Let the only sound be the overflow [Delilah]

Introduction

Époque du sujet : Passé
Date du sujet : A peu près un an avant la malédiction
Ordre de passage des participants : Gweneth - Delilah

Que pouvait bien faire la pauvre serveuse d'une taverne quand elle ne devait pas servir des clients saouls ou un peu trop entrepreneurs avec elle? Cela pourrait surprendre plus d'une personne, mais Gweneth était bien occupée lorsque elle ne devait pas travailler à la taverne - même si ce travail occupait la majorité de son temps. Elle trouvait toujours le moyen de passer quelques heures avec les enfants du village, de faire des courses personnelles, de pratiquer un peu de tir à l'arc dans la forêt enchantée, de simplement passer une après-midi allongée après de son ami pour se confier à lui. Elle chérissait ces moments plus que tout autre chose au monde. Ce genre de moments la faisait sourire, lui rappelait que la vie valait la peine d'être vécue et que quelqu'un se préoccupait d'elle. Pour cette jeune femme qui avait été abandonnée par ses parents et qui consacrait toute sa vie à aider les autres, une simple marque d'attention était importante. Un de ses moments préférés était également sa promenade sur la plage, pour s'occuper des animaux aquatiques, les tortues en particulier. Elle aimait s'installer sur le sable et les nourrir, ou bien simplement observer le ciel et la mer. Mais ce n'était pas seulement pour cela qu'elle aimait se rendre sur la plage.

Au cours de son enfance, alors qu'elle s'amusait avec une petite tortue, elle avait rencontré Vehia, mi-humaine mi-sirène, avec laquelle elle s'était rapidement liée. Gweneth ne croyait pas à la magie généralement, elle ne pouvait que rouler ses yeux à chaque fois qu'elle en entendait parler, mais Vehia était différente. Elle pouvait se confier à elle, elle se sentait en sécurité à ses côtés. Depuis leur rencontre, elles avaient installé un petit rituel : au même jour chaque année, lors du coucher du soleil, elles se retrouvaient sur la plage pour parler et simplement se tenir compagnie. Ce rituel était très important pour Gweneth, c'était ce petit moment particulier qu'elle attendait avec impatience chaque année. Personne ne savait qui elle rencontrait sur la plage en ce jour particulier, c'était son petit secret. Même son meilleur ami ignorait ce qui la mettait d'aussi bonne humeur à ce moment de l'année. Mais les choses avaient changé malheureusement. L'an dernier, Gweneth avait longuement attendu sur la plage, seule. Mais Vehia n'était pas venue. Vehia l'avait abandonnée, comme son père, comme sa mère. Elle lui avait fait confiance, et visiblement, son coeur avait été de nouveau piétiné alors qu'elle s'était promis qu'elle ne laisserait plus jamais quelqu'un la heurter de cette manière. Mais c'était plus fort qu'elle. Malgré sa froideur et les distances qu'elle prenait, elle pouvait s'attacher assez rapidement aux gens. Et voilà comment elle était récompensée, une nouvelle fois.

Ce n'était pas pour autant que Gweneth allait renoncer à cette petite tradition. Même si Vehia avait décidé de ne plus venir, elle aimait toujours autant observer le coucher de soleil, assise sur la plage, ne pensant plus à rien. Elle dessinait sur le sable fin du bout des doigts et laissait les tortues s'approcher d'elle pour les nourrir et jouer avec elle. C'était son petit moment précieux et rien ni personne ne détournerait le cours des choses. Gweneth remarqua une petite tortue à l'écart des autres et se rapprocha d'elle avant de lui caresser sa petite tête avec son doigt.

- Toi aussi, tu te sens seule, hm? Je te comprends... mais ne t'en fais pas, je reste avec toi, qu'est-ce que tu en dis?, même si elle savait pertinemment que la torture ne lui répondrait pas - quoique, tout pouvait arriver, après tout, les contrées environnantes connaissaient beaucoup de phénomènes étranges dus à la magie - elle aimait parler aux animaux. Cela lui permettait de sentir un peu moins seule. Tout en s'occupant de la torture, elle braqua ses yeux sur la mer. Cette mer qui lui avait arraché ses parents, cette mer qui avait probablement éloigné son amie Vehia, cette mer qui lui faisait perdre les personnes dont elle avait besoin. Cela allait-il cesser un jour? Elle avait peur d'en connaître la réponse. Gweneth baissa la tête, les yeux clos, en prenant une profonde inspiration pour vider son esprit, avant de se décider à rouvrir lentement ses yeux, plus sereine.

Cette rencontre avec cette petite fille, je ne pourrais l'oublier. Cette petite tête blonde et son coeur énorme. Pourtant, sa vie débuta durement. Elle n'avait pas la chance de la choisir mais juste de la subir. Cette histoire, cette horrible histoire que l'on nous avait conté lorsque les mâles étaient rentrés. Un corps de femme humaine avait été retrouvé mort. Flottant comme une matière inanimé. Elle était l'épouse cet abominable pirate qui avait tout quitté pour son amour pour la mer, préférant oublier ses devoirs de famille. Bien que j'avais beaucoup de mal à comprendre tout ces sentiments d'humains, la fidélité était une chose importante chez les sirènes. Une marque de respect et en l'occurrence cet homme n'en avait pas.

A chaque fois que j'entendais ce récit tragique, mon coeur ne pouvait le supporter. La pauvre enfant naître orphelin était une chose bien cruelle. La solitude, personne ne devrait en faire les frais. Malheureusement, c'était une chose fréquente dans n'importe quel monde.

Jamais je n'avais véritablement osé quitté la mer pour m'aventurer sur la terre ferme. La première fois fut le jour où mon neveu m'avait demandé de partir à la recherche d'un sorcier. Il voulait que je lui trouve le sorcier le plus puissant de ce monde. Il n'avait pas de très bonnes intentions mais je n'avais pas pu m'empêcher de lui venir en aide et que mon métissage sois vu comme étant utile par un des miens. Après des jours de recherches, j'étais tombée nez à nez à une étrange créature écailleuse. Un serpent, un crocodile ? En tout cas, il avait une base humaine. Un visage, deux bras, deux jambes... Nous avions conclu un marché. Ne connaissant pas très bien ce monde, je m'étais faite avoir par ma naïveté. Il m'avait promis la reconnaissance de mon peuple. Il avait vu juste, c'était tout ce que je souhaitais. En échange, il voulait mon premier enfant...

J'avais pris plaisir à venir en bord de mer pour marcher, pour m'échapper l'espace de quelques instants. C'était un plaisir que je m'accordais que très peu de fois, environ une fois par an. Le jour où le soleil est le plus haut dans le ciel, le jour où son coucher est le plus beau.

Un jour, lors de ce petit rituel, je fis la connaissance d'une enfant, Gweneth. La fille d'un impardonnable pirate et une épouse éperdument blessée pour rendre son corps à la mer. Le destin avait fait en sorte que je connaisse son histoire pour ensuite la retrouver. Je ressentais un besoin démesurée d'être auprès de cette adorable gamine. Si je le pouvais, j'aurais été près d'elle plus souvent. Malheureusement, j'avais le devoir de "reine" et d'épouse, je n'avais pas la liberté de m'absenter comme une petite vagabonde. Alors nous nous étions faite une promesse, celle de se retrouver tout les ans, le même jour au coucher du soleil.

Cette promesse était incroyablement importante pour moi. Elle m'apportait beaucoup de bien. J'avais vu cette enfant grandir, devenir une belle jeune femme adulte et responsable, toujours prête à aider ceux qui en avait le besoin. Elle était belle, merveilleuse et rayonnante. J'étais émue de la voir s'épanouir autant. Si j'en avais le pouvoir, j'aurais fait même plus pour qu'elle soit pleinement heureuse, mais je ne pouvais. La mer était la seule chose qui nous séparé.

L'année dernière fut l'année où je dus abandonner mon enfant sur la plage. Dévastée par ce que j'avais du faire et par le comportement de mon époux, je réalisais que le marché que j'avais passé avec le crocodile avait un effet temporaire. J'étais heureuse, j'avais tout ce dont j'avais pu rêver et même plus. A l'heure actuelle, j'avais la sensation de tout perdre. Je me sentais profondément touchée par tout ces événements. Toute magie a un prix, m'avait-il dit avec son effrayant ricanement. Il avait tord, elle n'avait pas de prix, juste une revers bien plus désagréable que la situation de départ.

A cause de ce triste moment, j'avais rompu ma promesse avec ma petite tortue, Gweneth, ainsi j'avais surnommé la belle. Je n'avais pas pu venir, accablée par ce que j'avais fait. Je ne pouvais rompre mon marché, quand j'avais vu de quoi le sorcier était capable mais j'avais bien remarqué que mon époux se doutait de quelque chose et qu'il m'en voulait horriblement. Je ne pouvais me présenter si faible devant Gweneth. Faible, larmoyante, lâche. Je n'en avais pas le courage...

Pourtant cette année, j'espérais de tout mon coeur qu'elle serait au rendez vous. Elle pouvait me haïr, je ne pouvais pas lui en vouloir. J'avais besoin de la voir, de savoir qu'elle allait bien. Je ne lui demandais pas de me pardonner, oh non ! Elle ne le pourrait pas. Cela me paraissait évident.

Sortant de l'eau, mes cheveux se brunissaient, laissant ma crinière argentée pour le monde aquatique. Mes écaillent disparaissaient pour faire apparaître deux longues jambes blanches. J'étais allongée sur le sable encore chaud. Je fixais le ciel, immobile. Après quelques instants dans cet état, je me relevais doucement pour me tenir sur mes jambes. Je devais remonter un chemin où il n'y avait pas très loin de là un morceau de tissu qui me permettait de m'habiller et de cacher ma nudité.

Une silhouette se dessinait au loin. Elle était entourée de petites créatures... Etait-elle bien là ou était-ce un tour de mon imagination ? Dans un murmure remplut d'espoir, je lâchais un mot et un seul mot :

- Gweneth...

Comme une enfant, je me mettais naïvement à courir vers elle. J'étais tellement émue de la voir ici, sur cette plage, le jour de notre petite rituel. J'oubliais à cet instant absolument tout, je me sentais envahir par une vague de chaleur. Cela ressemblait à un sentiment de bonheur.

Comment cette mer qui lui semblait si hostile pouvait l'apaiser, surtout en ce moment? Il lui semblait que la mer l'appelait, ouvrait ses bras pour l'accueillir, lui rappelait qu'elle lui appartenait d'une façon ou d'une autre. Et en observant la mer ainsi, Gweneth pensait parfois à son père. Comment était son équipage? Avait-il navigué comme il l'avait voulu? Avait-il refait sa vie, et eu d'autres enfants? Elle imaginait parfois qu'il entrait dans la taverne et lui parlait, mais pour lui dire quoi? Certainement pas pour s'excuser. Il était parti sans aucun regret, les laissant elle et sa mère, brisant le coeur de cette dernière et infligeant une blessure à Gweneth. Une blessure qui ne guérirait probablement jamais. Elle ignorait comment elle réagirait si jamais elle se trouvait face à lui un jour. Savait-il au moins que sa femme s'était suicidée peu après son départ, pensant être incapable de s'occuper de leur fille? Gweneth avait grandi, elle avait mûri. Elle s'occupait d'enfants qui se retrouvaient dans la même situation qu'elle. Appelez-la ange gardien ou grande soeur par procuration si ça vous amuse. Elle appréciait simplement de voir un sourire se dessiner sur leurs lèvres, de les entendre rire. Et tout ceci, grâce à elle. Mais si elle s'occupait des autres, qui s'occupait véritablement d'elle dans tout ça?

Se plonger dans ce genre de pensées ne l'aiderait en aucun cas à redevenir sereine, comme elle le devenait à chaque fois qu'elle observait le coucher de soleil. Qu'elle soit seule ou pas n'y changerait rien. A moins qu'un imprévu n'arrive... en tournant légèrement la tête, elle aperçut une silhouette. Elle plissa les yeux, ce n'était pas possible. Elle hésita avant de se décider à se relever, tenant toujours la tortue contre elle pour la protéger et la rassurer. Oui, elle agissait comme une mère même avec les animaux, c'était plus fort qu'elle. A défaut d'en avoir eu sa propre mère, elle agissait ainsi avec les enfants et les animaux, comblant son manque affectif comme elle le pouvait. Gweneth fixa la silhouette qui s'approchait en courant. Plus aucun doute, c'était bien Vehia qui s'avançait vers elle. Et elle avait l'air si...heureuse. Oui, c'était le mot exact. Pourquoi semblait-elle ainsi alors qu'elle avait raté leur précédent rendez-vous? S'attendait-elle à ce que Gweneth lui saute dans les bras, et se mette à rire aux éclats en oubliant sa peine et ses larmes de l'an dernier, abandonnée sur cette même plage? La jeune femme sentit sa gorge se serrer, et ses yeux se remplir de larmes. Non, elle ne devait pas être faible, pas maintenant. D'habitude, elle retirait sa carapace devant Vehia, la laissant voir sa vulnérabilité, la véritable Gweneth mais cela n'arriverait pas aujourd'hui. Pas tant qu'elle n'aurait pas obtenu de véritables explications.

- Tu t'es égarée ou bien tu es simplement en retard d'un an?, demanda Gweneth d'un ton froid en observant Vehia de la tête aux pieds, alors que la tortue se tortillait un peu dans ses bras, pourquoi tu es venue cette fois? Comme tu vois, je suis très bien accompagnée aujourd'hui. C'est cette même compagnie qui m'a aidée à sécher mes larmes, il y a un an, jour par jour, devant ce même coucher de soleil. Mais comment pourrais-tu le savoir? Tu n'étais pas là, poursuivit-elle alors que sa voix commençait à se briser. Sa faiblesse revenait, mais ce n'était pas le moment de s'en préoccuper à vrai dire. Sa peine était bien trop oppressante, elle ne parvenait plus à le canaliser maintenant qu'elle se trouvait face à Vehia.

Submergée par l'émotion de retrouver la jeune fille, j'en oublié vite qu'elle était certainement très en colère contre moi de ne pas être venue à notre dernier rendez vous. Les choses ne s'étaient pas déroulé comme je l'espérais et dévastée par la tristesse, je n'avais pas pu me présenter. En aucun cas je n'avais voulu la blesser ou lui faire du mal. Je ne l'avais encore moins oublier, j'avais tellement pensé à elle durant mon absence que j'espérais qu'elle est une sorte d'empêchement. Je n'avais aucune possibilité de la prévenir. Mon peuple ne s'aventurait pas sur la terre des hommes, notre royaume était bien plus sûr. Après la guerre qu'avait causé mon frère, nous prenions soin de ne pas perdre de risque inutile au péril de la vie.

- Je ne t'en veux pas d'être en colère, je le comprends bien.

J'avais bien conscience que c'était de ma faute et j'avais été naïve de croire une seconde que la jeune fille allait oublier sa rancoeur.

- J'ai eu beaucoup d'ennuis au royaume et j'ai été contrainte à de nombreuses choses. Je n'ai pas su supporté tout ce qu'il arrivait. Je n'ai pas eu la force de quitter ma famille qui se détruit de jour en jour et j'avais peur que tu me vois si dévastée. J'ai envie de te protéger et non de te créer du soucis.

Me justifier ne servirait pas à grand chose, mais je lui devais bien ça. Elle avait le droit de connaître les grandes lignes qui avaient causé mon absence. Je n'avais pas la force de lui avouer que j'ai été forcé à abandonner mon enfant. J'étais déjà bien incapable de le dire à mon époux. Même si la relation que je partageais avec ma protégée était unique et spéciale comme je n'en avais jamais eu. Elle, qui avait été abandonnée, me pardonnerait encore moins que mon mari lui même.

- Je ne peux pas te supplier à me pardonner, ni à oublier ce que j'ai fais. Peut être préfères-tu que je m'en ailles ?

Question idiote puisque je n'avais aucune envie de partir comme ça, la voyant si en colère contre moi. Autant mettre les choses au clair et ensuite oui, elle pourra me dire si elle ne veut plus me voir. Je serais bien contrainte à l'accepter. Je n'étais pas vraiment en position de force. Je ne pouvais imposer mes idées, mes excuses et mes désirs sans prendre en compte ses sentiments blessés.

- Sincèrement, je n'ai pas envie de partir. Je veux être avec toi et je n'ai pas d'excuses. Tu as le droit d'avoir une explication, je t'en ai donné une. Je ne cherche pas à te faire culpabiliser en t'avouant les soucis que j'ai rencontré l'année dernière. Sache que si tu devais retenir une chose, c'est que je n'ai cessé de penser à toi et de prier pour toi Gweneth. Comment aurais-je pu te prévenir ? J'ai cherché des réponses toute la journée mais en vain. Nos mondes sont si proches et si loin l'un de l'autre. Nos différences nous empêchent de communiquer et les sirènes n'aiment pas vraiment les humains.

Sa petite tortue avait cessé de gesticuler dans tout les sens pendant que j'énonçais cette longue tirade. Lorsque j'avais terminé, elle glissa doucement des bras de Gweneth pour s'approcher avec méfiance de moi. Sa petite tête m'examiner lentement dans un mouvement de haut en bas. Elle me mordilla le petit doigt ce qui m'avait fait rire. Pourtant, la situation ne me permettait pas de rire. Même pas un tout petit peu et encore moins dans un souffle.

Gweneth s'enferma dans le silence, estimant que c'était une sage décision, comparée à celle de laisser toute sa colère ressortir. Et puis, ça tombait bien, Vehia voulait apparemment s'expliquer sur les raisons de son absence. La jeune femme observa attentivement sa tortue, jouant avec sa petite patte, en écoutant cependant Vehia. Elle ne laissait rien paraître de ce qu'elle ressentait, mais son coeur se serrait. Bien évidemment que Vehia avait eu une bonne raison de ne pas venir, du moins dans les grandes lignes. Son royaume l'avait contrainte à ne pas venir au rendez-vous, à cause de problèmes qui étaient apparemment graves. Gweneth sentit sa gorge serrer et préféra se pencher un peu plus vers la tortue pour cacher son visage avec ses longs cheveux blonds. Même devant Vehia, elle restait suffisamment pudique. Elle voulait la protéger, lui épargner la peine qu'elle avait dû ressentir tous ses problèmes, mais en entendant ces mots, Gweneth se sentit impuissante. Elle voulait également protéger son amie, pouvoir être sa confidente, l'aider en restant à ses côtés. Mais elles étaient si différentes, et leurs mondes si opposés. Ce n'était pas une chose aidée d'entretenir une réelle amitié, alors s'aider mutuellement l'était encore moins.

En toute franchise, Gweneth ne voulait pas que Vehia s'en aille non plus. Elle voulait parler à son amie, la retrouver, pouvoir rattraper le temps perdu l'année précédente. Elle voulait la rassurer, lui dire qu'elle ne l'avait pas perdue. Mais ses derniers mots firent mal à la jeune femme car ils lui rappelaient à quel point elles étaient éloignées en réalité. Quoiqu'elle fasse, la mer trouvait toujours un moyen de l'éloigner de quelqu'un. Elle avait la chance de compter Vehia, qui était mi-sirène mi-humaine, parmi ses amis, mais cela allait-il durer encore longtemps? Allaient-elles être éternellement séparées un jour ou l'autre? Rien que cette pensée terrifia Gweneth. Elle ne laisserait pas cette mer lui arracher un être cher, pas cette fois. Bien sûr, elle n'y pourrait rien, le royaume des sirènes la dépassait totalement. En voyant la petite tortue s'approcher de Vehia, elle se décida enfin à lever les yeux vers elle, ses yeux larmoyants qui étaient braqués sur la personne qui lui avait tant manqué et dont le rire lui avait tant manqué également.

- Je sais bien que tout nous éloigne, Vehia... que je ne comprendrais probablement pas ce qui se passe au royaume si tu me l'expliquais... mais sache que je suis là pour toi. Je serai toujours là pour toi, pour partager les rires et les peines. Oui, j'ai été en colère... mais après tout, tu es là, n'est-ce pas? Tu aurais pu ne pas revenir comme l'a fait mon père autrefois... au moins, les sirènes sont plus dignes de confiance que les pirates, répondit Gweneth avec un infime sourire avant de se rasseoir sur le sable, les choses se sont-elles arrangées au moins pour toi? Elle tendit délicatement la tortue vers Vehia pour qu'elle lui puisse la porter et jouer un peu avec elle.

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