Qui avait-il chez Rosalyn qui puisse me pousser à tout faire pour me racheter ? J’éprouvais quelques difficultés à me reconnaître à travers tous ces mots que je lui avais confiés… C’était si… Vrai… Et pourtant je ne comprenais pas pourquoi il avait fallu que je lui dise tout cela. Je me sentais totalement perdu, envahi par tous ses sentiments que je ne laissais jamais paraître d’habitude. Mais avec elle, j’avais eu cette sensation d’être enfin moi-même... Il y avait chez elle quelque chose à laquelle je tenais, j’ignorais pourquoi je ressentais ce besoin d’être à ses côtés… Rosa avait fait ressortir une facette de ma personnalité que je ne connaissais que trop peu. Une once de sensibilité, inhabituelle chez moi… Voire totalement imperceptible… Jamais je n’aurais été avoué toutes ces choses à Rosalyn si elle ne m’avait pas autant touché. Je regrettais réellement ce fâcheux événement qui avait détruit notre relation, pourtant si bien partie. Mais étais-je vraiment celui dont elle avait besoin ? Cette question je ne voulais pas y répondre, j’étais trop fier pour me faire à l’idée qu’elle méritait quelqu’un d’autre… Une type qui serait la rendre heureuse contrairement à moi, qui l’avait déçu, trahi. Mais c’était impensable pour moi. J’étais encore une fois guidé par ce besoin de tout avoir, de posséder tout ce que je désirais. Egoïste…

Lorsque sa main se posa sur mon poing serré, je relevai mes yeux vers elle. Mon échine en frissonna légèrement… Quel idiot aurait laissé tomber une si belle occasion d’être avec une femme aussi magnifique ? Il n’y avait apparemment que moi… « Je mentirais si j’affirmais que ce que tu viens de me dire ne me touche pas, mais ne me demande pas de passer l’éponge et d’oublier. Peut-être que j’y parviendrais un jour mais pour le moment te faire confiance me parait impossible. » Je mourrai d’envie de prendre sa main entre les miennes mais elle m’échappa avant que je ne puisse m’en saisir. Mes yeux se fermèrent un instant… Déçu bien évidemment par ces propos, mais je n’avais ce que je méritais après tout. Le coupable dans toute cette histoire c’était moi. Cependant, elle semblait tout de même attendrie par les aveux que je venais de lui faire. Ses mots pouvaient me faire espérer qu’elle puisse réellement me pardonner un jour. Peut-être qu’elle finirait par m’octroyer une seconde chance. Ce ne serait pas pour tout de suite mais… Il y avait une chance. Bien qu’infime…

« C’est la maison qui offre. » Elle me servit à nouveau. J’appréciai le geste… J’étais rassuré dans un sens. La situation s’était enfin apaisée entre nous deux, j’avais enfin réussi à lui parler, à lui faire part de ce que je ressentais pour elle. Je lui acquiesçai un léger sourire, suivi d’un « Merci… » que je lâchai dans un souffle. Je remarquai qu’elle se remplit également un autre verre. Si l’atmosphère n’avait pas été aussi tendue j’aurais sûrement laissé échapper une petite remarque sur ce détail… Mais rien ne sortit d’entre mes lèvres, ce n’était pas le moment de tout gâcher encore une fois…

« Tu sais Des’, tu es quelqu’un de vraiment extraordinaire, qui gagne à être connu, c’est dommage que tu te réduise toi-même au rang de séducteur, tu es tellement plus que ça… » Hein ? Où voulait-elle en venir au juste ? Et qu’étais-je réellement à ses yeux pour qu’elle daigne me faire un tel… Compliment ? J’avais du mal à cerner ses mots. Il était rare que l’on me jette de telles fleurs. Et venant d’une personne, que j’avais fait sûrement fait souffrir, s’en était d’autant plus étonnant. Cela me prouvait que je ne m’étais pas trompé sur Rosalyn, elle avait un grand cœur. C’était une fille sensible. Et malgré mes conneries elle avait accepté de m’écouter. Je me rendais soudainement compte que c’était tout cela que j’aimais chez elle… Buvant mon verre d’une traite, je laissai entrevoir une légère moue causée par l’arôme puissant de l’alcool et de cette douche chaleur qui m’avait subitement envahie. Du gâchis… Je n’avais pas pris la peine de dégusté ce liquide ambré si précieux à mes yeux. Mais les mots de Rosa m’avaient touché. Il n’y avait aucun doute… Et je ne savais que dire, trop peu habitué à des tels propos. Je lui répondis d’une voix posée et désolée… « Rosalyn… S’il te plaît… Garde ces compliments pour toi… C’est suffisamment compliqué pour moi de me dire qu’on pourrait toujours être ensemble si je n’avais pas été aussi stupide… Je me rends compte qu’on aurait pu continuer d’être heureux comme on l’était. Ça me tue car je voulais réellement me prouver que j’étais capable d’avoir quelque chose de sérieux avec une personne que j’aimais sincèrement, pour une fois… Mais apparemment, j’en suis incapable… » Je me levai alors… Sans relever le poids de certains de mes mots. Profondément agacé. Je sortais mon portefeuille avant de déposer un billet sur le comptoir. Il était temps que je m’en aille, je l’avais suffisamment embêté pour ce soir. « Merci de m’avoir écouté Rosalyn. Passe une bonne fin de soirée… »