Wendy se tourna une énième fois dans son lit, retenant un sanglot de justesse. La veille, elle avait perdu Baelfire, son ami, son frère, à cause de sa bêtise d’adolescente, lassée par la réalité d’un monde monotone. Comment avait-elle pu être aussi bête ? Aussi naïve et bornée ? Elle se leva et s’agenouilla sur le matelas, devant la fenêtre fermée. Il faisait nuit dehors. Le silence régnait sur la chambre d'enfant. Une larme s’échappa et glissa sur sa joue rosie par la honte et la culpabilité. Sans même chercher à la chasser, elle traça, avec son index, les lettres qui composaient le prénom unique de Baelfire, sur la vitre. Elles étaient invisibles, bien sûr, mais dans son cœur, chaque trait était un coup de poignard qui s’enfonçait dans sa chair.
Elle avait cru en la magie. Toute sa vie, elle avait gardé foi en ces histoires fantastiques et merveilleuses. Les adultes avaient tenté plusieurs fois de lui expliquer que tout ceci n’était plus adapté pour une jeune fille de son âge, qu’il était temps de grandir. Elle avait toujours hoché la tête, les doigts croisés derrière son dos, la tête animée d'une petite voix qui hurlait que jamais personne ne pourrait lui ôter ses croyances, gravées dans son âme, dans son corps, son coeur et même dans son ombre.
Un frisson remonta le long de son dos et elle se leva. A la faible lumière de la lune, Wendy aperçut le lit vide et encore défait de Bae. Une grimace de douleur tordit son joli visage et elle posa une main tremblante sur sa poitrine. Sa respiration était soudainement difficile, et elle dû se rassoir pour se calmer. Elle ne savait pas que c’était possible de souffrir autant de l’absence de quelqu’un. Baelfire était devenu son frère, celui à qui elle pouvait se confier. Maintenant qu’il n’était plus là, elle se sentait perdue. La jeune fille inspira, et expira profondément, puis d’un pas silencieux, elle rejoignit l’ancien lit de Bae et s'y glissa lentement. Les couvertures portaient encore son odeur.
Avec un rapide coup d'oeil, elle vérifia que ses deux autres frères étaient bien là, couchés sur leurs matelas, plongés dans leurs rêves. Rassurée, elle se mit à fixer le plafond blanc, ses cheveux blonds étalés sur l’oreiller. Une minute passa, puis deux, puis trois. Le silence de la chambre d'enfant fut alors brisé, par les sanglots d'une Wendy honteuse et désespérée.