Une voix lointaine, les cliquetis de sa montre contre son oreille accompagnant les craquements sinistres d'une vieille horloge accrochée à un mur poussiéreux, deux trois araignées non loin de cette horloge faisant leur vie ainsi que la mélodie régulière des doigts tapants les touches ou les écrans tactiles des smartphone et autres appareils électroniques nous offraient un portrait fidèle de l'ambiance habituelle des lundi après-midi au lycée de Storybrook. Comme à son habitude Marylou rêvait au fond de la classe ; la tête nonchalamment posée sur ses bras croisées, elle regardait par la fenêtre au lieu de prêter attention aux propos de son professeur de littérature. Au dehors un merle avait captivé son attention, il chantait gaiement.
Marylou aimait beaucoup les oiseaux, ou plutôt elle adorait les animaux en tout genre, son plus grand rêve fut qu'ils soient dotés de paroles, dans ses rêves les animaux parlaient et même certains d'entre eux portaient des vêtements.
La jeune femme avait un imaginaire dérangeant pour les autres adolescents du lycée de Storybrook, elle n'avait pas vraiment d'amis de son âge. Le seul ami qu'elle n'ait jamais eut était Leo, le jeune concierge du lycée. Elle prenait souvent le thé avec lui, faisait ses devoirs en sa compagnie, il jouait de la musique pour elle et lui racontait de belles histoires. Au fond, Leo et Marylou possédait le même imaginaire mêlant à la fois le fantastique et le réalisme, aussi étrange que cela puisse paraitre.

La sonnerie vint perturber le fil des pensées de Marylou et celle-ci tel un automate se leva tout comme les autres élèves pour s'extirper en dehors de la salle de classe. Elle marcha au radar perdue dans ses pensées dans les couloirs du lycée et exécuta les mêmes mouvements répétitifs de chaque sortie de cours. Elle alla à son casier, prit ses affaires et prit le chemin de la sortie pour s'arrêter devant la loge de Leo qui visiblement était occupé ailleurs ce jour-là...Tiens, ceci n'était pas habituel se dit Marylou en sortant une feuille de son sac pour laisser un mot à son ami lui indiquant son passage et sa surprise quant à son absence. Elle n'oublia pas de lui proposer un rendez-vous dans le parc en fin d'après-midi vers dix-sept heures aux balançoires dans le jardin d'enfants.
En effet, ces habituels rendez-vous ponctuaient le quotidien de la jeune femme et du concierge, généralement ils discutaient ou parfois, ils restaient silencieux et appréciaient simplement la compagnie de l'autre.

Quand elle fut enfin sortit du lycée Marylou pris une grande bouffée d'air frais et elle pris la direction de chez elle espérant qu'elle ne croiserait pas sur le chemin ni sa tante Janis ni cet homme...Elle ne connaissait pas son nom, ni pourquoi elle le voyait regulièrement mais il était comme une ombre pour elle. Marylou n'avait pas peur de cet homme, il était comme une ombre bienveillante sur elle et à chaque fois qu'elle tentait de s'approcher d'un peu trop près de lui il n'était plus là...C'était très frustrant. Elle jetait des regards tout autour d'elle dans l'espoir de l'apercevoir mais malheureusement il n'était pas là, où alors mieux cacher qu'à son habitude. Elle finit par ne plus y penser quand elle atteint la porte d'entrée de sa maison. Elle ouvrit lentement la porte qui par un heureux hasard était fermé à clé. Un sourire se dessina sur ses lèvres et elle entra le cœur plus léger. Après un gouter bien mérité, elle fit ses devoirs et prit un livre qu'elle chérissait plus que tout : Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll. Elle lut deux trois passages guettant l'heure de son rendez-vous jusqu'à qu'il fut temps de quitter les lieux.

Marylou était assise sur sa balançoire et attendait tranquillement Leo. Elle s'était acheté une glace, il n'y avait pas beaucoup d'enfants ce soir. Généralement, les enfants qui jouaient ici n'étaient plus étonnés de voir Leo et Marylou sur les balançoires, ils les appréciaient car ils avaient toujours deux ou trois pièce dans leur poche à leur donner pour qu'ils aillent s'offrir des friandises. Les parents ne les trouvaient pas non plus dérangeant. Alors qu'elle guettait l'arrivée de son camarade qui tardait à faire son apparition elle l'aperçu majestueusement assis sur un banc public. Il avait une allure royal, ses cheveux blond, ses yeux fauves... Il semblait perdu dans ses pensées lui aussi.

-Sincères excuses pour mon retard Marylou, j'ai été retenu plus longtemps que je ne pensais.

Ces mots bien que très délicatement dit firent sursauter la jeune femme et elle détourna son attention un instant de l'étranger. Elle se tourna vers Leo et avec un léger sourire elle lança, sarcastique :

-J'ai failli attendre.

Même si elle se voulait être assez sombre elle avait toujours cette voix d'enfant qui lui faisait perdre son sérieux. Leo entrant alors dans son jeu la relança :

-Pardonnez-moi sa majesté Marylou, reine de...reine de... ah oui c'est vrai tu n'es pas une reine !

La jeune femme ne se priva pas de lui donner un coup de sa glace à la pistache et celui-ci la lui subtilisa. Ils se disputèrent comme deux enfants et puis quand Marylou repris son sérieux, son regard se redirigea vers le banc ou l'inconnu se trouvait une dizaine de minutes auparavant, il n'était plus là. C'est un long soupir de deception de la jeune femme qui attira l'attention du concierge :

-Qu'y a-t-il ?

Marylou ne savait pas vraiment si elle devait lui en parler, il se disait tout mais elle ne lui avait jamais parler de Lui, et si il n'existait pas ? Et si ce n'était que le fruit de son imagination trop grande ? Elle se mordit la lèvre en signe de réflexion et finalement leva un regard perplexe vers le jeune homme.

-Depuis un moment je vois un homme, blond, assez vieux mais qui n'a pas encore atteint la quarantaine, je le vois jamais en présence de quelqu'un mais je sais que ou je vais il y a une chance sur deux qu'il y soit déjà...J'ai l'étrange certitude que je peux lui faire confiance alors que je ne le connais même pas...À vrai dire je ne sais pas vraiment qu'en penser.

Leo avait l'air sombre tout en écoutant les paroles de Marylou et écoutait attentivement ce qu'elle disait. Il ne dit rien, il regarda sa montre et parut surpris.

-Il est l'heure de rentrer, il se fait tard, je dois partir. On en reparlera demain.

Et sans ajouter un mot, ni même un aurevoir il laissa Marylou à son tour perplexe seule dans le parc.