Prise de panique, Kim s’était réfugiée dans les ruelles les plus étroites et sombres de la ville. La nuit ayant totalement étendue son règne sur Storybrooke, d’aucun aurait estimé qu’elle prenait là un risque certain. Pas elle. Ces rues, elles les connaissaient comme sa poche, pour les avoir parcouru de nombreuses fois, alors que la lune était le seul éclat qui les baignait. Elle ne se sentait jamais plus en sécurité qu’à l’abri de ces toits, le bitume plongé dans l’obscurité. On prétendait qu’elle entretenait son teint pâle. Avant la grande révélation, les mauvaises langues lui prêtaient déjà quelque origine surnaturelle. Les rumeurs n’avaient fait que gonfler après l’instant fatidique où les habitants de Storybrooke s’étaient réveillés avec les souvenirs d’une vie antérieure, et d’un monde où tout était possible. Kim, quant à elle, n’avait rien modifié à son comportement. Elle continuait à sortir exclusivement la nuit, à l’exception des jours où elle n’avait d’autres choix que de se rendre au lycée. Depuis la fin de la malédiction, le lycée était encore moins au nombre de ses priorités. Elle avait trop à fuir, trop à perdre, si peu à gagner. Pourquoi prendre des risques pour une telle perte de temps ?

Alors qu’elle se pensait plus ou moins en sécurité, loin des rayons du soleil, Kim avait réussi à s’exposer à un risque majeur ce soir. Preuve qu’il ne fallait pas s’exposer inutilement.

D’ailleurs, l’adolescente ne sortait jamais sur un coup de tête, pour prendre l’air, ou ce genre de futilité. Elle avait toujours une raison parfaitement valable pour se risquer en public. Et ce soir, elle avait la meilleure de toutes les raisons : il fallait qu’elle utilise une de ses fausses ordonnances pour obtenir ses précieux cachets. Elle n’avait pas été assez prévoyante, et elle était presque à court. Personne n’avait envie de la voir à cours de médicaments pour entretenir son état de calme apparent. Ni ses voisins, ni son père de fortune, et encore moins les passants sous ses fenêtres ne voulaient la croiser alors qu’elle était en état de manque.

Mais alors qu’elle était sur le chemin du retour, elle avait croisé son regard. La dernière personne avec laquelle il lui fallait tomber nez à nez. La dernière … disons plutôt que Kim avait une liste des personnes non désirées. Pour la plupart, il s’agissait de sorciers ou sorcières. Pour leur lien évident avec les sorcières qu’elle cherchait à fuir, la jeune fille avait tracé un trait sur leurs noms. Pas la peine non plus de chercher à obtenir la moindre aide auprès d’eux. Mais la personne qu’elle avait entre aperçut était bien pire qu’un sorcier ou une sorcière susceptible de la mener à sa perte. Elle peinait à garder son calme, le pas pressé et la gorge sèche. Elle se devait de mettre le plus de distance possible entre elle, et la silhouette distinguée. Car elle l’avait reconnu. Accélérant l’allure, elle tourna à l’angle d’une ruelle qu’elle connaissait par cœur. Elle s’arrêta alors nette, manquant de bousculer un imbécile qui …

Kim déglutit en réalisant l’identité de celui qui lui faisait face. Ce n’était pas la personne qu’elle avait cru discerner. C’était potentiellement bien pire. « Ex … excusez-moi.» bafouilla-t-elle. Puis elle tenta de le contourner et de reprendre son chemin, comme si cela pouvait paraître normal qu’une adolescente de son âge fasse une promenade de santé à cette heure et dans ces ruelles étroites.