Qui est cet habitant ?
Hunting est un jeune homme de 27 ans, vivant dans une modeste maison réaménagée en plusieurs appartements. Il est l’un des quelques jardiniers de la ville. Eh oui, mesdemoiselles, c’est lui qui s’assure de la tonte de vos pelouses et de la taille de vos haies. Malheureusement, peu de gentes dames fantasment encore sur les jardiniers. Dommage, car il y aurait de quoi passer un bon moment. Enfin bref, nous ne sommes pas là pour discuter des capacités physiques de l’américain.
Hunting est un jeune homme particulier, mais vous l’aurez déjà deviné rien qu’à son prénom. Il ne va pas vers les gens, à moins qu’il ne soit intéressé par une quelconque raison. Il n’aime pas parler pour le simple plaisir de parler, parce qu’il n’y prend pas plaisir. Pour lui c’est une activité ennuyeuse et s’il y a bien une chose qu’il maitrise mieux que sa langue, c’est le body langage. Il a une gestuelle assez expressive, bien qu’il ne fasse pas de gestes inutiles et expansifs. C’est un homme discret, qui aime s’occuper de ses affaires en paix, sans qu’aucun curieux ne vienne le déranger, car c’est bien un des traits de caractère qui l’horripile le plus. Pour lui, tout le monde mérite sa part de secret et il préfère ne pas connaitre vos plus sombres pensées, les siennes le sont assez pour ça.
Il a toujours été un peu différent des autres, plus en retrait, ce qui lui a valu les brimades de ses camarades durant son enfance. Puis l’adolescence est arrivée et du gamin chétif qui se laissait se faire balancer des boulettes de papier dans le dos, il est devenu un jeune homme qui savait ce qu’il devait faire pour avoir la paix. Oh, il n’était pas du genre à frapper le premier persécuteur venu – Hunting n’aime pas la violence. Hunting aime les menaces, l’intimidation, le regard qui valent mille mots et qui laissent les gens pétrifiés. Le garçon qui l’embêtait toujours à la sortie des cours c’est un jour retrouvé avec un rat –vivant- dans son sac. Si l’animal lui a mordu le doigt, il n’a pas fait qu’emporter un bout de son index, il lui a aussi enlevé le goût de s’en prendre au petit Hunting.
Il ne sait pas d’où cela vient, mais Hunting a toujours eu un goût pour la cruauté psychologique. Il cerne très facilement ce qui dégoute et effraie les gens et il en tire parti quand le besoin s’en fait sentir. C’est à son deuxième tour au bureau du proviseur qu’il comprit qu’il devait apprendre à passer sous le radar et à ne pas trop s’exposer. Il a toujours eu une bonne intuition sur ce sujet. A partir de cette date-là, Hunting passa une meilleure adolescence, s’épanouissant dans le monde des adultes, à sa manière.
Hunting n’a jamais rechigné à la tâche. Il était le premier à se porter volontaire pour la dissection des grenouilles en cours de biologie, à rester après les cours pour sortir les ordures. Il est incapable de faire preuve de compassion humaine, ce qui lui valut l’expulsion du cercle familial quand il ne se présenta pas aux funérailles de sa mère. Il a toujours été un peu froid avec les gens, détaché du malheur des autres, incapable de ressentir la moindre étincelle de l’amour. Certains le traitèrent de sociopathe dans le but de blesser, mais une fois encore, Hunting ne montra rien. Il ne présente aucun disfonctionnement mental, possède toujours son cœur. Ce dernier est noirci dans sa poitrine, devenu un bout de charbon d’où rien ne peut renaitre.
Il n'a qu'une chose qui fasse battre son coeur, en dehors de son côté cruel et sadique, ce sont les animaux. S'il ne supporte pas la présence du genre humain, le règne animal lui apporte le peu de compagnie dont tout être à besoin. Son appartement aurait de quoi composer le rayon exotisme du Pet Shelter. Hunting possède un aquarium rempli de poissons colorés et de petits crustacés, ainsi que deux serpents, qu'il laisse parfois ramper sur le parquet. Hunting aime le silence entrecoupé, c'est pourquoi il a également deux inséparable qui ne manquent pas de chanter quand leur maitre rentre après une dure journée de travail. S'il serait incapable du moindre geste d'affection envers une personne, c'est vers ses petites bestioles qu'il adresse le peu de caractère humain qu'il lui reste.
Il déteste la moitié de la ville, quant à l’autre, elle lui inspire une indifférence sans égale. Hunting sourit à peine quand la convention le demande, salue peu de gens, ne tient la porte à personne. Hunting n’est qu’un bout de mensonge, qu’un amas de conneries superposées les unes sur les autres pour ne pas donner envie aux gens de l’approcher. En réalité, il apprécie la violence, trop, peut-être, et hais les plantes vertes sous toutes ses formes. Il sait juste donner intelligemment le change. Hunting, même si officiellement est le jardinier d’une partie de la ville, ce n’est pas sa vraie profession. En plus de s’occuper de la pelouse de madame le maire, il se charge également du sale boulot. Celui dont personne ne veut, excepté lui. Il découpe les freins, va placer un cœur dans une boite à bijoux, se débarrasse d’un corps, soutire les informations aux plus tenaces…
Hunting est l’un de ces mystères de Storybrooke qui se doit de rester cacher, car s’il venait à être révélé au grand jour, ce serait un jour bien sombre pour la ville.
Mais qui est-il, réellement ?
Il a toujours été un orphelin, abandonné de tous, abandonné de chacun. Les villageois se moquaient de lui, parce que personne ne voulait de lui. Il était l'enfant chétif qui n'attirait pas la compassion, parce qu'il ne voulait pas de compassion. Cet enfant sans nom engageait les habitants à le fuir. Il n'apportait rien de bon. Il ne connaissait rien. Ni la chaleur d'un foyer, ni l'amour maternel, ni le plaisir de jouer. Cet enfant n'avait expérimenté que la brulure de la neige sur ses pieds nus, de la douleur de son estomac, quand il n'avait rien à manger pour trois jours, que le besoin vindicatif de survivre. Il n'aimait pas l'homme, qui ne manquait aucune occasion de lui rappeler ce qu'il était: un enfant abandonné, dont personne ne voulait. On lui donna le sobriquet de Child, du au cruel manque d'imagination des villageois. Child haïssait son nom, car il lui renvoyait la dure réalité qu'il voulait fuir: personne pour l'aimer, personne pour l'aider. Tous les fuyaient comme la peste, certainement à cause de son allure maussade. Son cœur, d'avoir été nourri par la plus basse cruauté de l'homme, devint noir, tout comme sa peau, recouverte de terre, de suie et de crasse.
Child tua pour la première fois à dix ans, quand un des villageois voulu le punir pour avoir volé un morceau de viande et une miche de pain. Il n'avait pas réfléchi, il avait agi, laissant le goudron de son être prendre possession de lui, pour serrer la gorge de l'homme, jusqu'à ce qu'il cessa de respirer, sa peau tournant à un violacé que Child aima, immédiatement. Cependant, l'orphelin venait de commettre l'irréparable et dû fuir le lieu qui lui paraissait tellement hostile, avant de se faire chasser par des fourches et une foule en colère. Il voyagea, subit le froid, subit la faim, subit la peur, subit la colère. A présent que le sang accompagnait son passé, il ne fut plus le même. Il cessa d'être l'enfant battu du village, le rebut. Il allait là où il le voulait, volait quand il en avait besoin, mentait quand il en avait besoin, tuait quand il en avait besoin. Et quand tout ceci ne fut plus nécessaire pour survivre, il continua, néanmoins, incapable de fuir la personne qu'il était devenu: un adolescent noir. S'il ne maitrisait nulle magie, nul titre, nulle reconnaissance, il était devenu insensible à ce monde et à la pauvreté des autres. Il l'avait vécu, chaque once des péchés des hommes, il l'avait subi, il en aurait crevé.
Child était un battant. Il en faudrait plus pour que son dernier souffle ne passe ses lèvres. Il se fit une place dans les criminels de la société, louant ses services à qui voulait bien de lui, prenant les offres les plus rébarbatives – car elles étaient celles qui promettaient les plus belles récompenses-. Child devint violent, sadique, sanguine. Child changea de nom, puisqu'il n'avait jamais aimé celui-ci. Il devint Rhett, un homme à qui il ne fallait pas faire confidence. Un homme qu'il fallait abattre, mais qui, étrangement, survivait encore, survivait toujours. Il rencontra un oracle, Mnémis, qui lui offrit une information très intéressante. Il avait une sœur, du nom de Modestie. Une sœur jumelle! Ah! Il n'était plus l'orphelin qu'il pensait être. Toute son enfance n'avait été qu'un mensonge éhonté. Il suspecta les villageois de son enfance de tout savoir, mais de n'avoir rien dit. Et s'il se trompa – en partie- ça ne l'empêcha pas de mettre le village à feu et à sang, pour la simple satisfaction de voir ses bourreaux du passé cramer.
Rhett commença à chercher sa sœur. Il avait besoin de savoir qui elle était, quel genre de femme elle était. Il avait besoin de se trouver une identité qui lui faisait défaut depuis trop longtemps. Cela lui prit du temps, cela demanda encore beaucoup de sang à couler. Rhett se spécialisa dans la torture et le meurtre, puis finalement eu la chance d'apprendre qui Modestie était. Une princesse. Une princesse vertueuse, qui vivait dans un bien beau palais, dans un royaume non loin de celui où il avait établi sa résidence. Rhett détruirait cette sœur immonde qui osait se noyer dans le luxe, alors que lui coulait de plus en plus dans les ténèbres, dans l'horreur la plus perfide que le monde des contes n'aurait jamais du connaitre. Comment osait-elle se prélasser au sommet du monde alors que lui croupissait parmi les pires ordures du monde? Une haine sans pareille s'éveilla en lui, summum du personnage détraqué et cruel qu'il était devenu. Il n'avait plus qu'un but dans sa vie. Ce n'était plus une question de survie, de plaisirs biens sombre. Rhett ne voulait qu'une chose: sa vengeance, et il l'aurait.
Jaloux, il le fut, énormément. Son plan de vengeance se mit en place. Pendant quatre ans, il remonta la trace de sa sœur, tout en plongeant un peu plus dans la noirceur –tout avait un prix, tout. Puis, finalement, à ses vingt ans, Rhett avait tué assez de gens, torturé ceux qu’il fallait pour se faire une place dans la haute société. Il eut un titre d'apparence, une richesse factice, un charisme fondé. Il travailla sa présentation, son jeu des masques, enleva toute la crasse qui lui était si coutumière, se para des plus beaux habits, se couvrit de faste, de dorure, de parure… Il se lança dans une œuvre de patience et de destruction. Puis, finalement, vint le jour tant attendu, où il aurait la chance de se présenter devant sa sœur, Modestie, qui se voulait à la recherche d'un époux. L'occasion était toute trouvée pour s'approcher d'elle.
Modestie sentit le venin avant de le voir venir. Elle ne tomba pas dans le piège finement dressé de Rhett. Pire, elle se méfia de lui. La défaite pour seule récompense, il n'abandonna pas le projet d'anéantir les rêves de sa jumelle, de la déchirer pour qu'elle ne puisse plus se relever. Ils se côtoyèrent un certain temps, Rhett tournant autour d'elle comme un serpent prêt à sauter sur sa proie. Et elle l'évitait avec toute la grâce qui lui fut donnée à sa naissance. Les pièces bougèrent, le temps avança. Il se produisit un évènement auquel le jeune homme ne s'attendit guère. Il se mit à aimer ce jeu du chat et de la souris. Il se mit à l'aimer, Modestie, se sœur, son sang, sa chair. Là n'était pas la question. Il se moquait bien de ce que quelques conventions pouvaient imposer.
Rhett était partagé, entre l'envie de la briser à jamais et celle de l'enfermer, pour lui seul. Le temps qu'il fasse un choix, un importun entra dans le tableau et maria Modestie. Soit, s'il ne pouvait l'avoir pour lui, personne ne l'aurait. Il tua le mari de sa sœur, comme il en avait tant tué d'autres. Dès cet instant, sa prise sur Modestie se referma petit à petit, tout comme fut la sienne sur lui.
Entre temps, les quelques ennemis que Rhett s'était fait dans sa quête de vengeance attira l'attention d'une sorcière, qui n'apprécia pas l'assassinat d'un de ses amants, le plus cher à son cœur, ainsi que le vol d'une partie de ses richesses. Elle eut l'objectif de faire payer le prix au jeune homme et partit en chasse, suivant les pistes de Rhett, qui ne cessa de poursuivre sa jumelle. La sorcière parvint à retrouver son malfaiteur et quand elle fut sur le point de lui enlever la vie, Modestie sauva son frère grâce à une étrange magie. Celle-là même qui était à l'origine de la séparation des deux enfants à leur naissance. Ils ne cherchèrent pas à en apprendre plus. Modestie était enfin à lui, il ne sut par quel miracle, mais il était enfin le seul en droit de l'aimer – surement parce qu'il en avait tant tué que rares étaient ceux qui osaient s'approcher du couple.
Ils vécurent heureux quelques mois, eurent même un enfant, issu de cette union incestueuse. Leur enfant qui disparu, kidnapper pour le pouvoir qui courait dans son sang, le même que ses parents. Rhett partit à la recherche de son fils, semant la mort dans ses recherche, délivrant la rage d'avoir perdu le fruit de son amour. Modestie, pendant ce temps, appris le sombre secret que lui occultait Rhett: qu'il était son frère. Ils ne trouvèrent jamais l'enfant et Rhett perdit Modestie, qui plongea dans les méandres d'une folie qui ne portait pas de nom.
Jusqu'à ce que la malédiction soit lancée et qu'elle n'efface tout de cette douleur.