Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : 13/03/2012 Ordre de passage des participants : Desmund - Rosalyn

L’exaspération était à son comble. Etendu sur mon lit depuis des heures, je ne parvenais pas à trouver ce sommeil si réparateur que j’escomptais. Après plus de trente-six heures sans dormir, la fatigue s’était rapidement fait sentir. Une fois allongé dans mes draps, au milieu de tout ce silence… Mes pensées étaient revenues me hanter. Ô sombres et perfides insomnies qui rongeaient mon esprit… Jouant avec mes nerfs, comme si mon boulot ne le faisait déjà pas assez. Entre les prises de becs avec certains de mes collègues ou même les patients. J’avais suffisamment de soucis à l’hôpital, je n’avais nullement besoin de me prendre la tête une fois les portes de la sortie franchies. Et pourtant, rien à faire… Je restais là à fixer le plafond de ma chambre, laissant finalement quelques jurons s’échapper de ma bouche. Si seulement j’avais eu un peu de compagnie… Au moins là, j’aurais eu une excuse pour ne pas dormir.

Tout cela n’avait rien à voir avec le boulot… Au diable tous ces connards, je ne m’en préoccupais pas une fois mes gardes terminées. Je n’étais pas comme ces âmes sensibles qui ne pouvaient s’empêcher de lâcher quelques larmes après le décès d’un de leur patient. C’était pathétique… Pourquoi faire ce job si c’était pour se morfondre pour des types qu’on ne connaissait même pas ? Moi j’avais toujours une règle, une seule… Ne jamais sympathiser avec les patients. J’étais sûrement froid et parfois même d’une arrogance agaçante. Je devais être le type le plus détestable de tout l’hôpital. Mais à vrai, je n’en avais que faire. Je faisais mon boulot, point ! C’était suffisamment difficile parfois que les émotions, les sentiments n’y avaient pas leur place.

Mon problème était tout autre. Jamais je n’aurais pensé être autant agacé par ce genre de tracas. Je n’étais pas le genre de mec à se torturer l’esprit pour des choses que je trouvais si futiles d’habitude. Mais… Elle m’obsédait… Oui tout cela pour une femme. Moi qui n’avais aucun scrupule à profiter de leurs charmes et à les jeter aussi vite qu’elles étaient rentrées dans ma vie. J’étais un séducteur, je ne pouvais m’empêcher de reluquer et charmer toutes celles qui passaient devant mes yeux. Encore fallait-il qu’elles soient dignes de pouvoir me plaire… Je n’étais pas difficile, mais à vrai dire les qualités intellectuelles passaient bien après les critères physiques. Oui… Aujourd’hui, l’une d’entre elles ne quittait plus mes pensées. Elle avait bien fait partie de ma vie durant quelques temps. Mais mes démons m’avaient rattrapé. J’avais tout gâché, elle s’était enfuie, le cœur brisée. J’avais cru pouvoir tourner la page comme pour les précédentes… Malheureusement plus les jours passaient, plus son image me revenait… Plus sa présence, me manquait… J’avais tout fait pour occulter ces souvenirs mais rien n’y faisait. Ce n’était décidément pas aujourd’hui que j’allais pouvoir récupérer mes heures de sommeil.

Je me levais finalement… J’avais besoin de me changer les idées… Je me rhabillais rapidement, avant de quitter mon petit duplex. Je savais exactement où j’allais. Je m’étais assez tourmenté avec toute cette histoire, il fallait que ça change. Après quelques minutes de marche, j’entrais dans le bar où elle travaillait parfois. Une fois le seuil de la porte franchi, scrutant l’intérieur du bar d’un bout à l’autre, je finis par repérer sa chevelure blonde. Pas le temps d’hésiter, je m’approchais du bar. Occupée à préparer une commande, je m’installais dans son dos. Je ne perdais pas de temps et je l’interpellais avant qu’elle ne se retourne « Bonsoir Rosalyn… Je prendrais un whisky sec, s’il te plaît… » Je restais poli, aimable… Je savais qu’elle ne serait pas contente de me voir ici. J’espérais bien me faire pardonner mes écarts de conduite… Mais je savais que pour elle son choix avait été fait… Elle avait sûrement tracé une croix sur moi à la seconde où elle m’avait surpris avec cette autre fille…

Je pensais avoir une soirée tranquille. J’avais prévu de la passer chez moi, prendre un bon bain moussant, puis me relaxer dans mon canapé devant une comédie romantique en mangeant une pizza que je me serai fait livrer et une bonne bière. Bref, quelque chose de banal, mais d’agréable. J’avais pas mal travaillé ces derniers temps. Entre le Game of Thorns, mon bénévolat au centre animalier et les coups de mains que je donnais dans le bar de mon père, j’étais plutôt fatiguée. Je n’arrêtais pas, même si j’aurai pu faire une pause, je n’arrivais pas à dire non ou à me défaire de mes obligations. On comptait sur moi d’une manière ou d’une autre, à un certain degré d’importance. J’avais bien besoin de cette soirée de libre mais alors que je me débarrassais de mes vêtements pendant que l’eau coulait remplissant doucement ma baignoire, mon téléphone portable sonna. Au bout du fil, mon père : il me demanda si je pouvais venir donner un coup de main dans l’instant, une de ses serveuses étant malade, elle avait prévenu au tout dernier moment et il avait pas mal de monde, d’où son besoin de m’avoir ce soir là alors que ce n’était pas prévu. Comment aurais-je pu dire non ? C’était mon père, il aurait bien entendu compris que je refuse à cause de la fatigue accumulée, il ne m’en aurait pas voulu et aurait trouvé une autre solution mais je ne pouvais décemment pas le laisser dans le pétrin.

Je me rhabillais rapidement, enfilais un manteau, pris mon sac et mes clé et j’étais dans ma voiture en direction du bar avant même que je ne réalise que mes projets venaient de tomber à l’eau. Pour autant, j’arrivais au bar avec le sourire et je pris mon service sans broncher. Après tout, ce n’était que partie remise, je n’allais pas bouder comme une enfant parce que je ne pouvais pas faire ce que j’avais prévu finalement.
Il y avait bien pas mal de monde, normal nous étions un samedi soir, le gens de Storybrook sortaient, profitaient et il n’y avait pas grand-chose à faire dans cette ville, donc beaucoup se retrouvaient dans les bars.

Cela faisait bien une heure que j’avais commencé. J’étais en train de préparer un énième cocktail pour un client et lorsque je me retournais pour le lui donnais, je me trouvais face à face avec la personne que je voulais le moins voir au monde : Desmund Hamilton.

« Bonsoir Rosalyn… Je prendrais un whisky sec, s’il te plaît… »

Sourcils froncés, visage fermé, je posais un verre assez durement sur le comptoir et versé une dose de whisky sans un mot. Toujours avec le même silence, je fis glisser sa consommation vers lui.

« Si tu veux autre chose, il y a d’autres serveurs de disponibles… tout comme il y a d’autres bars ville. » Lui signalais-je sèchement. « Ce n’est pas comme si le changement te faisait peur ou que tu n’aimais pas la diversité. »

Je croisais les bras, le regard sombre. Il était rare que je sois si peu aimable avec les gens, j’étais connu pour mon caractère agréable mais Desmund faisait partie des rares personnes que je ne pouvais pas voir. Cela n’avait pas toujours été le cas, au point que nous étions sortis ensemble d’ailleurs. Je m’étais laissé charmer par son charisme et ses belles paroles et ce qui commença comme une petite histoire mignonne, pris un peu plus d’importance en quelques semaines. Je ne pense pas que j’étais amoureuse de lui mais j’avais une grande affection pour lui, je m’y étais attachée et j’appréciais toutes ses attentions à mon égard. Jusqu’au jour où je l’ai surpris avec une autre femme. Cela ne faisait qu’un petit mois que nous étions ensemble mais la trahison n’en fût pas moins cruelle et douloureuse. Il m’avait trompé, trahis. Comment aurais-je pu lui pardonner ? J’avais la rancune tenace et malgré ses tentatives pour me parler, je refusais toujours de l’écouter. Je savais qu’il essaierait de me duper avec ses belles paroles et je ne voulais pas lui laisser la moindre chance d’y parvenir, même si je ne pensais pas qu’il le puisse.

« Il reste des tables de libres, tu n’es pas obligé de rester au bar. »

En gros : Eloignes-toi de moi le plus rapidement possible.

La réaction de la jolie blonde ne se fit pas attendre. Le simple fait de croiser son regard me confirma qu’elle n’était pas ravie de me trouver là, devant elle. Enfin je ne m’attendais pas à ce qu’elle me saute dans les bras après ce que je lui avais fait subir. Néanmoins, venir lui parler ici au milieu de tout ce monde était finalement une bonne chose. Elle ne pouvait pas me fuir, comme elle l’avait fait lors de mes précédentes tentatives afin de m’excuser. Elle prépara ma commande rapidement, en espérant sûrement que je la laisse tranquille une fois mon verre servit. Malheureusement, je ne comptais pas laisser tomber aussi facilement. Tant que je ne lui aurais pas dit tout ce que j’avais à lui dire elle allait devoir me supporter, même si cela impliquait de l’emmerder durant son service au bar…

« Si tu veux autre chose, il y a d’autres serveurs de disponibles… tout comme il y a d’autres bars ville. Ce n’est pas comme si le changement te faisait peur ou que tu n’aimais pas la diversité. » Le ton était donné. Rosalyn n’avait franchement pas envie de me parler. Je ne quittais pas son regard des yeux, ses remarques m’agacèrent durant un instant. Ma mâchoire se serra subitement. Je n’eus d’autre choix que de boire une bonne partie de mon verre pour me calmer. Non, il ne fallait pas que je m’énerve. Ce soir je devais faire bonne figure, j’espérais qu’elle verrait mes efforts. Je voulais qu’on discute, je voulais qu’elle m’écoute. Mais visiblement elle n’était pas prête à faire la moindre concession. « Il reste des tables de libres, tu n’es pas obligé de rester au bar. » Je restais impassible, me contentant de jouer avec mon verre. Un sourire finit par prendre possession de mes lèvres. Il était temps pour moi de me faire écouter… « Depuis quand les clients ne peuvent plus s’installer où ils le souhaitent ? » Lui murmurais-je. Je laissais un silence de quelques secondes s’installer puis je continuais avant qu’elle ne parle. « Allons Rosalyn… J’aimerais simplement qu’on discute un peu. Si tu m’avais écouté les fois précédentes je ne serais pas venu t’emmerder ici. Ne crois pas que je fasse ça par plaisir, au contraire, ça m’embête autant que toi de venir te déranger pendant que tu travailles. Mais tu ne m’as pas laissé le choix. » Qu’elle le croit ou pas, mes propos étaient sincères. Je souhaitais réellement que tout se passe bien, sans aucun accroc. Le ton pouvait monter ça ne me dérangerait pas. Pour elle au contraire, je savais que ça poserait problème. Elle n’aimait pas se faire remarquer…

« S’il te plaît écoute ce que j’ai à dire et je te laisserais tranquille… » Elle pouvait me détester jusqu’à la fin de ses jours mais j’avais besoin de lui faire entendre tout ce que j’avais sur le cœur. Sans cela, elle continuerait à hanter mes pensées. Elle comptait toujours pour moi. C’était si inhabituel que je ressente autant de chose pour une personne. J’avais simplement tout gâché. En temps normal, si une autre m’avait surpris en flagrant délit d’infidélité ça ne m’aurait posé aucun problème. Mais que Rosalyn doive supporter cela à cause de cette manie d’aller voir ailleurs, de succomber aux charmes d’une autre sans prendre le temps de réfléchir, ça m’était insupportable… Cela prouvait bien qu’elle était différente des autres nanas à mes yeux.

Malheureusement pour moi, Desmund ne semblait pas avoir envie d’aller à une table et donc de s’éloigner de moi et de me redonner un semblant de calme. C’était plus fort que moi, le voir me mettait presque en colère et lorsqu’il osait me parler, cela ne s’arrangeait pas. Comment pouvait-on agir comme il l’avait fait et faire comme si de rien n’était après ça ? Enfin il ne faisait pas vraiment ça mais il pensait vraiment que je le laisserais me parler, soit disant s’expliquer après m’avoir trahi de cette manière ? Il était plutôt confiant ou alors il pensait que je n’avais aucune volonté face à lui ou à son charme. Cela ne m’aurait pas étonné de sa part.

« Depuis quand les clients ne peuvent plus s’installer où ils le souhaitent ? » Depuis que se sont des connards finis et que la fille du patron ne veut pas les voir ! Non. Je n’allais pas me servir de ce statut pour lui répliquer. Je détestais qu’on me réduise juste à ça et je n’en avais jamais profité non plus jusque là, alors ça n’allait pas être lui qui allait me pousser à le faire même si l’envie ne m’en manquait pas ! De toute manière il ne me laissa pas la moindre chance de répliquer, enchaînant presque : « Allons Rosalyn… J’aimerais simplement qu’on discute un peu. Si tu m’avais écouté les fois précédentes je ne serais pas venu t’emmerder ici. Ne crois pas que je fasse ça par plaisir, au contraire, ça m’embête autant que toi de venir te déranger pendant que tu travailles. Mais tu ne m’as pas laissé le choix. » Je rivais un regard désabusé vers lui. Comme si cela pouvait bien lui faire quelque chose de venir me harceler au travail. Lui, il s’en moquait bien, il savait que je ne pouvais pas le fuir ni lui crier dessus de dégager ou de me laisser tranquille. « Si je ne t’ai pas écouté les fois précédentes, qu’est-ce qui te fait croire que ça sera différent aujourd’hui ? » Certes, j’étais plus ou moins coincée par mon travail, mais je pouvais aller m’occuper de quelqu’un d’autre, prendre les commandes qu’avaient mes collègues en charges pour m’échapper ou même faire la sourde oreille. Mais cette dernière option était plus délicate, car il était simple de dire qu’on n’écoutait pas mais les mots étaient tout de même là.

« S’il te plaît écoute ce que j’ai à dire et je te laisserais tranquille… »

Je soupirais lourdement. Il ne lâcherait pas le morceau n’est-ce pas ? J’avais beau l’éviter, le mépriser, il continuerait encore et encore à essayer de me parler. Je posais mes mains à plat sur le rebord du bar qui nous séparait, plantant mon regard dans le sien avec tout le sérieux du monde.

« Et qu’est-ce que tu vas me dire ? Que tu ne voulais pas que ça arrive ? Que c’était la première fois ? Que c’est ta plus grosse erreur ? Que tu avais bu et que tu ne savais pas ce que tu faisais ? Ou bien que tu étais persuadé qu’il s’agissait de moi ? Ou alors laisse moi deviner… elle t’a carrément forcé ? » Terminais-je en me moquant clairement de lui. « Si ce que tu veux c’est apaiser ta conscience, alors soit ! Je te pardonne Desmund Hamilton. Maintenant tu peux partir l’esprit tranquille et cesser de me harceler. » Je mentais. Je n’arrivais pas à lui pardonner de m’avoir trompé. J’avais beau être gentille, on me trouvait même naïve parfois, mais il ne fallait pas pousser. Mais j’étais prête à lui dire ce qu’il voulait entendre pour qu’il me fiche la paix et que je continu à lui en vouloir au fond de moi. Il ne méritait pas mon pardon car je savais qu’il ne s’en voulait pas de ce qu’il avait fait, il s’en voulait de s’être fait prendre ! Il cherchait juste mon pardon, certainement pour éviter que je ne dise du mal de lui à ses potentielles futures conquêtes !

D’accord j’aurais sûrement dû éviter cette première remarque peu agréable. Malheureusement c’était plus fort que moi. J’avais toujours cette fâcheuse habitude de répliquer, et là, il fallait l’avouer Rosalyn m’avait poussé à agir ainsi. Je n’avais pas tellement apprécié cette façon de vouloir se débarrasser de moi au plus vite. Je savais pertinemment que je n’aurais pas dû lui répondre aussi sèchement. Une fois encore j’avais agi sans réfléchir. Comme la plupart du temps à vrai dire… J’avais donc tenté de me rattraper en passant aux choses sérieuses. Je n’étais pas là pour être méchant avec elle, il fallait que je garde mon calme, que je lui prouve que malgré mon erreur je n’étais pas le sale type qu’elle croyait… Cette tâche me paraissait impossible, mais tenter de me racheter ne me coûterait rien. Les yeux de Rosalyn, rivés sur moi, en disaient long sur ce qui se tramait dans sa tête. Elle ne semblait pas enjouée à l’idée de devoir m’écouter. Je pouvais également remarquer que mon discours ne l’intéressait guère. Son seul désir était de me voir déguerpir… Elle ne tarda pas à me le faire comprendre une nouvelle fois « Si je ne t’ai pas écouté les fois précédentes, qu’est-ce qui te fait croire que ça sera différent aujourd’hui ? » Je ne tenais pas compte de sa question. Continuant sur ma lancée… Ce qui agaça probablement Rosa qui laissa échapper un soupir.

Lui demandant gentiment de m’écouter une nouvelle fois… La jolie blonde ne tarda pas à me répondre sur un ton peu agréable. « Et qu’est-ce que tu vas me dire ? Que tu ne voulais pas que ça arrive ? Que c’était la première fois ? Que c’est ta plus grosse erreur ? Que tu avais bu et que tu ne savais pas ce que tu faisais ? Ou bien que tu étais persuadé qu’il s’agissait de moi ? Ou alors laisse-moi deviner… elle t’a carrément forcé ? » Mon visage changea subitement d’expression… Entre un sourire et une légère moue, il était difficile de percevoir de façon précise mon état d’esprit. Je me contentais de boire une nouvelle gorgée de whisky tout en gardant mes yeux posés sur la jeune femme qui n’avait pas fini… « Si ce que tu veux c’est apaiser ta conscience, alors soit ! Je te pardonne Desmund Hamilton. Maintenant tu peux partir l’esprit tranquille et cesser de me harceler. » C’était tout simplement incroyable. Elle me pardonnait ? A en juger par sa façon d’être et son langage non verbal, tout la trahissait… Elle ne pensait pas ce qu’elle venait de me dire. Confirmant encore sa volonté de me voir disparaître, pensant avoir eu ce que je voulais. Je n’étais pas dupe. Certes j’appréciais son effort, elle était décidément d’une gentillesse incomparable mais tout son petit manège était trop facile. J’aurais pu accepter son pardon et m’en aller. Cependant je voulais qu’elle puisse entendre ce que j’avais à dire. Encore quelques mots et je la laisserais tranquille.

« Tu ne sais pas mentir Rosalyn… Mais j’apprécie énormément ton effort… » J’aurais très bien pu me moquer d’elle, d’ailleurs face à quelqu’un d’autre j’aurais agi différemment. Mais Rosalyn était trop importante à mes yeux, je m’étais suffisamment comporté comme un connard avec elle. Il fallait vraiment qu’elle se rende compte que je pouvais être quelqu’un d’autre. « Tu pourras interpréter les mots qui vont suivre comme tu voudras… Après tout, je me suis comporté comme le plus ignoble des types. De toute façon je sais déjà ce que tu penses de moi… » Je restais silencieux un instant, détournant mon regard, l’air désolé. Je reprenais, reportant mes yeux sur elle. « Je regrette ce que j’ai fait, le mal que j’ai pu causer. Tu ne méritais pas ça. Tu es une personne formidable et une fille aussi gentille et adorable que toi n’aurait jamais dû devoir subir ma connerie… » Je tenais tellement à elle. Il avait fallu que j’agisse comme un abruti pour m’en rendre compte. Cela me rendait fou… « Je suis vraiment trop con… Putain… » J’occultais la présence de Rosalyn un instant, ces propos m’étant destiné… « Me laisser tenter par une nana qui n’en valais pas la peine… Alors que j’avais tout ce dont je rêvais à portée de doigt… » Sans m’en rendre compte l’une de mes mains s’était posée sur la sienne alors que je parlais. J’en pris conscience une fois ma phrase achevée. Je la retirais instantanément, Rosalyn n’apprécierait pas mon geste… Je fis craquer nerveusement mes doigts. Puis je terminais dans un souffle… « J’ai tout gâché… »

« Tu ne sais pas mentir Rosalyn… Mais j’apprécie énormément ton effort… » Et moi j’apprécierais énormément de lui mettre mon poing sur le nez. Bien que non violente, ma main me démangeait terriblement en présence de Desmund, mais là je m’en voulais de ne pas avoir été assez convaincante pour lui faire croire que je lui accordais mon pardon et le faire enfin partir, quoi que… j’avais peut-être mis un zeste de sarcasme dans mes propos, suffisamment pour qu’il comprenne que je n’étais pas vraiment sincère et qu’il pourrait toujours courir pour que je l’excuse. Je ne le savais pas moi-même en réalité. C’était assez compliqué et confus. Desmund et moi n’avions pas eu une relation très poussée, elle était encore à ses débuts, nous n’étions pas un couple fusionnel non plus mais il m’avait tout de même trahi et ça me restait en travers de la gorge. Probablement parce que je lui faisais confiance, parce que je le pensais sincère lorsqu’il me lancé ses petits regards charmants comme si j’étais importante à ses yeux et que je lui plaisais vraiment. Se rendre compte que tout n’avait été que mensonges et faux semblant au final était franchement blessant.

« Tu pourras interpréter les mots qui vont suivre comme tu voudras… Après tout, je me suis comporté comme le plus ignoble des types. De toute façon je sais déjà ce que tu penses de moi… » J’étais décidée à l’envoyer balader mais les paroles de Micah vinrent résonner dans mon esprit, je me forçais donc à écouter bien que ce fut à contre cœur. « Je regrette ce que j’ai fait, le mal que j’ai pu causer. Tu ne méritais pas ça. Tu es une personne formidable et une fille aussi gentille et adorable que toi n’aurait jamais dû devoir subir ma connerie… Je suis vraiment trop con… Putain… » Bravo, je le pensais presque sincère si je ne connaissais pas l’énergumène… pourtant, il le semblait réellement et même si c’était un beau parleur, il paraissait réellement désolé, pire que ça : il s’en voulait. Preuve en était dans la suite de ses propos qui ne m’était pas destiné : « Me laisser tenter par une nana qui n’en valais pas la peine… Alors que j’avais tout ce dont je rêvais à portée de doigt… » Mon regard ainsi que l’expression sur mon visage se firent plus doux, et je mis un certain temps à me rendre compte que sa main s’était posée sur la mienne, ou plutôt de l’inconvenance et de l’audace de son geste. Je retirais brusquement ma main, en même temps que lui en réalité. Il avait réussi à m’attendrir le bougre ! mais je n’arrivais pas à me mettre plus en colère en le voyant se faire craquer les doigts, non dans un geste de pur machisme mais dans un geste de vulnérabilité.

« J’ai tout gâché… » « C’est vrai. »Répondis-je du tac au tac. Je braquer un regard plus sévère vers lui, les bras croisés dans une posture fermée puis finalement je les laissais retomber le long de mon corps en soupirant comme si je renonçais à tout ce que j’avais dit jusque là et même à certains de mes principes.

« Une personne que nous apprécions énormément tous les deux m’a conseillé de t’écouter, apparemment tu serais quelqu’un de bien malgré tes horripilantes manies de coureur. » Je faisais référence à Micah et à ce qu’il m’avait dit chez moi l’autre soir lorsqu’il avait appris pour Desmund et moi, ou du moins qu’il avait entraperçu une parcelle de notre histoire passée. Je ne pensais que Micah soit de mauvais conseil mais cela m’était tout de même difficile d’accepter de converser avec Desmund. « Tu voulais à tout prix me parler alors c’est ce que tu vas faire. » Sans le lui demander, je versais une nouvelle dose de whisky dans son verre comme pour lui faire comprendre que le moment n’était pas encore venu pour lui de partir malgré mes maintes demandes dans ce sens. Je poussais un nouveau soupire ne sachant pas si je faisais bien de me lancer là dedans, puis finalement j’ouvrais les hostilités : « Très bien Desmund, il est temps d’être franc pour une fois : dis moi… c’était la première fois que tu me trompais ou bien il y en a eu d’autres ? » Je ne me fâcherais pas… j’aurai pu le rajouter mais en réalité je n’étais pas sûre de moi sur ce coup là. Je voulais vraiment avoir une réponse, savoir à quel point il m’avait pris pour une idiote. Mon regard était droit rivé sur le sien, plus sérieux et déterminé que jamais.

Enfin ! Mes phrases s’enchaînaient et Rosalyn semblait vouloir daigner à écouter ce que j’avais à lui dire. J’ignorais si elle faisait semblant ou non mais au moins elle ne m’interrompait pas. Les mots filaient, je parlais sans vraiment réfléchir me contentant de lui révéler tout ce qui se passait dans ma tête depuis notre séparation. C’était sûrement la première fois que je laissais autant mes sentiments pour quelqu’un ressortir. D’habitude je n’étais pas si expressif… Tout ce que je lui disais était la stricte vérité et j’espérais réussir à l’en convaincre… Avais-je réussi ? Je crus déceler une pointe d’apaisement sur son visage jusqu’à ce qu’elle se rende compte que nos mains s’étaient rencontrés. Sa main s’échappa subitement tout comme la mienne. Mon geste l’avait rebuté, après ma trahison je comprenais que les contacts de ce genre n’étaient pas les bienvenues. Une fois mon discours terminé, elle répliqua sans une once d’hésitation « C’est vrai. » Ses yeux s’assombrirent de nouveau. Elle me faisait comprendre une fois plus que mes mots ne l’avaient pas totalement convaincue. Ses soupirs, ses bras retombant le long de son corps m’interpelèrent ensuite. Elle était visiblement dépassée par tout cela, comme si elle renonçait à vouloir se prendre la tête avec moi. Et les mots qui suivirent, furent surprenants…

« Une personne que nous apprécions énormément tous les deux m’a conseillé de t’écouter, apparemment tu serais quelqu’un de bien malgré tes horripilantes manies de coureur. » Mes yeux s’écarquillèrent soudainement. Qui pouvais-je bien apprécier et qui soit au courant de mon histoire avec Rosalyn ? La déduction fut rapide à opérer. Stevens… Depuis quand Micah se mêlait de mes relations sentimentales ? Il était vrai que je lui avais parlé d’une fille. Je n’avais pas dit grand-chose… Simplement que j’aurais peut-être dû me comporter différemment car elle était différente des autres. Mais jamais je n’avais prononcé son nom. Ainsi, il avait découvert qu’il s’agissait de Rosalyn. Mais ? Qu’avait-il fait pour savoir que c’était elle ? Comment ? Cela m’intriguait... Mais je n’eus pas le temps de lui poser la question… Rosalyn poursuivit « Tu voulais à tout prix me parler alors c’est ce que tu vas faire. » Je pris cela comme une seconde chance… Mes interrogations à propos de Micah pourraient attendre un peu. Elle me servit un second verre. Ce retournement de situation inattendu me laissa songeur un instant. Mais sa voix me ramena vite à la réalité…

« Très bien Desmund, il est temps d’être franc pour une fois : dis-moi… c’était la première fois que tu me trompais ou bien il y en a eu d’autres ? » Elle remettait une fois de plus ma franchise en question. Pour la première fois depuis des semaines elle était prête à entendre ce que j’avais à lui confier. Je ne m’étais pas préparer pour suivre un interrogatoire. Mais s’il fallait ça pour racheter un pardon sincère cette fois, j’étais prêt à mettre ma fierté de côté. Je pris mon temps pour lui répondre, j’espérais juste qu’elle ne prendrait pas ce silence pour un simple dénombrement des possibles conquêtes que j’avais eu durant notre relation. Parce qu’il n’y en avait eu qu’une… « Il n’y eu qu’elle. Mais s’il faut être franc… J’ai également été boire un verre avec une amie. J’ai dû flirter avec deux ou trois filles en boîte de nuit, j’entends par là discuter et danser un peu… Donc oui, il n’y a qu'avec elle que je t'ai trompé... » Je buvais une nouvelle gorgée de whisky. Il n’y avait eu rien de plus. Je ne savais pas trop si inviter des filles à boire et danser avec elles seraient également des détails qui la contrarieraient. Mais puisqu’elle devait tout savoir, je le lui avouais… J’ajoutai ensuite « Question suivante ? »

« Très bien Desmund, il est temps d’être franc pour une fois : dis-moi… c’était la première fois que tu me trompais ou bien il y en a eu d’autres ? »

Je lui offrais là une chance de s’expliquer, une chance d’être franc et peut-être de lui accorder mon pardon même si cela me semblait encore improbable. De son côté, Desmund prenais son temps pour me répondre. Réfléchissait-il à ce qu’il allait me répondre ou bien cherchait-il la façon de le faire. Allait-il me mentir ou se montrer franc ? J’espérais qu’il serait honnête, j’en avais besoin même si ses réponses pouvaient me blesser. Je tentais d’être patiente mais si son silence durait trop longtemps je finirais pas l’envoyer balader étant certaine qu’au final il ne voulait pas jouer cartes sur table alors qu’il ne réclamait que ça depuis des semaines. Cependant, il me répondit à la limite de la patience que j’avais pour lui, ou du moins que j’accepter de lui accorder car j’étais assez patiente en général, excessivement même, mais il y avait des situations que la mettait à rude épreuve, celle-ci en faisait clairement partie.

« Il n’y eu qu’elle. Mais s’il faut être franc… J’ai également été boire un verre avec une amie. J’ai dû flirter avec deux ou trois filles en boîte de nuit, j’entends par là discuter et danser un peu… Donc oui, il n’y a qu'avec elle que je t'ai trompé... » Boire un verre avec une amie n’avait rien de bien méchant. Il avait le droit d’avoir des amies féminines après tout, j’avais des hommes dans mes relations amicales. Par contre j’étais un peu plus partagée par les filles en boite… il avait besoin de jouer les Don Juan alors que nous étions ensemble ? C’était peut-être dans son caractère après tout mais je ne savais pas si j’aurai accepté que mon petit ami se comporte de la sorte, c’était vexant et blessant quelque part.

« Question suivante ? » Sa voix coupa court au fil de mes pensées. Je reportais mon regard dans le sien alors que je ne m’étais pas aperçu que je l’avais baissé tandis que j’étais perdue dans mes réflexions. « Je ne suis pas du genre jalouse et possessive au point de t’en vouloir que tu aie des amies parmi la gente féminine… mais les filles avec lesquelles tu as flirté, c’est vraiment limite même s’il ne s’est rien passé avec elle. Tu aime jouer les séducteurs et tu vois Desmund, je ne crois pas que notre relation aurait pu marcher rien qu’à cause de ça. » Moi-même je me montrais honnête sans être tranchante, je restais calme, peut-être un peu trop. « Celle avec qui je t’ai surpris… vous en étiez clairement aux préliminaires, as-tu été plus loin avec elle malgré que je vous ai surpris ? » Je voulais savoir à quel point il avait pu être un salop. Me tromper était déjà une chose et si je n’étais pas arrivée à ce moment là ils auraient très certainement conclu leur affaire mais normalement mon entrée aurait du être telle une douche froide ne serait-ce que pour lui, si jamais cela ne les avait pas interrompu alors je pourrais mesurer le degré de connard attitude de Desmund.

Mais il y avait une autre question qui me brûlait les lèvres, une de celle qui vous trotte dans la tête en permanence sans que vous osiez vous l’avouer, une de celle qui se révèle difficile à poser tant la réponse vous effraie. Je posais un verre vide sur le comptoir et versais une dose d’alcool dedans. Ce n’était pas pour Desmund cette fois, mais pour moi. J’avais besoin d’un verre pour me donner un peu de courage ou du moins je m’en persuadais comme si une fois avalé, je n’aurai plus d’excuse pour ne pas la poser. Je bu une longue gorgée, posais mon verre devant moi et cette fois ce fut sans oser le regarder dans les yeux que je me lançais : « Est-ce à cause de moi ? » Je réalisais que cela n’était pas assez clair et que je devais prendre sur moi pour m’exprimer mieux que ça. « Je veux dire… C’était parce que je ne te suffisais pas que tu allais flirter avec d’autres filles et que tu as même été jusqu’à me tromper ? Je ne répondais pas à tes attentes ? » C’était extrêmement gênant de demander cela mais j’avais toujours eu une peur : ne pas être aimée pour ce que j’étais et le comportement de Desmund m’avait poussé à penser que le problème venait peut-être de moi. Voilà pourquoi je lui en voulait autant, du moins je l’imaginais. Il m’avait fait croire que je lui plaisais assez pour prolonger notre relation tout un mois, je pensais compter pour lui mais au final je n’étais qu’une fille parmi tant d’autres. Je vidais mon verre d’un trait, trop gênée et craignant sa réponse ou même sa réaction. Je n’étais pas une grande habituée de l’alcool, il fallait voir ce que j’avais fini par faire la dernière fois que j’avais bu, mais ici, dans ce bar je ne craignais rien et puis je pensais rester assez lucide afin d’effectuer mon travail.

Elle voulait la vérité ? Elle l’aurait… J’étais décidé à jouer franc-jeu, s’il y avait un moyen de remonter dans son estime… Eh bien j’allais ranger ma fierté de côté et lui raconter tout ce qu’elle voulait entendre. Je savais que mes mots n’allaient pas la ravir. Je l’avais trompé et je doutais que mes escapades en boîte de nuit ne lui plaisent également… Surtout que je n’avais pas pris la peine de la mettre au courant lorsque nous étions ensemble. J’étais un séducteur et mes vieux démons m’avaient rattrapé… Cela dit, le soir où je l’avais trompé, je n’avais pas prévu de sortir à la base. Micah m’avait tiré de mon lit et m’avait entraîné avec lui. J’avais pensé à Rosalyn de nombreuses fois durant cette soirée, me répétant qu’il ne fallait pas que je fasse de faux-pas. Mais j’avais été incapable de me retenir. Micah n’avait pas arrangé les choses en me poussant à ramener cette fille chez moi… Je n’avais aucune excuse, je ne rejetais pas la faute sur Stevens… C’était moi le fautif… J’avais merdé, j’étais le responsable de tout cela. J’étais un idiot. Décidément, devant Rosalyn je n’étais plus vraiment moi-même, j’étais différent…

« Je ne suis pas du genre jalouse et possessive au point de t’en vouloir que tu aies des amies parmi la gente féminine… mais les filles avec lesquelles tu as flirté, c’est vraiment limite même s’il ne s’est rien passé avec elle. Tu aimes jouer les séducteurs et tu vois Desmund, je ne crois pas que notre relation aurait pu marcher rien qu’à cause de ça. » Je m’en doutais. Mais je ne savais pas s’il était possible pour moi de laisser ma veste de coureur de jupons derrière moi. Sûrement avait-elle raison en disant que notre relation était déjà compromise, avant même que nous ayons pu construire quelque chose. Néanmoins je me refusais d’y croire… J’avais réalisé que je tenais à elle et ses mots m’avaient profondément blessé. Mais tout était de ma faute, et je ne pouvais en vouloir qu’à moi-même. Rosa’ m’avait bien fait comprendre que je l’avais déçue, et elle semblait vouloir en savoir davantage… « Celle avec qui je t’ai surpris… vous en étiez clairement aux préliminaires, as-tu été plus loin avec elle malgré que je vous ai surpris ? » Cette question m’étonna… Toutefois, la réponse à sa question était simple et je lui répondis quasi instantanément. « Non… Tout s’est arrêté après ça… J’étais profondément emmerdé que tu aies dû supporter de me voir avec une autre. Mais le temps que je réalise ma bêtise tu étais déjà partie. Je t’assure que cette fille est vite partie de chez moi après ça. Enfin de toute façon c’était trop tard, je le sais bien… J’étais vraiment mal après ta venue… » J’aurais voulu la rattraper… Mais elle n’aurait pas voulu m’écouter.

Un silence pénible s’installa alors… Rosalyn se servit un verre. J’eus l’impression qu’elle n’osait pas me demander quelque chose. Comme si elle voulait me parler mais que ses lèvres refusaient de lui obéir. Je bus une gorgé de whisky, en même temps qu’elle vida une grande quantité de son verre. Je tentai alors de plonger mes yeux dans les siens mais ils semblaient les éviter… Puis elle me questionna encore une fois ? « Est-ce à cause de moi ? » Je reposai sûrement mon verre un peu trop lourdement sur la table et lâchait un « Non ! » un peu trop bruyant… J’eus la sensation que certains clients avaient coupé court à leur conversation pour s’intéresser à nous. Jetant un coup d’œil aux alentours je pus me rendre compte que les habitués reprirent très vite leur occupation… Soulagé j’écoutai la nouvelle question de la jolie blonde « Je veux dire… C’était parce que je ne te suffisais pas que tu allais flirter avec d’autres filles et que tu as même été jusqu’à me tromper ? Je ne répondais pas à tes attentes ? » Je baissais les yeux, soupirant bruyamment. Je me mordais la lèvre inférieure, je m’en voulais qu’elle puisse penser une telle chose ! Il fallait que je l’arrête tout de suite… « Non Rosalyn… Tu n’as rien à voir avec tout ça je t’assure ! Le problème c’est moi… Tu es la plus belle chose qui me soit arrivé depuis très longtemps bien au contraire. J’ai vraiment fait des efforts pour que ça marche entre nous… Ne crois pas que je n’en avais rien à faire de toi, c’est faux. Mais je ne sais pas c’est plus fort que moi… Vraiment, tu étais parfaite à mes yeux, tu l’es toujours d’ailleurs… » Mon poing s’était serré… J’étais sincère et toute cette histoire avait brisé en éclat rien qu’à cause de moi. Pourquoi avait-elle un effet aussi puissant sur moi ? Je l’ignorais mais aujourd’hui je me mordais les doigts d’avoir pu lui faire tant de mal.

« Non… Tout s’est arrêté après ça… J’étais profondément emmerdé que tu aies dû supporter de me voir avec une autre. Mais le temps que je réalise ma bêtise tu étais déjà partie. Je t’assure que cette fille est vite partie de chez moi après ça. Enfin de toute façon c’était trop tard, je le sais bien… J’étais vraiment mal après ta venue… » Bon au moins si c’était un salop, il n’était pas complètement pourri jusqu’à la moelle ! Si il m’avait avoué le contraire je ne sais pas comment j’aurai réagi. Je l’aurai insulté ? Hurlé ? Carrément frappé ? Je ne préférais pas l’imaginer. Le moi énervé était tellement peu présent que lorsqu’il se montrait, il faisait des ravages. Même les personnes qui me connaissaient depuis des années ne m’avaient pour certains jamais vu vraiment en colère.

Mais pour l’heure ce n’était pas la colère qui m’habitait mais la gêne face aux questions que j’allais lui poser. Ce n’était jamais évident de se remettre en cause mais accepter la possibilité qu’on ait été trompée parce qu’on avait fait quelque chose de travers c’était tellement blessant que l’humiliation n’arrivait même pas à entrer en ligne de compte. Je lui demandais donc si la faute m’en incombait et avant que je n’ai eu le temps de mieux formuler ma question, un ‘non’ retentissant sorti de sa bouche, suffisamment surprenant pour que je sursaute mais même si sa réaction vive me fit quelque peu plaisir, je me devais de continuer. J’osais m’exprimer clairement et me montrer vulnérable face à l’homme devant lequel je m’étais jurée de ne plus jamais baisser ma garde. Il pourrait me rire au nez et m’ennuyer avec ça pendant un bon moment ou alors me confirmer ce que je craignais, que j’étais trop fade, insipide à son goût ou bien juste démentir sans trop s’attarder. Voilà pourquoi je fus sans doute autant surprise par sa réponse, parce qu’elle n’entrait pas dans mes possibilités.

« Non Rosalyn… Tu n’as rien à voir avec tout ça je t’assure ! Le problème c’est moi… Tu es la plus belle chose qui me soit arrivé depuis très longtemps bien au contraire. J’ai vraiment fait des efforts pour que ça marche entre nous… Ne crois pas que je n’en avais rien à faire de toi, c’est faux. Mais je ne sais pas c’est plus fort que moi… Vraiment, tu étais parfaite à mes yeux, tu l’es toujours d’ailleurs… »

Desmund était un beau parleur, il pouvait faire croire n’importe quoi à n’importe qui, je le savais, de ce fait j’aurai du me méfier de ses paroles, et pourtant je le sentais tellement sincère. Ce n’était pas que je voulais le croire pour une quelconque raison, mais je ne pouvais pas faire autrement, cela aurait été de la mauvaise foi que de l’envoyer promener en assurant que ses propos n’étaient que mensonges pour mieux me berner.
Je me sentais d’autant plus gênée par ses dires car le sujet n’était déjà pas facile à aborder pour moi, mais les éloges qu’il venait de me faire me firent monter le rouge aux joues. J’étais parfaite selon lui ? mes yeux se levèrent timidement vers lui et je me souvins des raisons pour lesquelles j’étais tombée sous son charme, du moins une en particulier. Demsund avait un charisme impressionnant et un charme peu commun et je me sentis malgré moi attirée de nouveau par lui. Je restais de longues secondes à le fixer jusqu’à ce que je ne me reprenne, me giflant mentalement. Il m’avait trompé et il ne changerait probablement peut-être jamais ! De plus il y avait Micah même si nous n’étions pas vraiment en couple, les choses étaient floues mais cela n’enlevait rien aux sentiments que j’éprouvais pour lui ! pourtant je me sentais confuse… avais-je si peu de caractère et de volonté ? Il suffisait qu’il me lance quelques mots pour que j’oublis tout ? Non, bien sûr que non.

Le sentant agacé, je posais une main réconfortante sur le poing serré de Desmund. « Je mentirais si j’affirmais que ce que tu viens de me dire ne me touche pas, mais ne me demande pas de passer l’éponge et d’oublier. Peut-être que j’y parviendrais un jour mais pour le moment te faire confiance me parait impossible. »

J’enlevais doucement ma main avec un fin sourire entre amical et peiné. « C’est la maison qui offre. » Dis-je en lui servant un autre verre, preuve de ma bonne volonté tout de même. J’osais m’en resservir un également, me moquant de ce que pourraient bien dire mes collègues, les phrases du genre que je me permets des choses parce que je suis ‘la fille du patron’, que je n’étais pas logée à la même enseigne qu’eux… je ne m’étais jamais permis ce genre d’extra en toutes ces années. Je bus une gorgée, moins longue que les précédentes et je me laissais aller à une remarque qui ressemblait plus à une confidence selon moi : « Tu sais Des’, tu es quelqu’un de vraiment extraordinaire, qui gagne à être connu, c’est dommage que tu te réduise toi-même au rang de séducteur, tu es tellement plus que ça… » Je reprenais une gorgée ignorant comment il le prendrait mais c’était bel et bien un compliment.