Née il y a vingt-sept ans, Mia a fait bien du chemin depuis ses débuts. Vivant seule avec sa mère qui cumulait deux jobs pour boucler les fins de mois, elle a vite compris que la vie n'était pas facile. Qu'il fallait se battre pour avoir ce qu'on voulait. Mais elle a aussi eu la chance d'avoir constamment quelqu'un pour lui rappeler que ça en valait la peine. Certes, elle n'était jamais gâtée mais sa mère s'assurait toujours qu'elle avait assez. Assez de vêtements, assez à manger. Un toit. Que demander de plus ? Surtout que les petits suppléments servaient à des sorties au cinéma, à l'achat de nouveaux livres pour la fillette ou à payer ses cours de danse. Encouragée par le modèle qu'offrait sa génitrice, la petite Mia a toujours travaillé dur à l'école pour se maintenir en tête de classe. En plus de quoi, dès qu'elle fut en âge, elle prit un petit job comme serveuse dans un bar pour financer ses études.

Et il faut dire que toute cette détermination à vivre sa vie à fond fut payante. Avant le lever de la malédiction, Mia Benefields est à la tête de sa propre boîte d'événementiel. Montée il y a cinq ans, la petite entreprise s'occupe de tout : expositions culturelles, mariages, soirées hypées, goûters d'anniversaires... Ce n'est pas le travail qui manque et, avec le peu de personnel, les journées sont souvent longues et difficiles. Mais ce n'est pas la blonde qui va s'en plaindre. Véritable tornade, elle ne tient pas en place et a trouvé à travers son métier un moyen de mettre toute son énergie à profit. D'ailleurs la plupart de ses amourettes se sont finies parce qu'elle ne consacrait pas assez de temps à son partenaire. Obsédée par la réussite de son entreprise, trouver le prince charmant ne fait pas partie de ses priorités.




Dans le monde des contes, Mia se nomme Mahélia et est bien loin d'avoir une telle passion du travail. Elle n'en a même pas, à vrai dire, de travail. Ça va de paire avec sa nature : Mahélia est un génie et ne se préoccupe pas de ces détails. Nomade, elle parcourt le monde des contes au gré des flux de magie qui s'y déplacent constamment, tels des marées.

Si lors de ses premières décennies elle usait et abusait de la magie, elle a depuis renoncé à ce mode de vie. Avoir ce que l'on veut quand on veut peut vite devenir lassant. Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'utilise pas ses pouvoirs, loin de là. Un petit miracle, une guérison par ci, la promesse d'une bonne récolte par là. Tout ça lui assure le plus souvent le gite et le couvert dans les contrées qu'elle traverse. Loin de se cacher, Mahélia s'amuse de voir certains humains venir la trouver dans l'espoir de voir un souhait exaucé sans avoir conscience que plus ils croient en elle, plus sa force grandit. Le choix d'accéder aux demandes dépend de son humeur changeante et de la sympathie que lui inspire l'individu. Elle joue avec eux, proposant une énigme à celui-ci et demandant à l'autre de lui amener un quelconque artefact en présent. Elle a l'impression d'être maîtresse de sa vie et de celle des autres. Puissante et libre.

En réalité, elle attend. Elle sait ce qui lui pend au nez, l'a vu arrivé de loin. Si au début la nouvelle l'a mise dans une rage folle, elle s'est fait une raison. Le destin est une force contre laquelle même elle ne peut lutter. Malgré les rumeurs qui font de Mahélia une créature imprévisible et indomptable, sa vie est liée à un anneau d'argent ouvragé. Il y a longtemps que le bijou est en sa possession -depuis la mort de son maître- et qu'elle le conserve jalousement mais on l'a avertie qu'elle viendrait à le perdre. Qu'elle serait de nouveau sous la coupe d'une autre volonté que la sienne, à exaucer les souhaits du premier venu qui mettrait la main sur l'anneau et l'invoquerait.

Et s'est arrivé, finalement. La malédiction fut levée, Mia redevint Mahélia. Sauf que Mia n'a jamais possédé la bague. Perdue dans la malédiction, elle est introuvable. Pas chez elle, en tout cas. Mais personne n'a invoqué le génie. Ce qui veut dire que quiconque a l'anneau ne connait pas sa véritable valeur. Il faut maintenant qu'elle le retrouve avant que la situation ne change et qu'elle se retrouve liée à un habitant de la petite ville. Ce qui est plus facile à dire qu'à faire quand il peut se trouver à Storybrooke comme dans le monde des contes. La voilà à chercher une aiguille dans une meule de foin.