Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : 21 Mars Ordre de passage des participants : Adrian - Harley

On disait de lui qu'il est le fils bâtard de Mr.Gold. Une canne, une jambe figée, tout comme le propriétaire de la ville. Adrian ne connaissait même pas ce type et doutait que le fait d'être infirme tout comme il l'était faisait de lui son fils. Les racontars de la ville étaient parfois bien vide de sens. Adrian avait fini par les mettre de cotés, même si certains revenaient sans cesse. Ce n'était pas de très grands ragots. Au mieux, il en riait, au pire... il se battait. Physiquement et verbalement, tout dépendait de l'attaquant. Qu'on dise qu'il soit le fils de Gold avait tendance à le faire rire. Pourtant, ils n'avaient pas le même type de cannes. C'est vrai, celle du jeune homme ressemblait à un bout de bois qu'il aurait pu récupérer après une randonnée. Mais il y tenait, à cette canne. C'était un objet dont-il n'arrivait pas à se séparer, même après que le Dr.Whale lui ait proposé certains modèles en plastique ou en bois vernis, avec un manche. De toute façon, ce n'était pas un outil de mode. Adrian n'avait que faire de ce que pensaient les autres. Tant qu'il pouvait se déplacer avec, où était le problème ?

Ce matin, le jeune homme devait se rendre en cours. Il se faisait d'ailleurs une joie d'y aller. Il fallait voir la tête d'enterrement qu'il affichait, vraiment, l'école lui avait manqué durant le week-end. Il prit donc son sac, sans se soucier qu'il soit vide, et le mit sur son dos. Quoi d'autre ? Il regarda tout autour de lui, pensant avoir oublié quelque chose. Non, il ne trouvait pas. Il se décida donc à sortir, avec une très grande délicatesse. La porte claqua après son passage. Et le reste du trajet à travers la ville fut tout aussi calme. L'extrémité de sa canne cognait le sol avec force, frappant au passage des poteaux ou des rambardes. Les habitants de la petite ville savaient inévitablement lorsque Adrian sortait de de chez lui. S'en souciait-il ? Non. Sa jambe était totalement inerte, il ne contrôlait pas souvent ses boitements - qui étaient visibles uniquement lorsqu'il pressait le pas - alors, peu importe le boucan qu'il faisait lorsqu'il marchait, ce n'était pas entièrement de sa faute.

Au lycée, c'était exactement le même topo. Adrian n'était pas réputé pour être discret dans ses déplacements, et dans un sens, c'était tout à fait ironique. Le jeune homme était invisible aux yeux des autres lycéens. Lui avait redoublé deux-trois fois, était handicapé, n'avait pas de famille. De plus, il était étranger, puisqu'il n'était pas né à Storybrooke - en apparence. Adrian n'avait donc aucun camarade à aller rejoindre devant une salle ni à l'extérieur de l'établissement. Il marchait sans savoir où aller le temps que les cours ne commencent. Peut-être allait-il jeter un oeil sur le repas du self. Avec un peu de chance, ce serait bon cette fois-ci. Quoi que Granny's n'était pas bien loin, alors, si l'envie lui prenait de sécher les cours de l'après-midi, il pourrait faire une halte dans le... BAM ! Sans comprendre comment, Adrian se retrouva sur le sol, sa canne dessous le dos. « Putain ! » La délicatesse était aussi de mise dans les paroles du jeune homme. Il n'avait aucune idée de qui ou quoi l'avait fait tomber, mais ce n'était ni sa propre canne, ni sa jambe. Il chercha des yeux la cause de cet incident, essayant de ne pas prêter cas à la douleur que lui infligeait son dos.

La convalescence allait être plus longue que ce à quoi s’était attendue Harley. Elle se trouvait presque stupide, maintenant, d’avoir cru qu’elle n’aurait qu’à remarcher à son rythme quelques jours pour que ses muscles se refassent et que la plaie qui s’étendait depuis le bas de son dos jusqu’à son nombril cesse de la faire souffrir. Sa blessure ne se situait pas aux jambes, et la rouquine se sentait passablement frustrée de devoir s’aider d’une béquille, comme le premier estropié venu. Elle était Harley Quinn Watson, et son état jetait un profond discrédit sur l’image de marque qu’elle tentait de se forger. Depuis quelques semaines, la lycéenne se souciait moins des regards et des murmures qui pouvaient hanter ses pas. Mais alors qu’elle avait perdu la personne qui la détournait d’eux, et qu’elle se retrouvait particulièrement diminuée du fait de son accident, Harley se sentait revenue à une époque maudite. Celle où elle n’avait pas encore la langue suffisamment acérée pour maintenir les abrutis à l’écart, lorsqu’elle n’était encore qu’une bleue de première année.
 
Toute à ses pensées, elle ne faisait plus réellement attention où elle se dirigeait. Marcher avec une béquille n’avait rien de très agréable et surtout rien de naturel, mais en ça comme dans tous les autres domaines où elle se lançait, la rouquine sentait qu’elle allait exceller. Les Watson ne connaissent pas l’échec, ni la peur, ni la douleur. Les Watson ne connaissent que la force de leur égo. Et Harley était un pur produit de l’éducation Watson. Le regard fier, la rouquine haussa le menton et, alors qu'elle tentait de se montrer digne dans son malheur, et que ses pupilles embrassèrent le groupe à sa droite qui chuchotait sur son passage, elle heurta quelqu’un de l’épaule. Harley ne comprit pas l’effet de cause et de conséquences qui la propulsa à terre, mais force fut de constater que sa béquille s’était prise dans les jambes de la personne qu’elle avait heurté, et dans un imbroglio impossible, les deux s’étaient mutuellement propulsé au sol. De sa main libre, Harley était arrivé à amortir sa chute, sa seconde main ne lâchant pas sa prise sur sa béquille, coincée entre des jambes qui n’étaient pas les siennes. Une grimace au visage, Harley se tordit le cou pour considérer l’imbécile qui avait été assez inconscient pour laisser traîner ses jambes dans le passage de sa béquille, redoutable arme de pointe. Elle siffla en constatant que l’autre était aussi idiot qu’inconnu. Elle se détourna de lui le temps de se remettre sur pied. Mais elle eut du mal à se hisser ne serait-ce que sur ses mains et ses genoux, sa blessure lui faisant mal, et ses sutures menaçant de céder si elle faisait un effort trop important. Bien sûr, personne ne se précipitait pour l’aider, mais Harley n’en faisait pas cas, car elle n’avait jamais eu l’habitude que ses camarades se battent pour l’assister. Qui avait besoin de leur assistance de toute façon ? Ces imbéciles s’éloignaient déjà en ricanant, laissant les deux lycéens à terre, se dépêtrer eux même de la situation dans laquelle ils s’étaient mis.
 
Harley comprit soudain, dans un éclair de génie, qu’elle n’arriverait à rien si elle ne se résolvait pas à lâcher sa foutue béquille. Ses deux mains pour l’aider, elle posa ses coudes à terre et se hissa laborieusement. Là ses jambes reprirent confiance et lui permirent de basculer de côté, son bras droit se tendant pour lui permettre de se redresser. Désormais assise par terre, elle n’avait plus qu’à se lever. Ce n’était cependant pas le plus évident. Sa blessure se rappelait douloureusement à son esprit, et elle plaça délicatement ses doigts dessus, tournant le regard vers le lycéen qui avait causé sa chute. « Apprend à regarder où tu marches ! »  Un mot gentil n’entrait pas dans ses plans. C’était à cause de cet abruti sur le visage duquel elle ne parvenait pas à accrocher de nom qu’elle se retrouvait dans cette position ridicule. Une main toujours solidement arrimée au sol, l’autre délaissa son ventre pour glisser dans ses boucles rousses, d’un air détaché. Il s’agissait pour Harley d’avoir l’air le plus naturel possible. L’autre ne devait pas voir que, si elle était toujours par terre, c’était qu’elle n’arrivait pas à se relever par ses propres moyens. Elle ne devait cependant pas le faire fuir en lui aboyant dessus, car il était la seule personne à des lieux à la ronde capable de lui venir en aide. Il fallait simplement la jouer fine, afin que l’idée de lui venir en aide paraisse venir de lui … Harley se coupa net dans ses pensées, et pointa du doigt un objet qui n’avait pas sa place dans un lycée. « Tu as une canne ! »  Son visage devint blême. « Quelle chance, il fallait que je tombe sur un éclopé … »  Elle soupira, et attrapa sa propre béquille, espérant pouvoir s’en servir pour se remettre sur pieds dans la plus parfaite dignité.