Adolescent d'environ dix-sept hivers, Albert, au premier coup d'oeil, n'est pas des plus facile à cerner. On le décrit voyou de premier ordre, et il ne s'en plaint pas. Il semble plutôt s'y plaire, même. Rebelle, il aura toujours eu de grandes difficultés avec l'autorité qu'il provoque inévitablement lorsqu'il y fait face. Balancé entre diverses vies auxquelles il ne s'adaptait jamais vraiment, il est rapidement devenu un garçon turbulent que les autres fuyaient comme la peste. Il vit désormais dans une petite famille d'accueil, pas désagréable, pas agréable non plus. S'il s'est toujours révolté contre tout ce qui l'entoure, il a tendance à se laisser abattre dans sa solitude. Il est pourtant suffisamment plaisantin à ses heures perdus pour ne pas se faire que des ennemis et les personnes de qui il est proche peuvent lui faire confiance.Marginal, il a pour habitude de ne ressembler à personne, et de ne se comporter comme qui que ce soit. Mauvais à l'école, mauvais employé, il se balade entre divers petits boulots qu'il ne garde jamais bien longtemps, par manque de motivation ou de volonté. Sous ses airs un peu bagarreur, Albert n'est qu'un tendre chaton à la recherche d'affection. Un chaton aux griffes acérées, certes, mais un chaton tout de même. Il a tendance à regarder d'abord le mec qui accompagne la fille, avant de regarder la fille elle-même et de s'en désintéresser rapidement. Il n'a jamais eu de relation sérieuse avec qui que se soit... connaître ses préférence au lit est conséquemment peu évident. Il voudrait devenir artiste... mes ses méthodes ne sont pas les mieux conseillés. Il se considère comme un artiste de la rue... mais autrui voit plutôt la chose comme bris de bien public. Sa famille d'accueil se désespère un peu à son sujet, à ce propos, et craint à chaque jour de devoir payer une nouvelle caution.
Du plus loin qu'il se souvienne, il a toujours vécu à Storybrooke. Confusion, peut-être, il n'a pas souvenir d'avoir seulement déjà mis les pieds en dehors de l'endroit, bien que l'idée lui soit déjà passée par l'esprit, il n'y songe pas davantage.



Naith ne fut pas toujours Naith. Naith ne fut pas toujours immense. Naith ne cracha pas toujours toutes les flammes de l’enfer. Naith ne cassait pas le tronc de forêt entière d’un souffle brulant. Il ne faisait pas fondre la peau sur les os. Il ne saccageait ne menaçait pas d’un grondement sourd. Il ne somnolait pas sous le reflet de l’or, en protecteur sauvage. Naith n’a pas toujours inspiré la terreur. Un petit garçon comme tant d’autres. Il ne se souvient pas de cette époque lointaine dans son esprit. Mais il entend encore, parfois, l’éclat des rires enfantins. Il les voit, encore, tirer leur cerf-volant dans le ciel. Il les imagine, encore, lancer des pierres aux grenouilles de la marre. Mais tout lui semble flou, à présent, se mélangeant de un kaléidoscope de sons, d’odeurs, de couleurs et d’images. Les derniers souvenirs avant la malédiction remontait à cela. Un dragon tapis dans les ténèbres, dans l’air brulant, semblait dormir, inconsciemment, imperturbable. Il avait ouvert un œil dans la pénombre en sentant les murs de sa montagne trembler. Puis, le néant… Il n’était plus qu’un Albert perdu dans un univers qui n’était plus le sien.

Le petit Naith vécu toujours au Royaume enchanté. Il n’était pas orphelin. Il n’était pas le plus brillant, ni le plus brave. Il n’était ni le plus beau, ni le plus fort. Et il était hargneux. Habité d’une hargne d’enfant rebelle. Il n’était ni le plus admiré, ni le plus doux. Et sa grand-mère se contentait de lui donner les restes du pain noir nourrissant la petite famille. Comme un canard boiteux, il accumulait bêtises par-dessus bêtises, jalousant, détestant, volant, piégeant, se moquant, hurlant et frappant à tout va tout ce qu’il haïssait. Puis, demandé pour aller acheter un peu de sucre, il tomba nez à nez avec une vieille femme. Malgré son sourire, il se cabra, sans se laisser amadouer, trop habituer aux charmes pour calmer sa colère d’enfant. Et lorsqu’il lui cria des insanités, elle le prit par le bras… et le maudit. Il n’en avait pas encore conscience, mais un terrible sort fut lancé contre lui et, dès le lendemain, il ne fut plus ce qu’il était. Il était Naith le Terrible.

Le sort qui fut lancé contre lui n’est pas éternel, mais il n’en a aucune idée. Il le destine à une vie qu’il trouve de plus en plus agréable et sans doute de plus en plus naturelle. Les visages qui lui sont connus s’effacent peu à peu de sa mémoire de dragon endormis. Et la seule manière, pour lui, de s’en sortir et de changer sa réputation et ses actions en quelque chose de mieux. Ce qui n’est pas gagné, croyant de plus en plus en sa nature cruelle, et ceux l'ayant connu semblent aussi avoir oublié son existence humaine, comme s'il n'avait tout simplement jamais été.