Introduction Époque du sujet : Flash-back Date du sujet : Après la mort du roi Leopold Ordre de passage des participants : sven - allistair - son altesse la sublime et majestueuse Regina

Marcus soupira. Le roi était mort. Même s’il ne faisait pas parti de la famille royale – il n’aurait jamais sa place dans ce cercle fermé – son altesse Leopold comptait beaucoup pour les gardes. D’autant plus que cela représentait un affront de la pire espèce. Le roi avait été assassiné. Non, il n’était pas succombé à une quelconque faiblesse du cœur. Ce génie d’Agrabbah s’était faufilé dans la chambre du souverain pour le tuer, sournoisement. Sous la vigilance des meilleurs soldats de tout le château. Autant dire que le corps de garde n’était pas la meilleure compagnie à avoir actuellement. Chaque soldat se sentait coupable, de ne pas avoir assuré son rôle. La mort d’un souverain était inévitable, mais pas de cette manière. D’autant plus que le coupable s’était volatilisé du jour au lendemain. C’était un crime impuni qui marquait de honte chaque homme honorable au service dans le château. Et Marcus, bien entendu, était dans le lot. Mais les remords n’avaient pas lieu d’être, car la vie continuait. Snow était inconsolable, ainsi que la Reine. Et le soldat, dans son simple rôle de soldat, ne pouvait que jouer à la statue vivante, assurant une protection qui n’était plus vraiment ressentie.

Les affaires au château ne s’étaient pas arrêtées, malgré le deuil général. Ainsi, Marcus fut envoyé par la Reine en personne pour accompagner un prétendu guérisseur. Il avait appris à ne pas s’intéresser aux affaires du château. Il savait qu’être trop curieux serait une erreur payable avec sa vie. Il n’avait pas interrogé la veuve régnante, se contentant de s’incliner et de partir à la recherche de cet homme, Allistair. Habillé de son nouveau costume noir, une cagoule cachant sa véritable identité, il attendait devant la grande entrée du château, discutant de modalités avec un autre membre de la garde royale, évitant soigneusement le sujet de la disparition du roi, s’attardant plus sur le nouveau lot d’armes qui seraient bientôt mises à disposition.

Bientôt, un individu arriva. Marcus se releva des larges marches du château, se tenant droit, paraissant impressionnant avec sa carrure. Il s’approcha du guérisseur, vérifiant son identité. « Vous êtes Allistair Bows ? J’ai pour ordre de vous escorter jusqu’aux appartements de la Reine. Suivez-moi. » D’un signe de la tête, les deux autres gardes ouvrirent les larges portes du château. Marcus, à la tête d’Allistair, le guida dans le dédale de couloirs, qu’il connaissait par cœur depuis des années maintenant, mais qui devenaient rapidement un labyrinthe pour ceux qui s’égaraient dans leurs pensées. Il se retourna brièvement devant l’invité, jugeant bon de le briefer un peu. Après tout, Allistair rencontrerait bientôt la Reine. « En présence de son Altesse, restez calme, ne la dévisagez pas, répondez à ses questions sans aller par quatre chemins. » Marcus continua ainsi encore quelques secondes avant de s’arrêter devant une large porte où un nombre conséquents de gardes étaient postés. « Des questions ? »

Quand j’avais pris la voie de guérisseur, je ne m’étais pas imaginé avoir un jour à rencontrer la Reine. J’avais fait ainsi pour prendre soin de mes semblables, leur apporter à la fois des soins contre les divers maux qui pouvaient les affliger ainsi qu’un peu de réconfort. Ca n’était pas totalement altruiste non plus, je vivais grâce à ce que les gens me payaient (en or ou non) et ne manière bien plus égoïste et égocentrique, j’avais besoin de ces gens pour sentir que j’étais utile à la société, que je…Qu’on avait besoin de moi en un sens. Aussi étrange que cela puisse paraitre. Pour tout dire, ça fonctionnait plutôt bien et je le leur rendais bien, me pliant en quatre pour les soigner du mieux que je pouvais. Plusieurs médecins m’ont déjà dit que je m’attachais trop à mes patients, mais je n’y pouvais rien.

Toujours est-il que je m’attendais surtout à traiter avec des personnes plus…enfin moins…Aisées que celle que j’allais rencontrer aujourd’hui. Pourquoi ? Oh, c’est logique : les gens aisés ont généralement des médecins attitrés. Ils ne faisaient pas appel à un guérisseur. Jamais. Alors comprenez ma surprise quand je reçu la convocation pour aller chez la reine. La Reine ! Autant dire que j’étais plus que nerveux à l’idée de rencontrer cette femme. Surtout qu’elle venait de perdre son mari. Comment doit-on agir face à une souveraine en plein deuil ? Sérieusement ? J’avais déjà rencontré des gens en deuil ; notamment des gens qui venaient de perdre un proche parce que je n’avais pas réussi à le sauver. Le fait que, cette fois, je n’ai rien à me reprocher face à un deuil…Me laissait mal à l’aise quant à l‘attitude à adopter. Bien évidemment, il fallait présenter ses condoléances, mais plus que cela...Bref. Déjà, il fallait que je sois présentable. Comment est-on sensé s’habiller lorsque l’on rencontre une reine ? Quand on n’a jamais rencontré de gens plus haut placés qu’un notaire ? Je naviguai à travers ma penderie pour trouver quoi porter. Puis je finis par prendre une chemise, une de mes plus belles vestes, un pantalon et mon plus beau nœud papillon. Bon, il était temps que je parte si je ne voulais pas arrivé en retard. Ca ne serait pas une bonne idée et ça ferait tâche un peu…

Après une chevauchée un peu mouvementée, j’arrivais au château. Il était imposant, je ne pouvais pas le nier et il me laissait une drôle d’impression de…De me sentir tout petit. Ca ne s’arrangea pas avec le garde qui vint me chercher. Grand, large et imposant. Je hochai la tête quand on me demanda si j’étais bien…Eh bien moi. Il avança et je le suivis. Ma sacoche à la main, j’observais la décoration de l’endroit en suivant scrupuleusement le garde. Il n’était pas question que je me perde dans ce château. Quand on arriva devant une immense double porte, le garde me fit un petit briefing. Le plus compliqué dans ce qu’il me demandait serait de ne pas aller par quatre chemins. M’enfin, je ferais un effort. Des questions…Ne suis-je pas trop mal habillé ? Non je ne posai pas cette question.

"Aucune. Allons-y…"

Je passai un doigt dans mon col, me sentant d’un coup très intimidé.

Le guérisseur n’inspirait pas confiance à Marcus. Peu de gens réussissaient à créer un élan de sympathie. Surtout depuis la mort du roi. Le soldat était devenu un peu plus sombre, l’orgueil blessé, une certaine innocence perdue. Qui, en toute honnêteté pouvait en vouloir au souverain ? Ce génie de pacotille, qui avait été libéré par son Altesse Leopold en personne, s’était retourné contre son sauveur, pour le tuer de la manière la plus vile qu’il soit. Autant dire que ce n’était pas la joie au château et qu’un guérisseur n’y avait pas sa place. Enfin, Marcus n’avait guère de mot à dire sur ce sujet et il s’inquiétait aussi de connaitre la raison de la présence d’un tel individu. Cependant, il n’avait pas le droit à poser des questions. Chaque soldat faisait le vœu de suivre aveuglément la personne qui siégeait sur le trône. Et depuis la disparition malheureuse du père de Blanche-Neige, c’était la Reine, Regina, éplorée, qui reprenait les rênes de tout un royaume.

Marcus guida donc le guérisseur à travers le méandre des couloirs, jusqu’à arriver devant les appartements de la Reine. Une fois assuré que le guérisseur, cet Allistaire, n’avait besoin d’aucun éclaircissement –tant mieux, cela lui sauverait sa salive- Marcus frappa quelques coups à la massive porte en bois, et était rentré, prudemment, l’allure cependant assurée, qu’il avait appris à garder en tout temps en présence de statures royales. Les mains dans le dos, il s’inclina. « Votre Altesse, le guérisseur Allistaire est arrivé. » Il esquissa un pas sur le côté, invitant ainsi l’étranger à pénétrer dans la pièce. Marcus ressentait toujours cette fébrilité, quand il était au service de la plus grande puissance du royaume. Comment ne pas l’être ? Dans sa tenue de deuil, la Reine était d’une prestance à toute épreuve et Marcus admirait le courage qu’elle avait de prendre la suite de son défunt époux.

Quand elle lui fit un compliment, Marcus oublia momentanément les règles qu’il connaissait pourtant par cœur, déposant son regard vif dans les prunelles de la Reine, une lueur de reconnaissance dans le regard. Il chercha quoi dire et se rendant compte qu’il avait commis l’irréparable, à savoir lever le regard au-dessus de la clavicule de la figure royale, inclina un peu plus la tête. « Je ne fais que mon devoir votre Altesse. » C’était ainsi. Un chien bien dressé qui ne faisait qu’obéir aux ordres. Qu’on lui dise d’être loyal, il serait loyal. Qu’on lui dise de suivre son souverain jusqu’à la mort, il suivrait son souverain jusqu’à la mort. Qu’on lui dise d’apporter un guérisseur, il apporterait un guérisseur. Marcus, pour fuir la vie de paysan qui lui était anciennement réservée, c’était enrôlé dans un pacte qui était bien pire que tous ceux que Rumpelstiltskin pouvait proposer : sa vie en échange de rien. Ainsi, Marcus n’avait plus de vie. Il n’était qu’un soldat. Rien de plus.

Ce qui ne l’empêcha pas de froncer les sourcils à la promesse plus que douteuse de la Reine, sans qu’il ne relève quoique ce soit. Il se demandait d’où pouvait bien provenir cette soudaine proximité dont la veuve semblait s’amuser. Mais il ne dit mot, inclinant un peu plus la tête, encore, les traits fermés, serrant ses poings dans son dos, sur ses gants en cuir. Mais voilà, la Reine était déjà partie, s’enquérant de l’invité. Ainsi Marcus retrouvait un point invisible sur le mur en face de lui, écoutant d’une oreille distraite la conversation qui aurait lieu entre celle dont il ignorait être une sorcière et celui dont il ne savait rien. Le soldat était sûre d’une seule chose : au moindre faux mouvement de cet Allistaire, ce serait son épée qu’il planterait dans sa gorge.

D’accord. Être intimidé par la notion de rencontrer une personne de haut n’était que la partie visible de l’iceberg. La partie submergée était bien plus impressionnante encore et je le comprenais de plein fouet, en rencontrant la reine Regina (qui jusque-là n’avait été qu’un nom dans les conversations, un visage furtif lors des passages du roi, rien de bien concret en somme pour moi). La rencontrer, c’est comme entrer dans la quatrième dimension ; malgré les vêtements des deuils, riches et somptueux comme l’exigeait son rang, elle gardant une présence et une prestance que peu de personnes pourraient se vanter d’avoir en de telles circonstances. J’admets, j’étais admiratif. Sa beauté, je n’en jugeais pas de suite, respectant scrupuleusement les règles imposées par le garde à mon arrivée, l’une d’elle étant "Ne regardez pas la Reine dans les yeux", je baissais le regard, puis la tête alors que je faisais ma révérences. Non, je n’ai jamais rencontré de royautés jusqu’à aujourd’hui, mais je savais tout de même me tenir en présence de personnes de haut rang. Passer ma vie à rêver et à lire m’a appris pas mal de trucs vous savez.

Je me fis cependant la remarque que le garde avait beaucoup de culot de me demander de respecter une règle pour la bafouer lui-même quelques minutes plus tard. Du coin de l’œil, j’avais observé l’échange, plus par curiosité que par soucis de vouloir imiter celui qui m‘avait amené ici. Je conçois que, vu le ton et la proposition faite par la reine à ce garde (Marcus était son nom si mes oreilles fonctionnaient encore correctement) j’admets que j’aurais été tenté de voir par moi-même les yeux de cette femme, pour voir si elle était sérieuse dans ses paroles ou non. Parce que, quand même, proposer une récompense personnelle à un garde, c’était inhabituel. Bon, il ne risquait pas de se plaindre, un peu d’argent en plus n’était jamais à refuser, sauf cas particulièrement malfaisant (comment ça "bénis soient les ignorants" ?), mais bon, ça m’étonnait quand même. Enfin passons, la Reine passait à mon cas, il fallait que je fasse attention, je sentais encore les yeux du garde tenter de me faire des trous dans le dos, probablement pour me tuer au moindre faux pas. Le premier qui me demande pourquoi j’étais stressé, je le mords (sauf si c’est la Reine, ou le garde…Bon ok, je ne mordrais personne je ne vais leurrer personne). Je fis bien attention à ne pas croiser le regard de la Reine, fixant mon regard sur un bout de broderie sur son épaule gauche. Amusant, à force le fixer je pouvais presque voir un motif vaguement floral…Ahem, Allistair, on reste focalisé sur ce que tu fais ; à savoir, répondre à la dame.

"En effet, toutes mes condoléance pour votre mari." C’était bateau, mais je me voyais mal tenter quelque chose d’un peu plus original face à la Reine et son chien de garde, désolé mon gars mais franchement tu me fais peur. "Et c’est avec grand plaisir que je vous aiderais, si ce que vous me demandez est dans mes compétences, bien entendu"

Habituellement je n’étais pas aussi réservé quant à ce genre de chose, je n’hésitais que rarement à dire "Oui, oui, je ferais tout mon possible pour vous aider" ? Sauf qu’ici, je traitais avec la Reine, alors je préférais prévenir tout de suite que je n’étais pas un faiseur de miracle ; si j’avais eu l’audace d’insinuer une chose pareille puis de décevoir la Reine, je ne donnais pas cher de ma peau.

"En quoi puis-je vous être utile, votre Altesse ?"

Autant essayer de voir tout de suite pourquoi elle avait besoin de mes services, histoire de dire oui, non ou possiblement-mais-je-ne-garantis-rien, et ainsi sauver du temps à tout le monde. Je supposais que sa majesté avait autre chose à faire que de gérer un pauvre guérisseur de campagne…

Il y eut de nouveaux ces paroles d’excuse, qui se voulaient d’un quelconque réconfort, alors qu’elles ne l’étaient pas. A chaque fois que des condoléances étaient partagées, la douleur dans la poitrine de Marcus s’amplifiait, lui coupant l’air qu’il avalait, le sonnant un peu plus. S’il avait été un chien, il aurait jappé de tristesse. Heureusement, de cet animal ne lui restait plus que la loyauté. Loyauté qu’il vouait à la Reine, et à Blanche-Neige. Le soldat resta donc en retrait, baissant les yeux au sol aux paroles polies que la Reine et Allistaire échangeait, se demandait s’ils déféreraient sur chacun leur doux chagrin encore longtemps. Ce n’était pas le cas et ils discutèrent bien vite, la Reine s’intéressant aux capacités du guérisseur. Marcus les ignorait. Il ignorait même la raison de la venue d’un tel personnage. Secrètement, il espérait que son Altesse ne soit pas malade. Certaines souveraines s’étaient laissé emporter par le chagrin à la mort de leur époux. Même si l’acte paraissait très noble en apparence, le royaume n’aurait pas survécu à la perte d’un deuxième dirigeant.

Marcus releva vivement la tête en entendant qu’on l’appelait. Il reprit sa position droite et stricte que son corps pratiquait à la perfection, tandis qu’il s’approchait de la Reine pour s’enquérir de ses désirs. Il s’inclina prestement aux ordres, sans se soucier des conséquences, ni à chercher raison à ce comportement. Laisser les gardes à l’extérieur était une coutume courante. Après tout, il fallait être stupide pour croire que les gardes pouvaient se comporter aussi aisément en statue. Ils entendaient tout, même s’ils faisaient le choix d’oublier par la suite. Marcus recula des sièges, s’approchant des deux autres gardes qui gardaient la chambre de la Reine. La menace d’un génie assassin trainait encore. Mais il était évident que ce dernier ne referait plus surface, à moins d’un soudain désir de mourir. D’un geste de la main, il indiqua à ses collègues de sortir, leur tenant la porte, que Marcus laissa ouvert suivant les directrices de la Reine.

Le soldat fronça les sourcils à l’invitation de se joindre à eux. Ca, ce n’était pas commun – bien qu’il y avait beaucoup de choses, ces derniers temps, qui différaient de l’habitude -. Sans mot, il se rapprocha de la Reine et d’Allistaire, prenant tout de même un certain soin de se tenir en retrait, incapable de se tenir plus proche, lié par un amas de conventions qui lui interdisaient de se tenir trop proche des membres de la famille royale, sauf cas exceptionnel.

Il manqua de s’étrangler, à la possibilité de faire revivre un mort. Il réussit à chasser l’insurrection qui grondait dans sa gorge, la ravalant. Faire revivre les morts étaient impossible, bien entendu. Le bon sens ne permettait pas d’imaginer quelqu’un survivre à la mort, même s’il s’agissait du roi –car, dans l’esprit du brave Marcus, il était bien évidemment question de faire revivre son Altesse Leopold.- Il trouva la tentative de la Reine attachante, ne savait pas qu’elle pouvait être aussi naïve par moment. Marcus, cependant, se garda de poser son regard interrogateur sur la Reine, fixant le guérisseur, pour voir ce que lui aussi répondrait.

Et la porte claque, comme un couperet qui tombe. Marcus se rendit compte de l’impasse dans laquelle il s’était rendu, guidé par les ordres de la Reine. Était-elle seulement Reine ? La magie. Elle venait bien de parler de magie, n’est-ce pas ? Marcus n’avait pu retenir un petit sursaut de stupeur, sa main rejoignant immédiatement la garde de son épée, qu’il dégaina, par réflexe. Certes, il était évident que c’était la Reine qui était derrière ce petit manège. Tout le peu de raison qui restait à Marcus était en train de le lui crier. Et en même temps, il restait figé sur place, se rendant compte de toutes les implications que ce petit détail, minuscule détail pouvait avoir. Cette fois-ci, il envoya valser les conventions, se rapprochant de sa Souveraine, s’éloignant de cette porte qui s’était fermée d’elle-même . « Ma Reine ? » il y avait une certaine incompréhension dans sa voix, tandis qu’il rangeait son épée, se trouvant stupide de la tenir ainsi. Marcus ne savait pas quoi dire, les informations se bousculant encore dans sa tête. Mais voilà, la loyauté était toujours là. Il ne l’avait ni appelé sorcière, ni plantée de son épée –même si l’idée l’avait traversée-. Regina restait celle qui possédait le droit de vie et de mort sur lui, magie ou non.

Quelques politesses furent de mise, comme il était courant dans ce genre de cas. Je ne savais que trop bien ce que perdre un être cher provoquait. Je n'ai jamais perdue de compagne (pour cela encore aurait-il fallut qu'une reste avec moi assez longtemps), mais j'avais perdu des amis, durant les guerres, ou des patients qui m'étaient particulièrement chers. Sans dire que je comprenais la Reine, j'avais cependant la capacité d'appréhender un peu sa peine. Après c'est vrai, c'était un peu hypocrite, le roi, dans le fond, je ne le connaissais pas; je savais à quoi il ressemblait et ce qu'il avait fait de bon dans notre pays, mais sans plus. Il était - souvent - triste de perdre son souverain, mais je ne pouvais pas dire avoir été atteint plus que cela. Alors quand la Reine m'invita à m'asseoir, je ne me fis pas prier. Cela voulait dire que la réponse à la question "Pourquoi je suis là" allait bientôt arriver. J'admets, le coup de douter que mes capacités soient usurpées m'avait un peu vexé. Mais maintenant n'était pas le moment pour s'en offusquer ou bouder la Reine (de toute façon on ne boude pas la Reine). Autant dire que de l'entendre faire sortir ses gardes, à l'exception de Mr Marcus-j'ai-connu-des-portes-de-geôle-plus-aimables, eut le don de faire monter d'un cran mon anxiété. Quoi que ce soit qu'elle souhaitait me demander ne devrait probablement pas sortir de ce château. Je ne sais pas pourquoi, mais d'un coup j'eu un poil peur pour mon espérance de vie. Puis je compris le besoin de secret. Ce dont elle parlait relevait d'un domaine avec lequel il ne fallait pas jouer impunément. Je me demandais bien qu'elle genre de réputation on me donnait dans le royaume pour que l'on en vienne à me poser une telle question. J'aurais presque eu envie de rire si le ton de la Reine n'avait pas été aussi sérieux et froid. Je jetai un regard vers le garde et prit la parole pour répondre.

J'ai bien peur que les informations que l'on vous a rapportées sur mes capacités soient erronées. Je suis un guérisseur, mais pas un faiseur de miracle. Je suis désolé si..."

Je dis coupé en plein discours par la porte qui claqua derrière moi. Je me figeai sur place avant de me tourner prestement vers la porte. Il n'y avait eu aucun bruit de pas, aucun signe que quelqu'un était passé refermer la porte. De plus, il aurait fallut une force herculéenne pour faire claquer une porte d'une telle envergure. Ces portes en bois massif nécessitent généralement deux personnes pour les ouvrir, rarement des gringalets qui plus est. Cela ne laissait plus qu'une seule possibilité dans mon esprit...

"Monsieur Bows...Que savez-vous au juste sur l'usage de la magie ?"

Je déglutit, fortement et me rassis correctement sur mon siège, le dos droit et tendu, les épaules crispées et les mains agrippées aux bras de la chaise. Si elle voulait me faire peur c'était réussi...La magie j'y avais goûté dans mes folles années et j'avais tâté d'une punition plus que méritée quand j'en avais abusé. Depuis je m'étais promis de ne plus m'en servir. Le ténébreux avait de toute façon été très clair: si je recommençais à faire n'importe quoi avec la magie mon cœur risquait ne plus se trouer dans ma poitrine et ça n'était pas une chose que j'attendais avec impatience...Loin de là. Je le trouvais très bien là où il était mon cœur...Mais elle m'avait posé une question; toute question demandant réponse, il me fallait bien y répondre. Elle ne savait probablement pas que j'avais déjà essayé d'apprendre à pratiquer la magie, je pouvais donc tout à fait dire des choses que toute personne douées de sens saurait...

"Je sais que toute magie a un prix. Et pour faire ce que vous souhaitez, le prix serait au moins une équivalence...Une vie retrouvée contre une de perdue..."

Allistair...Tais-toi, tu viens de te griller mon vieux bravo! Je me serais mis des baffes. Ce n'est cependant pas ma faute si mon cerveau avait du mal à fonctionner correctement quand je paniquais, okay? Bon, surtout que là, je risquais de faire office de sacrifice humain vu ce que je venais de dire...Et si c'était pour ça qu'elle m'avait fait venir?! Au secours! Maman j'ai peuuuur! Une baffe mentale plus tard, mon cerveau sembla se reconnecter avec le reste des neurones perdus. Bon, si je devais effectivement faire office de sacrifice humain dès le départ, je ne vois pas pourquoi j'aurais été invité à papoter avec sa majesté. Je la voyais mal commencer à me demander mon avis à présent...

Ce n’était pas normal, Marcus le savait. Son estomac, tordu sous cette constatation nouvelle, ne faisait que soulever encore plus de doute dans la conscience du garde. Depuis combien de temps la Reine s’adonnait à ce genre de tours ? Est-ce que le Roi était au courant ? Et Snow ? D’ailleurs, il se demanda pourquoi la Reine avait insisté sur sa présence. Avait-elle des projets particuliers envers l’homme ? Sa mâchoire, serrée, l’invita à ne dire mot, alors qu’il rangeait son arme, se reculant d’un pas. Il avait l’impression d’avoir mis le doigt sur un des plus gros secret du château. La magie était courante dans la Forêt Enchantée. Beaucoup d’évènement restaient inexpliqués, que nombreux étaient à placer sous la magie. Mais le soldat n’avait jamais été vraiment confronté à pareille situation. Il ne savait pas quoi en penser et le peu de réflexion qu’il arrivait à avoir le confrontait à un cul-de-sac. Ainsi Marcus décida de faire la seule chose qu’il faisait à la perfection : suivre les ordres. Le Reine lui avait demandé de rester dans la salle. Il resterait. Il continuerait de lui obéir, même s’il commençait doucement à douter de sa souveraine.

Marcus inclina la tête, face à la plaisanterie de la Veuve. Bien évidemment, elle avait tout calculé. Bien évidemment, fermer une porte n’était pas la seule chose qu’elle savait faire. C’était une raison de plus pour le soldat de ne pas contredire sa Souveraine. Le soldat lui avait promis sa loyauté. Puisqu’il ne savait plus vraiment ce qui était juste en cet instant, le regard trouble se perdant momentanément dans les yeux noirs de sa Reine, il se dépêcha de baisser les yeux. Regina avait toujours plein pouvoir sur lui. Sorcière ou non. « Je vous présente mes excuses. Continuez. Je. Je ne vous dérangerai pas.» Il avait l’impression qu’elle s’amusait de la situation. Il serrait les poings, placés dans son dos. Il était toujours incapable de comprendre parfaitement ce qu’il se passait. Etre en retrait lui permettrait éventuellement de mieux dégager le nœud de tout ceci.

Apparemment, cet Allistaire n’était pas étranger à la notion de magie. C’était une chance en or pour que Marcus en apprenne un peu plus sur ce savoir du monde, si seulement il avait présenté un semblant d’intérêt à tout ceci. Ramener quelqu’un à la vie ? Même pour le soldat, cela paraissait être acte impossible. La tendresse qu’il avait ressenti, quelques minutes plus tôt en apprenant le but de la visite du guérisseur n’était plus. Il ne restait qu’une suspicion silencieuse qu’il tentait de dissimuler. Il s’était agenouillé face à la reine, des années auparavant. Qu’importe ce qu’elle avait fait, il ne pourrait jamais anéantir le vœu qu’il avait passé. Il était lié à la Reine, pour de bon. Autant s’y faire.

Un de mes plus fidèles gardes. Marcus releva la tête, son attention se posant sur la clavicule de son Altesse, là où il avait appris à garder son regard. C’était donc pour cela ? Venait-il de passer un simple test ? Venait-il de grimper inconsciemment quelques échelons dans la hiérarchie de la confiance de la Reine ? L’idée eut deux teintes. Il fut fier de lui, satisfait de l’étape qu’il venait franchir. Et cependant, il y avait encore cette légère réserve, de ne pas savoir dans quoi il se jetait. Mais tant pis, tant que c’était pour le service de Regina, il pourrait toujours fermer les yeux et s’y lancer, sans hésitation. Non ?