Case Une - Agrémenter son pain d'un mort ou deux

Deux corps dans une boulangerie, le visage contre le sol, le vomi de l’un, à cause de l’étranglement. Rhett soupira bruyamment. Il avait horreur du travail mal fait. Et même si, de retour dans le monde des contes, il se moquait bien de la quantité de sang qui pouvait le salir, vivre sous Hunting avait laissé des traces. A tous les coups, on trouverait le tueur. A tous les coups, maintenant qu’il n’y avait plus de mystère sur son identité, les suppositions iraient vers lui. Il porta sa main à sa nuque, observant encore un instant les deux cadavres – il s’était assuré de leur mort un peu plus tôt. Il devait se débarrasser des corps. Quelle mauvaise idée, de le faire à un moment pareil. Franchement, il n’y avait rien de plus difficile que de se débarrasser de ça en plein milieu de la journée. Enfin, Rhett n’était pas étranger à son boulot, il l’appréciait même. Restait à voir si dans cette mascarade géante, ce ne serait pas son dernier nettoyage...

Il s’apprêtait à se pencher, pour tirer le premier corps et nettoyer les traces de vomi, que la clochette à l’entrée de la boulangerie tinta. Rhett, immédiatement, se releva, se plaquant sur le mur, devant l’entrée. L’inconnu était là. Un témoin dérangeant, très certainement. Puisque Rhett était déjà dans les ennuis, il n’eut aucun argument logique pour aller à l’encontre de sa décision. Après tout, avec deux cadavres sur le dos, un de plus ne changerait pas grand-chose. Rhett, toujours dans son coin, s’approcha silencieusement du nouvel arrivant, l’attrapa par derrière et le serra par la gorge, attendant l’instant fatidique où il y aurait une perte de connaissance. Quand celle-ci fut arrivée, Rhett, son nouveau inconscient dans les bras, sortit par la porte arrière de la boulangerie. Il avait un léger rictus sur les lèvres : ça faisait si longtemps qu’il n’avait pas eu un vivant à prendre soin…

Je reprenais mon service à l'hôpital dans deux heures. J'avais largement le temps de manger chez moi avant de revenir. La flemme de cuisiner avec ses horaires décalés, pour une fois, j'avais envie de me faire un sandwich. Il me manquait juste du pain frais. La boulangerie était sur ma route et je m'arrêtais donc devant. J'hésitais un instant avant d'entrer, j'aurais du me faire quelque chose de plus sain comme repas. Mais je me secouais. Ce n'était pas un sandwich qui m'empêcherait d'aller travailler : je ne serais pas malade pour si peu. J'ouvris la porte, entendant la clochette résonner d'un son sinistre et franchit le seuil d'un pas franc avant de stopper net. J'allais dire bonjour mais quelque chose n'allait pas et voyant ce qu'il y avait au sol, je fis immédiatement marche arrière. Que s'était-il passé ? Est-ce qu'ils étaient vraiment ... morts ? Déformation professionnelle, je voulus téléphoner à l'hôpital mais à peine avais-je sorti mon portable que je sentis une étreinte au niveau de la gorge. Bêtement, je n'avais pas songé que quelqu'un puisse être derrière tout cela et se cache encore dans la boutique. Je lâchais le téléphone, agrippait le bras de la personne mais déjà je me sentais faiblir. Mes paupières se fermèrent.

Un mauvais rêve ! Mes nuits de sommeil étaient agitées ces derniers temps et j'avais du mal à distinguer la réalité et le rêve. J'ouvris les yeux et observais la forêt devant moi. La forêt... Je m'étais endormie dans la nature ? Je voulu me frotter les yeux mais mes bras refusaient de bouger. Des liens me retenaient. Je regardais de nouveau les alentours pour voir si j'étais surveillée. Rien dans mon champ de vision et pas un bruit. J'étais seule. Une chance. Si tout cela n'était pas un cauchemar, je devrais réussir à atteindre ma botte droite et y récupérer la lame qui s'y cachait. Ma paranoïa pourrait bien me sauver la vie exceptionnellement.
Oui, je tenais entre mes doigts la poignée d'une petite dague que je gardais toujours sur moi, par précaution. Je coupais les liens tant bien que mal, me coupant parfois la main,puis victorieuse me levais en me massant les poignets. Par où devais-je repartir ? Je pris une direction au hasard en espérant retrouver ma route, ma lame en main au cas où, je marchais rapidement. Pour ne pas dire que je courrais presque quand j'aperçus quelqu'un. Une aide potentielle ! à moins que... je m'arrêtais, non loin d'elle quand je distinguais une autre forme, en longueur,... un corps ? Je me mordis la lèvre, je ne devais pas m'approcher, elle pouvait être dangereuse. Pire, avec ma dague en main, on pourrait croire que j'étais une criminelle. Très peu de gens m'avait connu dans le monde des contes et j'étais persuadée que la légende sur mon pays n'était pas des plus jolies à entendre. Je n'étais pas une héroïne au contraire. Un passé mystérieux suffisait parfois à s'attirer des ennemis. Je devais fuir de cette forêt, en espérant que cette silhouette n'avait pas capté ma présence. Je devais m'éloigner à tout prix et trouver un lieu où être loin de tout ses corps.

Voilà de longs jours que Shahryar se rappelait de qui il était et il devait faire face à de nouveaux méfaits qu'il avait fait en étant Sean. Depuis qu'il avait retrouvé sa Shéhérazade et qu'elle le soutenait envers et contre tout, il se sentait de nouveau revivre. Encore une fois. Il était beaucoup plus heureux qu'il ne l'avait été mais... il y a des jours sombres où Shah avait besoin de laisser tout derrière lui pour se retrouver face à lui-même.

Il ferma la porte de chez lui et commença à arpenter les rues de Storybrooke, quand tout à coup il vit un homme parcourir les rues avec un corps dans les bras. Shah se stoppa et le regarda longuement, restant interdit avant de se mettre à le suivre discrètement. Il était idiot de faire ca, mais il était aussi très curieux de nature, il ne pouvait pas s'en empêcher. Il avait déjà assez d'embrouille au final...

Il continua à les suivre jusqu'à la forêt. Notre ancien prince se cachait de leur vue. Il vit l'homme attacher la fille qui semblait inconsciente à un arbre. Shah se demanda ce qu'il devait faire. La secourir ? Rester passif ?

Quand il lui prit une pulsion soudaine de fuir. Non, il ne devait pas rester là. Il resterait passif. C'était surement mieux comme celà. Il avait déjà deux meurtres sur les mains... Qu'ils soient de ce pays ou non, ils étaient réels ici. Il espérait qu'on ne vienne pas fouiller chez lui, car si on le faisait on découvrirait deux corps et peu importe ce qu'il dirait.

Shéhérazade prenait soin de ce secret en attendant, mais celà la ferait surement plonger avec... Ce qui n'était pas bon. Il se redressa de sa cachette et commença à rebrousser chemin. Il se demanda si il ne devait pas prévenir le shériff quand même... Celà le disculperait peut être ?