Peter se tenait, le front appuyé contre son casier, le regard perdu dans le vide, la main droit appuyé du plat de la main sur la porte. Il fallait absolument qu'il lui parle. Il y avait pensé toute la nuit, puis tout le jour, et la nuit suivante, et le jour suivant et ainsi de suite pendant une semaine. Petit à petit, des images, des sons ou même des odeurs venaient à lui dans ses songes ou à certains moments en journée et il devenait de plus en plus impossible de croire en des coïncidences. Peter avait du mal à croire que ce n'était que des rêveries de gamin mais ce que semblait lui montrer les images étaient plus irréelles encore et ne pouvaient nullement refléter la réalité, autant qu'il en savait. Une île, des pirates, des sirènes, des fées, voilà de quoi étaient peuplés ses songes, chaque nuit. Le visage de Felix, celui de Wendy ou Aria qui venaient petit à petit sans compter ceux plus étranges de Gold ou même cette fameuse Swan ou madame le maire. Non franchement, il perdait la boule et ça devenait plutôt grave visiblement. Il devait en avoir le coeur net bien qu'une partie de sa tête lui dise que tout ceci ne pouvait qu'être faux, il fallait qu'il sache, son coeur en avait besoin, ou ce qu'il restait de cet organe qui peu à peu retrouvait sa noirceur d'antant. Il la chercha des yeux, la jolie Wendy qu'il avait embrassé passionnément quelques jours plus tôt, celle qui devait l'aider. Il avait bien pensé à Felix mais n'avait pas trouvé à le coincer encore et il fallait mieux commencer par quelqu'un qui ne lui mettrait pas des coups avant de le laisser s'exprimer.

Il la repéra alors quand elle traversa pour gagner son cours. Ce ne serait pas pour cette fois, mais il arriverait à la coincer parce que nul doute qu'elle l'évitait et le fuyait comme la peste. Il ne réussit pas de toute la matinée mais prépara son coup pour la toute fin des cours. Alors qu'elle gagna les toilettes comme à son habitude avant de partir, Peter pénétra à l'intérieur et avant qu'elle ne puisse comprendre ce qui venait de lui arriver il la plaqua contre le mur alors que presque plus aucun étudiants se trouvaient sur les lieux. Enfin seuls ! Il se colla un peu plus à elle, passant comme la première fois une main de chaque côté de sa tête en la fixant intensément. Elle était vraiment belle il devait bien l'avouer mais c'était bien plus que ça, elle le fascinait et il ignorait pourquoi. Il lui semblait qu'il aimait son courage, sa détermination mais aussi sa fragilité, ne sachant nullement si cela était réel ou venait de ses songes. Elle paraissait si fragile là, entre ses bras comme s'il avait pu la briser d'un claquement de doigts. Il laissa glisser une main sur les épaules dénudés de la jeune fille avant de remettre sa main en place sur le côté de la tête de la demoiselle. Il approcha son visage de l'oreille de son compagne et sussura dans un souffle

- On m'évite Darling

Il remit sa tête face à elle, collant presque ses lèvres aux siennes mais n'osant franchir le pas comme s'il attendait par défi que se soit elle qui le fasse. Il voulait des explications avant tout mais maintenant qu'il l'avait contre lui, tout à lui, des sentiments bien étranges et contradictoires le saisissait et cela était aussi troublant qu'ennivrant à vrai dire.

Peter commençait à exceler dans l'art de mettre mal à l'aise la demoiselle et de la faire rougir. Il lui semblait qu'elle était encore plus mignonne quand la couleur rosée empourprait ses joues. Il ne savait pas de quand remontait cette fascination pour elle mais elle était là. Oui, lui qui n'avait toujours été, dans ses souvenirs faussement implantés, un petit con arrogant amoureux de la même fille depuis des années, ne savait plus quoi penser. C'est comme si entre Wendy et lui il existait un lien indéfinissable, indéchiffrable qui changeait la donne et dont il était incapable de mettre le doigt dessus. Il aurait du le voir avant, ce je ne sais quoi qui lui faisait penser qu'elle était la clé de tous ses problèmes. Et puis avec le temps, les images, les sons, les impressions et les sentiments d'une vie passé, d'un autre monde et d'autres jeux. Oui il commençait doucement à voir quelques images de ci de là mais rien de concret cependant il était sûr qu'il se tramait quelque chose ici et il voulait savoir quoi. Wendy, il était persuadé de la connaitre depuis longtemps, pourquoi ? Savait-elle quelque chose qu'elle refusait de lui révéler ? Lui mentait-elle délibérement ? Non, il devait en avoir le coeur net. En le coinçant ainsi entre le mur et son propre corps il espérait ainsi avoir des réponses mais comme la première fois, un frisson le parcourut et d'autres pensées laissaient place dans son esprit. Elle était belle, elle sentait bon et il se surprenait lui-même à la trouver intéressante, presque utile sans savoir définir ce qu'il pouvait ranger dans ce terme. Aussi, il caressa sa peau et colla sa bouche presque à la sienne, sentant son souffle chaud caresser le sien. Il aimait ce contac avec elle mais ignorait pourquoi et c'était frustrant et délicieux à la fois. Il oublia pour quelques secondes ses plans quand elle lui lança après qu'il lui ai chuchoter à l'oreille.


« C’était…C’était la meilleure solution, après…enfin, après ce qu’il s’est passé la dernière fois...Je peux t’être utile à quelque chose ? »

- Oui...Enfin j'espère...Disons que, tu risques de me prendre pour un fou mais...J'ai l'impression que toi et moion se connait. Et je suis sûr que sous tes airs de mignonne jeune femme se cache quelqu'un qui sait des choses et qui me les cache. Je ne sais pas quoi mais je sais qu'il se trame des choses ici et j'espérais, comment dire...Que tu pourrais m'aider à y voir plus clair.

Oui, il voulait son aide pour percer ce secret et cette carapace qui semblait embaler son cerceau et empêcher des éléments cruciaux de sortir. Il sentait qu'on lui cachait des choses, qu'on le surveillait avec insistance, oui les habitants de la ville semblaient se soucier un peu trop de lui mais aussi de Felix. Chacun de leurs têtes à têtes provoquant des visages d'effroi. Il était le prochain sur sa liste et il ne tardera pas à lui demander des comptes aussi. Mais en attendant, il avait assez confiance en l'intérêt que Wendy lui portait pour qu'elle lui avoue la vérité, qu'elle se trahisse même sans le vouloir de par son innocence naturelle. Peter ne savait nullement d'où cela lui venait mais un fort sentiment de puissance et une évidente facilité pour la manipulation venait de lui sauter aux yeux comme faisant partie de lui depuis toujours.

Peter attendait de Wendy une réponse, il avait besoin de savoir, c'était presque aussi vital que de respirer en stade d'incompréhension où en était le jeune homme. Il avait coiné la jeune fille ici en espérant avoir ce dont il avait besoin pour avancer, des réponses ou au moins une piste pour savoir si tout ceci n'était que folie ou si vraiment il avait raison de se donner autant de mal et de croire qu'il était possible d'attendre autre chose que de vivre éternellement à Storybrooke. Il sentait qu'il était plus, tellement plus que ça. Il ressentait un vide immense dans son coeur qui lui comprimait la poitrine et lui déchirait les entrailles. Il ne se sentait pas à sa place ici comme étranger à ce monde et cela le consumait à petit feu et rongeait son être. Il avait l'impression de jouer un rôle, de n'être que l'ombre de lui-même et cela le détruisait comme si la vraie part de lui enfouie demandait à survivre et à s'en sortir. Il la regardait dans les yeux et sondait en elle. Il avait l'impression qu'elle pouvait comprendre, qu'elle pouvait entendre comme si un fil invisible les reliait et que c'était la seule chose dont il se souvenait dans la brume qui hantait sa tête. Elle glissa entre ses bras pour écourter ce contact et renversa ses livres au sol. Peter la regarda les ramasser, attendant une réponse de la jeune femme qui finit quand même par avouer à Peter ce qu'il voulait entendre.

« Peter, je ne peux pas t’aider...Pas entièrement ...Ces souvenirs qui te semblent familiers et qui, pourtant, paraissent irréels, ces impressions de connaître ceux que tu n’avais jamais vu auparavant, que les gens les plus proches de toi sont en fait de simples étrangers…Tu veux savoir d’où ça vient, n’est-ce-pas ? C’est ça que tu veux comprendre ? »

Alors c'était vrai, tout était réel...Si elle lui disait que ses souvenirs lui semblaient familier, irréels que des gens proches soient des étrangers c'est qu'il ne se trompait pas. Oui il voulait comprendre, bien sûr qu'il le voulait, du plus profond de son âme. Il la supplia du regard pour qu'elle continue, qu'elle lui dise enfin ce qu'il voulait entendre. Bien sûr ça ne serait qu'un début, il devait trouver un moyen de retrouver toute sa mémoire mais il ignorait comment s'y prendre. Si tout était faux, sans saveurs, pleins de mensonges. Granny, Red, Aria, tout ça n'était que de pieux mensonges ? Qu'est ce qui pouvait-être vrai du faux, à quel point sa vision du monde était faussée ? Peter était tourmenté et fixait la jeune femme attendant qu'elle abrège ses souffrances.

« Ceux que j’aime, des innocents, tous pourraient être touchés si je venais à t’expliquer dans les moindres détails, Peter. Alors je ne vais te dire qu’un mot : Felix. »

Il avait donc visé juste, Felix était la clé de son salut, l'élément qui lui manquait pour recoller le puzzle entier de sa vie. Il le détestait viscéralement dans ses souvenirs alors que ceci lui paraissait faux, comme si entre eux, un lien aussi existait. Il voyait des images de Felix avec lui. Tout concordait avec le film qu'ils avaient vu. Des images lui venaient de plus en plus. Il voyait Felix avec une cape, Wendy dans une cage ou encore lui-même volant dans le ciel. Etait-ce seulement possible ? Réel ? Peter sentait la migraine l'envahir de nouveau. Il colla son dos en mur en continuant de fixer la jeune femme qui confirmait ses pires craintes. Ce qu'il croyait savoir était faux, sa vie entière était un mensonge et il n'arrivait pas à se souvenir, à redevenir celui qu'il croyait pouvoir être. Cependant, Wendy continua encore, comme livrant un ultime indice.

« Toute la ville vous surveille, toi et Felix. Parce que si une chose venait à se détruire... Vous deviendriez une véritable menace. »

Si une chose venait à se détruire ? Une menace ? Mais de quoi parlait-elle ? Etait-il quelqu'un de mauvais ? Il ressentait de la noirceur au fond de lui, cela venait-il de sa vraie nature ? Non, c'était impossible...Et pourtant et si ? Il se voyait tout à fait être une mauvaise personne et cela ne le choquait pas plus que ça de le dire comme si sauver sa peau primait sur le reste. Il devait donc détruire quelque chose pour devenir une menace pour cette ville ? C'était si irréel aussi. Cependant, il revint sur ce qu'elle disait à propos de menace et la fixa dans les yeux alors qu'elle venait de s'approcher et fit glisser ses doigts sur la joue droite de la jolie brune.

- Est ce que...Est ce que je t'ai fais du mal ?

Il dégluttit face à cette idée, torturé intérieurement à l'idée que cela puisse être vrai. Il avait envie de torturer des gens, sa grand-mère et Gold en tête mais pas elle. Non, pas sa Wendy...Pourtant des images de cage le hantait et il se haissait d'avoir pu lui faire cela si c'était vrai. Il l'aimait bien trop pour vouloir lui faire du mal non ? Peut-on faire du mal à ce qu'on aime pour les garder pour soi ? Pour obtenir d'eux ce que l'on veut ? Un oui général s'imposa à lui alors qu'il fixait le sol. Il releva la paume de sa main et la fixa quand une image s'imposa à son esprit, un feu de camps, des enfants au sol le fixant comme leur chef, le bord de mer et un bateau pirate au loin alors qu'il tenait dans ses mains un sachet contenant de la poudre lui permettant de voler. Il soupira, releva sa main en continuant de la fixer avant de lâcher comme une évidence

- Je suis Peter Pan n'est ce pas ?

Peter était dans un état extrêment complexe, il n'arrivait pas à formuler quelque chose de cohérent que se soit dans sa tête ou dans ses paroles. Il sentait qu'une machine à laver tournait dans sa tête brassant sans cesse ses souvenirs, véritables ou non. Il ne comprenait pas comment cette discussion pouvait être possible. Il demandait si la vie qu'il connaissait était réelle mais comment ne pouvait-elle pas l'être ? Et pourtant, Wendy le confirmait en lui demandant d'aller voir Felix. Il n'était pas qui il se souvenait d'être, alors qui était-il ? Comment avait-on pu lui implanter des faux souvenirs ? Un mot s'imposa à lui, un mot qui semblait si iréel et pourtant si facile et évident à la fois : magie. Oui, il y croyait et bien qu'il n'avait aucun souvenir en lien avec ça à part une histoire de poussière de fées, il savait que tout ceci était la pure et stricte vérité. Il avait aussi essayer de mettre le doigt sur ce qui le gênait vis à vis de Wendy. En venant la voir c'est comme si elle était la seule à pouvoir lui donner des réponses et en même temps une certaine forme de culpabilité s'emparait de lui. Il ignorait pourquoi mais c'est comme si au fond il savait qu'il n'était pas quelqu'un de bien et qu'il avait des choses qui ne devraient pas le rendre fier alors qu'il ne semblait pas avoir de remord. Oui, il n'avait peur de rien et ne regretttait rien, ça il en était sûr alors pourquoi avait-il une pointe de tristesse en pensant à elle maintenant qu'il l'avait cerné sous une autre identité. Aussi, il avait posé la question qui lui brûlait les lèvres alors qu'elle mit un temps à lui répondre et que sa phrase sonna comme une évidence douloureuse.

« Oui, tu m’en as fait. »

Il avait baissé la tête. Il ressentait un sentiment inédit dût à sa nouvelle personnalité, à son autre lui : de la culpabilité, de la honte. Il l'appréçiait sincèrement, ce n'était pas de l'amour ni même de l'amitié en soit mais une forme d'admiration et de respect évidente qui venait de naitre dans sa nouvelle vie. Elle était belle, ça il l'avait toujours pensé mais ainsi, si fragile et si douce, il avait envie de se jeter dans ses bras, de la serrer contre lui. Cependant, il ne pouvait pas, il ne pouvait plus. Il l'embrassait, la caressait du bout des doigts alors qu'il l'avait blessé et elle se laissait faire, il ne comprenait pas pourquoi elle se donnait la peine de l'aider ou de le regarder avec ses yeux pleins de douceur. Il avait aussi fait un autre constat après avoir réfléchit à toutes les évidences aussi, une fois qu'il était sûr de sa révélation, il la sortit. Sans animosité, sans haine, juste d'un ton neutre presque iréel une fois de plus, comme si tout ça était faux et qu'il flottait. Il se voyait même spectacteur de la scène, sortant de son propre corps pour observer de l'extérieur l'étrangeté de leur échange. Il attendait là aussi une réponse, une confirmation qui malgré qu'elle ne soit pas la phrase attendue confirma une nouvelle fois ses dires.

« Il faut que tu parles à Felix »

- Je vais le faire mais avant...Pourquoi....Pourquoi m'aides-tu si je t'ai fais du mal ?

Il voulait savoir, il voulait comprendre. Elle était un oisillon fragile, une petite chose entre ses doigts qu'il pouvait détruire d'un geste trop brut. Il n'avait aucune envie de lui faire du mal mais des images hantaient sa tête et lui prouvait qu'il ne s'était pas gêné auparavant. Mais désormais il avait changé et même avec ses souvenirs de retour entièrement s'il trouvait comment faire, tout ceci existerait aussi et ne pourrait totalement disparaitre. Il la voulait avec lui alors qu'il ne savait pas pourquoi et cela était plus un besoin qu'une envie, elle était désormais une part de lui et il devait apprendre à la traiter comme tel et à vivre avec.

Peter n'aurait jamais cru que cette conversation soit possible et surtout qu'elle soit vraie. Il n'était qu'un adolescent comme les autres, travaillant chez sa grand-mère avec un petit côté voyou et une copine qui ne l'intéressait pas alors qu'on lui disait qu'il l'aimait à la folie depuis longtemps. Non, tout ça sonnait faux et le jeune garçon se sentait comme en prison comme si des chaines invisibles étaientà ses pieds l'empêchant de vaquer librement à ses occupations et de redenir lui-même. Il avait vite compris le lien, qui il était grace au film et grace à elle. Le destin tentait de lui faire reprendre conscience, sa destinée était tracée et Peter devait reprendre sa vie en main. Il avait donc dit à Wendy qui il était et elle n'avait pas nier, ne faisant que confirmer. Il était donc ce Pan, ce garçon qui refuse de grandir, qui vit sur une île avec pleins de garçons orphelins et qui vole, c'était dur à assimiler. Wendy était donc cette jeune femme, enfin vieille femme dans le film mais ici encore une enfant, celle qui était associé à son prénom, indissociable de son personnage. Il avait ensuite posé la question qui lui brûlait les lèvres suite au fait qu'elle lui avait dit qu'il lui avait fait du mal. Il ne comprenait pas pourquoi, quel intérêt de lui briser les ailes. Il lui demanda donc tout naturellement pourquoi elle l'aidait, pourquoi elle restait là s'il lui avait fait du mal. Il l'avait embrassé, lui son bourreau, par deux fois, et elle se laissait faire. Il avait du mal à comprendre, si elle lui en voulait, si elle avait souffert par sa faute, pourquoi le regardait-elle de cette façon. Peter se rendait bien compte qu'elle l'appréçiait plus qu'elle n'aurait dû et il devait bien avouer qu'il ressentait la même chose à son égard. Il avait peur en quelque sorte qu'une fois complètement lui-même, tout ceci s'évapore et qu'il n'en reste rien. Non, c'était selon lui le seul avantage de cet événement, il garderait peut-être de la considération pour elle et il retirait au moins quelque chose de bien. Il n'était pas pressé de redevenir lui-même là tout de suite, elle était sa priorité pour le moment et il comptait bien ne pas la perdre.

« Je ne sais pas, Peter. Je le fais, c’est tout...Tiens-toi loin de ma famille, cette fois, je t’en prie. »

Il s'en était prit à sa famille visiblement et un nouveau picottement, une nouvelle sensation lui prit la poitrine et ce qui s'apparentait à de la gêne pouvait désormais ce lire sur son visage. Un sentiment bien étranger depuis de nombreuses années. Il la regardait dans les yeux la fixant jusqu'au plus profond de son être. Il ne voulait pas lui faire du mal, il ne voulait rien faire pour la blesser ou la heurter, il voulait qu'elle soit heureuse, en sécurité. Il ne savait pas si c'était possible à ses côtés mais au moins il voulait essayer. En l'entendant parler, il ressentait une étrange sensation, comme si autrefois il prenait du plaisir à faire du mal, à faire souffrir. Il ne savait pas ce qu'il avait fait à sa famille mais dans tous les cas c'était impardonnable. Que faisait-elle encore là, devant lui, si fragile alors qu'elle lui avouait qu'il était celui qui hantait sa vie, il avait blesser son être et les siens. Il s'apprêtait à partir, effrayé par lui-même, par le potentiel de douleur qui éménait de lui-même. Toutes les horribles choses dont il semblait capable et la noirceur qui commençait doucement à remonter en lui. Elle le fixait toujours, lui disant d'une petite voix qui rappelait toute la fragilité de la jeune femme.

« Peter, je… »

Il se recula, prêt à prendre la porte, voulant la laisser et enfin lui donner ce qu'elle méritait, la paix, quand elle lâcha son sac avant de s'approcher de lui. Il ne bougeait pas, la laissant faire et devenir maitre de la situation. Elle se hissa sur la pointe des pieds et lui saisit les joues de ses deux mains, maladroitement. Peter ne faisait pas le moindre mouvement, cherchant à comprendre où elle voulait en venir. Elle lui demandait de laisser les siens, elle lui donnait une piste pour redevenir une personne qui n'était visiblement pas un modèle de sainteté et pourtant elle se collait à lui et le regardait avec une douceur qui laissait place à de l'amour, oui de l'amour. Peter la vit fermer les yeux avant qu'elle ne scèle ses lèvres sur les siennes dans un doux baiser. Cela n'avait rien à voir avec les baisers presque violents qu'il lui avait donné, laissant ses hormones en avant. Elle, préférait la subtilité et lui donnait un baiser qui transmettait toutes les émotions. Il se laissa faire, profitant seulement du contact des lèvres de Wendy sur les siennes. Il ne bougea pas, tétaniser par ce qui était en train de se passer. Le jeu dangereux qui s'installait entre eux. Devait-il se laisser aller ? Ou devait-il cesser de suite ce qu'ils venaient de commencer pour ne pas la blesser de nouveau s'il redevenait le Pan d'autrefois ? Il avait envie de poser ses mains sur elle, de parcourir son corps de ses doigts et en découvrir les moindres recoins. Il voulait la plaquer au mur et l'embrasser comme si sa vie en dépendait, il devenait accro à elle. Non, il ne devait pas se laisser aller, pour elle, pour eux, ce n'était pas concevable. Le meilleur moyen de la laisser tranquille était de l'éloigner de lui. Il se recula donc, rompant le contact de ses lèvres. Bien sûr, c'était incohérent avec son arrivée quelques minutes auparavant. Il l'avait cherché, il l'avait embrassé mais en vérité maintenant il regrettait. Pas le baiser, non, mais le reste, tout ce qui avait animé leur conversation et la souffrance qui en avait découlé. Il la repoussa donc du bout des bras, en douceur, plongeant son regard dans le sien.

- Je suis désolé Wendy...

Il s'avança, scellant une dernière fois ses lèvres sur les siennes avec douceur, la même qu'elle auparavant. Il avait peur que se ne soit la dernière fois qu'il était aussi doux et bienveillant envers elle. Il avait peur de redevenir une mauvaise personne et que leur prochaine rencontre soit si différente. Cependant, il ne pouvait pas rester ainsi, il ne pouvait pas garder cette vie et se devait de redevenir qui il était. Il devait voir Felix, c'était peut-être la voix pour redevenir enfin le vrai Peter Pan. Il se recula donc une nouvelle fois, passant sa main sur sa joue avant de sortir et de laisser la jeune femme en plan, inversant totalement la tendance entre eux. Elle était celle qui voulait le retenir et c'était désormais lui qui fuyait, à l'inverse de leur conversation habituelle.