Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : 5 février 2012 Ordre de passage des participants : Samantha - Sven

Que dire ? Cette journée était ennuyeuse à mourir. Une fois que Sam ait fini les deux rendez-vous fixés de sa journée, elle était retournée chez elle, à attendre devant sa télé que quelqu’un l’appelle. On serait le soir, encore, elle pourrait tenter de montrer sa frimousse au Rabbit Hole, des fois qu’ils aient besoin de sa voix, mais là même pas. Elle n’avait strictement rien à faire. La terrifiante vérité de sa vie : quand elle ne travaillait pas, elle s’ennuyait de manière phénoménale. Sam était une femme active, qui détestait ne rien avoir à faire et qui généralement ne savait pas quoi faire d’elle-même quand plus rien ne lui incombait. Pour cela elle avait pourtant un bon travail : femme à tout faire. Enfin, il faut comprendre ce que l’on entendait par-là : si vous aviez besoin d’une quelconque réparation, d’une aide pour un déménagement, ou tout autre chose où vous auriez besoin d’aide (même du baby-sitting à la limite), Sam est là pour vous aider. En général elle aidait à pas mal de petits trucs, mais il y avait toujours des petites choses à réparer à Storybrooke. Une étagère qui est tombée, une peu de plomberie défectueuse, un chouia d’électricité à remettre en état…Généralement elle ne pouvait pas franchement s’ennuyer dans une journée, surtout si elle allait papoter avec des gens chez Granny’s.

Quand elle s’ennuyait en revanche elle avait deux solutions : soit elle passait sa journée à tromper l’ennui comme elle le pouvait (télé, lecture promenade en forêt…) soit elle trainait avec ses amis. Mais c’est bien sûr ! Voilà ce qu’elle allait faire, aller saluer des amis. Ou plutôt un ami en particulier. Son double, son elle au masculin, son p’tit chouchou : Sven. L’ébéniste et elle se sont tout de suite découvert des atomes crochus. Même genre d’humour, même caractère indépendant et sociable, même genre de job manuel…D’ailleurs c’était au détour d’un boulot qu’ils s’étaient rencontrés. Sven avait livré une armoire à elle ne savait plus qui et Sam avait été chargée de l’installer, de sorte qu’elle ne risque pas de tomber quel que soit le poids dans la dite armoire. Après ils avaient échangé quelques mots puis des bières…Ce fut amusant comme rencontre. Aujourd’hui ils pourraient presque être qualifiés de jumeau, si ce n’est qu’ils ne se ressemblent absolument pas physiquement parlant.

Décidée, elle se leva de son canapé, mit son portable dans sa poche et pris sa sacoche à outils (on ne sait jamais, des fois qu’elle reçoive un appel, autant ne pas faire attendre plus que prévu le client) avant de quitter son appartement. Elle passa par chez Granny pour prendre de quoi manger avec elle. S’il y avait bien une chose à laquelle Sven vouait un culte, c’était la nourriture. Sans être un goinfre, il aimait bien manger ce qui était une qualité en soit. Sam était un peu dans le même genre, bien que mangeant quantitativement moins que son homologue masculin. Elle prit la direction de la maison de Sven, saluant une ou deux personnes au passage et finalement, sonna. Prions pour qu’il soit là. Sinon Sam irait voir…Dans d’autres endroits. Ou aller voir d’autres gens. Au moins elle ne mourra pas de faim. La porte s’ouvrit enfin.

"Sven ! Contente que tu sois chez toi. J’ai amené le déjeuner, ça te dit un repas avec ta grande amie ?"

Et c’est parti pour le grand de la fille sauvée d’un ennui mortel et des yeux de petits chiots tout adorable…

Le soleil perçait à travers la fenêtre du petit atelier de Sven. Il leva les yeux de la structure en bois qui deviendrait un canapé, de nombreuses heures de travail plus tard, se perdant dans l’observation de l’orée de la forêt dont il avait tout le loisir d’étudier la végétation s’éveillant aux températures plus tempérées qui arrivaient dans le Maine. Durant toute la matinée, c’est à peine s’il avait quitté son établi, se focalisant totalement et parfaitement, empêchant toute pensée étrange et intruse de venir s’immiscer dans le flot de sa réflexion. Il était satisfait de son travail, un mince sourire sur le visage alors que de son ciseau, il ajustait un coin d’un long morceau de bois. Il faisait relativement calme, seul le bruit de ses outils roulant contre la matière végétal rompait le silence.

Ce fut la raison pour laquelle il entendit très nettement la musique de sa sonnette, qui lui fit détourner son attention de son plan de travail. Sven fronça légèrement les sourcils, se demandant qui pouvait bien venir lui rendre visite – et non le déranger, observez le raisonnement – à une heure de la journée. D’ailleurs, il ne savait même quelle heure était. Jetant distraitement un coup d’œil sur l’horloge de son atelier, il haussa les sourcils. Mon dieu ! Il avait sauté le repas. Sven secoua la tête, frottant son ventre qui ne s’était pas manifesté face à un acte aussi abominable. Finalement, il déposa ses outils, enleva du revers de sa main une partie des copeaux de bois sur ses vêtements. D’un pas posé, il se rendit jusqu’à sa porte d’entrée, l’ouvrant sans observer par le judas qui cela pouvait-il bien être.

Sven eut un grand sourire quand il vit que c’était Sam. Sam, c’était Sven, en femme. Et franchement, même s’il ne s’imaginait pas tout à fait comme ça avec une paire de seins, il devait reconnaitre que. Nan. En fait il ne pouvait pas apporter de jugement d’appréciation sur le physique de Sam. Déjà parce qu’il risquait de se faire frapper par la femme à tout faire si elle venait –d’une manière ou d’une autre- à apprendre ce qu’il pourrait penser. D’autre part parce que ce n’était pas son genre de s’arrêter là-dessus. Ils se connaissaient depuis tellement de temps que Sven considérait Sam comme une sœur.

Ainsi, il pencha la tête sur le côté, cherchant quelqu’un d’autre. « Le repas me dit bien, mais je me demande où se trouve ma grande amie. Tu l’aurais vu dans le coin ? » Sourire moqueur de Sven, avant de se reculer pour éviter tout coup de la part de Sam. « Tu tombes bien, j’ai la dalle. » Bah oui, une fois qu’il prêtait attention à son estomac, celui-là se manifestait avec brio. « En plus, si tu as pris ça chez Granny… J’ai de la bière pour accompagner ça. Rentres. » Sven se dégagea de l’entrée, laissant le passage libre pour Sam. Il alla s’asseoir dans son canapé, sans proposer à la brune d’en fait autant : elle était ici chez elle. « Alors, qu’est-ce qui t’amène ici, Sammy ? »

Ahahaha…Sam était morte de rire. Elle aurait bien tenté de lui mettre un coup juste pour lui faire comprendre que sa blague n’était pas drôle, mais il la connaissait trop bien et se reculait déjà. Sam se contenta donc de simplement lever les yeux au ciel avec un sourire désespéré. Enfin, tout cela faisait partie de leur relation à eux, un jeu de taquinerie et de boutade qui n’aurait de fin que s’ils venaient à entrer en guerre froide ou bien si l’un d’eux connaissait une fin funeste. Mais restons joyeux voulez-vous ? Déjà Sven avait faim, cela en soi n’était pas une grande surprise et elle donna le sac avec les provisions à l’ébéniste.

"Hey, tu crois quoi ? Je ne viens pas chez toi avec des trucs surgelé mon p’tit père. Tu as un estomac et des papilles sensibles mon grand je ne viens qu’avec de la nourriture de première qualité."

Et surtout elle adorait les plats de chez Granny, il fallait bien le dire. Le fait que Sam dise qu’elle prenait à manger pour aller rendre visite à Sven avait vu naître une nouvelle fournée de bacon, offerte par la maison. Ca devait être Andrew aux fourneaux aujourd’hui dans ce cas. Pour avoir droit à du bacon gratos. Puis Sven prononça le mot magique quand on parlait nourriture : Bière. Cet homme savait lui parler. Bonne nourriture, bonne bière pour aller avec, que demander de plus. Elle entra chez lui et déposa sa sacoche dans l’entrée avec un grand bruit de ferraille qui s’entrechoque. Pas besoin de lui dire quoi faire, elle alla chercher les deux bières dans le frigo et revint pour s’asseoir avec lui sur le canapé. Puis il posa une question qui eut une réponse franche. Peut-être trop mais elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il ne se vexerait pas pour si peu.

"L’ennui mon cher, l’ennui pur et simple. J’ai pas de rendez-vous, j’ai pas de prestation ce soir…En bref j’ai rien à faire et je me fais royalement chier toute seule chez moi. Donc je suis venue te rendre une petite visite. Avoue t’es content ?" Le retour des grands yeux de gamine. Sam sorti les divers paquets de son sac et tendis un directement à Sven "Ca, c’est spécial pour toi. Je crois que ton pote cuisinier était là, t’as eu double ration de bacon quand j’ai dit que je venais chez toi." Un grand sourire puis elle choppa la télécommande de la télé "Bon…Y a quoi pour le moment à la télé…"

Et elle commença à zapper à travers les chaînes que possédait Sven. Sam attendait plus que Sven lui dise stop que de réellement trouver un programme à regarder.

Venir avec de la nourriture de première qualité. Rien que pour ça, Sam méritait largement une place dans le cercle restreint des bons amis de Sven. Il n’avait rien à redire là-dessus. Sam connaissait ses goûts et elle n’avait plus vraiment besoin de le concerter pour savoir ce qu’il prenait. C’était la même chose pour l’ébéniste qui connaissait les préférences de la femme à tout faire. D’un côté, ce n’était pas très compliqué, puisqu’ils partageaient de nombreuses choses en commun, ça allait de pair avec la nourriture ou la boisson. En plus, Sam avait le don de choisir le timing parfait. Il y a cinq minutes, Sven aurait été prêt à faire le court chemin jusque chez Granny et prendre son repas là-bas. Peut-être aurait-il même touché un mot à Andrew. Mais non, voilà déjà sa sœur qui arrivait, faisant livraison à domicile. Et il n’avait même pas besoin de payer pour ça. Juste à lui offrir de la bière et un peu d’hospitalité –mais pas trop, elle risquait d’y prendre goût.

Sven se posa donc dans son canapé, posant ses jambes sur sa table basse recouverte de divers magasines et d’une tasse de café vidée, qui n’avait pas encore trouvé son chemin jusqu’à l’évier. Il songea une seconde à son travail dans l’atelier, revisitant ce qu’il lui restait à faire avant de sourire à la réponse que lui apportait Sam quant à la raison de sa visite. Décidemment, l’ennui faisait bien les choses, l’ébéniste ne pouvait le nier. « Très même, mais c’est surtout parce que t’amène le casse-dalle. » Il lui offrit un clin d’œil joueur alors qu’il récupérait sa pitance pour la journée. Directement, il ouvrit le sachet, reconnaissant un hamburger, avec un supplément de bacon. Il sourit doublement heureux. « Tu vois, c’est ça qui est important dans le monde. Avoir de bonnes relations, comme ça tu as le supplément de bacon ! » Le monde reposait sur peu de règles compliquées avec Sven. Mais être ami avec Andrew était une des meilleures choses qui lui soit arrivée. Et il ne pensait pas ça uniquement pour le bacon.

S’enfonçant un peu plus dans le fauteuil, il regardait à peine les chaines défiler, mordant une grande bouchée dans son repas avec un plaisir non dissimulé. Tenez Sven par l’estomac et vous aurez un chien fidèle jusqu’à la fin de sa vie. « Oh, stop. Cette pub est sympa. » Dit-il la bouchée pleine. Par miracle, il ne postillonna pas. Eh oui, aussi étrange que cela puisse paraitre, Sven avait une légère connaissance de ce qui passait à la télévision. Donc, cette pub sur une automobile finie, le générique d’une série télévisée commença. Games of Trones. Il avait déjà regardé quelques épisodes et le fait que des jeunes femmes nues étaient souvent visibles n’était pas un argument qui l’encourageait à regarder l’épisode en entier quand il tombait dessus. « Tu sais, si tu t’ennuies, je peux aller casser des trucs, ça te feras du travail. » La proposition de Sven, bien entendue, n’était pas sérieuse. Qui serait assez stupide pour aller jouer au vandale dans la ville ?

C’était assez amusant de constater que les deux habitants partageaient un rythme de vie plus ou moins semblable. Ils fonctionnaient au rythme des demandes des clients et si tout allait bien à Storybrooke, eh bien, ils se retrouvaient dans le salon de l’un ou de l’autre, à discuter de tout, mais surtout de n’importe quoi. Sven décapsula sa bière, pointant du doigt le personnage de Cersei Lannister. « C’est marrant, je trouve qu’elle te ressemble… physiquement, je veux dire… Tu couches pas avec ton frère j’espère ? » Sven était parfaitement au courant que Sam n’avait pas de frère, ni de sœur. C’était juste pour taquiner Sam, au risque de se prendre un coup dans le bras.

Sam eut un immense sourire; c'est surtout parce que t'amène le casse-dalle. ce genre de petites phrases toutes simples apportaient toujours une bouffée de fierté dans la jeune femme.

"J'ai été mariée Sven, je sais comment contenter un homme."

Cette phrase avait plus d'un sens mais les sous-entendus étaient monnaies courantes entre eux bien que ne menant jamais à rien. Si la mort de son mari (et de sa fille) avait provoqué une véritable dévastation chez la jeune femme à l'époque, aujourd'hui elle s'en remettait. Ça lui faisait toujours mal de devoir en parler, mais y faire allusion dans des moments comme ceux-là ne faisait que lui ramener de bons souvenirs. La réalité avait été que c'était son mari qui avait toujours cuisiné à la maison, un vrai petit cordon bleu, et elle celle qui bricolait. Il se défendait bien aussi dans ce domaine mais il était plus du bois de l'homme au foyer qu'elle ne l'était. Enfin bref.

Elle ne pût s'empêcher de rire en l'entendant. C'était une chose que Sam appréciait grandement avec Sven: sa capacité à la faire rire d'un rien. Sérieusement, quand ils étaient tous les deux sur un même travail, c'était franche rigolade durant la journée. Ce qui ne les empêchait pas de faire le travail correctement bien au contraire. Ils étaient de ces personnes qui pouvaient faire plusieurs choses en même temps. Rire franchement et travailler en était un exemple. Elle arrêta de zapper quand Sven le lui demanda et haussa un sourcil. Voiture, sérieux? Boarf, au point où elle en était. Elle prit une grande gorgée de sa bière et sortit ce qu'elle avait pris pour se sustenter, un tourte au poulet, son péché mignon, mais n'eut pas le temps de la commencer que déjà l'ébéniste lui pointait du doigt un personnage de la série et fit une blague. Elle se retint d'exploser de rire assez longtemps pour prendre un air inquiet totalement exagéré et d'annoncer, une main gracieusement posé le front.

"Oh non! Tu m'as percée à jour! Mon mari était en fait mon frère caché, mais nous ne l'avons si qu'après notre mariage." elle s'accrocha à la manche de Sven, comme désespérée "Promets que tu révélera rien, je t'en conjure!"

Elle lança un dernier regard faussement paniqué à l'ébéniste puis explosa de rire, s'enfonçant dans le dossier du canapé pour être sûre de ne pas tomber à la renverse. Quand elle pût enfin reprendre son souffle, Sam reprit, en essuyant les larmes de rire de ses yeux.

"Nan mais sérieux Sven, moi, blonde? Tu rêves. T'as vu les sourcils noires que j'ai un peu, ça fera fake et moche tout de suite. Je préféré rester au naturel."

Puis elle retourna à regarder la série avec Sven, n'épargnant aucun commentaires sur tel ou tel personnage. Mais plus elle regardait, plus elle commençait à comprendre e qui attirait l'attention de son ami dans cette série. C'était mieux que du porno, y avait un scénario avec. Non, ça serait méchant de limiter Sven à un homme comme ça, gentil comme il est, cependant elle était sûre d'avoir raison. L'épisode et son repas terminé, elle se tourna plus amplement vers son ami et lui posa une nouvelle question.

"Alors, de ton côté Mr Bois, quoi de neuf?"

D'accord elle s'ennuyait mais ça ne voulait pas dire que ce qui arrivait à Sven ne l'intéressait pas, au contraire. Sam adorait entendre l'ébéniste raconter ses histoires (certaines étaient probablement embellies mais ça ce n'était qu'un détail), des fois lui donnant un avis ou un commentaire gratuit sans qu'il n'ait rien demandé. Oui, elle était comme ça Sam, cash et pas autrement. C'est ce qui lui valait parfois la sympathie et parfois l'antipathie des habitants. Mai elle n'était pas du genre à vouloir plaire à tout le monde. Elle était qui elle était, si ça dérangeait quelqu'un, qu'il passe son chemin.

Sam, malgré le rire, réussit à s’engager dans le jeu que Sven avait lancé, répondant à la fausse affirmation avec un ton qui arracha sans grande peine un sourire à l’ébéniste. L’enchainement de la femme à tout faire fit rire Sven, qui manqua de s’étrangler avec son hamburger mais qui réussit à avaler correctement son morceau de viande et à rester vivant, malgré la légère toux qui le prit à la gorge. « D’accord. » Il toussa une nouvelle fois. « Puisque tu me supplies ainsi, je ne demanderai que dix pièces d’or pour garantir mon silence. » Et ce n’était vraiment pas cher payer. Ils regardèrent tous deux à moitié l’épisode, allant de bon train avec les commentaires et les répliques. « Nan, c’est vrai que les cheveux blonds ça ne t’irait pas, ça te donnerait une image trop innocente. Et nous savons tous les deux que ce n’est pas ton cas. » Sven rit une nouvelle fois, cette fois-ci faisant attention de n’avoir rien en bouche au risque de s’étrangler.

L’épisode se termina dans la limite du temps qui lui était impartit et une énième page de pub passa, ce qui permit totalement à Sven de se désintéressé de son écran de télévision pour s’intéresser à sa bonne amie. Il fronça légèrement les sourcils à l’entente de son nom, qu’il trouvait vraiment moche. « Franchement, quand est-ce que tu te décideras à m’appeler autrement. Est-ce que je t’appelle la femme à tout faire moi ? » Oui, il le faisait, mais il s’en moquait sur le moment. Sam allait par tellement de surnom chez Sven qu’elle pouvait bien en occulter un ou deux. Franchement. ‘Monsieur Bois, bonjour.’ Enfin, cela ne l’empêcha pas de se départir de son sourire, bien au contraire.

Qu’est-ce qu’il y avait de neuf dans la vie de Sven ? Etrangement, il n’eut pas besoin de chercher, le souvenir encore vivace d’une brunette ayant passé la nuit – ou tout du moins une partie de la nuit – chez lui quelques jours auparavant. Cette fille, Harley, il n’arrivait pas à se la sortir du crâne, revenant à quelques occasions hanter ses pensées, pour une raison qu’il ignorait totalement. Autant en parler à Sam. Il était persuadé que cela occuperait la femme à tout faire un certain moment. Si pas, elle aurait gagné une belle occasion de se moquer de son ami l’ébéniste. Sven se gratta donc distraitement le menton. « J’ai rencontré une fille, y a pas longtemps. Tu sais, j’avais rien prévu d’exceptionnel avec elle. Mais j’arrive pas à me la sortir de la tête, c’est assez chiant. » Sven aimait bien les histoires d’un soir qui se déroulaient sans accroches. Un verre, une discussion, au lit. Et ne plus se revoir, ou plus trop (il est toujours difficile de ne croiser personne à Storybrooke).

Mais voilà, avec Harley, il y avait une note qui était différente et cela empêchait Sven de l’oublier. Il se trouvait bien idiot sur le moment, incapable de se débarrasser du souvenir d’une fille de 18 ans. Ainsi soupira-t-il avant de prendre une gorgée de sa bière presque terminée.

"Je suis censée comprendre quoi là au juste ? Parles Sven ou tu pourrais le regretter…"

Une menace en l’air et ils se le savaient tous les deux très bien. Mais ça faisait partie de ce tout qu’ils étaient. Pas tout à fait complémentaires et pas assez semblables pour être dit jumeaux. Sam et Sven ils étaient…Eux, point final. Une amitié sans l’ambigüité du sexe, une amitié complètement saine et qui donnait à Sam un sentiment de liberté sans pareil. Enfin, de liberté avec un homme. Avec la plupart des autres hommes il y avait cette espèce de tension, qui ne trouve pas souvent d’échappatoire avec la personne concernée, qui gâchait un peu tout. Après elle ne comptait pas Finn dans ces hommes-là. Eux s’étaient rencontrés en se frappant comme deux grosses brutes. Maintenant elle était sûre qu’il avait peur qu’elle puisse lui faire mal dans un lit. Non, elle plaisantait, mais c’était ce qu’elle aimait se dire.

Elle reporta son attention à la série, mangeant sa tourte tranquillement et faisant passer avec la bière gracieusement offerte par Sven. L’épisode terminé, Sven fit un commentaire qui eut le mérite de faire hausser un sourcil sceptique à Sam. Bien sûr qu’il l’appelait la femme à tout faire ! Il s’en amusait d’ailleurs. Tout comme elle s’amusait avec ses petits surnoms affectifs. Elle en avait toute une panoplie rien que pour Sven. Mais pour être honnête, elle donnait des surnoms à quasiment tous les habitants de la ville. Tous ceux qu’elle aimait bien, ce qui en faisait un paquet tout de même. Sven, Paige, Finn…Pour ne nommer qu’eux. C’étaient ses petits chouchous dans la ville, pour diverses raisons propres à chacun. Paige était assez facile à deviner, elle était une enfant. Elle avait donc d’office une place de choix dans le cœur de Sam qui avait toujours eu cet instinct maternel particulièrement développé.

Par la suite Sven parla d’une fille. Jusque là, rien de sortant spécialement de l’ordinaire. Il était régulier qu’ils parlent de leurs conquêtes respectives entre eux, histoire de se raconter des petits trucs amusants. Cependant là, il fit une confession qui força Sam à poser son assiette sur la table basse et à se tourner vers Sven, complètement. Elle posa ses coudes sur ses genoux et appuya sa tête dans ses mains, comme une petite fille attendant sagement une histoire. Ce qu’elle fit d’ailleurs…Attendre. Un peu. Au bout de trois minutes, quand Sven ne rajouta rien de plus à sa précédente affirmation, elle fit une moue boudeuse avant d’annoncer, clairement.

"Je veux tout savoir Sven. Nom, comment, pourquoi, où et quand. Ne lésine pas sur les détails, c’est ce qui fait le meilleurs des histoires tu le sais très bien."

Elle haussa un sourcil suggestif et attendit, sagement, ce qui allait suivre. Car maintenant Sven allait tout lui dire, n’est-ce pas ?

A la position que prenant Sam, les coudes sur les jambes, la tête sur ses mains, Sven savait qu’il n’y avait plus de marche arrière possible et qu’il serait obligé de lui raconter Harley. Oh, ça ne le désespérait pas tant que ça. Il savait que, quand il avait ouvert la bouche, il serait obligé de tout déballer à Sam. C’était ce genre de choses, aussi, qu’ils se racontaient. Sven n’était pas du genre à demander des conseils. Parfois, juste en parler permettait de mettre les événements récents en perspective. Ainsi Sven sourit simplement à celle qu’il considérait comme sa sœur s’enfonçant un peu plus dans son fauteuil, prenant ses aises, sa bière entamée dans ses mains. « C’est Harley Watson. » Autant balancer la bombe tout de suite. A Storybrooke, tout le monde se connaissait et il ne doutait pas que Sam savait de qui il parlait, il l’avait déjà entendue se plaindre sur la peste que l’adolescente pouvait être et Sven ne pouvait pas le nier qu’il était d’accord sur certains points de la personnalité de la fille Watson. Ainsi, il se préparait à tout type de réaction de la part de la femme à tout faire, aussi violentes soient-elle. Sven estimait qu’il méritait bien un coup sur l’épaule, ou n’importe où ailleurs – sauf entre ses jambes-.

Sven se pinça l’arête du nez, repensant à cette soirée, qui avait commencé au Rabbit Hole et qui s’était terminée ici-même, d’une façon plus qu’agréable. « J’étais au bar avec les types du chantier et elle s’est pointée. Je t’avais déjà dit qu’elle m’avait fait du rentre dedans, non ? Mais qu’elle m’avait foutu un superbe râteau. Bref, elle est revenue à la charge, je l’ai saoulé parce que je pensais qu’elle allait partir à un moment ou un autre. » Sven fit une pause, se rendant parfaitement compte de ce qu’il racontait à Sam. Il espérait juste que son instinct maternel ne soit pas trop prononcé aujourd’hui, sinon il allait s’en prendre plein la gueule. « Et je me suis trompé. Donc on est revenu ici. » Avec tous les sous-entendus que cette courte phrase supposait. Sven se revoyait, ouvrir la porte, sa sensation un peu diminuée, mais l’esprit parfaitement éveillé – ou presque-. Il se souvenait d’Harley, installée exactement à la même place que Sam actuellement. Il revoyait le jeu de leurs corps, leur attraction. Je suis contente que ça soit toi. Ca lui restait dans la tête et il se voyait incapable de faire sortir cette déclaration, par n’importe quelle manière, à l’exception du travail du bois. « Mais bon, avant que je me réveille, elle était déjà partie. » En gros, à l’exception que cette conquête soit Harley Watson, il n’y avait rien de différent aux autres conquêtes que Sven avait déjà ramené ici.

Et là où cette histoire d’un soir aurait dû s’arrêter au lever du jour, Harley occupait toujours un pan de ses pensées. Bien que ça ne l’inquiétait pas outre mesure, il était obligé de constater que, malgré les quelques jours qui s’étaient écoulés, la silhouette de cette brunette continuait de la hanter dans ces instants où il se perdait dans le flux de ses réflexions. Sven tourna la tête vers Sam, un air un peu agacé sur le visage. « Et je continue de penser à elle. C’est grave docteur ? » Bah oui, si Sam était femme à tout faire, elle pouvait au moins servir de médecin, non ?

Allo cerveau? Ici Sam, il faudrait que tu te débug que je puisse parler un peu à Sven. Dès l'entente du nom de la jeune fille en question, le cerveau de Sam avait court-circuité pour plusieurs raisons. D'une c'était la Watson dont on parlait. Harley Peste Watson. La gamine qui la voyait comme une femme à abattre pour elle ne savait qu'elle raison précise. De deux, on parlait de Sven, bourreau des cœurs quand il le voulait, qui ne s'attache que rarement aux filles qui partagent ses draps. Sven qui avait trente balais passé désolé, mon vieux. Watson n'avait même pas finie le lycée bon sang! A dire vrai Sam ne saurait dire ce qui la perturbait le plus; le fait que la fille qui semble avoir retourné le cerveau de Sven soit Watson ou bien que Sven se soit fait une gamine de 18 ans. Avec le consentement de cette dernière, d'accord, mais il n'empêche.

Bon, encore il se la serait faire et puis il y pense...Okay ça arrive, la tentation de la jeunesse tout ça. Sauf qu'elle allait de surprise en surprise. Maintenant elle apprenait qu'il avait soulé Harley. Donc ouais consentement alcoolisé disons. Sur cette révélation, Sam se leva de là où elle était assise sur le canapé pour faire les cent pas dans le petit salon, une main passant et repassant nerveusement dans ses cheveux. Elle ne savait pas quoi dire, ou faire. Enfin, si, dans l'absolu elle savait ce qu'elle voulait faire ou dire, mais si Sven lui avait parlé de tout ça, ce n'était probablement pas pour qu'elle lui gueule dessus. Plus pour, au moins, chercher un semblant de conseil ou simplement quelqu'un à qui le raconter qui ne le jugerait pas. Pourtant, il devrait se douter que la femme à tout faire ne resterait pas de marbre à dire Amen à ce qu'il était de lui annoncer; il le savait, parce qu'il la connaissait suffisamment bien et qu'il connaissait surtout son instinct maternel et ce qu'il pouvait faire si titiller. Elle poussa un lourd soupir en de émane les yeux tentant de trouver un compromis dans tout ce qui lui venait en tête.

"Bon. Bon, bon, bon...Tu t'es fais Harley. Tu penses encore à elle..." non, définitivement elle ne pouvait pas rester neutre face à cela "Sven...Désolé d'avance pour ce que je vais te dire mais...Est-ce que tu es devenu complètement inconscient? Cette gamine n'a même pas l'âge légal de boire de l'alcool dans les bars! Que les serveurs du Rabbit Hole ferment les yeux sur un cocktail ou deux parce que bon, elle a tout de même 18 ans et qu'elle est une forte tête, passe encore. Mais que toi, en toute connaissance de cause, tu la soûles et que tu la ramène chez toi ensuite...J'aurais encore préféré que tu me dises que t'avais cédé à la tentation de la jeunesse plutôt que ça!"

Parce que soyons honnête, un homme reste un homme et quand une femme veut un homme, elle l'a. Or visiblement Harley avait semblé plus qu'intéressée par Sven des le départ, alors pourquoi...? Oui, après réflexion, c'était plus la notion de l'alcool sur une mineure qui la dérangeait que l'acte en lui-même. Elle-même s'était mariée relativement jeune, donc que l'on veuille des expériences à cet âge-là ne la choquait pas plus que cela, mais des qu'il y avait de l'alcool ajouté au mix, tout de suite un malaise prenait Sam à la gorge. Retournant vers la table basse, elle reprit sa bière oubliée et en prit une longue gorgée. Pour se calmer les nerfs.

"Je me doute que c'est pas franchement ce que tu veux entendre en me racontant ça mais tu me connais. Tu devais te douter de comment je réagirais."

C’est pour ça que Sven appréciait tant Sam : elle n’allait pas par quatre chemins. Elle économisait sa salive sur des paroles vides de sens et elle allait droit au but. Sam était toujours de bons conseils, même si elle ne manquait pas de délicatesse à certains moments. Mais Sven était rodé et ne s’offusqua pas du ton que prenait sa meilleure amie. Après-tout, n’était-il pas le fautif dans cette histoire ? Une partie de lui, disait que oui. Il avait profité d’une fille – Harley – tourmentée par ses hormones et en avait pris parti. Il aurait dû se sentir honteux. Honteux d’avoir souillé la pureté de la fille Watson, ou de ce qui s’en approchait.

Et il ne ressentait rien de cela. Aucun gène, aucun acquis de conscience, de doute, de remords, de regrets. Harley méritait mieux que cette impression qu’elle était une erreur. Sven ne regrettait rien. Ni la moindre goutte d’alcool qu’il lui avait versé, ni le moindre billet vert laissé sur le bord du comptoir du bar, ni les paroles cruelles qu’il lui avait susurré à l’oreille, ni ses caresses, ni ses baisers. Cela se voyait, surement, dans le fond de ses prunelles. Il aurait pu jouer le coup du coupable, parce qu’il l’était bien. Ça aurait été manquer de franchise envers la femme à tout faire.

Sven, étrangement serein après le savon qu’il venait de recevoir, s’appuya sur le bord de son fauteuil. « C’est bien pour ta franchise que je te dis ça. Bon, ton instinct maternel doit aussi rentrer en jeu. » Il passa une main dans ses cheveux, termina le fond de sa bière. « Mais si je résume bien, et arrête-moi si je me trompe, tu m’en veux plus pour l’avoir saoulé qu’autre chose ? » Le ton amusé était là, parce qu’il ne pouvait pas s’en défaire.

Sven se serait attendu à un autre genre de remontrance de la part de Sam. Après tout, il avait couché avec une fille que la veuve ne pouvait supporter, avec une fille qui avait plus de dix ans en moins que lui, qui n’était même pas assez vieille pour boire de l’alcool. Sven ne se serait pas défilé pour ce genre de raisons. Si Harley voulait jouer dans la coure des grands, Sven lui avait ouvert le plateau de jeu. Elle voulait être considérée en adulte, il ne l’avait pas contrarié – ou si peu – sur ce détail. C’était ainsi que les choses allaient dans les bars. Un peu d’alcool, de la discussion et les gens se rendaient ailleurs. Il était sûr que certaines filles avaient connus des premières aventures dans un bar, moins agréables que la compagnie qu’avait été Sven envers Harley.

« Donc, excepté que je t’ai déçu sur ce point. » C’était pas la première fois que Sam devait être fâchée sur Sven pour une conduite qu’elle n’appréciait pas. « Que je reconnais parfaitement mon tort. » Qu’il ne le regrettait pas. « Tu m’expliques pourquoi, parfaitement sobre et plusieurs jours plus tard, alors que je ne l’ai pas revu, que c’était pas la meilleure partie de jambes en l’air de ma vie, elle me reste dans la tête ? » Oui, parce que, une fois oublié tout ce qu’il venait de dire, pourquoi est-ce qu’il ressentait encore ce frisson d’excitation en repensant à elle ? Qu’il avait envie de revivre ce genre de soirée, encore, en boucle et en boucle, malgré le flou léger sur ses souvenirs, sur l’inspide en comparaison à ce qu’il avait vraiment ressenti dans les bras d’Harley ? Sven posa son regard sur Sam, en attente d’une réponse franche, ici encore.