Depuis la malédiction de Zelena terminée, j'avais enquêtée... Et bien oui, de la seule personne que je connaissais, c'était le plus mystérieux de tous ; contrairement à nous, il n'avais jamais retrouvé la mémoire et j'étais certaine que Zelena n'y étais pas pour rien. J'avais beau poser des questions, personne n'était capable de me dire qui était exactement ce Peace Woodstock. Aucun foutu indice, personne n'ayant vu son visage auparavant, pas d'amis, de famille, de connaissance... Cet homme sortait de nul part. Un presque John Doe. Mon esprit d'aventureuse voulait percer le mystère et c'est en bon Sherlock Holmes que je tentais d'avoir des informations. J'étais arrivée à un tel point de.. comment dire... découragement, que j'avais finalement décidé d'aller directement le voir et de lui poser la question, en espérant que cette fois, il le savait.

Cependant, j'étais trop pesante, je le savais et je craignais qu'il se mette en colère. Il était tout de même un peu étrange et a l'air de vivre dans une bulle impossible à percer. Je réfléchis énormément et plus j'y réfléchis, plus je me dis qu'il serait dangereux d'y entrer... Oui, mais voilà, je suis têtue. J'avais pris mon sac, ma veste et surtout mon courage pour braver le froid et faire quelques mètres pour me trouver au Dark Star Pharmacy. J'habitais dans la même zone, il me semble que nous nous sommes rencontrer comme ça.

J'entrais donc et pris un truc au hasard, des mouchoirs, tiens, pour feindre d'aller à la caisse. Toujours au même endroit, distant, froid, secret. Sans savoir qui il était, il me donnait déjà des frissons dans le dos. Pourquoi j'insistais autant ? Peut-être parce que je trouvais ça horrible, de vivre sans connaître qui on est réellement, mais surtout... En fait, je ne ressentais aucune humanité en lui, aucune émotion. Et moi, le parfait opposé, je tentais de lui en faire ressentir. Quelle idiote. Je déposais l'article à la caisse et le regardais avec insistance de mes grands yeux argentés.

« Alors, t'as mémoire n'est toujours pas revenue ? »

Ce n’était pas parce que Peace était occupé à finir le compte d’une cliente qui semblait passer par une mauvaise séparation, qu’il n’avait pas reconnu Davis entré dans sa boutique. Il fit semblant de rien, gardant son expression impassible alors qu’il annonçait le montant à payer, en lisant les chiffres qui s’affichaient sur la caisse enregistreuse. Il attendit, patient et stoïque, que la femme en plein rupture lui verse un montant quelque peu supérieur - sa fausse condescendance était toujours récompensée par un généreux pourboire – et elle partit. Il ne manqua pas de lui souhaiter bon courage pour cette passe difficile. Puis, son sourire de vendeur se figea, pour mourir sur le bord de ses lèvres, alors qu’il tournait son attention vers Davis. Il jeta un coup d’œil vers la boite de mouchoirs, unique article et il échappa, faiblement. « Tu ne sembles pas être enrhumée. » Sans plus, il scanna le produit et le posa de l’autre côté du tapis roulant. Il n’y avait pas d’autre client, pour le moment, étrangement heureux d’être dans une heure creuse. Il n’appréciait pas quand Davis se sentait l’âme d’une enquêtrice dérangeante, surtout sur son lieu de travail. Peace, encore, appréciait son anonymat. C’était à lui de décider quand celui-ci volerait en éclat. Et la femme d’orient n’aurait pas son mot à dire dans cette histoire, combien elle savait être perspicace et agaçante.

« Alors, ta mémoire n'est toujours pas revenue ? » Il inspira, tandis que lentement, extrêmement lentement, il pencha la tête sur le côté. A tel point que son oreille aurait presque touché son épaule, si son physique le lui avait permis. Le sort de Zelena était tombé, et il se souvenait parfaitement du cadavre du vieillard, qu’il avait étouffé, de ses propres mains. Il se souvenait de l’expression de détresse de l’homme. Peace combattit un sourire, dans un mouvement de mâchoire, écartant les dents, sans réellement ouvrir les lèvres, faisant passer la rangée de dents du dessus, devant celles inférieurs. C’était une preuve, une évidence. Peace n’aurait jamais eu cette mimique, si peu humaine, si étrange. Son regard n’avait pas cillé, le bleu morne de ses iris fixé sur les yeux défiants de Davis. Et tout aussi calmement, il reprit sa position initiale, finissant d’encoder le prix du produit, annonçant le coût. « Si. » Il s’arrêta un instant, suspendant sa respiration, tendant sa paume ouverte vers Davis. « Ca fera 2.15$. » Et son sourire vide, de vendeur, lui revint aux lèvres, parfait dans l’automatisme appris.

Peace ne prévoyait absolument pas de dire à Davis qui il était. Il n’avait pas encore pris sa décision, sur ses prochaines actions. De ce qu’il avait compris, il était définitivement enfermé dans cette ville, et il s’ennuyait à mourir. Miss Zelena n’avait pas été capable de mettre un chaos acceptable dans la ville et Boogey ne ressentait aucune peur dans la ville. Il était affamé des craintes et des cris. Pourtant, il se devait de subir son jeun improvisé quelques jours encore. Il n’était pas prêt. Rhett devait encore lui donner quelques leçons et il voulait que la surprise soit totale. A l’exception de Davis, cela aurait été parfait. Si seulement. Son regard terne s’illumina une seconde, ses yeux riants, alors que son expression resta de glace. « Et toi, tu ne veux toujours pas me dire qui tu es ? Nous en sommes toujours au donnant-donnant ? »

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