tell me how much i missed you ▬ wendy

Introduction

Époque du sujet : actuelle
Date du sujet : lundi 03 mars
Ordre de passage des participants : mnémis - wendy

Mnémis était installée sur un banc, le regard perdu dans un vide profond, une veste trop légère sur les épaules, pour le temps qu’il faisait à Storybrooke. Elle n’en avait que faire, du froid qu’elle ressentait sur le bout de ses doigts, de l’air frais qui passait dans ses cheveux, de la neige, qui bientôt, ne tarderait pas à tomber. Elle était concentrée, l’oracle, la coupant de toute perception du monde l’environnant. D’habitude, elle faisait ça dans son appartement, à l’abri des regards, lovée dans son canapé. Elle avait eu besoin d’air, dans la matinée, et elle avait plaqué son déjeuné qui l’attendait dans son assiette et était sortie, le pas pressé. C’était souvent ainsi, ces derniers temps. Depuis qu’elle était revenue du monde des contes, quelques jours auparavant. Tout tournait dans sa tête, les voix détaillant les évènements du futur qui s’inscrivait dangereusement sur la ligne du temps. Et Mnémis, en oracle appliquée, ne pouvait pas détourner son attention des révélations de son don. Beaucoup d’évènements se préparaient dans la Forêt Enchantée, à l’abri des regards et des habitants curieux. Eh oui, une période de paix, en ce bas monde, ne durait jamais trop longtemps, contrairement à ce que nombreux aspiraient.

Heureusement, Mnémis, elle, n’aspirait qu’au chaos et eux évènements tous plus surprenants les uns que les autres. Autant dire qu’elle allait être servie. Raison pour laquelle elle ne pouvait s’empêcher de voler des informations au futur, fille capricieuse et impatiente qu’elle était. Tant de bonnes choses lui étaient promises, ainsi que du boulot, largement, à n’en pas douter. Storybrooke faisait, en quelque sorte, office de lieu de vacances pour l’oracle. Ici, il n’y avait pas de monstre à dépister – seulement un Peter au cerveau retourné – ou de complot à trafiquer. Elle pouvait passer des nuits plus ou moins complètes, sur un lit des plus confortables. Ilot paisible. N’y prends pas goût. Elle échappa une exclamation offusquée, roulant des yeux à cette voix, songeant qu’il était trop tard pour cela. Car il y avait des choses, ici, qui valaient tellement plus que le confort… Mnémis n’aurait pas cru être le genre à s’attacher aux gens, pas après son centième anniversaire approchant à grand pas. Et pourtant, elle s’accrochait toujours – à sa manière, certes – à ceux qu’elle rencontrait et dont elle était destinée à entretenir plus qu’une simple rencontre. Elle pouvait les compter sur ses doigts, ces personnes. Mais son esprit critique ne pouvait s’empêcher de trouver cela de trop. Et ce qui s’apparentait à de l’humanité, à l’intérieur d’elle, ne pouvait s’empêcher de balayer ces présomptions.

Mnémis sentit un poids s’ajouter sur le banc, ne perdant pas, pourtant, sa concentration, restant fixée sur les éclats du monde qu’elle se devait d’étudier. Certains pensaient qu’elle ne faisait que suivre les directives obtenues d’un ordre divin. Alors qu’elle se devait de préparer soigneusement tous ses actes. Elle ne voudrait pas bousculer le destin… Elle resta concentrée encore une longue minute, avant de cligner des yeux, se rappelant à la vie paisible de Storybrooke. Puis, elle remarqua enfin qui l’avait rejoint alors qu’elle se perdait dans ses pensées. « Oh Wendy. » Sourire charmeur qui nait instinctivement sur ses lèvres. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus été en compagnie du petit oiseau. Ça lui avait manqué, même. Une demoiselle aussi sophistiquée que l’anglaise valait mille rencontres avec les brutes qu’elle avait passé à éviter durant son bref retour dans le monde des contes. « Un peu plus rayonnante chaque jour, dis-moi. Comment vas-tu ? » Étincelle joueuse dans le regard.

« There'll be birds on the ground. »

Cela faisait approximativement cinq mois que Wendy avait retrouvé le vrai monde et ses frères. A vrai dire, elle avait pensé, en serrant John et Michael dans ses bras, que son cauchemar était dorénavant terminé. Plus de Lost Boys, plus de cage, plus de peur. L’oiseau pouvait maintenant réparer ses ailes brisées. Mais contrairement à ses attentes, elle n’avait fait que s’enfoncer dans son passé. D’abord Lily, qu’elle n’avait pas quitté, puis Felix, et enfin Peter. Une part d’elle ne voulait pas lâcher prise. Elle avait pourtant essayé, de les éviter le plus possible, reniant tout liens avec les anciens habitants de Neverland, mais sans succès. Ils étaient tous revenus, d’une manière ou d’une autre dans sa vie et elle les avait laissé faire. Un siècle de vie impossible à effacer.

L’oiseau rentrait au nid après une journée de cours assez courte. Son sac sur l’épaule, deux livres contre sa poitrine, elle marchait d’un pas lent, observant chaque détail qui composait la ville de Storybrooke. Personne ne prenait le temps d’admirer les petites fissures dans le béton, ni les branches de buissons mal coupées, ni la peinture écaillée des vieux bâtiments. Pourtant, c’était ces petites choses banales qui faisaient la beauté de cette ville, seulement créé pour une malédiction. Du mal, il en était sorti du bien. Peut-être parce que Regina n’était pas une vraie méchante. Mais Wendy ne savait plus différencier le bien du mal, le mal du bien. Tout se mélangeait, ne faisait plus qu’un. Elle n’était pas mieux que les autres. L’innocente Wendy Darling ne l’était plus depuis des années, elle ne le comprenait que maintenant.

Au loin, elle aperçut un visage familier qu’elle reconnut immédiatement : Mnémis. Sa première rencontre dans cette ville. Un sourire vint illuminer le visage de l’oiseau qui virevolta jusqu’au banc où son amie se tenait, presque immobile. Wendy s’installa à côté d’elle en silence, déposant son sac à ses pieds et ses livres sur ses genoux. Elle observa la brune visiblement perdue dans ses pensées. Cela faisait tellement longtemps.

« Oh Wendy. »

La jeune Darling répondit au sourire de Mnémis et la salua d’un petit geste gracieux de la main. Elle lui avait manqué.

« Un peu plus rayonnante chaque jour, dis-moi. Comment vas-tu ? »

Wendy baissa les yeux un court instant avant de les reposer sur le visage de son amie. « Oh, hum. Je vais bien. » Un demi-mensonge. L’oiseau répondait par défaut, ignorant comment il se sentait en ce moment-même. « Et toi ? Où étais-tu passée ? » Sans doute à Fairytale Land, monde d’origine de mystérieuse Mnémis. Wendy restait une curieuse dans l’âme.

Délicat oiseau. Mnémis, elle, posée sur le banc, sourit simplement, prêtant peu d’attentions aux murmures qui se battaient derrière ses yeux. Elle n’allait pas se perdre dans l’étude du monde et de son futur, quand la douceur incarnée était à côté d’elle, n’est-ce pas ? « Oh, hum. Je vais bien. » L’oracle fronça les sourcils, à demi-convaincue par la réponse que Wendy. Elle n’avait pas besoin que son don se manifeste dans le creux de son oreille pour le deviner. L’oiseau était facile à lire. « Et toi ? Où étais-tu passée ? » Mais bon, elle y reviendrait plus tard. Ce n’était pas le manque de temps qui l’empêcherait d’avoir une conversation avec l’anglaise, loin de là. Mnémis passa une main dans ses cheveux détachés. « Oh, tu as remarqué mon absence ? » Sourire de renard qui se baladait sur ses lèvres, un instant, pour laisser place à un air absent quelques secondes, récoltant ses souvenirs. « J’étais dans mon monde, à régler deux-trois histoires. Ce n’est pas parce que la moitié de la forêt enchantée est ici qu’il faut oublier l’autre. » Surtout qu’elle, elle ne pouvait pas, Mnémis, fermer les yeux sur ces gens, de l’autre côté. Le destin portait son emprise sur toutes les existences, aucune n’échappant à son traitement impitoyable.

Mnémis décroisa les jambes, chassant les fourmis qui s’étaient installées dans ses nerfs, les croisant dans l’autre sens. Elle attrapa l’un des livres qui reposait sur les genoux de Wendy, étudiant la première de couverture brièvement. C’était suffisant pour que deux trois voix s’activent, déjà. Elle tendit l’oreille distraitement. « Comment se passent les cours ? » C’était stupide, de faire revenir un enfant qui avait vécu plus de cent ans dans un autre monde, dans une autre prison. En quelque sorte. Les souvenirs liés à Rachelle n’étaient pas des plus appréciatifs du système scolaire en général. Et Mnémis, elle, avait appris sur les grands chemins, loin de tout enseignant – activité rarissime dans son monde, quand l’on n’appartenait pas à la noblesse. Ah. C’était peut-être ça. Wendy était bien la plus noble d’entre eux. « Sheri m’a dit qu’elle te donnait des cours particuliers. Petite chanceuse. » La taquinerie dans la voix trompait le mensonge. Cela faisait bien des années que l’oracle n’avait plus rencontré l’entremetteuse, et leur relation n’était pas des plus… amicale au monde. Mais dans le petit nombre d’immortels/très vieux de ce monde, ils se connaissaient tous.

Mnémis s’amusa à feuilleter l’ouvrage, sans vraiment le lire, ou le voir, laissant les fils de son don se perdre dans l’immensité, lui racontant tout ce que Mnémis avait raté depuis son départ. Oh, elle savait que si elle demandait à Wendy, elle aurait les réponses qu’elle voulait, même si elle devrait forcer à certains endroits – tout le monde avait ses petits secrets. Mais ça ne serait pas suffisant pour attiser sa soif de savoir. D’autant plus qu’elle voulait tout savoir sur Wendy, curiosité malsaine. Ses voix savaient quoi chercher, quoi rapporter. Ce n’était qu’une question de temps pour que les moindres recoins de la vie privée, de l’intimité de l’oiseau, ne lui soi révélé. Hum… elle devrait quand même lui dire un jour qu’elle était une oracle… Un jour.

« There'll be birds on the ground. »

Wendy se sentait soudainement heureuse d’avoir retrouvé Mnémis. Evidemment qu’elle avait remarqué son absence, même après tous les évènements qui avaient chamboulés Storybrooke et son existence. Alors quand elle posa la question, la blonde acquiesça en souriant.

« J’étais dans mon monde, à régler deux-trois histoires. Ce n’est pas parce que la moitié de la forêt enchantée est ici qu’il faut oublier l’autre. »

La jeune fille haussa une épaule pour approuver les dires de Mnémis ; il était certain qu’il ne fallait pas oublier d’où l’on venait. Wendy n’osa cependant pas lui demander de prévenir la prochaine fois qu’elle s’y rendrait. Pour éviter qu’elle ne s’imagine, encore une fois, son corps au fond d’une ruelle, décomposé depuis des lustres, mais aussi parce qu’elle aimerait l’accompagner dans ses aventures et découvrir son monde natal. L’oiseau resta néanmoins silencieux, et se contenta de regarder Mnémis s’emparer de l’un de ses livres.

« Comment se passent les cours ? »

Wendy repoussa une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille avant de répondre. « Oh, bien. C’est différent de celle de mon époque mais ça me plaît. C’est plus intéressant que la couture ou les règles à respecter pour être une bonne femme au foyer. » Elle lâcha un petit rire timide.

« Sheri m’a dit qu’elle te donnait des cours particuliers. Petite chanceuse. »

L’index de la jeune Darling se mit à tracer des cercles sur la couverture du livre posé sur ses genoux, qu’elle se mit à suivre des yeux. « Tu connais Sheri ? » demanda-t-elle. Elle n’était pas plus étonnée que ça. Tout le monde se connaissait ici. « C’est une très bonne professeur. » Wendy aimait beaucoup Sheri. C’était une femme d’une agréable compagnie et très intéressante.

Il y eut un instant de silence. Mnémis feuilletait le livre qu’elle avait pris un peu plus tôt et l’oiseau s’amusait à dessiner des figures invisibles avec son doigt. Elle n’était pas dérangée par ce calme, mais plutôt apaisée. La simple présence de son amie lui suffisait. Le lien qu’elle entretenait avec Mnémis était légèrement étrange en soit. Wendy restait toujours intimidée par le mystère qui entourait la brune à côté d’elle mais elle s’en était accommodée au fil du temps. Cependant, qu’est-ce qui reliait une femme aussi indépendante à un oiseau si naïf et torturé ? « Il y a encore des gens dans la forêt enchantée ? Je ne savais pas. » laissa-t-elle échapper pour reprendre le fil de la conversation. Elle avait cru comprendre que tous les habitants du monde magique avaient été maudits par Regina Mills. Là, encore, elle s’était trompée.

« C’est plus intéressant que la couture ou les règles à respecter pour être une bonne femme au foyer. » L’oracle retint un petit rire, penchant sa tête en arrière par amusement, ses cheveux chutant en une cascade de mèches brunes et de bibelots étranges, par endroit. Ah, cette idée que les femmes étaient mieux à s’occuper des enfants que de s’instruire. Finalement, ce n’était pas si différent de l’optique qui courait dans le monde des contes. Qui sait, Wendy serait surement une femme très désirable dans le monde des contes. Oh que oui. Elle roula des yeux, Mnémis, se redressant, sourire de renard sur les lèvres. « Tu connais Sheri ? » Elle haussa vaguement les épaules, confirmant à sa manière. « Nous sommes de… vieilles connaissances. » Oh ça. Par contre, l’oracle ne pouvait pas dire que l’entremetteuse était sa plus grande fan. Il était si facile de tourmenter Sheri et elle le lui rendait bien, la brunette. Donc oui, il y avait quelques petites pics, par-ci, par-là. Mais il n’en restait pas moins que Sheri était un élément efficace à la construction de l’avenir. Mnémis ne pouvait pas lui enlever ça.

Il y eut un silence, un ange qui passe, une connerie du genre. Ca ne la trompait pas, pas elle. Si elle faisait semblant de s’intéresser au bouquin, il ne fallait pas se méprendre : elle était peu attentive à ce qui était écrit. L’oracle écoutait, comme à sa mauvaise habitude, ce que les voix murmuraient. Sur cette vérité, poison, qu’elle extirpait de Storybrooke. Sur l’élément crucial qu’elle avait raté. Peter. Ses doigts se crispèrent sur les pages qu’elle était occupée à feuilleté, fermant momentanément les yeux, fronçant les sourcils. Ils n’avaient tout de même pas laisser vivre l’enfant Pan. « Il y a encore des gens dans la forêt enchantée ? Je ne savais pas. » Mnémis soupira, refermant le volume qui n’était d’aucun intérêt. Elle dut faire un choix, rapide, de la jouer fine ou de brusquer Wendy. Quand bien même la pauvre enfant n’était en rien responsable du choix du gang Emma.

Mnémis se massa la tempe, répondant distraitement. « Oui, un bon nombre. La mère de Regina a réussi à en garder quelques-uns là-bas. Et Regina n’est pas assez puissante, de façon évidente, pour entrainer tout le monde des contes à sa suite. » Mais elle s’égarait. Ce n’était plus le sujet qui l’intéressait, combien elle aurait adoré discuter pendant des heures sur les particularités de son monde d’origine, ce qui arriverait néanmoins, dans un futur proche. Elle passa un bras sur le dossier du banc, se tournant vers Wendy, le regard perçant, un certain sérieux dans le regard, qui tranchait si bien avec son air mutin habituel. « Je ne vais pas tourner autour du pot, Wendy. Je vois bien que quelque chose ne va pas. » Ce n’était pas parce qu’elles se connaissaient bien. La jeune anglaise ignorait presque tout sur le sujet de Mnémis. Et si ce n’était pas pour son don, il y aurait également beaucoup d’éléments qu’elle ignorerait sur le petit oiseau. Mais maintenant, il était temps d’affronter les évènements. « Est-ce que ça a un rapport avec Peter ? » Elle se retint de cracher le nom, l’éclair de ses prunelles fixé intensément sur Wendy, attendant ses réactions. Qu’elles soient verbales, ou non.

« There'll be birds on the ground. »

Wendy pianotait à présent sur la couverture de son livre d’histoire tandis que Mnémis lui expliquait que Regina n’était pas assez puissante, et que sa mère avait sauvé quelques personnes de la malédiction. Elle hocha la tête poliment, pour signifier qu’elle avait compris avant de relever le regard et sourire à Mnémis. Seulement, elle le perdit bien vite devant l’air sérieux de son amie.

« Je ne vais pas tourner autour du pot, Wendy. Je vois bien que quelque chose ne va pas. »

La jeune fille se mordit la lèvre. Elle n’avait jamais su cacher ses émotions, son corps la trahissait toujours. Se yeux se posèrent à nouveau sur son livre, puis sur le sol avant de regarder au loin. Elle ne pouvait pas se confier à Mnémis. Elle avait peur de sa réaction, impossible à prévoir. L’oiseau lui-même ne se comprenait pas. Comment Mnémis pouvait-elle y arriver ?

« Est-ce que ça a un rapport avec Peter ? »

Cette fois, Wendy sursauta légèrement. C’était si évident que ça ? Elle ne l’avait pas revu après leur conversation, dans les toilettes du lycée et maintenant que le sort était rompu, qu’il était redevenu lui-même, elle n’allait sûrement pas le recroiser de sitôt. Elle l’avait aidé à retrouver la mémoire ; une erreur qu’elle refusait de considérer comme telle. Wendy ne voulait plus regretter ses actes, ressentir le poids d’une culpabilité écrasante qu’elle ne connaissait que trop bien. « Mnémis, je vais bien. » mentit-elle. Le problème n’était pas la confiance. Au contraire, l'oiseau avait aveuglément foi en son amie. Cependant, Wendy l’avait trahie, elle et tous les autres, en révélant l’histoire du sort à Peter, et comment le briser. Storybrooke et ses habitants étaient condamnés. « C’est simplement que… je sais qu’il risque de se venger et que ça me fait peur. Peter Pan n'a pas de limites. » Sa lèvre inférieure était un signe de sa grande nervosité. Elle se rendait compte à quel point sa vie depuis son retour, était tissée de mensonges et de secrets. Certains avaient été dévoilés, d’autres non. Les plus noirs restaient enfouis au fond d’elle : des baisers échangés, sa trahison, son attachement inattendu à son bourreau. Elle était effrayée, Wendy, de voir son âme pourrir, son cœur noircir, de blesser ses proches ou des innocents à cause de ses choix. Mais tout ça, Mnémis ne pouvait pas l’entendre. La dernière chose qu’elle souhaitait, c’était de la perdre. « Mais ça ira, j’en suis certaine. » L'oiseau voulait éclater en sanglots.

Peter. Ca flottait dans sa tête, derrière ses oreilles, tandis que la plupart des voix s’attelaient à commenter ce que Mnémis n’avait su voir venir, persuadée que l’histoire de Pan était de l’histoire ancienne. Il était destiné à mourir, l’enfant de Neverland, de la propre main de son fils. Ca arriverait. Mnémis, simplement, pensait que les évènements étaient déjà passés. Erreur grossière. Soit. Ca lui laisserait l’occasion d’observer tout ce qui déroulerait à partir d’aujourd’hui. Elle irait aussi remonter les bretelles du gang Swan, qui n’était pas foutu de faire du bon boulot. Où diable était passé le professionnalisme implacable de Regina Mills et de Rumplestiltskin ? Anciennement, ils ne faisaient pas la fine bouche sur les moyens à utiliser. Pour l’heure, Mnémis avait d’autres chats à fouetter, d’autres oiseaux à consoler. Elle esquissa un maigre sourire quand Wendy s’étonna d’entendre le nom de Peter. Elle avait visé juste. Elle visait toujours juste, Mnémis. L’ambiance changea, sensiblement. « Mnémis, je vais bien. » Elle ment. Et l’oracle plissa un peu plus les yeux, se penchant, de manière imperceptible au-dessus du petit oiseau.

« C’est simplement que… je sais qu’il risque de se venger et que ça me fait peur. Peter Pan n'a pas de limites. » C’est là qu’elle comprit, Mnémis, que tout se mettait en place, pour les évènements. Bientôt, tout sera détruit. Ca grouillait. Ca convergeait vers un même point en collants verts. L’anglaise n’était que la première victime, la plus facile, la plus sensible. Celle sur le point de lâcher des larmes, de honte, de regret, de remord. Mnémis passa une main dans ses cheveux, se grattant par la même occasion l’arrière du crâne, songeant à ce qu’elle pourrait bien faire pour réconforter le petit oiseau. « Mais ça ira, j’en suis certaine. » Ce fut plus fort qu’elle, elle leva les yeux au ciel, se translatant sur le côté, jusqu’à toucher Wendy. Elle passa un bras sur ses épaules, la collant à elle. « Tu sais, ça ne sert vraiment à rien de me mentir. Et je suis bien la dernière personne qui essaiera de te juger, petit oiseau. Tu sais pourquoi ? » Elle eut un débout de sourire, au coin des lèvres, tandis qu’elle détournait son regard de Wendy, pour le poser sur la bâtisse en face d’elles.

Elle laissa passer un bref silence, levant la tête vers le ciel, qui faisait tomber les premiers flocons de la journée, les derniers de la saison, aussi. « Je suis un oracle. » Elle passerait sur les détails, le besoin habituel de se mettre en valeur, quand elle révélait sa véritable nature. Oui, elle était l’alliée du destin et tout le reste. Bref. « Je connais le futur. Je le connaissais, quand je t’ai rencontré. Et en sachant que tu allais faire ça » oups, l’intonation était sensiblement tranchante « avec Peter, je n’ai tout de même pas hésité à elle vers toi… Les gens sont amenés à poser des actes, c’est ainsi. Ce n’est pas un crime d’agir ou de commettre des ‘erreurs’. Tu as fait ce qu’il fallait. Tu ressens ce que tu ressens. Et crois-moi, Peter aurait trouvé un moyen de revenir à son véritable lui. Ce n’est pas bien compliqué… » Inconsciemment, elle commença à jouer avec une des mèches de Wendy, son attention revenant sur la tristesse de Wendy, qu’elle sentait sous ses doigts, que ses voix, insidieuses, susurraient. « Tu n’as pas à t’en vouloir. Tout se passera pour le mieux. » Comme ça l’était, à chaque fois, pour chaque choix. « Et ça, ce n’est pas un mensonge, parole d’oracle. » Et Mnémis lui offrit un sourire, en dernière promesse.

« There'll be birds on the ground. »

Wendy cligna lentement des yeux, pour tenter de retenir les larmes qui se formaient et lui rendaient la vue floue. Mnémis se rapprocha d’elle et l’enlaça d’un bras. La jeune fille laissa sa tête se poser sur son épaule.

« Tu sais, ça ne sert vraiment à rien de me mentir. Et je suis bien la dernière personne qui essaiera de te juger, petit oiseau. Tu sais pourquoi ? »

L’anglaise soupira. Ses prétendus talent pour le mensonge que Peter lui prêtait, à Neverland, avait visiblement perdu de leur intensité. De plus, l’envie de mentir à Mnémis n’était pas présente. Non, Wendy n’avait pas la volonté, ni la possibilité de cacher éternellement le service rendu à Pan, et sa place dans la situation actuelle des anciens habitants de l’île de la jeunesse éternelle. L’oiseau secoua la tête, pour répondre à la question puis la leva à son tour. Elle sourit un court instant devant les flocons de neige qui commençait enfin à tomber.

« Je suis un oracle. Je connais le futur. Je le connaissais, quand je t’ai rencontré. Et en sachant que tu allais faire ça avec Peter, je n’ai tout de même pas hésité à elle vers toi… Les gens sont amenés à poser des actes, c’est ainsi. Ce n’est pas un crime d’agir ou de commettre des ‘erreurs’. Tu as fait ce qu’il fallait. Tu ressens ce que tu ressens. Et crois-moi, Peter aurait trouvé un moyen de revenir à son véritable lui. Ce n’est pas bien compliqué…»

Wendy s’immobilisa, le nez en l’air et fixa le ciel qui pleurait pour elle, ses larmes de glace. Elle sentit les doigts de Mnémis jouer avec l’une de ses mèches de cheveux blonds. Alors, elle savait. Elle connaissait toute l’histoire, tout ce que l’anglaise s’était fatiguée à garder secret. La jeune fille reposa les yeux sur Mnémis, trop abasourdie pour pouvoir penser ou parler. Elle ne l'avait pas vu venir.

« Tu n’as pas à t’en vouloir. Tout se passera pour le mieux. Et ça, ce n’est pas un mensonge, parole d’oracle. »

L’oracle lui sourit, Wendy lui en rendit l'ombre en s’éloignant, et inspira longuement. « Alors, tu savais qui j’étais. Dès la première seconde. » lâcha l’oiseau dans un murmure. Wendy se sentait blessée. Lui avait-elle simplement adressé la parole par pitié, le jour où elles s’étaient croisées pour la première fois ? Elle tendit la main pour recueillir un flocon. Mnémis la rassurait, mais elle se sentait encore plus lourde. « Je l'ai fait en toute connaissance de cause, c'est ce qui me rend coupable. » elle referma sa paume mouillée et vide. « Mnémis. » l’oiseau regarda à nouveau la jeune femme, une lueur d’espoir et de tristesse dans ses yeux verts. « Dis-moi au moins que notre amitié est réelle. »

Elle t’en veut déjà. Le cynisme se balada sur ses lèvres. Bien évidemment. Qui n’était pas furieux envers elle, quand Mnémis les dépouillait de tous leurs secrets, avant même que ceux-ci ne s’en rendent compte ? C’était ainsi, elle n’y pouvait rien, et à défaut, elle avait appris à y prendre du plaisir, à épier le passé, le présent, et l’avenir de chacun. L’oracle était un corbeau qui tournait autour de chaque parcelle d’humanité qui régnait, cherchant leurs failles, leurs défauts. Elle ne pouvait pas s’en empêcher, et ne cherchait pas à se limiter. Elle était différente d’eux, légèrement supérieur, même. Alors, qu’est-ce qui la motivait si férocement à se lier aux hommes, à aller vers eux, les accompagner pour un temps, jusqu’à ce que ceux-ci ne s’essoufflent et la quittent, d’une manière ou d’une autre, les pieds devant, ou en lui tournant le dos. Oui, pourquoi, Mnémis ? Elle avait pas de réponse, à la place, elle commença à jouer avec ses bagues, s’offusquant à moitié quand Wendy se recula. Elle récupéra son bras, sa main se retrouvant sur sa propre nuque, jouant avec une des tresses sauvages qui ornait sa coupe – Sora ferait une de ses têtes quand elle constaterait l’état de ses cheveux.

« Alors, tu savais qui j’étais. Dès la première seconde. » Mnémis hocha la tête, à la suite du soupir du petit oiseau. Elle se retint de préciser qu’il lui fallut trente secondes, environ, pour savoir exactement qui elle était. Ça n’aurait pas été très approprié. Depuis quand tu te soucies des autres ? Elle fit la sourde oreilles à ses voix. C’étaient elles, qui savaient tout. C’étaient elles qui l’avaient invité à aller vers la délicate anglaise. Cependant, elle ne se sentait pas d’humeur à se lancer dans des explications sur sa nature. Il y avait cette légère impatience qui lui tournait dans le ventre, une impatience qu’elle ne se reconnaissait pas. Mais Mnémis savait parfaitement à qui ce genre de comportement appartenait. A moi. L’éclat rieur ne trompait pas. Rachelle. Sale bête. Elle se massa le front, échappant à son tour un soupir discret. Elle n’avait pas de raison d’être en colère, elle n’en avait pas le droit. Mais c’était là et elle n’arrivait pas à l’éteindre. Elle doute de toi. Le sourire de renard se perdit et elle leva les yeux vers le ciel, contemplant les flocons qui se perdaient sur terre.

« Je l'ai fait en toute connaissance de cause, c'est ce qui me rend coupable. » Wendy était une fille trop vertueuse pour être la proie de Peter. Il était vraiment tombé sur la victime idéale, n’est-ce pas ? Une honte que Mnémis ne l’ait pas trouvée en premier. Tout ce qu’elle aurait pu faire de la douce enfant, à cette époque. Quoique, elle aurait été trop ennuyeuse, surement. Son sourire revint, un instant. « C’est ce qui te rend humaine, aussi. Souviens-toi de ça, de ce sentiment. » C’était une prédiction dissimulée. Qu’elle ne saisirait que trop tard, le petit oiseau. L’instant n’était pas à faire des divinations. Mais c’était plus fort qu’elle. « Mnémis. Dis-moi au moins que notre amitié est réelle. » Ca aussi, ce fut plus fort qu’elle, de détourner son regard électrique sur l’anglaise, une expression un peu surprise dans le fond de ses prunelles, un sourire doux, terriblement cruel, sur les lèvres. « A ton avis, Wendy ? » N’était-ce pas évident ?

Mnémis déposa le livre, qui reposait encore sur ses genoux, sur le banc. Elle étira brièvement ses jambes, avant de se relever, enfournant ses mains dans les poches de son manteau léger. Elle oubliait le froid qui menaçait de lui mordre la peau. Elle tourna le dos à la route, se tenant face à l’anglaise. « Ce n’est pas parce que je savais qui tu étais que je te connaissais. J’avais envie de te rencontrer, Wendy. Il n’y a pas de hasard là-dedans. » Il n’y en avait jamais. Il n’y avait que la condition des évènements, qui menaient tous vers une conclusion unique. « J’ai deux notions qui sont différentes, entre être témoin de ce qui va se passer et construire mon présent. » Sinon comment s’amuserait-elle de ce monde, si elle ne pouvait même pas y participer ? Mnémis méritait bien de créer un peu de désordre par-ci, par-là.

Elle s’arrêta sur les yeux verts du petit oiseau, souriant encore, dévoilant à peine ses crocs. Tu vas tout bousiller. Eh oui, étrangement, c’était ce qu’elle faisait de mieux, Mnémis : construire le futur en détruisant les hommes, les femmes. Il n’y avait pas de mystère de qui son avatar, à l’époque de la malédiction, tenait. « Oui, notre amitié est réelle, voir même cruelle. » Sur de nombreux points. Elle sortit ses doigts froids de ses poches, se les frottant distraitement, ne lâchant pas Wendy du regard. « Mais tu sauras » elle se pencha en avant, sa main s’arrêtant sur le dossier du banc, à quelques centimètres, à peine, au-dessus de la charmante blonde, ses cheveux tombant, effleurant, presque, les plumes du petit oiseau « que je suis une très mauvaise amie. » Oh, combien seraient d’accord sur ces propos ? C’était une solitaire dans l’âme, qui supportait très mal la solitude. Elle s’attachait pas aux gens comme la norme humaine l’entendait. Parce que Mnémis, elle faisait pas partie de la race des homos sapiens. Elle était pas humaine. Et pourtant, elle faisait tout pour se joindre à eux. Allez comprendre.

Ainsi, son autre main gelée releva légèrement le menton de Wendy, une lueur dans le regard de Mnémis, sur le point de commettre une petite erreur. Soit. Elle l’embrassa, baiser léger, fugace. Puis elle se recula, son sourire habituel collé sur ses lèvres. Mnémis savait qu’elle n’avait aucune chance, elle n’en voulait aucune. Ça faisait simplement un petit temps que ça lui trottait en tête. Comme une petite voix, suave, qui se dandinait, lui insufflant des idées précises, mauvaise. Elle finit de se reculer, se retrouvant à nouveau droite, l’espièglerie, intense, dans le regard. « Et ça, je l’ai fait en toute connaissance de causes. » C’était presque un murmure, une voix, qui s’élevait. Elle était là pour lui apprendre à vivre. Est-ce que ça faisait d’elle, une coupable ?

« There'll be birds on the ground. »

Wendy se sentait extrêmement stupide. Tout ce qu’elle avait pu dire, ou faire, Mnémis le savait. Bien que ce ne fût qu’un don, elle était légèrement outrée que l’oracle puisse percer toute son intimité. L’oiseau se sentait déplumé. Elle doutait de l’amitié qui les unissait, Mnémis et elle. Qu’avait-il d’intéressant, l’oiseau, si la jeune femme connaissait déjà tout ? Wendy posa ses yeux sur le bitume, cimetière des flocons de neige qui s’y écrasaient.

« A ton avis, Wendy ? Ce n’est pas parce que je savais qui tu étais que je te connaissais. J’avais envie de te rencontrer, Wendy. Il n’y a pas de hasard là-dedans. J’ai deux notions qui sont différentes, entre être témoin de ce qui va se passer et construire mon présent.»

Mnémis s’était relevé, les mains dans les poches. L’anglaise n’osait pas la regarder, pas encore. Ses mains posées sur le banc, de chaque côté de son corps, elle écoutait. Qui avait envie de connaître un oiseau aux ailes brisés ? Wendy avait l’impression de n’apporter que tristesse et déception dans son entourage. Un chagrin infini, qu’elle entretenait consciemment. Pas de hasard ? Wendy n’arrivait pas à la croire. Mnémis restait néanmoins Mnémis.

« Oui, notre amitié est réelle, voir même cruelle. Mais tu sauras. Que je suis une très mauvaise amie. »

L’oracle s’était penché au-dessus de Wendy, qui recula légèrement, surprise de ce rapprochement soudain. Elle était soulagée que Mnémis confirme l’existence de leur amitié si surprenante. « Cruelle ? » murmura-t-elle. « En quoi est-elle cruelle ? » L’oiseau ne pensait pas qu’un ami pouvait être mauvais. Mnémis n’était pas mauvaise, non. Elle était simplement une femme très particulière. « Jusque ici, tu ne t’es pas trop mal débrouillée. » lâcha la blonde, nerveuse. Deux doigts glacés se posèrent sur son menton et elle frissonna. Sans qu’elle ne puisse réagir, les lèvres de Mnémis se joignirent aux siennes. Cela n’avait rien à voir avec les baisers qu’elle avait échangé avec Peter. Celui-ci était court, furtif. « Mnémis ! » s’écria la jeune fille avant de cligner plusieurs fois des paupières et détourner les yeux, à la fois gênée et surprise. C’était étrange. Son éducation du siècle dernier ne permettait pas ce genre de geste entre deux personnes du même sexe. Autrefois, tout cela était mal vu. Mais Wendy Darling n’aimait pas suivre les règles, ni l’étiquette. La société avait dorénavant changé, petit oiseau, ne l’avais-tu pas remarqué ? ? L’oracle savait sûrement déjà que l’anglaise avait apprécié ce court instant. Un peu trop peut-être.

« Et ça, je l’ai fait en toute connaissance de causes. »

« Pourquoi est-ce que tu… ? » Wendy ne savait pas si c’était une sorte de moquerie ou non. Le sourire espiègle qu’affichait Mnémis lui donnait quelques doutes. La blonde repoussa ses mèches derrière ses oreilles avant de regarder la jeune femme à nouveau. Yeux verts éteints. « Si ce n’est qu’un jeu pour toi, il n’est pas très amusant, Mnémis. »

Sujet: Re: tell me how much i missed you ▬ wendy