Sven voulait partir le plus loin possible de cette boutique, le plus vite possible. A chaque seconde qu’il restait dans les parages, il se sentait s’effondrer un peu plus. Il passa une main sur ses yeux, expirant lourdement. S’il entendit son prénom et des bruits de pas, il n’eut pas le courage de se retourner. Il ne voulait plus revoir ce visage baigné de larmes, triste dernière image qu’il aurait de la Watson. Triste manière de finir une relation, aussi. Harley arriva dans son dos, cerclant son torse de ses bras frêles, sa tête sur le dos de l’ébéniste. Il s’était arrêté de bouger, le souffle soudainement court, comme si lui aussi, avait couru. Ses mains se posèrent sur celles de la brunette. Sven espérait. Ne me laisse pas ! Pas cette fois. On lui rendait son cœur, lui enlevait le poids sur son estomac, lui exorcisait toute sa douleur. Il serra la mâchoire, non plus de colère, mais d’une joie retrouvée, trop subitement pour qu’il puisse articuler le moindre mot. Il ferma les yeux, une seconde, savourant la délivrance de son être. Il fut retourné, faisant volteface, se retrouvant nez-à-nez avec Harley.

Il ne pouvait plus sourire – il avait oublié comment faire- mais ses yeux brillaient de cette soudaine trop grande joie, de ce bonheur qui faisait trembler tout son être, tandis qu’elle lui parlait d’une seconde chance. Il n’en revenait pas. Harley Watson venait de lui courir après pour que cette histoire ne se termine pas sur une note bien sombre. Comment aurait-il pu être plus comblé ? Sven se laissa prendre la main, serrant les doigts de la jeune femme entre les siens, sentant son cœur s’emballer, de plus en plus vite. A nouveau, il manquait d’air, mais ce n’était pas une mauvaise chose. C’était la deuxième fois qu’elle se confiait à lui de cette manière et il fallait dire que ça ne lui déplaisait pas. Au contraire, ça distillait dans son sang une douce chaleur, réchauffant les moindres parties de son âme qu’il aurait crûs mortes en quittant la fille Watson pour de bon. Il ne s’était jamais autant trompé, et il aimait ça.

Mieux, il aimait Harley plus férocement à chaque seconde qui passait, à chaque parole qu’elle prononçait, qui étaient comme un baume sur les écorchures qu’il s’était volontairement imposées durant cette dernière semaine. Sa main se posa sur la joue de la brunette, chassant les larmes de sa belle. Quand elle s’excusa, Sven la regarda plus intensément, se demandant où elle voulait en venir. Pour lui, rien que le fait qu’elle l’ait rattrapé valait toutes les explications au monde. Mais il appréciait, le fait qu’elle reconnaisse les points de leurs divergences passées – tout cela n’avait plus d’importance, mais ça permettait de partir sur des bases saines, à peu près. Cassandre revint sur le tapis et il ne put s’empêcher de pincer des lèvres, la mauvaise impression que son écart de conduite lui serait souvent rappelé. Bon, s’il s’en tirait avec des rappels épars et surement quelques gages pour se racheter de sa bonne conduite, il n’irait pas s’en plaindre. Le fait qu’Harley soit revenue dans ses bras tenait du miracle.

Sven eu droit à la surprise qu’Harley fasse une concession, parlant d’O’Leary. Finalement, un mince sourire passa sur ses lèvres, alors qu’il comblait la distance, ce petit mètre qui le séparait d’elle, posant ses deux mains de chaque côté du visage de la brunette, récoltant les dernières traces humides sous les magnifiques yeux gris. Il s’approcha de ses lèvres, retrouvant sans trop de difficulté l’intimité qu’il aimait tant instauré entre eux, son nez effleurant celui d’Harley. « Oui, on est quitte. » Sven déposa un baiser volage, se reculant à peine, un fourmillement familier lui remontant les doigts. Il ne voulait plus en parler, ni du photographe, ni de son infidélité, conscient cependant que le meilleur moyen de noyer le poisson serait de ne plus en discuter. « Je ne t’en veux pas pour ton petit plaisir personnel » il était sincère, une allégresse caractéristique dans sa voix « après tout, je suis le premier à vouloir le combler. » Le ton était devenu taquin, charmeur. Il n’attendit pas une autorisation pour l’embrasser, une fois encore, d’une manière moins retenue.

La sensation caractéristique de la présence d’Harley à côté de lui pétilla sous sa peau et il jugea bon de se séparer de ses lèvres, sans pour autant s’éloigner. Une de ses mains quitta la joue de la jeune femme, retrouvant sa place qui lui était due, sur la nuque de la fille Watson. Sven la regarda dans les yeux, intensément, l’affection sur le regard, l’amour dans le cœur. « Merci pour la deuxième chance, miss Watson. Je serai un compagnon irréprochable à partir de demain. » L’espièglerie s’installa sur son visage, alors qu’il jouait avec une mèche de cheveux bruns. « En attendant, j’ai dix longs jours de manque à combler. Et il semblerait que j’ai la victime toute désignée entre mes mains. » Autant dire que Sven jouerait à la sangsue humaine jusqu’au lendemain. Il retourna à l’assaut de ses lèvres, cette fois-ci ne se contentant plus d’un contacte de surface. Sa langue retrouva le contacte électrique d’Harley, une ardeur bien connue remontant le long de son dos.

Sven s’attarda à mettre fin au baiser mais s’y força, à contrecœur. « Tu m’as manqué. » C’était un aveu, terrible, qui, en étant prononcé, abandonna la solitude qui l’avait empoisonné des derniers jours. Il se recula d’un demi-pas, sa main tombant dans celle de la brunette dans un mouvement calculé. Il avait envie de bouger, de l’emmener faire le tour du monde, éventuellement. Mais puisque leur horizon se limitait à la ville de Storybrooke, Sven se tourna vers Harley, un sourire en coin. « Que dirais-tu de rentrer chez toi ? » Il était conscient que les parents d’Harley seraient là. Mais il ne se sentait pas d’humeur à se cacher. Là où Harley irait, il ira, qu’importe le lieu, qu’importe l’endroit.

L’émotion de Sven lui cercla les tempes. Dans les mains qu’il posa d’abord sur les siennes, puis dans le regard qu’il lui offrit lorsqu’elle l’obligea à lui faire face et, ensuite, dans la pression de sa main contre la sienne, Harley comprit qu’elle avait eu raison de ravaler sa fierté. Ça n’avait pas été si compliqué. Elle n’avait eu qu’à arrêter de réfléchir, et le simple vue du dos de Sven lui avait semblé insupportable. Ensuite, les pensées étaient revenues. Elle ne pouvait pas le laisser s’en aller, et mettre un terme définitif à leur relation. Elle n’en avait pas envie. Ses sentiments pour l’ébéniste étaient, de toute évidence, plus puissants que son orgueil. Ils lui avaient admirablement tordu le cou, et Harley n’aurait pas pu être plus heureuse de s’être départie de cet ego auquel elle s’accrochait pourtant comme à sa vie. Bientôt, la paume de Sven réchauffa sa joue, chassant les preuves de sa tristesse, n’en faisant que briller plus férocement ses prunelles. Le fossé entre eux avait disparu. Ils se retrouvaient, enfin, et Harley avait tant de choses à avouer, tant de confessions à faire, qu’elle dut rassembler toute sa volonté pour ne pas faiblir, pour ne pas simplement enlacer son amant retrouvé.

Il eut la bonne idée d’attendre qu’elle ait fini de s’épancher pour combler la distance qui les séparait, prenant son visage en coupe entre ses mains calleuses. Ses lèvres se rapprochèrent dangereusement, attirant le coup d’œil torturé de la rouquine, avant qu’elle ne close les paupières, un simple instant, se délectant de cette proximité qui la rendait fébrile. Sven s’était accaparé les clés de son cœur, et il semblait s’amuser avec les sensations et sentiments de la lycéenne. « Oui, on est quitte. » Cette concession lui fit gagner les lèvres de l’ébéniste, de brèves secondes, avant qu’il ne se recule. Harley lui était reconnaissante de ne pas faire tout un cinéma sur son mensonge mais, au fond, elle avait pire à lui pardonner, Sven n’aurait donc pas eu très bon dos de se révolter pour si peu. « Je ne t’en veux pas pour ton petit plaisir personnel » Le coin de ses lèvres marqua son amusement. « après tout, je suis le premier à vouloir le combler. » Un coin de sa conscience tira la sonnette d’alarme, mais Harley n’y fit pas attention. Un éclair fourbe s’était abattu sur son bas-ventre à cette allusion taquine, qui fut très vite complétée par un nouveau baiser. Harley se laissa aller contre les lèvres de Sven, glissant ses bras dans son dos, les rapprochant sans cérémonie. Mais son aîné semblait avoir d’autres projets que ceux qui lui vrillaient subitement le crâne, et il rompit le baiser pour s’écarter sensiblement.

La nuque d’Harley frissonna en retrouvant le contact familier des doigts de son ébéniste, et le plaisir insensé qu’ils distillaient au reste de son corps. Elle arriva néanmoins à se concentrer sur les prunelles ambrées qui la fixaient avec une intensité sans pareille. « Merci pour la deuxième chance, miss Watson. Je serai un compagnon irréprochable à partir de demain. » L’esprit d’Harley ricocha sur le « demain », ne comprenant pas ce qu’il entendait faire jusque-là. Comptait-il aller retrouver sa grue ? Ne serait-ce que pour lui dire que c’était terminé. Pousserait-il le vice jusqu’à pratiquer ce que l’on appelait le sexe de rupture ? Tandis que l’espièglerie dansait dans les prunelles de Sven, le visage d’Harley s’assombrit. Elle commençait à comprendre à quel point il serait difficile de passer au-dessus de son écart, mais n’en dit rien. « En attendant, j’ai dix longs jours de manque à combler. Et il semblerait que j’ai la victime toute désignée entre mes mains. » Les muscles d’Harley se raidirent, et elle peina à lui servir un sourire sincère. Elle imaginait qu’il était encore question de sexe. Mais au moins, il n’avait pas l’intention d’aller retrouver sa greluche. Harley devait s’accrocher à cette sécurité, sans s’attarder trop à lire entre les lignes. Elle abandonna ses doutes contre les lèvres de son aîné, goûtant le délicieux contact de sa langue. Sa tête lui tourna, et elle se pressa davantage contre son amant, tandis que son bas-ventre se contractait et qu’un frisson communicatif remonta du creux de ses reins.

Une fois encore, il se détacha d’elle, même si cela sembla plus pénible que jamais. Harley ne put retenir un soupir frustré, avant de se mordre la lèvre inférieure. Sven n’avait pas encore mérité de la sentir soumise, abandonnée parfaitement à ses caprices. « Tu m’as manqué. » Son cœur battit plus fort, tandis que les sourcils d’Harley tremblèrent. « Que tu es faible. » Elle sourit, sarcastique, tandis que Sven se reculait, et que sa main reprit place dans la sienne. Elle baissa un instant les yeux sur sa répartie cinglante avant de les reporter sur son amant, un sourire chaleureux sur les lèvres. Quelle piètre brimade. Son absence avait été une torture pour elle. Si elle avait réussi à la supporter, ce n’était que parce qu’elle n’avait pas son visage chaque minute sous les yeux. Il ne l’avait hanté que lorsqu’elle s’aventurait à les fermer. En dehors de ça, elle avait tué le germe du manque en faisant fi de son existence. Mais alors qu’elle l’avait enfin sous les doigts, elle ne pouvait que se reprocher d’avoir été si insouciante. Une vie sans Sven n’avait aucun sens. Autant s’arracher le cœur ou se priver d’air. « Que dirais-tu de rentrer chez toi ? » Un éclat de rire improbable fusa de la gorge d’Harley, bien incapable de retenir son élan d’hilarité. Elle reprit rapidement contenance, et fixa Sven d’un air curieux, comme si ses paroles n’avaient aucun sens. Elle arqua finalement un sourcil, le coin des lèvres étiré, sceptique. « Si je voulais me débarrasser de toi, je dirais que c’est une excellente idée. » Son sourire s’amplifia, sans se départir d’une forme de pragmatisme. « Je ne suis pas convaincue que mes parents te laisseront entrer après toute cette histoire. » Chassant l’amertume qui voilait ses prunelles grises, le ton d’Harley se voulait plus confiant lorsqu’elle ajouta : « Mais on peut toujours passer et leur laisser un mot, pour qu’ils sachent que je me suis enfuie chez toi, et qu’il n’est plus question de leur laisser voix au chapitre ! » Les sourcils et les lèvres d’Harley se figèrent dans une expression prometteuse. Elle laissait les dés entre les mains de son aîné, à lui de décider s’il voulait assumer pleinement et pour de bon leur relation, car elle délaissait enfin ses dernières réticences. « Je me fiche de leurs états d’âme et de leur argent. Tout ce que je veux c’est être avec toi … comme un vrai couple. » Sa moue était hésitante, mais l’éclat dans ses yeux ne laissait aucune place au doute.

Elle n’eut cependant pas le plaisir d’obtenir une réponse immédiate de la part de Sven, car des pas attirèrent son attention. Harley tourna le visage, presque surprise de la présence soudaine de Moe dans sa propre boutique. Aucune gêne ne passa néanmoins dans ses yeux, quoi qu’ait pu entendre le fleuriste. « Un amour si singulier n’est pas facile à comprendre pour des parents. Ils ne veulent que ton bien, Harley, sois en sûre. » Mais de quoi je me mêle ? La destinatrice de la pseudo leçon de morale fronça les sourcils, méfiante. Moe avait beau la connaître depuis des années, de quel droit se permettait-il d’interférer en faveur de ses géniteurs ? La rouquine se radoucit en remarquant le bouquet que l’homme avait dû préparer pendant leur conversation avec Sven. Elle ne savait pas jusqu’à quel point il avait suivi leur échange, mais elle préférait rester dans l’ignorance. Au fond, elle ne s’inquiétait plus des rumeurs, et elle n’était pas convaincue que Moe soit homme à les faire naître. Il posa la composition sur le comptoir en glissant un regard à l’ébéniste, avant de prendre le billet que ce dernier avait posé de longues minutes auparavant. « J’ai cru comprendre qu’il vous fallait un nouveau bouquet. » L’homme se fendit d’un sourire fin, avant d’ajouter après avoir enveloppé la plus jeune d’un regard bienveillant. « Tâchez de lui rendre le sourire que Storybrooke aimait tant. » La rouquine fut sidérée. Storybrooke l’aurait-il apprécié à une époque ? Les habitants pouvaient-ils accepter Harley sans ces regards plein de froideur et de jugement ? Elle baissa les yeux, les paroles de Moe la troublant plus qu’il ne pouvait l’imaginer. Elle redressa le menton en lui accordant un sourire extrêmement épuré. Puis elle posa sur Sven des prunelles pétillantes.

Sven sourit. Oui, il était faible. En présence d’Harley, il ne pouvait que l’être. Elle lui faisait revoir ses priorités, rendait tout élément de sa vie futile. Quand il l’avait près de lui, le monde seul ne comptait plus. Elle était tout ce qu’il aimait, le reste faisant pale figure face à elle. Quand il tenait sa main, comme il était en train de le faire maintenant, Sven savait qu’il faisait le bon choix et que jamais il ne pourrait regretter d’être avec elle. Malgré les embuches qui se dresseraient sur leur chemin, sur ceux qui voyaient d’un mauvais œil cette relation. L’ébéniste avait fait son choix, au monde de se plier à ses exigences : il resterait avec Harley, quoi qu’il en coute, quoi que ça lui demande. Malgré les erreurs, malgré ses écarts de conduite. Il ferait tout pour ne plus la laisser s’échapper de ses bras.

Harley rit. Il se souvint à quel point elle lui avait manqué, elle et son rire claire. Même s’il n’y avait pas de raison de s’attendrir à l’éclat de rire de la part de la fille Watson. Ne voulait-elle pas qu’ils passent un moment ensemble ? Hum, non. Le problème n’était sûrement pas là. C’était les parents Watson. Bien évidemment, quoi d’autre sinon ? Sven eut une grimace, se disant que les géniteurs de Harley resteraient pour toujours le point sombre de leur relation. Il ne voulait pas que la famille se déchire à cause de lui, bien qu’il doute qu’elle n’ait jamais été saine. Il avait l’impression qu’il ne serait qu’un autre motif à la dissension familiale de la brunette. Sven aurait dû avoir un pincement au cœur, une petite crainte pour le bonheur à la maison. Lui-même avait quitté tout cela trop prématurément. Mais il ne pouvait pas. Les parents Watson s’étaient montrés tellement exécrables envers lui – il le leur avait bien rendu en retour – qu’il ne pouvait avoir un brin de sympathie pour eux. Il ne serait donc que plus ravie de leur dérober leur fille.

D’autant plus que l’ébéniste appréciait la volonté d’Harley de rester avec lui. Un vrai couple. Sven eut un sourire doux sur le visage, se rendant compte que c’était la première fois que la lycéenne faisait référence à eux de cette manière –qui ne lui déplaisait pas. Un élan de joie grimpa en lui, alors qu’il voulut se pencher, pour l’embrasser, lui faire ressentir une fois de plus ce que, lui, ressentait pour elle, pour lui faire saisir l’ampleur des chaines qui le laisseraient accroché à elle pour très, très longtemps. Il n’en n’eut pas l’occasion. French revenait, au pire des moments. Il retint un froncement de sourcils, alors que le fleuriste s’invitait à leur discussion. Cependant, il s’y invita de la plus fine des manières, remettant en perspective le dilemme familial des Watson. Sven serra un peu plus les doigts d’Harley, alors qu’il la sentait se tendre aux mots du fleuriste.

Un nouveau bouquet atterrit sur le comptoir, un qui signifiait un peu plus qu’un mauvais rendez-vous qui n’avait plus lieu d’être. Sven le remercia silencieusement, alors qu’il recevait lui-aussi son conseil du jour. Un petit bonheur s’installa dans le coin de son être. Rendre le sourire à Harley, il avait bien l’intention de le faire. Et ce n’était pas parce que French le lui demandait, ça non. Il l’avait prévu, ainsi que de nombreuses autres choses qui resteraient secrètes pour un temps déterminé. Sven capta l’éclat du regard de sa belle, ne pouvant retenir son sourire, alors qu’il répondait au vieil homme, sans le regarder. « Ca, j’en ai bien l’intention. » Mais ce n’était pas pour Storybrooke, ni pour le plaisir du fleuriste, ni pour ses parents, ni pour Drake, ni pour n’importe qui. Ce serait pour son petit plaisir personnel.

Sven passa son bras libre autour des épaules d’Harley, l’attirant jusqu’à lui pour l’embrasser, sans être gêné par la présence de French. Une bouffé de chaleur le prit au cœur, alors qu’il savait son souffle en train de s’accélérer et qu’il faisait tout pour rester le plus sage possible. Il n’était pas heureux de sentir à nouveau l’odeur d’Harley, c’était un euphémisme. Il n’était pas heureux de pouvoir la toucher avec ses doigts, c’était un euphémisme. Il n’était ni comblé, ni satisfait, il était bien plus. Il se recula des lèvres de sa compagne, se dirigeant vers le comptoir en prenant les fleurs, les observant quelques secondes avant de les tendres vers Harley. « S’il-te-plait. » Il l’embrassa encore, moins chastement, moins longtemps, avant de se diriger vers son oreille, murmurant, rien que pour elle, d’une façon bien moins cruelle que la première fois pour cette journée. « Je t’aime. » Et ça s’entendait, qu’il l’aimait, ça s’entendait, qu’il voulait passer le reste de ses jours avec elle, ça s’entendait, qu’il ferait tout pour.

Il était temps de partir de chez le fleuriste. Toujours en tenant Harley par la main, Sven se dirigea vers la sortie, adressant un dernier signe de remerciement au tenancier. Ils devaient aller chez les parents Watson pour déposer un petit mot, sur une porte, pour s’attirer les foudres de ceux-ci, mais de s’en moquer éperdument. Toutes les menaces, toutes les paroles qu’ils pourraient proférer seraient moins pire que ce par quoi Sven était passé ces dix derniers jours. Il avait Harley, c’était tout ce qui comptait. « Eh donc, un couple, hum ? »