Rachelle a l’extrême honneur d’être la fille à problèmes de Storybrooke. Oh, il ne s’agit pas de ragots quelconques à son sujet, mais de faits avérés et inscrits dans son casier judiciaire. Elle est la tache noire dans le parfait petit monde de madame le maire, la fauteuse de troubles que tout le monde rêve de voir disparaitre, aimant à ennuie, chercheuse d’emmerdes et j’en passe. A 24 ans, elle a déjà passé deux ans en détention juvénile et trois en prisons, autant vous dire que ça forge le caractère – déjà qu’il était bien trempé, là, c’est pire. Tout le monde la connait à Storybrooke, et ce n’est certainement pas pour ses jolis yeux. Vols, incendies, bagarre, une notamment ayant entrainé la mort, Rachelle ne brille pas, elle brûle les yeux, les rendant noir, ténébreux.

Rachelle n’a jamais compris pourquoi elle attirait autant d’emmerdes. Elle n’a pas de raison particulière de se montrer aussi imbuvable envers son entourage. Elle a eu une vie de famille normal, des parents aimants, jusqu’à ce que cette phase de la vie appelée crise d’adolescence fasse son apparition et que tout bascule pour elle. Ses parents ont cru que ce n’était qu’un passage et que Rachelle deviendrait vite l’enfant un peu turbulent qu’elle était. Ce fut tout le contraire. Comme une spirale infernale qui l’entrainait dans des méandres de moins en moins sûrs, Rachelle a commencé à voler dans le portefeuille de ses parents, puis de ses camarades de classe et de totaux inconnus. Quand elle réussit à mettre le feu à la boutique du coin, elle gagna un allé simple en maison de redressement. C’est là-bas qu’elle apprit à crocheter les serrures et à cogner. Ce ne fut qu’une étape de plus – mais décisive- qui l’invita à continuer sur cette voie jusqu’à ne plus pouvoir faire marche arrière.

Rachelle ne travaille pas et elle doute sincèrement que quelqu’un à Storybrooke ne souhaite jamais l’engager. Elle est l’oiseau de mauvais augure. Cependant, elle n’a aucun problème d’argent, révélant avoir une chance de tous les diables aux jeux, quels qu’ils soient. Le hasard, étrangement, ne la trompe jamais et que ce soit au poker ou un simple pile ou face, elle terrassera immanquablement son adversaire. Le plus gros de ses revenus viennent de paris frauduleux et autres, ce qui en soi n’améliore pas son image. Pourtant, elle ne profite pas à l’excès de ce don. Elle ne veut pas attirer trop l’attention. Alors, elle fait exprès de perdre à certaines occasions, pour relâcher la pression et redonner un peu d’espoir aux autres joueurs.

Pendant quelques années, elle a été suivie par Archie, pour ce qui se révélait être un problème d’imagination qui tourna en une psychose. Rachelle se drogue aux médicaments pour ne plus entendre les voix et les bruits dans sa tête, ce qui a tendance à la rendre un peu moins belliqueuse et relativement détachée de la réalité. Depuis l’arrivée d’Emma et la mise en liberté de Rachelle – qui ne remonte à pas si longtemps- les bruits se sont faits plus fort et cela dévore la brune de l’intérieur. Quant à ce qu’elle seule entend, les pilules ne les arrêtent pas vraiment, mais ça a le don de la faire un peu moins souffrir, là-haut.

Car oui, Rachelle souffre. Elle n’est pas dénuée de cœur, même s’il est relativement atrophié et abimé. Elle s’en veut particulièrement pour cet homme qu’elle a involontairement tué et ne cesse d’être poursuivie par les remords. Alors Rachelle prend une nouvelle pilule et va planer sur un des toits de la ville. Rachelle est une fille solitaire, qui n’aime personne, parce qu’elle ne s’aime pas, avant tout. Elle ne veut pas d’amis et pour le peu de relation sociale qu’elle doit entretenir, elle se montre acerbe et aussi distante que possible. Ce qui entraine qu’elle est célibataire. Au fond d’elle, la prison lui manque, même si c’est un endroit horrible. Là, les femmes étaient comme elles, toutes aussi paumées et ne cherchaient pas à la faire sortir de sa bulle de protection qu’elle érigeait. Même les voix se faisaient silencieuses.

Mais elle sait qu’elle ne peut pas y revenir. Aussi fortement qu’elle haït sa ville natale, elle y est attachée et ne peut s’y soustraire. Rachelle cherche à ne pas faire trop de vagues, même si parfois, c’est inévitable qu’elle foute tout en l’air. Car Rachelle brûle tous ceux qui l’approchent et ont le malheur de lui parler.



En réalité, Rachelle n’a rien de ce passé de récidiviste. Elle n’a jamais volé ses parents et n’a jamais tué accidentellement, même si cela la pourchasse, jour et nuit. Rachelle, dans le monde des contes, était un oracle, du nom de Mnémis. Et déjà, elle entendait des voix. Mais elles n’étaient pas aussi vindicatives que celles qui la pourchassent dans ce monde sans magie. Le don de Mnémis ne se caractérisait pas par lire les osselets ou faire une incantation au bord d’un puits. Mnémis écoutait, juste. Le bruit de la vie, ce que lui susurrait à l’oreille ce capharnaüm. Alors elle écoutait, patiemment, traduisant ce qu’elle retirait de ce qu’elle seule pouvait entendre et apportait ses réponses à ceux qui venaient chercher conseils chez elle. Mnémis n’était pas aussi jeune que Rachelle l’était. Douée du don de clairaudiance, elle vieillissait également beaucoup moins vite que les autres. Mnémis n’a jamais été totalement humaine… Bien que, avec la malédiction, elle se vit dotée d’une nouvelle jeunesse, retrouvant le corps qu’elle avait perdu jadis.

Mnémis était une personne étrange et à cause de la nature de son être, savait beaucoup de choses, trop même. Et comme tout oracle qui se respectait, elle n’avait le droit que d’être spectatrice d’un futur qui se ferait, qu’importe les efforts des hommes pour contredire la main cruelle du destin. Elle vit la malédiction venir, bien avant que le sort ne soit lancé. Mais comme beaucoup d’autres sujets, elle garda ce savoir précieusement, prête à se faire emporter par le sort lancé par Regina.

Mnémis était bien connue, principalement pour la compensation qu’elle demandait pour une divination. Mnémis se nourrissait de souvenirs. Ainsi, si un malheureux avait besoin de ses conseils, il devait se montrer prêt à se détacher d’une part –oh, tellement infime- de sa mémoire, choisie au hasard des requêtes.