Depuis la soirée organisée en l'honneur du mariage d'un des fils de la famille Aylward, le jeune William Orpwood se sentait... euphorique. Il n'avait pas l'air bête avec son sourire permanent sur le visage. Aucune raison apparente ne pouvait justifier son état. Son frère devait certainement se demander ce qui rendait son cadet si heureux. William n'avait rien dit, laissant planer le mystère. Il n'avait pas envie de raconter comment il avait réussi à flirter avec Matthew Aylward. Il n'avait pas envie de dire à Elwyn qu'il avait rendez-vous, aujourd'hui, avec cet homme. Non pas que William ne fasse pas confiance à son aîné, bien au contraire. Le jeune Orpwood avait juste besoin de garder ce secret pour lui, le temps de voir où cette histoire allait mener. Il n'était pas encore certain de ce qu'il avait envie de faire avec lui. Jouer à des jeux interdits ou démarrer une petite histoire d'amitié fortement ambigüe ? À moins que ce soit totalement le début d'une romance dont William ne se doutait absolument pas de l'intensité que celle-ci allait dégager. Il n'en avait pas encore conscience, mais il venait de rencontrer celui pour qui la plus puissante des magies allait faire son travail.

Il s'était levé très tôt, ce matin là. Pressé de revoir Matthew, le jeune Orpwood avait eu du mal à déjeuner correctement. Son ventre était un peu noué malgré l'assurance que William essayait de se donner. Sans parler de sa difficulté à trouver une tenue qui puisse convenir. D'habitude, le jeune homme ne se souciait pas de son apparence. Là, il voulait absolument faire bonne impression. Son petit jeu du chat et de la souris n'en était qu'à ses débuts, il se devait de mettre tous les atouts de son coté. Même si l'apparence ne dévoilait pas réellement la personne qui l'adossait, William pensait que le physique avait quand même un rôle. Sans ça, il n'aurait peut-être pas attiré le regard de Matthew. Non pas que le jeune Orpwood se considère comme beau, mais s'il plaisait à Aylward, c'était déjà un bon début.

Prêt à partir, William monta sur le dos de Tempest, son cheval à la robe bai qu'il possédait depuis plusieurs années déjà. C'était un animal de compagnie fidèle qui était n'avait qu'un seul maître. En effet, seul le jeune Orpwood pouvait l'approcher et le chevaucher. Tempest était aussi sauvage que lui lorsqu’il était enfant. Et le cheval était extrêmement rapide, si bien que William arriva à quelques mètres du lac en une poignée de minutes. Il s'arrêta cependant à la lisière de la forêt, près d'un ruisseau, pour laisser Tempest dans un lieu sûr où il ne manquerait ni d'eau ni d'herbes fraîches.

En s'approchant du lac, William aperçut la silhouette de Matthew. Aussitôt, un sourire illumina son visage. Mais le jeune Orpwood était d'humeur joueuse. Alors, il resta un moment derrière les arbres à observer son rendez-vous. Puis, contre toute attente, il approcha doucement derrière Matthew. Il faisait le moins de bruits possible pour pouvoir surprendre l'autre. Lorsqu'il fut à quelques centimètres seulement, William se figea, les mains dans le dos. « Je ne pensais pas que la vue pouvait être aussi parfaite, jusqu'à aujourd'hui. »

Spoiler:

William fut ravi de l'effet qu'avait produit le son de sa voix. Et ce qu'il avait dit était exact : la vue n'avait jamais été aussi parfaite. C'était sûrement trop direct comme affirmation mais le jeune Orpwood le pensait réellement. Un bel homme, un beau paysage, le tout était très agréable à voir. Alors, lorsque Matthew se tourna, William ne put réprimer un sourire. Il était heureux de revoir son visage et de le revoir, tout simplement. Il n'avait pas eu l'occasion de faire sa connaissance et comptait bien se rattraper. Depuis la soirée, William était très curieux d'en savoir davantage sur Matthew. Ce dernier ne l'avait pas laissé indifférent et jamais il n'aurait pu croire que leur jeu de regards puissent déboucher sur une rencontre. Aujourd'hui, ils étaient seuls et pouvaient profiter de quelques minutes, voire quelques heures, pour discuter et en apprendre un peu plus sur l'autre. Matthew ne tarda pas à parler à son tour, affirmant que la vue du lac était magnifique et qu'il n'avait jamais eu l'occasion de s'y arrêter. Ce qui fit sourire davantage William, amusé par ce que disait le jeune homme. À croire qu'il ne voulait pas penser qu'il puisse être beau à regarder, lui aussi. Mais qu'importe, le jeune Orpwood aurait sûrement d'autres occasions de le complimenter.

William décida de s'approcher un peu, les mains toujours dans son dos. Il s'arrêta à quelques centimètres seulement de Matthew qui lui demandait comment il allait depuis le temps. Que répondre à cette question ? Ils ne se connaissaient pas et deux réponses étaient possibles : oui ou non. Il opta bien évidemment pour le premier choix. « Oui, ça va. J'espère que pour toi aussi. » Un nouveau sourire s'étira sur le visage de William qui adoptait à nouveau son air malicieux, comme le soir du mariage, dans le bureau. S'il avait donné rendez-vous à Matthew, ce n'était certainement pas pour observer le lac et les poissons qui apparaissaient de temps en temps. De plus, si Aylward se trouvait ici, c'était sûrement pour une bonne raison. Ils avaient tout de même failli s'embrasser s'ils n'avaient pas été coupé dans leur élan par le père de Matthew. Et William n'avait pas envie que cette tentative reste une tentative. Il voulait franchir la limite que son hôte n'avait pas osé dépasser le soir du mariage. Tant pis s'il recevait une gifle ou s'il se faisait traiter de tous les noms, ce ne serait pas comme si c'était la première fois.

Cependant, il ne voulait pas brûler les étapes trop vite. William décida donc de prendre la main de Matthew et de l'emmener vers un arbre où se trouvait des hautes herbes. Au moins, dans ce petit espace, ils seraient tranquilles. Même si le lac n'était pas un lieu populaire, il n'était pas impossible de voir des promeneurs aux alentours. Le jeune Orpwood ne voulait pas que cette journée soit interrompue tout comme leur petit moment dans le bureau l'avait été. Il voulait avoir Matthew que pour lui durant quelques minutes ou plus s'il le pouvait. En lâchant la main de l'autre, il se laissa doucement tomber sur le sol en appuyant son dos contre l'arbre. « Alors dis-moi. Pourquoi es-tu venu aujourd'hui ? Sincèrement. » La curiosité de William ne lui laissait pas d'autres choix que de poser cette fameuse question. Il voulait connaître les motivations de Matthew, même si elles pouvaient paraître évidentes. « Et n'aies pas peur de dire ce que tu penses. Ce n'est pas moi qui vais aller raconter tes petits secrets. » Cette phrase-là, il l'avait lancée avec un sourire, dans l'espoir de mettre le jeune homme en confiance. Et son regard était rivé sur Matthew, qu'il trouvait de plus en plus attirant. Il lui était vraiment difficile de ne pas se jeter sur lui pour goûter à ses lèvres.

William aurait dû deviner la réponse. Matthew lui avait déjà livré ses ressentis à son égard, le soir du mariage. Il se disait plus libre en sa présence, plus lui-même. Le jeune Orpwood était toujours flatté d'entendre ces mots et peut-être avait-il fait exprès de poser la question. Comme quoi, leur petit flirt avait bien servi. Peu d'hommes osaient réellement se sentir eux-même dans de telles circonstances. On ne voyait que très rarement deux garçons ensemble, pour ne pas dire jamais. William pouvait comprendre Matthew mieux que personne. Le jeune Orpwood n'avait pas de problèmes pour se sentir attirer par une personne, homme ou femme, et il n'hésitait presque jamais à se lancer. Dans le cas de Matthew, c'était bien différent. Il était le fils d'une famille aisée, fils d'un père qui voulait marier ses enfants avec des femmes appartenant à la noblesse. Que penserait cet homme en voyant l'un de ses héritiers en compagnie d'un garçon ? Matthew avait donc certainement de bonnes raisons de penser que William ne faisait se sentir lui-même s'il devait sans cesse se cacher pour être libre.

Le jeune Aylward continua sur sa lancée, disant que les gens autour de lui n'étaient que des hypocrites. Ces affirmations n'étonnèrent guère William qui savait très bien de quoi Matthew parlait. Même si tous les milieux conservaient leur lot d'hypocrites, celui de la haute société était certainement celui qui en contenait le plus. Sûrement à cause des convenances, de l'éducation. William avait appris à vivre dans une forêt et n'avait pas été élevé d'une façon stricte. Il faisait comme bon lui semblait et ne se souciait presque jamais de l'avis d'autrui. S'il pouvait être la personne la moins hypocrite de l'entourage de Matthew, alors ce serait avec plaisir qu'il passerait du temps en sa compagnie. Il lui adressa alors un léger sourire, mi-séduit, mi-flatté par ses paroles. Et lorsque Aylward termina sa confidence, il évita de croiser le regard de William. Il semblait si fragile, si sensible. On aurait pu penser qu'il soit le plus fort des deux. Celui qui ose dire ce qu'il pense, celui qui entreprend. Le jeune Orpwood, lui, semblait être une vulgaire petite chose à coté, avec sa silhouette légère et son visage presque angélique. Pourtant, les rôles étaient bel et bien inversés et William ne se gênait pas pour tenter de rassurer son aîné. Il s'approcha alors, décollant son dos de l'arbre sur lequel il était appuyé. Puis, il avança doucement sa main vers le visage de Matthew pour redresser un peu son menton et le forcer à croiser son regard.

La tentation était de plus en plus grande. William ne pouvait pas rester ainsi sans tenter quoi que ce soit. Son cœur s'emballait et les émotions qu'il avait ressenti trois jours auparavant refirent surfaces, l’enivrant à nouveau, mais pas suffisamment pour qu'il soit satisfait. Il déplaça alors sa main sur la joue de Matthew, glissant ses doigts dans ses cheveux. Il était si proche qu'il pouvait sentir le souffle de l'autre se mêler au sien. Ses lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres de celles de Matthew, plus qu'un léger mouvement d'approche et il pourrait les capturer. Mais William était toujours joueur et voulait laisser le moment suspendu encore un instant, pour s'imprégner de toutes les émotions qui se dégageaient. Puis, naturellement, il déposa un baiser sur les lèvres de Matthew, puis un autre, tout aussi léger que le précédent. Il n'osait pas l'embrasser réellement, attendant de connaître la réaction de Aylward. Qui sait ce qu'il pourrait ressentir en ce moment même ?

William recula légèrement son visage sans oser se détacher totalement de l'autre. Sa main était toujours posée sur la joue de Matthew et ses yeux ne quittaient pas ses lèvres. « Te sens-tu toujours toi-même ? » Le jeune Orpwood murmurait et laissait son pouce caresser la courbe du visage de son aîné, tendrement. Il espérait que Matthew ait apprécié ce baiser pour pouvoir recommencer, peut-être avec plus de passion, plus d'avidité.

William avait enfin osé faire le premier pas, même si une part de crainte commençait à naître au fond de lui. Il ne voulait pas que Matthew prenne peur ou soit dégoûté par ces baisers. Alors, lorsque leurs lèvres s'étaient détachées, le jeune Orpwood tenta d'analyser le regard de Matthew, comme s'il pouvait y voir une quelconque réponse. C'est pourtant un sourire qui rassura William, puis une main prenant la sienne. Ses doigts s'entrelaçaient à ceux de Matthew qui répondait alors à sa question. Celui-ci disait ne pas être sûr d'être encore lui-même et demandait un second essai. William ne pouvait être plus rassuré. Un sourire illumina son visage alors que Matthew tirait sur sa main pour le rapprocher plus près, l'attirant dans un nouveau baiser. Le jeune Orpwood resta immobile pendant un moment, laissant l'autre agir à sa guise. Puis, de façon tout à fait naturelle, William approfondit le baiser en caressant doucement ses lèvres contre celles de Matthew. Il laissait faire son instinct, se laissait guider par ses envies. Jamais le jeune homme n'aurait pu imaginer se sentir aussi différent avec quelqu'un tout en étant lui-même. À moins que Matthew soit différent.

William venait de faire une rencontre qu'il ne regrettait pas pour le moins du monde. Quelque chose était en train de se passer avec Matthew sans qu'il ne puisse encore imaginer l'ampleur de ses sentiments à son égard. Le baiser était d'ailleurs de plus en plus long, de plus en plus langoureux, si bien que le jeune Orpwood fit basculer Matthew en arrière sans se détacher de ses lèvres. Cependant, il fut bien forcé de mettre un terme à cet instant en réalisant qu'ils étaient désormais allongés dans l'herbe. Et William se mit à rire, amusé par le résultat de leur baiser passionné. Ses mains étaient posées à plat sur le sol, soutenant ses bras qui encadraient les épaules de Matthew alors que son buste s'écrasait doucement contre le sien. Ses jambes, en revanche, se trouvaient à coté de celles de Aylward. Il n'était donc pas totalement au dessus de lui mais suffisamment pour se pencher et lui offrir un nouveau baiser, tendre cette fois-ci. Puis, il se recula de quelques centimètres seulement du visage de Matthew pour le contempler, ses bras toujours tendus contre le sol. « Le second essai était plutôt convainquant non ? » En espérant que leurs positions n'effraient pas le jeune aristocrate. Encore heureux, ils ne s'étaient pas retrouvés totalement collés l'un à l'autre, ce qui aurait pu être assez explicite sans le vouloir.

Tout étant que se retrouver le buste au dessus de celui de Matthew permettait à William de déposer quelques baisers sur ses lèvres autant de fois qu'il le désirait. Mais il ne pouvait pas passer son temps à l'embrasser. William avait réellement envie de connaître Matthew et devait se faire violence pour détacher ses lèvres des siennes afin de parler. « Qu'est-ce que j'ai besoin de savoir sur toi, au juste ? » Et puis, ce fut trop tentant. Il laissa son visage se rapprocher de l'autre pour un nouveau baiser. « Et surtout, que veux-tu savoir de moi ? » Encore un baiser, toujours aussi tendre que les précédents. William était lancé dans un élan de tendresse dont-il n'avait encore jamais fait preuve. D'habitude, ces échanges avec d'autres hommes commençaient dans une pièce et se terminaient dans un lit, le tout en quelques minutes ou quelques heures seulement. Jamais encore il n'avait donné de rendez-vous à quelqu'un. Jamais encore il ne s'était comporté comme il était en train de le faire. Il offrit alors un sourire à Matthew en se penchant à l'une de ses oreilles, décidé à le tester encore un peu. « Après tout, on ne se connait pas tellement et je n'aimerais pas que tu sois effrayé par ce que je suis. » Suite à ces paroles, il déposa un doux baiser contre le cou de Matthew et continua un peu, espérant que ces nouveaux gestes ne soient pas déplacés pour l'autre.

Le retournement de situation fut parfait. William, qui pensait avoir affaire à un grand timide, était agréablement surpris de l'audace dont faisait preuve Matthew. Il affichait donc un grand sourire de gamin en ne lâchant pas le regard de l'aristocrate qui se trouvait maintenant tout contre lui, entièrement. D'habitude, William était le meneur, le dominant, celui qui prenait des décisions. Être dans la place opposée ne lui déplaisait absolument pas, surtout entre les mains de Matthew qui maintenait ses poignets contre l'herbe. Ce petit jeu de flirts poussés auquel ils s’adonnaient était tout aussi agréable, soit dit en passant. William commençait à prendre goût à la présence de l'autre, à ses regards, à son contact. Peut-être n'était-ce pas une très bonne idée mais le jeune Orpwood voulait bien tenter l'aventure. Après tout, il devait profiter de la vie, non ? Profiter de la présence de ce cher Matthew n'allait donc pas être très difficile. Peu importe la tournure des évènements à venir, William était prêt à se lancer dans cette histoire qui promettait déjà d'être des plus attrayantes. De plus, son aîné était un très bel homme. Mais ce n'était pas tout, fort heureusement. Depuis la soirée du mariage, dans le bureau, le jeune Orpwood avait été grandement étonné de la façon de penser de l'aristocrate. Il semblait avoir l'esprit très ouvert et des opinions justes.

Matthew avait certainement beaucoup de surprises en réserve encore et William était vraiment curieux de les découvrir. Pour l'instant, il souriait face aux paroles de l'aristocrate qui semblait joueur. Puis, il glissa une phrase dans son oreille qui donna un frisson au jeune Orpwood. Ainsi, Matthew avait deviné que le serveur de la soirée de son frère était un voleur ? Sur le moment, William eut peur que tout s'arrête. Jamais encore il n'avait craint d'être un brigand aux yeux de quelqu'un. Mais qu'il se rassure, l'homme au dessus de lui ne comptait pas partir. Au contraire, il semblait prendre l'information à la légère et répondit même aux questions qu'il lui avait posé quelques minutes plus tôt. William sentit de nouveaux frissons parcourir son dos et le creux de son estomac. Matthew était jaloux ? Bon à savoir. Le jeune Orpwood appréciait ce détail. Il laissa cependant échapper un petit gémissement de plainte en sentant les dents de l'aristocrate lui mordre la peau. Mais encore une fois, ce n'était absolument pas désagréable, surtout que la morsure fut suivie d'un baiser indescriptible.

Sentir le corps de l'aristocrate contre le sien était une torture pour William, qui avait déjà certaines idées en tête. La proximité n'aidait pas, surtout pour un garçon comme le jeune Orpwood qui avait l'habitude des relations charnelles et non amoureuses. Pourtant, malgré son désir naissant, un petit quelque chose semblait différent. Le soir du mariage, William avait réellement eu envie de terminer dans le lit de Matthew, sans se soucier d'une suite. Il avait eu dans l'idée de s'amuser un peu avec le fils d'une bonne famille, comme il en avait l'habitude lorsqu'il rencontrait de richissimes héritiers à la taverne. Là, le jeune homme n'avait pas simplement envie du corps de l'autre. Il ignorait encore pourquoi mais il voulait passer du temps avec Matthew de la plus simple de manière qu'il soit. Les baisers suffisaient, tout comme leur petit jeu. Bon, d'accord, William pensait que ce jeu était dangereux pour son tempérament mais peu importe, il pouvait faire un effort.

Matthew avait d'ailleurs une question pour lui. Le jeune homme eut un léger sourire lorsqu'il entendit l'interrogation de l'aristocrate. Oui, pourquoi lui ? William se permit quelques instants pour réfléchir et élucider la question. « Je n'en sais rien. Physiquement, tu m'as réellement attiré. Mais c'est surtout ton regard qui m'a hypnotisé. » Le jeune homme releva doucement la tête pour voler un baiser à son aîné. Il s'amusa également à soulever un peu ses hanches, par plaisir et par jeu. Il voulait voir la réaction de l'autre, comme s'il lui faisait passer un test. « Mais je vais t'avouer un autre de mes secrets... » Il laissa retomber sa tête contre l'herbe sans ciller une seule fois, pour profiter de la vue qui s'offrait à lui. « Jamais je n'aurais pensé qu'on puisse se revoir. » Il eut un sourire et mourrait d'envie de se défaire des mains de Matthew pour lui caresser le dos, le torse, les bras peu importe, mais il en avait besoin. Cependant, avant toute tentative, il voulait mettre au clair la question de l'aristocrate. « Mais comme tu me l'as si bien dit le soir du mariage, certains évènements nous tombent dessus au moment où on s'y attend le moins, sans se soucier de notre avis. C'est tout sauf rationnel. » William eut un petit sourire satisfait. Il avait retenu les paroles de Matthew et ne les avait pas oublié depuis.

« Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? » Le jeune homme se redressa pour laisser le bout de son nez frôler celui de son aîné. « Je te signale que tu me retiens prisonnier et que je ne suis pas assez fort pour retourner la situation à mon avantage. » Sans plus attendre, il captura ses lèvres pour l'embrasser à nouveau et pensait ne pas pouvoir y mettre fin. C'était de plus en plus addictif. Quel sort lui avait donc lancé cet homme pour qu'il soit aussi tendre et aussi dépendant ? Le baiser prit fin après deux bonnes minutes et William semblait essoufflé. Ce qui ne l'empêcha pas de regarder Matthew et de reprendre la parole. « C'est une torture de ne pas pouvoir me servir de mes mains. » Il avait lancé cette phrase sans arrière pensée, aucune. Tout ce qu'il désirait, c'était de pouvoir serrer son aîné dans ses bras lorsqu'il l'embrassait. Par contre, William voulut revenir sur un petit détail qui ne lui avait pas échappé. « Au fait... tu m'as dit être jaloux, n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce qui te fait croire que je t'appartiens ? » Le sourire du jeune Orpwood montrait bien qu'il était joueur. En aucun cas il ne voulait se détacher de l'autre. L'idée de ne plus le revoir lui était presque désagréable. Il espérait que Matthew ne prenne pas mal sa question. Si seulement il aurait pu le rassurer avec quelques caresses sur les bras, ou sur le visage.