Il n'aurait pas du prendre ce dernier verre avec cette jolie brunette. Il aurait du refuser mais il n'avait pas pu, elle lui avait sourit et il avait accepté de rester un peu plus longtemps. Il n'était pas tout à fait saoul encore mais déjà bien entamé on va dire. Il n'avait pas dormi la nuit dernière et il comptait sur le fait que s'il cuvait cette nuit, peut-être enfin réussirait-il à fermer l’œil sans se réveiller en nage après un temps, se voyant fuir un bateau en flammes. Certes, l'alcool n'est pas un bon moyen pour solutionner ses drôles de rêves car souvent le lendemain, il doit supporter les excès de la veille mais heureusement pour lui, il n'a pas vraiment un boulot qui exige de lui qu'il soit à l'heure au bureau alors il peut se le permettre. De toute façon, il est loin d'avoir atteint son maximum niveau boisson, il est même probable qu'il s'enfile encore une bière en rentrant, histoire d'enfoncer le clou et de tomber comme une pierre dans son lit. Un sommeil sans rêve, c'est tout ce qu'il demande en ce moment mais dans le fond, il sait que l'alcool n'y changera rien. Il regardait alors la serviette que la jolie brune lui avait laissé dans la main en partant, son numéro était écrit dessus, il esquissa un léger sourire avant de ranger le bout de papier dans sa poche et vida le reste du contenu de son verre. Il était temps de rentrer.

Le seuil de la porte franchit, il jeta sa veste sur le porte manteau et laissa choir ses clés dans le panier qui trônait sur la petite table de l'entrée où se trouvaient pêle-mêle des piles, des pellicules de photo, des trombones et tout un autre tas d'objets qui n'avaient pas vraiment leur place ici. Bordélique Finn ? Oui, il ne le cachait pas. Il va par réflexe directement vers son frigo et l'ouvre, fronçant les yeux à cause de la lumière blanche et vive qui s'en échappe et attrape une bière, qu'il décapsule presque aussitôt, refermant la porte du frigo avec le pied. Ses pieds le conduisent ensuite au salon où il s'affale directement dans le canapé. Il sent alors que quelque chose le gêne dans cette posture. Mais il sait d'où ça vient. Il sort de sa poche la petite panthère en bois qu'il a en permanence avec lui sans savoir pourquoi il la garde ainsi. Il ne se souvient même pas de comment il l'a eut ou de qui lui a offert. mais il sait qu'il préférerait perdre tout ce qu'il possédait plutôt que de perdre ce petit bout de bois. Il porte la bière à ses lèvres à nouveau et boit plusieurs gorgées tout en ne quittant pas du regard cette petite sculpture qui représente tant pour lui. Il l'observe sous toutes ses coutures, comme à chaque fois il sent qu'une part de lui se sent apaisée par le simple fait de sentir ce bout de bois entre ses doigts. Et avant de s'en apercevoir, à peine quelques minutes plus tard, il sombre dans le sommeil.

Des vagues d'une hauteur anormale, le vent qui souffle à en rompre les voiles, des flammes qui dévorent tout autour de lui. Il entend des hurlements, des cris de douleur et de désespoir mais aucun son ne parvient à sortir de sa bouche. Son pouls s'accélère comme à chaque fois, il a l'impression de courir un marathon mais reste bizarrement immobile, comme paralysé ou comme si un sort l'empêchait de se mouvoir. Puis un autre cri le ramène à la réalité. Celui-là est différent, mais pourquoi ? Il l'ignore mais il finit comme à chaque fois par se réveiller en sueur, presque brûlant de fièvre, comme si ces flammes avaient été réelles et sa main lui fait mal, d'avoir tant serrer cette petite figurine comme si c'était la seule chose qui le rattachait encore à la vie. Voilà aussi pourquoi en général, il s'arrange pour ne jamais ramener ses conquêtes chez lui. Il n'a pas besoin que quelqu'un assiste à ce genre de petits soucis qui ne regardait que lui au final. Peut-être que c'était son subconscient qui essayait de lui faire comprendre qu'il devait arrêter ses conneries ? Non, peu probable. Il ne buvait quand même pas tant que ça et il n'avait commencé à avoir ces rêves que depuis quelques semaines. Ça ne coïncidait pas. Il quitta donc le canapé pour la salle de bains, passant son visage sous l'eau comme si cette dernière pourrait à tout hasard le débarrasser plus vite de ce mauvais rêve.

Mais évidemment, ça ne fonctionne pas, ça serait trop beau. Il ne sait pas quelle heure il est mais il ne trouvera pas le sommeil cette nuit non plus alors plutôt que de s'abrutir devant des rediffs de vieilles séries à la télé, il préfère sortir. Il attrapa sa veste avant de sortir, son appareil photo d'ores et déjà à la main et une fois la porte refermée, il savait déjà où il finirait. Quelques minutes après, il se gare dans un chemin au bord de la route et il quitte sa voiture. La forêt. Il revient toujours ici dans ces moments là. Il ne sait pas pourquoi mais dans le fond, veut-il le savoir ? Il s'engouffre dans la forêt, son appareil autour du coup, il fait sombre mais la Lune éclaire suffisamment les environs pour qu'il voit où il met les pieds. Parcourir les bois est un de ses passes-temps favori d'ailleurs. Mais il a toujours l'impression que quelque chose manque dans ce tableau, ou quelqu'un. Car dans une autre vie, celle qui était la sienne dans le monde des contes, il ne s'aventurait jamais seul en forêt. Son "ombre" était toujours avec lui. Cette ombre c'était bien sûr Brennan, son meilleur ami depuis l'enfance. Il ne se passait pas un jour sans qu'ils ne soient fourrés ensemble constamment. Il y avait bien sûr Fillin aussi qui venait s'ajouter à ce duo de choc. Ensemble ils faisaient les quatre-cent coups. Jusqu'à ce jour où tout a basculé...