncidence. Pour Emma, s'en était une. Farfelue, peut-être, mais c'était amusant. « J'aime beaucoup ce livre... Anastasia. Elle... Enfin son histoire me rappelle la mienne. Elle n'a aucuns souvenirs de ses parents, moi non plus et elle est orpheline tout comme moi... » Emma ne put s'empêcher de "terminer" les explications de la jeune femme dont la vie ressemblait à celle d'Anastasia. « Et vous portez son prénom. Son physique aussi. » le shérif se prêta à rire, au lieu de prendre cette histoire au sérieux. Après tout, pourquoi un personnage de cette envergure existerait dans le monde réel ? Et puis, si cette jeune demoiselle avait existait, elle serait bien plus âgée que la Anastasia de Storybrooke. « Blague à part, je comprends tout à fait ce que vous voulez dire. C'est une fabuleuse histoire et je vais vous avouer une chose : Anastasia est mon héroïne. Je voulais toujours me déguiser en princesse Anastasia quand j'étais petite. » Voilà une histoire qui aurait pu être un très grand compliment si la jeune femme face à elle se souvenait de qui elle était.

« Je dois vous avouer que moi aussi, je l'espère parce que j'aime ma grand mère mais en ce moment, je ne l'a comprends plus, c'est comme si elle vivait sur une autre planète. » Emma pouvait comprendre. Parfois, la différence entre deux générations pouvait amener quelques tensions, voire de l'incompréhension de la part d'une des deux personnes. Mais Emma ne se montra pas plus curieuse sur le sujet puisqu'elle ne connaissait pas encore personnellement la jeune femme en face d'elle qui ne tarda pas à se présenter. Après que son impression de surprise se soit envolée, Emma tourna la conversation vers son fils, Henry, qui aurait certainement sauté sur l'occasion pour prouver à sa mère qu'elle se tenait en face d'un personnage existant de la littérature. Ce qui n'aurait pas surpris l'Anastasia de Storybrooke. « Je sais ce que raconte votre fils. Je l'ai déjà rencontré plus d'une fois et il m'a dit que ce n'est pas un hasard si j'aime autant l'histoire d'Anastasia c'est parce que je suis l'Impératrice mais que je ne m'en souviens pas. Bizarre hein ? En tout cas, il a beaucoup d'imagination. » Pour avoir de l'imagination, il en avait. Emma hocha la tête avec un sourire. « Oh, ça oui. Je pensais exactement la même chose après que vous vous soyez présentée. Mais je pense surtout que cette ville possède de nombreux habitants plutôt originaux en qui il voit un personnage de conte différent, peut-être pour identifié facilement son entourage, je ne sais pas trop... »

Que savait-elle à propos de son fils ? Même si le docteur Hopper avait de nombreuses réponses au sujet de l'attitude d'Henry vis-à-vis de cette histoire de contes dans la vie réelle, Emma ne s'était jamais réellement intéressée à ce que son fils avait à dire, tout simplement parce qu'il lui était impensable de croire que ses parents étaient là, devant elle chaque jour, surtout qu'ils ne semblaient pas plus vieux qu'elle. Tout ce qu'il racontait était impossible, même si les faits étaient plus que troublants, surtout avec cette jeune femme, Anastasia, qui laissait une forte impression à Emma. Ah, et puis, elle avait un médaillon semblable à celui de son héroïne favorite. Si ce n'était pas bizarre. Pourtant, Emma se ferma, préférant penser à des coïncidences ou à un effet psychologique sur la jeune femme d'en face qui devait s'identifier à son personnage au point de s'approprier inconsciemment quelques détails physiques. Ce ne pouvait pas être autre chose, Emma en était convaincue.

« Moi aussi, j'adore Anastasia. Je l'ai lu plus d'une dizaine de fois. Je sais que ce n'est plus de votre âge sans sous entendus hein mais je souhaite vous en faire cadeau. Anastasia à fini par retrouver un membre de sa famille et je suis certaine que ce livre vous fera ressentir la même chose que moi... de l'espoir.» » Sur le moment, Emma posa les yeux sur le livre en affichant une mine totalement perdue, incapable de dire quoi que ce soit. Pourquoi lui offrait-elle ce cadeau ? Ne pouvant refuser, même si elle faillit le faire en bafouillant quelques mots incompréhensibles, Emma prit le bouquin entre ses mains et l'observa un moment, comme pour réaliser ce qui était en train de se produire, mais surtout heureuse de voir que la gentillesse d'une inconnue pouvait encore exister dans leur époque. « C'est vraiment très gentil à vous, mais vous êtes sûre de vouloir me le donner et pas plutôt me le prêter pour disons... quelques jours ? Avant que je ne vous le rende ? Parce que, je ne veux pas que vous regrettiez de me l'avoir donné. Après tout, vous ne me connaissez pas. Vous pourriez me détester à un moment donner, on ne sait jamais... » Décidément, dire un simple "merci" était compliqué pour le shérif qui se perdait dans des explications farfelues, visiblement gênée d'avoir eu un cadeau rien que pour elle.

« Je dois vous avouer que j'ai même failli y croire à un moment, appart moi, à Storybrooke, aucune fille ne s'appelle Anastasia... Enfin, c'est juste une question de hasard. » Emma eut un petit rire. Elle ne pouvait pas croire que cette histoire n'était pas un hasard, comme son fils l'aurait fait. Quelque chose l'empêchait d'ouvrir son esprit. Une crainte, peut-être. Pourtant, elle sentait qu'une toute infime part d'elle essayait de songer à la réalité. Malheureusement, ce n'était pas suffisant pour que la jolie blonde commence à ouvrir les yeux sur ce qu'il se passait réellement autour d'elle. Avec ou sans l'aide d'Henry, Emma ne parvenait pas à faire face à son destin. Il faudrait un élément déclencheur important pour que le shérif réalise que rien n'était dû au hasard.

Très amicale pour une première rencontre, la jeune Anastasia proposa d'offrir le livre qu'elle avait apporté avec elle à Emma, qui accepta à moitié le geste. Bien sûr, elle était ravie qu'on lui fasse assez confiance pour lui donner un objet cher, mais quelque part, cet acte généreux la gênée. Elle n'était pas habituée à recevoir des cadeaux. « Je le connais par coeur et puis, ça me fait plaisir. Avec vous, je suis certaine qu'il sera bien entretenu et puis, j'ai envie de partager cette dose d'espoir qu'il m'a permis de ressentir. » Emma observa le livre, puis Anastasia. Avait-elle réellement besoin de cette dose d'espoir ? « Je ne regrette pas de vous le donner et puis je ne peux pas vous détester, vous êtes la maman d'Henry et puis, je ne vois pas pourquoi, je vous détesterais. Je sais que je peux vous faire confiance. » Un sourire se dessina sur les lèvres d'Emma qui n'avait plus aucune excuse pour ne pas accepter l'offre d'Anastasia. Elle glissa alors le livre dans son sac à bandoulière, très reconnaissante envers cette jeune inconnue. « Dans ce cas, merci beaucoup. J'en prendrai grand soin, vous pouvez en être certaine. Et j'aimerais vous rendre la pareille. Si vous avez besoin de quoi que ce soit... de vous confier ou de quoi que ce soit, n'hésitez pas. » La belle blonde offrit un sourire à la jeune femme face à elle. Si elle accepté le cadeau, elle voulait être en mesure de pouvoir faire un bon geste à son tour.