Tinkerbell a échappé à la malédiction, puisqu'elle se trouvait à Neverland au moment où Regina a lancé le sort du Ténébreux. Et honnêtement, elle était bien trop occupée à survivre dans la forêt magique de Neverland sans ses pouvoirs de fée pour se préoccuper de ce qu'il pouvait bien se passer ailleurs.




Si vous avez une âme d'enfant, vous avez sans aucun doute déjà entendu parler de la Fée Clochette ! Célèbre acolyte de Peter Pan dans l'histoire de Barrie et le film Disney, en réalité Tinkerbell a plutôt envie de laisser échapper un rire amer à l'idée de s'imaginer "amie" avec le maître de Neverland. Et il faut le dire, Emma et sa famille ne s'attendaient peut-être pas à identifier la petite blondinette poussiéreuse en haîllons rencontrée dans la forêt comme la Fée Clochette qu'on imagine tout de suite mignonne, fraîche, piquant, pimpante... Et fée.

Et de fait, mignonne, fraîche, piquante, pimpante, Tinkerbell le fut un jour. Elle était une fée alors, et des plus douées s'il vous plaît, même si son caractère entêté, taquin, et un tantinet rebelle n'était pas toujours du goût de la Fée Bleue. Loin de l'image classique de la fée douce, maternelle et rassurante, "Verte" comme on l'appelait alors était malicieuse, pleine d'énergie, farceuse, et était toujours la première à contourner les consignes, contester une décision, et faire tourner son monde en bourrique. Mais hé, c'était qu'elle était douée la petite peste ; et surtout, pleine de bonnes intentions et animée d'un désir brûlant de faire le bien autour d'elle malgré ses méthodes parfois discutables. Une nuit, comme tant d'autres nuits avant cela, la fée est prise d'envies de liberté et s'échappe discrètement, ni vu ni connu, pour aller virevolter du côté du château royal. Coup de chance ou coup du destin ? Tinkerbell entend un cri, et arrive juste à temps pour sauver une femme tombée de son balcon dont la balustrade a lâché. Une fois la frayeur passée, la petite fée d'enquiert de l'identité de la rescapée du jour. Un nom qu'elle ne devait jamais oublier : Regina.

Malheureuse, la reine trouve en Tinkerbell une oreille attentive, et cette dernière n'a dès lors aucun doute sur l'origine du problème : l'amour. Regina n'a pas trouvé le grand amour. Sa résolution est immédiatement prise : avec l'aide de la poussière de fée, elle allait aider sa nouvelle amie à trouver l'homme de ses rêves et lui permettre d'enfin accéder au bonheur et vivre sans cette lueur de profonde tristesse au fond des yeux ! Après lui avoir promis de revenir avec la précieuse poussière, Tink repart, mais est froidement accueillie par une Fée Bleue furieuse de savoir qu'elle lui a désobéi. Evidemment, elle lui interdit formellement d'utiliser la poussière de fée pour aider Regina - et son argument ultime, "refuser son aide n'est pas très digne d'une fée !", n'a pas non plus fait mouche. Mais Tink avait promis, et Tink tenait toujours parole. Résolue, inconsciente et plus déterminée que trois mules, elle vole de la poussière de fée et s'enfuit de nouveau.

Et ça avait failli marcher. Elle avait utilisé la poussière de fée, qui les avait toutes les deux menées, elle et Régina, jusqu'à une taverne où elles avaient vu la silhouette de dos d'un homme dont l'aura brillait en écho à la poussière. L'homme au tatouage de lion ; Tink avait jubilé. Elle y avait cru, du fond de son âme. Et elle avait cru en Régina, en son courage, en son désir d'être heureuse. Elle s'était trompée.

Quelques heures plus tard, de retour au château, elle avait vivement demandé à Régina de lui raconter. Mais elle avait rapidement compris que Régina n'était jamais entrée dans cette taverne, qu'elle n'avait jamais parlé à l'homme au tatouage de lion. Une dispute, la première, la seule, la dernière : "you're a horrible fairy !" lui avait-elle éructé à al figure avant de la renvoyer. Et sur le chemin du retour, abattue, elle était tombée sur la Fée Bleue. Et cette fois, il n'y avait pas de deuxième chance. Bleue ne croyait plus en elle. Son coeur avait chuté de plusieurs étages dans sa poitrine, elle avait senti une partie d'elle s'évanouir, et ses ailes avaient disparu. Adieu "Verte", bonjour Tink, fée déchue.

Comment était-elle arrivée à Neverland, comment y avait-elle survécu pendant tout ce temps ? Nul ne savait, Tinkerbell n'en parlait jamais. Mais quand elle avait revu Régina, tout lui était revenu dans la figure. Elle avait voulu se venger, la petite fée sans ailes, détruire Régina comme elle l'avait détruite, elle. Elle n'avait pas pu. Après de longues hésitations, elle avait accepté d'aider Emma, sa famille, Bae et Hook à sauver le petit Henry. Qu'avait-elle à y perdre, de toute façon ? Elle n'avait plus rien, sinon l'espoir un peu fou d'un jour voir le bout du tunnel, et qui sait, retrouver sa magie....

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Un craquement dans la nuit la fit sursauter. Ses muscles se raidir instantanément alors qu’elle n’osait pas se redresser, l’oreille aux aguets pour guetter le moindre bruit. Le souffle court, les yeux grands ouverts alors qu’allongée sur son lit de camp elle restait parfaitement immobile, Tinkerbell avait peur. Comme toujours, depuis qu’elle était arrivée à Neverland. Oubliée, la petite fée insouciante qui autrefois s’envolait dans la nuit pour partir à l’aventure malgré les consignes de la Fée Bleue. Aujourd’hui, comme chaque jour, comme chaque nuit, elle sentait la peur se distiller sournoisement dans ses veines alors qu’elle sentait sa présence autour d’eux. Pan. Les observait-il ? Etait-il seulement là ? Ou l’imaginait-elle encore ? La gorge nouée, Tinkerbell osa tourner légèrement la tête, pour jeter un œil à ses compagnons. Tous dormaient à poings fermés, sauf Charming qui montait la garde avec Snow White qui somnolait sur son épaule. Il ne semblait pas avoir remarqué quoi que ce soit. Avait-elle rêvé ? Son regard glissa sur Régina qui était étendue un peu à l’écart. Elle paraissait sereine, mais Tinkerbell savait que la reine avait certainement l’esprit en ébullition et se réveillerait au moindre signe suspect. Aussi étrange cela pouvait paraître, ça la rassurait. Un peu. Puis, discrètement, elle tourna la tête vers Emma, pauvre Emma dont elle pouvait sentir le sommeil agité et tourmenté alors même qu’elle ne bougeait pas. La blondinette ne savait pas quoi penser d’elle. La Sauveuse. Son fils, Henry, enlevé par Peter Pan. Si d’instinct Tink s’était montrée méfiante, elle sentait ses vieux instincts protecteurs se réveiller bien malgré elle. Elle sentait la sincérité d’Emma, son chagrin, son inquiétude, sa terreur viscérale à l’idée de perdre son fils. Tink sentait ces choses-là, c’était dans sa nature. Puis, par association, son regard coula vers Hook qui dormait du sommeil du juste à côté d’elle, appuyé contre un arbre. Si elle avait été étonnée de le revoir sur elle, elle était encore plus perplexe maintenant. Les sentiments du pirate à l’égard d’Emma étaient évidents, il eut fallu être aveugle pour ne pas les remarquer. Tink ne savait pas quoi en penser. Elle espérait juste qu’il ne se brûlerait pas les ailes au vol, le pauvre garçon.

Qu’est-ce qui les attendait, dans cette aventure ? Elle n’en avait aucune idée, et pour être honnête, elle n’était pas rassurée. Mais pour la première fois depuis un nombre incalculable d’années, Tinkerbell n’était plus seule – pour la première fois depuis qu’elle avait perdu ses ailes, on lui donnait une chance. Elle ignorait qui ils étaient –même si elle avait entendu parler de Snow et Charming bien sûr, et que Régina et elle avaient une longue histoire commune- et les liens qui les unissaient tous étaient encore flous pour elle. Mais pour la première fois depuis bien trop longtemps, Tinkerbell sentait poindre en elle cette lueur qu’elle croyait disparue à tout jamais. L’espoir. Et elle espérait qu’il ne s’agissait pas d’un poison que Peter Pan faisait exprès de laisser se répandre pour mieux les achever. Elle connaissait ses jeux cruels, et sentait la peur l’envahir de nouveau à l’idée d’en être la victime. Mais quel choix avait-elle… maintenant qu’elle espérait à nouveau ? Et Tinkerbell de serrer les poings, et fermer les yeux à s’en faire mal aux paupières, pour oublier les ténèbres qui les entouraient et se concentrer sur la seule chose qui devait compter désormais : la petite lueur d’espoir tout au loin. Parce que si elle la perdait de vue… Elle se savait perdue, elle aussi. Après tout, entre un Lost Boy et une fée perdue, quelle était la différence ?