Tell me more, tell me more... [PV Emma]

Introduction

Époque du sujet : Actuelle.
Date du sujet : 10 mars.
Ordre de passage des participants : Archie - Emma

« Bien sûr Emma, je comprends parfaitement. Je vous attends à dix heures dans ce cas. A demain ! »

Et Archie raccrocha, avant d’ouvrir le cahier qui lui servait d’agenda dans lequel il consignait tous ses rendez-vous et ajouta au jour du lendemain le nom d’Emma Swan. Après quoi, il resta pensif un court instant, et reposa son stylo avant de quitter son bureau sur lequel il venait de passer toute la soirée plongé dans des livres sur les psychoses et autres troubles psychiatriques, seulement interrompu après plusieurs heures par le coup de téléphone de la nouvelle shériff de Storybrooke. Il avait été étonné de l’avoir au bout du fil –d’habitude quand elle avait quelque chose à lui dire, elle attendait de le croiser chez Granny- et surtout surpris par le ton hésitant dans sa voix, qui ne collait décidément pas avec l’image qu’il se faisait de la jeune femme : quelqu’un de ferme, décidé, peut-être un peu trop d’ailleurs et potentiellement symptomatique d’un passé difficile. Dieu merci, Archie savait comment amener les gens à parler, et Emma semblait lui accorder assez de confiance pour s’en ouvrir assez rapidement : elle désirait lui parler d’Henry, serait-il possible de passer par son cabinet demain matin ? Elle savait que c’était dimanche, mais elle était très prise en semaine avec son nouveau job… Evidemment, Archie avait répondu par l’affirmative : il n’était de toute façon pas un lève-tard (la dernière fois que c’était arrivé, c’était à cause de Ruby qui l’avait forcé à boire au Rabbit Hole, la vile) et reviendrait à ce moment-là de sa promenade matinale avec Pongo. Le timing était donc parfait. C’est donc intrigué, mais pas inquiet le moins du monde qu’il alla se coucher avec pour dernière pensée la question de savoir de quoi Emma pouvait bien vouloir lui parler. Après tout, le petit Henry était un sujet de conversation qui pouvait les occuper toute une journée à lui tout seul, tant il y avait à dire sur lui…

Le lendemain matin, Archie se réveilla comme à son habitude aux aurores et prit son petit-déjeuner en relisant les notes de sa dernière consultation avec Henry, qu’il avait vu trois jours plus tôt. L’évolution du petit garçon depuis l’arrivée d’Emma en ville était des plus étonnantes : si son obsession pour les contes de fées semblait aller en s’accroissant, il était beaucoup plus joyeux, positif et ouvert qu’auparavant. Archie ne savait trop qu’en penser pour le moment, mais au moins Henry semblait-il retrouver un certain équilibre et s’ouvrir aux autres plus qu’il ne l’avait jamais fait de mémoire de thérapeute. Il était curieux d’avoir la version d’Emma à ce sujet, et savoir exactement ce qu’elle pensait de cette histoire de contes et de sa relation avec Henry.

Comme pour approuver les pensées de son maître, Pongo jappa joyeusement et vint poser la tête sur ses genoux, lui rappelant par la même occasion qu’il était temps d’y aller s’il ne voulait pas qu’Emma trouve porte close quand ils rentreraient de leur marche. Le psychologue rangea donc soigneusement le dossier dans son tiroir, attrapa manteau, casquette et parapluie, et sortit de son appartement, suivi de son fidèle compagnon. Les pensées à nouveau occupées –une fois n’est pas coutume- par le cas d’un drôle de petit garçon à l’imagination plus que vivace et sa mère surgie de nulle part pour donner un bon coup de pied dans la torpeur dans laquelle Storybrooke semblait s’être endiguée depuis des années. Dans la rue, il leva la tête vers l’horloge de l’église et la considéra un moment d’un air mi-pensif, mi-soucieux. Au fond de lui, il savait qu’Henry avait raison sur au moins un point. Depuis qu’Emma Swan avait décidé de rester, depuis que l’horloge s’était remise en marche, un vent nouveau soufflait sur la ville. Il le constatait tous les jours, en écoutant les gens qui défilaient dans son cabinet, ou ceux qui préféraient se confier à lui au-dessus d’un café ou au détour d’un coin de rue, ou près d’un étal de marché ou sur un banc du port. Quelque chose n’était plus tout à fait pareil. Quoi par contre, ils auraient tous été bien en peine de le dire…

Une heure plus tard, Archie était de retour à son cabinet et constata qu’il avait encore dix minutes avant l’arrivée de son invitée. Il en profita pour préparer du café et remettre de l’ordre sur son bureau, avant d’entendre frapper à la porte. Aussitôt, il s’y avança et l’ouvrit en grand en arborant un de ces sourires bienveillants et chaleureux dont lui seul semblait avoir le secret.

« Bonjour Emma. Belle matinée n’est-ce pas ? Je vous en prie entrez, le pas de la porte n’est pas exactement ce que j’appellerais accueillant… » Refermant la porte derrière elle, il lui indiqua le canapé de cuir qui jouxtait son fauteuil : « Je vous en prie, asseyez-vous, mettez-vous à l’aise. J’ai préparé du café, vous en voulez ? A moins que vous ne préfériez du thé peut-être ? » Puis, après avoir eu sa réponse et remplit deux tasses, il rejoignit sa visiteuse et prit place sur son fauteuil fétiche, lui tendit sa tasse fumante, et enfin s’enfonça dans le dossier en déclarant : « Bien, maintenant que nous sommes confortablement installés, je vous écoute. De quoi souhaitiez-vous me parler ? »

Il savait pertinemment qu’elle voulait lui parler d’Henry, mais préférait la laisser le lui dire avec ses propres mots. Après tout, qui savait ce qui pourrait ressortir de cette discussion informelle.

L'idée lui avait trotté toute la journée en tête. A vrai dire, déjà la veille -vendredi donc- mais elle avait finit par ne plus y penser, ses obligations de sheriff lui ayant fait sortir tout ça de la tête mais enfin, samedi soir, Emma finit par trouver un peu de temps pour appeler Archie. Oh, elle n'était pas vraiment super enchantée de le faire. Pas qu'elle n'appréciait pas le psychologue, au contraire, il avait su regagner sa confiance en lui prouvant qu'il ne voulait plus céder au chantage de Regina et après tout, il aidait Henry depuis longtemps, il le connaissait donc mieux qu'elle pour le moment. Mais c'était sa fierté qui était en jeu ici. Demander de l'aide n'était pas véritablement une chose que la jeune femme faisait naturellement, elle qui n'avait du compter que sur elle-même durant une bonne partie de sa vie, c'était un peu difficile pour elle donc d'admettre avoir besoin d'aider mais elle ne voulait pas tout gâcher avec Henry alors elle devait essayer de faire les choses bien et c'est là qu'intervenait Archie. Lui saurait lui dire quoi faire sans doute face à ses doutes. Elle savait qu'il ne la jugerait pas, voilà pourquoi elle avait fini par décrocher son téléphone et l'appeler, un peu en urgence, abusant très certainement de sa gentillesse de le faire bosser un dimanche, mais le reste du temps elle n'avait hélas pas réellement l'opportunité de venir le voir. Sinon croyez bien qu'elle l'aurait fait. Lorsqu'elle raccrochait, Emma était quelque peu déjà plus légère et passa une meilleure nuit, si tant est qu'elle puisse dormir un peu, car elle se doutait qu'en rentrant, Mary Margaret serait encore assez mal, suite à toute cette affaire avec Kathryn. Mais elle serait là pour elle, quitte à encore regarder une émission débile à la télé ou à engloutir son poids en crème glacée.

Réveillée sur les coups des sept heures trente, Emma alla préparer en silence -enfin le plus silencieusement possible- le petit déjeuner pour sa colocataire et elle, histoire d'essayer par cette petite attention de lui remonter un peu le moral. Cette histoire avec David l'avait profondément blessée, chose qu'Emma pouvait comprendre c'est vrai, mais qui ne faisait aussi que lui confirmer que les histoires de cœur ça finissait toujours par capoter à un moment ou à un autre, qu'on semble liés par le destin ou non. Elle était bien sûr loin de penser qu'en fait si, ces deux là étaient fait pour toujours se retrouver et encore plus loin de se douter de la réelle relation qui unissaient Mary Margaret et David et par extension, leur relation à tous les trois. Car pour le moment oui, Emma rejetait toujours en bloc cette théorie qu'avait Henry sur le fait que tous les habitants de Storybrooke soient en réalité des personnages de conte de fées, prisonniers de la ville à cause d'un puissant sort, une malédiction à vrai dire, jetée depuis un autre monde par une méchante reine, qui selon Henry toujours, serait sa mère adoptive. Ça par contre, Emma voulait bien y croire puisqu'à ses yeux, Regina pourrait bien être capable d'un tel coup, si elle avait été doté de magie, tout ça pour assouvir ses propres intérêts. Mais justement, c'était ce conflit intérieur qui la pressait vers Archie ce matin. Elle voulait lui demander quoi faire, elle ne voulait pas continuer de rentrer totalement dans le jeu de son fils alors qu'elle n'y croyait pas. Elle se doutait qu'à force, ça pourrait mal finir et elle ne voulait pas perdre Henry. L'esprit ailleurs, elle jura quand elle réalisa qu'elle avait mis l'équivalent d'un paquet entier de café dans la machine à café, continuant machinalement à remplir celle-ci alors qu'elle réfléchissait. Elle arrangea le problème bien sûr mais du coup, avisa qu'elle aurait assez le temps de penser à tout ça une fois dans le cabinet du psychologue. Après un moment, ne voyant toujours pas Mary Margaret descendre, elle attrapa un toast, l'avala assez rapidement et lui laissa un mot, lui disant que si jamais elle avait faim, tout était dans le frigo et qu'elle n'avait plus qu'à se servir. Mais elle ne pouvait plus rester trop longtemps, elle devait repasser par son bureau avant d'aller chez Archie alors plus le temps de lambiner.

Arrivant enfin à destination une fois que tout était en ordre de son côté, Emma toqua donc à la porte d'Archie, à l'heure pile. Il était vraiment très gentil de lui permettre de venir même un dimanche pensa-t-elle, tout le monde n'en aurait pas fait autant à sa place. Mais à vrai dire, venant de la part d'Archie, ça ne l'étonnait guère. Cet homme dégageait une impression d'extrême gentillesse -dont on avait du abuser plus d'une fois, Regina la première sans doute-, le type même à ne pas pouvoir faire de mal à une mouche. Certes un peu solitaire -volontairement ou pas-, timide et mettant toujours en avant les autres avant lui-même. Un homme bon. En tout cas il était certainement ce qui se rapprochait le plus d'un meilleur ami pour son fils, puisqu'il se confiait sans crainte à lui et il avait d'ores et déjà prouvé à Emma qu'il savait faire des choix importants aussi, elle ne pouvait donc que l'apprécier. Elle sourit légèrement, tout de même un peu gênée de le forcer à prendre une consultation sur son jour de repos mais visiblement ça n'entamait en rien sa bonne humeur habituelle. « Bonjour Archie. Oui, belle matinée. Encore merci d'avoir accepté de me recevoir ce matin. J'apprécie. » dit-elle en entrant dans son bureau, abandonnant le pas de la porte qui en effet n'était pas aussi accueillant que le reste de la pièce. Avançant vers le canapé désigné par le psychologue, elle retira sa veste et prit place sur le canapé, déposant sa veste à ses côtés, affichant un sourire franc quand il parla de café. « Un café ça sera parfait, merci. » Oui, un bon café ne serait pas de trop si elle voulait réussir à se détendre un peu. Pas qu'elle ne se sente pas à l'aise comme dit, mais elle n'aimait en général pas vraiment parler d'elle mais pour Henry, elle ferait un effort. Prenant la tasse des mains d'Archie, elle souffla un peu sur le liquide noir, en but une gorgée puis reposa la tasse devant elle avant de reprendre la parole, exposant donc ce pour quoi elle était venue le voir. « Voilà... Je suis venue vous voir pour chercher conseil. Je ne sais pas comment faire. Je sais qu'Henry croit dur comme fer à tout ça mais moi pas. Je joue le jeu pour le moment, mais je ne voudrais pas devoir mentir à mon fils, je ne sais pas si je suis très claire pour la peine... » finit-elle par dire. Pourtant tout était clair dans son esprit. Comment garder sa complicité avec Henry sans pour autant le blesser en lui montrant qu'elle ne croyait pas à ses histoires ?

Que se passait-il dans la tête d’Emma Swan ? C’était une question qu’Archie s’était souvent posé au cours de ces dernières semaines, d’abord lorsqu’il l’avait rencontrée pour la première fois alors qu’elle ramenait Henry de Boston, puis lorsqu’elle avait décidé de rester une semaine, et enfin lorsqu’elle avait décidé de rester pour de bon, décision marquée par sa promotion en tant que deputee du Sheriff –Graham à l’époque. Et puis les jours passaient, plus Archie avait l’impression d’en avoir une idée plus précise. Contrairement aux apparences, Emma était loin d’être la personne la plus difficile à comprendre à Storybrooke –de ce point de vue là, Mr Gold ou certains de ses patients avaient un esprit beaucoup plus retors et complexe à cerner. Elle n’était jamais venue le trouver en tant que thérapeute, et il soupçonnait qu’elle était bien trop fière pour ça. Mais s’il ne s’était pas attendu non plus à ce qu’elle vienne lui demander conseil, il en était ravi. Du point de vue du psychologue, c’était le signe que les choses commençaient à bouger de manière assez radicale dans l’esprit d’Emma et dans sa relation avec son fils ; le signe qu’elle acceptait presque pleinement son nouveau rôle de mère, qu’une autre qu’elle aurait peut-être rejeté en bloc. Il fallait l’avouer, il était impressionné par la rapidité avec laquelle elle s’était adaptée à la situation, ce qui l’avait amené à s’interroger sur sa vie avant Storybrooke dont la jeune femme ne parlait jamais. Il n’avait aucunement l’intention de l’interroger à ce sujet, d’autant plus qu’elle avait à plusieurs reprises fermement exprimé l’intention de ne pas en parler, mais il se disait qu’elle avait dû mener une vie sacrément agitée pour avoir développé une telle capacité à accepter de pareils bouleversements sans broncher.
Dès qu’Emma fut assise sur le canapé, Pongo vint trottiner pour s’allonger à ses pieds, comme il le faisait à l’arrivée de chaque nouveau patient ; une habitude qu’Archie n’avait jamais réussi à lui faire perdre mais dont personne ne s’était jamais formalisé, Pongo ayant l’étrange et incompréhensible pouvoir de faire craquer tout son entourage. Une qualité qu’Archie lui enviait parfois, surtout quand il se retrouvait face à de dangereux énergumènes comme Mrs Mills ou Mr Gold. Dieu merci aujourd’hui c’était Emma qu’il recevait, sans calepin ni dossier, puisqu’il ne s’agissait pas d’une consultation à proprement parler. Si quelqu’un entrait dans le cabinet à ce moment-là, il n’aurait rien vu d’autres que deux amis discutant tranquillement autour d’un café. Exactement le cadre informel et détendu qu’Archie avait souhaité pour accueillir Emma et la mettre à l’aise. Il devinait que parler d’elle n’était déjà pas un exercice aisé : autant lui faciliter la tâche du mieux qu’il pouvait.

« Voilà... Je suis venue vous voir pour chercher conseil. » « Je suis là pour ça, Emma. Même si nous ne sommes pas dans le cadre d’une consultation, rien de ce que vous direz ici ne sortira de ce bureau. » lui assura Archie avec un sourire bienveillant. « Je ne sais pas comment faire. Je sais qu'Henry croit dur comme fer à tout ça mais moi pas. Je joue le jeu pour le moment, mais je ne voudrais pas devoir mentir à mon fils, je ne sais pas si je suis très claire pour la peine... »

Archie hocha la tête, compréhensif. Lui-même ne croyait pas à cette histoire de mauvais sort, bien entendu, mais contrairement à Emma il savait très exactement –ou pensait savoir, dans son esprit de criquet sous malédiction- comment la fiction fonctionnait dans l’esprit d’Henry. Depuis le temps qu’il le traitait, Archie avait appris à parler son « langage » et s’était parfaitement adapté à son mode de fonctionnement, acceptant de rentrer dans son jeu beaucoup plus facilement qu’Emma, semblait-il. Un choix qui avait bien failli lui coûter très cher ce maudit jour où Regina avait réussi à le faire plier… Aussi comprenait-il mieux que personne les réticences de la jeune femme.

« Bien sûr Emma, je comprends parfaitement. C’est assez déstabilisant de constater qu’un garçon de déjà dix ans vit encore autant dans l’imaginaire mais… Pas si rare qu’on pourrait le croire. De nombreux psychanalystes ont démontré à quel point il était primordial pour les jeunes enfants aussi bien que les plus grands, et même pour les adultes, de laisser s’exprimer leur imaginaire à travers les jeux… ou les histoires. » commença à expliquer Archie en se retenant de citer les travaux de Mélanie Klein ou Winnicott, se doutant que ce n’était pas ce qui intéressait Emma. Il se redressa sur son fauteuil, les coudes sur les genoux comme à chaque fois qu’il s’impliquait réellement dans une discussion ou une explication. « Henry n’a rien d’un garçon anormal, malgré l’importance qu’il accorde à cette histoire de contes. Je comprends le conflit qui vous agite : mais je pense honnêtement que jouer le jeu n’est pas… n’est pas fondamentalement lui mentir. C’est comme un enfant avec lequel on joue le jeu à l’âge où il croit encore au Père Noël. Je veux dire que ce n’est pas un ‘mensonge’ qui lui fait du mal. »

Comme s’il était lui aussi attentif à la conversation, Pongo posa la tête sur les genoux d’Emma. Archie poursuivit, après avoir pris le temps d’une courte réflexion :

« Comme je vous l’ai dit la dernière fois –avant toute cette histoire dans les mines- les contes sont un moyen pour Henry de… d’exprimer les émotions conflictuelles que provoquent sa situation. De les supporter si vous voulez, et surtout de leur faire face sainement. » Le regard clair d’Archie croisa celui d’Emma. « Car je vous assure que sa réaction est parfaitement saine si l’on considère la situation actuelle… Beaucoup d’enfants à sa place se seraient renfermés sur eux-mêmes, auraient commencé à exprimer des attitudes destructrices voire auto-destructrices, à développer des névroses… Dieu merci, Henry en est aussi loin qu’il est possible de l’être malgré son imagination très fertile ! Ces contes lui permettent de vivre avec une réalité difficile tout en gardant la tête hors de l’eau, comme un radeau au milieu de la tempête. Le jour où il n’en aura plus besoin, ils disparaîtront… »

Puis, voyant la tête d’Emma, il sourit et ajouta :

« Mais je sens que vous n’êtes pas tout à fait convaincue… Je me trompe ? »

En tant que psychologue, Archie devait sûrement savoir que certains événements de notre vie ont une répercussion sur notre façon d'agir, que ce soit de façon consciente ou non. C'est ce qu'on appelle couramment l'auto-protection. Un réflexe qui pousse certains à adopter un comportement type face à une situation donnée. Pour Emma, les épreuves qu'elle avait eut à traverser par le passé l'avait rendu méfiante de nature et lui avait appris aussi à se dire qu'on était jamais mieux servit que par soi-même puisqu'on ne pouvait pas vraiment compter sur les autres. Ces événements avaient forgés son caractère durant des années, difficile donc pour elle de se mettre à faire confiance à n'importe qui et à se lier aussi. De son expérience, mieux valait être seule que mal accompagné. La preuve la plus flagrante pour elle restant bien sûr Neal, qui avait fuit sans un mot en la faisant en plus aller en taule par dessus le marché. Pas vraiment de quoi donner envie de faire confiance aveuglément, non ? Mais oui, trop fière pour parler de tout ça, Emma n'irait pas consulter Archie pour si peu mais vu qu'elle ne voulait pas tout gâcher avec Henry à présent qu'elle l'avait retrouvé et qu'elle se faisait à l'idée d'être mère, il fallait bien qu'elle se résolve un peu à lui demander conseil car il était le plus à même à l'éclairer sur le sujet en tant que thérapeute du petit garçon. Pour le reste, qui sait, peut-être qu'un jour elle finirait aussi par être sa patiente au final, mais mieux valait ne pas parier là-dessus pour le moment.

Elle était donc résolue à faire l'effort de parler de ce qu'elle ressentait face à toute cette histoire avec Henry et face à son rôle de mère dans tout ça. Oui, elle avait enfin visiblement fini par se faire à son nouveau statut et commençait même à l'apprécier de plus en plus, à masure bien sûr qu'elle passait du temps avec Henry et qu'ils se rapprochaient. Mais justement, elle ne voulait pas prendre le risque de tout perdre parce qu'elle ne croyait pas en cette histoire, pensant perdre l'affection du petit garçon si jamais il comprenait qu'elle ne le croyait pas tout en ayant affirmer le contraire, pour entrer dans son jeu. Elle avait donc exposer tout ceci du mieux qu'elle le pouvait à Archie tout en grattouillant négligemment la tête de son chien qui été venu prendre place à ses pieds. Ca avait en effet ajouté à la faire se détendre en plus du café gentiment proposé par le psychologue et le fait qu'il ne prenait pas de notes mais était bien là pour l'écouter et discuter, pas pour l'analyser. Elle tentait d'être la plus claire dans ses propos pour bien faire comprendre le sujet de son inquiétude à Archie et celui-ci semblait avoir compris puisqu'il lui apporta tout de suite après sa réponse.

Elle écoutait avec attention chacun de ses mots, pour le comprendre au mieux car bon, la psychologie et elle, ça n'est pas que ça faisait deux mais c'était bien lui le spécialiste ici pas elle. Oui, d'un côté elle s'était en effet posé la question à un moment de savoir si c'était normal ou non pour un garçon de son âge d'avoir un tel comportement, mais ça n'était pas tant le fait qu'il ait ce type de comportement qui la dérangeait, mais le fait surtout qu'il tentait de convaincre les autres, elle y compris, que tout ça était vrai. Mais les paroles d'Archie la rassurait petit à petit. Elle avait peut de donner à son fils l'impression de lui mentir en entrant dans son jeu sans pour autant réellement y croire mais visiblement, ça n'était pas une mauvaise attitude à adopter, au contraire puisque si ça pouvait permettre à Henry de gérer toute cette agitation, ça ne pouvait pas être plus mal. « Tant mieux alors, je ne voudrais pas prendre bêtement le risque de perdre le lien qu'on est en train d'installer pour quelque chose comme ça. Mais je n'ai jamais pensé qu'il était anormal, tous les enfants sont plus aptes que nous à croire au pouvoir de leur propre imaginaire, c'est malheureusement comme ça qu'on finit par grandi, on perd cette sensibilité avec le temps. Mais c'est plus le fait qu'il essaye de nous y faire croire nous aussi qui me tracasse au fond. » dit-elle alors, avant de prendre une bonne gorgée de café.

Elle reposa sa tasse sur sa soucoupe en souriant légèrement face à la dernière phrase du psychologue. « On ne peut rien vous cacher Archie. Non, je n'y crois pas. Mais c'est sans doute parce que j'ai vu trop de contes de fées tourner au cauchemard sans doute. » rétorqua-t-elle pour sa défense. Oui, difficile de croire en la magie et au "happy ending" quand on avait un passé comme le sien, semé d'embuches et de déceptions. « Quoi que je veuilles bien admettre que Regina a tout de la Méchante Reine. » lâcha-t-elle en plaisantant- mais à peine. Mais de là à véritablement croire que c'était bien elle, non, Emma ne pouvait pas le concevoir même si ça expliquerait pourtant bien des choses à son sujet. Elle gratta à nouveau la tête de Pongo avant de retourner son attention sur le psychologue. « Est-ce qu'il a vraiment changé depuis que je suis là ? » demanda-t-elle alors. Elle parlait bien sûr d'Henry, elle voulait savoir si son arrivée avait réellement eut autant d'impact que ça sur la vie du petit garçon, vie qu'elle ne connaissait pas bien sûr mais sur laquelle Archie pourrait l'éclairer malgré tout.

Spoiler:

Ca y est, Emma commençait enfin à s’ouvrir. Lentement, avec réticence, mais l’œil exercé d’Archie ne pouvait manquer de détecter ce léger relâchement des épaules, cet imperceptible mouvement de bascule en arrière, quittant la position inconsciemment crispée de la personne qui se sent prise au piège et adopte volontairement une position qui lui permettrait de fuir –physiquement !- en cas de danger trop menaçant. Le langage du corps, le psychologue l’avait appris après des années d’expérience, était aussi important que ce que disaient les mots prononcés par ses patients. Il ne s’y fiait pas toujours à 100% puisque d’autres facteurs pouvaient entrer en compte dans l’expression corporelle d’une personne, mais il s’y fiait au moins pour déterminer l’état d’esprit de son interlocuteur à défaut d’autre chose. Il était loin d’avoir la prétention de lire dans les pensées de ses patients, mais il était assez observateur pour réussir à détecter une ou deux petites indications précieuses qui ne passaient pas toujours par la voie orale. Des petites indications qui ne constituaient qu’une infime partie des outils à sa disposition pour comprendre son entourage, mais qui lui étaient bien utiles quand même. Emma Swan avait toujours constitué un sujet d’observation intéressant de ce point de vue-là : jusque dans sa démarche, son visage fermé, ses gestes parfois trop vifs, il lui apparaissait comme évident que la jeune femme était perpétuellement sur ses gardes, comme si elle craignait de prendre un mauvais coup surgissant de nulle part. La posture, la démarche d’une personne ne mentait jamais : Regina était l’incarnation même de la confiance en soi et de la domination, Mary Margaret de la discrétion, Ruby d’une certaine idée de la séduction… Et Emma de la méfiance. Tout le temps, envers tout le monde. Même en présence d’Henry. Pourquoi ? Telle était la question qui tournait encore et encore dans l’esprit d’Archie, même s’il savait pertinemment qu’il ne la lui poserait jamais. Il était déjà bien assez heureux de voir qu’elle finissait par se détendre en sa présence et ouvrir un peu la porte en acier trempé qui se dressait entre lui et les pensées si bien cachées de sa nouvelle amie. A peine quelques centimètres, mais c’était suffisant pour une première approche. Elle n’avait visiblement pas besoin de plus pour le moment, et lui n’en demandait pas plus.

« Tant mieux alors, je ne voudrais pas prendre bêtement le risque de perdre le lien qu'on est en train d'installer pour quelque chose comme ça. Mais je n'ai jamais pensé qu'il était anormal, tous les enfants sont plus aptes que nous à croire au pouvoir de leur propre imaginaire, c'est malheureusement comme ça qu'on finit par grandi, on perd cette sensibilité avec le temps. Mais c'est plus le fait qu'il essaye de nous y faire croire nous aussi qui me tracasse au fond. »

Archie ne répondit pas, se contentant d’observer Emma alors que la parole lui revenait de nouveau, portant sa tasse de café à ses lèvres. Il sentait que quelque chose d’autre de significatif allait franchir les lèvres d’Emma et il ne voulait pas le louper.

« On ne peut rien vous cacher Archie. Non, je n'y crois pas. Mais c'est sans doute parce que j'ai vu trop de contes de fées tourner au cauchemard sans doute. Quoi que je veuilles bien admettre que Regina a tout de la Méchante Reine. » finit par lâcher Emma sur le ton de l’humour. Mais Archie avait déjà repéré la désillusion et l’amertume de la déception qui filtraient dans ses paroles bien malgré elle. Qu’avait pu vivre Emma pour être aussi amère et pragmatique à vingt-huit ans à peine ? Lui-même en avait déjà trente-six mais n’avait jamais perdu cette sorte d’optimisme presque candide habituellement propre aux enfants, lui permettant peut-être de comprendre et communiquer avec les enfants et en particulier Henry mieux que personne. Oui, incontestablement, Archie avait gardé en lui une part d’enfance qu’Emma avait perdue. « Nous traînons tous nos casseroles derrière nous, Emma. Vous, Henry, et même Regina, certainement. La problématique est de trouver comment avancer et en ressortir plus fort. » dit Archie avec un sourire en reposant sa tasse vide. « Est-ce qu'il a vraiment changé depuis que je suis là ? »

La question d’Emma, posée alors qu’il ne s’y attendait pas, le prit au dépourvu. Non pas que la question en elle-même ait été difficile, mais il ne s’était pas attendu à ce qu’elle la lui pose aussi directement. Emma Swan était décidément pleine de surprises ; et surtout, elle savait ce qu’elle voulait et comment l’obtenir. Archie prit le temps de la réflexion : le sujet Henry Mills était vaste et il y avait de quoi disserter pendant plusieurs heures, or ils n’avaient que quelques minutes. Comment résumer en quelques phrases le changement qu’il avait été capable d’observer depuis le premier rang ? Car changement il y avait eu, de ça Archie était convaincu. Joignant ses mains paume contre paume, le docteur Hopper finit par lever les yeux sur Emma et déclarer :

« Indubitablement. Vous ne vous en êtes peut-être pas rendue compte vous-même parce que vous ne le connaissiez pas avant, et les progrès ont été tellement fulgurants après votre arrivée que vous devez avoir l’impression qu’il n’a pas changé. Mais pour moi qui le suis depuis des années, c’est proprement… Stupéfiant. » Marquant une pause pour rassembler ses pensées qui étaient maintenant ramenées vers les nombreuses séances de thérapie avec le garçon, leurs longues conversations, et soudain, ce changement de comportement, cet éclat nouveau dans le regard du garçon, comme s’il savait quelque chose qui n’était pas accessible au reste du commun des mortels… « Avant votre arrivée, Henry était un garçon d’une grande intelligence –ça, ça n’a pas changé- mais plus renfermé, très peu souriant, quasiment un inadapté social au regard de sa tranche d’âge. Il me disait régulièrement que j’étais son seul et meilleur ami, moi son thérapeute, en âge d’être son père ! En dehors de sa mère et moi, je ne crois pas qu’il ait jamais eu la moindre relation « proche » avec qui que ce soit, et vous connaissez la situation avec sa mère… Silencieux, renfermé dans son monde. Croyez-moi, Henry n’allait vraiment pas bien avant votre arrivée… » Plantant ses yeux bleus dans ceux d’Emma, il poursuivit : « Et un jour, Mary Margaret, son institutrice, lui a offert ce livre de contes… C’est là que ses fantasmes sur le sujet des contes ont commencé, un sujet qui le passionnait plus que n’importe quoi d’autre. Et enfin, il a fugué pour aller vous trouver… Et depuis qu’il est revenu, ce n’est plus le même garçon. J’en parlais avec son institutrice l’autre jour : elle non plus n’en revient pas de le voir si souriant, si enjoué, et même s’il n’a toujours pas de véritable ami de son âge, regardez-le parler avec autant d’aisance à Graham, à Ruby, à Granny… » Archie esquissa un sourire. « Vous comprenez maintenant la portée du changement dont je vous parle ? Ce n’est pas un simple progrès en passant, c’est un véritable bouleversement que vous avez provoqué… »

Sujet: Re: Tell me more, tell me more... [PV Emma]