« Comment vous avez fait ? Vous étiez pas sous le sort ? Et je pensais qu’il n’y avait pas de magie, avant que Gold ne vienne s’y mêler. » Un fin rire s'échappa des lèvres du sorcier. Comme si la réponse était évidente. À ses yeux, bien sûr qu'elle l'était. Mais pour le garçon face à lui, ses questions étaient légitimes. « Pas besoin de magie pour ce monde-là » Dit-il en tapotant ses doigts contre sa tempe. En effet, le monde des rêves était complexe et beaucoup plus accessible que n'importe quel autre univers. Enfin, du moins, pour un maître des rêves. « Pour répondre à tes autres questions, étrangement, ma personnalité est restée intacte dans les songes. Je ne me suis rappelé de mes voyages que lorsque Emma Swan a brisé la malédiction. Sinon, je me réveillais en pensant avoir fait un rêve étranges, et les bribes s'effaçaient tellement vite que je n'ai jamais eu le temps de retenir quoi que ce soit de mes interventions. »

Le sorcier soupira, repensant à cette terrible malédiction qui l'avait fait faire n'importe quoi. Il s'était rapproché des gens, avait abandonné la moitié de sa famille et n'avait plus aucune réputation. Et maintenant, les habitants de la ville n'avaient même plus peur de lui. Ils ne le craignaient plus. Pas étonnant, d'ailleurs, avec tout ce qu'il se passait en parallèle. La vie de Declan n'était rien à coté de ce qui arrivait à la famille la plus populaire de Storybrooke. Au moins, le sorcier pouvait être soulagé sur un point : personne ne faisait attention à lui désormais. Enfin, à part ce jeune homme, qui avait besoin d'aide pour retrouver, Ô surprise, l'oracle - qui, il l'espérait, ne se soit pas transformée en métal, comme dans une certaine série télévisée.

« J’ai du mal à croire qu’elle soit très attachée à vous. » Le sorcier parut étonné et arqua un sourcil. Vraiment ? Attachée à lui ? Declan avait du mal à y croire. Ou bien, peut-être que le garçon face à lui faisait des suppositions. Enfin, dans tous les cas, le sorcier n'était pas sûr que l'oracle appréciait que cette information lui soit divulgué. Il fit donc comme s'il n'avait rien entendu et attendait la suite avec impatience, alors que le garçon changeait de position. « Vous avez l’air au courant de sa condition. Vous ne pouvez rien faire, c’est ça ? » Un soupir se fit entendre, comme première réponse. « Je l'ignore. Je sais juste qu'elle paie le prix pour des actes, mais lesquels ? Je ne sais pas. Je n'ai jamais su. » Le sorcier paraissait vraiment désolé de ne pouvoir être plus utile. À moins que, cette fois-ci, les événements aient évolué. Le cas de Mnémis était peut-être différent. « Tu veux toujours de mon aide ? Parce que je suis prêt à aider s'il le faut. » Declan ignorait pourquoi il tenait à rendre service. Les mystères de la vie. Ou le besoin irrésistible de revoir cette lueur mauve qui l'aimait tant. « C'est quoi ton lien ? Avec l'oracle... »

« Vous feriez ça ? J’veux dire, sur fond volontaire ? Pas de compensation, ou un truc salace de ce genre ? » Declan releva le menton, en pleine réflexion. La magie avait toujours un prix. Concernant son don, le prix à payer était de subir les songes d'un autre, de voir quelques bribes de souvenirs ou de pensées dissimulés dans le subconscient. Et Declan n'était pas comme Rumplestiltskin. Cependant, son don était si particulier qu'il ne tenait pas à retourner dans les rêves de Rachelle en échange de rien du tout. « Un merci fera l'affaire. Ou une certaine reconnaissance. Je n'ai jamais trop rien demandé en échange de mes services, sauf si j'avais une bonne raison de le faire. Toi, je ne sais pas ce que tu pourrais m'apporter d'équivalant. » Ce qui était bien vrai. Declan ne connaissait pas ce jeune garçon. S'il avait été quelqu'un comme Regina ou le ténébreux, peut-être qu'il aurait demandé un service en échange. Là, même en cherchant bien, le sorcier ne trouvait rien. Il proposait son aide par gentillesse seulement. Si le Declan du passé avait une idée de ce que le Declan du présent était en train de faire...

Plus la discussion avançait et moins Declan se posait les bonnes questions. Comment pouvait-il ne pas être curieux au sujet du lien que partageait Cale et l'oracle ? Ce ne fut qu'après quelques minutes que le sorcier percuta. Pourquoi le garçon voulait la retrouver, elle ? Son regard changea. Il était pressé de découvrir l'histoire derrière toute cette affaire. Enfin, s'il pouvait obtenir des informations supplémentaires, car Cale semblait assez secret. Declan osa sa question. Une question dont-il ne redoutait absolument pas la réponse. Et pourtant. Il allait bien vite être confronté à une mêlée de sentiments. « Oh, rien de particulier. La famille, vous savez. » Trois, deux, un. Bombardement ! L'esprit de Declan fut assailli par des tonnes de questions, d'hypothèses. Aussi ridicules que sérieuses. Pourquoi ? Parce que si l'oracle faisait partie de la famille de ce garçon, elle pouvait être autant sa sœur - oui, Declan pensait à tout après le cas d'Henry Mills - que sa mère. Sa mère. Donc, qui était le père du garçon ? Declan avait déjà couché avec l'oracle... Il devenait un peu pâle, sans raison. Lui qui avait perdu deux fils et qui tentait de les retrouver... ce ne pouvait pas être possible. Pourtant, il paniquait. Quel âge avait ce Cale, au juste ? « Si je pense immédiatement au fait qu'elle soit ta mère, c'est ridicule ou non ? » Le sorcier essayait de garder contenance, mais ses diverses expressions trahissaient ses pensées. Il était effrayé. Un spectacle que ratait l'Oracle et qui devait être amusant à voir. « Tu n'as pas un père, aussi ? » Logique. Declan essayait de creuser un peu plus, en devenant de plus en plus bizarre.

« Elle n’a pas été toujours aussi jeune. » Declan ne pouvait pas faire comme s'il n'était pas au courant. Son regard en disait long sur ses pensées. Il faisait même les cent pas devant le garçon, en réfléchissant un peu à tout ce qu'il avait vécu avec l'oracle auparavant. Et il avait déjà tellement perdu qu'il ne supporterait peut-être pas d'être de nouveau un père absent dans la vie d'un enfant. Parano, vous dites ? Oui, Declan l'était en ce moment, car il craignait que son intervention ici n'était autre qu'un petit moyen pour l'oracle de le mettre devant le fait accompli. Quand est-ce qu'il oublierait ce piège qu'elle lui avait tendu dans l'un de ses rêves ? Peut-être jamais. Le Weathers allait devoir apprendre à gérer son imagination. À ce rythme, il allait devenir fou.

Question absolument con, Declan demanda au garçon s'il avait un père et regretta vite d'avoir ouvert la bouche. « Bien sûr. Ce n’est pas le Saint-Esprit qui est passé par là. » Le sorcier fut rassuré. Momentanément. Car la phrase qui suivit retourna une nouvelle fois son cerveau à l'envers. « J’ai été élevé par un bijoutier. » La couleur du visage de Declan devait changer autant de couleur que la guirlande électrique d'un sapin de noël. Et il marchait, toujours autant, de long en large près du tableau. Pourquoi lui avait-on demandé de s'occuper de ce garçon ? Berach serait certainement mort de rire en voyant son frère se comporter ainsi.

« Pourquoi vous posez cette question ? Vous connaissez mon père ? » Le sorcier secoua la tête, pensant être crédible en faisant mine d'être totalement détaché de la situation. Il s'arrêta, un bref instant, pour se poser contre le bureau principal du professeur et fut surpris de voir Cale s'approcher de lui, avec un air qui ne lui plaisait pas du tout. « vous… vous êtes mon père ? » Declan se mordit la lèvre supérieure, très fort, avant que ses yeux n'osent croiser le regard du garçon face à lui. Quoi répondre ? Il n'en savait fichtrement rien ! Pourquoi Mnémis n'était jamais là lorsqu'il le fallait ! « Je... J'espère que non, » soupira le sorcier avant de passer ses mains sur son visage, las. « J'ai déjà abandonné mes deux fils à contre-cœur. Je ne veux pas que l'histoire se répète involontairement. » Peut-être amusait-il le garçon en face, ou alors lui faisait-il peur ? Declan n'en savait rien. Il était juste inquiet, à cause de son passé, de cette histoire et de toutes ses idées bizarres. « Tu veux toujours de mon aide ? » L'oracle devait répondre à toutes ces questions, avant que Declan ne puisse se faire un nouvel ami dans les sous-sol de l’hôpital.

« J’vous charrie. J’ai pas besoin d’un père. Et franchement, je doute que vous soyez le mien. » Declan en fut ravi. Il hocha la tête, toujours silencieux, et se promena un peu devant le garçon, de moins en moins patient. Rester immobile l'ennuyait. Il avait besoin de se dégourdir les jambes durant cette entretien, qui semblait durer des heures maintenant. Même s'il était toujours très intéressant de faire de nouvelles rencontres et d'aider quelqu'un dans le besoin, Declan restait anxieux lorsque la discussion tournait autour de l'oracle. Il avait appris à la connaître, et pourtant, quelque chose en elle demeurait mystérieux. Le sorcier ne savait jamais à quoi s'attendre réellement en proposant son aide au jeune Cale, par rapport à Mnémis. Le voyage de Rachelle n'avait rien donné. Pourquoi serait-ce différent avec le garçon ? Declan se posait des tonnes de questions qui restaient sans réponses. Le mieux était de vérifier. Encore.

Incertain sur les intentions du garçon, Declan demanda confirmation quant à son offre. Il insistait toujours avant de passer un accord, surtout lorsque son pouvoir allait servir. « Bien entendu. Vous avez une idée, par où commencer ? » Premièrement rassuré, Declan perdit toute confiance en lui en entendant les dernières paroles de Cale. Par quoi commencer ? Bonne question. Le sorcier se mit à réfléchir, un court instant, puis haussa les épaules. « Puisque tu veux entrer dans ses rêves, autant le faire. Peut-être qu'avec toi, les choses seront différentes. Peut-être que tu parviendra à obtenir quelque chose que Rachelle n'a pas réussi à obtenir. Des informations supplémentaires. Une porte... » Declan haussa les épaules. Cette histoire était assez compliqué, et lui rajoutait des possibilités rocambolesques. Mais il ignorait quel genre d'événement avait frappé l'oracle, au point qu'elle se retrouve piégée dans un cercueil de verre dans l'esprit de Rachelle. « Après cette mission, je vais avoir besoin d'une bonne dose d'aspirine. Et de beaucoup d'alcool... »