Charmer un lampadaire ? Était-ce possible ? Andrew préféra garder sa tête entre ses mains, fixant ses pieds sans cligner des yeux. Il se grattait le cuir chevelu, nerveux, comme s'il allait devenir dingue d'un instant à l'autre. Qu'est-ce qu'il se trouvait stupide ! Rose avait eu la gentillesse de l'amener chez elle, pour s'occuper de lui, et il s'était permis de parler crûment ? Qu'avait-il pu bien dire ? Il n'en avait aucun souvenir. Alors, il s'excusa. Il ne savait pas comment agir autrement, à part peut-être partir en courant et s'enfermer quelque part, mais il ne pouvait pas se le permettre. Il devait continuer à se rendre à son travail, à voir du monde - le moins possible - et surtout vivre. Vivre avec toutes ces pensées qui le torturaient, encore maintenant, alors qu'il fixait le sol, ses chaussures. Heureusement, Rose ne lui en voulait pas. Elle était même inquiète à son sujet, à en juger par sa toute dernière phrase. Andrew secoua la tête et la releva, portant son attention sur son hôte. « T'en fais pas pour moi. »

Qu'on ne s'en fasse pas pour lui ? Apparemment, tout le monde monde s'inquiétait pour lui. Granny ne cessait de lui demander s'il n'était pas malade, de lui proposer quelques jours de congés - que le cuisinier refusait à chaque fois. Il y avait aussi quelques fidèles clients du restaurant, qui se demandaient si tout allait bien depuis l'accident. Enfin, certains l'observaient avec un drôle de regard, à la fois intrigué de savoir ce qu'il s'était véritablement passé avec lui dans cette forêt et à la fois compatissant. Andrew en avait un peu ras-le-bol, c'était d'ailleurs une des raisons qui le poussait à consommer autant d'alcool, en si peu de temps. Peut-être devait-il arrêter, un peu ? « Je voulais juste m'amuser un peu, oublier... certaines choses. Mais je vois que même l'alcool ne m'aide pas. » Une idée noire lui traversa l'esprit, le faisant frissonner. Si l'alcool ne l'aidait pas, alors... Pourquoi pensait-il à ce genre de choses ? L'alcool, sûrement. Le traumatisme. Son cynisme. « En tout cas, merci de ne pas m'avoir laissé seul au coin d'une ruelle. Je l'aurais presque mérité. » Un petit rire, comme si c'était drôle. « Tu vas bien, toi ? » Il voulait un peu prendre des nouvelles de Rose. Depuis cet accident, il n'avait pas pris de nouvelles de quiconque.

Le jeune homme s'excusa pour son comportement, je me contentais simplement de sourire, un peu tristement certes, mais j'avais toujours pris l'habitude de ne pas inquiéter les gens autour de moi, quitte à devenir limite fantomatique, mais je préférais qu'on ne me remarque pas, plutôt qu'on s'intéresse de trop près à mon cas. Mais là j'étais inquiète pour Andrew, par son comportement et ces propos.

- T'en fais pas pour moi.

Pour le coup c'est mon sourire qui se fit fantomatique. Il se fichait carrément de moi là non ? Je n'aimais pas remuer le couteau dans la plaie, mais là je n'avais pas trop le choix, il pouvait bien se lever et claquer la porte en partant, chose qui me rappela que mes clés avaient retrouvé leurs places dans mon sac à main. Ce n'était pas d'une grande utilité pour le moment mais quand je devrais sortir de chez moi ça en aurait...

- Là par contre tu m'excuseras, mais j'ai du mal, comment veux-tu que je ne m'en fasse pas, les rares fois où je te vois soit tu baignes dans un nuage de fumée, soit tu tente de charmé un lampadaire.

Je n'aurais pas fait ça pour n'importe qui, tenter de le faire réagir quant à son comportement, je préférais ne pas me mêler de la vie des gens, c'était bien mieux comme ça. Je ne me mêlais pas de leur vies, ils ne se mêlaient pas de la mienne...

- Je peux comprendre que tu n'ailles pas bien, vraiment. Mais tu peux pas me demander de rester en arrière et de te laisser te détruire comme tu le fais. Parce que c'est exactement ce que tu es en train de faire.

Le jeune homme ne tarda pas à donner un semblant d'explication. Je comprenais parfaitement qu'il veuille s'amuser, mais si l'alcool pouvait momentanément vous faire oublier vos problèmes, ils revenaient le lendemain matin avec une jolie gueule de bois pour agrémenter le tout.

- Je voulais juste m'amuser un peu, oublier... certaines choses. Mais je vois que même l'alcool ne m'aide pas.

On était loin de l'Andrew drôle et enjouée que j'avais toujours connu. Je pouvais même comprendre son état, je voulais l'aider, ça c'était une certitude. Mais s'il ne voulait pas être aidé, je n'étais pas sûre que le résultat soit bon au final.

- En tout cas, merci de ne pas m'avoir laissé seul au coin d'une ruelle. Je l'aurais presque mérité.

- Tu aurais fait la même chose pour moi. Et non personne ne mérite un tel traitement.

Le jeune homme eut un léger rire, comme si la situation s'y prêtait, personnellement j'étais loin de rire, je pris une profonde inspiration avant de me relever et de retournais m'asseoir sur le fauteuil, je regardais par la fenêtre quelques instants avant que la voix du jeune homme résonne à nouveau.

- Tu vas bien, toi ?

Je mis un moment avant de réaliser ce qu'il voulait dire, tentait-il de retourner la situation, me faisant parler de ma vie afin que je me désintéresse de son cas ? J'attrapais ma tasse la rinçait avant de la mettre dans le lave-vaisselle.

- A merveille. Je continue mes cours de photographie et j'ai toujours mon boulot alors ça ne peut qu'aller.

Physiquement, tout allait très bien, je courais de plus en plus, alors oui j'allais bien, mise à part les crises d'angoisse, les cauchemars à répétition et l'impression que j'avais d'étouffer puis de vouloir m'enfuir. Mais d'après les docteurs je n'avais pas de soucis de santé, alors ça allait.

Andrew leva les yeux, totalement étonné de l'attitude de Rose envers lui. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle soit si inquiète à son sujet, qu'elle se fasse autant de soucis alors qu'ils n'étaient que des collègues de travail. À moins que la jeune femme se soit attaché à Andrew comme à un ami ? Le jeune homme ne voulait pas qu'on le plaigne, car après tout, c'était de sa faute s'il s'était mis dans cet état d'ébriété. Et il n'avait pas été le seul à se saouler, puisque la plupart de ses collègues de travail avait bu avec lui. Ah mais eux n'avaient pas eu le loisir de vivre un évènement dramatique quelques jours plus tôt, forcément, personne ne s'inquiétait de l'état dans lequel ils pouvaient se trouver après cette soirée arrosée. En revanche, Andrew était la cible parfaite. Pourquoi son entourage se donnait-il autant de mal à le préserver ? À le surprotéger ? Après tout, ce n'était pas Jamie qui avait décidé de se lier d'amitié avec Andrew en premier. Ce n'était pas Vera qui avait écrit ses sentiments sur un carnet. Le cuisinier était le fauteur de troubles. Il ne méritait vraiment pas toute cette soudaine attention au sujet de son état.

Il attendit donc que Rose ait terminé de le sermonner pour s'excuser et changer de sujet. Il lui demanda alors comment elle allait, préférant s'occuper de son état à elle plutôt que du sien. Il n'avait pas besoin non plus de monopoliser l'attention avec ces histoires qui ne regardaient que lu, au final. La pauvre jeune femme n'avait pas besoin d'être témoin de son état dépressif ni de ses pleurnicheries au sujet de Jamie. Andrew prêta donc attention à ce que Rose lui disait. Elle allait bien ? Le cuisinier n'en était pas très sûr. Il n'était pas le seul à avoir des problèmes et les siens, il les gérait à sa façon. Trop de personnes gravitaient autour de lui pour l'écouter, mais Rose, avait-elle quelqu'un ? « Tu es sûre ? Tu sais, tu peux me parler si tu as besoin. C'est pas parce qu'il m'est arrivé toutes ces choses que je ne peux pas écouter les autres. » Andrew lui adressa un sourire, espérant qu'elle lui fasse confiance. Parler d'un autre sujet lui ferait d'ailleurs le plus grand bien, même si ce n'était pas un sujet joyeux.

Il ne connaissait pas beaucoup Rose, ne pouvait pas prétendre au titre de grand ami, mais s'il pouvait l'aider, il le ferait. Andrew ne devait pas penser qu'à lui, même s'il traversait une période extrêmement difficile. Il n'était pas le seul habitant de Storybrooke à voir sa vie basculer du tout au tout. Rose avait peut-être certains soucis dont-elle aimerait parler. Le cuisinier ne savait pas si la jeune femme avait des amis proches ou non pour se confier, alors, il se proposa en tant que confident. Sans parler d'entraide, Rose l'avait ramené jusqu'ici pour qu'il passe la nuit tranquille, il lui devait au moins ça.

J'avais toujours eu tendance à plus me préoccuper des soucis et de la santé de mes amis que de la mienne. Alors voir Andrew dans cet état... Je tentais de le faire réagir, pensant que c'était la seule chose que je pouvais faire et la seule chose sensée à faire...

Et tout ce que j'obtins c'était des excuses, pas exactement ce que j'avais espéré... En même toutes les personnes proches de lui devait lui faire le même sermon alors pourquoi le mien aurait plus de poids que ceux des autres. C'était perdue d'avance...

Puis le jeune homme changea de sujet me donnant si j'allais bien. Il cherchait donc à m'occuper autrement pour que je le laisse tranquille, enfin ça c'est que je pensais. Je mis un sacré moment avant de reprendre, m'occupant des tasses de café de la veille et de celle de mon petit déjeuner que je plaçais sans ménagement dans le lave-vaisselle.

Et à vrai ça aurait été une personne que je connaissais moins qu’Andrew, je me serrais arranger à m’occuper faisant comprendre à la personne que je ne répondrais pas. Je soupirais me décidant enfin à répondre, arrangeant la vérité à ma guise, avant de me laver les mains et d’attraper l’essuie-main.

Mais le jeune cuisinier ne tarda pas à revenir à la charge, il semblait croulait sous ses problèmes pourquoi il voulait écouter les miens, et puis ce que j’avais ce n’était pas exceptionnel.

- Tu es sûre ? Tu sais, tu peux me parler si tu as besoin. C'est pas parce qu'il m'est arrivé toutes ces choses que je ne peux pas écouter les autres.

Je m’appuyais sur le rebord de l’évier avant de me tourner vers le jeune homme, ne voulant pas l’inquiéter je ne tardais pas à lui répondre bien qu’un peu réticente, je n’avais jamais aimé parler de mes soucis ayant toujours l’impression que ça faisait de moi quelqu’un de faible.

- Ce n’est rien de bien méchant.

Je m’avançais attrapant le verre qu’Andrew avait vidé, avant de retourner derrière l’évier de rincer les quelques traces du cachet qui restait au fond du verre avant de le poser à son tour dans la machine. Une fois fait je rejoignis le fauteuil sur lequel j’avais passé la nuit.

- Des fois j’ai l’impression d’étouffer, comme ça sans raison apparente, je me sens oppressée, je pensais que ça venait de l’appartement, mais même en réduisant le temps que j’y passe ça ne change rien.

Je posais mes mains sur mes genoux en m’installant en tailleur, passant pour le moment sous silence les cauchemars. J’avais pris rendez-vous chez un médecin qui ne m’avait rien trouver…

- J’ai vu un médecin il m’a dit que je n’avais rien donc…

Donc pas de raison de s’en faire, j’allais physiquement bien, je souris légèrement avant de reporter mon attention sur mon collègue.

Rose commença à répondre, au départ avec une simple petite phrase anodine, comme quoi ce qu'elle avait n'était pas si dramatique. Rien de bien méchant, comme elle disait. Mais Andrew tendait quand même l'oreille, au cas où. Son mal de tête persistait encore mais il n'avait pas perdu ses fonctions de confident. Rose était une jeune fille qui semblait vraiment très gentille, il n'avait donc aucun mal à discuter avec elle et surtout à l'écouter. Elle commença donc à se dévoiler un peu plus, à parler de ses problèmes. Tout le monde a des problèmes, même ceux qui ne semblent pas en avoir, en apparence. Chacun des habitants de la petite ville de Storybrooke avait son histoire, avec des bons comme des mauvais cotés - même si, à cause de la malédiction, les malheurs étaient beaucoup plus nombreux. D'ailleurs, le bonheur ne semblait pas être à porter de main. La preuve, Andrew commençait tout juste à être heureux lorsque soudain, ce drame s'était pointé sans prévenir. Rose avait peut-être des soucis, pas aussi grave mais qui méritaient d'être évacués par la parole.

La jeune femme disait avoir l'impression d'étouffer. Andrew avança un peu plus sur le canapé, attentif. Apparemment, son soucis n'était pas médical. Elle n'avait donc pas de problème au cœur, ni ailleurs. Psychologique ? « Peut-être que tu as besoin de faire le vide dans ta tête. Peut-être que ce n'est pas ce qui t'entoure qui t’oppresse mais ce que tu peux ressentir au fond de toi. » Le cuisinier parlait comme s'il était psychologue. Mais il comprenait ce que voulait dire Rose. En quelque sorte. Parfois, il avait l'impression de se sentir bloqué. Il avait aussi l'impression de ne pas pouvoir faire de choix de son propre chef. C'était comme si il n'était pas lui. Comme si... « Je vais peut-être te faire peur mais, ce que tu me dis, ton oppression... ça me fait penser à ce que j'ai pu ressentir il y a un petit moment. Je me sentais bien l'année dernière. Et il y a quelques mois, tout a changé. J'ai eu le sentiment de ne pas être à ma place ici. » Il haussa les épaules. Il ne savait pas s'il était crédible, surtout avec l'alcool qu'il avait bu la veille. « C'est comme si on avait eu une autre vie. Mais je te dis tout ça, alors que ce n'est peut-être pas ton problème. Mais bon, si les docteurs disent que tu n'as rien... tu as essayé de voir le docteur Hopper ? Il est vraiment très accueillant comme psychologue. » Lui-même devait aller voir Archie, depuis l'incident... mais il n'avait pas du tout suivi les conseils de cet homme qui l'avait interroger après le drame. Andrew pensait pouvoir faire face à ses problèmes sans l'aide de personne.

J'avais fini par parler de mes soucis à Andrew le regrettant presque puisque face à ses problèmes les miens étaient dérisoires... Et en insistant légèrement il avait eu droit à presque l'ensemble du problème...
Le jeune homme était vraiment attentif, comme je l'avais pu être quand il me parlait de ses propres soucis.

- Peut-être que tu as besoin de faire le vide dans ta tête. Peut-être que ce n'est pas ce qui t'entoure qui t’oppresse mais ce que tu peux ressentir au fond de toi.

J'étais à deux doigts de lui demander s'il était devenu l'assistant du docteur Hopper mais me ravisait aussitôt, comprenant parfaitement ce qu'il voulait dire, mais je n'étais pas en contradiction avec mes sentiments, je me sentais plutôt bien que je ne ressentais pas ça... Puis j'écoutais le jeune homme continué et je me redressais surprise par ces propos.

- Je vais peut-être te faire peur mais, ce que tu me dis, ton oppression... ça me fait penser à ce que j'ai pu ressentir il y a un petit moment. Je me sentais bien l'année dernière. Et il y a quelques mois, tout a changé. J'ai eu le sentiment de ne pas être à ma place ici. C'est comme si on avait eu une autre vie. Mais je te dis tout ça, alors que ce n'est peut-être pas ton problème. Mais bon, si les docteurs disent que tu n'as rien... tu as essayé de voir le docteur Hopper ? Il est vraiment très accueillant comme psychologue.

Son petit discours faisant directement écho à des rêves que je pouvais faire, de temps en temps je rêvais de bribes de conversation avec différents habitants de Storybrooke, nous portions de drôle de vêtements, et vivions dans de drôle d'endroit...

- Je fais un rêve, j'ai vraiment l'impression qu'il est réel, c'est la même scène qui se joue encore et encore... La même scène, les mêmes personnes, les mêmes détails à chaque fois... Je ne pense pas avoir besoin d'une thérapie du moins pas pour le moment...

Une deuxième vie... Cette théorie répondrait à pas mal de questions que je me posais, ces sensations de déjà-vu quand je rencontre certaines personnes, comme la sensation de les connaître alors que c'est faux... Pas mal de choses inexplicables c'était déroulé à Storybrooke à l'arrivée d'Emma Swan, comme l'horloge qui c'était miraculeusement remis en route...

- Tu as déjà eu cette sensation de déjà vu quand tu rencontre quelqu'un d'ici, même pour la première fois ?

Je m'assis plus confortablement dans mon fauteuil, regardant le jeune cuisinier, curieuse de savoir si ça lui était déjà arrivé ce genre de sensation, si j'étais la seule à ressentir ça ou si nous étions au moins deux ...

La discussion devenait très intéressante. Depuis quelques mois maintenant, Andrew avait certaines impressions, comme le fait d'avoir le sentiment de connaître des habitants de Storybrooke sans même leur avoir adressé la parole. Il n'avait jamais entendu parler d'eux non plus mais devinait quelques traits de leur caractère d'un simple regard. Bizarrerie ou simple instinct ? Le cuisinier s'était récemment intéressé aux histoires de vies antérieures et lisait de nombreux livres sur le sujet. C'était totalement absurde mais Andrew assumait sa curiosité irrationnelle. Il en avait même parlé à Sven, son meilleur ami, puis à Evelyn. Et voilà qu'il en parlait à Rose, sa collègue de travail, qui allait sûrement le prendre pour un garçon dérangé. Pourtant, cette dernière se lança dans le sujet. Elle commençait à se confier au sujet de drôles de rêves qu'elle faisait, ou plutôt un rêve récurant, qui se répétait sans cesse, avec les mêmes éléments. Ce détail ne manqua pas de faire réagir Andrew qui, lui aussi, faisait un rêve répétitif.

Ce fut encore plus troublant lorsque Rose commença à parler de cette impression de déjà-vu que ressentait le cuisinier concernant de parfaits inconnus qu'il avait la sensation de connaître. Il hocha alors la tête, ses yeux fixant ceux de Rose avec grande attention. « Oui, ça et les rêves. » Cette histoire était de plus en plus étrange. À moins que ce soit dans le quotidien de chaque humain que de trouver de petits détails loufoques comme ces impressions de déjà-vu et ces rêves étranges qui se répétaient. « J'en fais souvent aussi et chaque fois c'est la même scène. Chaque fois j'y retrouve ... » Jamie ? Il ne pouvait pas le dire. « ... la même personne. Et à chaque fois j'ai le sentiment que c'est réel, jusqu'à ce que je me réveille. Je n'ai pourtant encore jamais été avec cette personne. Pas comme dans mes rêves en tout cas. » Alors, comment expliquer le coté réel de ce rêve ? Il avait l'impression de sentir sa peau contre la sienne à chaque fois, comme s'il avait déjà été dans ses bras, alors qu'il ne l'avait jamais été entièrement. « Peut-être qu'on devrait prendre une consultation chez le docteur Hopper. » Andrew décida de rire un peu, puis, curieux, il se pencha un peu plus. « C'est quoi ton rêve récurant ? Si ce n'est pas indiscret ? »

Plus le temps passait et plus notre conversation prenait une tournure des plus intéressantes, je ne semblais plus être la seule à avoir ce genre de pressentiment étrange d'éternels déjà-vu... C'était absurde et ce genre de sensation me faisait douter, jusqu'à me demander si je n'étais pas en train de craquer psychologiquement....

- Oui, ça et les rêves.

Nous étions donc dans le même cas, ces sensations et ces rêves d'où ça pouvait bien venir ? Je voyais le jeune homme en face de moi attentif, hochant même la tête à la simple mention de ces impressions de déjà-vu...

- J'en fais souvent aussi et chaque fois c'est la même scène. Chaque fois j'y retrouve ... ... la même personne. Et à chaque fois j'ai le sentiment que c'est réel, jusqu'à ce que je me réveille. Je n'ai pourtant encore jamais été avec cette personne. Pas comme dans mes rêves en tout cas.

- Je comprends, c'est la même chose pour moi...

Cette personne ne semblait pas être Julianne vu ce qu'il avait été capable de dire la veille il aurait très bien pu prononcer son prénom, mais ce n'était pas ça qui m'importait mais le fait que le jeune homme connaisse la même expérience que j'avais vécue, l'impression que ces rêves sont plus des souvenirs que des rêves, mais ce n'était pas possible...

- Peut-être qu'on devrait prendre une consultation chez le docteur Hopper.

- Je ne préfère pas.

Je réprimais un rire, je préférais éviter d'en parler au docteur Hopper avec ma chance je finirais enfermé dans l'asile le plus proche... Il valait encore mieux se taire... C'était bien mieux comme ça, garder toutes ces choses et éviter d'en parler, ou bien prétendre que l'on blaguait... Puis le jeune homme ne tarda pas à reprendre la parole.

- C'est quoi ton rêve récurant ? Si ce n'est pas indiscret ?

- Et bien, c'est... Je suis en train de fuir à travers la forêt, sauf que je sais que dois m'arrêter, alors je ralentit ma course de plus en plus mais j'arrive quand même trop vite près d'un précipice, je glisse sauf que je ne tombe pas...

On avait beau être dans mon salon, la scène se déroulait une nouvelle fois dans ma tête, je me voyais courir dans cette robe qui semblait venir d'une autre époque, je n'ai aucune idée de ce que je fuis, mais je semble déterminé, jusqu'au précipice...

- Quand je relève la tête pour voir ce qui me retient, je vois une main la seule chose qui m’empêche de tomber, mais quand je relève un peu plus les yeux pour voir la personne qui est en train de me sauver, je me réveille... à chaque fois... Voilà...

Faire le rêve où l'on tombe sans tomber pouvait arriver à tout le monde mais ce n'était pas mon cas, on me rattrapait et je n'avais aucune idée de qui ça pouvait être... Je ne voyais que sa main, enfin ça c'était avant, depuis le cadeau que j'avais fait à Andrew, je voyais cette montre au poignet de mon sauveur, mais étrangement la force dont il faisait preuve ne ressemblait pas à Andrew...

- Au début ça s'arrêtait à quand je tombais, mais depuis quelque temps la scène semble se rallonger. Tu vas me prendre pour une folle si la main qui me rattrape porte la montre que je t'ai offerte ?

Andrew faisait ce rêve récurant où Jamie apparaissait dans cette cabane en bois et à chaque fois, tout semblait se dérouler exactement comme sur du papier à musique. Tout était structuré, aucun élément ne changeait. C'était comme se souvenir d'un évènement sans avoir le souvenir qu'il ait été réel par le passé. Andrew n'avait jamais été en couple avec le journaliste et pourtant, il avait parfois l'impression de connaître la sensation de ses lèvres contre les siennes. Son imagination devait être sacrément aiguisée pour qu'il puisse en arriver à ce point. Mais tout ceci avait forcément un sens logique, rationnel. Alors, à moins que le maire de la ville n'ait lavé le cerveau de tous ses habitants, Andrew cherchait une solution à ce drôle de phénomène.

Il écoutait l'histoire du rêve de Rose qui lui donna alors soudainement une petite idée. Peut-être que, dans leur subconscient, ils s'étaient formés des scènes réalistes avec des personnes dont-ils avaient envie d'être proches ? Andrew ne savait pas comment expliquer la présence de la montre que lui avait offerte Rose dans le rêve de celle-ci si ce n'était que leurs mémoires leur jouaient de sacrés tours. La jeune serveuse demanda même à son collègue de travail s'il ne la prenait pas pour une folle quant à cette histoire, ce à quoi le cuisinier hocha la tête de droite à gauche. « Non, t'en fais pas, je ne suis pas comme ça. » Il lui adressa un nouveau sourire rassurant et enchaîna. « Peut-être que notre imagination s'amuse à recréer des scènes qui n'existent pas, avec des éléments de notre quotidien. La montre, les protagonistes du rêve... » Après tout, Jamie était apparu dans son rêve quelques jours seulement après que ce dernier soit devenu un client régulier de chez Granny. « Avec tous les évènements récents qui surviennent dans la ville, je crois que notre psychisme en prend un coup. Je pense pas que nous soyons fous, loin de là, mais il y a forcément un lien avec tout ça. » Andrew se leva du canapé, pensant avoir assez profité de la générosité de Rose. Il n'allait pas rester chez elle éternellement, surtout qu'il avait besoin d'une bonne douche pour remettre ses idées en place. « J'ai quelques livres chez moi sur le sujet des impressions de déjà-vu et de vies antérieures. Ce ne sont pas des récits concrets mais ils parlent de la psychologie et des croyances, si ça peut t'intéresser. » Il haussa les épaules et soupira un bon coup, exténué. « Je te remercie encore pour ce que tu as fait hier soir, c'était généreux de ta part. »

Visiblement Andrew semblait comprendre mieux que personne ce qui m'arrivait puisque ça lui était arrivé aussi, soit nous étions bon à faire enfermer soit... soit quoi ? Soit on avait déjà vécu une première vie ? Le jeune homme était attentif, écoutant ce que je racontais alors que j'avais l'impression que rien de tout ça n'était logique... Tellement illogique que je mettais déjà demandé si je ne devenais pas folle...

- Non, t'en fais pas, je ne suis pas comme ça.

Je souris légèrement, il avait l'air vraiment sincère c'était déjà ça. Même si ça n'allait pas m'empêcher de me poser des questions... Puis le jeune cuisinier ne tarda pas à reprendre la parole.

- Peut-être que notre imagination s'amuse à recréer des scènes qui n'existent pas, avec des éléments de notre quotidien. La montre, les protagonistes du rêve... Avec tous les événements récents qui surviennent dans la ville, je crois que notre psychisme en prend un coup. Je pense pas que nous soyons fous, loin de là, mais il y a forcément un lien avec tout ça.

- J'espère bien, j'espère aussi que ce ne soit que passagers mais ça je n'y crois plus vraiment...

Je regardais le jeune homme se lever du canapé, jugeant qu'il était temps de partir, en même temps il devait avoir des tas de trucs à faire, tant qu'il ralentissait sur la cigarette et l'alcool ça ne me dérangeait pas. Le jeune homme reprit la parole.

- J'ai quelques livres chez moi sur le sujet des impressions de déjà-vu et de vies antérieures. Ce ne sont pas des récits concrets mais ils parlent de la psychologie et des croyances, si ça peut t'intéresser.

- Volontiers. Je trouverais peut être quelque chose.

Si jamais les livres d'Andrew pouvaient m'apporter une quelconque réponse je n'allais pas dire non, bien au contraire, bien que je doute d'y trouver une réponse, mais au moins ça me réconfortait de savoir que je n'étais pas la seule.

- Je te remercie encore pour ce que tu as fait hier soir, c'était généreux de ta part.

- C'est rien ne t'en fais pas, prends soin de toi Andrew.

Je lui souris je n'avais rien de prévu aujourd'hui et j'étais encore fatiguée de la veille, mon service au Granny's n'étant que ce soir j'avais encore pas mal de temps pour me remettre de mes émotions, c'était déjà ça.