Introduction Époque du sujet : Flash-Back Date du sujet : Quelques mois avant la malédiction Ordre de passage des participants : Bloodwell - Maëlwen

C’est sous un soleil de plomb que j’avais décidé de sortir marcher un peu, n’en pouvant plus de rester entre quatre murs. J’avais vraiment besoin de prendre l’air…
J’avertis Eäron qui n’appréciait pas vraiment que je sorte sans lui depuis l’accident.
J’avais beau tenter de le rassuré à ce sujet, il n’y avait rien à faire, et je n’étais pas encore prête à lui avouer ce que j’avais dû devenir pour lui sauver la vie…

J’attrapais un petit panier, si jamais je trouvais des herbes ou des fleurs intéressantes ou qui me plaisaient, j’aurais de quoi les transporter sans qu’elles ne deviennent une gêne. Je me dirigeais donc vers la forêt, j’espérais ne pas faire de mauvaise rencontre…

Je pourrais toujours utiliser ma magie, bien que je limitais son utilisation à des cas d’extrême urgence… Et tout ce qui pouvait toucher Eäron et lui faire du mal était pour moi un cas d’extrême urgence, rusant d’astuce pour qu’il ne se doute de rien, mais ça devenait de plus en plus compliqué, et il devenait de plus en plus curieux, posant les mauvaises questions, et mes réponses n'étaient franchement pas convaincantes…

Je continuais d’avancer donnant un petit coup de pied dans un caillou sur le chemin, une habitude que j’avais depuis mon enfance. J’avançais plutôt lentement et quand une branche se craqua, je regardais partout autour de moi, ce n’était pas forcément ça peut être juste un simple animal, je me tournais comme pour m’assurer que personne ne me suivait.

Rien… Personne n’était présent sur le petit sentier que j’avais pris, je soufflais un bon coup, un jour ma paranoïa me tuerait… Et Eäron qui me répétait que la forêt n’était pas sûre ce n’était pas fait pour m’aider… Je décidais donc de me tourner afin de reprendre mon chemin, mais une fois que je me tournais je ne bougeais plus. Respirant à peine, mes yeux rivés sur un loup qui se trouvait sur le sentier.

Depuis que j’étais devenue une sorcière j’arrivais à faire la distinction entre un simple loup et un loup-garou. Et ce que je voyais en face de moi n’avait rien d’un simple loup… La seule chose que j’ignorais c’était si en loup il pouvait comprendre ce que les êtres humains pouvaient dire. Le seul moyen d’entre être sûr étant d’essayer, au pire je passerais pour une idiote qui parlait à un loup. Maintenant que dire à un loup ?

- Bonjour, vous comprenez ce que je dis ?

Je secouais la tête si j’aurais pu me taper la tête contre un mur je l’aurais fait volontiers, seulement là pas de murs mais des arbres, mais ça ne me paraissait pas être la meilleure option, je décidai donc de reprendre, autant être ridicule jusqu’au bout j’avais si bien commencé.

- Je m’appelle Bloodwell. Et je suis… de passage.

Décidément pourquoi le fichu mot « sorcière » refusait de sortir. Que je sois face à un humain ou à un loup rien à faire... Comment pouvais-je lui dire la vérité quand je n'étais moi-même pas capable de l'affronter...

La chasse au loup n'avait jamais cessé... Les humains n'aimaient pas que les leurs meurent pour nourrir les loup-garous mais hélas, c'était bel et bien là le cycle de la vie comme l'herbe mangée par l'antilope et l'antilope mangée par le lion... Rien ne pourrait changer cela et le lion tout comme le loup garou n'allaient pas changer leur régime alimentaire pour plaire à quelques personnes trouvant ça gênant. Alors oui, Héloïs avait en elle cette part d'humanité qui parfois lui faisait regretter de tuer des humains. Elle était comme eux en plein jour et devoir les manger n'était pas toujours évident mais il n'y avait pas à dire : il n'y avait rien de meilleur que la chair d'humain bien fraiche ! Cela dit, elle n'était pas un monstre pour autant et elle essayait au mieux d'éviter de tuer des humains. Elle réussissait, comme le reste de sa meute, tant bien que mal à se nourrir d'autres animaux. Cela évitait les conflits et les traques mais certains ne se lassent jamais de cette chasse et combien de fois purent-on entendre "tuons la bête". C'était parfois à se demander si les humains eux-mêmes ne tuaient pas les leurs juste pour prétexter un départ en chasse. C'est qu'ils étaient près à tout !!

Mais pour cette journée, la question n'était pas là. Héloïs avait besoin de chasser... Un petit creux doublé d'une envie de se défouler avaient pris le dessus sur la sieste commune engagée par le reste de la meute. Elle aurait aimé que l'un de ses frères vienne avec elle mais il lui avait dit que c'était trop dangereux, qu'en ce moment, les chasseurs étaient de sortie et qu'elle risquait de se faire tuer à tout moment mais la jeune femme n'en faisait comme bien souvent qu'à sa tête et elle partit donc, seule.
Elle attendit d'être à quelques mètres de leur planque pour enfin se mettre à courir vraiment sous sa forme de loup. Le soleil était haut dans le ciel et la vue était magnifique. Avec son agilité canine, elle courrait à vive allure tout en évitant tous les obstacles se dressant sur son passage. De son regard perçant, elle scrutait dans le même temps les alentours et, lorsqu'elle repéra une biche dans la même course qu'elle, elle ne se fit pas prier pour bifurquer et pour la poursuivre. Elle ferait à coup sûr un diner parfait et, à n'en pas douter, elle pourrait en ramener une partie à la meute.
Quand la biche freina sa course, Heloïs en fit de même, se cachant et se mettant au plus près du sol pour camoufler son odeur à l'animal qu'elle chassait. Au moment opportun, elle bondit et planta ses griffes dans le dos de la biche, la mordant au cou avec férocité jusqu'à ce que celle-ci ne s'effondre au sol, à la merci des crocs de l'animal qui semblait enragé.

Alors qu'elle s'apprêtait à arracher la chair de l'animal pour s'en repaitre, un bruit de pas se fit entendre non loin. Avec son ouïe fine, elle put constater que c'était un pas léger et une personne se déplaçant sur deux pâtes, un humain sans doute.
Sa curiosité piquée au vif, elle délaissa sa proie, morte, un instant pour s'avancer en direction des bruits de pas. Elle usait d'une intense discrétion, faisant attention à l'endroit où elle posait les pattes mais ... c'est souvent quand on y fait le plus attention qu'on se fait avoir et l'une de ses pattes arrières se posa sur une petite branche qui craqua sous son poids. L'humaine se retourna alors mais Héloïs resta immobile, se fondant dans le décor. Rapidement, elle contourna la jeune femme pour se placer sur le sentier derrière elle. S'amuser un peu ne pouvait pas faire de mal après tout ...

Quand elles furent face à face, Héloïs fut surprise de se faire adresser la parole. Bien sûr, sous sa forme de loup, elle ne pouvait pas répondre à un humain ; la parole lui étant alors impossible. Mais pourquoi cette jeune femme lui parlait-elle alors qu'elle avait face à elle l'animal et non la version humaine ? Avait-elle pu sentir ce qu'Héloïs était ? Auquel cas ce serait beaucoup moins drôle de jouer avec elle...
En guise de réponse, la louve se contenta de retrousser les babines, dévoilant ses crocs... Mais l'autre continua de parler, se présentant. Elle s'attendait à quoi ? Que Héloïs prenne forme humaine et qu'elles papotent comme si elles étaient deux amies d'enfance ? Il ne fallait pas rêver tout de même mais une chose était sûre : le nom de cette demoiselle était à présent gravé dans la mémoire de la lycanne.
De même l'hésitation dont elle avait fait preuve pour annoncer qu'elle était de passage était trop louche pour sonner juste. Émettant un bruit sourd semblable à un pseudo-grognement, Héloïs commença à avancer en formant un cercle autour de la demoiselle. En général, cela ne rassurait pas les humains de se sentir encerclé par un loup... même un loup seul !

Ce n'était apparemment pas la meilleure technique pour aborder un loup, tout ce que j'avais eu en échange était des grognements que je jugeai comme étant peu amicaux... En même temps faire ami-ami avec un loup n'était peut-être pas la meilleure chose à faire... Mais une chose était sûre ce n'était définitivement pas un loup normal.

Je comprenais dans un sens sa méfiance, les humains du coin n'arrêtez pas de les traquer et s'il avait le malheur de trouver un loup, qu'il puisse se transformer en loup ou non, ils n'hésitaient pas avant de les tués... Alors quand un loup et un humain se croisait ça faisait rarement bon ménage, en même temps je n'étais pas une simple humaine, mais ça c'était une toute autre histoire....

Je vis le loup retrousser ses babines dévoilant des crocs impressionnant, je fixais ses yeux, je n'étais pas venue en ennemis, mais comment le faire comprendre à un loup... J'eu droit à un nouveau grognement, visiblement le "de passage" ne passait pas...

Le loup commença à s'avancer et à décrire un cercle autour de moi, en temps normal j'aurais trouvé ça inquiétant, mais depuis quelque temps ça ne m'impressionnait pas tant que ça, pas tant que je savais que je pouvais me téléporter à volonté...

- Vraiment ? Je ne suis pas votre ennemie...

Pourquoi je m'entêtais à lui parler alors que ce loup ne semblait vraiment pas décidé à me répondre, je n'avais pas non plus l'intention de céder à ce petit jeu d'intimidation, décidément Eäron avait raison sur beaucoup de points, même si je refusais de le croire quand il s'agissait de créatures surnaturelles, je soupirais avant d'usai de ma magie afin de me retrouver assise sur la solide branche d'un arbre à proximité.

Laissant le fameux loup seul, s'il veut jouait et bien j'allais attendre. Je n'userais pas de ma magie sur le loup, ça ne ferait que le provoquer et ce n'était pas vraiment le but recherché... Toujours sur ma branche, je profitais d'une légère brise qui venait de se lever avant de reporter toute mon attention sur le loup, avant de reprendre la parole.

- Vous savez si vous faites ce genre de tour à tous les humains de passage, ne vous étonnez pas qu'il brandisse leurs fourches et vous traque. L'être humain anéanti ce qui est différent, ce qu'il ne comprend pas et ce qui lui fait peur...

Je voulais lui faire comprendre que je n'étais pas là pour lui nuire, bien au contraire je ne faisais que me balader histoire de me changer les idées. Je n'étais pas là pour me faire des ennemis, je n'étais pas une menace pour elle et qui plus est je n'avais pas de fourches, je n'étais pas comme tous ces villageois....

Héloïs rigola intérieurement à l'affirmation de la jeune femme. Elle disait ne pas être son ennemie mais après tout, ce n'étaient là que des mots, quelles preuves avait la lycanne ? Qu'est ce qui lui disait que, dans son petit panier ou même dans sa manche, elle n'avait pas une arme cachée, prête à faire feu à la moindre occasion ; à la moindre preuve de faiblesse de la part de la jeune hybride ? Elle plissa les yeux de façon quasi imperceptible, cherchant à sonder la demoiselle face à elle. Mais bien sûr, elle ne pouvait rien percevoir. Elle avait beau être douée pour connaitre les intentions des gens de façon générale, ce n'était jamais si simple quand elle en avait vraiment besoin.
Le stress jouant sur son pseudo "sixième sens" ?! Sans doute mais rien n'était moins sûr. Finalement, il ne s'agissait ni plus ni moins que de simples pressentiments et rien ne pouvait contrôler ça.

Après avoir fait sa petite ronde tout autour de la jeune femme, Héloïs s'était de nouveau stoppée pour lui faire face. Apparemment, ce petit tour de "passe-passe" ne plut pas trop à la brunette mais notre blonde n'y pouvait rien. Après tout, elle avait beau être mi-femme mi-loup, cette dernière moitié faisait partie d'elle et elle ne pouvait pas aller contre l'instinct de l'animal qu'elle était et ... autant le dire, encerclé son ... "ennemie" ? faisait partie du jeu. Et ça ... qu'on le veuille ou non. Alors elle pouvait y aller en discours autant qu'elle voulait, ça ne changerait rien à ce qu'Héloïs était. Et si elle prenait forme humaine maintenant, qu'est ce que cela changerait ? Comme tous les autres humains, elle aurait ces préjugés en elle, cette pensée qui fait que, quoi que fasse un lycan, c'est mal et c'est pour attaquer...

Elle hésitait ...
La jeune femme parlait de ce qui est différent et de ce que l'homme ne comprend pas. Mais ... essayait-il seulement de chercher à comprendre ? Non bien sûr, il préférait attaquer d'abord et voir ensuite ce qu'il se passait. C'était bien mieux ainsi ; à tuer sans savoir, on a la conscience tranquille. Enfin ... semblerait-il !
La louve posa son regard doré dans les yeux de la demoiselle, la fixant durement puis, d'un coup, sans crier garde, elle bondit dans un fourré tout près. C'est cachée à l'abri des feuilles épaisses qu'elle reprit forme humain dans un grand silence.
Elle se redressa rapidement mais ne se montra pas de suite. Seule sa voix s'éleva alors :

« Prenez-vous seulement la peine de chercher à comprendre ce qui est différent ? Pourquoi avoir peur de l'inconnu ? »

Elle enjamba alors le fourré et se plaça là où se tenait le loup un peu plus tôt. Elle avait ses longs cheveux détachés, ils faisaient des ondulations qui se reflétaient à la lueur du soleil ; elle portait une robe beige dont le bas était un peu arraché. Elle paraissait bien pauvre à côté de cette demoiselle et pourtant, elle ne l'était pas tant que ça. Sans doute encore une façon de montrer que le paraitre n'est pas toujours ce qu'on croit...

« Croyez-vous que d'être traqué sans relâche et sans raison n'est pas effrayant ? »

Son regard était à nouveau planté dans celui de la jeune femme. Nul doute qu'elle saurait qu'Héloïs et le loup ne faisait qu'un. Elle l'avait visiblement déjà compris de toute façon.

Le loup sembla s'en aller, j'usais à nouveau de ma magie afin de retrouver ma place initiale, me demandant bien ou le loup avait pu aller. Enfin surtout s' il était parti, je songeais pendant quelques secondes à faire demi-tour. Je m'y préparais, avant d'entendre une voix s'élever...

- Prenez-vous seulement la peine de chercher à comprendre ce qui est différent ? Pourquoi avoir peur de l'inconnu ?

Je cherchais d'où pouvait provenir la voix de la jeune femme, un buisson, j'avais donc bien eu raison ce n'était pas une simple louve.

- Personnellement l'inconnu ne m’effraie pas. Pensez-vous que je prendrais le temps de vous faire la conversation sinon ?

Puis je vis enfin la jeune femme et je ne pus me retenir de sourire, trouvant toutes créatures surnaturelles vraiment intrigante et agréable, je n'avais pas peur, au contraire elles me fascinaient surtout depuis que j'étais devenue l'une d'entre elles une sorcière, Eäron ne comprenait pas mon intérêt d'ailleurs, il avait tendance à me surprotéger, se mettant à voir le danger partout.

- Croyez-vous que d'être traqué sans relâche et sans raison n'est pas effrayant ?

- Oh croyez-moi je sais de quoi vous parlez.

Les gens qui me connaissaient en tant que sorcière et qui craignaient la magie ne me craignait pas vraiment, je ne devais pas être assez impressionnante visiblement, entre ça et devoir cacher à Eäron ma nouvelle condition ce n'était pas de tout repos.

- Je ne vous déteste pas bien au contraire. Et je ne demande qu'à vous connaître.

J'étais honnête et franche maintenant ça ne tenait qu'à elle, elle pouvait très bien m'envoyer paître et je passerais ma route, elle reprendrait la sienne et tout rentrerait dans l'ordre. Presque comme si ce début de présentation ne c'était jamais produit...

Héloïs était bien loin d'être convaincue par les paroles de la demoiselle. Prendre le temps de discuter avec elle ne signifiait en rien qu'elle n'avait pas peur d'elle. Pour la jeune femme, ça impliquait plutôt qu'elle voulait se rassurer et s'assurer qu'elle avait raison en pensant qu'Héloïs n'était pas qu'un simple loup. Mais elle ne dirait rien là dessus. Il ne servait à rien de tergiverser, celle lui faisant face étant visiblement du genre un peu têtu.
Cela dit, elle restait persuadée que tous les humains de base étaient à mettre dans le même panier. Des exceptions ? Oui il en existait peut-être mais il fallait tomber dessus ! La seule que la lycanne connaisse à ce jour répondait au nom de Snow et malgré le fait qu'elle n'avait pas peur, elle faisait des erreurs tout de même et celles-ci sommes toutes assez grossières !
Mais le passé était le passé et il fallait se concentrer sur l'avenir et le présent pour l'heure.

La jeune femme disait savoir ce que c'était que d'être traquée sans relâche. Mais comment le pouvait-elle ? Elle n'était pas un loup, ça Héloïs le sentait, mais qu'était-elle alors ? Il ne fallut qu'un instant à la louve pour réfléchir et finalement ne pas hésiter :

« Vous savez ce que c'est ? Mais ... vous n'êtes pas un loup alors ... qu'êtes-vous donc pour si bien le savoir ? »

On sentait clairement qu'elle mettait la parole de l'autre en doute mais comment faire autrement pour savoir ce qu'elle voulait savoir ? Et puis, ce n'était pas comme si elle était face à une amie avec qui elle devrait prendre des pincettes. Cette personne, elle ne la connaissait ni d'Eve ni d'Adam et il n'était même pas certain qu'elles se revoient un jour alors la préserver ... sans intérêt. Du moins pour le moment.

La suite de la conversation troubla Héloïs qui ne comprenait pas. Elle voulait la connaitre ? Mais pourquoi ? Elle avait été à la limite et elle voulait faire connaissance comme si de rien n'était ! Elle ne la détestait pas et c'était tant mieux mais ça n'empêchait pas l'incompréhension de notre lycanne à la chevelure des blés.

« Pourquoi vouloir à ce point me connaitre ? Vous ne savez strictement rien de moi ! Peut-être ... peut-être que depuis tout à l'heure, je me joue de vous. Peut-être que je vous attendris pour mieux vous sauter dessus ensuite ! » Elle marqua une courte pause et conclut par un simple : « Non !? »

Je comprenais les réticences de la jeune femme, j'étais moi-même de nature méfiante, beaucoup moins quand j'avais affaire à des créatures surnaturelles, j'étais têtue, voir même extrêmement bornée quand j'avais une idée en tête...

- Vous savez ce que c'est ? Mais ... vous n'êtes pas un loup alors ... qu'êtes-vous donc pour si bien le savoir ?

Je pris une profonde inspiration avant de me tourner, voulant m'assurer que nous étions vraiment seules sur ce sentier. Je n'avais pas envie que les gens se mettent à parler de chose que visiblement ils ne comprenaient pas, une fois que je m'étais assuré que personne n'était là, je me concentrai sur ma main afin d'y faire apparaître une pomme rouge, et de la montrer à la jeune louve.

- Ça vous va ça comme raison ?

Mon ton était calme, posé, je n'avais pas de raison pour qu'il en soit autrement. Nous étions toutes deux des créatures surnaturelles, elle se transforme en loup et je manipulais la magie. Et du moment où nous étions différentes, nous nous faisions des ennemies. Seulement la jeune femme ne semblait pas comprendre pourquoi je tentais de la connaître.

- Pourquoi vouloir à ce point me connaitre ? Vous ne savez strictement rien de moi ! Peut-être ... peut-être que depuis tout à l'heure, je me joue de vous. Peut-être que je vous attendris pour mieux vous sauter dessus ensuite ! Non !?

Pourquoi je voulais la connaître ? Surement parce qu'elle était une lycanne, et qu'on était toute deux surnaturels, et que je cachais ma nature à Eäron, et je ne sais pas, j'avais du mal à croire qu'elle jouait un jeu, bien sûr je pouvais toujours me tromper...

- Nous sommes deux êtres surnaturels et je ne sais pas... Et bien vous pourriez en effet, mais ça me prouverait que j'ai eu tort de tenter de connaître une louve.

Je ne croyais pas les dires des gens du village au sujet des loups, mais si elle faisait ça se jouer de moi pour mieux m'attaquer ça donnerait raison aux villageois pas sûre que ce soit ce que la jeune femme veuille.

La jeune femme regarda tout autour d'elle avant de répondre à Maël qui se demanda ce qui pouvait bien se passer. La question qu'elle avait posée était pourtant relativement simple. Mais la réponse à cette "absence" ne tarda pas à venir puisqu'elle fit apparaitre une pomme dans sa main ... comme par magie. C'était donc ça son secret, elle était une de ces sorcières ?! Comme si cela pouvait lui faire comprendre ce que c'était que d'être poursuivie pour des crimes non commis ! Enfin, au moins elle savait ce que ça faisait de devoir se cacher et de se mêler à une foule d'être qui n'ont rien à voir avec vous.
La question était plutôt : depuis combien de temps endurait-elle cela ? Elle n'avait pas l'air bien vieille et Maëlwen doutait que la vie de cette jeune femme ait été aussi rude que la sienne.
A la question retour, la lycanne se contenta de hausser les épaules. Oui, elle pouvait se contenter de ça... Encore que... Mais il ne fallait pas trop en demander.

La suite de la conversation ne pouvait en revanche rester sans réponse. La louve écouta avec attention et observa la demoiselle de haut en bas, cherchant peut-être des traces de son passé.
Être toutes deux des êtres magiques faisait donc qu'elles devaient se connaitre ? C'était un peu tiré par les cheveux comme justification mais après tout ... pourquoi pas ! Tout en arquant un sourcil, Maël dit alors :

« Être une créature fantastique ne signifie pas, d'après moi, que vous puissiez comprendre tout ce que j'ai vécu. Oui, nous avons un point commun : celui de la différence. Mais ... vous ne vous transformez pas en créature que le monde craint. Moi oui. De plus ... il vous est plus facile à vous de vous dissimuler qu'à moi. Une chance que je maitrise ce que je suis au fond de moi mais ce n'est pas le cas de tous mes congénère de même que ça n'a pas toujours été mon cas. » Bien qu'il fasse jour, elle leva les yeux vers le ciel pour finir : « Les soirs de pleine lune sont une épreuve extrêmement difficile pour nous tous... »

Regardant une nouvelle fois la jeune femme et s'approchant un peu d'elle, elle conclut :

« Je ne me joue pas de vous mais nous ne sommes pas tous ainsi ! »

Si en me levant ce matin on m' aurait dit que j'allais me retrouver face à une jeune femme se changeant en loup alors que je partais me promener... Non je n'aurais pas fait les choses différemment, bien loin de la... Je m'assurai que personne ne soit là pour faire une démonstration de mes dons, rien de bien compliqué dans l'art de faire apparaître une simple pomme d'un rouge vif qui me surprenait toujours autant.

Elle semblait comprendre que nous étions toutes les deux différentes, mais ne comprenait pas ce que la traque avait à faire la dedans, elle ne connaissait pas mon histoire comme aurait-elle pu savoir que je fus traquée pour un acte que je ne n'avais pas commis, il était surement préférable qu'elle ne sache rien de mon passé, c'était bien mieux comme ça...

Puis la jeune femme ne tarda pas à prendre la parole, pourquoi je m'étais mis en tête de la connaître aucune idée, l'idée m'avait traversé l'esprit et du coup j'avais essayé, c'était loin d'être l'idée du siècle mais tenter d'apprendre à connaître ce que je ne connaissais pas c'était quelque chose qui m'intéressait.

- Être une créature fantastique ne signifie pas, d'après moi, que vous puissiez comprendre tout ce que j'ai vécu. Oui, nous avons un point commun : celui de la différence. Mais ... vous ne vous transformez pas en créature que le monde craint. Moi oui. De plus ... il vous est plus facile à vous de vous dissimuler qu'à moi. Une chance que je maitrise ce que je suis au fond de moi mais ce n'est pas le cas de tous mes congénère de même que ça n'a pas toujours été mon cas. Les soirs de pleine lune sont une épreuve extrêmement difficile pour nous tous...

J'aurais très bien pu en rajouter avec ce que j'avais vécue mais le but n'était pas de faire un concours de qui de nous deux avait eu la vie la plus pourrie. Alors je me contentais de me taire, fixant le sol quelques secondes pourtant mon attention sur le sentier que je foulais presque chaque jour. Avant d'entendre la jeune femme reprendre la parole.

- Je ne me joue pas de vous mais nous ne sommes pas tous ainsi !

- Alors j'ai bien fait de tomber sur vous plutôt qu'un autre.

Je souris avant de relever les yeux vers la jeune femme qui c'était rapproché de moi, j'affichais un sourire plutôt franc avant de tendre la main dans la direction de la jeune femme, dans l'idée de se présenter convenablement maintenant que j'avais une jeune femme face à moi et non un loup.

- Et bien comme je l'ai déjà dit je suis Bloodwell et vous êtes ?

Elle pouvait très bien repartir et me laisser là je la comprendrais, après tout nous ne nous connaissions pas plus que ça, voir même pas du tout, et elle devait peut-être rejoindre sa meute, autant dire que de ce côté-là j'étais totalement perdue...

La jeune femme face à Heloïs n'avait que très peu de réactions et cela la troublait grandement. Elle faisait des monologues, elle s'attendait à avoir un minimum de réaction mais pas ce strict minimum là. C'était presque comme parler à un mur et du coup, elle ne savait plus quoi faire. Elle avait envie de s'approcher de la jeune femme, de la prendre par les épaules et de la secouer pour qu'elle réagisse un peu à ce que Maël lui racontait. Elle disait vouloir apprendre à la connaitre mais elle ne faisait pas grand-chose en ce sens et la lycanne n'aimait pas vraiment ça. Et si, finalement, ce ne serait pas Heloïs qui se jouait d'elle mais l'inverse ? Et si cette demoiselle cherchait à en savoir plus sur elle pour mieux attaquer ? Ou même pire, pour mieux surprendre la meute ?
Il fallait que la louve se méfie davantage et qu'elle fasse attention à ce qu'elle disait aux inconnus ; on n'est jamais trop prudent !

Bien fait de tomber sur Loïs plutôt que sur un autre ? C'était certain ! D'autres n'auraient même pas pris la peine de discuter avec elle ou de se montrer sous forme humaine, ils auraient attaqué de suite s'ils se savaient découverts et ça dans le seul but de protéger la meute et de faire en sorte que la communauté soit sauve quoi qu'il arrive. Car à bien y réfléchir, ils n'étaient pas très loin de la tanière...
Mais c'était la nature curieuse de notre jolie blonde qui l'avait poussée à agir ainsi et puis, elle se savait douée d'un certain don pour ressentir le mal chez les autres et elle avait tendance à se baser un peu trop là-dessus. D'autant plus qu'il ne s'agissait réellement que d'un ressentit et pas d'un véritable don où la magie a un rôle à jouer...

Lorsque la jeune femme face à elle se présenta, Heloïs hésita une nouvelle fois mais après tout, il fallait jouer le jeu jusqu'au bout. Maintenant qu'elle avait commencé et qu'elle avait engagé la conversation avec elle, il fallait aller jusqu'au bout. Elle fit donc un pas vers elle et dit alors :

« Alors je suis enchantée Bloodwell. Je me nomme Heloïs. »

Le terme "enchantée" était un peu fort certes mais c'était l'usage de parler ainsi et elle ne trouvait pas de terme plus approprié sur le moment.
Elle aurait bien sûr pu s'arrêter là mais maintenant qu'elle était lancée, elle ajouta :

« J'espère au moins que vous êtes consciente qu'il n'est pas prudent de se promener dans ces bois. Surtout quand on est une femme... Surtout quand on est une femme seule. » Elle la regarda de haut en bas, détaillant sa tenue pour elle-même. « Une chance que vous soyez restée sur les sentiers, qui sait ce qu'on peut trouver dans les profondeurs des bois. »

En réalité, Loïs le savait. Du moins en partie... Au-delà des loups, il y avait les ogres et autres créatures bien moins civilisées que notre lycanne de charme. Son but n'était pas d'effrayer la demoiselle mais de lui faire prendre conscience de la chance qu'elle avait d'être encore en vie à l'heure actuelle. Alors oui, Heloïs ne savait pas vraiment ce que pouvait faire une sorcière pour se défendre, elle avait sûrement des moyens qu'elle ne soupçonnait même pas mais, de ce qu'elle savait, mieux valait prévenir que guérir.