you were a way of killing time ▬ Belle

Introduction

Époque du sujet : actuelle
Date du sujet : je sais pas, avant que les haricots soient plantés.
Ordre de passage des participants : rhett - belle

Le soleil se couchait. La chaleur de l’été se dissipait lentement de l’air, mais nul doute que l’air resterait encore chaud, malgré le courant marin qui berçait Storybrooke. Rhett avait laissé ses serpents courir dans l’appartement qu’il avait gagné durant cette malédiction, ne trouvant même plus nécessaire de les remettre dans leurs terrariums. Il avait enlevé les lampes chauffantes pour les placer à même le sol, pour éviter que ses bébés à écailles n’aient le sang plus froid que ce qu’il ne l’était déjà. Il avait longtemps erré, quand il avait appris que Modestie s’était faite happée par le chapeau magique de Jefferson. Presque trois heures. Ce qui ne lui ressemblait pas, puisque normalement Rhett prenait des décisions sans se soucier des actes nécessaires. Il agissait à l’instinct noir que lui dictait la conscience torve qui l’habitait. Quand il était question de sa sœur, l’assassin était toujours plus prudent. Il songea qu’il avait été chanceux de ne pas la tuer quand il se croyait être un simple jardinier. Comme quoi, il avait beau y avoir une malédiction sur eux, il lui restait toujours impossible de tuer sa femme. Puis, elle était revenue, aussi torturée qu'il l'avait laissée avant qu'ils ne soient pris pas le sort. Il lui restait encore beaucoup de chose à régler. Et si la folie naissante de Modestie pouvait être traitée plus tard, il lui restait toujours son enfant à retrouver. Et maintenant, il était temps qu’il le récupère.

Il avait d’abord cherché par ses propres moyens une solution, qui lui aurait permis de retourner dans le monde des contes – rien ne le retenait à Storybrooke, ni personne. Mais il avait été âpre à constater qu’il ne disposait d’aucun moyen et que, même ne faisant jouer ses connaissances qui avaient été prises par le sort de la reine, Rhett piétinait. Ce qui faisait qu’il était d’une humeur particulièrement maussade, ce qui était visible par le plissement constant de son front, ainsi que sa tendance montrer glacial envers tous ceux qui l’approchaient – ah non, ça c’est normal. Rhett ne faisait que réfléchir pour trouver une solution, jusqu’à ce que celle-ci s’impose d’elle-même. Gold. Il irait voir ce nain et lui arracherait ces faveurs que lui devait le crocodile depuis bien des années. Il s’était donc dirigé jusque la maison reculée du sorcier, faisant peu cas d’être repéré. Il s’était équipé du strict minimum, à savoir une lame ainsi que quelques doses de poison. Ce monde avait beau lui procurer une quantité non négligeable de nouveaux moyens de destruction, la science qu’il avait acquis dans le monde des contes n’avait pas d’équivalent ici. C’était toujours plus agréable de faire souffrir ses proies que de les tuer d’une simple balle dans la tête. Personne ne méritait ce luxe, pas aux yeux de Rhett.

Il resta un temps à l’extérieur, appuyé contre un arbre, à observer la demeure, étudiant brièvement les sorties probables, ajoutant les détails de sa mémoire, qu’il avait gagné, alors qu’il était supposé être le jardinier de Gold. Il s’était décidé à pénétrer par la porte arrière, enlevant facilement le verrou. Il reconnut immédiatement l’odeur de l’antiquaire qui planait dans l’air, à force d’avoir occupé ces lieux pendant plus de vingt ans. Un autre parfum flottait dans l’air, qui était vaguement familier à la part de Hunting. Il s’interrogea, avant de suivre la piste, pour arriver dans le salon. Il s’était déplacé à pas de loups et le reptile qu’il était observa de longues secondes le dos de la jeune femme, se demandant s’il serait judicieux de la tuer ou non. Il effleura le manche de son arme blanche avant de se raviser, jugeant qu’il n’était pas judicieux de s’attirer les foudres du Ténébreux. « Est-ce que Rumplestiltskin est là ? » Il se moqua qu’il la fasse sursauter. Il avait besoin d’informations et à en juger par la présence de la jeune femme, elle devait bien savoir quelque chose, puisqu’elle était dans la maison du maitre. Rhett se déplaça, marquant bien le bruit de ses pas, dépassant la place où était assise la brune. A présent qu’il la voyait de face, il n’eut pas de mal à la reconnaitre, même s’il ne fit aucun commentaire. Ses yeux froids glissèrent sur la lecture qui occupait la jeune femme avant son intrusion, puis remontèrent immédiatement sur celle qui avait été, autrefois, sa captive.

La vie à Storybrooke ressemblait d’avantage à un roman dont on ne peut deviner si la fin sera heureuse ou non. C’était différent des contes de fée qu’elle avait pu lire à la librairie où les fins heureuses étaient tout simplement prévisibles, et fortement semblables. Elle avait même pu prévoir la fin de sa propre histoire qui, étrangement et malheureusement, n’était pas vraiment identique à ce qu’elle avait réellement vécu. Elle ne s’en plaignait pas, car malgré tout, elle était plutôt satisfaite de sa vie. Elle était née princesse, avait grandie auprès d’un père aimant et avait vu son peuple vivre dans la joie. Elle avait rencontré le Ténébreux et était tombée amoureuse, enfin. Seulement, la reine avait réussit son coup avec cette malédiction. Belle avait été enfermée pendant près de 29 années avant de retrouver Mr. Gold. Et quand elle retrouva la mémoire sur sa véritable identité, Rumplestiltskin trahi sa confiance, ce qui au final lui valu une visite dans leur ancien monde. La forêt enchantée avait fort changé. Les ogres régnaient de nouveau, la forêt ne ressemblait plus du tout à ce qu’elle était avant et à peine venait-elle de retrouver Mulan qu’elle apprit la mort de Phillip. Bonjour le conte de fée !

Néanmoins, elle n’était pas malheureuse. Ses deux longues semaines passées dans la forêt enchantée lui avait donné le temps de réfléchir. Elle s’était reproché la mort de Phillip, bien que ce ne fût pas sa faute, en se disant qu’elle n’aurait pas dû laisser Gold ramener la magie dans leur nouveau monde. À son retour, elle s’était promis d’aider son amoureux à se battre contre le monstre que la magie le faisait devenir. Elle n’avait pas envie d’abandonner l’espoir de pouvoir être avec lui, car depuis le tout début de leur relation, tout ce qu’il y avait entre, c’était la magie. Elle en avait assez d’avoir l’impression de devoir se battre pour passer avant elle, surtout que le fils de Rumplestiltskin était maintenant à Storybrooke. Mais tous n’était pas noir. Malgré ses craintes pour la forêt enchantée et son insécurité face à sa relation avec Gold, elle se disait avoir de la chance. Elle menait tout de même une vie paisible, non ?

Belle se réveilla seule ce matin. Ne trouvant Rumplestiltskin nulle part dans le manoir, elle avait prit son petit déjeuner seule et était partie à pied à la librairie qu’elle tenait désormais. Après sa journée bien calme, elle verrouilla la porte de la librairie puis se dirigea vers un chariot sur lequel trainaient plusieurs livres. Elle aurait pu les ranger le lendemain matin, mais elle avait préféré le faire maintenant pour ainsi pouvoir passer un peu plus de temps près de son bien aimé au réveil. Après un long moment à ranger des livres, en ouvrant certains à l’occasion pour les classer dans sa liste de lecture potentielle, elle partie finalement de la bibliothèque et rentra à pied au manoir, livre à la main, s’attendant à ce que Rumplestiltskin soit rentré. À sa plus grande déception, Belle constata sa solitude, une fois de plus. Afin de ne pas s’inquiéter sur les agissements ou la position de son amoureux, elle décida d’aller s’installer au salon afin de lire quelques chapitres de son nouveau livre. Elle irait préparer le diner plus tard.

Perdue dans sa lecture, elle ne vit pas le temps défiler. L’heure du diner arriva plus rapidement qu’elle ne remarqua et son protecteur n’était toujours pas rentré. C’était d’ailleurs dommage, puisqu’elle n’entendit pas entrer celui dont le visage avait torturé son esprit avant la fin de la malédiction. Quand elle l’entendit parler, elle sursauta en refermant son livre. L’information traversa rapidement son esprit : elle reconnaissait sa voix. Restant donc assise dans son fauteuil, elle figea, le regardant passer pour se mettre devant elle. Incapable de dire si son cœur battait rapidement ou avait cessé de battre complètement, elle se sentit devenir pâle, comme si toutes ses craintes revenaient. Que faisait-il là ? Pourquoi voulait-il savoir si le Ténébreux était là ? Était-il là pour elle ?

Du calme. Elle devait rester calme et reprendre le contrôle sur sa peur qui, malgré le fait qu’elle avait retrouvé la mémoire suite à la rupture de la malédiction, semblait toujours être aussi présente en son cœur. Se levant donc doucement, elle répondit à sa question. « Il devrait rentrer bientôt. » Elle ne voulait pas lui demander ce qu’il voulait, pensant le savoir. Elle ne pouvait pas lui mentir non plus en disant que le maître des lieux était là, car ce mensonge lui reviendrait sans doute au nez. Elle devait donc sortir, se sauver, trouver un moyen de se défendre. Dans le couloir, près de la porte d’entrée, il y avait une arme dans le tiroir du petit meuble que Rumple avait laissé là au cas où elle aurait à se défendre. Belle devait donc trouver un moyen de s’y rendre, mais sa capacité de réfléchir s’arrêtait là. Tout ce qu’elle pu faire fut de lancer son livre sur Hunting – car elle ignorait qui il était avant le sort noir. Lorsqu’elle vint pour se sauver, Hunting réussit à lui attraper un bras pour la retenir. Tentant de se défaire de son emprise, elle fronça les sourcils en le regardant. « Que veux-tu ? Mais lâche-moi ! »

Rhett l’observa placidement, le regard vide de toute considération humaine. Belle, il se souvenait d’elle, ainsi que du sort qu’il lui avait fait subir. Il se demanda si tout ceci avait vraiment eu lieu. Certes, il avait cherché à la rattraper et la ramener à la chambre qui lui servait de prison – et il aurait réussi, si la malédiction n’était pas tombée. Quant au reste, qu’est-ce qui prouvait que ça ne s’était pas passé ? L’interrogation ne l’intéressait pas, tout comme la présence du rat de bibliothèque. Rhett n’obéissait plus à la reine, ce qui jouait fortement en la faveur de Belle, qui n’avait rien à craindre du tueur, bien que sa présence laisse toujours quelques frissons indésirables. Il la détailla, froid, distant, notant le sang qui quittait les joues de la jeune femme, le léger tremblement. Avec un peu de chance, elle ne tenterait rien de stupide. Il l’observa se lever, lui ne bougea pas, restant droit, une attitude presque nonchalante, si l’on oubliait qu’il s’était introduit dans une maison qui n’était pas la sienne et que ses intentions n’avaient rien de pacifiques. Il croisa les bras quand Belle lui confirma l’absence du maitre de maison et Rhett haussa même un sourcil dubitatif. Espérait-elle vraiment qu’il s’en aille en recevant si peu de réponse ? Il avait besoin de détails, de précision. Bientôt, était-ce des minutes, des heures ? Que valait la notion de temps pour des êtres emprisonnés dans une boucle qui s’était répétée sans cesse pendant presque trente ans ?

Mais il n’allait pas la forcer à parler, juste son silence accueilli la courte parole de Belle. Il attendait qu’elle se livre un peu plus. Il ne vit pas le livre venir jusqu’à lui, ou plutôt voler, dans le but de le blesser, ou de le distraire. Rhett ne connaissait pas le but d’un tel geste, mais quel qu’il fut, fut vainc, car au même moment où la tranche du livre lui heurtait le front, il attrapa Belle par le coude, l’attirant jusqu’à lui et l’empêcha de fuir. Une pointe de colère par le geste fou de la bouquiniste – ainsi qu’un peu d’amusement d’un geste aussi stupide – fit qu’il sera plus que nécessaire la peau de Belle, se souciant peu de la douleur qu’il pouvait lui provoquer. Une question monta dans l’air, ainsi qu’un ordre, qu’il n’écouta pas. La lâcher ? Quelle bonne blague. Il n’était pas ici pour une visite de courtoisie et ce n’était pas lui qui avait commencé les hostilités. Rhett ne chercha pas son arme dans son dos, jugeant que Belle était une menace dont il pouvait se débarrasser très facilement. Il marcha sur le livre qui avait servi de moyen de défense sommaire et il tira sur le bras de Belle, pour qu’elle le regarde et qu’elle comprenne que toute résistance était futile. « Je dois voir Rumpelstiltskin. » Le nom de l’être à écaille roula sur la langue du serpent, qui cracha presque le nom du Ténébreux. « Et je ne quitterai pas cette maison jusqu’à son retour. » Voilà ce qu’il voulait, la présence de l’ancien boiteux. Ah, que cela lui manquait l’époque où il suffisait d’appeler par trois fois le nain pour que ce dernier apparaisse dans une entrée ridicule.

Belle n’avait pas besoin d’en savoir plus, car Rhett n’avait nullement l’intention de s’étendre en explications envers une sotte pareille. Il la détailla encore de longue seconde, son souffle calme détaillant de la tranquillité du chasseur en présence d’une situation qui n’avait rien d’anodine. Rhett avait fait bien pire dans le monde des contes. Rendre visite à l’écailleux n’avait rien d’inquiétant pour lui, même s’il se mettrait surement le Tracassin à dos pour avoir ‘lever la main’ sur Belle. Son ton autoritaire, sombre, résonna dans la pièce. « Donc je te conseille de l’appeler, s’il daigne avoir un portable avec lui. » Si non, eh bien, la brune devrait se farcir la présence d’un indésirable… Rhett lui fit signe de se calmer de sa main libre, avant qu’il ne la lâche, une fois assuré qu’elle ne ferait rien de stupide dans l’immédiat. Sa gestuelle était quelque peu différente de l’époque où il portait le nom de Hunting, il ne cherchait pas la violence inutile envers Belle, juste celle qu’il estimait nécessaire pour qu’il arrive à ses fins. Puis, ce n’était pas de sa faute si Belle se montrait récalcitrante…

La poigne s’étant fait plus serrée sur son bras, Belle devina que son geste l’avait quelque peu fâché. Malheureusement, bien qu’elle lui ait demandé, ou plutôt ordonné, de la lâché, celui-ci n’en fit rien. Sans doute allait-elle ressentir la douleur de sa poigne tout le reste de la soirée. Ce serpent avait finalement trouvé un moyen de revenir pour l’obliger à se rappeler de lui. Ou du moins, c’était ce qui lui semblait dans la seconde, car désormais, la belle savait que son ennemi était là pour voir Rumplestiltskin. La raison était évidente. Il avait un marché à lui proposer, de l’aide à lui demander. Il n’était sans doute pas là pour le vaincre, car maintenant que la magie était de retour dans la vie du Ténébreux, il était impossible de le tuer, ou presque. Belle savait qu’il y avait un seul moyen, mais elle ne savait pas de quoi il s’agissait, et mieux valait qu’elle ne le sache pas. Étant une proie plus facile à atteindre que Rumplestiltskin, elle était à risque de le dévoiler sans même le vouloir. Avec la magie, qui sait ce qui pouvait arriver ?

De son côté, Belle était tout aussi fâchée qu’Hunting. Seulement, était-ce à son avantage de le démontrer ? Le visiteur était un assassin, un homme sombre au sombre dessein. À côté de lui, la fille du fleuriste donnait l’impression d’être en porcelaine, toute fragile et si vite brisée. Restant donc calme, elle l'écoute attentivement. « Je dois voir Rumpelstiltskin. » Bien sûr qu’il voulait le voir. Comme il ne l’avait pas encore tuée, Belle pouvait deviné que c’était bel et bien le Ténébreux qu’il souhaitait rencontrer, et non sa petite amie. Néanmoins, Belle n’avait pas trop envie de le laisser le rencontrer. Le marché qu’il avait sans doute en tête devait impliquer la magie, et c’était un aspect qu’elle n’appréciait pas vraiment, car elle prenait trop de place. Belle se sentait légèrement à l’écart lorsque charmements et charmognes étaient dans l’air. Mais en quoi était-ce important pour le moment ? Ne devrait-elle peut-être pas penser à rester en vie ? De toute façon, qu’elle apprécie la magie ou non, Hunting n’allait pas quitter tant qu’il n’aurait pas vu le prêteur sur gage.

Intimidée, l’ex-fiancée de Gaston tenta d’éviter le regard de son assaillant. Mais lorsqu’il reprit la parole pour lui conseiller d’appeler son amoureux, elle leva les yeux pour le regarder. Posant les yeux sur son bras, elle n’avait pas l’intention d’appeler Rumple tant qu’il la tiendrait. Il ne comprit sans doute pas ce fait cependant. Ou bien s’en moquait-il totalement. S’il la lâcha, ce fut sans doute dans son propre intérêt. Car s’il levait la main sur elle, il était évident que le Dark one n’allait pas vouloir l’aider. Légèrement satisfaite, elle se contenta de rester calme sans montrer le moindre signe de satisfaction. Puis lorsqu’il la lâcha, elle se pencha pour ramasser son livre, le poser sur la petite table et alla prendre le téléphone. Ayant encore un peu de difficulté avec cette technologie, elle se surprit à composer la suite de chiffre que constituaient le numéro de téléphone de son amoureux. Ensuite, elle posa le combiné sur son oreille et attendit, espérant qu’il réponde. Malheureusement, la seule réponse qu’elle tomba sur ce que les gens appelaient communément une ‘boîte vocale’. Fronçant les sourcils en regardant sa montre, elle se demandait où il pouvait bien être et pourquoi il ne rentrait toujours pas. Après le bip sonore, elle prit la parole pour laisser un message à Rumple. « Rumple, c’est moi. J’ignore où tu es, mais j’aimerais que tu rentres à la maison le plus rapidement possible, ou rappelles-moi. Je… Tu as un invité à la maison. Hun…ting t’attend… Bref, à bientôt. Je t’aime. »

Raccrochant, Belle posa son regard sur l’ancien acolyte de Regina, gardant le téléphone dans ses mains, comme pour s’y accrocher en espérant que la bête rappellerait. En affirmant qu'il était là au téléphone, elle avait réalisé qu'elle ne connaissait pas son véritable nom. Mais avait-elle envie de le lui demander ? Peut-être plus tard...

La présence d’Hunting était dérageante et indésirable, certes, mais s’il devait rester là, elle n’avait pas envie de tout simplement attendre dans le silence. Elle avait envie d’un thé pour se détendre. C’est donc sans demander la permission que Belle détourna son regard et se mit à marcher pour sortir de la pièce, sans presse.

Spoiler:

Il y avait des signes qui ne trompaient pas, des réactions corporelles, que même si l’on essayait de les cacher, finissaient par trahir le fond de la pensée des gens. Rhett, au fil des années, était devenu très observateurs des détails, de la dilatation des pupilles, des gestes nerveux, du ton que prenait une voix. Même avec cette capacité, ce n’était pas bien difficile pour le tueur de deviner ce que ressentait Belle, jeune créature prise dans les filets de l’araignée qu’il pouvait être. La pauvre, elle qui pensait que tout ceci, tous ces petits jeux d’intimidations seraient terminés, une fois la malédiction levée, elle devait être bien déçue – et bien terrorisée. Certes, ici, Rhett ne le faisait pas gratuitement, ni pour la beauté du geste, en considérant que ses notions esthétiques étaient largement écartée de ce que pensait le commun des mortels. Mais cela ne voulait pas dire que pour autant, il n’en tirait pas une certaine satisfaction. Oui, elle était minime, l’amusement qu’il avait à terrorisé une jeune demoiselle comme Belle. Mais c’était ainsi, c’était le bois dans lequel il était fait. Même si ce n’était pas aussi distrayant que de torturer quelqu’un, il y avait toujours ce petit plaisir sadique qui se baladait dans les veines de l’assassin.

Heureusement pour Belle, Rhett n’avait nullement l’intention de lui faire quoique ce soit d’autre. Il avait besoin de Rumplestiltskin et c’était tout. La mission que lui avait confiée la reine pendant qu’ils étaient sous l’illusion n’avait plus d’importance, car il n’était l’esclave de personne et qu’il choisissait lui-même quoi faire. Ce n’était pas tout à fait le cas de la compagne du Ténébreux, qui se retrouva bien obligée de se plier à la demande de Rhett. Il l’observa se rendre jusqu’au téléphone et il attendit presque sagement, s’asseyant sur la table. Il fronça les sourcils en reconnaissant qu’elle tomba sur la messagerie. Il joua avec la paume de sa main, réfléchissant déjà à ce qu’il allait faire. Rhett n’avait pas envie de poireauter ici toute la journée, le temps que Tracassin se décide à se montrer. D’un autre côté, depuis que ce dernier avait retrouvé ses pouvoirs, Rhett ne pouvait pas se permettre de commettre la moindre erreur. Et être entré sans autorisation pourrait déjà être un élément à retenir contre lui. Si Gold lui devait bien un service ou deux, rien n’était dit qu’il soit d’humeur à se plier aux demandes de l’enfant noir. Rien n’était dit qu’il y arrive…

« C’est Rhett. » Ça, ça ne lui avait pas échappé. Même si le personnage de Hunting plaisait fortement à Rhett, il n’était pas qu’un pauvre outil entre les mains du maire. Rhett était pire que le jardinier, bien pire depuis qu’il avait perfectionné ses connaissances grâce à tout le danger que représentait sa précédente personnalité. D’ailleurs, il devrait mettre tout ceci en pratique un jour ou l’autre. Son regard froid se posa sur le dos de Belle, qui se rendait il-ne-savait-où, brillant d’une lueur dangereuse. S’intéresser à Belle pourrait être un moyen de tuer le temps, car, au final, Rhett ne savait toujours pas quand arriverait Rumplestiltskin et il avait décidé qu’il resterait jusqu’à ce que l’homme à écaille de montre, que ça lui prenne toute la journée ou plus encore. Rhett possédait pas mal de patience, même si tuer le temps en tuant quelqu’un était toujours plus intéressant… Il se redressa, suivant tout de même Belle jusque la cuisine. Non, il n’allait pas la tuer, ce serait signer son arrêt de mort. Mais rien ne l’empêchait de s’occuper, sans nécessairement devoir torturer quelqu’un. Rhett, aussi surprenant que cela soit-il, avait appris à converser avec les gens. D’ailleurs, il pouvait même se confondre avec un homme de bonne appartenance. La seule personne qu’il n’avait jamais réussi à tromper fut Modestie…

Rhett parut pensif un moment et fit craquer sa nuque pour se rappeler à la réalité. Il s’appuya sur le chambranle de la porte de la cuisine, observant les moindres gestes de Belle. Ce n’était pas comme si elle représentait une quelconque menace, mais la méfiance était toujours un bon allié, quand bien même Rhett paraissait incroyablement détendu. « Si j’ai bien compris, Regina te gardait juste pour avoir un avantage sur Rumplestiltskin. Et ça remontait bien avant qu’elle ne lance la malédiction… Est-ce que ça veut dire que l’écaille sur pattes ne tenait pas tant que ça à toi ? Après tout, il te laisse ici sans défense… et tu es aussi tombée dans le chapeau de Jefferson… Cela fait beaucoup d’erreurs de sa part. » Oui, il avait dit qu’il serait sage, mais il ne comptait pas la torture psychologique (ou tout simplement l’intérêt intellectuel) comme étant une mauvaise chose.

Il y avait de ces parasites dont on ne pouvait se débarrasser. Hunting était l’un de ces parasites en question. Là au mauvais moment, effrayant, Belle aurait préféré pouvoir l’éviter comme la peste. Cependant, la peste était venue la rejoindre chez elle. La bouilloire sur le feu, Belle continua de tourner le dos à la porte de la cuisine afin de ne pas regarder son ennemi arriver. Fronçant les sourcils, elle s’inquiéta sur la situation de Rumplestiltskin. Le fait qu’il ne soit pas rentré n’était pas normal. Soit il avait des ennuis, soit il était en train de faire une bêtise. Rien que d’y penser, la libraire sentit un frisson la parcourir. Ni l’une ni l’autre des possibilités ne la rassurait. Nerveuse, elle sortit une tasse quand l’assassin fit son apparition dans la pièce.

Sur le coup, le silence. Il était là pour la surveiller et elle ne se retourna pas. Sortant le thé et la théière, elle commença à préparer la boisson en attendant que l’eau soit chaude. Puis elle l’entendit enfin. Ce serpent sifflait finalement, dans le seul but de parler en mal du Ténébreux. Bien sûr qu’il parlait en mal de lui. Qui dans cette ville oserait parler en bien de cet homme. Sans doute que ‘Rhett’ n’avait pas pensé au fait que Belle était désormais immunisée contre ces sombres pensées à ce sujet. Cependant, la torture psychologique, elle n’y était pas prête. Elle l’avait subit avant, quand Regina la retenait prisonnière. Attendre le moment propice à mourir en sachant que nous ne sommes qu’un objet servant à briser quelqu’un, c’est le pire destin que l’on peut avoir. Plus jamais Belle n’allait se retrouver dans cette situation.

Son cœur battait à un rythme irrégulier et elle se sentait bouillir de rage à l’intérieur. Certes, la grande majorité de sa rage était concentrée sur Rhett, mais une infime partie reposait sur Rumplestiltskin également. Elle savait bien que ce n’était pas du tout de sa faute ce qui s’était passé auparavant. Ce n’était d’ailleurs pas sa faute non plus si elle se retrouvait seule. Elle aurait très bien pu aller le rejoindre au travail. Un combat s’engagea dans la tête de Belle qui ne voulait pas du tout se laisser laver le cerveau de la sorte. Son amour pour la bête était bien plus fort que cela et ne valait absolument pas qu’on le salisse avec des mots. Les yeux désormais fermés, elle baissa la tête, les mains appuyées sur le plan de travail. Après quelques secondes pour se calmer, elle prit une grande respiration, se retourna et croisa les bras.

« Rumplestiltskin n’a rien d’un monstre, tu sais. S’il n’est pas venu m’aider lorsque Regina me retenait prisonnière, c’est simplement parce qu’il croyait que j’étais morte. Je ne doute pas une seule seconde qu’il aurait risqué sa vie pour venir me sauver s’il avait su. »

Elle poussa un soupir, détournant les yeux. Elle se décourageait elle-même. À quoi bon se fondre dans des excuses de cette façon alors que notre interlocuteur était aussi froid qu’une pierre ?

« Aussi, si je suis tombée dans le chapeau de Jefferson, ce n’est certainement pas sa faute. J’aurais pu éviter les problèmes en ne me rendant pas sur place. Puis de toute façon, je ne regrette pas une seule seconde d’y être allée, alors je ne vois pas en quoi c’est un problème. »

Elle évita de trouver une explication sur le fait qu’elle soit ici seule. Elle ne préférait pas s’avancer sur une explication, n’en ayant aucune de toute façon. De toute façon, il allait sans doute s’en servir contre elle pour la manipuler mentalement.

La bouilloire se mit à siffler alors, interrompant cette conversation juste au bon moment. « Du thé ? » Bien qu’elle n’ait nullement envie de prendre le thé avec lui, elle demeurait polie. Les vieilles habitudes ne peuvent être changées.

Rhett appréciait tout particulièrement cette ambiance tendue, à laquelle il ne faisait rien pour l’entretenir. Quand sa présence, seule, suffisait à inquiéter l’individu qu’il avait en face de lui, le tueur ne pouvait s’empêcher de ressentir cette légère satisfaction malsaine qui lui allait si bien. Belle, si elle avait un peu de jugeote, devrait savoir qu’elle ne représentait aucun intérêt pour l’ancien jardinier. Ou alors, justement, c’était cette jugeote qui lui disait de rester sur ses gardes. Si Rhett n’obtenait pas ce qu’il cherchait, il était possible qu’il se serve de la princesse. C’était la première fois que le Ténébreux avait une faiblesse, et il serait très idiot de la part du meurtrier de ne pas en profiter si les éléments jouaient en sa défaveur. En attendant, il fallait quand même que Rumplestiltskin soit présent. Ainsi, le statut quo imposé par l’absence de la pièce maitresse assurait un semblait de sécurité à Belle. Qui ne le percevait pas de cet œil, ce qui amusait Rhett. Comme la réplique de la brune, en réaction à la question rhétorique de l’homme sombre qu’il était. Il ne prêtait que peu d’attention au fondement même des paroles de Belle. Ce qui l’intéressait, c’était de trouver des éléments qui lui permettraient de jouer un peu plus avec sa proie temporaire. Et il venait tout juste d’obtenir ce qu’il voulait. S’il avait su. C’était facile à dire, c’était facile de se voiler la face et de s’enfoncer dans une tristesse sans nom. « C’est très émouvant de voir comment tu le défends. Mais je vais te dire une chose, pour la captivité dont tu as été l’objet : Rumplestiltskin a cru les paroles de Regina, alors que lui, le premier, sait qu’il ne doit pas la croire. Il aurait pu te chercher, il t’aurait trouvé – vivante ou morte. Il ne l’a pas fait. » Rumple était un lâche et il le restera toute sa vie, magie noire en sa possession ou non.

Quant à l’événement du chapeau de Jefferson, Rhett ne dit rien. Parce que, pour lui, ceci n’était pas terminé. Le chapeau avait emporté Modestie, et contrairement aux autres, sa femme n’était pas revenue dans la ville ensorcelée. C’était une urgence à laquelle le tueur devait se charger le plus vite… si seulement il n’était pas coincé ici. Mais il aurait beau faire tourner le chapeau du chapelier dans une spirale infinie, Rhett savait qu’aucun portail ne s’ouvrirait. Le sifflement de la bouilloire sortit le serpent de ses pensées pénibles. Il arrêta de froncer les sourcils pour lui-même. « Oui, merci, avec un surcre. » Parce que, à lui aussi, il lui restait un semblant de politesse quand il désirait s’en servir. Voyons, il avait tout de même appris avec les meilleurs quand il avait essayé de se faufiler dans la cour de Modestie. D’ailleurs, sa femme avait très certainement échangé avec ses compagnons d’infortunes quand ils se retrouvèrent dans le monde des contes. Finalement, l’absence de tête-d’écailles pourrait jouer en sa faveur. Rhett se détacha dans chambranle et entra dans la cuisine, s’appuyant contre le plan de travail. Il croisa ses bras, cherchant comment tourner sa phrase, pour que ça ne fasse pas trop intéressé. Il n’aimait pas quand des inconnus – Rhett considérait tout le même comme des inconnus capables de lui planter un couteau dans le dos au moindre signe de faiblesse – connaissaient des détails sur sa vie privée, sur cette famille qui était la sienne et qu’il avait eu tant de difficultés à construire. « Pour ton petit tour dans notre monde, je me moque que ça t’ait plu. Par contre, ça a tellement plu à Modestie – ou Mara – qu’elle n’est pas revenue avec vous. Pourquoi ? » Il n’y avait rien de cordial dans la voix de Rhett. Il n’y avait pas non plus, cette indifférence qu’il maitrisait si bien. Sa question faisait plus objet d’une injonction qu’une quelconque marque de curiosité. Et à l’aura dangereuse qui émanait de lui à cet instant, il était évident que le sujet lui tenait à cœur. Car même les pires monstres en possédaient.

« C’est très émouvant de voir comment tu le défends. » Bien entendu qu’elle le défendait. Pourquoi en serait-il autrement ? Parce qu’il l’avait envoyé en exil ? Certainement pas. Cette soif de pouvoir qui l’avait empêché d’accepter son amour, c’était tout simplement pour se permettre de pouvoir retrouver son fils. Ni plus, ni moins. C’était en tout cas ce qu’elle désirait croire. Rhett ne pouvait noircir le cœur de Belle avec ces sombres émotions. « Mais je vais te dire une chose, pour la captivité dont tu as été l’objet : Rumplestiltskin a cru les paroles de Regina, alors que lui, le premier, sait qu’il ne doit pas la croire. Il aurait pu te chercher, il t’aurait trouvé – vivante ou morte. Il ne l’a pas fait. » Dos à lui, elle ferma les yeux, écoutant la bouilloire crier. Inspirant profondément, contredisant de toutes ses forces Rhett dans sa tête, elle fini par rouvrir les yeux sans répondre. Elle n’avait rien à lui dire qu’il ne saurait contester avec n’importe quelle théorie.

Retirant la bouilloire du feu, Belle éteignit l’élément et infusa le thé dans la théière. Elle ne se pressa pas, n’étant pas non plus pressée de s’asseoir avec lui pour boire son thé. S’occupant lentement du breuvage, celle-ci sentit l’aura maléfique du tueur s’approcher, au point qu’elle fut parcourue d’un frisson. Quand Rhett s’appuya contre le plan de travail, Belle évita tout contact visuel avec lui. Sa présence étant déjà désagréable, qui sait s’il ne réussirait pas à empoisonner la proie qu’elle était pour lui d’un simple regard échangé. Celui-ci prit finalement la parole à nouveau : « Pour ton petit tour dans notre monde, je me moque que ça t’ait plu. » Le contraire aurait été surprenant. Rhett n’était pas capable de ressentir quelconque émotion. Ou était-ce ce que la princesse pensait…

« Par contre, ça a tellement plu à Modestie – ou Mara – qu’elle n’est pas revenue avec vous. Pourquoi ? » Mara… Belle se souvenait bien d’elle oui. C’était celle qui avait affirmés qu’ils étaient tombés en enfer lorsqu’ils sont arrivés dans leur ancien monde. En vérité, Belle n’avait pas vraiment prit le temps de discuter avec elle. Certes, elles s’étaient échangées quelques mots, mais sans plus. La raison était fort simple : Belle avait eu à affronter la mort de son ami Phillip et avait beaucoup parlé avec Mulan plutôt. Bref, sentant l’énergie et la rage bouillir en Rhett en posant cette question, Belle afficha un léger sourire en coin. Il semblerait que ce monstre aussi ait un cœur…

L’ancienne captive de Régina mit un sucre dans la tasse de Rhett puis versa le thé dans les tasses, silencieuse. Elle n’avait pas grand-chose à dire à son interlocuteur sur le sujet. Si Mara avait décidé de rester, pourquoi l’en aurait-elle empêché et se serait posé des questions ? Après tout, si Belle n’avait pas eu Rumple à retrouver à Storybrooke, elle serait sans doute restée aussi. Si elle avait bien comprit, Mara était une princesse également. Sans doute avait-elle voulu rester pour son royaume ? Donnant sa tasse à Rhett, elle ne cacha pas son léger sourire en coin. « Et pourquoi répondrais-je, dis-moi ? »

Oui. Elle jouait avec le feu. Elle jouait avec le feu même qui brûlait dans le cœur de cet homme au cœur de glace. Seulement, le châtiment qui en résulterait allait sans aucun doute être moindre que cette torture psychologique dont elle ne s’était toujours pas remise et dont elle gardait toujours les séquelles aujourd’hui. La peur de Rhett et Regina était toujours là, mais aussi la claustrophobie.

Rhett ne la lâcha pas des yeux, décryptant le langage corporel de Belle, pour tenter d’obtenir n’importe quelle réponse. Il ne serait pas étonné qu’elle ne lui réponde pas immédiatement. Ainsi, il devait voir si elle se souvenait de Mara, si une information utile – quelconque – lui revenait en mémoire. Il plissa les yeux au mince sourire de Belle, cherchant ce que cela pouvait bien signifier, elle qui était stressée de la présence du tueur. Qu’est-ce qui pouvait bien la faire sourire ainsi ? Il ne posa pas la question, supposant que s’il n’avait pas la réponse dans les secondes, celle-ci n’était pas susceptible d’intéresser le serpent plus que nécessaire. Il prit sa tasse de thé en silence, sans détourner son attention de la princesse, une tension malsaine lui serrant les muscles de la nuque. Et la réponse tomba. Ou plutôt, la moquerie. Il reposa sa tasse, qu’il avait soulevée, sur la table, une lueur sombre, meurtrière, immédiatement présente dans son regard. Elle avait osé. Elle avait osé se dresser contre lui, alors qu’il faisait tous les efforts possibles pour se montrer courtois. Voulait-elle vraiment qu’il reprenne ses bonnes habitudes avec elle ?

Rhett inspira, expira, à plusieurs reprises, calmant la colère sourde qui grognait dans son être. Non. Il ne pouvait pas passer à côté d’une telle remarque. Aucun argument logique ne trouvait grâce à son regard. Pourtant, il se le devait. La blesser n’avancerait à rien, cela le positionnerait même en mauvais terme avec Rumplestiltskin et il avait besoin de son aide. Le bleu glacial de ses yeux brilla d’une nouvelle lueur. La réponse de Belle lui importait peu. Qu’elle ignore sa question ou non ne changerait rien au fait : Rhett retrouverait Modestie, quoiqu’il lui en coute. « Parce que vous êtes tous revenu, à son exception. Tu ne voudrais pas que je te porte responsable si jamais elle venait à être blessée… ou pire. » Il ne croyait pas une seconde que Modestie perdrait la vie dans le monde des contes. Le monde était déjà assez cruel en lui faisant perdre la raison, c’était suffisant ainsi. Et sa femme était loin d’être une cruche, comme d’autres princesses.

Finalement, l’ancien jardinier s’empara de sa tasse, buvant calmement le liquide toujours chaud. Il reposa sa boisson en silence, craquant sa nuque par la même occasion, la tension atténuée. Il n’avait plus tout à faire envie de la tuer. Plus trop… Une idée lui vint soudain à l’esprit, une piste à cette soudaine rébellion de la part de la fille de French. Il s’appuya sur son coude, cette expression sadique revenant sur ses traits, qui bien entendu ne présageait rien de bon pour Belle. « Mais bon, tu n’es certainement pas au courant. » Ce qui était fort probable aussi. La honte que portait Modestie, qui avait fini par avoir raison de sa santé mentale, n’était pas un sujet qu’elle discuterait avec n’importe qui, si pas avec personne. C’était le pire secret de leur histoire et ils n’étaient que trop peu à connaitre ce terrible secret.

Le serpent se voilait la face, refusant de reconnaitre le pourquoi de ces évènements. Quelque part au fond de lui, il espérait que la folie n’a pas totalement infecté Modestie, que la personnalité de Mara qui avait été la sienne durant la malédiction avait apporté des éléments de guérison à son cœur broyé. Il en doutait et il ne voulait pas se l’avouer. Car comme une première fois où il l’avait guidé jusque la folie, Rhett y était presque arrivé avec Mara. Ainsi, qu’importe les vies qu’ils incarnaient, le serpent était toujours voué à empoisonné la candeur de Modestie. Encore et encore, jusqu’à ce qu’elle ne se relève plus jamais.

Alors Mara n’était jamais rentrée... Pourquoi ? Prenant une mini-gorgé de son thé, elle attendit la réponse de Rhett qui tarda légèrement à arriver. Ce fut une réponse qui blessa Belle qui suivit ces inspirations servant à calmer la colère qui grandissait en son interlocuteur. En effet, elle ne voulait pas qu’on la tienne responsable si jamais quelque chose venait à arriver à Modestie. Déjà, elle se sentait coupable de n’avoir pas vraiment fait attention à elle là-bas. Belle avait été si préoccupée par autres choses qu’elle avait négligée une amie. Et le pire, dans toute cette histoire, c’est qu’elle n’avait même pas remarqué son absence à Storybrooke. Félicitation.

Belle gouta son thé, le regard baissé. Avait-elle peur à nouveau ? Certes, mais pas de Rhett. Belle avait peur pour Modestie et seulement pour elle. Quant à Rhett, le fait qu’il ait de l’affection pour quelqu’un le faisait remonter dans l’estime de la petite amie du ténébreux. Désormais, il n’était plus totalement froid et cruel à ses yeux. Il n’était pas un monstre, mais un homme. Lorsqu’elle le vit du coin de l’œil s’appuyer sur son coude, elle leva les yeux pour le regarder, calme. Son expression au visage l’aurait sans doute terrorisé auparavant, mais maintenant, c’était le contraire. Elle pouvait voir maintenant qu’il cherchait seulement à ne pas paraître faible. Il ne voulait pas qu’on voit qu’il avait une faiblesse. C’était en tout cas ce que Belle voyait.

« Mais bon, tu n’es certainement pas au courant. » Pas étonnant qu’il ait deviné. Belle était un véritable livre ouvert, facile à lire. Seulement Rhett ne lisait pas toutes les pages du livre. Elle ne connaissait pas la raison de l’absence de Modestie, mais il ignorait que là-bas, Modestie et Belle ne s’étaient pas beaucoup parlé à cause de ce qui s’était passé. Puis Belle n’aurait pas pu faire attention à ce qu’elle rentre saine et sauve étant donné qu’elle-même n’était pas rentrée en même temps. Elle avait pu rentrer par le puit, en même temps que Blanche Neige et Emma, contrairement aux autres qui étaient arrivés par le bateau de Hook avec Cora.

Elle n’était pas au courant des raisons qui avaient poussés Mara à rester dans la forêt enchantée. Rhett pouvait le lire, mais il ne pouvait pas lire la compassion de Belle à son égard à ce moment. Calme, c’est le sourire en coin qu’elle lui fit qui pu lui en donner un indice, indice qu’elle n’avait même pas cherché à cacher. « Tu as raison, je l’ignore. Je n’ai pas fait attention à Modestie lorsque nous étions là-bas. Et je suis rentrée avant les autres, avec le shérif et Mary Margaret. Je n’ai donc pas pu m’assurer que tout le monde rentre. »

La princesse baissa les yeux sur sa tasse et inspira profondément avant de prendre une gorgée de son thé. Ravalant sa culpabilité, elle reposa son regard sur Rhett. « Le fait que tu t’inquiètes pour elle, ça me rassure. Je sais maintenant que tu n’es pas un monstre, toi non plus. » De nouveau, son regard dérapa jusqu’à sa tasse qu’elle tenait désormais entre ses deux mains, frottant le bout de son pouce dessus. « Je vais réfléchir aux évènements. Si jamais je me souviens de quelque chose, ne serait-ce qu'un seul détail, je te le ferai savoir. C’est promis. » Belle n’avait certainement aucune raison de lui faire cette promesse ou de vouloir l’aider. Elle en avait cependant envie. À son avis, personne ne se devait de vivre dans la tristesse. Et puis, si Modestie était en danger, il fallait que quelqu’un lui vienne en aide. Après l’avoir négligé de la sorte, Belle lui devait bien cela. Bref, elle se rendit à la fenêtre, espérant voir Rumplestiltskin arriver bientôt.

Sujet: Re: you were a way of killing time ▬ Belle