Jamie sut à la crispation de Sven qu'il n'aurait pas dû l'insulter comme il l'a fait. En même temps, il fallait avouer que le journaliste n'avait pas exactement de raisons légitime de le faire. Sa raison? Que Sven tapait juste là où ça faisait mal et qu'il détestait cela. Il savait reconnaître ses torts...Jusqu'à un certain point. Or lui dire qu'il se conduisait comme un abruti tout ça parce qu'il laissait à Andrew un peu d'espace après ces événements douloureux, ça, ça avait tendance à rentrer dans le genre de tort qu'il avait du mal à avaler. Ce qui l'énervait un peu plus? Qu'il ne sache pas répondre à ces attaques, parce qu'il n'y avait de réponse intelligentes. Ou mieux encore - sentez l'ironie - il n'y avait pas de réponse tout court. Mais Jamie était beaucoup de chose, dont têtu. Alors, même s'il se conduisait comme un gosse en mal de reconnaissance, il avait encore un argument dans sa manche. Un arrivé avec une simple phrase de l'ébéniste. S'il ne se prenait pas une baffe ou un poing dans le nez après cela, il aurait beaucoup de chance. Il ne fallait pas prendre que pour de la mauvaise foi; disons qu'il a 60% de mauvaise foi et 40% d'un refus catégorique de croire qu'il faisait vraiment autant de mal à Andrew aujourd'hui que le laissait entendre Sven...Bon okay, c'est de la mauvaise fois crasse à ce niveau-là.

"Il y a une grosse différence entre se savoir le sujet de fantasme d'une personne du sexe opposé et de découvrir qu'une personne du même sexe que soi avait le même genre d'idées. C'est comme si tu découvrais que...Je ne sais pas, le garde forestier avait des vies sur toi." il marqua une légère pause "Tu as beau ne pas être la pureté incarnée, avoues que ça te ferait bizarre."

Voilà, argument débile numéro 3654 est de sortie. A un moment, il faudrait tout de même que Jamie se rende compte qu'il s'enfonce tout seul dans cette sphère de dénie et de mauvaise foi et qu'il ferait mieux de se taire avant de vraiment mettre Sven hors de lui. Parce que c'était une chose d'avoir un ébéniste passablement remonté face à lui, ça en était une autre que de l'avoir hors de lui à un cheveux de vous démolir le visage si votre prochaine réponse ne lui convient pas. Or, vu l'entêtement dans lequel s'enfermait Jamie, il ne marchait vers cette situation, il y sprintait. À croire que le journaliste avait des tendances masochistes qu'il ne se connaissait pas. En tout cas ce fut à son tour de fusiller Sven du regard. "alors tu ne le mérites très certainement pas." Sans même savoir pourquoi, une partie de lui se rebellait contre cette idée, la qualifiant de totalement absurde, irrationnelle pour cette partie de Jamie. Matthew refusait que l'on conteste que William et lui appartienne ensemble, pas autrement. Sauf que ce n'était pas Matthew qui avait les commandes à l'heure actuelle et si le journaliste avait une furieuse envie, relativement irrationnelle, de frapper Sven pour ce qu'il venait de dire, il restait encore quelqu'un de rationnel qui venait de se prendre une baffe émotionnelle. Quoi que là on pourrait presque parler d'un mur, vraiment. Culpabilité, envie de se jeter contre un mur face à sa propre stupidité, tout ce qui pouvait aller de paire retombait - enfin - sur Jamie et il recula, admettant sans un mot sa défaite et écrasa sa cigarette dans le cendrier.

"J'irais le voir." il reporta son regard sur Sven avant de reprendre une ébauche de papier qui traînait là et de s'installer pour retourner à son travail "Maintenant sors d'ici."

Son ton avait perdue de son agressivité, mais il restait sans appel. Jamie avait compris le message, mais il ne fallait que Sven pousse plus, au risque de le voir simplement partir, retourner dans cette villa trop vide pour y habiter mais qui ne manquerait pas l'héberger le temps que Sven ne se décide à quitter son appartement. La force? Il n'y songeait même pas vu son état, d'une part, d'autre part même s'il dépassait de quelques pauvres centimètres l'ébéniste, ce dernier avait une carrure non négligeable.