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Tout ce qui se passe au-delà de la saison 1 est à jeter aux oubliettes, merci you are not a princess ▬ Harley 2742709183
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 you are not a princess ▬ Harley

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you are not a princess ▬ Harley Vide
MessageSujet: you are not a princess ▬ Harley   you are not a princess ▬ Harley EmptyMer 13 Mar - 15:48




Introduction



Époque du sujet : Flash-back
Date du sujet : un an avant la malédiction
Ordre de passage : marcus - anasatsie


L’hiver était tombé, recouvrant le monde des contes d’une fine couche d’un blanc pur, contrastant à merveille avec la période sombre que connaissait ce monde. La Reine, bien qu’ayant perdu face à Blanche-Neige –qui ne portait pas mieux son nom qu’en cette période- sombrait de plus en plus, se préparant à une revanche dont personne ne pouvait anticiper les dégâts, à l’exception d’elle-même. Marcus n’était pas épargné par le secret, se contentant de suivre les ordres de son Altesse, sans poser de question. Aussi muet qu’un objet, parce que c’était ce que Marcus était : un outil au service de la Vilaine Reine. Des années auparavant, il se serait rebellé de sa position. Aujourd’hui, il s’en était plus qu’accoutumé, aimant la place au service de la Reine, tentant de combler le moindre de ses ordres.

C’était une des raisons pour laquelle Marcus était à la tête d’un groupe de soldats, les guidant sur les routes peu sûres de la Forêt Enchantée. Il devait assurer l’escorte d’une de Trémaine, la cadette il semblerait. Il doutait que cela soit la période idéale pour rendre visite à Regina, mais n’avait guère son mot à dire, n’est-ce pas ? Ainsi ouvrait-il la marche avec son cheval, rompant le silence gelé qui régnait dans ces bois. Il avait été désigné comme ‘garde personnel’ de mademoiselle de Trémaine, se voyant l’extrême honneur de veiller sur la fille peu gracieuse et têtue qu’elle était. Autant dire que Marcus avait bien été charrié par ses compagnons. Ils avaient même pariés sur le nombre d’heures que tiendrait le soldat avant de remettre en place la noble Dame. Avec les années, Marcus était devenu un peu plus sombre, revêtait à la perfection le costume noir instauré à tous ceux qui servaient la Reine. Sa patience sur certains sujets ne faisait guère long feu. Supporter les caprices d’une demoiselle pourrie faisait partie de ce qu’il ne pouvait faire. Mais puisque Dame Anastasie était une invitée de son Altesse, il se devait d’obéir à ses moindres désirs. Oh douce joie. Heureusement qu’il savait se détacher des conversations ennuyeuses.

Le petit cortège était finalement arrivé devant le manoir des Trémaine. Accueilli par une des servantes, il fut le seul à entrer dans la large demeure, laissant les autres soldats dehors, à s’occuper des chevaux. C’était là un des rares avantages à posséder un semblant d’importance aux yeux de la Reine : les tâches les plus basiques étaient laissées au bon soin des autres. Enlevant la neige sur le haut de sa cape et sur son casque, qu’il retira pour la convenance, il suivit la servante dans les couloirs, avant de se faire indiquer une porte. Il ne se laissa pas distraire par la décoration, ni par l’ambiance, ayant parcouru des lieux comme celui-ci à maintes reprises maintenant. Marcus fut annoncé et quand il en reçu l’invitation, entra dans le salon. Il fit deux pas dans la pièce avant de s’incliner respectueusement, sans que ses muscles ne se tordent plus sous le geste exécuté des milliers de fois. « Ma Dame. Votre escorte vient d’arriver. Nous vous emmènerons à la Reine dès que vous le désirerez. » Tout n’était que des règles à respecter. Se pencher en avant, pas trop vers le sol, car Marcus n’était pas un esclave. Juste assez pour ne pas paraitre grossier. Ne pas regarder la fille Trémaine dans les yeux, ni la brusquer en la poussant dans le carrosse. Ne pas parler du cas Cendrillon, sujet certainement sensible. Ces temps-ci, les princesses apparaissaient dans tous les coins, déjouant les plans de tous les allier de la Reine. Aussi étrange que cela puisse paraitre, les ‘méchants’ se serraient les coudes. Eh oui, les tortionnaires présentaient une organisation bien huilée, bien qu’en difficulté ces temps-ci. Ce qui n’empêchait pas les demoiselles comme Anastasie de Trémaine de profiter de la compagnie de la Reine.
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you are not a princess ▬ Harley Vide
MessageSujet: Re: you are not a princess ▬ Harley   you are not a princess ▬ Harley EmptyMer 13 Mar - 18:54



La Reine était venue, avait vu puis avait vaincu. Elle cherchait à obtenir de Madame de Trémaine le profit d’une ancienne dette que les deux femmes avaient contractées dans leur jeunesse, autrement dit en des temps immémoriaux au sens des filles de Trémaine. Les deux jeunes filles s’enthousiasmaient à la moindre visite, mais recevoir la Reine n’était pas anodin. Lorsque leur mère leur avait annoncé la prestigieuse visite, Anastasie était devenue une véritable pile électrique. Elle furetait en tous sens, cherchant la tenue ultime capable de convenir à une telle occasion. La vie était plus simple lorsque Cendrillon traînait dans leurs pattes, au moins les filles Trémaine ne manquaient de rien. Anastasie se demandait si elle était la seule à le réaliser, ou si les deux autres ne faisaient que se voiler la face. Dans tous les cas, en perdant Cendrillon au profit du royaume, les Trémaine avait perdu bien plus qu’une simple bonne. Une fille aussi docile ne se trouvait pas à chaque coin de rue et, surtout, il fallait avoir les moyens de payer ses services. Il ne faisait aucun mystère pour personne dans les environs que la famille était en deuil depuis qu’elle s’était fait ravir une telle perle de domestique. Certes, aucune considération affective n’entrait en ligne de compte, mais la perte de Cendrillon diminuait cruellement le patrimoine du trio infernal, qui n’était pas réputé pour son respect de l’argent.

Heureusement pour les trois femmes, la Reine se présenta avec une proposition de taille. Elle était prête à investir dans les Trémaine, à leur donner de quoi reprendre le cours indolent de leurs existences, tout en les laissant plus que libres de leur vengeance. En échange, elle demandait simplement à ce que l’une des deux sœurs vienne habiter en sa compagnie au Palais Noir. Javotte s’emporta presque immédiatement, faisant preuve devant la Reine d’une insolence bien digne d’elle. Anastasie se contenta d’écarquiller de grands yeux ronds, pesant le pour et le contre sans se montrer aussi intransigeante que sa sœur aînée. Finalement, les choses s’étaient accélérées et il avait fallu prendre une décision. Lady Trémaine tâchait de raisonner son aînée, tandis que Regina demeurait cruellement silencieuse, fixant des yeux perçants sur le spectacle. « Je vais le faire. » La Reine fut la première à tourner le regard vers elle, malgré la voix faible avec laquelle elle s’était exprimée. Sa mère et Javotte continuaient de se disputer, offrant une nouvelle fois une mise en scène dérisoire de la famille Trémaine. « Je vais le faire ! » Elle avait haussé le ton, et les deux autres ne purent plus l’ignorer. Les paupières de sa mère tombèrent, lourdes, sonnant le glas des projets qu’elle lui réservait. Javotte, elle, considéra sa sœur avec la plus parfaite incrédulité. Anastasie n’était pas certaine de ce qu’elle faisait, mais sa conscience lui disait que c’était la meilleure option. Le sourire satisfait et poignant de la Reine trancha avec le reste de la scène. Il fut ainsi décidé que la plus jeune sœur viendrait rejoindre sa Majesté en son château sous 10 jours. Ce temps était laissé pour permettre à Anastasie d’empaqueter ses affaires et de faire ses adieux. Bien sûr, elle n’irait pas vivre au Palais Noir pour toujours, mais une année pouvait être longue et le futur n’était jamais fixé. Et si elle rencontrait un beau prince lors de festivités ? Anastasie était si enthousiasmée par les perspectives qui allaient bientôt s’ouvrir à elle, qu’elle ne songea pas à profiter des derniers jours qui lui était accordés parmi les siens. Aussi la réalité lui tomba t-elle cruellement au coin du nez lorsqu’elle fut convoquée dans le salon de la maisonnée, 10 jours s’étant écoulé. Avec l’acompte que leur avait déjà offert la Reine, Lady Trémaine s’était payé les services de deux domestiques, qui arrivaient à peine à abattre le travail qu’exécutait seule et quotidiennement Cendrillon.

« Eh bien, faites le entrer, qu’attendez-vous espèce de crétine ? » Javotte ne mâchait pas ses mots, Anastasie le mettait néanmoins sur le compte de la tristesse, et se piqua d’un ricanement mauvais tandis que la servante quittait le salon pour s’exécuter. Un garde drapé de noir fit alors son entrée dans le salon, sous les regards conjoints des sœurs Trémaine. Tandis qu’il se baissait dans une révérence gracieuse, le visage de la rousse se para d’une moue moqueuse. Elle jeta un coup d’œil entendu à sa sœur, dont les lèvres s’étirèrent en un sourire mesquin. « Ma Dame. Votre escorte vient d’arriver. Nous vous emmènerons à la Reine dès que vous le désirerez. » Anastasie avait le sentiment d’avoir affaire à sombre chien de garde, ce qui ne l’incita pas à surveiller son comportement. Flanquée par sa sœur, survolée par son indéfectible bienveillance lorsqu’il s’agissait de mesquinerie et de farces, Anastasie prit un air très concerné : «Vous êtes une sorte de chien fidèle ? » Elle ricana, son aînée la suivant en canon. « Vous êtes supposé répondre au moindre de mes désirs ? » Anastasie avait l’air résolument moqueur, mais elle était également terriblement curieuse. Quels ordres avait exactement donné la Reine à ce garde et à « l’escorte » supposée emmener la Trémaine jusqu’au Palais Noir? La jeune ingénue comptait bien le découvrir avant de partir, afin de permettre à son aînée de profiter du spectacle. Et si le garde se montrait réticent, elle avait tout le trajet pour faire de sa vie un enfer. Ça ne lui demanderait pas d’effort particulier, elle n’avait qu’à être elle-même, cela suffisait d’ordinaire à exaspérer autrui. Vrillant sur le garde de grands yeux inexpressifs, elle ajouta en pinçant des lèvres : « Et si je veux prendre un dernier cours de musique en compagnie de ma sœur, avant de partir, vous ne pourrez pas me le refuser ? » Ses pupilles se dilatèrent en signe d’excitation, tandis qu’elle faisait un pas en direction du chien de garde. « Voulez-vous nous faire le plaisir, à ma sœur et à moi, d’assister à notre répétition ? » Javotte trépignait déjà sur place, désireuse de montrer ses talents de chanteuse. Anastasie laissa ses lèvres s’étirer. La voix de sa sœur était aussi agréable que de se faire écraser par un troupeau de buffle. Elle, en revanche, possédait un talent inouï pour la flute à bec, dont elle était on ne peut plus fière, mais qui ne jurait pas le moins du monde en complément de la voix de l’aînée Trémaine.
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you are not a princess ▬ Harley Vide
MessageSujet: Re: you are not a princess ▬ Harley   you are not a princess ▬ Harley EmptyMer 13 Mar - 21:29


Les deux sœurs de Trémaine, sans leur mère. Bien que le visage de Marcus resta impassible, il regretta l’absence de la mère. Elle, au moins, malgré le fardeau d’avoir apporté au monde deux cruches, avait un certain savoir vivre. Il ne devait pas penser comme ça. Les chiens ne pensaient pas, ils se contentaient d’agir. Mais il ne pouvait empêcher l’élan d’humanité de prendre possession de ses réflexions, à certaines occasions, surtout quand il s’ennuyait de sa tâche. Il aurait préféré massacrer un village plutôt que de se retrouver dans le manoir de Trémaine. Cependant, il n’y avait pas de suggestion que la Reine prenait en compte, outre celle d’un Ténébreux et d’un miroir. Il ne dit mot, se relevant de sa révérence, se tenant le dos parfaitement droit, une main sur la garde de son épée, l’autre dans le dos. Le parfait exemple d’un chien bien docile, comme venait de le suggérer la cadette des Trémaine. Il grimaça, intérieurement. La comparaison, beaucoup s’amusaient à le faire et Marcus ne pouvaient les contredire. Il agissait comme tel. Il était le premier à le reconnaitre. Cependant, il n’aimait pas quand les gens s’amusaient de sa position. Seul la Reine avait le privilège de pouvoir se moquer du soldat sans que cela ne provoquât une rancœur chez l’homme. « En effet, mon rôle est d’assurer votre sécurité et de répondre à la moindre de vos attente. » Autant donner une bonne raison à Javotte et Anastasie de s’extasier du nouveau jouet qu’il serait entre leurs mains. Il ne pouvait nier les ordres de la Reine, malgré que l’idée de mentir à la rousse ait été forte attirante.

Le mensonge était banni, tout comme la désobéissance. Le dernier souhait d’Anastasie en sa demeure ne pouvait lui être refusé. Il ne fut pas étranger à l’excitation qui sembla se mettre en place, en plus de celle déjà présente de l’imminent départ. Marcus eut une pensée pour ses hommes qui étaient restés dehors. Il espéra que la neige ne se remette pas à tomber dans l’immédiat – bien que l’absence de talents dans la musique de la part des deux enfants de Trémaine serait surement un facteur déclenchant à la prochaine tempête- évitant ainsi de congeler les autres soldats sur place. Marcus inclina la tête. « Je crains ne pas avoir les compétences nécessaires pour apprécier votre musique à sa juste valeur, cependant, puisque vous le demandez, j’assisterai à votre répétition. » Et en arme bien aiguisée, en soldat bien entrainé, son regard ne monta jamais plus haut que l’épaule des deux demoiselles. Sa voix restait neutre et monocorde, bien que grave et profonde. Il pourrait être confondu avec une coquille vide. C’est ce qui risquait fortement de lui arriver s’il restait à écouter les talents des deux filles. Quoique, peut-être que son ignorance de la justesse acoustique et de la science des instruments de musique lui sauvera la vie. Ou alors deviendrait-il juste sourd. Dans ce cas, il n’aurait plus à écouter la voix stridente de la cadette de Trémaine. Hum, voilà un choix cornélien qui se dressait devant lui.

Marcus était prêt – si l’on pouvait l’être- à écouter la prestation des deux jeunes filles. Avec les années passées au château de la Reine, il avait eu l’occasion d’étudier et d’observer l’étiquette, ainsi que toutes les disciplines dans lesquelles se devaient de briller une dame et un damoiseau. Pourtant, il ne pouvait qu’être spectateur dans ce monde auquel le statut du soldat ne relevait pas plus de la simple décoration. Il était devenu un observateur silencieux, comme tous ses compères. La Reine aimait le calme dans le Palais Noir. Pourtant, de nombreuses années avant qu’elle ne soit étiquetée de Vilaine, quand la Reine était encore mariée au Roi Leopold – que plus tard, Marcus appris qu’elle exécrait-, la musique et le chant était récurent, ne serait-ce que pour les bals, ou les cours de musique de Blanche-Neige. Elle était une enfant très douée. Si la prestation des deux filles de Trémaine était à la hauteur, peut-être auraient-elles fait revenir à la surface de la mémoire du soldat ces souvenirs oubliés. Mais à la première note qui sortit de l’instrument, à la première parole chantée, même si Marcus n’était pas un géni dans ce domaine des arts, il sut qu’il ne passerait pas un moment agréable. S’il fallait bien entamer sa patience, autant le faire en musique...
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you are not a princess ▬ Harley Vide
MessageSujet: Re: you are not a princess ▬ Harley   you are not a princess ▬ Harley EmptyJeu 14 Mar - 17:54


Ménager le chien de garde ne faisait nullement partie des intentions d’Anastasie. S’il ne restait qu’un instant encore à passer en compagnie de sa sœur, il fallait que cela soit magique. Et qu’y avait-il de plus doux, de plus séduisant, de plus enivrant que de se moquer des autres ? Les filles Trémaine étaient passées maîtres dans l’art implacable de la badinerie. Leur frivolité n’avait d’égal que l’étroitesse de leurs esprits et la laideur de leurs traits. Anastasie ne pouvait pas quitter sa sœur sans un dernier jeu, fut-il au détriment d’un garde de malheur, qui serait sous peu le seul visage un tant soit peu familier qu’il lui serait donné de contempler. Il ne fallait pas demander à la rousse qu’elle fasse preuve de clairvoyance, prévoyance, ou de n’importe quelle faculté qui se rapportait au futur. Anastasie était proprement incapable de voir plus loin que le bout de son nez, qu’elle avait d'ailleurs fort hideux.

« En effet, mon rôle est d’assurer votre sécurité et de répondre à la moindre de vos attente. » Le garde n’aurait pas pu davantage faire piaffer les deux sœurs, qui se regardèrent avec malice et enthousiasme. Javotte avait toujours été la plus cruelle des deux, le chien avait donc de la chance, dans son malheur, d’être travaillé au corps par la cadette. Cette dernière, bien que mesquine à ses heures, était nettement plus sage que son aînée, et l’idée la plus agaçante qui lui vint ne fut donc qu’une leçon de musique. « Je crains ne pas avoir les compétences nécessaires pour apprécier votre musique à sa juste valeur, cependant, puisque vous le demandez, j’assisterai à votre répétition. » Un sourire colossal étira les lèvres d’Anastasie. Exultant en tapant des mains comme la parfaite enfant qu’elle était, elle annonça d’une voix tonitruante : «Laissez-moi juste aller chercher mon matériel.» Et elle quitta le petit salon pour monter à l’étage jusqu’à la salle de musique. Elle venait ainsi de laisser l’homme sans identité propre aux bons soins de sa sœur. Tandis qu’elle ralliait sa destination, elle ne pouvait s’empêcher de grimacer. Elle n’aimait pas laisser ainsi son jouet aux mains de son aînée. Ce n’était pas comme si elle pouvait le lui voler, ou rien d’approchant, mais Anastasie était trop ravie d’avoir enfin un objet rien qu’à elle pour faire l'erreur de le partager avec sa sœur. Ainsi, si elle comptait bien se jouer du garde en compagnie de Javotte, elle renâclait à les laisser seuls trop longtemps. La rousse connaissait trop bien la brune pour avoir confiance en sa retenue. Elle était persuadée que Javotte chercherait à s’accaparer le garde à un moment ou à un autre, qu’importe s’il n’était là que pour assurer sa sécurité et répondre à la moindre de ses attentes.

Sitôt elle eut mis la main sur son instrument, Anastasie quitta la salle de musique et oublia d’en refermer la porte dans la précipitation. Elle dévala quatre à quatre les marches de l’escalier, sans préoccupation pour sa robe ou les convenances. Lorsqu’elle ouvrit à la volée la porte du petit salon, elle tâcha de reprendre sa respiration et se baissa légèrement pour remettre sa robe en place. Elle offrit ensuite un sourire gêné au garde qui n’avait pas bougé d’un poil, avant de reporter son attention sur sa sœur. Celle-ci faisait ses gammes, et il n’y avait pas besoin de la regarder pour le savoir, les notes désagréables qui s’échappaient de sa gorge devaient déjà marteler les tympans du chien en cape depuis un certain temps. Anastasie fit quelques pas dans le salon, rivant tour à tour sur les deux autres personnes présentes un regard suspicieux. Elle se tint ensuite bien droite, portant son instrument à sa bouche. Javotte lui fit signe qu’elle était prête, et la rousse entama l’air qui accompagnerait sa voix de crécelle. La séance de torture dura un certain temps, l’aînée s’acharnant à massacrer le chant tandis que la cadette faisait sortir toute sorte de notes inattendues de sa flute. Elles conclurent dans une cacophonie effroyable, Anastasie délaissant son instrument en pouffant face à sa sœur s’évertuait à tenir la dernière note. Javotte lui riva un regard noir lorsqu’elle n’eut plus assez de souffle pour continuer. Au comble de sa maturité, la rousse répondit aux éclairs que lui balançait son aînée en tirant la langue, avant de se tourner vers le garde. «Alors, le chien, qu’en pensez-vous ?» Elle doutait qu’il soit plein d’éloges envers Javotte, mais elle se demandait jusqu’à quel point un garde pouvait garder sa réserve et toute sa patience. Après tout, si ses notes pouvaient encore passer, la voix de sa sœur était un véritable fléau, Anastasie en avait elle-même conscience. Elle était curieuse de l’avis du garde.

Elle s’approcha ainsi de lui en le regardant droit dans les yeux. Finalement, une surprise manifeste passa dans ses prunelles. La performance musicale lui paraissait bien loin, une autre considération ayant pris place dans l’esprit de la Trémaine. «Pourquoi vous faites ça ?» Le garde ne considérait jamais le visage d’Anastasie. La jeune fille l’avait remarqué sans y prêter attention jusque-là, mais alors qu’elle avait fait quelques pas dans sa direction, et était arrivée suffisamment prêt pour mériter un regard, elle avait constaté qu’il la fuyait. Le terme d’étiquette était très peu familier aux demi-sœurs de Cendrillon, aussi Anastasie aurait pu prendre mal le dédain dont faisait preuve le garde. Mais elle était, en vérité, trop curieuse vis-à-vis de l’attitude de l’homme pour s’inquiéter de le vilipender. Sa sœur, en revanche, ne perdait jamais une occasion de frapper là où ça faisait mal. « C’est parce qu’il te trouve trop laide, ma chère sœur. » Anastasie riva des prunelles assassines sur Javotte. «Parce qu’il te regarde dans les yeux, toi, peut-être ?» L’aînée haussa le menton, n’ayant apparemment rien trouvé d’intelligent à répliquer. La rousse eut donc le loisir de reporter toute son attention sur le garde. Elle posa une main sur son bras, faisant fi d’usages dont elle ignorait tout. «Nous pouvons y aller maintenant, je pense.» Elle retira presque aussitôt sa main du garde, peu familière des contacts et assez mal à l’aise avec les étrangers. «Bonne !» cria-t-elle à l’intention de la femme qui accourait déjà avec précipitation. «Mes paquets sont dans ma chambre, faites les descendre jusqu’au carrosse.» Elle aimait s’entendre parler ainsi. Un carrosse ! Elle allait avoir un carrosse pour elle seule, à l’image de cette imbécile de Cendrillon qui ne l’avait pas mérité une seconde, et qui aurait été bien plus à sa place dans une citrouille.
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you are not a princess ▬ Harley Vide
MessageSujet: Re: you are not a princess ▬ Harley   you are not a princess ▬ Harley EmptyJeu 14 Mar - 22:51


Il ne fallut pas long à la cadette de Trémaine pour courir chercher son instrument, dès que Marcus eut consentit à écouter la répétition des deux sœurs. Il entendit son pas pressé dans le couloir, malgré que la porte fût fermée. Il fit le pied de grue, fixant son attention sur un point invisible, ne relevant pas la présence de Javotte de Trémaine. Elle était là, certes, mais puisqu’il n’avait pas reçu l’autorisation de parler, il n’allait pas engager la conversation avec la brune. C’était tant mieux ainsi, il n’aurait pas trouvé un sujet de conversation convenable avec l’ainée du manoir. Il n’aurait pas voulu en trouver, également. Déjà la demoiselle Anastasie revenait à grand pas, même si elle s’arrêta plus ou moins correctement à la porte. Marcus n’était pas dupe de la petite course à laquelle s’était adonnée, n’en fit aucun commentaire pour autant. Il n’était pas en position de le faire. De plus, il estimait qu’étant à la fleur de l’âge, cela était un comportement pour les deux filles de Trémaine. Il n’avait pas beaucoup d’exemple sur lequel fondé sa pensée, à l’exception des souvenirs vaporeux de Blanche s’amusant au palais, de nombreuses années auparavant.

Les oreilles ne sifflaient pas encore de l’échauffement vocal de Javotte, mais une fois qu’elle fut lancée dans la grande représentation, accompagnée de la flute de sa cadette, le regard de Marcus se durcit. Ce qui aurait pu être confondu avec une attention extrême était en réalité la preuve de son manque d’intérêt pour la prestation qui se jouait dans le salon. Les sons étaient trop aigus pour lui, il fut étonnée, d’ailleurs, qu’une fenêtre ne se brise ou qu’aucun verre n’éclate. Ses tympans, quant à eux, souffrirent et il ne fallut pas longtemps au soldat avant d’entendre un sifflement dans ses oreilles. Il remercia intérieurement la gêne qu’il ressentait, réduisant ainsi sa sensibilité à l’effort musical des deux filles de Trémaine. Cependant, il ne bougea pas une seconde, gardant toujours sa contenance et sa posture irréprochable. Il était presque difficile de définir s’il clignait des yeux, c’était beau dire. Le fait d’être figé sur place par la catastrophe artistique l’aidait très certainement.

Marcus ne se formalisa pas du comportement des deux sœurs l’une envers l’autre. Puisqu’il devait être considéré comme un meuble, il supposait que les demoiselles de Trémaine l’avaient oublié, puisqu’elles s’adonnaient à la démonstration de familiarité en public, si on pouvait considérer Marcus comme un bon public. Mais voilà que déjà, Anastasie de Trémaine se tournait vers lui, lui demandant son avis. Il ne broncha pas sur le sobriquet, même si ce fut un coup de plus envers son indulgence. Il se retint de dire ‘les chiens ne pensent pas’ pour espérer échapper à l’apport de son avis critique, se retint à temps, heureusement. « Vos cours de musiques portent leur fruit. Vous êtes très douée de votre instrument, ma Dame. » Hum, oui. Il lui était interdit de mentir. Sauf pour les cas exceptionnel. Il ne pouvait prendre le risque de rendre la dame de noblesse de mauvaise humeur en lui jetant au visage la lacune évidente de talent. Ses instructions avaient été claires, il devait faire en sorte que la rousse passât un bon moment durant son trajet jusqu’au Palais Noir. & si cela impliquait de tronquer la vérité, il n’hésiterait pas à le faire. Ce n’était pas à lui de briser les illusions d’Anastasie de Trémaine. La Reine se réservait ce privilège.

La question soudainement intéressée de la cadette désarçonna le soldat, qui plissa quelque peu les yeux, toujours sans dévisager les demoiselles. Il voulut répondre, fut couper par l’échange vif de l’ainée qui n’hésita pas à rabrouer sa sœur, qui lui rendit la parole. Une fois qu’il estima le jeu des boutades terminé, il prit la parole. « C’est inconvenant de regarder une Dame de votre rang dans les yeux, mademoiselle. Ce serait contraire à l’étiquette et aux règles de bonnes conduites. » Marcus savait de quoi il parlait, le cerveau rempli des codes sociaux de la société, ce qui se devait d’être respectueux, ce qui méritait d’avoir les yeux bruler au tison, la langue coupée pour une parole irrespectueuse, la main tranchée pour un geste déplacé, des coups de fouets pour des erreurs de moindre mesure. S’il possédait encore toute sa personne, c’était parce qu’il avait appris tout cela par cœur. Il ne voulait pas se retrouver infirme pour une erreur de conduite, certainement pas. Le Chasseur avait perdu son cœur pour avoir osé se dresser contre la Reine. Marcus, lui, ne commettrait pas l’irréparable.

Une main se posa sur son bras et son dos se tendit, peu habité à ce genre de contact, à l’exception de la Reine et de ses jeux de tentation. Il se fit violence pour ne pas dévisager la cadette des Trémaine, hochant la tête quand il reçut la confirmation qu’ils étaient sur le départ. Bien. Plus vite il retournerait au château, plus vite serait-il consigné à une autre tâche – tout du moins, il l’espérait-. Il ouvrit la porte à la cadette de Trémaine, observant la bonne qui commença à s’afférer, partant chercher les affaires de la demoiselle. Il s’imagina assez aisément la quantité de bagages qui devaient être dans sa chambre. Il se tourna vers l’invitée de la Reine, s’inclinant. « Si vous le permettez, je vais envoyer deux de mes hommes pour aider votre servante. Je vous assure qu’ils seront de la plus grande prudence quant à vos affaires. » Sans attendre de réponse, il se recula, se rendant dehors pour appeler deux des soldats qui attendaient dehors, occuper à discuter et à parler, profitant du clame avant la tempête. Vu la tête que tirait Marcus, aucun ne jugea bon de le charrier dans l’immédiat. Il désigna deux nouveaux, Mickael et Charles, pour s’occuper du reste des affaires, signalant ainsi aux autres que le départ arriverait bientôt… si Anastasie de Trémaine ne tardait pas dans les adieux larmoyants, ils seraient au château avant la tombée de la nuit. C’était mieux ainsi, les lieux n’étaient pas sûrs depuis la montée au pouvoir des Charmants.

Marcus pénétra à nouveau, à la suite des deux hommes, qui s’inclinèrent respectueusement devant les maitresses de maison avant de suivre la bonne. « Souhaitez-vous saluer votre mère ? Avez-vous besoin de quoi que ce soit avant le départ, ma Dame ? » et toujours gardé dans sa voix se ton distant.
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you are not a princess ▬ Harley Vide
MessageSujet: Re: you are not a princess ▬ Harley   you are not a princess ▬ Harley EmptySam 16 Mar - 12:09


Le garde restait étonnement imperturbable. Durant un instant, il se confondit si bien avec le reste du mobilier qu’Anastasie oublia presque sa présence. Elle reprit ses jeux futiles et infantiles avec son aînée, qui était définitivement la moins mature du lot. Du haut de ses 17 ans, et bien qu’il fut parfaitement admis de se marier à cet âge, ou plus tôt encore, Anastasie gardait toute son âme d’enfant. Javotte n’était pas plus mûre, simplement plus cruelle, et elle aimait entraîner sa sœur dans ses manigances pernicieuses. Anastasie était-elle réellement à blâmer ? Elle ne faisait après tout que suivre l’exemple de son aînée, la seule qu’il lui soit donné de prendre en modèle. Les paroles de la cadette n’était donc pas à prendre au pied de la lettre. La plupart du temps, elle ne réalisait même pas qu’elle pouvait être blessante. Comme seul comportement qu’elle ait jamais eu en exemple, la méchanceté faisait partie de son quotidien et de son éducation, et certains sarcasmes lui paraissaient du plus grand naturel. Ainsi en fut-il du quolibet dont elle affubla le garde, reprenant finalement conscience de sa présence.

« Vos cours de musiques portent leur fruit. Vous êtes très douée de votre instrument, ma Dame. »

Le sourire d’Anastasie souleva ses lèvres et découvrit des dents parfaites sous sa mâchoire proéminente. Mais elle n’eut guère l’occasion de profiter du compliment et de le laisser couler sur sa conscience en un flot voluptueux. L’étrange comportement du chien de garde l’intrigua, et s’il aurait été correct pour une dame du monde de garder ses interrogations pour soi, la rousse ne se priva pas de questionner ouvertement le garde. Elle l’observa plisser des yeux, sans pouvoir analyser cette marque comme un signe de désagrément. Anastasie avait eu trop peu de contacts humains et sociaux pour savoir décrypter les émotions d’autrui d’un simple regard. Tout ce qu’elle connaissait, c’était les piques et les chamailleries, et sa sœur le prouva bien en la rabrouant avec hauteur. Mais la rousse ne se laissait jamais faire, elle n’allait pas commencer devant son futur laquait. La différence entre garde et serviteur n’était pas encore claire dans l’esprit de la cadette de Trémaine, aussi avait-elle l’audace d’imaginer le garde répondre durant un an à ses moindres demandes, bien loin d’imaginer que son attitude actuelle n’était qu’un ordre ponctuel donné par la Reine. « C’est inconvenant de regarder une Dame de votre rang dans les yeux, mademoiselle. Ce serait contraire à l’étiquette et aux règles de bonnes conduites. » Elle haussa les sourcils, comprenant à peine la moitié des mots que venait de prononcer l’homme qui lui faisait face. Prouvant à quel point l’inconvenance, l’étiquette et la bonne conduite étaient des concepts flous et sans consistance à ses yeux, Anastasie osa poser la main sur le garde.

Le temps était venu de prendre place dans le carrosse qui n’attendait qu’elle dehors. « Si vous le permettez, je vais envoyer deux de mes hommes pour aider votre servante. Je vous assure qu’ils seront de la plus grande prudence quant à vos affaires. » Le chien s’était incliné respectueusement avant de parler, et Anastasie du pincer des lèvres pour se retenir de pouffer. «Allez-y.» Parce qu’il attendait certainement son autorisation, même s’il ne prit pas la peine de rester planter fidèlement devant elle. Le moins qu’elle puisse dire, c’était qu’il fut très efficace à ramener deux autres gardes derrière lui. Ceux-ci avaient pris la peine d’ôter leur casque avant de s’incliner respectueusement devant les deux sœurs, qui se contentèrent de signes de tête évasifs, signe qu’elles étaient bien conscientes de leur rang malgré tout. « Souhaitez-vous saluer votre mère ? Avez-vous besoin de quoi que ce soit avant le départ, ma Dame ? » Le garde en chef était revenu, et tandis que ses sous-fifres se rendaient déjà à l’étage, Anastasie répliqua simplement : «Elle n’est pas ici.» S’il elle avait besoin de quoi que ce soit avant le départ ? La rousse prit le temps de la réflexion, portant un doigt à son menton dans une attitude très peu travaillée. «Je crois avoir pensé à tout.» S’il lui manquait quelque chose, il serait toujours temps de faire demi-tour. Anastasie était une demoiselle très insouciante, qui avait rarement quitté la demeure familiale extorquée au père de Cendrillon. Elle n'imaginait pas un instant ce qu'un tel demi-tour pouvait signifier. Sans perdre une seconde de plus, elle contourna le garde et le dépassa pour rejoindre la porte d’où il venait et se rendre jusqu’à l’entrée. Il lui importait peu de se faire conduire, elle connaissait assez sa maisonnée pour savoir quel chemin emprunter pour rejoindre l’allée et le carrosse qui devait y être stationné. Les convenances et le protocole n’était décidément pas pour la jeune Trémaine. Regina aurait fort à faire si elle entendait la familiariser avec les manières du grand et beau monde.

Arrivée près de l’entrée, Anastasie prit la peine d’enfiler une petite laine rose pâle, avant de sortir. Son regard tomba sur le véhicule qui l’attendait, et elle ne put empêcher ses lèvres de se séparer, éblouie. Elle eut néanmoins la décence de refermer la bouche à temps, alors que le garde arrivait dans son dos. Avec un naturel déconcertant, elle frappa distraitement du pied, puis sa voix se fit impatiente : «Eh bien, allons-y. Le chemin est long jusqu’au Palais Noir, si vos chiens et vous continuez à trainer, nous ne serons jamais arrivés ! » Elle résorba la distance qui la séparait du carrosse, puis tendit une main impérieuse au garde pour qu’il l’aide à monter. Elle tâchait de garder le regard fixe et fier, mais elle était tellement émerveillée par ce qu’elle vivait là que ses mauvaises manières avaient subitement la vie dure.
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MessageSujet: Re: you are not a princess ▬ Harley   you are not a princess ▬ Harley EmptySam 16 Mar - 14:15


Marcus, le regard sévère, suivit les deux autres soldats grimper les marches du manoir pour récupérer les biens de la fille de Trémaine. La réponse de celle-ci ramena l’attention de l’homme sur l’invitée royale. La maitresse de maison n’était pas là. Bien. Ça leur éviterait de perdre du temps en adieu larmoyants, ou dans une autre leçon de musique – il doutait fortement survivre à une deuxième séance de torture-. Il ne s’inquiéta pas de l’absence de la matriarche, puisque c’était une pratique courante dans le monde de la noblesse. Il se demanda un instant – juste un bref instant- si la mère ne fêtait pas le départ de sa cadette. Pour sûr, l’ambiance de la maisonnée serait plus calme une fois une des deux filles furies partie. Dans un manque évident de grâce, Anastasie de Trémaine s’interrogea sur les effets qu’elle devait apporter. Les gardes descendaient déjà une partie des bagages, se gardant une contenance travaillée, parfait représentant de l’autorité royale pour laquelle ils travaillaient. Quand elle confirma qu’elle n’avait rien oublié, le soldat hocha la tête, détaillant l’expression de ses hommes, lui confirmant qu’il y avait encore quelques affaires qui ne demandaient qu’à être emportées. Marcus leur fit signe de presser le pas, et déjà les deux hommes disparaissaient dans le froid de l’hiver.

La fille de Trémaine ne l’attendit pas pour se rendre vers l’entrée, ce qui eut le don de faire hausser un sourcil inquisiteur. Dans le dos de la demoiselle, pendant qu’elle s’habillait d’une petite laine, qui de toute évidence ne serait pas assez pour la protéger du froid hivernal – heureusement qu’ils avaient prévus des fourrures dans le carrosse – Marcus secoua la tête, presque amusé par l’absence de protocole dans le comportement de la cadette. Il ne se formalisa pas sur l’étonnement évident de la rousse. Tous ceux qui ne pouvaient connaitre le luxe de se déplacer dans un carrosse royal ne pouvaient qu’être émerveillés par un tel étalement de richesse. Dans sa discrétion habituelle, Marcus ne fit aucun commentaire, se contentant de rester silencieux comme l’entendait sa position dans la société. Il ouvrit la porte du carrosse et aida la plus jeune des Trémaine à s’installer dans ce qui serait son véhicule pour les prochaines heures à venir. Si vos chiens et vous. La remarque n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd, puisque tous les hommes – huit – eurent un sourire narquois quand un premier, encore jeune et insouciant de ce qui se passait ici s’amusa à imiter l’aboiement d’un chien. Si le comportement fut totalement inattendu de la part du corps de garde, il arracha un rire chez la plupart d’entre-deux.

Marcus fronça les sourcils, un air grave sur le visage. « Si vous voulez bien m’excuser ma Dame. » Il se recula, se rendant jusqu’à l’impudent qui s’était saisi de l’occasion pour se moquer des propos de la cadette de Trémaine. Le jeunot, qui vit son chef arrivé s’arrêta de rire, une crainte passant sur ses traits avant que Marcus ne le saisisse par la gorge, pour le tirer vers lui. Il n’hésita pas une seconde à serrer, pour lui faire comprendre que son trait d’humour n’était pas apprécié de tout le monde. « Tu ferais mieux de tenir ta langue, car ta prochaine impudence de ce genre te coutera la langue ou les cordes vocales. Les deux, peut-être. Et crois-moi, je me ferais un plaisir d’enfoncer ma dague dans ta gorge. » La menace n’était pas à prendre à la légère, car parmi ses hommes, il était connu pour ne pas faire dans la dentelle, ni à prononcer des paroles en l’air. Ses mots eurent l’effet de rendre l’insouciant aussi blanc qu’un linge. Il ne dit rien, ce qui devait être à cause de la poigne du soldat, mais soit. Il le relâcha vivement, le laissant tomber dans la neige.

Marcus expira un grand coup, avant de se rendre vers le carrosse où il avait délaissé Anastasie. Il releva son regard, toujours en s’arrêtant sur l’épaule de la demoiselle. « Je vous présente mes plus sincères excuses pour le manque de conduite de mon homme. Si vous le demandez, il sera puni en conséquence. » Les deux gardent revenaient avec les derniers bagages. Ils détaillèrent d’un coup d’œil la scène, sans poser la moindre question. Ils rangèrent les bagages dans l’espace désigné ainsi, s’assurant que tout soit bien accroché, au risque de quitter leur support à la moindre secousse durant le trajet – et elles étaient nombreuses, malgré la neige qui recouvrait le mauvais été de certains chemins -. Ils firent comprendre au soldat que tout était prêt pour le départ. Marcus hocha la tête et se retourna vers Anastasie de Trémaine. « Vous avez des fourrures à votre disposition. Les longs voyages sont souvent froids. J’espère que vous avez pris matière à vous occuper. » Il était passé au-dessus de l’incompétence de ce blagueur de pacotille, en espérant que la rousse ne se découvre pas une passion pour la punition excessive ou qu’elle rapporte tout à la Reine, car dans ce cas, les choses ne seraient que bien pires.
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MessageSujet: Re: you are not a princess ▬ Harley   you are not a princess ▬ Harley EmptyDim 17 Mar - 12:17


Le garde ouvrit la porte du carrosse, et apporta une aide très conventionnelle à Anastasie afin qu’elle prenne place dans le magnifique et sombre véhicule. La jeune fille remarqua à peine l’amusement qui passa sur les traits de la garde qui encadrerait son déplacement. L’aboiement ne lui échappa cependant pas, et elle riva des prunelles abasourdies sur l’homme qui se tenait encore à ses côtés. Cacher le fond de sa pensée n’était pas au nombre des arts où excellait la Trémaine, si tant est qu’il y en eu un seule dans lequel elle excellât. Passé l’étonnement, ce fut la frustration qui passa sur ses traits. Anastasie n’appréciait pas que l’on se moque d’elle. Le ridicule avait beau faire partie de sa personne, elle n’avait jamais eu l’habitude que l’on se joue d’elle. A part les piques acerbes de sa sœur, qui étaient devenues les marques d’un jeu stupide entre les filles Trémaine, Anastasie ne connaissait rien de ce sentiment piquant d’être tournée en ridicule. Entendre un garde aboyer, et des rires gras suivre cet affront, c’était trop pour un début de voyage. « Si vous voulez bien m’excuser ma Dame. » Elle hocha distraitement la tête, profitant du départ de l’homme de son champs de vision pour obliquer le regard sur ses mains jointes sur ses genoux. Elle tenta d’endiguer l’humidité qui menaçait ses yeux ainsi que le poids qui tomba dans son estomac. L’affront était ignoble. Et sa sœur n’était pas là pour remettre l’incongru en place. Dès le moment où le carrosse serait lancé dans sa course effrénée, il ne serait plus question de faire demi-tour, et le cocon familial lui serait arraché pour de bon. Le constat était cruel. Pourrait-elle s’en sortir seule dans ce monde austère ?

« Tu ferais mieux de tenir ta langue, car ta prochaine impudence de ce genre te coutera la langue ou les cordes vocales. Les deux, peut-être. Et crois-moi, je me ferais un plaisir d’enfoncer ma dague dans ta gorge. » La voix du garde lui était arrivé suffisamment distinctement par la porte ouverte du carrosse. Anastasie avait relevé le menton et tendu l’oreille avec la plus grande application. Une force étrange lui libéra l’estomac et lui dénoua la gorge, lui faisant rapidement ravaler les larmes qui ne couleraient finalement pas pour l’heure. Un sourire fin l’avait surprise en s’immisçant sur ses lèvres claires. Elle eut néanmoins le temps de se reprendre, et tout désarroi s’était dissipé de son visage lorsque le chien en chef revint auprès d’elle. Elle tourna la tête, le menton haussé en signe de déférence. « Je vous présente mes plus sincères excuses pour le manque de conduite de mon homme. Si vous le demandez, il sera puni en conséquence. » Elle laissa un instant de réflexion accueillir ces propos, tandis que les gardes préposés au bagages arrivaient avec ses derniers paquets. Ils s’affairaient déjà à les accrocher solidement lorsqu’Anastasie daigna répondre. «Vos menaces ont déjà dû le remettre en place. Je ne prétends pas en connaître plus que vous sur les mesures d’autorité. Je vous fais donc parfaitement confiance à ce sujet.» Un sourire contrit passa sur ses lèvres, avant qu’elle n’observe le garde qui fit un signe à son supérieur. Les précisions n’étaient pas nécessaires, mais le chien semblait particulièrement rompu à ce type de formalités inutiles. « Vous avez des fourrures à votre disposition. Les longs voyages sont souvent froids. J’espère que vous avez pris matière à vous occuper. » A nouveau, elle haussa le menton, prenant goût au manège.

«Ce ne sera pas nécessaire, je suis plus robuste que j’en ai l’air.» Un frisson lui lécha l’échine au moment même où elle s’exprima, mais il était hors de question qu’elle revienne sur son assurance. «Quant à l’occupation, quitte à avoir une telle escorte, je comptais sur elle pour me divertir.» Etait-ce hors de propos ? Anastasie n’avait pas la moindre idée de ce qui se faisait ou pas. Ses livres étaient enfermés dans une male déjà chargée sur le carrosse, et elle connaissait peu le type d’occupation qui convenait à un voyage de ce genre. «Et j’aimerais que vous chevauchiez à ma hauteur.» Elle n’en dévoila pas plus. La fraicheur de l’hiver commençait à la saisir cruellement malgré l’abri relatif dont elle bénéficiait. Mais elle n’entendait pas enfiler la moindre fourrure tant que l’homme la regardait. Ce n’était qu’un garde, certes, ce qu’il pouvait penser aurait dû indifférer une demoiselle du rang de la cadette de Trémaine, mais Anastasie ne supportait pas d’avoir tort, c’était plus fort qu’elle. Assumer ses erreurs n’était pas à l’ordre du jour. S’impatientant, elle chercha finalement à éloigner le garde le temps d’enfiler une parure digne de ce nom. «Fermez cette porte avant que je ne gèle, et allons-y !» Impérieuse à ses heures, Anastasie ne comptait pas dispenser l’homme du moindre des traits désagréables de son caractère. Le trajet serait long, et faute de distraction convenable, la rousse aurait largement l’occasion de rabrouer et d’agacer son inestimable chien de garde.
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MessageSujet: Re: you are not a princess ▬ Harley   you are not a princess ▬ Harley EmptyDim 17 Mar - 20:41


Marcus échappa un discret soupir quand Anastasie de Trémaine lui assura qu’il ne serait pas nécessaire de punir l’impudent qui avait osé se moquer de l’invitée. Au moins, si la cadette du domaine qu’ils s’apprêtaient à quitter faisait preuve d’un grand manquement dans certains domaines de la convenance, elle ne présentait pas un caractère sadique prononcé. Donc oui, le soldat était soulagé de ne pas devoir faire maintenir l’idiot par les bras pendant qu’il enfonçait sa dague chauffée à blanc dans sa bouche – il s’était très bien imaginé la scène - . Marcus s’inclina à nouveau rapidement. « Merci de votre clémence et de la confiance que vous me prêtez. » La confiance n’était jamais réellement acquise dans le monde de la noblesse, virevoltant d’un individu à l’autre en fonction des humeurs de chacun. Cependant, pour l’instant, il était satisfait d’apprendre que la demoiselle de Trémaine ne le prenait pas pour un incapable. Au contraire, elle devait au moins l’estimer dans son rôle de chien pour reconnaitre son autorité sur ses chiots.

Le garde pencha la tête sur le côté, jetant un coup d’œil sur ses hommes qui se pressaient de terminer les préparatifs pour le départ. Qu’entendait-elle par compter sur l’escorte pour s’occuper ? Marcus craignait le pire. S’il n’exprima pas le fond de sa pensée, puisqu’il n’était pas invité à le faire, il se pencha à nouveau dans une simple révérence, faisant ainsi comprendre qu’il suivrait les ordres de la cadette de Trémaine. Car s’il était le chef de la meute, pour le temps du trajet, jusqu’à l’arrivée du château, Anastasie serait le maitre-chien. Marcus releva la tête en entendant la requête, pour qu’il chevauche à ses côtés. Il doutait d’être d’une compagnie agréable. Il manquait de sujet de conversation et son rôle était d’assurer la sécurité du carrosse. Il ne serait pas le mieux placé s’il devait rester à la hauteur de la rousse. Ces détails devaient très certainement échappé à la cadette de Trémaine. Si lui expliquer n’aurait pas été un affront grave au statut de la demoiselle, pour sûr que le soldat aurait exprimé sa pensée. A la place, il se contenta de refermer la porte du carrosse, protégeant ainsi l’invitée royale du froid hivernal. « Nous partirons dans un instant. »

Marcus fit un signe de la main et l’impudent lui amena son cheval. L’animal était nerveux, à cause de la présence de la demoiselle ainsi que du mauvais temps. S’il devait suivre l’instinct de son destrier, la garde jurerait qu’une tempête était en approche, ce qui en soi, était un mauvais présage. Il n’en fit pas part à la cadette de Trémaine, montant sur la selle de son cheval, ajustant sa cape qui le protégeait du froid. Il remit son casque, remontant son écharpe noire jusque sur son nez, se protégeant ainsi des basses températures. Il donna les dernières directives, positionnant les hommes de manière stratégique, envoyant un cavalier en éclaireur. Une fois cela fait, il donna le coup d’envoi du départ, restant au niveau du carrosse, comme promis à Anastasie de Trémaine.

Ils chevauchèrent à une cadence soutenue sur plusieurs kilomètres, avalant les paysages blancs sur paysages blanc, un silence de mort régnant sur toute l’escorte. Les hommes auraient voulu plaisanter, mais suite à la dernière démonstration d’autorité de Marcus sur le plaisantin, aucun ne se sentait d’humeur badine, donnant un côté grave à l’expédition, soutenu par les vêtements noirs des hommes, par la buée qui s’échappait des naseaux des chevaux. Soudain, l’éclaireur revint et Marcus fit signe au carrosse de s’arrêter. « Je reviens tout de suite » expliqua-t-il à la fille Trémaine, alors qu’il allait lui-même au-devant du convoi, à la rencontre de l’autre soldat royal. Il parla brièvement avec celui-ci. Une calèche était renversée, à moins d’un kilomètre. L’homme n’avait trouvé aucun survivant, mais il y avait des traces de combat et de sang. Un détail de cette ampleur n’aurait pas dû inquiéter les troupes de la Reine. Normalement, ils seraient passés à côté sans s’y intéresser. La rumeur courrait d’un groupe de bandits, qui utilisaient cette méthode d’un faux accident pour attirer les badauds et les détrousser de leurs biens. En présence de leur invité, c’était un risque qu’ils ne pouvaient prendre. Ils couraient tout droit vers une embuscade.

Marcus revint sur ses pas, se ramenant au niveau du carrosse et s’adressa à Anastasie. « Je suis désolé, ma Dame. Il se peut que plus loin soit dressée une embuscade. Malheureusement nous ne pouvons rebrousser chemin. Si nous devons essuyer une attaque, surtout ne sortez pas du carrosse, vous y serez en sécurité. » Bon, ce n’était pas le meilleur moyen de rassurer la cadette de Trémaine, mais il n’était pas là pour ça. Une fois assuré qu’elle n’en ferait pas qu’à sa tête – ce qui serait possible, et la pire des choses à faire – Le cortège reprit un semblant d’allure, bien que tous les gardes furent à l’affut. Il ne fallut pas plus d’une dizaine de minutes pour que les prévisions de l’éclaireur s’avèrent exactes, moins d’une cinquantaine de mètres après avoir dépassé la calèche renversée. Une poignée d’hommes, moins d’une dizaine, surgirent des arbres, prenant d’assaut l’escorte. Ils visaient les bagages de la demoiselle, qui devaient renfermés des trésors, ou tout du moins, une bourse remplie d’or. Faire des morts serait un petit bonus.

Le garde fut en prise avec un bandit qui se débattait d’une manière acceptable, mais pas suffisamment pour prendre Marcus de court et lui trancher la tête. Ainsi le soldat royal eut l’occasion de planter la lame de son épée dans le ventre de l’incongru. Juste à temps pour remarquer qu’un deuxième criminel ouvrait la porte du carrosse pour tenter de dérober la fille de Trémaine. Il n’en fallut pas longtemps à Marcus pour saisir l’homme par le cou, le faire sortir du carrosse et enfoncée son arme, dans le gorge du malheureux qui s’étrangla dans son propre sang. L’homme accourut jusqu’à Anastasie de Trémaine, passant sa tête dans le carrosse, s’inquiétant de son état. « Vous allez bien, ma Dame ? »
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MessageSujet: Re: you are not a princess ▬ Harley   you are not a princess ▬ Harley EmptyMar 19 Mar - 14:58


« Merci de votre clémence et de la confiance que vous me prêtez. » Une nouvelle révérence précéda les paroles du garde. Ce dernier était décidément un as des convenances et des marques de respect surfaites. Mais Anastasie, tout en trouvant son comportement étrange, n’arrivait pas à le lui reprocher. Pour l’heure, elle avait décidée de faire confiance au chien de garde en chef, de remettre sa sécurité pour la durée du trajet entre ses seules mains. « Nous partirons dans un instant. » La demoiselle hocha à nouveau la tête à l’intention de l’homme, avant de reporter son attention sur un point fixe face à elle. Elle attendit un certain temps avant que les chevaux ne s’agitent et que le carrosse n’entame son long trajet.

Et dès les premières minutes, Anastasie comprit que le voyage n’allait pas être une franche partie de rigolade. Elle avait enfilé une fourrure avant que le garde ne donne le signal du départ et ne place sa monture à sa hauteur. Qu’il ait remarqué le changement de position de la fille de Trémaine ou non, il n’en fit en tous cas pas la remarque, et le voyage s’entama donc dans un silence sépulcral. Anastasie eut rapidement analysé tout l’intérieur du carrosse, des sièges rembourrés d’une teinte carmine, jusqu’aux rideaux qui agrémentaient les fenêtres des portes du véhicule, permettant aux voyageurs de jouir de la plus parfaite intimité. Faute d’avoir autre chose pour l’occuper, elle avait filé le long du siège qui flanquait son côté du carrosse, pour saisir le rideau et le refermer, appréciant les rayons de soleil timides qui arrivaient encore à pénétrer à l’intérieur dans une ambiance plus tamisée. Puis elle revint près de sa propre porte mais ne poussa pas le vice jusqu’à s’isoler complètement. Appuyant sa tête contre la paroi derrière elle, elle laissa son regard détailler le cheval du garde. C’était un très bel animal, même si son ignorance concernant les équidés l’empêchait de se perdre dans une contemplation émerveillée. Elle ne savait même pas monter, et doutait que la reine ait dans l’idée de lui apprendre ce genre de choses.

La cadette de Trémaine se mit à soupirer. Les gardes étaient hors de portée pour qu’elle ne s’amuse à leurs dépens. Elle se contenta donc de regarder ses ongles, puis de compter les arbres qui passaient au-delà de sa fenêtre. Après une éternité de chevauchée, voilà que le leader du groupe faisait stopper le convoi. Anastasie tâcha de se redresser et arqua un sourcil lorsque l’homme s’exprima : « Je reviens tout de suite » Elle aurait espéré qu’ils soient déjà arrivés, mais elle doutait fortement que ce soit le cas. Elle se rapprocha au plus près de la fenêtre pour distinguer les brides de la conversation que mena le chef de meute avec l’un de ses sous-fifres. Malheureusement pour elle, seuls quelques mots furent audibles, et insuffisants à retranscrire l’essence du dialogue. Par chance, le garde revint bientôt à sa hauteur, et elle le toisa comme si elle n’avait strictement aucun intérêt pour les considérations de simples valets. « Je suis désolé, ma Dame. Il se peut que plus loin soit dressée une embuscade. Malheureusement nous ne pouvons rebrousser chemin. Si nous devons essuyer une attaque, surtout ne sortez pas du carrosse, vous y serez en sécurité. » Ses lèvres se pincèrent dans une moue surprise. Elle ne comprenait pas bien en quoi elle serait plus en sécurité dans le carrosse, car en cas d’embuscade, ce dernier serait le premier visé par la convoitise des brigands. Elle ne fit cependant pas la remarque, se contentant d’hocher la tête en signe d’accord. Elle consentait à se plier aux exigences de l’homme, lui laissant le bénéfice de l’expérience. Mais si elle apercevait le moindre visage ennemi, elle n’hésiterait pas à jeter son accord aux ordures pour prendre ses jambes à son cou.

L’escorte se remit en marche, et Anastasie sentit les roues du carrosse reprendre leur roulement chaotique. Les dix minutes qui suivirent s’écoulèrent bien plus vite que les précédentes, la rousse attendant presque avec impatience l’attaque hypothétique. Cette dernière aurait au moins le mérite de rythmer le trajet et d’offrir une distraction de choix à la fille Trémaine. Qui pouvait se vanter d’assister à une telle embuscade ? Anastasie avait hâte de pouvoir la rapporter à sa sœur, l’imaginant déjà verte de jalousie face à son aventure trépidante. La jeune fille distingua sans mal la calèche renversée au beau milieu de la voie, et des marres ocres l’incitèrent à plisser les yeux pour tenter de distinguer de potentielles victimes. Elle ne comprenait pas pourquoi, où qu’elle regarde, il ne semblait pas y avoir le moindre cadavre, loin d’imaginer que c’était ainsi que l’éclaireur avait pu identifier la supercherie. Quelques mètres plus loin, le carrosse s’arrêta brutalement et Anastasie entendit les cris des barbares avant d’entendre le fracas des lames qui s’entrechoquaient. Elle ne laissa pas sa curiosité prendre le pas sur sa frayeur, et rabattit d’un geste sec le rideau sur sa fenêtre sans vitre. Elle ne voulait surtout pas attirer quiconque à l’intérieur et tant qu’elle ne voyait pas les brigands, elle était persuadée qu’ils ne pouvaient pas se douter de sa présence.

Elle n’avait jamais commis d’erreur aussi stupide de sa vie. Mais au moins, elle restait sagement dans le carrosse. Du moins jusqu’à ce que la porte à ses côtés ne soit ouverte avec vigueur, découvrant le visage écarlate et hirsute d’un bandit braillard. Il découvrit toutes ses dents en une grimace hideuse lorsque son regard tomba sur elle, sa robe d’apparat et ses bijoux étincelants. La jeune Trémaine échappa un cri effrayé, puis se plaqua à l’autre extrémité du carrosse, tentant d’échapper aux mains surdimensionnées de l’homme qui cherchait à l’attraper. Elle écarquilla de grands yeux étonnés en le voyant attiré en arrière, puis ses prunelles tombèrent, sidérées, sur la lame qui transperça sa gorge. Anastasie regarda avec horreur l’homme s’étrangler, rien de ce spectacle immonde ne lui étant épargné, jusqu’à ce qu’il ne s’effondre sur le sol et disparaisse de sa vue, pour être remplacé par son fidèle chien de garde. Ce dernier s’engouffra modérément à l’intérieur du carrosse, et la cadette Trémaine n’aurait pas pu être plus heureuse de le voir. « Vous allez bien, ma Dame ? »

Sans réfléchir, elle sauta au cou du garde, calant son menton sur son épaule, fermant un instant les yeux. Elle ne pouvait pas le remercier autrement, et les mots n’eurent pas le temps de quitter ses lèvres, car déjà un brigand approchait. «Derrière vous !» Elle s’écarta vivement tout en parlant, et laissa l’homme s’occuper de ce nouvel assaillant. Anastasie ne trouva pas le courage de se pencher pour fermer la porte, et finalement elle préférait avoir une vue de ce qui se déroulait à l’extérieur. Il y avait dans la façon de combattre du garde un soupçon de violence, malgré l’étonnante agilité de ses mouvements et la précision de ses coups. La cadette de Trémaine ne voulait décidément jamais avoir à le compter parmi ses ennemis. Lorsque les combats cessèrent, l’assaillant facilement repoussé et réduit au silence par la garde surentrainée de la Reine, Anastasie s’aventura dehors. Ses yeux tombèrent rapidement de tous côtés sur des cadavres transpercés. Et elle n’eut pas fait deux pas que le meneur de la meute se dressa devant elle, inquiétant, largement recouvert du sang de ces ennemis. «Je rentre.» Elle avait levé des yeux intimidés sur lui, et n’attendit pas de recevoir l’ordre pour l’exécuter. Tandis qu’elle rejoignait sagement le carrosse, elle glissa un œil vers le garde, et en grimpant le marchepied, elle se tourna légèrement : «Vous n’aurez pas besoin de me transpercer, j’ai compris le message, mon cher.» Il n’était plus question de chien. Si elle le pensait toujours, elle se garderait bien de lui refaire la remarque tant qu’elle se trouverait sous sa seule protection.

La troupe ne reprit pas immédiatement sa progression. Anastasie espérait qu’ils ne tarderaient pas, et éviterait un nouveau carnage à l’avenir, car ce n’était pas si distrayant que ça, à bien y réfléchir. La fille Trémaine n’était qu’une donzelle apeurée, qui ne connaissait rien de la vie, et venait d’assister à son premier bain de sang dans la plus parfaite horreur. Il lui fallut un certain temps pour rassembler ses pensées, et chasser de son esprit l’image du bandit en train de s’étrangler dans ses propres déglutitions sanguines. Le garde s’était replacé à sa hauteur, vraisemblablement prêt à relancer le cortège. Anastasie l’obligea cependant à suspendre ses intentions, tournant un visage blême vers lui. «Vous ne vous éloignerez plus, n’est-ce pas ?» Ses prunelles brillèrent de l’espoir qui étreignait la jeune fille. Les convenances n’étaient décidément pas pour elle, car elle ajouta après avoir clos plus longuement les paupières que de coutume : «J’ai vraiment eu peur.»
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