Elle est restée dans le monde des contes et n'a encore jamais connu Storybrook




Wendy Reine… comme la fleur…. Comme la Reine-des-prés, à son image, fragile. Ou simplement parce qu’on n’avait jamais trouvé mieux. C’était simplement Wendy, originellement. Mais il l’appelait toujours Winny, à l’époque, comme s’il n’avait jamais accepté de l’appeler par son prénom, comme s’il avait tenu à s’en détacher, à ne pas savoir, à ne pas l’identifier à ce qu’elle était réellement : victime de son charme, de sa voix fluette, de ses mains agiles, de sa traitrise. Comme s’il n’avait jamais vraiment voulu lui faire de mal, malgré tout.  Victime parmi une centaine d’autres enfants, arrachés prématurément à une famille qui n’en avait pas immédiatement eu conscience. Cruellement, par envoutement. C’était Hamelin, un petit village marchand qui fournissait ses vivres à plusieurs grandes villes, qui l’accueillit en son sein, enfant aux cheveux du blond des champs environnants. Hamelin qui avait pris pour habitude de vivre agréablement bien, loin des soucis de la pauvreté. Mais toute chance ne dure pas toute l’éternité. Hamelin fut à l’époque de son jeune âge, frappé par la malchance. Des rats aux yeux rouge de sang, aux dents jaunes, à la fourrure grise ou noire : ils ont envahis les rues, les sous-sols, les granges. Ils étaient partout, sans qu’on ne s’explique vraiment pourquoi. Et il est arrivé. Il s’est pointé avec cette flute argentée ou dorée, selon la clarté ou le rayon de lumière qui frappait l’objet. La couleur lui semblait vague. Mais elle se souvenait du son pur. Elle se souvenait de la mélodie qui l’avait faite danser, qui l’avait faite sourire, qui l’avait faite hurler, sauter, courir. Elle l’entendait encore, parfois, en rêve, comme l’ombre qui ne la quitte plus. Il avait joué. La flute avait sifflée. Et les rats s’étaient enfuis en trottinant. Ils les avaient noyés, dans la grande rivière dont le nom lui échappait à présent. Mais elle ne savait pas ce qui l’avait poussé à revenir et à jouer de nouveau, pour eux, pour elle. Pour eux tous. Elle ne se souvenait pas du trajet long et sinueux qu’ils avaient parcouru. Elle ne se souvenait pas non plus le temps qu’ils avaient mis à le parcourir. Elle ne se souvenait que du sentiment et de la mélodie, qu’elle connaissait par cœur, qu’elle fredonne de temps à autre, comme une mémoire écorchée vive qui ne se lasse pas de la torturer. Et puis, elle se souvenait du froid de l’eau contre ses pieds. Et se souvenait de l’inconfort soudain, du hurlement de crainte qui s’était échappée d’elle au moment où elle fixait les jeunes corps, aussi jeune ou plus que le sien, sombrer à leur tour dans les eaux de la grande rivière. Et il s’était approché d’elle en se demandant comment ça pouvait être possible… Elle lui avait arraché la flute de ses petites mains blanches et il était tombé, emporté par le courant. Elle l’avait cru mort. À tort. Il s’était vengé. Et elle avait payé le prix fort pour s’être battu pour sa propre survie… Il avait signé ce drôle de contrat avec lui, le Ténébreux, et elle, elle n’était plus rien. D’humaine elle devint un rat aux dents blanches et aux grands yeux bleus. Un rat. Et elle vieillit ainsi, oubliant la vie, oubliant la parole, se contentant de survivre… Jusqu’à ce qu’elle ne se blottisse tout contre le corps de cette bonne fée qui eu la bonne idée maladroite de tenter de lui rendre son apparence, de lui rendre sa vie : pas celle d’avant, elle ne pourrait la récupérée. Une nouvelle vie, une nouvelle chance. Elle ne fut plus jamais entièrement humaine dès lors. De la nuit tombante, lorsque le soleil disparaissait derrière l’horizon, au levé du jour, ou ses premiers rayons caressaient le monde, elle redevenait rat. Mais c’était suffisant : n’être qu’à moitié rat, c’était mieux que l’être entièrement, n’est-ce pas? Et pourtant…  Et pourtant, la haine grugeait tout son être, hurlant, fouettant, criant pour la liberté, pour réparation… Et plus que tout, elle porta sa haine sur une personne : le Ténébreux.