Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : Fevrier, le matin Ordre de passage des participants : Kwanita et Paige

Réveillée sur les coups de neuf heure du matin, la petite Paige eut un peu de mal à se défaire de ses précieuses couvertures la protégeant de la fraîcheur matinale de la chambre. A grand renfort de bâillements et autre grognements mécontents contre le stupide rideau qui laissait filtrer quelques rayons de soleil, elle s'extirpa tout de même de son lit pour enfiler chaussons et robe de chambre. Encore un peu ensommeillée, elle descendit dans la salle manger étrangement déserte. Un bout de papier traînait sur la table lui apporta quelques explications quand au calme étrange de cette matinée. Sa grand-mère avait eu une urgence et ils s'étaient retrouvés dans l'obligation d'aller l'aider. Et lui tenir compagnie pour la journée. La petite fille ne savait pas vraiment quelle genre d'urgence pouvait les obliger à rester là-bas si longtemps aussi elle ne se tortura pas plus longtemps la cervelle et sortit ce qui lui fallait pour un bon petit déjeuner.

Une fois avalés le bol de céréales et les tartines au chocolat qu'elle remonta faire sa toilette et s'habiller. Aujourd'hui ni robe ni jupe, elle opta pour un jean foncé et une simple chemise blanche dont elle retroussa les manches. Elle redescendit tout en se brossant les cheveux, abandonna finalement la brosse sur la table basse du salon et sauta dans ses baskets. Elle sortit finalement pour enfourcher sa bicyclette rose pale avant de s'en donner à coeur joie sur les pédales. Elle savait déjà parfaitement de quelle manière elle allait occuper cette journée de libre. Quelle chance qu'elle ait fait le peu de devoirs qu'elle avait la veille au soir ! Traversant le centre ville à vélo, elle sifflotait une comptine enfantine tout se dirigeant lentement mais surement vers sa destination qui n'était rien de moins que la demeure de Kwanita Muñoz. Elle ne savait pas pourquoi mais, alors que beaucoup admirait le physique du jeune homme, peu semblaient désireux de passer plus de temps que nécessaire en sa compagnie. Attristée par le peu de contact qu'avait le mannequin, Paige avait décidé de lui tenir compagnie dans sa villa qui semblait bien trop grande pour lui tout seul. Dieu qu'il devait s'ennuyer là-dedans ! Heureusement qu'elle était là, n'est-ce pas ?

Abandonnant son véhicule sur la verte pelouse qui s'étendait paresseusement devant l'immense demeure d'une des grandes personnalités de leur petite ville tranquille, l'écolière trottina jusqu'à la porte et frappa trois coups secs. Aussitôt un homme ouvrit la porte et l'accueillit, allant même jusqu'à lui prendre le manteau. Après tout, elle était presque une habituée des lieux. Prenant des nouvelles de la femme de l'homme -elle savait que la semaine dernière cette dernière avait souffert d'un mauvais rhume-, elle passa dix petites minutes à discuter avec lui avant d'être amenée au propriétaire des lieux. Drapé dans une grande serviette blanche et encore tout dégoulinant d'eau, Kwanita fit une drôle de tête en l'apercevant avant de se mettre à courir dans les couloirs. N'imaginant pas un seul instant qu'il pouvait vouloir la fuir -en même temps, qui voudrait la fuir ?- Paige prit ceci pour le signal d'un tout nouveau jeu et se lança sur la piste humide du fuyard. Etant donné qu'il avait laissé des traînées d'eau partout derrière lui, cela ne lui prit pas longtemps avant de le découvrir caché sous une table. « Trouvé ! T'es vraiment pas doué à cache-cache Kwanita ! »

La petite Paige recula, laissant la place au mannequin de sortir de sa cachette. Et vu le cri qu'il poussa, il ne semblait croire s'être bien cacher. Pff. Il fallait vraiment qu'elle l'aide à s'améliorer à ce jeu, sa nullité en était presque pathétique. A croire que plus les adultes grandissaient, moins ils étaient intelligents. L'écolière ne put retenir un éclat de rire cristallin alors que le jeune homme lui parlait d'un air dédaigneux. Elle se demandait comment il pouvait prendre un ton si supérieur alors qu'il était en serviette de bain. Vraiment, Kwanita ne devrait pas faire mannequin, non, il était fait pour être acteur ! Ou du moins la petite fille en était convaincue. La glue. Au surnom maintenant familier, la petite eut un grand sourire et se mit presque au garde à vous. Oui, elle était un petit pot de colle et, oui, elle en était fière. Après tout, elle se doutait bien que sans elle pour lui tenir compagnie, il devait bien s'ennuyer. Et vu ce que ses domestiques lui racontaient, elle ferait même mieux de venir plus souvent. Elle n'était pas totalement naïve : elle savait bien que Kwanita avait une grande tendance à être insupportable avec la plupart des gens -sinon tout le monde-. Mais elle savait aussi -ou du moins elle le sentait, comme vous préférez- qu'il pouvait être gentil, attentionné et sensible. C'était cette certitude qui faisait qu'elle prenait tant à coeur son rôle de pot de colle : il était de son devoir en tant qu'apprentie Marraine la Bonne Fée de faire ressortir le meilleur de chacun. Et elle prenait toujours ses devoirs très à coeur.

« Remercie moi, petit coeur d'artichaut : je suis venue jouer avec toi ! Et puis d'une, je suis fille unique. De deux, mes parents sont de sortie. Et de trois... Comme si j'allais voir ma maîtresse en dehors des cours. T'es pas très fut-fut hein ? » Paige avait délibérément choisit le ton de la provocation accompagnée d'un sourire d'une innocence angélique. Oui, bon... Elle adorait le taquiner, elle n'allait tout de même pas s'en priver, si ? Et puis c'était lui qui la cherchait. De plus en plus amusée par la tournure des évènements -bien qu'ils ne semblaient pas devoir faire une nouvelle partie de cahe-cache-, la fillette retint un énorme sourire devant le clin d'oeil complice du majordome qui tourna les talons sans rien dire. Sûrement voulait-il fuir les lieux de la bataille avant que les cris du mannequin ne menacent de percer ses tympans. Vraiment, Paige avait le don de rendre la silencieuse villa beaucoup plus animée.

Les bras croisés, elle tient tête aux remarques de Kwanita sans arrêter de sourire. « Faits depuis hier soir. Que veux-tu ? Je suis une élève modèle, très cher. Et toi ? On ne te donne jamais de vêtements ou quoi ? » C'est vrai ça. Il attendait quoi pour s'habiller ? Il allait attraper un rhume à rester dans les courants d'air avec sa pauvre serviette toute mouillée. Et ça, c'était pas bon pour son boulot, en plus de lui ruiner la santé. Donc ce ne serait pas du tout un bon point pour celle qui tenait le rôle de Marraine La Bonne Fée. Donc pour elle. « Allez zou ! Va t'habiller avant d'être malade. Après ça va encore être moi la responsable de tout tes malheurs. »

Si elle savait qu'elle était chiante ? Bien sur. Comme si elle pouvait l'ignorer alors qu'il s'évertuait à le lui répéter à longueur de temps. Heureusement que Paige avait pris la bonne résolution de ne pas prêter attention à la moitié de ce que disait le mannequin. Elle était sure que sans cela, comme la plupart des habitants de Storybrooke, elle n'aurait jamais réussi à supporter le jeune homme. Elle choisit donc de ne rien répondre sinon un sourire innocent à la question rhétorique. Puis elle leva les yeux au ciel alors que Kwanita se mettait clairement à disjoncter à propos de se balader nu -Grand Dieu, épargnez lui cela : elle était trop jeune pour perdre la vue- et de l'honneur qu'il ferait à tous les habitants. Bref, vous voyez le style : totalement bon pour l'asile. Et encore, Paige ne fera pas mention de la petite danse totalement ridicule que le mannequin entama. Mannequin, acteur, ok. Danseur, jamais.

Attendant qu'il sorte enfin de son petit délire, l'écolière se saisit d'une pomme dans une corbeille de fruit posée sur la table. Elle grignota le fruit tranquille puis, se rendant compte que son ami n'était pas prêt de revenir sur Terre tout seul, elle se vit obligée de faire preuve d'un peu d'autorité pour obtenir une quelconque réaction. Et quelle réaction ! Paige ne put retenir un petit rire devant l'indignation de Kwanita. Elle se doutait bien que venant d'une gamine de dix ans ou d'une armoire à glace de trente ans, les ordres n'étaient pas vraiment les bienvenues chez le mannequin. Cependant c'était vraiment la seule façon d'avoir une réaction "positive" quand il se perdait comme ça dans une auto-admiration assez effrayante sur les bords. D'ailleurs, ça la fit penser au mythe de Narcisse qu'elle venait juste d'étudier à l'école. Un jeune homme qui tombait amoureux de son reflet au point d'en oublier de se sustenter. Le jeune mannequin était lui amoureux de son corps au point d'en oublier toute politesse et de saborder toute vie sociale. Heureusement qu'il avait Paige l'apprentie Marraine la Bonne Fée pour essayer de le remettre dans le droit chemin, hein ?

A entendre le cri de colère du jeune homme, il ne devait pas être conscient de sa chance. « Comme si t'avais d'autres programmes que celui "farniente" ! Estime toi heureux que je daigne venir changer ton quotidien morose ! » Des spectateurs peu habitués au comportement de la calme et douce petite Paige en présence de Kwanita pourrait penser à une violente scène de dispute mais il n'en était rien. C'était juste comme ça que les deux personnes communiquaient entre elles. Il en avait toujours été ainsi et il en serait surement toujours ainsi. En attendant le résultat était là : il allait rejoindre sa chambre pour enfiler une tenue présentable. Et Paige en profita pour se promener un peu dans la grande demeure. Après tout, elle commençait à bien en connaître les couloirs et la décoration à la vue du temps qu'elle y passait. Rejoignant le grand salon et parfaitement consciente qu'il faudrait un peu de temps au Sieur Miñoz pour trouver une tenue "digne de son corps d'appolon", elle ne se gêna pas pour allumer télévision et console de jeux. Deux minutes plus tard elle était en train de jouer à Mario Kart, le son relativement fort et quelques insultes telles que "immonde petite larve" lui échappant à chaque fois qu'elle se faisait doubler.

Une tortue évitée, un adversaire sournoisement poussé hors de la piste et... La voilà première ! Grand Dieu, elle était faite pour ce jeu, elle avait ça dans le sang : ce n'était pas possible autrement. Elle allait enfin franchir la ligne d'arrivé avec honneur et réussite quand la manette lui fut brutalement arrachée des mains. « Hey ! » Elle se retourna, prête à en découdre pour découvrir l'identité de ce gâcheur de victoire. Kwanita. Qui d'autre pour être aussi gentil et aimable ? L'écolière leva les yeux au ciel, laissant le propriétaire de la demeure s'énerver tout son saoul contre elle. Comme si elle n'avait pas vu qu'il y avait son nom sur la partie. Merci, bien, elle savait lire depuis belle lurette ! Et elle était loin d'être myope, merci de s'en inquiéter. Vraiment, cet homme avait de gros soucis quand il était question de ses affaires. Elle n'avait rien dit, elle, lorsque sa copine avait commencé une nouvelle partie sur son jeu pokémon et était venue la voir, toute contente d'avoir attraper une inutile petite créature de niveau douze -un magicarpe, haaaallo ?- alors qu'elle était sur le point d'affronter la ligue. Alors pourquoi diable s'énervait-il autant pour une simple partie de Mario Kart ? D'autant plus qu'elle était loin de le faire perdre, au contraire.

Attendant patiemment qu'il s'interrompe deux minutes pour enfin pouvoir en placer une, Paige croisa ses bras sur sa poitrine tout en réprimant un bâillement. Si n'importe quel autre adulte lui avait crié de la sorte dessus, elle se serait depuis longtemps mise à pleurer, sincèrement désolée de l'avoir déçu et se serait excusée de toutes les bêtises qu'elle avait pu commettre. Seulement c'était Kwanita et il s'énervait toujours sans bonne raison valable, sans qu'elle ne se rende fautive de quoi que ce soit. Il faudrait qu'il apprenne à se calmer un jour : ce serait bête qu'il meurt prématurément suite à une crise cardiaque causée par un tel état état perpétuel de stress.

Finalement, elle eut l'occasion d'enfin pouvoir parler. « Tu sais, je crois que tu as vraiment de gros problèmes avec la notion de partage et que c'est pour ça que t'es tout le temps seul. Mais bon, si ça te dérange tant que ça, on a qu'à créer une nouvelle partie avec mon nom : on peut en faire plusieurs en même temps sur Mario Kart, non ? » Qu'est-ce que c'était beau la technologie ! La petite fille avait laissé de côté le caractère violent et colérique de son hôte : ils devraient travailler une chose après l'autre et Dieu seul savait qu'il y avait du pain sur la planche pour finalement rendre la mannequin humainement supportable.

Alors c'était donc ça pour lui le bonheur : la richesse et la célébrité ? Pourquoi pas. Après tout, chacun avait sa propre définition de la chose et, d'après ce que le petite fille en voyait dans les séries télévisées, beaucoup partageaient cette opinion. Pour autant, elle savait pertinemment qu'en ce qui la concernait, elle ne pourrait jamais s'en satisfaire. Déjà, elle n'avait pas forcément le rêve de tout obtenir en claquant des doigts comme Kwanita le disait si bien. Que pourrait-elle désirer de toute façon ? Elle avait tout ce qu'il fallait : une famille aimante, pleins d'amis géniaux -enfants ou adultes-, une merveilleuse bicyclette pour aller partout où elle le souhaitait et de la bonne humeur à revendre. Bon, il y avait bien cette fameuse peluche qui traînait dans la boutique de Mr Gold et à laquelle elle rêvassait souvent mais... Elle finirait bien par l'obtenir, elle en était persuadée. Il suffisait juste qu'elle persévère et continue de faire des menus-travaux dans la maison pour laquelle son papa lui donnait un ou deux billets. Bref. Elle n'avait rien de ce qu'énumérait de mannequin et elle était tout de même parfaitement heureuse. Que fallait-il donc en conclure ? Que son bonheur n'était rien par rapport à ce qu'il pourrait être ou qu'il faisait fausse route ?

« Si tu le dis. Enfin heureusement que tu n'as besoin d'amis hein ? Sinon tu serais quand même bien embêté. » Vraiment, elle se demandait parfois elle-même comment de telles choses pouvaient sortir de sa bouche. Le jeune homme avait manifestement le don de rendre l'écolière, habituellement généreuse et prévenante, taquine et un brin méchante. Elle ne savait pas vraiment quoi penser de cette influence mais peu importe. Elle n'allait tout de même pas s'excuser d'être sincère, non ? De toute façon, le propriétaire des lieux acceptait déjà la partie qu'elle avait proposé, apparemment convaincu de sa future victoire. Ne faisant aucun commentaire de plus, la petite fille reprit la manette et se rassit, attendant qu'il choisisse un personnage. Une fois qu'il eut prit Luigi, elle sélectionna Yoshi plus par habitude que par réel attachement. Elle n'avait pas le jeu chez elle mais ne refusait jamais de disputer une partie quand elle allait chez des amis possédant une console. Ses parents n'en voulait pas à la maison, considérant qu'elle avait bien mieux à faire. « A ta place, je ne sous-estimerai pas mon adversaire très cher. Il est tout simplement hors de question que je m'incline devant ta soit-disant supériorité. » Et que la course commence ! Concentrée sur l'écran, Paige était bien déterminée à ne laisser aucune chance à son adversaire et la course s'annonçait plus que serrée.