Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : 7.07.13 Ordre de passage des participants : Andrew ~ Aileen

Dimanche sept juillet. Cette date allait rester gravée dans tous les esprits et plus particulièrement dans celui du jeune cuisinier de chez Granny's qui avait passé une bonne partie de la matinée derrière les fourneaux. Les clients étaient nombreux le dimanche et plus particulièrement aujourd'hui. L'été, les vacances, la détente... tout était propice pour venir passer un bon moment sans se soucier de cuisiner ni de préparer un petit-déjeuner. Seulement voilà, Andrew avait hâte de prendre sa pause et n'arrêtait pas de fixer le cadrant des cuisines dont l'aiguille semblait tourner au ralenti. Il ne lui restait plus que cinq petites minutes et il pourrait sortir dehors pour appeler Jamie. Puisqu'il n'avait pas eu l'occasion de le voir trop longtemps la veille, à cause du travail et de leur petite histoire secrète, le jeune homme avait hâte de pouvoir lui consacrer une poignée de minutes pour discuter et entendre le son de sa voix.

Déposant le tablier sans hésitation, Andrew sortit dehors par la porte de derrière et plongea sa main dans la poche de sa veste, puis dans l'autre. Elles étaient vides. « Merde. » Le cuisinier venait de réaliser qu'il avait oublier son téléphone dans son studio. Bien évidemment, le trajet entre son domicile et son lieu de travail n'était pas très long, mais son temps de discussion au téléphone allait être très mince. Tant pis, Andrew avait vraiment envie de parler à Jamie et qu'importe le temps qu'il aurait à lui consacrer, il était décidé.

Le jeune homme se dirigea donc vers son immeuble et entra dans son studio pour récupérer son téléphone. Là, une vague de lumière étrange balaya la pièce, emportant avec elle de nombreux papiers qui s'envolèrent à travers le studio. Andrew chancela et lâcha son téléphone portable sans se soucier qu'il s'écrase sur le sol. « Matthew... » William leva les yeux vers le miroir de son salon et observa longuement son apparence. Il se souvenait. Il savait qui il était réellement. Et il savait que Matthew était ici, quelque part. La pause à son travail ne comptait plus. Il devait retrouver son compagnon, le serrer dans ses bras, l'embrasser et ne plus le quitter durant de longs, très longs instants. Alors, il sortit de son studio, sans prendre le temps de fermer la porte à clés, et marcha rapidement vers l'extérieur, à la recherche de Matthew.

Pour se rendre au Daily Mirror, à pieds, William avait du chemin à faire, surtout que quelques personnes qu'il connaissait du monde des contes l'empêchèrent d'avancer pour le saluer. Toute la ville se souvenait, le sort avait été levé. Mais qui en était responsable ? William ne se préoccupa même pas de ce détail et n'avait qu'un seul objectif en tête : retrouver Matthew. Poliment, il déclina plusieurs invitations à se rendre dans le centre-ville pour se renseigner sur l'événement qui avait touché Storybrooke. Pour l'instant, il se fichait bien de qui avait fait quoi, même s'il remerciait intérieurement leur sauveur. Le journal n'était plus très loin et William sentit un pincement dans sa poitrine et au creux de son estomac. Quelques pas encore et il serait avec celui qu'il aimait. Du moins, c'est ce qu'il pensait. Car à peine eut-il aperçu la façade du Daily Mirror qu'on recouvrait son visage avec un sac.

Quelques heures plus tard, William était assis sur une chaise, les mains attachées aux accoudoirs à l'aide de cordes. Son regard était éteint et rivé sur le sol où une paire de talons aiguilles se déplaçait de droite à gauche. Vera, ou qu'importe son nom désormais, le retenait dans cette pièce qu'il ne connaissait pas. Et elle parlait, sans cesse, de sa vie ici et de toute cette affaire au sujet du carnet. Quelque part, William aurait peut-être préféré que la vie d'Andrew se soit volatilisée avec la malédiction. Mais il n'en était rien. Il se souvenait de cette double vie qu'on lui avait infligée et devait en subir les conséquences. Ses pensées furent coupées par l'arrivée d'un homme dans la pièce : le père de Matthew, Thomas. William leva les yeux vers lui et l'écoutait déblatérer des phrases au sujet de l'avenir de son fils et de tant d'autres sujets encore que le jeune homme ne préférait pas écouter. Puis, un nouvel homme entra, le visage sombre. « Votre fils a disparu.» William lança un regard à l'inconnu alors que le père de Matthew demanda davantage d'informations, déconcerté. « Un portail s'est ouvert pour piéger la créature qui terrorisait la ville et votre fils... a été emporté avec elle et d'autres personnes, dont le shérif...» L'homme fut coupé par Thomas qui disait ne pas s'intéresser au sort du shérif mais à celui de son fils. Il se tourna ensuite vers William pour lui parler, mais le jeune homme n'arrivait plus à rien entendre. Un vide se creusait dans sa poitrine et ses oreilles bourdonnaient affreusement.

On l'avait relâché. Comme ça, après lui avoir dit qu'il aurait dû être à la place de Matthew, loin d'ici. Il faisait nuit et William avait froid. Il marchait sans but, dans la forêt, perdu. Matthew avait disparu. Il avait été emporté, avec une créature. Où ? Il ne savait pas. Il ne savait plus rien. Il n'avait plus envie de réfléchir à rien, plus envie de marcher. Il se laissa tomber, sur le sol, contre un arbre. Pourquoi lui avait-on arraché la seule personne capable de le rendre heureux ici ? Pourquoi le destin s'acharnait-il ainsi sur lui ? Pourquoi devait-il pleurer aussi facilement ? William se sentait faible, inutile. Il craquait une bonne fois pour toute, alors que son esprit était embrouillé de souvenirs douloureux et de craintes.

Que faire durant un dimanche à Storybrooke? Elle ne pouvait pas faire classe, les enfants n'avaient pas cours. Se rendre chez Granny's la démotivait, il y aurait beaucoup trop de monde durant ce jour de repos. De toute façon, les vacances avaient enfin pris place dans la ville, annonçant l'été et le beau temps, il y aurait du monde un peu partout de toute façon et le repos était par conséquent obligatoire pour la jeune femme. Evelyn Westley poussa un soupir, cela n'allait pas l'aider à s'occuper l'esprit. Non pas qu'elle ne voulait pas se reposer et se détendre, non, au contraire. Mais travailler l'aidait à ne pas penser, elle se concentrait sur les choses importantes et l'enseignement. A présent, elle ignorait quoi faire pour éviter de penser aux choses qui hantaient sa tête depuis bien trop de temps à présent. Elle sursauta en entendant des enfants rire autour d'elle et secoua sa tête, après avoir fixé d'un air absent l'école durant un long instant. Elle devait se ressaisir et profiter de ce temps libre. Peut-être pourrait-elle rendre visite à Andrew, et lui parler, cela apaiserait son esprit. Ou bien elle irait voir Charlie et Loreleigh, et déguster de délicieux cupcakes. Loin d'elle ces idées-là, en réalité. Son regard se braqua sur la forêt, ce lieu dans lequel elle avait passé tellement de temps depuis son accident. Elle croyait encore qu'elle pourrait y trouver des réponses à ses innombrables questions mais la plus importante n'en obtenait pas. Aucune Aileen ne semblait résider à Storybrooke. Cette vision de cette jeune fée aux ailes brisées et ensanglantées qui l'appelait par ce prénom n'était probablement qu'un terrible cauchemar mais l'instinct d'Evelyn lui disait tout autre chose. Devait-elle encore croire en son instinct, néanmoins?

Evelyn hésita avant de monter dans sa voiture. Depuis son accident, elle était beaucoup plus hésitante sur la route, comme si le moindre geste pouvait la ramener sur un lit d'hôpital. Elle fit démarrer le moteur puis roula tranquillement jusqu'à la lisière de la forêt, une petite randonnée solitaire allait finalement l'occuper pour la journée. Elle tapota ses doigts contre le volant, en adressant un sourire aux personnes qu'elle croisait sur son chemin. Après avoir dépassé la boutique de Mr Gold, elle se permit d'accélérer un peu et de s'éloigner des bâtiments pour atteindre la forêt. Mais alors qu'elle voulait sortir sa carte pour repérer un endroit où se garer, une lumière l'aveugla et un courant glacial traversa son corps, lui faisant perdre le contrôle du véhicule. Elle poussa un hurlement impuissant, tentant d'arrêter la voiture, mais rien n'y faisait. Evelyn appuya sur le frein de toutes ses forces, mais elle revivait l'un de ses pires cauchemars. La voiture percuta violemment un arbre, et Evelyn perdit connaissance durant quelques heures, la tête appuyée sur le volant.

Le réveil fut confus, tant les voix dans sa tête se mélangeaient. Evelyn leva lentement la tête pour regarder autour d'elle, la nuit était tombée sur Storybrooke mais la ville semblait encore bien animée d'après ce qu'elle entendait. La jeune femme grimaça et passa le bout de ses doigts sur sa tempe, avant de soupirer en remarquant du sang sur sa main. Mais quelque chose avait changé. Quelque chose était différent. Elle posa sa main ensanglantée sur son sac puis ses doigts s'emparèrent délicatement de sa carte d'identité. Evelyn Westley était le nom indiqué dessus mais ce n'était pas le sien. Elle s'appelait... Aileen... je suis Aileen. L'institutrice réalisa ce qui venait de se passer : elle avait retrouvé la mémoire, la malédiction avait été probablement brisée par Emma Swan. Elle savait qui elle était, une fée destinée à protéger William Orpwood. William... Andrew. Elle se promit de tout faire pour retrouver le jeune homme mais un dernier regard sur sa carte d'identité lui tordit les entrailles. Regina Mills lui avait donné le prénom de quelqu'un cher à ses yeux. Quelqu'un qu'elle avait vu mourir. Quelqu'un qu'elle avait enterré à mains nues. Sa protégée, la jeune fée qu'elle voyait dans ses visions, Evelyn. Aileen sentit un haut-le-coeur lui soulever le corps, et elle ouvrit violemment la portière de sa voiture avant de s'en éloigner de quelques pas et de vomir contre un arbre. Cela ne la soulageait pas, bien au contraire. Elle se sentait souillée, et brisée. Pourquoi, pourquoi, avait-elle dû porter ce prénom? Pour montrer sa faiblesse? Pour lui rappeler qu'elle avait failli à protéger toutes les personnes chères à ses yeux? Aileen fixa la voiture endommagée puis le sang coulant sur ses doigts avant d'éclater progressivement en sanglots. Elle aurait pu croire que voir la malédiction brisée la soulagerait mais non, se souvenir de qui elle était réellement lui rappelait à quel point elle aurait préféré tout oublier pour de bon. Elle laissa les larmes couler durant de longues minutes, ces dernières finirent par sembler interminables. Aileen prit une profonde inspiration, elle ne devait pas laisser ses émotions prendre le dessus et la contrôler. Elle devait être forte. Elle se releva tant bien que mal avant de tourner la tête vers la ville éclairée de Storybrooke. Elle n'avait pas envie d'y retourner, pas pour le moment. La fée serra les poings avant de se rapprocher de sa voiture, elle n'allait pas s'aventurer dans la forêt sans être armée. En fouillant bien sa voiture, elle remarqua un objet étincelant : son ancien poignard. Il y avait du sang séché sur la lame mais cela ne fit pas frémir Aileen, pour une fois. Elle rangea l'arme dans sa bottine, bien accrochée, puis se força à marcher vers la forêt, la tête haute, la gorge serrée, mais déterminée.

Qui sait, peut-être que quelqu'un s'était blessé dans la forêt après toute cette confusion post-malédiction, peut-être pourrait-elle s'avérer utile. Aileen observa la forêt, qu'elle voyait d'une façon différente. Elle ne s'y sentait plus aussi bien qu'auparavant. Elle poussa un juron en sentant la douleur revenir à ses jambes, ce n'était pas le moment de faiblir. Aileen songea à sa baguette de fée, qui lui aurait été bien utile pour éclairer son chemin. A cette simple pensée, une boule de lumière se forma au-dessus de sa main. Avait-elle fait ça? Non non, c'était impossible. Elle n'avait aucun pouvoir sans sa baguette. Aileen fixa longuement la lumière, effrayée et intriguée à la fois. Comment cela était-ce possible? Etait-elle... non, c'était ridicule, elle était une fée. Rien qu'une stupide fée inutile. Aileen reprit ses esprits et poursuivit sa marche, utilisant cette lumière. Elle semblait contrôler son intensité, par la simple pensée. Elle devait absolument questionner Mr Gold... non... Rumplestiltskin... au sujet de ses "pouvoirs". Alors qu'elle s'imaginait déjà menacer le Ténébreux avec cette ridicule boule de lumière, des sanglots la firent sursauter, des sanglots assez proches d'elle. Aileen s'approcha lentement de l'arbre contre lequel la personne semblait pleurer, et son coeur manqua quelques battements tant ce qu'elle vit lui fit mal. William, son petit protégé, craquait, brisé, malheureux, désespéré. Elle hésita, craignant sa réaction avant de s'agenouiller à côté de lui et de passer doucement ses doigts sur les cheveux du jeune homme, pour l'apaiser. William... regarde-moi... La voix d'Aileen se brisa dès qu'elle prononça le prénom de son ami. Elle ferma brièvement les yeux pour se calmer avant de les ouvrir et de retirer sa veste pour couvrir William, afin de le réchauffer et de le réconforter. William, parle-moi...

Pourquoi avait-il était enfermé ? Pourquoi l'avait-on retenu ? Pourquoi Vera ? Encore et toujours elle, quelque soit la version de l'histoire. En tant qu'Andrew, ce dernier pensait réellement avoir fait quelque chose de mal à cette femme qui avait été l'épouse de Jamie. Mais en tant que William, qu'avait-il bien fait à Vera pour qu'elle continue ses agissements ? Maintenant que la malédiction avait disparu, pourquoi s'accrocher aux événements qui avaient rythmé une vie inventée de toutes pièces par Regina Mills ? Andrew... William... n'avait aucune réponse à toute cette histoire. Tout ce qu'il savait, c'est que le père de Matthew ne l'aimait pas. Il ne voulait pas de ce pauvre cuisinier... voleur... serviteur dans sa vie.

L'esprit embrouillé, Andrew s'était arrêté en pleine forêt et s'était laissé tomber sur le sol, contre un arbre. Il ne savait plus comment penser. Comme le cuisinier qu'il avait été durant des années - combien exactement ? - ou comme le jeune homme qu'il avait toujours été depuis sa naissance ? Andrew avait l'impression d'avoir vécu une double-vie en parallèle et les souvenirs qui l'envahissaient désormais le troublait. Il était William, mais la vie qu'il avait mené dans le corps de ce cuisinier de chez Granny's ne le lâchait pas pour autant. Tous les événements qu'il avait traversé jusqu'ici l'avaient profondément marqué. La rencontre avec Jamie, leurs rendez-vous, l'accident, leur premier baiser... tout était gravé dans sa mémoire. Il n'oublierait jamais les sentiments qu'il avait eu envers cet homme, ni dans cette vie, ni dans l'autre. Mais Jamie, Matthew, n'était plus ici. Andrew ne pouvait pas le retrouver. Il l'avait perdu.

La gorge serrée, les yeux humides, le jeune homme était au bord d'une crise. Il avait besoin de craquer mais avait également la sensation d'être trop faible et il n'appréciait pas cet état d'esprit. Alors, il se retint, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus se raisonner, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus se mentir sur le degrés de sa sensibilité. Il avait perdu l'homme qu'il aimait. Ce n'était pas rien. Andrew avait le droit de pleurer. Il avait le droit de se sentir soudainement seul et d'en vouloir à la terre entière, d'en vouloir au père de Matthew et à Vera, pour l'avoir empêché de retrouver celui sans qui la vie n'avait plus aucun sens.

Aileen. Evelyn... elle était ici. Depuis combien de temps ? Andrew ne l'avait même pas entendu arriver. Il s'était laissé emporté par une rage silencieuse et aveuglé par des larmes qui ne s'arrêtaient plus de couler. C'est alors que la fée glissa quelques doigts dans ses cheveux, pour l'apaiser. Surpris et perturbé par les événements, Andrew eut un mouvement de recul, avant de se laisser finalement approcher par celle qui avait été son amie ici et qui s'occupait de lui comme elle l'avait toujours fait. Andrew l'observa alors qu'elle mettait une veste sur lui, pour le réchauffer. Il tremblait tellement... Il avait froid, il claquait des dents et avait la tête lourde. « Il a disparu... il a disparu. » Les doigts du jeune homme agrippèrent les bras de la fée comme s'il avait besoin de sentir une présence près de lui. « Matthew a été emporté dans notre monde. Dis-moi qu'il y a un moyen de le retrouver. Aileen... » Andrew avait prononcé le prénom de sa fée sur un ton désespéré, comme s'il la suppliait de trouver une solution. Il avait besoin d'une bonne nouvelle.

Il a disparu. William répétait ces mots comme si chaque syllabe lui était douloureuse à prononcer, comme si cette vérité lui était impossible à réaliser. Aileen fronça les sourcils, en se demandant dans un premier temps de qui le jeune homme parlait. Elle le laissa agripper ses bras, se disant que sa présence allait quelque peu l'apaiser d'une certaine façon, tout en réfléchissant. Mais William lui donna bien vite une réponse : il parlait de Matthew, de son Matthew. Aileen réalisa que Matthew était également Jamie Twigley à Storybrooke et esquissa l'ombre d'un sourire, en songeant à l'hsitoire des deux hommes. Mais ce sourire disparut bien vite en entendant la suite de l'histoire. Emporté dans leur monde? Y avait-il un moyen de retourner dans la forêt enchantée? La jeune fée n'avait pas tellement envie d'y retourner, et surtout, de retourner sur la tombe d'Evelyn, sa protégée. Rien qu'en songeant à cela, Aileen sentit son coeur se serrer mais elle décida de ne pas y prêter attention. La peine et le désespoir de William étaient bien plus importants. Il comptait sur elle pour l'aider, pour faire revenir Matthew jusqu'à lui. Elle ne pouvait rien lui promettre, elle ignorait les conséquences de l'utilisation de la magie à Storybrooke maintenant que la malédiction était levée mais elle ne voulait pas le laisser ainsi. Elle ne le pouvait pas. Elle devait faire quelque chose. William, je sais que cela va être difficile durant un temps mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour ramener Matthew. Je ne le laisserai pas seul dans notre monde, et je refuse que quelque chose parvienne à vous séparer une nouvelle fois, d'accord? Je t'aiderai, William, je suis là pour toi. Je prendrai soin de toi aussi, comme je l'ai toujours fait... Aileen continuait de lui caresser les cheveux, soucieuse pour lui, soucieuse pour Matthew, soucieuse pour leur avenir.

Aileen berça le jeune homme durant quelques instants, demeurant silencieuse, songeant à des solutions magiques qu'elle pourrait employer pour venir en aide à Matthew. Appeler la Fée Bleue? Non, elle n'était plus dévouée et loyale envers elle, et elle ne pensait pas qu'elle pourrait les aider. Rumplestiltskin? Elle craignait le prix à payer en échange de son aide. Regina? Non, certainement pas. Si elle était capable de mettre en place une telle malédiction sur eux, qu'était-elle capable de faire contre eux à présent? Etait-ce Regina qui était coupable de la disparition de Matthew? Elle devait obtenir des réponses, mais également faire sortir William de la forêt. Il ne pouvait pas rester comme ça toute la nuit. Aileen se releva doucement puis tira légèrement les bras de William pour qu'il en fasse de même. Elle passa son bras autour de lui pour l'aider à marcher, en espérant que sa voiture soit encore en état de fonctionner. Peut-être qu'elle pourrait utiliser la magie. Non non non. Elle avait très certainement halluciné ce qui s'était passé avant qu'elle retrouve William. Rien de tout ceci n'était réel. Comment a-t-il disparu, au fait? Est-ce Regina qui est coupable de ça, William? Et puis, pourquoi es-tu dans cet état? Quelqu'un t'a attaqué? Je sais que tu n'es probablement pas prêt pour parler de tout ça mais j'ai besoin de réponses, j'ai besoin de t'aider, William. S'il te plaît...

La vie dans le monde des contes avait promis un avenir plutôt agréable pour William. Du moins, il le pensait à l'époque. Même si Matthew et lui ne faisaient pas parties du même milieu, même s'ils étaient tous les deux des hommes, ils s'aimaient. Ils auraient pu faire tellement de choses si la malédiction n'avait pas frappé. Jamais ils n'auraient vécu séparé l'un de l'autre durant vingt-huit ans. Jamais ils n'auraient été tourmentés à cause d'histoires qui n'étaient pas les leurs. Jamais Jamie n'aurait été blessé par une psychotique et jamais Matthew ne serait tombé dans le chapeau de Jefferson, puis emmené dans le monde des contes sans William. Et ce dernier s'en voulait terriblement. Pourquoi n'était-il pas resté avec Jamie plus longtemps ? Lui qui avait tant rêvé de prétendre, juste pour une fois, de ne pas pouvoir aller travailler afin de profiter de sa présence... il aurait dû le faire. Malheureusement, le dimanche était le jour de la semaine où il ne fallait pas laisser tomber Granny. Et jamais Andrew n'aurait pu prévoir ce qu'il s'était passé.

S'accrochant aux bras d'Aileen, le jeune homme tentait de reprendre ses esprits et de se calmer pour comprendre les paroles de la fée. Elle allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour ramener Matthew. Cependant, ce ne serait certainement pas aussi simple que la façon dont-il était parti. Andrew ne pouvait pas croire que l'homme qu'il aimait reviendrait en un claquement de doigt. C'était impossible. Et il savait bien que les haricots magiques n'étaient plus très nombreux dans le monde des contes. Il avait travaillé pour Rumplestiltskin, il avait cherché des haricots durant de nombreuses années et sans succès. Matthew ne pourrait donc peut-être pas revenir de son coté. Mais ici, à Storybrooke... pouvait-il y avoir un moyen ?

Agissant comme une réelle marraine la fée avec Andrew, Aileen promettait d'être là pour lui. Sans elle, alors peut-être que le jeune homme n'aurait pas eu beaucoup d'espoirs. Car, même s'il avait un caractère plutôt bien trempé, même s'il se montrait souvent nonchalant et sûr de lui, William renfermait une part de sensibilité. Il ne fallait pas oublier qu'il n'avait que vingt-deux-ans. Il n'était pas encore tout à fait un homme et avait encore beaucoup à vivre pour pouvoir être plus fort qu'il ne le laissait paraître. Il avait besoin d'aide. Il avait besoin d'Aileen.

Les pleurs d'Andrew s'étaient atténués mais il restait encore faible. Après tout, il avait retrouvé la mémoire après avoir vécu une vie qui n'était pas la sienne, avait été enlevé et enfermé pour ne pas voir Matthew et avait appris que ce dernier avait été envoyé dans un autre monde avec possible moyen de ne jamais revenir. Comment ne pas être choqué par toutes ces annonces balancées en l'espace de quelques heures seulement ? Andrew écouta alors les nouvelles paroles de la fée, en essayant de faire le point sur toute cette histoire. Ce n'était certainement pas en restant faible qu'il allait trouver une solution à son problème.

Debout, le jeune homme s'appuyait contre la fée en marchant à son rythme. Il était chancelant mais conscient de tout ce qu'il se passait, de tout ce qu'on lui demandait. Puis, après un petit moment de silence, Andrew se décida à répondre, l'esprit encore perdu dans le vague. « Ce n'est rien. Problèmes personnels. Je peux... je peux résoudre tout ça par moi-même. » Andrew - il avait décidé de garder ce nom malgré qu'on l'appelle William - ne voulait pas dévoiler la vérité, pas tout de suite. Il en parlerait à Matthew s'il avait la chance de le revoir, mais pour l'instant, il ne pouvait pas dévoiler l'identité de celui qui l'avait enfermé. Il ne pouvait pas faire ça à l'homme qu'il aimait, même si le père de ce dernier n'était pas un ange. « Un portail s'est ouvert dans la ville. Un portail qui a emmené beaucoup de gens... Je n'en sais pas plus. Je suis désolé. » Andrew soupira et observa un moment la fée. Il n'allait pas parler de son problème toute la soirée et avait besoin de changer de sujet. « Qu'est-ce que vous... qu'est-ce que tu faisais dans la forêt ? »

Un portail qui a emmené beaucoup de gens. Par toute la poudre de fée de la Forêt Enchantée, un haricot magique avait-il été utilisé en plein Storybrooke?! Aileen écarquilla les yeux, ne masquant pas sa surprise, ce qui ne devait probablement pas rassurer William. La fée n'avait pas entendu parler d'haricot magique depuis... depuis que sa protégée Evelyn lui avait raconté comment elle en avait confié un à un jeune sorcier en détresse. Elle sentit sa gorge se serrer à nouveau, au simple souvenir de cette jeune fée. Non, elle ne devait pas se laisser submerger par l'émotion ni par les souvenirs, elle devait mettre le passé derrière elle et aller de l'avant. C'était la seule façon de pouvoir aider William, qui semblait démuni. Il avait évoqué des problèmes personnels qu'il considérait pouvoir régler par lui-même, Aileen décida alors de ne pas insister pour le moment. Ils devaient se concentrer sur Matthew, c'était leur priorité. Aileen devait savoir si le portail avait été ouvert par un haricot magique ou par un autre moyen, elle devait tout savoir mais brusquer William ne figurait pas parmi les méthodes qu'elle voulait employer pour l'aider. Elle devait l'emmener en sécurité, le rassurer, le faire parler petit à petit. En levant la tête, elle réalisa qu'ils étaient arrivés devant sa voiture bien endommagée, ce qui allait soulever davantage de questions. D'ailleurs, la première ne tarda pas à sortir de la bouche de William. Il voulait savoir ce qu'Aileen faisait dans la forêt. Oops.

La fée, désormais sorcière... ou l'avait-elle toujours été?, contempla son véhicule d'un air perplexe. Devait-elle tout lui dire? Oui certainement, dissimuler des choses à William ne l'aiderait en aucun cas. Mais aurait-il peur? Serait-il encore plus confus ou simplement intrigué? Peut-être pourrait-il l'aider. Aileen ne comptait certainement pas demander de l'aide à Rumplestiltskin ou Regina en matière de magie, elle compterait sur William pour garder son secret. Mais elle songea à une personne qui pourrait sûrement l'aider... non ! Une petite voix sembla presque lui crier ce mot dans sa tête. Pourquoi lui? Toujours lui, revenant dans son esprit, elle sentait presque sa main autour de son cou. Cette même colère, cette même souffrance, cette même culpabilité. Quelle serait sa réaction en sachant que la fée qui était censée le protéger était une sorcière? Il rigolerait, probablement... ou pas. Ce n'était pas le moment d'y penser. Aileen s'appuya contre sa voiture, et sursauta vivement lorsqu'une roue se détacha du véhicule. Cela n'allait certainement pas arranger la situation. Elle observa la roue sur le sol en soupirant avant de regarder William. Je m'étais rendue ici pour faire une randonnée, comme j'ai l'habitude d'en faire... mais il y a eu comme une lumière aveuglante, une sorte de brise et puis, j'ai eu ce petit accident. J'ai entendu du bruit dans la forêt, alors je m'y suis rendue et... je t'ai trouvé. Non non non, ce n'était pas suffisant, elle devait tout lui dire. Alors que je cherchais l'origine de ce bruit, j'ai voulu éclairer mon chemin et... une sorte de boule de lumière est apparue au-dessus de ma main, comme... comme de la magie. J'ignore d'où vient ce pouvoir, je me disais que c'était une simple hallucination mais ça s'est bien produit... je chercherai des réponses plus tard. Pour le moment, je dois tout savoir sur Matthew... était-ce un haricot à l'origine du portail ou tu n'en sais vraiment pas plus? Tout en le questionnait, Aileen examinait sa voiture pour savoir si elle pouvait la réparer. Elle devrait probablement appeler quelqu'un, utiliser de la magie, si c'était bien de la magie, sur sa voiture serait beaucoup trop dangereux. Au fait, tu connais quelqu'un qui pourrait nous aider avec la voiture? Cela n'allait pas l'aider mais peut-être que ce problème lui occuperait suffisamment l'esprit pour le moment.

Le chemin jusqu'à la voiture d'Aileen fut assez pénible pour Andrew qui peinait à avancer. Et cette mésaventure lui rappelait étrangement une mission qui avait mal tourné dans le monde des contes. Mission qui avait failli lui coûter la vie si la fée n'était pas intervenue pour le sauver. Comme par le passé, Aileen était toujours là pour lui. Même dans ce nouveau monde, même avec leurs fausses identités, la fée n'avait jamais laissé tomber Andrew. Et même si la malédiction était rompue, le jeune homme ne pourrait plus seulement la considérer comme un ange gardien. Aileen était devenue son amie et il ne devait pas se reposer sur sa protection. Il devait l'aider en retour, être là pour elle, quoi qu'il arrive. Storybrooke avait renversé un monde où les fées et les sorciers étaient respectés. Aujourd'hui, ils étaient tous égaux et devaient apprendre à s'entraider pour retrouver leur monde magique ou simplement pour rétablir l'équilibre dans la petite ville qu'ils avaient tous habité durant vingt-huit ans.

Arrivé à la voiture, Andrew lança un bref regard au véhicule qui était en très mauvais état. Le pire fut lorsque Aileen s'appuya contre celle-ci et qu'une roue s'échappa. Décidément, ils n'avaient vraiment pas de chance. Cette fin de malédiction ne portait pas très bien son nom. Apparemment, le destin voulait encore jouer avec nos deux protagonistes et ils n'étaient pas au bout de leur surprise. Aileen lâcha même un soupir avant de répondre à la question de son protégé. Au départ, la réponse était toute simple, naturelle. Andrew se souvenait bien qu'Evelyn adorait partir en randonnée, même si elle risquait sa sécurité à plusieurs reprises durant ses promenades. Puis, elle continua sur sa lancée en expliquant qu'une lumière était apparue dans sa main au moment où elle en avait besoin. Mais la fée ne s'attarda pas sur les détails ni sur cette histoire. Elle voulait en savoir plus sur la disparition de Matthew. « Une personne, ici, à Storybrooke, avait un chapeau magique. Jefferson. Tu as sûrement entendu parler de lui dans le monde des contes. Il avait une fille. Ils vivaient ans la forêt.» C'est alors que le jeune homme se souvînt qu'il avait été ami avec la petite fille en question. Paige. Grace. Peu importe. Qu'était-elle devenue ? Il se posait la question, avant de sortir de ses pensées.

Aileen lui demandait s'il connaissait quelqu'un capable de les aider pour le véhicule, ce à quoi le jeune homme répondit par un haussement d'épaules. Non, il ne savait pas. À part les mécaniciens de la ville, il ignorait qui pouvait être doué en mécanique. « Je pense qu'on va être forcé de rentrer à pied. Je me sens d'attaque tu sais. Je peux... marcher. On demandera à quelqu'un une fois en ville.» Du moins, selon l'état de la ville. Andrew ignorait ce qu'il s'y passait maintenant que tout le monde se souvenait de qui il était réellement. « Mais, est-ce que... je peux rester... avec toi ce soir ?» Le jeune homme ne voulait pas retourner dans son studio. Il ne voulait pas non plus se rendre dans l'appartement de Jamie. Et il ne voulait pas être seul.

Jefferson. Le Chapelier Fou, comme il était appelé dans leur monde. Toujours reconnaissable grâce à son chapeau. Aileen se souvenait également de la petite Grace, sa fille. Elle l'avait souvent croisée à l'école, sous le nom de Paige. Une petite fille adorable et discrète, ce qui manquait jamais de la faire sourire dès qu'elle la croisait. Ainsi donc, le portail avait été ouvert grâce au chapeau de Jefferson. La magie avait été bel et bien restaurée dans Storybrooke, mais était-ce réellement une bonne nouvelle? La malédiction semblait avoir été une sorte de bénédiction, la magie n'était pas un problème, inexistante, une menace qui ne pouvait exister que dans leurs cauchemars. Même sous la malédiction, Regina et Mr Gold ne pouvaient pas leur nuire. Et maintenant, ils avaient très certainement récupéré leurs pouvoirs. La levée de la malédiction était en réalité la véritable malédiction, ils se souvenaient de leur véritable identité et le danger les guettait à chaque coin de rue. La preuve, des personnes avaient disparu à cause d'un portail magique, peu après la levée de la malédiction. Beaucoup de questions étaient soulevées, et rien n'allait s'arranger d'ici les prochains jours. Que leur réservait cet avenir sombre qui se dressait devant eux?

Leur problème pour le moment était de trouver un moyen de rentrer à Storybrooke, mais le plus simple s'offrait à eux : la marche. Aileen retira sa veste et l'attacha autour de sa taille, il était inutile de s'encombrer et d'avoir ensuite trop chaud durant leur marche. Elle prit son sac dans la voiture et vérifia qu'elle n'y avait rien oublié d'important. La voix d'Andrew la fit sursauter, tant elle était préoccupée par sa recherche. Il lui demandait, assez timidement, s'il pouvait rester avec elle ce soir. La jeune femme sentit un pincement au coeur, la détresse du jeune homme lui faisait peine. Il avait retrouvé, du moins il avait été sur le point de le faire, puis perdu son grand amour en l'espace d'une simple journée et à présent, il était perdu, il avait besoin de compagnie et de soutien. Et si Aileen ne pouvait pas l'aider dans l'immédiat concernant Matthew, elle pouvait lui apporter du réconfort et lui prêter un toit pour la nuit. Bien sûr que tu peux rester avec moi ce soir. Le frigo est encore plein et je peux déplier le canapé pour toi. Aileen s'approcha de son ami et lui prit doucement le bras, commençant à marcher pour s'éloigner de la voiture. Je suis là, Andrew, et je le serai quoi qu'il arrive. Une phrase certainement banale mais elle tenait à lui dire, après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble, aussi bien à Storybrooke que dans le monde des contes. Elle était sa bonne fée et son amie, elle n'allait pas s'arrêter de veiller sur lui. C'était simplement impossible, pensa-t-elle alors que les lumières de Storybrooke se rapprochaient lentement. Elle non plus ne voulait pas être seule après tout.