Un café avalé sur le pouce avec un de ses célèbres morceaux de gâteau, chez Granny et une nouvelle journée pouvait commencer. Aujourd'hui il y avait dehors un grand soleil bien que la fraîcheur matinale soit toujours bien présente. La ville s'en retrouvait immédiatement égayé. Les gens semblaient de bonne humeur. Tant mieux. J'avais passé une bonne nuit, mais j'étais pour ma part d'humeur assez maussade. La journée promettait d'être longue et ennuyeuse. Rien de spécial à faire. Je détestais ça ! Je décidais donc de commencer par un petit footing, un peu de sport pour garder la forme. Je quittais donc tranquillement le centre ville avant de partir en courant. Un petit tour dans la forêt. C'était l'endroit où je me sentais le mieux dans le coin. Un sentiment de liberté, quelque chose de fort en moi. Je me sentais apaiser : vraiment pas la peine de m'embêter à finir sur le canapé d'Archie et à raconter ma vie. Qu'est ce que j'aurais bien pu lui raconter ? Non mais sérieusement. Ce n'était pas moi le fou croyez moi ! J’accélérais arrivé près de la rivière. Ma condition de sportif me le permettait. J'évitais également chaque racine qui sortait du sol, chaque branches d'arbres un peu trop basses. Je connaissais cette forêt par coeur.

Un bruit. Je me figeais sur place. Je me retournais. Regardez dans toutes les directions. J'étais idiot, ce n'était certainement qu'une branche qui craque sous le poids d'un animal ou un bruit quelconque dans une forêt pleine de vie. Pourtant il m'obsédait. Ce loup m'obsédait. Je l'avais croisé dans la ville, je l'avais croisé dans cette forêt et il avait disparu. Évaporé. Plus rien. Etait-ce le fruit de mon imagination ou pour de vrai. J'avais l'impression de sentir encore la douceur de ses poils sous mes doigts. Je marchais doucement. Mais à peine quelques mètres plus tard, le même bruit. Je me figeais à nouveau. Il y avait quelque chose. J'en étais certain. Je rebroussais chemin et courrais en direction du bruit. Je ne sais pas à quoi je m'attendais mais j'y croyais. Je me sentais à nouveau rempli d'excitation. Je n'avais aucun mal à suivre le bruit. Je tendais l'oreille. Je plissais les yeux. Je courrais, je m'arrêtais. J'écartais un buisson sur la pointe des pieds. Un petit animal prit la fuite immédiatement. J'avais trouvé celui qui me causait tant d'émotion. Pourtant je me sentais bizarre. Je décidais de faire demi-tour. Je repris donc tranquillement mon footing en direction de la ville. Je m'arrêtais instinctivement à la fontaine. J'étais hors d'haleine.

Ayant travaillé de nuit, Mara finit sa garde à 10h, et il aurait sans doute été raisonnable de rentrer immédiatement à l’appartement qu’elle partageait avec Emily. La chirurgienne avait bien mérité de se reposer, car cette nuit encore n’avait pas été des plus tranquilles. Depuis quelques temps, les accidents alarmants se multipliaient. La plupart n’étaient pas mortels, heureusement, mais l’hôpital de Storybrooke n’avait jamais connu un tel afflux. Nombre des collègues de Mara étaient sceptiques, mais elle se contentait de sourire vaguement, sans apporter la moindre réponse à leurs doutes. Que pouvait-elle dire ? A chaque nouveau blessé qui arrivait aux urgences, Mara ne pouvait pas s’empêcher de penser à Hunting. Il n’y avait guère que lorsqu’elle était au bloc, parfaitement concentrée sur son travail, qu’il ne l’obsédait pas. Il lui était en effet difficile de ne pas craindre les agissements potentiels du criminel. Et si elle était en première ligne pour récupérer ses victimes, elle se doutait que celle qui lui était tombée entre les doigts la première fois était une exception. Elle savait, au plus profond d’elle-même, que le criminel effacerait toute trace de ses méfaits encore plus soigneusement désormais. Alors elle ne pouvait faire autrement que de songer à ses victimes innocentes, qu’elle était impuissante à protéger. Le tortionnaire lui avait fait une promesse, celle de ne plus toucher personne d’autre. Mais Mara n’était pas assez naïve pour s’y laisser prendre, ou alors était-elle devenue trop soupçonneuse ?

La chirurgienne avait quitté l’hôpital et laissé ses pas la mener jusqu’à l’extrémité des habitations. La forêt s’étendait devant elle, et soudain elle songea à une personne capable de lui venir en aide. Mara s’était promise de ne plus mêler personne d’autre à son entreprise déterminée, mais elle pouvait toujours récolter quelques informations sans faire courir plus de risques à quiconque. L’homme qui venait de remplacer Hunting dans ses pensées était tout indiqué pour l’assister dans sa tâche. Elle savait qu’il se rendait régulièrement en forêt, aussi n’hésita-t-elle pas plus longtemps avant de pénétrer sous les vertes frondaisons. La chirurgienne progressa avec prudence et méthode, évitant les branchages gênants, faisant attention où elle mettait les pieds, tout en ne cessant jamais d’avancer. C’était loin d’être la première fois qu’elle traversait les bois, elle connaissait d’ailleurs une jeune fille qui y avait élu domicile. Et pourtant, Mara n’était jamais rassurée lorsqu’elle devait s’y rendre. Un aura étrange émanait de ces lieux, sans pour autant qu’elle soit apte à déterminer ce qui la dérangeait. C’était une sensation singulière, qui lui crispait les muscles et envoyait de brefs frissons ricocher de la naissance de sa colonne jusqu’à sa nuque. Des bruits de course attirèrent son attention, et elle se stoppa nette, son regard balayant les environs, peu rassuré. Elle se redonna courage en se persuadant qu’il s’agissait de l’homme qu’elle recherchait. Il ne faisait pas nuit, et pourtant Mara était loin d’avoir l’esprit tranquille. Elle s’était toujours jurée de ne jamais se rendre en forêt lorsque le soleil abandonnait son règne à la nuit, et elle réitéra précisément cette promesse alors qu’elle reprenait sa progression.

Quelques pas plus tard, Mara pénétra dans la clairière du puits au vœux, et distingua avec soulagement la silhouette de l’homme qu’elle recherchait. Elle s’avança davantage, rivant son regard vers l’ancien shérif apparemment à bout de souffle. « Graham ? » Elle s’approcha encore, jusqu’à arriver à ses côtés. « Vous devriez songer à vous ménager, sinon je risque de vous retrouver rapidement à l’hôpital. » Un sourire amusé étira ses lèvres, avant qu’elle ne poursuive : « Votre poste de shérif vous manque, n’est-ce pas ? L’action vous manque ? » Elle partait du postulat que le métier de shérif à Storybrooke avait quoique ce soit d’animé. En réalité, c’était le cas actuellement, depuis qu’Emma Swan avait repris la main. Mais Mara ne se souvenait pas que les choses aient été aussi animées par le passé. Elle ne souhaitait cependant pas mettre Graham mal à l’aise, simplement l’amener sur le sujet qui l’intéressait, afin de pouvoir lui soutirer quelques informations ensuite.

Je posais une main contre la pierre dur et froide du puits, l'autre sur ma cuisse . C'était certainement l'un des endroits les plus calmes et les plus mystérieux de la ville. Il n'y avait quasiment pas de bruit, juste les feuilles fouettaient par le vent. Je reprenais mon souffle. Je devais me calmer. J'avais forcé cette fois. Je sentais chacun de mes muscles. Je me sentais bien. La suite du programme de la journée ? Rentrer prendre une douche avant d'aller faire un tour au refuge animalier voir ce qu'il y avait à faire et si on avait besoin de moi. Une fois ma respiration un minimum calmée, enfin assez pour ne pas avoir l'air d'un boeuf asthmatique, je me relevais. Je perçus un bruit. Une pierre qui tombe dans le fond du puit. Un frisson me parcourut l'échine et mon sang ne fit qu'un tour. Autant la forêt avait un côté relaxant pour moi. Autant cette endroit me fichait la chair de poule. Du moins façon de parler. J'étais sur mes gardes. Il y avait quelque chose d'étrange sans qu'on puisse mettre le doigt sur quoi. Il n'y avait jamais grand monde dans cette partie du territoire de la ville. Je posais mes deux mains sur le rebords du puits, pris bien appuie sur mes pieds et jetais un coup d'oeil dans celui-ci. Rien d'inhabituel. Je secouais la tête lorsque j'entendis quelqu'un m'appeler. Je me retournais rapidement. Ce n'était que Mara, une jeune femme qui travaillait à l'hôpital. Je l'avais interrogé une fois ou deux pour le besoin d'enquête. Je souris amusé :

_" Je suis plus solide que j'en ai l'air. Je n'ai pas encore l'intention de passer entre vos mains à l'hôpital. Une prochaine fois peut-être ! Le plus tard possible. "

Je n'avais jamais eu de gros problèmes de santé. Bon comme tout le monde des hématomes un peu partout ou alors quelques petites blessures de guerre. Jamais assez pour réellement faire pâlir quoi que ce soit. J'avais certainement une bonne dose de chance. Parce que franchement étant Shérif je n'avais jamais vraiment fais attention. Ca ne me faisait pas peur de me jeter sur une voiture ou sur un suspect. Heureusement ce n'était pas courant. D'ailleurs est-ce que j'avais une fois réellement eu peur ? Je plaçais mes mains sur mes hanches encore un peu essouflé par cette course. Mais c'état bon. Presque repartit.

_" Un peu. Il y a du bon et du mauvais. "

Je ne préférais pas trop m'étendre sur ce sujet. J'avais mes raison. Par contre mon côté curieux et ma façon de pensée digne d'un défenseur de la loi, se mit en route. Personne ne m'avait posé la question. On s'inquiétait de savoir si ça allait rien de plus. Bon c'était peut-être un peu tiré par les cheveux, mais un bon moyen de changer de sujet, je ne cracherais donc pas là-dessus :

_" Alors qu'est ce qui vous amène ici ? Envie de faire un voeux ? Je ne suis pas convaincu que ça fonctionne vraiment. "

Il y avait une espèce de légendes ou je ne sais trop quoi qui racontait que si on jetait des pièces dans un puits ou même une fontaine, le souhait que l'on formule se réalise. Simple superstition.

Même si Graham semblait reprendre de plus en plus efficacement son souffle, Mara ne pouvait pas passez outre son épuisement, et en doctoresse qu’elle était, elle ne pouvait qu’inciter l’ancien shérif à se ménager. Il semblait néanmoins convainquant lorsqu’il déclara : « Je suis plus solide que j'en ai l'air. Je n'ai pas encore l'intention de passer entre vos mains à l'hôpital. Une prochaine fois peut-être ! Le plus tard possible. » Elle répondit au sourire qu’il lui servait, sans doute moins amusée que soulagée. Elle entendait souvent ce genre de formules lorsqu’il s’agissait de l’hôpital, néanmoins peu de personnes échappaient à ce sort. Les temps paraissaient de plus en plus troublés dans cette ville pourtant jusque-là si tranquille. Mara ne voulait pas mettre cet état de fait sur le dos d’Emma Swan, néanmoins les circonstances étaient troublantes. La chirurgienne était extrêmement pragmatique, et elle ne jugeait personne sans disposer de bases plus que solides pour le faire. Or, elle n’était pas assez proche de la nouvelle venue pour réellement pouvoir l’accuser d’être à l’origine des divers accidents et incidents qui secouaient Storybrooke depuis quelques mois. Les rares fois où elle avait été amenée à la croiser l’avait seulement assurées qu’il s’agissait d’une femme déterminée et insondable. Elle semblait à dire vrai parfaitement compétente comme shérif, et pourtant, alors qu’elle se trouvait face à son prédécesseur, Mara ne pouvait pas s’empêcher de regretter le changement. Emma avait beau être très compétente, elle n’avait pas à son sens la poigne nécessaire à arrêter la menace qu’elle-même venait d’identifier. Voilà pourquoi elle avait ressenti le besoin de se tourner vers Graham.

« Un peu. Il y a du bon et du mauvais » Les lèvres de la chirurgienne se pincèrent dans une attitude contrite. Graham ne voulait de toute évidence pas s’étendre sur le sujet. D’autant plus qu’il enchaina sans chercher à apporter plus de substance aux inquiétudes de Mara. « Alors qu'est-ce qui vous amène ici ? Envie de faire un vœu ? Je ne suis pas convaincu que ça fonctionne vraiment. » Elle laissa son regard glisser un instant sur le puits aux vœux, avant de terminer sa progression jusqu’à l’ancien représentant de l’ordre. Ses iris revinrent alors se planter sur lui, et elle se fendit d’un sourire avenant avant de répondre de sa voix d’une douceur constante : « Mon métier ne me permet pas vraiment d’entretenir ce type de superstition. » Pourtant son regard s’attarda à nouveau sur l’édifice entouré de mystère et de croyances futiles. « Je suis une amoureuse de la science et de la raison, je ne peux pas croire que faire le moindre vœu en ce lieu règlera des problèmes qu’elles ne peuvent résoudre. » Son regard n’avait néanmoins pas quitté le puits. Est-ce qu’Hunting réussirait à la mener à de telles extrémités ? Elle agita légèrement la tête, ramenant rapidement et définitivement toute son attention sur Graham. Il était le seul à pouvoir l’aider à régler les problèmes qui lui martelaient les tempes actuellement.

Ses prunelles accrochèrent celles de l’ancien shérif, et elle surprit ses lèvres à remuer alors qu’elle n’était pas certaine d’avoir suffisamment organisées ses pensées pour qu’elles lui échappent de manière structurée. « En fait, je vous cherchais Graham. Je crois que vous pouvez m’être bien plus utile qu’un vulgaire puits aux vœux. » Sa voix était loin de marquer la moindre déférence à l’égard de ce lieu et de la foi que pouvait y attacher certains superstitieux en ville. Elle ne faisait qu’énoncer une vérité qu’elle tenait pour établie, n’ayant pas réussi à trouver par elle-même des réponses à ses questions. « Maintenant que vous n’êtes plus shérif, vous n’avez plus d’impératifs déontologiques à respecter n’est-ce pas ? » Mara avait parfaitement conscience de tourner autour du pot, mais elle ne savait pas encore exactement comment livrer ses interrogations à Graham. Elle n’avait surtout aucune intention de le mettre en danger par ses actes ou ses mots. Son visage s’était tristement voilé, et elle hésitait concernant la façon d’opérer.