« Comment puis-je vous remercier docteur ? Que diriez-vous de venir dîner à la maison un de ces soirs ? » « Ca serait avec plaisir Mrs. Andersen mais que dirait votre mari ? » « Oh, il n'a pas son mot à dire sur qui j'invite ou pas chez nous. » « C'est très gentil à vous Marisold mais je suis du genre jaloux, ça ne fonctionnerait pas entre nous. Alors contentez-vous de prendre vos médicaments et tout ira bien et mes amitiés à Al. » conclu-t-il en souriant à la veille dame qui s'en allait à présent vers la sortie. Une patiente tout à fait charmante mais qui malgré son âge se montrait toujours aussi fringante que dans sa jeunesse. Heureusement pour lui qu'il y avait des patients comme Marisold à l'hôpital, qui apportait leur bonne humeur dans un tel endroit. Car oui, il y avait aussi les patients un peu plus... chiants, oui, n'ayons pas peur des mots, qui se plaignaient pour un rien. C'était comme dans tout métier, il y avait les bons et les mauvais côtés. Dieu merci pour lui, les bons dépassaient encore de loin les mauvais.

Il avait quelques minutes devant lui avant son prochain rendez-vous, il décida alors d'aller à la cafétéria de l'hôpital, histoire d'aller se chercher un café -le énième de la journée, il ne comptait plus à force-. Sur le chemin, il se perdit dans ses pensées un moment, repensant comme presque toujours à Evelyn, cette jeune femme qui travaillait à l'école et qu'il croisait aussi souvent que possible chez Granny. Et comme à chaque fois qu'il pensait à elle, un léger sourire apparaissait sur son visage dont il ne parvenait pas à se débarrasser au point que certains se demandaient bien pourquoi il pouvait sourire, lui le solitaire de service. Mais c'était étrange tout ça. Dès qu'il posait les yeux sur elle, une drôle d'impression l'envahissait. Une sensation familière qu'il ne s'expliquait pourtant pas. Il se sentait proche d'elle sans pour autant la connaître. Et ce pendentif qu'elle portait... Il lui rappelait vaguement quelque chose mais il ne parvenait jamais à savoir quoi au juste. Comme lorsqu'on se réveille après un rêve et qu'on croit se souvenir de quelques détails de celui-ci sans pour autant y arriver vraiment. Frustrant au possible n'est-ce pas ?

Mais la réalité le rattrapa bien vite et après ce rapide détour par la cafétéria, il regagna son service et accueillit son prochain patient. On voyait bien que Connor aimait son travail et bien sûr ses patients. Il avait certes son caractère, mais c'était aussi ce dernier qui faisait son charme. Toujours le mot pour rire quand il le fallait tout en sachant se montrer sérieux quand les circonstances le demandaient. Un médecin dévoué, qui ne comptait jamais ses heures. Ce qui ne laissait sans doute pas vraiment beaucoup de place à une vie sentimentale en dehors de son boulot mais à vrai dire, même s'il était loin d'être désagréable à regarder, il n'était pas vraiment du genre homme à femmes, séducteur à la chaine. Sans doute son côté solitaire me direz-vous, même s'il restait tout de même assez sociable. Non, le problème se cachait ailleurs bien entendu. Mais comme bon nombre d'habitants de la ville, il ne se souvenait pas de son "passé", alors bien sûr, il mettait ça simplement sur le compte des sentiments qu'il pensait avoir, sur cette drôle d'impression qu'il avait de la connaitre malgré tout, presque comme s'il croyait au fait que d'une façon étrange, ils étaient liés d'une manière ou d'une autre.