taste like hot chocolate ▬ Jessica

Introduction

Époque du sujet : actuelle
Date du sujet : onze avril
Ordre de passage des participants : shell - jessica

Rachelle ne savait pas d’où lui était venue cette idée. D’un peu de nostalgie, certainement. Quoi qu’il en soit, en s’arrêtant devant le rayon de chocolat du magasin, elle avait pensé à Jessica, chose étonnante, puisque pour une fois, elle ne pensait pas à sa petite personne. Elle se souvenait que le professeur de boxe appréciait fortement ce genre de nourriture. Et du coup, elle avait pris une plaquette de chocolat noir, l’avait perdu dans le reste de ses courses et avait continué ses emplettes, les têtes ailleurs, perdue dans un monde qui ne lui appartenait qu’à elle. L’idée de voir Jessica l’avait quitté facilement, remplacée par un éclat de sa maladie mentale, qui lui avait fait oublier tout élément de réflexion, pour la diriger vers d’autres plans. Ainsi avait-elle continué sa vie, et deux jours plus tard, en ouvrant le tiroir de sa cuisine, Rachelle tomba nez-à-nez avec cette plaquette de chocolat. Le fantôme des songes de la cadette des Whelan avait fait surface et avant qu’elle ne lui sorte de la tête une fois de plus, la psychotique avait pris ses clés, son matériel de bon petit fumeur et était partie. Pour revenir deux minutes plus tard et embarquer la friandise avec elle. Il ne fut pas difficile de trouver Jessica, elle avait les habitudes tenaces, doublé à ses bruits qui claquaient dans tous les coins de son cerveau, elle s’était rendue sans aucune hésitation vers la salle de gym où des morveux devaient être en train de taper dans le vide, ou dans des mini sacs de sable. Dire que ses parents, avant que tout ne finisse par ne plus être récupérable, l’avaient envoyé là-dedans pour calmer ses mauvais instincts. Bon, ça avait eu le mérite de lui apprendre comment cogné correctement et de fait, elle avait mieux tapés sur la tête des types avec lesquelles elle se battait. C’était tellement mieux que ces sacs de sable.

Un sourire mauvais sur les lèvres en se souvenant de son adolescence, elle pénétra dans le gymnase, retrouvant ses marques facilement, flânant de temps à autre avec Charlie ici, montant la garde pendant que la petite prenait sa douche – et loucher sur elle au passage. Elle suivit son don de prémonition aveuglément, se retrouvant devant une porte où quelques bruits s’échappaient, des voix d’enfants, principalement. Sans s’arrêter, elle ouvrit la porte, remarquant que c’était la fin de la session de sport pour les gamins, qui rangeaient leurs affaires. Elle s’installa sur un banc, ne manqua pas de remarquer l’expression effrayée de certains marmots quand ils la croisèrent, elle et son air sombre. Au troisième gosse inquiété, elle ne les regardait déjà plus, leur laissant le plaisir de raconter à leur maman qu’ils avaient vu une ‘madame qui fait peur’, elle l’entendait déjà dans le creux de son oreille. Et quelqu’un lui ferait la remarque, dans trois jours, que c’était mal de traumatiser les petits enfants. Rachelle se massa la tempe, levant les yeux vers le plafond. Elle resta ainsi plusieurs minutes, avant de ne plus capter aucun son réel. Elle se releva alors, se baladant dans la salle de gym. « Jess ? » Elle se dirigea vers un lieu de rangement et trouva la jeune femme en question. La psychotique s’appuya conte le mur, croisant les bras. « Et dans la triplée de gosses qui viennent de sortir, lequel était le tien ? » C’était une taquinerie. Elle savait que Jessica n’avait pas d’enfant, même si ça faisait plusieurs années qu’elle n’avait plus vue son ancien professeur, de laquelle elle gardait un meilleur souvenir que de ses cours.

- Arrêtez immédiatement de faire les idiots ! Tu ressembles à une marionnette et non à une boxeuse là, commenta Jessica Whelan à l'une de ses élèves devant le regard outré du père de cette pauvre gosse. La petite allait probablement se mettre à pleurer. Tant pis, elle avait un métier à faire et un sport à apprendre à ces mioches. Une bonne dose de réalité ne faisait jamais de mal, même si ce n'était pas la meilleure façon de faire avec les enfants.

Jessica donnait des cours de boxe dans ce gymnase depuis quelques années. Ses élèves étaient de tout âge mais elle organisait principalement des cours pour les enfants, et chaque mardi après-midi, les élèves d'Evelyn Westley, une amie proche de sa soeur Kayley, venaient apprendre la boxe avec "Miss Jess". La boxe était son propre moyen de se défouler, chaque coup semblait lui faire oublier les tracas, et éloigner ses faiblesses. Elle pouvait mieux canaliser sa colère, perfectionner son self-control. Oh, bien sûr, quelques éclats de colère ne l'épargnaient pas, son poing pouvait partir tout seul de temps en temps. Mais la boxe lui faisait un bien fou et elle espérait pouvoir communiquer cela aux futures générations. Cela n'allait pas changer le monde de toute façon, elle contribuait simplement à cette société à sa manière. Elle jeta un coup d'oeil à l'horloge du gymnase, la fin du cours allait sonner et les enfants pourraient enfin se précipiter vers leurs parents, pensant à leur précieux goûter ou à ce que leur maman chérie allait leur cuisiner le soir même. Au moins un point commun qu'elle partageait avec eux : son amour pour la bouffe.

Jessica salua quelques parents et commença à rassembler le matériel avant de pouvoir les ranger. Elle fut interrompue dans cette tâche ô combien désagréable et pénible par des enfants qui lui tendaient le précieux sésame : du chocolat. Elle sentit ses lèvres s'étirer pour leur adresser un sourire et s'agenouilla pour se retrouver à leur hauteur avant de s'emparer du chocolat, en les remerciant. Liam et Kayley seraient ravis de la voir rentrer avec un nouveau stock de chocolat pour la soirée. La jeune femme posa les chocolats sur son sac avant de se diriger vers le lieu de rangement du gymnase pour y poser tout le matériel. Heureusement qu'elle n'y posait pas ses chocolats, elle serait bien capable de les oublier un de ces jours. En jetant des gants de boxe dans un coin, elle entendit une voix familière derrière elle, bien qu'elle ne l'avait pas entendue depuis un bon bout de temps. Jessica se retourna lentement, en ayant la surprise de voir Rachelle Saqarh devant elle. Il s'agissait de l'une de ses anciennes élèves, elle se souvenait bien d'elle malgré ses souvenirs assez flous de son passé à Storybrooke. Elle haussa les sourcils, étonnée de la revoir dans ce gymnase, avant de sourire, amusée.

- Voyons, ils sont tous à moi. J'ai décidé d'enseigner uniquement à mes propres gosses, ça me donne une bonne occasion de leur gueuler dessus, répondit la jeune femme avant de se remettre à ranger, cela faisait un bail que je ne t'avais pas vue Rachelle. La boxe te manque ou tu pensais simplement à ta prof adorée?

Un bruit claqua dans la tête de Rachelle. Elle ne t’attendait pas. Et Rachelle, avec ses traits amusés qui ne bougèrent pas, pensa que c’était l’effet recherché, sinon elle aurait appelé, elle serait éventuellement tombée sur le petit Liam et aurait fait ça suivant les convenances. Mais tout le monde savait que la brune n’était pas douée pour ce genre de choses. Elle préférait l’effet de surprise, c’était un bon moyen de déceler les véritables réactions des gens, quand bien même il n’y aurait pas sa maladie mentale pour percer les gens à jour. Car, à présent, elle croyait tout ce que sa tête malade lui disait. C’était étrange, même, cette façon qu’elle avait de se reposer un peu plus, de jour en jour, sur ce que sa psychose lui susurrait à l’arrière de son crâne. C’était toujours aussi douloureux, toujours aussi dérangeant. Elle s’en serait toujours débarrassée si elle en avait l’occasion. Mais elle avait arrêté de fuir ce fait que, sans aucune logique apparente, sans que cela ça logiquement possible, eh bien, que ça se produise réellement. « Voyons, ils sont tous à moi. J'ai décidé d'enseigner uniquement à mes propres gosses, ça me donne une bonne occasion de leur gueuler dessus » Rachelle miroita le sourire de Jessica, quoique le sien fut un peu plus ironique. Mais oui, bien entendu, Jessica mère d’autant d’enfants. Amusant. D’ailleurs l’oracle échappa un petit rire, ce qui était rare, ces temps-ci. « Cela faisait un bail que je ne t'avais pas vue Rachelle. La boxe te manque ou tu pensais simplement à ta prof adorée? » Elle faisait tourner distraitement ses bagues. Longtemps, en effet. Elle serait bien passée voir Jessica avant, mais elle eut un empêchement de trois ans, dont le professeur devait être au courant. Qui ne l’était pas dans cette ville ? – bien qu’il y avait plus d’ignares que ce qu’elle avait cru dans un premier temps.

Rachelle fit glisser le sac qui pendait sur son épaule, cherchant après le paquet de chocolat qu’elle avait récupéré. « Tiens, spécialement pour toi. » Elle lança la plaquette à Jessica, en espérait qu’elle ait toujours ses fameux réflexes. Elle laissa tomber son sac à ses pieds, sans aucune délicatesse. « Bien que ça fasse longtemps que je n’ai pas tapé sur quelque chose » et elle ne parlait pas de sac de sable « Je suis venue pour ma prof adorée. D’ailleurs, tu ne l’aurais pas vue dans le coin ? » La criminelle décrocha un sourire taquin avant de se tourner vers la salle, observant le matériel de boxe. Ça ne lui manquait pas, de serrer ses doigts avec des bandages, de ne pas oublier de garder son équilibre tout en surveillant son jeu de jambe. Elle n’avait jamais aimé l’odeur de la sueur, non plus. Mais dans les souvenirs pénibles de son adolescence, les cours de boxe faisaient partie des moins pénibles qu’il soit, ce qui était un petit exploit. Elle ne pouvait pas dire que ses parents avaient eu une bonne idée, ça aurait été reconnaitre qu’ils avaient eu raison pour un élément de sa vie – elle remettait encore en question le fait d’être venue au monde comme étant une sage décision. Mais c’était moins pire que les entrevues avec Archie et les séances de morales à deux balles. Ici, la seule personne foutue de lui crier dessus, c’était Jessica, et c’était pour l’engueuler sur son maintien misérable et non sur le déficit de son attention ou ce genre de connerie.

Rachelle avait arrêté de jouer avec ses bagues, à la place, elle tripotait la tirette de sa veste en cuir. « Je vois que ça va bien pour toi. Pas de nouveau talent en vue ? » C’était assez marrant d’imaginer des gosses apprendre la boxe et être prêt à affronter les dures réalités de la vie – quoique, ils avaient encore un peu de temps avant ça – la prochaine fois que Rachelle en croisait un dans la rue, elle éviterait de les embêter. Jessica était un bon professeur et pour peur qu’un gosse sache se concentrer sur ce qu’elle disait, les enfants savaient comment former correctement un poing. Mais la réponse n’intéressait pas vraiment l’oracle. Elle savait qu’il n’y avait pas d’étoile montante dans les rues calmes de Storybrooke. Et quand bien même. Ils ne seraient pas capable de quitter la ville. Voilà, parfaitement, même si Rachelle ne comprenait pas ce que cela signifiait. Elle se retourna vers Jessica. « Comment va Liam ? » Ca aussi, elle le savait, mais il fallait bien faire la conversation. Elle aurait peut-être droit à des anecdotes intéressantes.

Jessica sentit ses yeux s'écarquiller en voyant la plaquette de chocolat que Rachelle venait de sortir puis de lui lancer, la rattrapant au vol. Elle l'observa longuement comme si c'était un trésor très rare, son précieux, son nouveau né. Elle était peut-être un peu accro au chocolat mais elle s'en fichait totalement. Il n'y avait rien de meilleur au monde pour elle. Cette tablette allait s'ajouter à la pile de chocolat qui se trouvait déjà dans son sac, elle connaissait deux personnes qui allaient être aux anges en voyant tout ceci. Rachelle n'avait pas oublié son pêché mignon, sa source d'énergie à chaque cours, ce qui était assez rassurant dans le fond. Au moins, elle l'avait positivement marquée, et elle ne pouvait pas en dire autant de tous ses élèves. Elle était persuadée que la majorité d'entre eux ressortait avec un traumatisme assuré à cause de ses cris et de son caractère de cochon. Elle n'avait définitivement pas la patience de sa soeur.

- Ta prof adorée? Hm, non, mais je sais qu'elle aime le chocolat alors je lui donnerai de ta part, à moins que je le mange avant, répliqua Jessica en poursuivant son rangement. Les raisons pour lesquelles elle n'avait pas croisé Rachelle dernièrement ne lui étaient pas inconnues, bien au contraire. Tout le monde pouvait faire des conneries et la jeune femme était loin d'être une enfant de choeur, alors Jessica ne pouvait pas prétendre qu'elle avait été étonnée. Au moins, Rachelle semblait être retombée sur ses pattes, et cela faisait plaisir à voir. Jessica se disait que cela aurait pu facilement être elle à la place de Rachelle, à son âge. Elle avait évité le pire grâce à sa soeur Kayley, elle s'estimait assez chanceuse. Même si elle s'attirait encore des ennuis, Jessica s'était suffisamment assagie pour vivre une vie plus ou moins normale, enfin si gueuler sur des gosses paumés était la définition d'une vie normale bien entendu. Rachelle reprit la parole alors que Jessica fermait la porte du coin de rangement. Pas de star en vue? Bien sûr que si, elle en personne, pensa-t-elle en se retenant de rire. Jessica ne pensait pas entraîner de futurs champions mais elle se plaisait à penser qu'ils ne s'en sortaient pas trop mal. Elle arrangea le bandana à son poignet avant de croiser les bras, plantée devant Rachelle. Tu aurais pu être cette star, j'aurais été ton agent, tu aurais signé des tas d'autographes dans le coin... je vois que ça va mieux pour toi aussi. Je sais qu'on n'a pas forcément envie de parler de ce genre d'emmerdes la plupart du temps mais tu vois ce que je veux dire... tu te tiens devant moi, à parler du bon vieux temps, et à rire, ça n'arrive pas tous les jours, hein?

Elle esquissa un infime sourire avant de se décider à entamer une tablette de chocolat et lancer quelques carrés à Rachelle. Le gymnase semblait bien vide, rempli uniquement de la présence des deux jeunes femmes, mais Jessica était habituée à cette ambiance. Elle passait plus de temps ici seule, à s'entraîner, qu'avec de la compagnie. La solitude ne lui faisait pas peur, elle savourait chaque moment passé seule. Kayley et Liam étaient la meilleure compagnie qu'elle connaissait cependant. Elle ne pouvait pas rêver mieux. Jessica s'appuya contre le mur, Rachelle avait justement évoqué Liam. Comment allait son neveu, c'était une très bonne question. Il aurait pu mal tourner lui aussi, mais tout allait bien pour le moment. Il faisait quelques conneries de temps en temps, mais il évitait les incidents graves, ce qui était déjà pas mal. Elle mangea son carré de chocolat d'un air pensif en pensant à sa famille, prenant le temps de bien avaler, avant de se remettre à parler. Ne pas parler la bouche pleine n'était pas un signe de bonne manière chez la jeune femme, elle savourait beaucoup moins ce qu'elle mangeait lorsqu'elle mangeait en même temps. C'était la simple raison.

- Aux dernières nouvelles, il va bien. Il est chargé du repas ce soir d'ailleurs, j'ai hâte de savoir ce qu'il va préparer. Jessica parvenait toujours à revenir à la bouffe, c'était plus fort qu'elle. Et toi, ça va au moins? Tu étudies encore ou tu glandes en cherchant quel chocolat acheter pour ta prof adorée? Le bruit de deux carrés qu'elle venait de casser en reprenant sa tablette ponctua sa phrase.

Pour Rachelle, revoir Jessica était assez particulier. Elle n’avait pas gardé énormément de contacts avec les gens qu’elle connaissait, avant de devoir quitter la ville paisible. Beaucoup avaient simplement coupés les ponts, comme ses parents, ne désirant plus rien avoir avec elle. D’autres, elle ne voulait plus les revoir. Elle cherchait, en partie, à éviter ce qui lui rappellerait facilement son passé et ses erreurs. Elle fuyait encore, parce qu’elle ne s’arrêterait jamais de fuir. Alors, pourquoi Jessica ? Pourquoi revenir la voir ? Rachelle n’avait pas vraiment trouvé de raison pour ne pas venir. Elle aimait bien le professeur de boxe – à sa manière, certes. Elle n’avait pas plus réfléchis que ça. Et à présent qu’elle était face à Jessica, elle savait qu’elle avait fait le bon choix. Whelan était toujours la même, un peu trop addict au chocolat, mais c’était surement ce qui faisait sa bonne humeur. Tandis que la psychotique perdait son regard sur la salle, elle écouta Jessica parler. « Tu aurais pu être cette star, j'aurais été ton agent, tu aurais signé des tas d'autographes dans le coin... » Rachelle eut un sourire amer. La célébrité, très peu pour elle. Depuis son jugement, elle ne supportait plus les appareils photos des paparazzis. Puis, être professionnel demandait une trop grande implication et beaucoup de sérieux, ce qui manquait cruellement à l’ancienne criminelle. Elle n’était pas faite pour ça. Peut-être que si elle s’y était prise plus tôt… La boxe était arrivée trop tard.

Rachelle avait baissé la garde, adoucie par le comportement de son ainée. « Je vois que ça va mieux pour toi aussi. Je sais qu'on n'a pas forcément envie de parler de ce genre d'emmerdes la plupart du temps mais tu vois ce que je veux dire... » De fait, elle ne fut que d’autant prise de court par ces paroles. Elle croisa les bras, se mordit la langue, à sang. Non, elle n’avait pas envie d’en parler. Elle cherchait à oublier, à oublier tout ça. Mais Jessica était la première à en parler. Elle était la première à lui rappeler que ça n’avait pas été un rêve, que quelqu’un s’était tenu au courant, et qui était encore là. Rachelle avait cherché l’ignorance des gens, qu’ils lui foutent la paix. Se retrouver face à quelqu’un qui n’était pas dans ce cas, une amie, qui plus est, et qui n’avait pas fui, laissait un goût particulier dans la bouche de la brune – et ce n’était pas à cause du sang. « Tu te tiens devant moi, à parler du bon vieux temps, et à rire, ça n'arrive pas tous les jours, hein? » Rachelle tourna sa tête vers Jessica, échappant un « non, pas tous les jours » acide et revêche. Ce n’était pas contre le professeur, c’était contre cette vérité, qu’elle connaissait parfaitement, puisqu’elle la vivait. Les jours où elle pouvait être plus ou moins tranquille étaient révolus. D’autant plus que les bruits, dans sa tête, ne la lâchaient pas. Les instants de calmes étaient inexistants. Elle était seule, mais pas tout à fait. Elle ne savait pas si la solitude était plus facile à supporter dans sa situation. Elle ne le découvrirait pas.

Rachelle attrapa les morceaux des chocolats, les faisant à peine tourner entre ses doigts, évitant qu’ils ne fondent. Elle les mordit, sans trouver de réel plaisir à ce qu’elle les mange. Elle s’inquiéta de Liam, qu’elle ne souvenait encore tout petit, la dernière fois qu’elle l’avait vu. Il avait dû grandir, depuis, enfin, elle l’espérait pour lui. Etre un nain n’était pas facile pour tout le monde. « Aux dernières nouvelles, il va bien. Il est chargé du repas ce soir d'ailleurs, j'ai hâte de savoir ce qu'il va préparer. » Juste, les sœurs Whelan n’étaient pas connues pour leur prouesses culinaires. C’était même étonnant de voir Jessica en aussi grande forme, avec ce que Rachelle imaginait trôner dans les assiettes le soir : du chocolat, rien que ça. Voilà pourquoi elle aurait fait un mauvais manager, elle aurait guidé la psychotique dans les méandres de la crise de foie. Pas beau à voir. « Et toi, ça va au moins? Tu étudies encore ou tu glandes en cherchant quel chocolat acheter pour ta prof adorée? » Rachelle eut un début de sourire, alors qu’elle se détachait de son mur, se déplaçant dans la salle de sport, laissant ses doigts courir sur divers équipements, s’imaginant l’activité de la salle, en plein cours. « On peut dire que ça va. » Mensonges. Elle n’avait pas envie de s’égarer sur les détails de sa petite maladie. Elle savait que Jessica était asthmatique et qu’elle avait horreur de parler de ça. C’était la même chose pour l’oracle. D’autant plus qu’elle risquait de paraitre encore plus dérangée mentalement que ce qu’elle n’était. Une folle, oui, d’après certains, elle l’était. Pourtant, elle fuyait aussi cette réalité-là.

Rachelle s’arrêta devant un sac de sable, qu’elle ne toucha pas. « Les études ça n’a jamais été mon truc. Y a qu’à voir à quel point j’étais une piètre élève ici. » C’était bien grâce à la maison de redressement qu’elle avait terminé le lycée, sinon, elle n’aurait très certainement pas ce diplôme là en main – d’ailleurs, elle ne savait pas où il pouvait trainer. Rachelle ne supportait pas d’être devant un bureau. Elle se sentait oppressée et incapable d’aller où elle voulait. Maintenant qu’elle n’était plus forcée de suivre une quelconque forme d’enseignement, pour sûr qu’elle n’y retournerait pas. Surtout qu’à son niveau, ça aurait signifié la fac… elle n’avait même pas une seule idée de ce qu’elle pouvait suivre comme cursus. « Et pour ton information, j’ai pris le premier chocolat qui passait par là, je sais que tu manges tout, donc… » Elle laissa tomber la fin de sa phrase, continuant de tourner dans la salle, avant de se retrouver devant Jessica. « Je suis les paris –légaux » jugea-t-elle bon de préciser. Parce qu’elle en faisait aussi des illégaux, mais ils rapportaient moins. « Le seul endroit où j’ai vraiment de la chance j’imagine. » Rachelle haussa les épaules pour elle-même. Mais on parlait trop d’elle, si bien qu’elle changea de sujet assez simplement. « J’ai vu que Kay’ travaillait au zoo. Balle m’a forcé à à l’aidée, y a pas si longtemps ça.» Et son ton paraissait perdu, alors qu’elle se rappelait la journée en question.

On peut dire que ça va. Une phrase que les gens disaient la plupart du temps, souvent en haussant les épaules, pour tenter de faire croire ce mensonge aux personnes qui leur posaient une question sur leur état d'esprit. Une phrase que Jessica avait bien souvent prononcée à l'hôpital ou devant des personnes auxquelles elle ne voulait pas parler de ses tracas. Elle n'en voulait pas à Rachelle d'utiliser cette phrase, de toute façon, elle n'était pas là pour lui rappeler les emmerdes qu'elle connaissait. La discussion dériva sur les études de la jeune femme, et Jessica ne put s'empêcher de sourire. Elle manquait énormément de concentration à l'époque où elle avait été étudiante, seules les matières littéraires l'avaient intéressée et elle séchait souvent le sport, à cause de son asthme. C'était ironique de se retrouver à présent professeur d'un sport, pensa-t-elle. Les études, c'était pas mon truc non plus... je dis ça, je suis prof maintenant... mais tu te débrouillais pas si mal ici contrairement à certains qui se vantaient dès que le sac bougeait d'un millimètre. Jessica ne portait pas tous ses anciens élèves dans son coeur, certains l'horripilaient et faisaient les hypocrites dès qu'ils la voyaient dans la rue pour bien se faire voir. Elle se contentait de rouler ses yeux, sans aucune envie de faire l'hypocrite à son tour. Elle ne se rappelait même plus de leurs noms, de toute façon. La prochaine fois, s'il y en a une, ramène-moi du chocolat blanc pour changer au fait.

Jessica releva les yeux lorsque Rachelle se planta devant elle et lui tendit du chocolat. Ainsi, la jeune femme suivait les paris - légaux, cela allait de soi. La professeur fronça les sourcils, elle n'avait jamais tenté de suivre les paris, bien trop de stress et de malchance. Cela ne serait certainement pas bon, elle angoisserait tellement et elle crierait tellement devant les résultats qu'elle provoquerait sans aucun doute une crise d'asthme, et c'était une chose qu'elle désirait éviter par-dessus tout. Tant mieux si ça marche pour toi les paris, je suis persuadée que Liam arriverait à me lancer dedans un de ces jours. Si tu as quelques tuyaux, surtout, n'hésite pas. La famille Whelan adorait les challenges et les aventures, alors ils ne seraient certainement pas effrayés par des paris. Jessica termina, déjà, sa tablette de chocolat et se frotta les mains. La discussion en venait à sa soeur Kayley qui travaillait au zoo, Rachelle évoqua même Balthasar. Ah oui, le zoo. Jessica devrait probablement y retourner dans les prochains jours, elle s'y portait bénévole aussi souvent qu'elle le pouvait. Elle aimait être en contact avec les animaux, les protéger, jouer avec eux. A chaque fois qu'elle se trouvait en leur présence, elle avait l'impression de les comprendre. Une sensation étrange qui ne la quittait jamais. Comment ça s'est passé avec Kay'? Tu me rappelles que je devrais retourner au zoo prochainement... ça me manque.

Rachelle aimait bien flâner avec Jessica. C’était simple, il n’y avait pas de prise de tête. Les sujets qu’elles voulaient éviter étaient évités. Aucune ne cherchait la petite bête de l’autre. C’était le genre de relation dont avait besoin la psychotique en ce moment et elle se surprit à sourire sur cette pensée. Pour une fois qu’elle avait eu une bonne idée en passant ici, avec un peu de chance, ça ne finirait pas mal. Et elle ferait tout pour que tout se termine comme ça avait commencé, sans accrocs. Le professeur faisait partie de ces rares personnes qui avaient le privilège – keuf – de profiter des bons côtés de l’ancienne criminelle, pour le peu qu’elle ait de bons côtés. « Les études, c'était pas mon truc non plus... je dis ça, je suis prof maintenant... » Une lueur d’amusement passa dans le regard hagard de Rachelle, tandis qu’elle écoutait les déboires d’une Jessica étudiante. « Mais tu te débrouillais pas si mal ici contrairement à certains qui se vantaient dès que le sac bougeait d'un millimètre. » Elle n’attrapa pas le compliment. Elle faisait partie de ces gens qui étaient tellement persuadés de leur incompétence qu’elles se voilaient la face. Elle n’était qu’une bonne à rien. C’était déjà un miracle, quelque part, qu’elle soit toujours en vie, à pourrir l’existence des habitants de cette ville paumée dans le Maine. Rachelle n’avait aucun don, aucun talent, juste une tare mentale qui la limitait dans ses interactions avec les autres. « La prochaine fois, s'il y en a une, ramène-moi du chocolat blanc pour changer au fait. » Elle hocha la tête, tentant d’enregistrer l’information dans son cerveau. Elle lui apporterait du chocolat amélioré aussi, pour rire. Après tout, se détendre était une étape devenue obligatoire dans la vie de tous. Certes, elle doutait que Jessica soit heureuse de ce genre de cadeau… mais elle n’avait pas besoin de la savoir non plus.

Rachelle regarda Jessica finir la tablette du chocolat normal et banal, à une vitesse hallucinante. C’était bien une chose qui lui échappait. Où est-ce que son ainée trouvait l’espace suffisant pour manger tout ça. Une autre question, comment faisait-elle pour ne pas avoir de crise de foie ? Mais aussitôt les questions étaient formulées dans son esprit dérangé, aussitôt la psychotique les trouvait intéressante et les oubliait aussitôt. Elle se recolla contre le mur qui l’avait accueilli dans un premier temps, se laissant glisser jusqu’à se retrouver assise au sol. Ses doigts jouaient encore avec la tirette de sa veste en cuir. « Tant mieux si ça marche pour toi les paris, je suis persuadée que Liam arriverait à me lancer dedans un de ces jours. Si tu as quelques tuyaux, surtout, n'hésite pas. » Saqarh leva les yeux joueurs vers Jessica. Comme ça, ça intéresserait d’autres personnes ? Dommage, Rachelle, en plus d’être un piète élève, elle était aussi un piètre professeur. « Il essaie de te faire jouer parce qu’il n’a pas l’âge légal, c’est ça ? » Le ton léger de la brune trahissait son amusement de la situation. L’âge n’avait jamais été un problème pour Rachelle. Il n’y avait rien de difficile de se faire passer pour quelqu’un d’autre, surtout avec les contacts nécessaires. Mais ça, elle n’en dirait rien à son vis-à-vis, parce qu’elle n’avait pas à connaitre cette partie de l’histoire de Rachelle. « Si tu veux, je t’apprendrais déjà à jouer au poker. » Ca, c’était un sport qu’elle aimait et qu’elle maitrisait à la perfection. Si bien que tricher n’était plus un problème non plus. Même si elle en avait rarement l’occasion, la chance était toujours trop généreuse avec elle, pour tous les jeux qu’elle tentait.

Les souvenirs de sa journée au zoo remontèrent à sa mémoire, alors qu’elle pinçait distraitement les lèvres. Elle était plus douée avec les animaux qu’avec les êtres humains, ce qui était assez étrange, en soi. Mais ce n’était pas assez pour qu’elle se penche sur la question, car déjà, Jessica la sortait de ses pensées. « Comment ça s'est passé avec Kay'? Tu me rappelles que je devrais retourner au zoo prochainement... ça me manque. » Le zoo gagnait en réputation, c’était bien, ça avait l’air d’agacer Balle, mais il n’était qu’un ours mal léché. Il méritait tout autant une grotte que les animaux dont il s’occuper. Mais bon, malgré son odeur et sa foutue récalcitrante à se laver les cheveux, Rachelle se retrouvait souvent en sa compagnie. « Tu fais un cumuls de combien de boulots ? » C’était amusant, de se trouver ainsi devant quelqu’un qui s’occupait avec plusieurs emplois, alors qu’elle, elle ne désirait même pas en prendre un. Faut dire que si tout le monde s’occupait comme le faisait Jessica, il serait difficile pour l’oracle de trouver un employeur. Enfin, elle ne serait jamais assez stable pour tenir un métier une semaine. Elle était tellement mieux à divaguer dans sa chambre, les volets fermés, la journée, droguée jusqu’à la moelle. D’ailleurs, sa main glissait déjà à l’intérieur de sa poche, tandis qu’elle se saisissait de sa boite de médicaments pour en prendre un et le croquer. Le naturel de son geste prouva la fréquence de sa prise de drogue. « Appelle-moi quand tu iras dire bonjour aux animaux, je passerai aussi et on menera la vie dure à Balle, et à ta sœur aussi. » Et si Jessica plissait bien les yeux, il y aurait une chance qu’elle y voit une auréole briller au-dessus de la tête de Rachelle…

Jouer au poker? Oh, Jessica n'avait pas besoin de cours pour ce genre de jeu. Il lui arrivait parfois le vendredi soir de traîner dans les bars pour faire quelques parties, tout en restant raisonnable sur l'alcool. Elle avait un souvenir assez flou sur son passé, où elle enchaînait les verres et les conquêtes, mais le temps l'avait assagie. Pas trop, non plus. Mais elle était fière de penser qu'elle donnait globalement un bon exemple à son neveu et à la communauté. Comme si elle se préoccupait réellement de la communauté de toute façon... les animaux du zoo avaient plus de valeur pour elle que la plupart des habitants de la ville. Sympathique, n'est-ce pas? Ce n'était pas comme si elle avait énormément de valeur pour eux, après tout. Elle était juste cette fille bizarre qui donnait des cours de boxe en bouffant une quantité impressionnante de chocolat. Jessica haussait généralement les épaules lorsque les gens parlaient d'elle. Ils n'en valaient pas la peine, et franchement, perdre son temps avec ce genre de personnes, très peu pour elle. Jessica prenait simplement un immense plaisir à les battre au poker et d'autres jeux de cartes, lorsque l'envie lui prenait. Par contre, son côté mauvaise perdante pouvait lui jouer des tours. Tant pis, chacun ses défauts. Je me débrouille très bien sur le poker, tu sais. Je suis le genre de fille qu'il ne faut pas lâcher seule dans un casino. Jessica grimaça à cette simple pensée. Mais je ne dirais pas non à quelques petites astuces dont tu as le secret. Si jamais tu as un moyen de battre mes adversaires plus rapidement, je suis preneuse.

Mais la discussion changea de nouveau, Rachelle évoquant le cumul de boulots de Jessica. Hm, très bonne question qu'elle lui posait. Combien de boulots avait-elle? Elle donnait des cours de boxe, elle était bénévole au zoo, elle aidait Granny de temps en temps avec ses livraisons, elle était babysitter à ses temps perdues en prenant Adrian Fishley sous son aile. Cela faisait déjà mal. Ah oui, manger du chocolat, ça comptait aussi? Probablement pas. En comptant silencieusement ses boulots, Jessica observa Rachelle du coin de l'oeil. Elle prenait un médicament en ayant un réflexe assez évident, toutefois la jeune femme ne releva pas ce détail. Chacun ses emmerdes, d'ailleurs Jessica sortit sa ventoline, au cas où. Il valait toujours mieux l'avoir à portée de main. Kayley la tuerait si jamais elle l'oubliait un de ces jours. Sa soeur pouvait être incroyablement flippante lorsqu'elle était énervante, elle tenait sûrement d'elle pour ça. A la simple pensée de mener la vie dure à Kayley et Balthasar, Jessica laissa échapper un rire. Elle les imaginait déjà bien ennuyés et blasés en voyant Jessica et Rachelle sur leur dos durant toute une journée. Je pense que les animaux seraient plus ravis de nous voir que Kayley et Balthasar, dans ces conditions. Jessica continuait de rire en regardant l'heure. Oops, elle n'était pas en avance. Elle sortit les clés du gymnase en se dirigeant vers la sortie. Je dois fermer le gymnase et rentrer moi, j'ai limite un couvre feu. Je te dépose quelque part ou tu comptes flâner en ville? Elle n'avait évidemment pas un couvre feu, elle aimait juste rentrer assez tôt pour passer du temps avec Kayley et Liam, et dîner avec eux en toute simplicité.

Rachelle hocha faiblement la tête à la demande d’astuce pour les parties de cartes. Elle en connaissait quelques-unes, bien que ça n’avait rien à voir avec les mains gagnantes qu’elle réussissait toujours à avoir. Elle ne cherchait pas à comprendre d’où cela venait, tout comme pour ses bruits. Il y avait tant de choses, tant d’explications qu’elle ne possédait pas, qui la plongeait encore plus dans ce brouillard qu’elle épaississait à coup de médicaments. Au final, Rachelle était une personne bien vide, qui comblait les flous de sa personnalité avec un plus grand flou. Elle se détournait de ces écarts, de ces parts de son histoire qu’elle ne parvenait pas à se rappeler. Parce que cela n’aurait rien apporté que d’autres questions, et elle en avait déjà assez dans sa tête pour ne pas en rajouter. « Je pense que les animaux seraient plus ravis de nous voir que Kayley et Balthasar, dans ces conditions. » Un mince sourire se posa sur ses lèvres, alors qu’elle haussait les épaules. Elle se fichait bien de ce que les deux amoureux des animaux pouvaient bien penser. Si Rachelle avait envie de s’amuser, elle s’amuserait. Et Balle faisait partie des personnes qu’elle affectionnait le plus dans ce coin. C’était bien connu, qui aime bien, châtie bien. Jessica et elle étaient assez douées à ce jeu. « Mais non, ils vont adorer nous voir. Puis ça fera un peu de distraction aux animaux. » Elle n’avait pas l’âme d’une zoologiste, ni ne se sentait particulièrement proche des bêtes à poils, à plumes, à écailles… Elle avait déjà du mal à garder une pauvre plante en vie. Mais bon, les habitants de Storybrooke et les animaux du zoo avaient bien un point en commun : ils étaient tous en cage. Un peu de distraction de temps en temps ne faisait pas de mal. Ca tombe bien, bousculer la routine, la psychotique adorait ça.

Rachelle reconnu le son de clés qui s’entrechoquent, tandis que ses yeux tombaient sur le trousseau de la professeur. « Je dois fermer le gymnase et rentrer moi, j'ai limite un couvre feu. Je te dépose quelque part ou tu comptes flâner en ville? » Et elle tourna à son tour sa tête vers l’horloge, notant à peine l’heure. Elle hocha la tête, se relevant en prenant appui sur le mur. Rachelle n’avait pas réellement un cycle de vie bien déterminé, trouvant du sommeil quand sa tête le voulait bien, quand il ne faisait pas encore nuit, généralement, puisqu’elle avait une préférence pour la vie nocturne. « Ils ont augmenté la surveillance chez toi ? » Rachelle eut un petit rire, ouvrant la marche vers la sortie, fourrant ses mains dans les poches de sa veste. « C’est gentil pour le lift, mais je vais flâner encore un peu. Personne ne m’attend. » Ou tout du moins, ceux qui l’attendaient étaient déjà dans sa tête. Elle n’avait aucune obligation de lieu. Et pour elle, il était encore trop tôt pour qu’elle ne songe à rentrer. Sa journée ne faisait que commencer. Elle passerait voir Skylar, ça faisait un petit temps qu’elle n’avait pas vue cette vilaine sirène, à tel point qu’elle commençait à croire que la starlette s’était trouvé un nouveau jouet. Mais il était encore trop tôt pour entrer par effraction, elle attendrait qu’il fasse plus sombre.

Rachelle attendit devant la sortie de la salle de boxe, secouant la tête, chassant le bourdonnement embêtant derrière son oreille. « Tss. Saloperie. » Elle se massa la tempe avec son pouce, se détournant de son mal de crâne quand Jessica revint. « Je passerai une autre fois, traumatiser d’autres petits gamins. » C’était marrant de jouer au Croque-Mitaine. Elle remit son sac sur son dos et fit un dernier signe de main avant de tourner le dos à Jessica.

Jessica sentit ses épaules être secouées par un éclat de rire en entendant Rachelle la questionner sur la surveillance chez elle. Elle se surveillait elle-même, c'était déjà pas mal. Elle faisait toujours tout son possible pour rentrer à des heures raisonnables, elle ne voulait pas trop traîner dehors, sauf quand elle s'amusait avec Adrian Fishley. La seule raison qui pourrait la mener à traîner plus tard dehors était sa présence à l'hôpital le soir. Avoir une crise d'asthme dans la soirée et être obligée de gâcher le dîner familial était un synonyme d'une soirée foutue en l'air pour Jessica. Au moins, chez elle, elle limitait les risques de crise. C'était peut-être stupide de penser ainsi mais elle voyait les choses comme ça. Jessica ferma brutalement la porte du gymnase et rangea précieusement les clés. Elle avait fini en garde à vue en chopant un idiot qui avait voulu entrer dans le gymnase par effraction, il avait fini avec un nez cassé. Jessica n'avait pas pu contrôler son poing, puis le gymnase n'était pas un endroit pour conclure. Elle se souvenait encore du rire de Liam et du sourire amusé de Kayley lorsqu'ils avaient dû aller la chercher.Ne te perds pas en flânant. Jessica marcha vers sa voiture en sifflotant avant d'ouvrir la portière. Elle jeta son sac sur la banquette arrière avant de s'appuyer contre la voiture pour regarder Rachelle qui s'apprêtait à partir. Elle prévoyait déjà de revenir pour effrayer d'autres gosses, et cette simple pensée fit sourire Jessica. Pauvres gosses, elles les traumatisaient suffisamment chacune de leur côté. S'ils étaient un peu plus attentifs en cours, peut-être que cela arriverait beaucoup moins. Jessica n'aimait que Liam, son "petit gosse", de toute façon. Et ceux qui lui offraient du chocolat. Peut-être que la prochaine fois, tu me feras le plaisir de taper dans un sac, comme au bon vieux temps ! Jessica regarda Rachelle qui s'éloignait avant de monter dans sa voiture et d'allumer la radio. Elle jeta un dernier petit coup d'oeil en arrière avant de rouler en direction de sa maison, prête à se détendre après une longue journée. Sa soirée canapé devant la télé était amplement méritée.

Sujet: Re: taste like hot chocolate ▬ Jessica