Le réveille-matin retentit dans la pièce et Wendy sut qu’il était temps de se lever. Après deux mois d’été plutôt calmes à Storybrooke, il était temps d’aller s’instruire. L’anglaise aimait beaucoup le lycée, et même si elle ne menait pas une vie ordinaire, elle acceptait la simplicité à bras ouverts. Environ un siècle auparavant, la routine quotidienne l’avait lassé. A présent, elle la regrettait presque. Presque, seulement. Storybrooke était une ville extraordinaire, abritant des êtres tout autant étonnants. Personne ne savait encore, cependant, qui se trouvait être l’auteur de cette nouvelle malédiction, celle qui avait effacé un an de leur vie dans l’esprit de chacun. Un mystère que chacun gérait à sa façon. Wendy, elle, ne cherchait pas la personne à blâmer mais seulement des réponses. Elle avait l’impression de jongler entre deux vies, celle dans laquelle elle cachait Peter et une autre, où elle restait Wendy Darling, le petit oiseau innocent et libéré.

L’anglaise sautilla jusqu’à la douche avant de retourner dans sa chambre pour piocher dans ses nombreuses robes et adapter le reste en conséquence. John préparait le petit déjeuner quand elle débarqua dans le salon, se bataillant avec ses cheveux qui ne souhaitait pas rester en place. Elle abandonna très vite et s’affala sur la chaise, face à l’assiette que son frère venait de remplir avec un œuf. « Prête pour la rentrée ? » demanda-t-il. Elle acquiesça en perçant le jaune qui s’écoula lentement. A vrai dire, cela semblait inutile d’y retourner, à présent. De jouer les élèves modèles, d’apprendre ses leçons, faire ses devoirs. Et tout ça pourquoi à la fin ? Rien de très important. Wendy secoua la tête pour chasser les pensées négatives. Plus les jours passait, plus elle rêvait d’aventures et en regardant tour à tour ses frères –John et Michael, qui venait d’entrer dans la pièce à son tour- elle se rendit compte que ce n’était pas forcément en leur compagnie qu’elle les voulait. Elle restait une adolescente et eux des adultes. Ils n’avaient plus les mêmes centres d’intérêts. Oh, comme Wendy le regrettait. Mais elle était la seule coupable.

Une fois au lycée, elle retrouva ses connaissances. Elle avait l’impression de ne connaître plus personne, de ne pas être à sa place. Un sentiment qui s’effaça rapidement quand elle assista à son premier cours. L’odeur du cahier neuf, l’encre bleue du stylo parcourant les lignes, et la poussière des craies la rassurèrent. Tout était totalement normal, rien n’avait changé. Et quand la sonnerie du midi retentit enfin après trois autres cours, la jeune fille sortit de la salle encore plongée dans le livre distribué par son professeur. Son ventre gargouilla et riant doucement, elle rangea le précieux objet, s’agrippa à son sac et prit le chemin bien connu de la cafétéria.

Son plateau en main, elle se retourna et observa tour à tour les tables pour repérer une place restante. Wendy avait quelques amis mais ils n’étaient pas ici. Son regard s’arrêta enfin sur une figure inconnue, une nouvelle fille, sans doute, et sans se poser plus de questions, l’oiseau virevolta jusqu’à la table. « Salut ! » dit-elle avec un grand sourire. « Est-ce que ça va ? » L’inconnue affichait un air triste qui faisait peine à voir. « Tu crois que je peux te tenir compagnie pour le repas ? »

Son plateau en main, Wendy attendait une réponse de la nouvelle venue, à qui elle s’était empressée de demander si il était possible qu’elles déjeunent ensemble. L’anglaise aimait faire des connaissances, et veiller à ce que chacun s’intègre correctement. L’air attristé de la jeune fille en face d’elle l’avait légèrement dépité et l’envie de lui rendre le sourire se fut plus pressant. Ce qu’elle ne tarda d’ailleurs pas à faire, rassurant Wendy au passage.

« Saluuut miss, bien sur va-y ! Je m'appelle Luna, mais tout le monde m'appelle Annie car c'est mon deuxième prénom, je suis nouvelle et toi tu t'appelle comment ? »

L’oiseau s’installa sur le banc, à côté de Luna qui venait de gentiment se décaler pour lui laisser un peu de place. Elle posa son plateau, composé d’un simple plat de spaghettis sans sauce, d’une pomme et d’une bouteille d’eau, sur la table et son sac, à ses pieds. « Je pense que je vais garder Luna, ce n’est pas logique de t’appeler par ton second prénom. Justement, c’est un second. » plaisanta-t-elle en se tournant vers Luna. « Je m’appelle Wendy. Wendy Darling. » Elle aimait se présenter sous son nom entier. Après tout, c’était son identité.

« Ca s'est bien passé ta rentrée ? Je vois que t'aime les pates toi aussi, et dis t'aime le chocolat aussi ?»

L’anglaise eut un rire léger à l’entente de son flot de question. La dernière était aussi tellement inhabituelle pour une première conversation. Elle ne se moquait pas, au contraire. « Comme une rentrée, à vrai dire. » répondit Wendy. « Je ne peux pas dire que c’est totalement nul puisque j’adore venir ici. » Elle jeta un regard à l’ensemble de la cafétéria, là où tous les élèves qui semblaient soudain si normaux, parlaient, riaient et partageaient de nouveaux bons moments. L’oiseau ramena une de ses mèches blondes derrière son oreille avant de nouveau se concentrer sur Luna. « Et oui, c’est un plat assez simple ! » ria-t-elle en désignant ses spaghettis. « Et concernant le chocolat, j’aime beaucoup. De temps à autre. » Wendy sourit de plus belle à la jeune fille avant de la détailler un peu plus. Elle avait de très jolis yeux bleus, et un adorable visage ovale qui inspirait la sympathie. Elle se demanda soudain pourquoi Luna s’était retrouvée seule à une table : aucun groupe ne lui avait donc proposé de se joindre à lui ? « Et la tienne alors ? » questionna Wendy en retour. « Comment ça se fait que tu ne débarques que maintenant ? Tu n’as pas été embarquée dans la première malédiction ? » Il était vrai qu’un ensemble de personne avait découvert Storybrooke pour la première fois lors de la seconde malédiction -dont l’auteur n’avait pas encore été trouvé- qui avait réuni visiblement tout le monde des contes. Ou presque. Il restait sûrement encore quelques-uns dans l’autre monde. « Qui es-tu, d’ailleurs, à Fairytale Land ? » Wendy connaissait beaucoup de contes de fées, et elle était curieuse de savoir quel rôle pouvait bien tenir Luna dans cet univers magique. C’était toujours excitant de savoir qu’elle croisait tous les jours des personnages appartenant à ses histoires d’enfance et à ses rêves.

Luna répondit directement à sa dernière question, expliquant qu’elle s’appelait Annie Jenks et qu’elle venait d’une simple petite ville. Wendy hocha la tête en souriant. Seulement elle n’avait jamais entendu parler d’une certaine héroïne se nommant Annie Jenks dans les contes qu’elles connaissaient presque tous par cœur. Quand Luna lui renvoya la demande, l’anglaise haussa les épaules. « Est-ce que tu connais l’histoire de Peter Pan ? Je sais qu’ils en ont fait une version bien spéciale dans ce monde. » Elle l’avait lu, peu après être revenu et elle avait trouvé ce livre extrêmement édulcoré. Les héros n’étaient que de simples enfants, Peter était toujours aussi arrogant mais sa malveillance, inexistante et Neverland, une île pleine de rêves. La fin l’avait fait encore plus sourire. A la fin, elle rentrait chez elle et grandissait. Ce livre n’était qu’un joli et apaisant mensonge. Son histoire à elle n’était pas terminée. Et qui aurait cru que le bourreau et l’oiseau se seraient un jour, aimés ?

Elle écouta ensuite Luna parler de son arrivée ici. Wendy n’avait aucune idée de qui était Cora, mais elle semblait être du bon côté, protégeant une partie du monde enchanté contre l’horrible malédiction de Regina Mills, la méchante reine –qui avait bien changé, maintenant. L’oiseau lâcha un petit rire à l’entente de ce que la curiosité développée de Luna l’avait poussé à faire. Elle comprenait totalement ce qu’avait pu ressentir la jeune blonde ; après tout, Wendy s’était envolée pour le pays imaginaire avec le même engouement.

Elle commença à manger en même temps que Luna, enroulant soigneusement ses spaghettis autour de sa fourchette. « Bien sûr que t'es nouvelle ! » confirma l'anglaise à la déclaration de sa nouvelle connaissance. « Mais tu dois avoir une première impression, déjà, non ? » Elle avala une deuxième bouchée de ses pâtes bolognaise avant de continuer. « Si tu veux, je peux t'emmener visiter les lieux, après le repas. Comme ça, tu sauras te repérer sans problèmes dans les couloirs, même si ce n'est pas très difficile. » L'oiseau lui adressa un grand sourire avant de terminer lentement son plat. Elle n'avait pas forcément très faim, finalement, mais il fallait bien qu'elle mange un peu avant de reprendre les cours de l'après-midi. « Et ne t'inquiète pas, Luna, je suis certaine que tu te feras très vite des amis, ici. » la rassura-t-elle. Wendy pouvait très bien comprendre à quel point il était difficile de s'intégrer dans un lycée rempli de personnages de contes de fées qui se connaissaient tous déjà très bien. Luna restait encore une parfaite inconnue mais elle ne doutait pas que d'ici quelques semaines, ce sera comme si elle avait passé toute sa vie dans la ville de Storybrooke.

« C'est quoi un Peter Pan ? Ca se boit ? » Wendy fronça les sourcils, perdue face à la réponse de Luna, avant d’esquisser un sourire un peu forcé. Elle ne voulait pas gêner sa nouvelle connaissance par rapport à son manque de savoir sur ce qu’était un « Peter Pan ». L’anglaise secoua la tête pour lui signifier que non, ça ne se buvait. Pouvait-on boire une histoire ? Un Peter Pan, on le haïssait. On en tombait amoureuse. On l’embrassait. On se perdait dans ses yeux, dans ses bras. On le haïssait encore. Et puis, on l’aimait. Un peu plus. Toujours plus. Voilà, ce qu’elle aurait voulu dire. Mais elle se contenta de d’autres mots, plus neutres, plus vagues. « Non, c’est une histoire. Comme toutes celles qui relient les habitants de Storybrooke. Peter Pan est le garçon qui refuse de grandir. Mais la réalité est bien différente. » expliqua-t-elle. Luna s’en fichait peut-être, ce n’était pas quelque chose de passionnant, alors elle s’arrêta là.

« Je suis aussi ravie de te rencontrer, j'espère aussi que je me ferais des amis, j'aime parler avec les gens, et puis...je voudrais savoir...pourquoi les gens rentrent pas chez eux ? Enfin je veux dire, pourquoi les personnes de Fairy restent ici ? » La blonde eut un moment de réflexion, faisant tourner sans fin ses spaghettis autour de sa fourchette. Ils étaient retournés dans le monde des contes à cause de la malédiction, pas vrai ? Ou tout cela n’était qu’une illusion ? Wendy balaya la cafétéria du regard avant de revenir sur Luna. « Je crois que c’est parce qu’ils n’ont pas encore trouvé le moyen de rentrer. Et puis quelqu’un a effacé les souvenirs de tout le monde sans exception, ceux de l’année dernière. Personne ne sait ce qu’il s’est passé ou qui en est l’auteur. Mais je suis sûre qu’on trouvera. » La jeune fille haussa les épaules avant d’avaler une dernière bouchée puis éloigner son plateau d’elle. Elle avait proposé à la jolie Jenks un tour du lycée, histoire qu’elle s’y retrouve un peu plus facilement. « Avec grand plaisir, merci c'est gentil de ta part ! On va visité quoi en premier ? Tu a un lieu préféré ? » En effet, elle en avait un. Un muret à moitié caché par de la végétation dans l’angle de la cour, qu’elle aimait fréquenter pour lire ou réfléchir. Rien ne l’empêchait de lui montrer, mais elle restait tout de même un peu réticente à lui indiquer. C’était son petit coin pour ses envies de solitude. « On visite ce que tu veux. Tu as cours de quoi après le déjeuner ? Je peux, peut-être, t’y accompagner. »