Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : Fin mars Ordre de passage des participants : Albert et Billy

Un peu lugubre. Un peu taré. Un peu violent. Il avait hurlé. Il avait hurlé à en voir pleurer cette fausse mère, pour son plus grand regret. Elle n’y était pour rien, mais il l’avait fait quand même. Et il était sorti dans un claquement de porte pour couper court à cette voix cassante et menaçante. Il s’était tut, n’avait entendu qu’un sanglot étouffé derrière le battant. Il serra son sac contre lui, rabaissa son capuchon sur sa tête. Un élan de rage. Ce n’était que ça. Ce n’était qu’une émotion faisant trembler ses mains, faisant claquer ses pensées, faisant craquer ses jointures et brisant son esprit. Une folie comme toute prison. Prisonnier de ces élans colériques, ses pas se faisaient lourds. Un regard sur sa personne, à son passage, qu’il foudroya des yeux. Il ne savait pas réellement où il allait. Mais il savait une chose : il devait s’éloigner d’eux, de leur petit univers tranquille qu’il avait bouleversé en entrant comme une bombe atomique dans leur petite vie de couple. L’homme lui avait répété plusieurs fois qu’il gâchait ne serait-ce que le sourire de la femme. Mais elle était pourtant l’une des rares à qui il ne voulait aucun mal. Mais cette colère impossible qui lui rongeait l’âme le poussait toujours à cela. À cela et à bien d’autres choses.

Il n’avait pas choisit un lieu en particulier. Mais il avait marché. Marché un moment pour s’arrêter. Pour s’arrêter à l’improviste et tourmenter sa haine contre quelque chose. C’était plus gros, cette fois, que tous les murs qu’il avait peint jusqu’à maintenant. C’était moins enfantin, peut-être, que les petits objets qu’il avait brisé sur le passage de sa tempête. Il avait serré entre ses doigts blancs le premier objet qui tomba sous sa main. Il l’avait lancé, toute rage brulante, à travers une fenêtre qui avait éclatée sous l’impact, sans offrir la moindre résistance, succombant devant la volonté de l’adolescent furieux. Pas très gros, Albert s’était glissé dans l’ouverture sans se soucier des morceaux de verres qui lui entaillaient les mains. Il ne croyait pas trouver qui que ce soit dans l’immédiat : l’endroit était trop tranquille. Mais il ne voulait pas trainer plus que s’en était nécessaire.

Il ne savait pas ce qu’il cherchait, mais il cherchait quelque chose. Albert était toutefois inévitablement attiré par ce qui lui semblait avoir un minimum de valeur. Comme quelque chose de plus fort que lui. Il n’était pourtant pas voleur, habituellement. Mais sa main laiteuse se referma sur ce qui lui sembla d’abord être une montre, ou un bracelet, il n’aurait su dire de prime abord de quoi il s’agissait exactement. Il releva la tête, fixa l’endroit et s’arrêta dans son mouvement de recul. Un clignement de paupière fut suffisant. Un mal de tête soudain. Et puis, plus rien. Il avait toujours l’objet entre les doigts, mais il ne se souvenait plus pourquoi il était là à le tenir si serrer, ni comment il était entré. Il se souvenait des cris, un peu plus tôt. Il se souvenait de la pierre qu’il avait balancée dans la fenêtre, mais il n’avait plus conscience de ce qu’il avait fait par la suite. Comme un trou dans sa mémoire. Comme toujours. Parce que ce n’était pas la première fois et que se ne serait certainement pas la dernière à ce jour.

Il s’apprêta donc à rebrousser chemin, jusqu'à ce qu’un bruit, ou était-ce un éclat de voix, il ne savait trop, pour le confondre et le faire sursauter.

Qu'il est plaisant après une journée comme celle-là de pouvoir enfin se poser dans son canapé, au calme et bien au chaud chez lui. Billy s'était préparé un bon repas qu'il avait cuisiné l'heure avant. Un saumon fumé avec des pommes de terre et une sauce dont il n'était pas peu fier. Après son solide repas, il s'était mis à l'aise, et avait décidé de lire dans son lit avant d'aller se coucher. Quand la fatigue commença à se faire sentir, et alors que ses yeux commençaient à lui piquer. Il posa son ouvrage sur le bord de sa table de nuit, éteignit la lumière et sombra dans un profond sommeil.

Il se retourna pourtant plusieurs fois dans son lit. Billy n'arrivait d'abord pas à trouver le sommeil. De toute manière, c'était tous les jours comme celà. Comme si quelque chose dans son subconscient le travaillait malgré lui, mais celà... Billy était loin de savoir qu'en fait c'était Bilbo qui l'empêchait de dormir. Pourtant le sommeil vint l'heure suivante. Il était prêt à passer une belle et longue nuit. D'ailleurs, il était en plein rêve fantastique, et en pleine chevauché avec des gens plutôt amicaux qui lui semblait à la fois familier et totalement inconnu. Quand une créature vint à lui sauter dessus, il fut réveiller en sursaut par un bruit de fracas. Il ouvrit les yeux d'un seul coup, le coeur battant, il se redressa dans son lit. Avait il rêvé ou ce bruit était réel ? Il resta là à fixer l'obscurité un instant, les oreilles aux aguets, le souffle court.

Puis un bruit de verre se fit entendre. Son coeur se remit à battre comme un fou. Il y avait quelqu'un chez lui. Un cambrioleur. Il resta une seconde immobile avant de se lever doucement. Il chercha des yeux quelque chose pour se défendre, mais à vrai dire, il n'y avait pas grand chose. Il se sentait particulièrement vulnérable. Mais comme un instinct fou, il n'avait pas envie de laisser partir la personne sans rien dire. Il s'avança d'un pas feutré et silencieux. Il se glissa dans le petit couloir avant de jeter un oeil vers l'endroit où il avait entendu le bruit. Il arriva près du plan de travail de la cuisine ouverte sur le salon et se dépêcha d'attraper le premier truc qui semblait être une arme de défense et qui était bien la poêle dont il s'était servi pour cuisiner. D'ailleurs, vu sa dextérité approximative pour ne pas dire maladresse, il fit tomber quelques ustenciles en passant. Il eu un gros bruit de fracas de casseroles qui fit retourner l'intrus.

Mais pour ceux qui connaissent bien Billy, c'est le genre de type qui est souvent à côté de ses pompes. A-t-il remarqué qu'il avait saisi qu'une vulgaire poêle ? A l'évidence non... Il voyait l'ombre qui était là. Comme il s'était fait repérer, il lança:

" On ne bouge plus ! "

Il vit alors l'objet qu'il tenait. Pas très effrayant, pas plus que son pyjama rayé d'ailleurs. Il laissa traîner son regard et fini par lâcher l'objet pour prendre un couteau de cuisine. Et de l'autre main, le téléphone de la maison.

" Qui êtes vous ? Lâchez ce que vous avez pris et avancez vous dans la lumière pour que je vous vois. J'appelle le Shériff tout de suite si... si... si... Enfin je vais l'appeler... "

C'est alors qu'il repéra que l’intrus n'était qu'un mioche. Alors qu'il commençait à appeler Emma, il se ravisa. Ce gosse lui faisait penser à son neveu. Fred lui avait déjà fait un coup pareil, vendalisme et intrusion sur une propriété privée. On l'avait appelé pour qu'il paye sa caution. Bien que Billy aurait voulu lui donner une leçon et le laisser dans sa cellule pendant plusieurs jours, il était bien trop gentil et avait fini par vider ses économies pour le faire sortir. Il n'avait eu aucun remerciement de son oncle, comme toujours d'ailleurs. Il s'arrêta dans la composition de son numéro, fronça les sourcils et dit de manière perplexe.

" Mais t'es un gosse ? "

Le bruit retentissant du métal s’entrechoquant en chœur, des fourchettes combattant les couteaux à savoir qui avait les dents les plus tranchantes. L’adolescent avait d’abord sursauté. Puis il avait pensé à se décaler contre un mur, comme si cela pouvait lui être utile, lâchant par la même occasion l’objet un peu doré, ou argenté, qu’il serrait entre ses doigts. Doigts dont il commençait à sentir la douleur de la vitre tranchante, d’ailleurs, sur laquelle il avait mit la main en entrant. Il ne s’en était pas réellement préoccupé jusqu’à maintenant, et pour tout dire, ce n’était pas vraiment l’instant pour le faire non plus. S’il se sentait menacé? Albert s’était toujours sentit menacé, même lorsque ce n’était pas le cas. Comme une paranoïa oppressante sur son esprit. Comme s’il s’attendait toujours à ce que même un ami lui plante un poignard entre les omoplates pendant qu’il avait le dos tourné. Alors oui, il se sentit tout de même menacé, aussi minime fut la menace, d’ailleurs. En apercevant les vêtements de nuit et… la poêle, il songea au ridicule de la situation et se dit qu’il n’aurait sans doute qu’à hurler comme une bête pour tétaniser le pauvre homme. Homme qui semblait bien décider à se montrer plus courageux qu’il ne l’était peut-être en réalité. C’était du moins l’impression qu’il se faisait de lui en cet instant.

Toutefois, la menace du shérif sembla faire son effet. Il n’était plus certain de ce qu’il avait réellement fait, ses troubles de la mémoire l’étourdissant encore dans une confusion monumentale. Et s’il était bien connu chez les autorités, il ne tenait pas à se retrouver derrières les barreaux, à voir débarquer sa fausse mère en larme après ce qu’il avait fait pendant la soirée. Il imaginait peut-être ce qui arriverait ensuite. Ensuite, se serait les cris. Se serait les valises. Se serait le bon débarras. Une fois de plus. Parce qu’il n’était peut-être pas un adolescent tout à fait comme les autres. Parce qu’il n’était ni le plus sage ni le plus aimable des gamin. Parce qu’on avait de lui une vision assez pessimiste. Parce qu’on ne croyait capable que de ça, justement, se retrouver en tôle, une bonne fois pour toute. Et entrer par infraction chez quelqu’un, ça passait encore. Mais il y avait eut cette montre, dont il ne se souvenait pas et qu’il ne pourrait expliquer, qu’il semblait avoir eu l’intention de dérober, ne serait-ce qu’une fraction de seconde.

Au terme gosse, toutefois, il se braqua mentalement et physiquement, plissant le front, se donnant ce petit air mauvais de voyou de rue. De voyou indomptable. De voyou, peut-être, qu’on avait déjà essayé de casser, vainement.

—Un gosse! J’fais une tête de plus que vous.

Oui, bon. Ce n’était sans doute pas la chose la plus bruyante qu’il avait dit jusqu’à maintenant. Mais il n’y pouvait rien. Il avait toujours détesté qu’on le juge par son jeune âge. Il avait toujours été mature, à travers ses gamineries. Ses pensées lui semblaient toujours plus adultes que son visage dans le miroir. Mais il était vrai que ce type là n’était pas forcément le plus impressionnant question taille.

—L’appelez pas, ça va, je n’ai rien pris, je n’ai que… je n’ai que…

Hésitation. Qu’avait-il fait exactement, ça, ça lui semblait être un véritable mystère, bien qu’il lui suffit de tourner la tête dans la direction d’où venait le mince courant d’air, à travers la fenêtre. Ce ne fut d’ailleurs pas bien difficile de recoller les morceaux du casse-tête.

—Cassé une fenêtre.

C’était d’ailleurs la réponse qui lui sembla être la plus logique, en bon terme.

Spoiler:

Bon d'accord, il ne devait pas bien être très effrayant mais quand on connaissait le personnage original, on se disait qu'il ne valait pas mieux s'attarder sur son apparence petite et chétive. -mais bien nourrie pourtant - La situation semblait grotesque ? Et pas qu'un peu ! D'accord, lui et son pyjama à rayure du haut de ses un mètre soixante cinq et son visage d'ange ne faisait peur à personne. Mais le téléphone qu'il tenait dans les mains était peut être un moyen de persuasion.

L'inconnu qui lui faisait face était un enfant. Ou plutôt un adolescent, un peu comme le genre de son cousin qui lui avait fait voir des chandelles. Billy n'était pas du genre à mettre les gens dans de mauvaises positions. Il n'aimait pas les ennuies, mais au final, c'était souvent lui qui se retrouvait le dindon de la farce et comme si ici, il n'apprenait strictement rien de ses erreurs, il recommençait à chaque fois. Il s'exclama sur le fait que le gars qui avait fait irruption chez lui était un gosse.

L'attitude du morpion changea un peu et il commença à faire son petit caïd. Le jeune garçon s'attaqua alors à la taille de Billy, qui n'aimait guère. Son visage se renfrogna et il eut une de ses petites exclamations grinçantes qui lui étaient typique. Il se mit à râler comme il savait si bien le faire:

" Ho ca va, hein ? Et puis en attendant, c'est moi qui tient le couteau et le téléphone ! Alors si j'étais toi, je ferai pas trop le malin. "

Bon Ok, le couteau était obsolète, il n'avait qu'à passer par la fenêtre et disparaître dans la nuit. Billy souffla longuement à sa réponse et baissa les deux bras. Il posa le couteau mais garda son téléphone dans la main. Il se dirigea vers un interrupteur et alluma la pièce.

" J'ai vu ca, et j'ai entendu aussi... D'ailleurs qui est-ce que va payer ? Tes parents ? Je ne suis pas sûr qu'ils soient très contents que tu entres par effraction chez les gens. C'est quoi ton nom ? "

Tout en gardant un oeil sur l'adolescent, il se dirigea vers la fenêtre pour constater les dégâts. Il ne s'approcha pas plus pourtant, vu qu'il était à pieds nus et qu'il y avait des débris de verre partout. Billy était un maniaque dans l'âme et détestait le désordre, le gaspillage et la casse inutile. Il s'approcha ensuite du garçon et vit quelque chose à ses pieds. Serait-ce une de ses montres ? Elle n'avait pas atterri là comme celà. Il s'approcha et ramassa l'objet:

" Et ca c'est quoi ? C'est évident que cette montre a atterri à tes pieds toute seule. " Dit il en haussant les sourcils de façon ironique. " Tu es sûr que tu n'as pas voulu me voler ? "

Et contre toute attente, Billy eut un sourire en coin amusé et dit:

" La prochaine fois quand tu essayes de jouer aux apprentis cambrioleurs, essayes d'être plus discret, parce que là, il aurait fallu être mort pour ne pas entendre ton entrée fracassante. "

Il fronça les sourcils et réfléchit à ce qu'il vient de dire. Mais qu'est ce qu'il racontait ? Il donnait des cours de vol et de discrétion à ce délinquant ? Qu'est ce qu'il lui prenait ? Ce n'est pas comme si il avait déjà volé quelque chose de sa vie de toute manière. Il grimaça, secoua la tête et se reprit:

" Mais qu'est ce que je raconte moi ? Oublies ca. Je dis n'importe quoi. Le choc surement... "

Oui, c'est ca le choc ! Tu as l'air bien choqué mon brave Billy à discuter de cambriolage avec ce type. Il vit alors les mains en sang du garçon et dit:

" Tu es blessé ? "

Spoiler:

Qu’en avait-il réellement à faire de ce foutu téléphone, en réalité? Ce n’était pas le personnage type pour lui foutre la volée de sa vie. La seule chose qu’il craignait, c’était de peiner davantage encore cette femme qui avait bien daignée s’occuper de lui au cours des dernières semaines. Ce qui le dérangeait, c’était de la blesser, elle, plus que ça ne le dérangeait réellement de se retrouver dans le pétrin, une fois de plus. Ils ne se connaissaient pas, mais il ne doutait pas qu’on le retracerait plutôt rapidement… Des gamins de son âge qui défonce des fenêtres, ça ne se trouve sans doute pas à tous les coins de rues. Mais l’exclamation de l’autre n’eut comme effet sur l’adolescent qu’un air à se dire qu’il était tombé sur une bien drôle de personne s’il croyait l’impressionner avec un couteau et un téléphone. Il croisa les bras sur son torse, de cet air de désinvolture habituel chez lui qui le suivait comme son ombre, partout où il allait. Il n’eut finalement qu’un haussement des épaules discret, comme s’il s’en moquait éperdument, en fin compte, bien que ce ne soit pas entièrement le cas.

Il le suivit des yeux lorsqu’il bougea, se débarrassant de son arme temporaires et plaça, par réflexe, une main blessée devant son visage lorsque la lumière l’aveugla, d’un seul coup, trop habitué qu’il était à la noirceur des lieux. Forcément, le questionnement agacé le perça un peu vulgairement, même si le ton n’y était pas. Il ne s’était pas arrêté à se poser la question, comme toujours. Il tourna la tête vers la fenêtre et les débris qui trainaient… Et songea qu’il n’avait sans doute pas les moyens de payer ça. En fait, il en était convaincu : il ne les avait pas, c’était certain.

—Et puis quoi, dire mon nom pour que vous puissiez me retracer? Vous n’avez pas besoin d’le savoir.

Nouveau haussement des épaules. C’était vrai, non? S’il ne connaissait pas son nom, le déclarer au shérif devenait moins évident, n’est-ce pas? Albert n’était peut-être pas un génie à l’école, mais il se méfiait de tout le monde comme de potentiels ennemis, même lorsqu’ils se baladaient en pyjama rayé avec un combiné de téléphone. Mais il en vint à lui poser des questions sur la montre, sur laquelle il baissa automatiquement les yeux, en reniflant un coup comme s’il se demandait lui-même ce qu’elle faisait là. Nouveau haussement des épaules alors qu’il redressait la tête pour darder ses iris bleutés sur lui, dans une incertitude aveugle. Il détestait quand ça se produisait. Plus encore lorsque ça le mettait dans ce genre de situation où il ne savait quoi répondre.

—J’en sais foutrement rien. Un fantôme l’aura fait voler à mes pieds.

Le pire, son ton avait l’air si sérieux qu’on pourrait sans doute croire qu’il ne plaisantait ni ne se montrait ironique sur sa réponse. Il n’était décidément pas d’humeur la plus agréable qui soit. Mais il ne se révélait pas non plus le plus détestable dans adolescents, même s’il n’était sans doute pas le plus sage que ce type ait rencontré.

—Peut-être bien que je n’ai pas essayé de jouer les apprentis, qui sait?
Bon. Albert n’était pas un voleur, première chose à savoir. Ou si peut. Il avait bien déjà dérobé quelques trucs, mais qui ne l’avait pas fait en tant qu’enfant? Albert avait plutôt tendance à admirer tous ces objets de valeurs. S’il les prenait entre ses mains, il n’avait pas tendance à partir avec comme un banal voyou. Mais il devait avouer que là, c’était plutôt suspect.

—Non, je me suis mis de la peinture sur les mains, qu’est-ce vous croyez?

Bon. Décidément, il ne se montrait pas très enclin à la sagesse des mots. Mais aussitôt avait-il parlé qu’il avait caché ses mains dans ses manches, par nervosité, sans doute, d’attirer trop l’attention sur ses blessures.

Les jeunes et cette attitude rebelle ? Billy ne put s'empêcher de soupirer d'exaspération quand le garçon vint à répliquer alors que notre brave Billy ne demandait que son nom. L'homme n'était pas vicieux à ce point, au contraire, il était de la trempe des gentils et naïfs, qui ne cherchait jamais à faire du mal à autrui. Mais comment ce garçon pouvait il le savoir de toute manière. Billy finit par lui répondre simplement.

" Je veux juste savoir le nom de la personne qui se trouve dans mon salon, c'est tout. Après le prénom me suffit, sinon si tu le souhaites, je peux continuer à t’appeler Le Gosse mais j'ai l'impression que tu n'aimes pas trop, non ? Et puis, tu sais la ville n'est pas grande, si je veux te retracer, je n'ai qu'à demander à ma voisine, Emma, pour trouver tes coordonnés. Alors s'il te plait, arrête de jouer ton petit Caïd. Moi, je m'appelle Billy. "

On sentait qu'il était légèrement agacé, sans non plus être en colère, mais il en avait déjà bien assez avec Fred. Pour preuve de sa bonne volonté, il finit par poser le téléphone sur le comptoir. Ensuite s’enchaîna le fait qu'il semblait lui avoir menti sur le potentiel vol qu'il voulait commettre. Billy haussa les sourcils en le regardant quand il vint à faire de l'esprit. Il laissa planer un silence, et il répondit en faisant un de ses fameux sourires forcés et ironiques tout en répondant à l'adolescent.

" Oui, et il s'appelle Casper celui-là, je suppose ou alors Tu-m'prends-pour-un-abruti ? Ou alors les deux à la fois, prénom et nom de famille... "

Il secoua la tête une nouvelle fois. Il était d'humeur sarcastique maintenant, mais après avoir été réveillé en pleine nuit, celà pouvait le rendre un peu grognon sur le fait. Quand il continua, il fit en gros sous-entendu, comme si ce n'était pas la première fois qu'il faisait ce genre de chose.

" Ouais, c'est sûr que balancer un gros caillou dans une vitre, c'est très discret, surtout quand on ne veut pas réveiller les gens... "

Puis il remarqua ses plaies qu'il essayait de cacher. Billy grogna légèrement face à l'ironie du garçon et s'avança vers lui, tout en secouant la tête.

" Arrête tes conneries veux-tu ? Montre-moi, j'ai pas l'intention de couper les mains au roi des ptits voleurs. Sauf si ca s'infecte, ca peut tourner à l'amputation, mais je suppose que tu y tiens à tes ptites mimines... Alors il faut soigner ca, va au moins te passer les mains sous l'eau à l'évier là bas et si tu le souhaites, j'ai même des pansements. "

Il l'attrapa par le bras pour l'y emmener, mais ce n'était pas un geste agressif. A savoir aussi, quand Billy se mettait dans cet état là, il n'était pas bien méchant.

Albert ne pouvait deviner les intentions des gens. On lui avait après tout voulu du tord trop souvent en de trop nombreuses occasions qu’il s’était transformé en espèce de petite créature sauvage qui se méfie d’un peu tout le monde. Qu’on soit sympa ou non avec lui, d’ailleurs, se montrer parfaitement confiant, ça n’arrivait jamais vraiment. Même s’il ne le disait pas, c’était un braquage émotif qui avait lui ans sa conscience. L’adolescent n’était pas mauvais en soi, mais il avait l’impression de ne pas très bien savoir quoi faire d’autre de sa peau que bêtises par-dessus bêtises. C’était de se sentir aussi futile qu’un tas de caca sur le trottoir dans lequel on aurait marché. Un tas de caca desséché qu’on ne prenait pas la peine de ramasser.

Il aurait sans doute rit, normalement, à l’ironie de la situation. Il aurait rit du commentaire comme on riait d’une bonne blague, mais il n’en ressentait ni l’envie ni le besoin, ne percevant pas réellement la plaisanterie comme tel. C’était plutôt de se foutre de sa gueule, et il n’y cédait pas en criant, gueulant, hurlant à plein poumons comme il aurait eu tendance à le faire en temps normal. Parce qu’il ne faisait que ça, hurlé toute cette rage qu’il contenait, même s’il ne la comprenait pas très bien lui-même parfois. L’adolescent laissa donc le petit homme déballer sa frustration sans qu’il ne dise ni ne face quoi que ce soit, ce qui était un petit miracle en soit. Peut-être parce qu’il ne savait plus lui-même ce qu’il avait fait. Peut-être parce qu’il s’avouait, dans ce silence, son propre tort.

Mais il s’apprêta à répliquer sèchement quand il lui remit sur le dos cette histoire avec ses mains, avec ce soi-disant vol qu’il n’avait finalement jamais commis, mais se ravisa rapidement, ou plutôt s’étrangla-t-il en le sentant plus qu’en le voyant le saisir par le bras. Il s’était crispé un peu violemment et se dégagea aussi vivement que ça lui semblait nécessaire. Non pas qu’il avait craint en soit qu’il lui en doute une, bien que ce ne serait sans doute pas la première fois, mais il détestait être pris ainsi au dépourvu. Il le ixa un moment comme s’il s’attendait à le voir bondir sur lui et s’empourpra, d’un seul coup, de malaise. Ce n’était rien, en fait. Il agissait comme personne n’agissait avec lui : un brin d’impatience, d’agacement, et de préoccupation.

—Pas besoin de me trainer comme un animal de compagnie, non plus! lâcha-t-il un peu rapidement, un peu sec sans doute, mais dont le malaise traversait en pique serré sa voix maladroite.

Il alla tout de même se passer de l’eau sur les mains en sentant que s’il n’y faisait rien, que l’autre allait l’y forcer davantage encore. Et puis quoi? C’était quoi cette préoccupation? Il venait de lui fracasser une fenêtre… Et ça ne le mettait pas en rage plus que ça?

—Je suis désolé. Je réparerai la fenêtre. Mais… je ne sais plus pour la montre. Je ne sais plus davantage pour la fenêtre, d’ailleurs. Je suis désolé.

Minable? Si quelqu’un s’était excusé comme il venait de le faire, il se serait forcément foutu de sa gueule. Mais il lui semblait que c’était tout ce qu’il pouvait faire. Il n’en voulait pas forcément à Billy, d’ailleurs.

Ha ces jeunes ! A peine Billy l'avait touché qu'il prenait ce geste comme une agression alors qu'il essayait juste de l'aider. Il le regarda en haussant les sourcils et en croisant les bras. Malgré ses petits airs rebelles, le garçon vint à se passer les mains sous l'eau quand même. Ce petit n'était pas méchant et il a bien vu le malaise de son geste, mais Billy n'était pas du genre à bousculer les autres. Surtout pas un pauvre mioche.

Le môme tenta de répondre et Billy ne répondit pas. Il le regarda s'essuyer les mains et lui donna des pansements si il avait besoin. " Je peux toujours t'aider à te soigner si tu veux, mais j'ai l'impression que tu n'aimes pas qu'on te touche. C'est vrai que tu ne me connais pas en même temps... "

Et contre toute attente, il se mit à s'excuser pour les dégâts. La vitre. Les débris et tout le reste. Billy était maniaque mais il n'y avait pas mort d'hommes. Le gamin lui avoua alors quelque chose d'étrange et Billy sentit bien qu'il était sincère. Somnambule ? Peut être. Il l'observa un moment les bras croisées avant de lancer aussi de manière incongrue:

" Tu veux quelque chose à boire ? A manger ? Assieds toi. Mais après il va falloir que tu rentres chez toi, tes parents vont se faire du soucis. "

Il dit celà tout en sortant un reste de tarte qu'il avait préparé la veille. Il le mit devant le nez du garçon dans un sourire amical. Il remplit une bouilloire et la mit à chauffer. Il attrapa alors son peignoir qui trainait là et se l'enfila tout en continuant " Il n'y a pas mort d'hommes, on verra ca demain matin. J'aimerais juste que tu m'aides à mettre des sacs poubelles là dessus pour ce soir, car les nuits sont fraîches. "

Il s'assit et regarda un instant le garçon d'un air perplexe. " Tu es somnambule ? C'est ca que tu veux me dire ? " Puis il attrapa un paquet de cigarettes qui se trouvaient là et s'en alluma une. Il devait faire attention, il le savait mais au diable ! C'était tellement bon, surtout quand on sortait de situations de la sorte. Il ne savait pas trop si le garçon fumait et si la fumée l'incommodait. Après avoir tiré une fois, il lui demanda " Si la fumée t’incommode dis le moi. " Il tendit quand même son paquet dans un sourire, car il se doutait bien qu'un garçon comme lui n'était pas du genre à ne pas fumer ni boire.