Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : 31 Mars 2013 Ordre de passage des participants : Andrew - Rose

Comment en vient-on à boire ? Cette question s'était posée dans l'esprit du jeune Andrew quelques années en arrière. Il se disait que c'était totalement stupide, qu'il ne le ferait jamais au point de se rendre minable, et pourtant. Pourquoi buvait-il ? Était-il alcoolique ? Non. Était-il désespéré ? Oui. Désespéré de ne pas avoir pu garder ses distances avec Jamie. Cet homme qui était rentré dans sa vie sans prévenir, cet homme qui était devenu un client régulier de chez Granny, un homme qu'il avait suivi pour avoir quelques informations sur lui... Où avait-il eu la tête au juste ? Andrew ne s'était plus reconnu à l'époque et aujourd'hui, c'était bien pire. Par sa simple existence, il avait détruit un mariage. Julianne ? Partie, après avoir donné une gifle magistrale à son fiancé. Elle lui avait même balancé sa bague à la figure en le traitant de noms d'oiseaux. Le bijoux, Andrew l'avait revendu à Gold qui n'avait posé aucune question. Il connaissait tous les évènements qui se déroulaient dans sa ville, il n'avait pas besoin de demander.

La vie du jeune cuisinier de chez Granny n'était plus la même. Déjà, il arrivait en retard au travail. Il ne répondait plus à ses appels, ne lisait plus ses textos. Il fumait comme un pompier et buvait souvent le soir, jusqu'à s'assoupir comme une larve sur son divan - qu'il n'ouvrait même plus pour dormir. Ses repas... que de la malbouffe. Et parfois, il sautait des repas. Encore heureux, il continuait à prendre des douches. Mais sa vie n'avait plus aucun sens. Il ne se réveillait plus avec l'espoir de voir Jamie quelque part, ne se couchait plus en repensant au passé avec le sourire. À peine son esprit partait-il dans de beaux souvenirs qu'il se changeait les idées en tentant de boire ou de regarder n'importe quelle chaîne de sa télévision. Dans le cas contraire, il pleurait, en se sentant vraiment idiot. Pourtant, d'après Vera, Jamie semblait être assez attiré par lui - sinon, elle ne se serait pas vengé comme elle l'avait fait. Mais malgré tout, Andrew avait fini par croire que c'était à cause de lui si Jamie avait été séduit. À cause de lui s'il avait reçu cette balle dans l'épaule.

Ce soir, les collègues de travail du cuisinier l'avaient invité à passer une soirée avec eux. Ils savaient que leur camarade avait vécu une situation traumatisante mais n'avaient aucune idée des détails. Tout ce qu'ils savaient, c'est que Andrew se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment. Plusieurs rumeurs circulaient mais Granny veillait à ce que son jeune employé ne souffre pas trop des ragots au sein du restaurant. Alors, la version que ses collègues de travail retenait, c'était qu'une épouse avait tiré sur son mari et que le jeune cuisinier avait essayé de défendre son ami. Quelle connerie. Andrew n'aimait pas cette version mais elle était censé le protéger. Tout était pourtant de sa faute, alors...

Il avait beaucoup bu à cette soirée. Par chance, tous s'étaient rendus sur les lieux à pieds, alors, ils rentrèrent de la même manière. Andrew était entouré de Rose Caffrey et une autre serveuse. Cette dernière était aussi saoule que le cuisinier et ils n'arrêtaient pas de se pousser gentiment. Puis, la jeune femme rentra chez elle, à moitié morte de rire. Andrew riait aussi en restant aux cotés de Rose. Il titubait sur le trottoir et semblait avoir soudainement trois ans et demi. Tout ce qu'il voyait l'intéressait comme si c'était la première fois qu'il posait les yeux dessus. Il s'accrocha même à un poteau et tourna une fois, en se laissant glisser jusqu'au sol. « Woops. Je crois que j'ai un peu trop forcé sur les cocktails. » Il restait assis par terre, la main autour du lampadaire qu'il se mit à regarder bizarrement. « Salut toi. » Oui, il était définitivement saoul.

Granny était plutôt protectrice envers les personnes qui travaillait pour elle, alors quand des bruits on commençait à courir sur Andrew, elle s'arrangea très rapidement pour faire taire tous ces gens et elle ne tarda pas à nous donner une version. Andrew aurait voulu voler au secours d'un ami qui s'était fait tirer dessus. Je ne savais pas si c'était vrai et je m'en fichais, tant qu'il allait bien... Mais ce n'était pas le cas, déjà que nos horaires étaient décalés et que je ne le voyais que très peu, quand je le voyais, ce n'était qu'une silhouette derrière un épais nuage de fumée...

Nous n'avions pas eu le temps de nous revoir depuis son anniversaire, et avec ce qui lui était arrivé je n'avais pas vraiment envie de m'imposer auprès d'Andrew, puis nous avions décidé de faire une sortie entre collègues, ça pouvait être sympa et ça pourrait permettre à Andrew de sortir et de se changer les idées, enfin ça c'est ce que je pensais, mais j'arrêtai très rapidement de penser ça en le voyant enchaîner les verres. Heureusement on était à pied, je ne l'aurais jamais laissé reprendre le volant, quitte à lui piquer ses clés en douce...

J'avais aussi bu mais beaucoup moins que notre collègue et Andrew, ce qui n'était pas plus mal. Nous raccompagnions la jeune femme jusqu'à sa porte, elle était pliée de rire, et avait bien du mal à introduire la clé dans la serrure. Si bien que je montais les quelques marches qui nous séparaient pour lui filer un coup de main.

Andrew était toujours à mes côtés, encore en train de rire, et avant que je n'ai eu le temps de le rattraper en le voyant partir sur le côté. Il s'accrocha à un poteau et se laissa glisser au sol, je m'approchais de lui dans le but de le relever quand il se mit à parler je m'arrêtais pensant que ces propos m'étaient destinés, mais non il parlait au poteau.

- Woops. Je crois que j'ai un peu trop forcé sur les cocktails. Salut toi.

J'émis un sourire plutôt triste avant de me pencher à nouveau et de me retrouver au niveau d'Andrew, mon plan étant simple, lui faire comprendre que sa nouvelle conquête était un lampadaire, si on m'aurait dit que je ferais ça un jour...

- Andrew tu parles à un réverbère là. Allez viens faut pas rester là.

Su ces mots je passais un de ces bras autour de mon épaule et je tentais de le maintenir contre moi afin de l'éloigner de tout lampadaire qu'il pourrait désespérément tenter de séduire. Mon appartement n'était pas très loin et je ne savais pas vraiment où Andrew habiter et ce n'est pas dans cet état-là qu'il pourrait me le dire...

Une fois les escaliers, je pensais que le pire était à présent derrière nous... Mais le maintenir droit tout en fouillant dans mon sac pour trouver la clé de mon appartement n'était pas chose facile, au bout de quelques minutes de batailles acharnées que je remportais je poussais la porte avant de balancer rapidement mes chaussures à talons, et d'accompagner Andrew jusqu'au canapé.

- Tu veux un café ? Un verre d'eau ?

Je me dirigeais rapidement vers la cuisine, j'attrapais la bassine d'urgence qui était placée sous l'évier, pour la mettre près du canapé, on ne sait jamais. Je repartis rapidement à la cuisine en attendant la réponse du jeune homme.

« Un réverbère ? » Andrew détailla le lampadaire, étonné. Puis, il s’esclaffa de rire alors que sa collègue de travail le soulevait du sol. Le jeune cuisinier laissa pendre son bras autour des épaules de Rose, s'appuyant sur elle pour se laisser traîner loin d'ici. Même s'il n'était pas bien lourd, le fait qu'il s'appuie de tout son poids plume pouvait être désagréable pour la jeune femme. Si c'était le cas, Andrew n'en avait pas du tout conscience. Ses pas n'étaient pas droit, il zigzaguait, persuadé d'être tout à fait sobre et d'avoir un comportement normal. Pour lui, c'était la rue qui n’arrêtait pas de bouger. « C'est comme être sur un bateau, mais dans une rue. » Il fronça les sourcils, essayant de fixer un point mais les trottoirs se déformaient sur son passage. Les rues semblaient se rétrécir, les étoiles ne formaient plus que des traits dans le ciel et l'esprit du jeune homme était rempli d'absurdités. Et malgré tout, malgré la quantité d'alcool qu'il pouvait engloutir, Andrew repensait aux évènements récents, à Jamie.

Une fois dans l'immeuble de Rose, Andrew se laissa guider jusqu'à la porte de l'appartement de la jeune femme qui se débattait avec son sac. En attendant, le cuisinier retrouva son âme d'enfant et appuya sur interrupteur des lumières du couloir. Encore heureux, il n'avait pas porté son choix sur la sonnette du voisin. Rose finit par réussir à tout gérer et fit entrer sans plus attendre son camarade à l'intérieur. Elle le traina ensuite jusqu'au canapé et ramena une bassine, au cas où Andrew se sentirait mal. La jeune femme lui avait également proposé un café ou de l'eau mais le cuisinier était décidé à ne pas répondre. Il s'allongea de tout son long sur le divan, les mains sur la poitrine. « On dirait que je suis chez le docteur Hopper. Tu peux faire la psychologue ? » Toutes ses phrases le faisait rire ce soir. Andrew n'avait pas l'air bête. « La vie, ça craint, tu trouves pas ? C'est... rasoir. T'as des trucs qui te tombent dessus sans que tu le demandes. » Il poussa un long soupir et reprit sa plainte. « Un conseil, ne tombe jamais jamais jamais amoureuse. C'est n'importe quoi et ça bousille tout. »

- Un réverbère ?

Déclara Andrew avant d'exploser de rire, ce n'était pas gagné, surtout quand il appuya tout son poids sur moi...
Je chancelais légèrement quand on tourna à l'angle de la rue, on zigzaguait légèrement, mais on zigzaguait quand même...

- C'est comme être sur un bateau, mais dans une rue.

- Rassure-moi tu n'as pas le mal de mer j'espère ?

Je souris à mon tour, avant qu'on arrive dans mon immeuble, une fois en haut des marches, je bataillais avec mes clés quand Andrew jouait avec les interrupteurs, heureusement ce n'était que la lumière du couloir, une fois à l'intérieur, et le jeune homme sur le canapé je me dirigeais vers la cuisine. Je vis Andrew s'allonger, et quand je lui donnais le choix entre un café et de l'eau il ne me donna aucune réponse.

- On dirait que je suis chez le docteur Hopper. Tu peux faire la psychologue ?

- Je te promets pas le genre d'analyse du docteur Hopper, mais je peux toujours t'écouter.

Le jeune cuisinier terminait ses phrases en riant, j'avais donc du mal à savoir s'il était vraiment sérieux ou non, en attendant je fis réchauffer la cafetière afin de me servir un café. Une fois prêt, j'attrapais un verre dans le placard qui se trouvait au-dessus du robinet, et le remplit d'eau. Je reviens au salon en posant le verre d'eau sur la table basse, si jamais le jeune homme avait une petite soif, puis je m'installais dans le fauteuil à côté du canapé, touillant mon café quand le jeune homme reprit la parole.

- La vie, ça craint, tu trouves pas ? C'est... rasoir. T'as des trucs qui te tombent dessus sans que tu le demandes.

Je fronçais les sourcils, attendant que le jeune homme termine sa phrase, et avant même que je ne puisse ouvrir la bouche Andrew soupira et reprit la parole.

- Un conseil, ne tombe jamais jamais jamais amoureuse. C'est n'importe quoi et ça bousille tout.

- Et bien, la vie a de bons côtés comme des mauvais, et même si certaines fois on enchaîne les galères, on finit par faire avec et par surmonter ces obstacles.

Je soufflais légèrement sur le contenu de ma tasse pour ne pas me brûler avant de prendre quelques gorgées, tout en écoutant les paroles d'Andrew. Je savais bien qu'il n'était pas au meilleur de sa forme ces derniers temps, mais je ne le pensais pas si mal...

- Je ne pense pas que tomber amoureuse soit une chose à déconseillé, c'est sûr que ça peut faire mal si ce n'est pas réciproque ou encore si cet amour est mal vu.

La dernière fois que j'avais eu une conversation avec le jeune homme c'était pour son anniversaire, il ne semblait plus en phase avec sa fiancée, mais de là à se mettre dans un état pareil, et d'aller jusqu'à me déconseiller de tomber amoureuse...

Je n'aimais pas du tout voir le jeune homme comme ça, le problème c'est que je n'étais pas au courant de ce qui c'était réellement passé, je ne savais pas vraiment comment réagir, ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie, je me sentais inutile à tel point que je me serais presque giflé pour me faire réagir.

- Andrew je n'ai aucune idée de ce qui a pu se passer pour que tu te retrouves dans un état pareil mais tu peux pas continuer comme ça...

Je ne prêtais pas attention aux bruits de couloir, je trouvais ça plus que ridicule, et puis je ne connaissais pas Andrew depuis longtemps, mais c'était quelqu'un de bien et je l'appréciait, alors le voir se détruire de la sorte...

« Hm, hm, non, j'ai pas le mal de mer. » Il secouait la tête frénétiquement, comme un enfant qui voulait prouver qu'il n'avait pas peur du train fantôme. Heureusement, l'étape de la rue termina très vite et Andrew se retrouva dans l'appartement de Rose. Mais là encore, il avait l'impression que la pièce bougeait. Les murs se rapprochaient, le sol semblait onduler, les lumières étaient trop vives. Le cuisinier dut s'allonger et fermer momentanément les yeux pour le plus rien voir. Ce n'était pas une bonne idée, puisque là encore, il n'appréciait pas les visions que son esprit projetait sous forme de flash. Comme d'habitude, il revoyait des scènes antérieures à l'accident, lorsqu'il était encore heureux et naïf. Si naïf. Il secoua la tête et se mit à gémir, râlant après toutes ces images qui ne le laissaient pas tranquille. Pour se vider l'esprit, il demanda à Rose de jouer les psychologues. Elle ne promettait pas le même résultat que le docteur diplômé mais était prête à écouter les plaintes d'Andrew.

Le voilà qu'il parlait de l'amour, ce sentiment qu'il ne comprenait pas plus aujourd'hui qu'autrefois. Dans son esprit, une petite voix lui soufflait que l'amour était quelque chose de totalement irrationnel et il voulut se moquer de celle-ci. Irrationnel et cruel surtout. Il ne savait pas d'où lui venait cette phrase et s'en moquait, au final. Tout ce dont-il avait envie, c'était de ne plus ressentir la moindre émotion, juste pour quelques jours. Le jeune homme souriant et chaleureux avec son entourage avait disparu. Il n'était plus qu'un petit imbécile qui agissait de façon puérile pour se punir. Il était coupable, après tout, alors autant qu'il souffre. D'ailleurs, les paroles de Rose ne lui étaient d'aucune aide. Non pas qu'elle ait tord, mais lui se buttait pour trouver des défauts à tout ce qui concernait l'amour et l'esprit humain.

« Tu veux ma théorie ? » Il pointa son index en l'air, les yeux entièrement ouvert, le regard tourné vers Rose. « Certaines personnes sont tellement naïves qu'elles finissent avec des personnes qui se servent d'elles. Certains sont tellement seuls qu'ils préfèrent finir avec n'importe qui, même s'il y a un tout petit peu d'amour, sans plus. » Sa voix était chantante, sous l'effet de l'alcool. Pourtant, ses paroles semblaient bien claires.« Et puis t'as des gens qui se trouvent, et ils sont bien bien chanceux. Parce que l'amour c'est... pas pour moi j'crois. » Andrew essaya de se redresser et prit une position assise dans le canapé, le dos enfoncé dans les coussins. Rose lui disait n'avoir aucune idée de ce qu'il lui était arrivé mais que cette situation ne pouvait pas continuer. Il eut un rire forcé et laissa tomber ses bras sur son ventre. « Julianne m'a largué. De toute façon on baisait plus alors... » Un peu trop direct et cru, mais le jeune homme ne réalisait même pas. Il s'exprimait avec vulgarité, dépouillé de toute inhibition. « Mais c'est pas grave, je l'aimais pas... je l'ai jamais aimé je crois en fait... » Il leva les yeux et soupira. « Je pourrais t'embrasser tu sais et... essayer de faire quelque chose mais même pour ça j'ai pas envie. J'ai plus envie de rien. Je vais plus jamais pouvoir embrasser quelqu'un... » Plus aucun désir, envers personne, à part une seule. Andrew l'avait dans la tête et ne parvenait pas à le chasser. Et il était tellement saoul qu'il ne réalisait pas que ses paroles pourraient effrayer Rose ou la rendre mal à l'aise.

J'étais persuadée de n'être d'aucune utilité pour le jeune homme, alors je compenser en ayant apporté le verre d'eau, vérifiant s'il me restait de l'aspirine, allumant les lumières côté cuisine, pour baisser la luminosité du salon. Je regardais Andrew, cherchant à voir il venait, mais il ne tarda pas à reprendre la parole.

- Tu veux ma théorie ?

Il pointa son index en l'air, j'étais toujours confortablement installé, en train de boire mon café, écoutant aussi attentivement que je pouvais, espérant trouver quelques réponses qui pourraient me permettre de l'aider.

- Certaines personnes sont tellement naïves qu'elles finissent avec des personnes qui se servent d'elles. Certains sont tellement seuls qu'ils préfèrent finir avec n'importe qui, même s'il y a un tout petit peu d'amour, sans plus. Et puis t'as des gens qui se trouvent, et ils sont bien bien chanceux. Parce que l'amour c'est... pas pour moi j'crois.

- Ne dis pas ça, tu es quelqu'un d'adorable, si toi tu ne trouves pas quelqu'un qui puisse te rendre heureux, il y en a qui ont du souci à se faire.

Quand j'attendis le début de la phrase je fis rapidement le rapprochement avec sa fiancée, qui m'avait fait l'effet de la reine des glaces, je m'étais toujours demandé comment le jeune homme pouvait être heureux, mais je la connaissais sans plus, alors je me disais que s'ils étaient ensemble c'est qu'ils se convenaient... Quand je déclarais ne pas comprendre ce qu'il c'était passé et qu'il ne pouvait pas continuer comme ça, il se mit à rire... Je fronçais les sourcils ne trouvant pas ça drôle du tout....

- Julianne m'a largué. De toute façon on baisait plus alors... Mais c'est pas grave, je l'aimais pas... je l'ai jamais aimé je crois en fait...

- Je suis désolée...

Je n'avais jamais entendu Andrew s'exprimer de la sorte, ça ne me choquait pas, mais ça me surprenait, lui qui était si calme et doux, il était toujours calme du moins jusque-là il l'était, mais pour ce qui était de ces belles phrases... Et je ne savais pas si l'alcool y jouait vraiment, surement un peu... Et si seulement il c'était arrêter là... Quelques secondes et un soupir plus tard il revenait à la charge.

- Je pourrais t'embrasser tu sais et... essayer de faire quelque chose mais même pour ça j'ai pas envie. J'ai plus envie de rien. Je vais plus jamais pouvoir embrasser quelqu'un...

La gorgée de café que je venais de prendre passa légèrement de travers, je me mettais à chercher le moindre signal de ma part qui aurait pu lui faire croire ce qu'il venait de déclarer. Ce fut à mon tour de lever les yeux au ciel.

- Andrew tu es quelqu'un d'adorable mais ça n'est pas prêt d'arriver.

Je lui souris avant de me lever du fauteuil, et attrapais une couverture qui était posée sur l'autre fauteuil qui faisait face à celui sur lequel j'étais, pour la poser sur les jambes du jeune homme avant de me débarrasser de ma tasse à présent vide, puis je retournais m'asseoir sur le fauteuil.

- Je suis sûre que ça finira par s'arranger, et en attendant il faut que tu arrêtes les excès, et s'il faut que je m'occupe personnellement de ton cas je le ferais sans problème, et crois-moi tu en auras marre de m'avoir sur le dos.

Quelqu'un d'adorable ? Andrew fut secouer d'un rire moqueur envers lui-même. Il passa ses mains sur son visage, puis dans ses cheveux pour les ramener en arrière. Même saoul, il ne pouvait répondre à cette remarque. Il ne se trouvait absolument pas adorable. En ce moment, il avait plus une tête de petit con qu'autre chose. Lorsqu'il se regardait dans le miroir, Andrew ne supportait plus l'image qu'il renvoyait. Ce visage qui avait soit-disant perverti Jamie, qui l'avait poussé à avoir des idées que sa femme avait découvert sur un carnet. Ces idées qui avaient été dévoilés, le soir de l'accident et que le jeune Andrew n'arrivait pas à chasser de son esprit. Et il ne pouvait même pas se confier auprès de Rose, même avec tout cet alcool dans son sang.

En revanche, il n'hésita pas à se montrer assez direct dans ses confidences au sujet de Julianne, ce qui pourrait bien lui coûter une future gêne vis-à-vis de Rose lorsqu'il serait sobre. Il n'avait pas du tout conscience de ce qu'il lui faisait subir. Les deux jeunes gens se connaissaient à peine, Rose n'avait pas besoin d'être dérangée avec toutes ces histoires. D'ailleurs, Andrew commençait à être de plus en plus bizarre. Il parlait du fait qu'il ne pourrait plus jamais être en couple avec quelqu'un, même pour s'amuser, prenant Rose pour exemple. C'était totalement déplacé, le cuisinier ne le réalisait pas. Heureusement, sa collègue ne le prit pas mal au point de le gifler, bien qu'il l'aurait mérité. Elle l'informa simplement que rien ne se passerait entre eux, ce qui fit réaliser à Andrew le coté grotesque de sa petite confidence. « Oh, ouais, mauvais exemple. T'en fais pas, je veux rien faire avec toi. » Il agita les mains comme pour chasser rapidement cette mauvaise idée. « Pas que tu ne sois pas jolie, tout ça, mais... j'aurais pas dû te prendre pour exemple. On est amis... c'est tout »

Sa voix était de plus en plus traînante. Il sentait la fatigue l'envahir alors que Rose posait une couverture sur ses genoux. Andrew posa son regard dessus et décida de s'allonger, à nouveau. Il tira la couverture sur lui, prêt à s'endormir à n'importe quel moment. Il ne le fit pas tout de suite, cependant, écoutant les dernières paroles de Rose. Andrew ne méritait pas qu'on veuille s'occuper de son cas. Il méritait tout ce qui lui arrivait. C'est donc sans un mot qu'il se laissa emporter par Morphée, laissant les effets de l'alcool disparaître progressivement pour laisser place à une horrible gueule de bois au réveil.

Je me retrouvais plutôt surprise par les propos d'Andrew, pas choquée mais surprise, puis il ne tarda pas à faire une proposition qui venant d'une autre personne qu'Andrew, aurait été reçu par une gifle, mais là les conditions étaient différentes, et Andrew semblait déjà mal je n'allais pas en plus en rajouter.

- Oh, ouais, mauvais exemple. T'en fais pas, je veux rien faire avec toi. Pas que tu ne sois pas jolie, tout ça, mais... j'aurais pas dû te prendre pour exemple. On est amis... c'est tout

- Pas besoin de t'expliquer il n'y a pas de mal.

Je souris avant de me lever et d'apporter une couverture au jeune homme, il ne tarda pas à se couvrir sans ajouter quoi que ce soit, et quand je voulus prendre la parole, un coup d'oeil rapide en direction du canapé m'indiqua qu' Andrew dormait déjà, je pris la direction de ma chambre histoire de prendre une autre couverture, avant de rejoindre mon fauteuil en faisant le moins de bruit possible, préférant ne pas le laisser sans surveillance.

J'attrapais un magazine qui traînait et entreprit de faire les mots croisés, j'enchaînais avec un bouquin que je n'avais pas eu le temps de terminer, m'occupant pendant un bon moment, avant de m'assoupir à mon tour et de me reposer un peu. Quand je me réveillais je m'étonnais de ne pas me trouver dans ma chambre, et c'est en me remémorant la soirée d'hier que je comprenais pourquoi j'avais passé la nuit sur le fauteuil.
N'arrivant plus à m'endormir, je décidais de retourner à la cuisine prendre un café.

Avant de retourner m'asseoir je vérifiais s'il me restait de l'aspirine, j'apportais donc le tube sur la table basse avec un verre d'eau, me doutant que le réveil d'Andrew serait accompagné par une bonne migraine... Quelques mouvements en provenance du canapé m'indiquèrent que le jeune homme commençait à se réveiller.

- Alors la belle au bois dormant bien dormit ? Tu préfères quoi, un café ? un thé ? de l' aspirine ?

Je penchais fortement pour la troisième option, avec ce qu'il avait bu la veille le contraire aurait été étonnant, certaines personnes tenait mieux l'alcool que d'autres mais là... ça tiendrait du miracle...

Dans son sommeil, Andrew n'avait pas arrêté de gémir, de s'agiter. Il avait pourtant pris cette sale habitude, depuis l'accident. L'alcool ne l'aidait pas à oublier, contrairement au dicton célèbre. Même pour une nuit, il n'y parvenait pas. Tout ce qu'il récoltait, c'était une belle gueule de bois. Et puisqu'il enchainait les soirées arrosées, autant dire que le jeune homme était devenu un sacré masochiste. Il se demandait d'ailleurs comment il parvenait à tenir encore debout dans cette folle aventure post-traumatique. Peut-être aurait-il dû prendre cette putain de balle dans la poitrine, à la place de Jamie. Après tout, elle lui avait été destinée. Pourquoi le journaliste s'était mis en travers de son chemin ? Pourquoi avait-il fallu que le destin l'épargne si c'était pour le laisser ainsi, misérable et dépressif ? C'est avec cette belle pensée que le cuisinier ouvrit les yeux, fixant un point devant lui. Il avait la nausée et un mal de crâne titanesque. Il osa bouger, gémir de douleur, puis lança un regard à Rose.

Belle au bois dormant ? Elle avait de l'humour. Andrew aurait pu sourire, mais il n'en avait pas la force. Il ne se souvenait même plus de ce qu'il faisait ici. Il se redressa un peu pour s'asseoir, les cheveux totalement en désordre - comme si ça changeait de d'habitude - et les yeux brillants. Son visage était livide, sans vie. Andrew avait l'air d'un cadavre ambulant, ce qu'il aurait dû être. Rose lui proposa de l'aspirine et il hocha doucement la tête, passant et repassant sa main sur son front. « Je veux bien. » Son ton était las, tout comme ses gestes. « Vas-y, dis-moi tout ce que j'ai fait hier soir, je suis prêt à l'entendre. » Voyons. Il avait bu énormément, avait dansé seul, avec ses collègues, monté sur une table, poussé un type parce qu'il l'avait bousculé, avait sûrement vomi derrière un buisson, sans parler du retour où il s'était pris d'intérêt pour un lampadaire. Ah oui, et son discours pitoyable sur l'amour et toutes ces conneries.

Andrew prit un verre d'eau qui traînait et l'aspirine, sans attendre. Sa tête menaçait vraiment d'exploser. « Je suis désolé, de... te faire subir mon état. » Il reposa le verre - un peu fort - sur la table basse et appuya ses coudes sur ses genoux, tenant sa tête entre ses mains. Il avait l'air de vouloir s'arracher les cheveux, à en juger par ses doigts qui se perdaient dans son épaisse tignasse. Il avait honte. Il avait envie de disparaître.

Le jeune homme ne tarda pas à s'asseoir, hochant la tête quand je lui proposais de l'aspirine, je n'aurais vraiment pas aimé avoir la même gueule de bois que le cuisiner, je tentais de faire le moins de bruit possible, histoire de ne pas empirer son état.

- Je veux bien. Vas-y, dis-moi tout ce que j'ai fait hier soir, je suis prêt à l'entendre.

- Hum... Et bien tu as tenté de charmer un lampadaire, en arrivant ici tu as joué avec les lumières du couloir, puis tu as parler plutôt crûment avant de t'endormir. Voilà.

Je souris tentant de lui prouver qu'il n'avait rien fait de grave, il semblait vraiment mal, presque plus que la veille, au moins l'alcool l'avait fait sourire, mais ça ne signifiait pas que c'était une solution, et que le jeune homme abuse entre les cigarettes et la boisson, je le plaignais sincèrement.

Je ne savais pas quoi faire pour l'aider, lui faire arrêter la boisson et limiter les cigarettes mais je n'étais pas sûre qu'il écoute, la meilleure des solutions serait de m'avoir sur le dos, ils arrêteraient très rapidement dans le seul espoir de ne plus entendre parler de moi.

Je me retins de bailler avant de passer une main dans mes cheveux, histoires d'être un semblant coiffé, je repoussais rapidement ma tasse de café, la reposant avec délicatesse sur la table basse, je reportais mon attention sur la soirée de la veille et le comportement d'Andrew, personnellement il n'y avait pas de malaise, alors si Andrew n'insiste pas sur ce sujet là, je n'en parlerais pas, il semblait avoir assez de soucis comme ça si je pouvais lui en éviter quelques-uns c'était déjà ça...

- Je suis désolé, de... te faire subir mon état.

Je n'eu même pas le temps de répliquer, en posant mon regard sur le jeune homme je le vis se tenir la tête quand il reposa un peu trop bruyamment le verre, il n'allait pas vraiment bien, je poussais la couverture d'un revers de main, avant de me retrouver à genoux sur le tapis, attrapant ses avant-bras de peur qu'il réussisse à se faire mal.

- Ce n'est rien Andrew je t'assure, mais tu ne peux pas rester comme ça...

Je tentais d'afficher un sourire encourageant, je préférais ne pas me demander s'il était crédible, j'étais encore fatiguée de la veille, tellement que j'aurais pu m'endormir n'importe où, heureusement je ne travaillais pas aujourd'hui, ça me laissait encore un peu de temps pour m'occuper du cas "Andrew"...