Rachelle avait encore le goût du bal, de la veille, en bouche. Les festivités étaient belle et bien mortes, à présent. Le souffle d’air des habitants était passé, et maintenant, ne leur restait plus que la cruelle satisfaction de sombrer face à un nouveau vilain. Aujourd’hui, pourtant, ce n’était pas cette piste que la voix remontait. Elle n’en n’avait que faire de l’esprit tordu qui avait lancé cette malédiction. Elle s’intéressait à ce qu’elle avait découvert en creusant ses rêves, en compagnie de Declan. Si elle n’avait rien dit au sorcier, sa mémoire, elle, n’avait pas effacé le nom qui lui avait été offert par l’oracle. Zelena. La consonance lui était vaguement familière, elle l’avait déjà entendu auparavant. Pourtant, elle était incapable de remonter jusqu’au souvenir précis, bloqué par ce satané sort. Rachelle se jetait à l’inconnu, ce qu’elle n’avait pas l’habitude de faire. Mais, à ce stade, la criminelle estimait qu’il n’y avait plus rien qui pouvait la surprendre. Sa vie ressemblait à un cauchemar depuis qu’elle avait pris la place de Mnémis. Elle avait l’intention d’y mettre un terme.

Un nom, c’était donc tout ce qu’elle possédait. C’était largement suffisant pour elle. Elle n’avait qu’à remonter la sensation, suivre le fil invisible, qu’elle sentait battre, sous sa peau. Rachelle était partie, en fin de matinée, avec un paquet de cigarette rempli, et son vieux couteau. Elle avait conscience qu’il ne lui serait d’aucune utilité si elle croisait la mauvaise personne. C’était sa manière à elle de se rassurer, surement. Elle avait erré, comme elle le faisait si bien, en tournant le dos au centre de la ville, pour s’enfoncer dans les bois. Rachelle n’avait aucune idée d’où elle se rendait, à chaque pas, sa mauvaise humeur reprenait le dessus sur sa détermination. Elle s’imaginait déjà frapper en plein visage ce fameux Zelena. Mais quand elle arriva dans cette clairière, où une ferme aux apparences abandonnées se trouvait, tout s’évapora, et elle resta là, de longues minutes, à détailler le paysage, les sourcils froncés. Soudainement, ça lui parut être une mauvaise idée. Mais elle avait déjà fait tout ce chemin. Il était hors de question qu’elle fasse demi-tour. C’est donc une boule au ventre qu’elle se remit en marche, tout droit dans la gueule du loup.

Elle s’arrêta devant une trappe, un frisson bien connu lui parcourant l’échine. Rachelle connaissait, ce qui se trouvait en dessous. Oui, en se concentrant assez, elle arrivait à deviner l’identité de ce qui était caché. Mais elle n’était pas là pour ça, et à force de trainer dans la tête de Mnémis, elle avait appris qu’elle ne devait pas se mêler de ce qui ne la regardait pas. Ainsi, elle reprit sa marche, comblant les derniers mètres qui la séparaient de la maison. Elle s’immobilisa, un instant, devant la porte, avant de l’ouvrir. Sans s’intéresser au mobilier, elle traversa les différentes pièces, sans trouver personne. Ah. C’était bien sa veine. Agacée, elle s’alluma une cigarette. Quand un craquement, sur le perron, attira son attention. Elle tourna la tête vers la porte d’entrée, affichant son plus beau sourire de renard. Zelena. C’était elle. Rachelle n’avait pas souvenir de l’avoir vu, auparavant. Mais l’impression ne trompait pas. « Salut Zelena. J’ai entendu dire que tu m’étais redevable. Tu te sens d’humeur généreuse ? »