all i want for Xmas is U ▬ Santa Claus

Introduction

Époque du sujet : actuelle
Date du sujet : 27 août
Ordre de passage des participants : shell - santa

Mnémis ouvrit la bouche, laissant un voile de fumé s’échapper, avant qu’elle ne recrache l’air de ses poumons. Elle était assise sur une des marches de la mairie, son regard dirigé sur la boutique de ce bon vieux Père Noël. Elle avait manqué de s’étouffer de rire quand elle avait découvert l’identité du vendeur de jouet, se disant que finalement, il y avait encore bien des surprises qu’elle ignorait : elle ne s’était pas attendue à ce que le grand barbu soit pris par la malédiction de Regina. Comme quoi, même les héros des enfants succombaient au méchant, un jour ou l’autre. Et Santa serait la victime d’un autre être néfaste, s’il ne faisait pas attention. Pitch. L’oracle eut un frisson qui la fit trembler. Elle était curieuse d’être témoin d’une telle démonstration du côté sombre de Santa. Parce que tous les êtres venaient à craquer, à un moment ou un autre, même les plus forts, même les immortels, même les invincibles. C’était une règle d’or. Les puissants tombaient pour laisser place à de nouvelles personnalités qui se voulaient supérieur. Comme le précédent Ténébreux avait laissé sa place à Rumplestiltskin, comme Hook se laissait dominer par un enfant perdu. Tout comme Santa pencherait en faveur de Pitch. Ce n’était qu’une question de temps et Mnémis serait là pour observer le spectacle quand l’heure de la représentation sonnera.

Elle se leva de sa place, balançant son mégot sur le trottoir, qu’elle écrasa négligemment quand elle marcha dessus. Elle irait lui rendre visite, à Santa, histoire de s’amuser un peu. Le Père Noel avait beau aimé les enfants, il n’aimait pas l’esprit gamin de Mnémis et il lui faisait bien sentir. Dommage que la réaction de l’oracle soit totalement l’inverse de ce que le pauvre homme pouvait espérer. Chasser Mnémis revenait à l’attirer un peu plus. D’autant plus qu’elle avait jeté son dévolu sur le vieux grincheux. Il fallait croire qu’elle aimait ça, les cas désespérés qui se battaient pour ne pas sombrer. Elle s’était déjà pas mal occupée avec Declan, et maintenant qu’elle avait trouvé Santa, la brune était aux anges. Tous ces malheureux qui s’échinaient à s’en sortir. Ca fascinait Mnémis, la captivait au plus haut point. Elle voulait voir jusqu’où ce genre d’hommes était capable d’aller pour faire plier le destin à leurs avantages. Elle avait proposé à Santa de passer la frontière de la ville, mais il n’avait pas apprécié l’idée, pas du tout. Pourtant, une situation désespérée demandait des recours désespérés. Hum, elle devrait peut-être dire à Santa que Maléfique rodait dans les sous-sols de Storybrooke, elle se demandait si patron de Noel s’y rendrait ou pas. Mnémis tapa dans ses mains, c’était décidé, elle irait lui dire ça – comme ça aurait-elle une excuse pour taquiner Santa.

Elle traversa la rue, faisant peu cas de la circulation, s’allumant une nouvelle cigarette sur le chemin et saluant quelques habitants qu’elle avait aidés par le passé. Puis elle trouva la boutique de jouet et entra, levant les yeux au ciel face à tous ces jouets d’enfant. Ces objets l’avaient fasciné au début, puisqu’elle n’avait jamais connu les joies des cadeaux – la partie de l’enfance de Mnémis restait assez trouble, même pour elle. Mais une fois qu’elle s’était rendu compte que jouer avec les humains était beaucoup plus amusant, elle avait abandonné les soldats en bois et autres objets qui se révélaient magiques dans l’imaginaire infantile. « Salut papy ! » Elle le salua de la main avant de s’écraser sur la chaise derrière le comptoir, faisant peu cas des deux enfants qui servaient de client à Santa. Cependant, elle attendit tout de même que le vieil homme ait terminé avec les rejetons avant de s’accaparer toute l’attention qu’elle désirait de la part de Santa. « Toujours pas décidé à abandonner à ce que je vois » elle lui offrit un sourire d’ange. « J’ai entendu que Rhett commençait à te chercher des noises. Tu veux que je me charge de lui ? » Oui, parce qu’on y croyait, qu’une crevette comme Mnémis arrive à mettre K.O. un des psychopathes de Storybrooke. Si personne n’y était persuadé, Mnémis, elle, l’était. Et elle n’avait pas peur du grand méchant Rhett, même si elle avait connaissance des quelques monstruosités dont il était capable. C’était la même chose pour la deuxième personnalité de Santa. « Comme va Ptich ? » Oui, parce que de Santa, tout d’un coup, elle s’en fichait, et elle savait que cette question avait le don de le mettre de mauvaise humeur. Et tout le monde savait que Mnémis préférait Santa grognon.

Elle était encore là. Tssh. Souffla intérieurement Santa Claus, retenant un grognement mécontent alors qu’il détournait les yeux de la silhouette assise sur le trottoir en face du magasin, ce pot-de-colle et oiseau de mauvais augure de Mnémis. Ce n’était pas la première fois qu’elle venait le poursuivre directement au magasin, et il avait bien peur que ce ne soit pas la dernière. Cette fille avait un potentiel détermination au moins aussi impressionnant que son potentiel irritation. Il ignorait pourquoi elle lui collait aux asques comme ça, et il n’était pas sûr de vouloir le savoir. Oh arrête, tu sais très bien que ce n’est pas vrai. De quoi ? Tu sais très bien ce qui peut l’intéresser chez toi. Pitch. Evidemment, il ne fallait pas être de la dernière pluie pour le comprendre. Et c’était bien ce qui agaçait profondément Santa. S’occuper de cette pourriture qui moisissait quelque part en lui était déjà assez compliqué, il n’avait aucunement besoin de servir de spectacle ou de divertissement à qui que ce soit. Il n’était pas une bête de foire.

Le carillon de la boutique tinta, et Santa fut obligé de chasser son doppelgänger de ses pensées pour s’occuper de deux jeunes clients, deux gosses qui venaient régulièrement à la boutique. Au moins cela lui permettait de penser à autre chose et oublier momentanément cette maudite malédiction infligée par Maléfique. Santa serra les dents en repensant à cette satanée sorcière, sans qui rien de tout ça n’arriverait. Il serait tranquillement en train de servir ses jeunes clients sans se soucier de la stalkeuse de l’autre côté de la rue et du parasite qui tentait de prendre possession de son esprit. Ah cette Maléfique, s’il parvenait à mettre la main dessus… Elle n’aurait pas autant de chance que la dernière fois ! Mais en attendant, il fallait impérativement qu’il trouve de l’aide pour au moins museler Pitch, assez longtemps pour qu’il trouve un moyen de s’en débarrasser. Maintenant que tout Storybrooke avait retrouvé la mémoire et que la magie était de retour, peut-être qu’il allait pouvoir obtenir l’aide de la Fée Bleue, d’une autre sorcière (encore que cette perspective ne l’enthousiasme que modérément), ou même celle du Prince et de Snow White… Ils avaient été alliés dans le passé après tout, peut-être pourraient-ils au moins lui être de bon conseil. Il irait en toucher un mot à Archie, tiens. Enfin, Jiminy. Diable ce que les vieilles habitudes ont la vie dure…

« Salut papy ! » s’exclama soudain une voix qu’il ne connaissait que trop bien, le tirant de ses pensées et de son occupation. Il jeta à peine un regard peu amène à Mnémis qui s’installait derrière le comptoir comme si elle était chez elle, et préféra se concentrer sur les deux marmots qui ne soupçonnaient pas le moins du monde la tempête qui grondait non loin. Quelques minutes plus tard, ils quittaient la boutique, laissant le Père Noël seul à seul avec l’oracle. Ou plutôt, avec l’oiseau de malheur, comme il aimait à la surnommer. «Toujours pas décidé à abandonner à ce que je vois » « Quelle perspicacité. Laisse-moi deviner, tu es voyante ? » ironisa-t-il en remettant de l’ordre sur ses rayonnages. Mais visiblement, la demoiselle ne se laissait pas démonter si facilement. Malheureusement. « J’ai entendu que Rhett commençait à te chercher des noises. Tu veux que je me charge de lui ?» « Occupe-toi de tes oignons, je me charge de ce blondinet. Et puis, permets-moi de douter de ta capacité à pouvoir lui faire face si jamais vous en veniez à vous affronter. » rétorqua-t-il sans lui jeter un regard, mais le sarcasme était palpable dans sa voix. « Comme va Pitch ? »

S’immobilisant dans son geste, Santa sentit sa mâchoire se crisper et dut faire un effort pour parvenir à ne pas perdre son sang-froid. Au lieu de cela, il laissa échapper un long soupir et darda sur Mnémis un regard aussi froid que perçant avant de délaisser son étagère pour se diriger à pas lents vers le comptoir, sans quitter la jeune femme des yeux. Il ignorait ce qu’elle voulait exactement, et c’était bien ça qui lui cassait les pieds. Mais Mnémis elle-même le savait-elle vraiment, ou agissait-elle par impulsions en fonction de ses visions et de ses intuitions ? Dans tous les cas, rien de ceci n’était raisonnable. C’était même dangereux. « Ca ne te regarde pas, jeune fille. » répondit-il dans un grognement qui témoignait bien de sa mauvaise humeur. « Qu’est-ce que tu fabriques ici, anyway ? Tu n’as personne d’autre à aller enquiquiner avec tes prédictions et tes insinuations ? Pas d’autre âme à aller tourmenter ou à pousser au désespoir ? » demanda-t-il d’un ton exagérément théâtral. Mnémis ne l’impressionnait pas avec ses dons. Il savait pertinemment que la voyance était une arme à double tranchant et qui si l’on en oubliait les règles de prudence, connaître son avenir pouvait s’avérer fatal. Ce que Santa, évidemment, préférait éviter autant que faire se peut. Posant ses deux mains sur le comptoir, face à sa visiteuse inattendue, il la regarda droit dans les yeux avant de déclarer : « Pitch n’est pas un jouet. C’est un esprit dangereux, tu le sais probablement mieux que quiconque. Alors pourquoi est-ce que tu t’amuses à ce petit jeu ? » Le ton était grave, et même chargé de reproches. Mais Santa n’aimait pas qu’on se joue de lui, et c’était exactement ce que Mnémis faisait…

«Et les autres n’ont plus qu’à attendre la fin lorsqu’ils n’auront plus la force de se débattre dans le vide. » Les yeux de Mnémis s’illuminèrent. Elle savait qu’elle avait bien fait de s’intéresser à Santa. Si en plus il terminait ses phrases, elle allait le violer sur son comptoir. Impatiente Il avait visé juste, le Père Noël grincheux. Oui, les poissons mourraient et elle savait lequel de ces deux-là survivrait sur l’autre. Pitch ou Santa ? Nous savons tous où allait la préférence de Mnémis, ou tout du moins, où elle voulait faire croire qu’elle allait. Elle était rarement pour le vainqueur, l’oracle, parce qu’elle trouvait qu’il n’y avait que les perdants qui étaient dignes d’intérêt, parce que c’étaient eux qui cherchaient à se relever à et s’imposer face à ceux qui furent un jour leur maitre. Tous pliaient face au destin, mais tous se donnaient la prétention d’essayer de le renverser. Pour ça, la brune ne pouvait qu’être admiratrice, la meilleure supportrice, même si elle le montrait de la mauvaise manière, d’après des êtres grincheux comme le tenancier de la boutique de jouets. « Tu es la seule de nous deux à savoir ce qu’il adviendra de moi et qui de Pitch ou de moi-même sortira vainqueur de la lutte. » Et c’était là qu’était tout le plaisir, d’observer le déroulement d’actions déjà écrites. C’était rare que les gens prennent le temps de s’arrêter pour constater ce que personne ne voulait savoir : que Mnémis savait. Qu’elle savait et qu’elle ne pouvait rien faire, car elle n’avait pas le droit de changer le cours de la vie, ça serait un péché, ça serait sa mort si elle ne faisait qu’essayer.

Mnémis s’enfonça un peu plus confortablement sur la chaise qu’elle avait fait sienne, fermant les yeux, savourant l’instant. « Et comme tu n’as pas l’air décidée à me le dire, je vais continuer sur ma lancée, si tu veux bien. Après tout, l’optimisme n’a jamais fait de mal à un vieux ronchon. » Si Santa cachait sa joie, il était évident de par la manière dont se trémoussait l’oracle sur sa chaise que cette optique l’enchantait au plus haut point. Elle rouvrit ses paupières, ses pupilles fixées sur celles de maitre de Noël, comme un chat joueur devant une souris plus qu’intéressante. Elle claqua des doigts. « C’est ça l’idée ! Fais de ta vie un spectacle qui vaille la peine d’être réussi. Essayer est la première marche vers la réussite. » Oh, madame faisait de la philosophie maintenant. « Et tu as déjà prouvé que tu te relevais très bien après l’échec. Pour toi, papy, rien n’est jamais vraiment perdu. » Est-ce que ça voulait dire qu’il y avait de l’espoir ? Certainement. Mais qui savait à qui elle s’adressait, vraiment ? Si elle encourageait Santa à se battre, elle ne faisait que donner plus de force à Pitch. Car plus fort était l’homme des neiges, plus sombre était son ombre. C’était un jeu à double tranchant, que Santa était seul à maitriser. Heureusement que celui-ci avait un minimum de sagesse pour l’avoir compris.

Mnémis suivit le parcourt de monsieur Claus, un regard intéressé, l’observant tiré sa bouteille d’une réserve personnelle, après avoir fermé l’accès à tout client potentiellement nuisible. Elle se fendit d’un sourire d’or. Elle appréciait quand les gens allaient dans son sens. Le Père Noël était un bon cheval, sur lequel elle avait bien fait de parier. Dommage qu’elle ne l’ait pas rencontré plus tôt, qui sait ce que ces deux-là auraient été capables de faire dans le monde des contes ? «Je vais reformuler ma question. Qu’est-ce qui t’amène ici aujourd’hui ? J’ai cru comprendre que les oracles ne faisaient rien au hasard, en bons serviteurs du Destin. Es-tu juste venue t’amuser ou bien as-tu quelque chose de particulier à transmettre au bon vieux papa Noël ? » Elle passa un peu la langue, un enfant prit en pleine faute. Elle ne pouvait rien lui cacher, à la perspicacité de Noël. Mnémis servit les verres, tandis qu’elle souriait follement à l’insulte de Santa. Pitch. Ah, Pitch. Pitch. Pitch. Elle attendait vraiment que celui-ci sorte. Il était là pour punir les vilains enfant et tout le monde savait que l’oracle avait été une vilaine fille… «Je suis là pour un peu des deux à vrai dire. Tu sais combien j’adore t’embêter. » C’était vrai. Et si elle pouvait lier le travail au plaisir, Mnémis le ferait, sans une once d’hésitation. Elle s’empara de son verre, avant de s’asseoir sur le comptoir, attirant Santa par le col, rapprochant dangereusement son visage de celui du fabricant de jouets.

L’odeur de sa cigarette se mélangea à celle de l’alcool qu’elle tenait entre ses doigts. Fière de sa prise, une lueur savante passa dans son regard. « De un, je ne sers pas le destin, c’est mon créateur, c’est beaucoup plus compliqué que ça. De deux. » Elle laissa planer un bref silence, pour augmenter le suspense. « J’ai retrouvé Maléfique… Elle est ici, à Storybrooke. Tu sais ce qu’on dit, sur ceux qui lancent des malédictions, n’est-ce pas ? Quand celui-ci meurt… » Allez, Santa, fais-lui le plaisir de finir sa phrase, une fois encore.

Spoiler:

Grumpy Santa était de retour, comme aurait probablement dit un de ses fidèles yétis là-bas à la fabrique de jouets qu’il n’avait pas revue depuis son arrivée à Storybrooke. L’espace d’un instant le vieil homme regretta sincèrement de ne pas être à l’atelier, certes perdu dans les montagnes et les tempêtes de neige, mais au moins il n’y avait pas d’oracles impertinentes pour l’y enquiquiner. Il était tout seul, en tête à tête avec ses yétis, ses lutins, ses rennes, et ses cadeaux. Et de temps en temps, le lapin de Pâques, la Fée des Dents ou le Marchand de Sable qui lui rendaient visite. Et ça lui suffisait amplement : protéger les enfants et préparer Noël n’en avaient peut-être pas l’air, mais c’étaient deux occupations qui demandaient du temps, de l’énergie, et de la concentration ! Et depuis qu’il avait retrouvé la mémoire après la fin de la malédiction, les conditions de travail n’étaient pas exactement… optimales. Entre l’inconvénient notable qu’il n’avait ni son atelier ni ses aides habituelles à portée de main, il fallait aussi noter le retour très dérangeant de Pitch et la présence de certains inopportuns… Comme Rhett ou Mnémis.

« Qui te dit que c’est un jeu pour moi ? Je prends tout ceci très à cœur. » répondit la jeune femme avec une fausse expression de surprise et de peine qui n’émut pas le moins du monde le Père Noël, trop occupé à se demander pour quelles raisons elle venait l’embêter, cette fois. L’ennui ? Une vision quelconque ? Le divertissement qu’offrait sa passionnante compagnie ? « Tu es important, Santa. » reprit-elle en braquant sur lui ce regard impénétrable dont elle semblait avoir le secret. Santa ne répondit pas. Il ne s’agissait pas d’une provocation ou d’un trait d’ironie de sa part, mais d’une constatation, et il ne pouvait pas dire le contraire. Ce n’était pas par manque de modestie de sa part, mais il savait qu’il était un personnage important ; ou du moins, que sa fonction en faisait un personnage important. Ce qui rendait la menace de Pitch d’autant plus inquiétante. «Qu’importe le côté de ta personnalité qui dominera, tu as toujours eu un rôle à part et ça ne changera pas. Que tu restes ce vieux croulant agaçant ou que tu vires en terrible Pitch. » poursuivit-elle en le fixant droit dans les yeux sans qu’il ne détourne le regard. Elle avait raison. Qu’il reste le bon Père Noël et assure la sécurité des enfants ou qu’il devienne à jamais le Père Fouettard qui plongera la prochaine génération dans la tristesse et le désespoir, son rôle sera crucial dans un avenir bien trop proche pour ne pas être extrêmement dangereux. Comment aurait-on pu imaginer que deux personnages apparemment aussi inoffensifs que le Père Noël et son double maléfique puissent avoir une telle incidence sur l’avenir d’une telle multitude ? D’un geste de la main il dégagea la fumée qu’elle lui avait soufflée au visage avant de détourner les yeux de sa terrible interlocutrice qui prenait ses aises dans son fauteuil. Songeur.

« Ceux qui se battent contre leur destin sont comme des poissons hors de l’eau. Vous n’êtes bon qu’à sautiller sur vous-même en espérant retrouver la sainte-marre. Parfois, certains y arrivent... » « Et les autres n’ont plus qu’à attendre la fin lorsqu’ils n’auront plus la force de se débattre dans le vide. » compléta Santa avec un scepticisme presque palpable. S’il n’était plus agressif (il avait bien compris qu’il ne s’en débarrasserait pas si facilement) il ne pouvait pas ne pas douter des paroles de l’oracle. Toute sa vie il avait cru au libre-arbitre et à la possibilité de changer son destin, et ce n’était pas ses déboires avec un obscur doppelgänger qui allaient le faire changer d’avis. « Tu es la seule de nous deux à savoir ce qu’il adviendra de moi et qui de Pitch ou de moi-même sortira vainqueur de la lutte. Je ne me bats pas contre mon destin, je me bats pour lui. Puisque j’ignore de quoi demain sera fait, autant lui éviter une victoire trop facile en jetant l’éponge. » déclara Santa sur le ton faussement enthousiaste du moniteur de colo qui essaye de motiver les gosses à sortir ramasser des champignons dans la forêt à cinq heures du matin. « Et comme tu n’as pas l’air décidée à me le dire, je vais continuer sur ma lancée, si tu veux bien. Après tout, l’optimisme n’a jamais fait de mal à un vieux ronchon. » conclut-il en haussant les épaules avec une mimique presque joyeuse. Se dirigeant vers la commode derrière le fauteuil sur lequel Mnémis avait pris place, il en sortit deux verres et une bouteille qu’il posa sur le comptoir avant d’aller retourner l’écriteau « fermé » sur la porte. Puisqu’elle avait l’air d’être là pour un moment, autant rendre l’entrevue moins pénible qu’elle ne l’était déjà. « Je vais reformuler ma question. » reprit-il en lui versant un verre. « Qu’est-ce qui t’amène ici aujourd’hui ? J’ai cru comprendre que les oracles ne faisaient rien au hasard, en bons serviteurs du Destin. Es-tu juste venue t’amuser ou bien as-tu quelque chose de particulier à transmettre au bon vieux papa Noël ? » Si seulement elle pouvait t’apporter une idée brillante pour te débarrasser de moi, hein Santa ? « Oh shut up, you. » lança Santa à l’ombre qu’il devinait dans un coin de la pièce, qu’il était le seul à voir, et qui disparut aussitôt en ricanant. Quel parasite celui-là…

«Et les autres n’ont plus qu’à attendre la fin lorsqu’ils n’auront plus la force de se débattre dans le vide. » Les yeux de Mnémis s’illuminèrent. Elle savait qu’elle avait bien fait de s’intéresser à Santa. Si en plus il terminait ses phrases, elle allait le violer sur son comptoir. Impatiente Il avait visé juste, le Père Noël grincheux. Oui, les poissons mourraient et elle savait lequel de ces deux-là survivrait sur l’autre. Pitch ou Santa ? Nous savons tous où allait la préférence de Mnémis, ou tout du moins, où elle voulait faire croire qu’elle allait. Elle était rarement pour le vainqueur, l’oracle, parce qu’elle trouvait qu’il n’y avait que les perdants qui étaient dignes d’intérêt, parce que c’étaient eux qui cherchaient à se relever à et s’imposer face à ceux qui furent un jour leur maitre. Tous pliaient face au destin, mais tous se donnaient la prétention d’essayer de le renverser. Pour ça, la brune ne pouvait qu’être admiratrice, la meilleure supportrice, même si elle le montrait de la mauvaise manière, d’après des êtres grincheux comme le tenancier de la boutique de jouets. « Tu es la seule de nous deux à savoir ce qu’il adviendra de moi et qui de Pitch ou de moi-même sortira vainqueur de la lutte. » Et c’était là qu’était tout le plaisir, d’observer le déroulement d’actions déjà écrites. C’était rare que les gens prennent le temps de s’arrêter pour constater ce que personne ne voulait savoir : que Mnémis savait. Qu’elle savait et qu’elle ne pouvait rien faire, car elle n’avait pas le droit de changer le cours de la vie, ça serait un péché, ça serait sa mort si elle ne faisait qu’essayer.

Mnémis s’enfonça un peu plus confortablement sur la chaise qu’elle avait fait sienne, fermant les yeux, savourant l’instant. « Et comme tu n’as pas l’air décidée à me le dire, je vais continuer sur ma lancée, si tu veux bien. Après tout, l’optimisme n’a jamais fait de mal à un vieux ronchon. » Si Santa cachait sa joie, il était évident de par la manière dont se trémoussait l’oracle sur sa chaise que cette optique l’enchantait au plus haut point. Elle rouvrit ses paupières, ses pupilles fixées sur celles de maitre de Noël, comme un chat joueur devant une souris plus qu’intéressante. Elle claqua des doigts. « C’est ça l’idée ! Fais de ta vie un spectacle qui vaille la peine d’être réussi. Essayer est la première marche vers la réussite. » Oh, madame faisait de la philosophie maintenant. « Et tu as déjà prouvé que tu te relevais très bien après l’échec. Pour toi, papy, rien n’est jamais vraiment perdu. » Est-ce que ça voulait dire qu’il y avait de l’espoir ? Certainement. Mais qui savait à qui elle s’adressait, vraiment ? Si elle encourageait Santa à se battre, elle ne faisait que donner plus de force à Pitch. Car plus fort était l’homme des neiges, plus sombre était son ombre. C’était un jeu à double tranchant, que Santa était seul à maitriser. Heureusement que celui-ci avait un minimum de sagesse pour l’avoir compris.

Mnémis suivit le parcourt de monsieur Claus, un regard intéressé, l’observant tiré sa bouteille d’une réserve personnelle, après avoir fermé l’accès à tout client potentiellement nuisible. Elle se fendit d’un sourire d’or. Elle appréciait quand les gens allaient dans son sens. Le Père Noël était un bon cheval, sur lequel elle avait bien fait de parier. Dommage qu’elle ne l’ait pas rencontré plus tôt, qui sait ce que ces deux-là auraient été capables de faire dans le monde des contes ? «Je vais reformuler ma question. Qu’est-ce qui t’amène ici aujourd’hui ? J’ai cru comprendre que les oracles ne faisaient rien au hasard, en bons serviteurs du Destin. Es-tu juste venue t’amuser ou bien as-tu quelque chose de particulier à transmettre au bon vieux papa Noël ? » Elle passa un peu la langue, un enfant prit en pleine faute. Elle ne pouvait rien lui cacher, à la perspicacité de Noël. Mnémis servit les verres, tandis qu’elle souriait follement à l’insulte de Santa. Pitch. Ah, Pitch. Pitch. Pitch. Elle attendait vraiment que celui-ci sorte. Il était là pour punir les vilains enfant et tout le monde savait que l’oracle avait été une vilaine fille… «Je suis là pour un peu des deux à vrai dire. Tu sais combien j’adore t’embêter. » C’était vrai. Et si elle pouvait lier le travail au plaisir, Mnémis le ferait, sans une once d’hésitation. Elle s’empara de son verre, avant de s’asseoir sur le comptoir, attirant Santa par le col, rapprochant dangereusement son visage de celui du fabricant de jouets.

L’odeur de sa cigarette se mélangea à celle de l’alcool qu’elle tenait entre ses doigts. Fière de sa prise, une lueur savante passa dans son regard. « De un, je ne sers pas le destin, c’est mon créateur, c’est beaucoup plus compliqué que ça. De deux. » Elle laissa planer un bref silence, pour augmenter le suspense. « J’ai retrouvé Maléfique… Elle est ici, à Storybrooke. Tu sais ce qu’on dit, sur ceux qui lancent des malédictions, n’est-ce pas ? Quand celui-ci meurt… » Allez, Santa, fais-lui le plaisir de finir sa phrase, une fois encore.

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