Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : 15 Mars Ordre de passage des participants : Adrian - Pucky

Parfois, le destin semblait s'acharner sur Adrian. Aujourd'hui, sa jambe lui faisait mal. Sûrement à cause de la température qui changeait. Les temps chauds lui donnait la désagréable sensation d'avoir la jambe enflée. Il ne la sentait pas de toute façon. Elle ressemblait à un grand bloc de glace. Elle était aussi dure que froide. Alors, lorsque le printemps et l'été approchaient, le jeune homme vivait un calvaire. C'était une situation qu'il ne savait pas expliquer. Même le docteur Whale n'arrivait pas à mettre un nom sur son cas. Super. Et si encore sa jambe n'était qu'un détail...

Adrian n'était pas parvenu à trouver le sommeil la veille et ne s'était endormi qu'aux alentours de deux heures du matin - ce qui influençait fortement son humeur actuelle. L'école ? Il pouvait faire un trait dessus. Le jeune homme était persuadé que s'il restait enfermé dans une salle de classe, il s'endormirait en quelques minutes seulement. Ce qui lui était déjà arrivé, de nombreuses fois. Trop de fois... Un jour, le prof avait fait exprès de le laisser dans la salle de classe. Seulement, Adrian était un petit malin et s'était échappé par la fenêtre. Ne croyez pas que son handicap l’empêche de faire le singe. Le jeune homme s'est très bien entraîné, seul, à grimper un peu partout malgré sa jambe inerte. Il s'aidait parfois de son bâton, qui lui était très utile dans certaines occasions.

Pour se déplacer dans la forêt, Adrian n'avait pas beaucoup de mal. Déjà, il ne vivait pas très loin. Ensuite, il se débrouillait plutôt bien dans la nature. C'était son élément. Il s'était donc dirigé vers un petit ruisseau et se laissa tomber contre le sol, le dos contre un arbre. Il fixait quelques lapins qui passaient par là et qui se dirigeaient vers leur terrier. Puis, son regard se posa sur le ruisseau. Quelque chose l'attirait avec l'eau, sans qu'il ne sache réellement pourquoi. Ici, il se sentait plus que bien. Il se sentait visible, vivant et surtout lui-même. Mais un poids pesait dans son estomac, au creux de sa gorge. Il avait besoin de pleurer. Pour quelle raison ? La solitude, sûrement. Son seul ami était un homme qui avait l'âge d'être son père, mais qu'il considérait comme un grand-frère qu'il n'avait jamais eu. En fait, qui sait s'il en avait un ? Adrian n'avait pas de famille. Il laissa une larme lui échapper, puis une autre. Il fixait encore le ruisseau en pleurant en silence. La vie était injuste avec lui. Il y avait pire, bien-sûr, mais le jeune homme se donnait le droit de se plaindre de temps en temps. Il en avait le droit. Pourquoi le bonheur et la joie ne pouvait pas s'inviter à sa porte ? Un craquement le sortit de ses pensées. Il leva brusquement la tête, cherchant du regard une quelconque présence. « Qui est là ? »

Enfin, Adrian put voir un visage apparaître. C'était une jeune femme, apparemment photographe. Elle s'était aventurée jusqu'ici et venait d'être témoin de la crise de larmes silencieuse du jeune homme, qui se dépêchait d'essuyer ses joues humides, ses yeux. Il détestait pleurer en présence d'inconnus, c'était d'ailleurs pour cette raison qu'il était venu jusqu'ici, pour pouvoir se laisser aller sans que personne ne puisse le voir. Tant pis, au moins, elle n'était pas arrivée avec toute une armée de lutins avec elle. Oui, parce que la jeune femme disait être un lutin de la forêt. Adrian se contenta juste de froncer les sourcils, se demandant si l'inconnue le prenait pour un imbécile ou pour un grand gamin. Au final, elle reprit son sérieux pour se présenter convenablement. Emily Puck ? Jamais entendu parler. Adrian eut alors un rapport détaillé pour rattraper son ignorance. Il en avait appris plus sur la jeune femme en quelques secondes qu'il en aurait appris en cours de mathématique en une heure.

Adrian fut surpris que cette Emily décide de s'asseoir à coté de lui, comme s'ils s'étaient toujours connus et qu'elle venait le rejoindre pour lui tenir compagnie. Il ne savait pas trop quoi dire, quoi faire, observant simplement la jeune femme qui faisait de même avec lui. Ils avaient l'air de deux chats qui se jauger avec curiosité, attendant chacun de voir qui allait agir le premier envers l'autre. Adrian ne se décida pas à parler, rompant le contact visuel avec Emily pour s'occuper de deux insectes qui semblaient se battre en duel contre des cailloux. Lorsqu'il entendit la voix de la jeune femme à nouveau, il détourna le regard de la scène violente pour voir ce qu'elle lui proposait. Un cupcake ?! Adrian adorait les cupcakes ! Il n'osa pas prendre le gâteau immédiatement, toujours un peu remué par toute cette histoire de solitude et de mal-être. Le jeune homme ne voulait pas se montrer trop amical avec une parfaite inconnue, même s'il avait appris des tas d'informations sur elle. Enfin, Emily fut curieuse à son tour et demanda à savoir son prénom. Adrian prit le cupcake avec délicatesse, prêt à répondre. « Adrian. Merci... » Il mordit doucement sur le sommet du gâteau, dans le glaçage, et attendit un petit moment pour pouvoir reprendre la parole. « Vous faites souvent ça ? Venir vous asseoir à coté d'inconnus et leur donner des cupcakes, sans même savoir qui ils sont, ce qu'ils font ? » Il aurait pu être un délinquant psychopathe assoiffé de sang après tout.

Le garçon n'était pas habitué à la gentillesse et encore moins à la compagnie. Bien-sûr, il n'était pas totalement seul mais ses connaissances se tenaient sur les doigts d'une main. D'ailleurs, il n'avait pas le souvenir d'avoir d'amies filles dans son entourage, si on excluait Granny qui était particulièrement adorable avec lui - mais avec qui n'était-elle pas adorable ? En tout cas, Emily marquait beaucoup de points. Elle lui avait offert un cupcake, ce qui n'était pas rien ! Adrian s'en délectait, savourait, et son estomac lui en était reconnaissant. Il n'avait pas déjeuner ce matin, alors ce gâteau était le bienvenue. De plus, il était exquis. Même les insectes avaient fini par arrêter de se battre pour ramasser les miettes qui tombaient à terre.

En entendant la jeune femme dire qu'elle mangeait tous les cupcakes avant même de pouvoir en proposer à d'autres fit rire Adrian. Sans connaître Emily, il parvenait déjà à l'imaginer en train de s'enfiler toute une boîte de gâteaux en l'espace de quelques minutes. Comment la blâmer de toute façon ? Ces petites merveilles étaient délicieuses. Adrian avait d'ailleurs terminé son cupcake lorsque la jeune femme lui disait combien elle aimait découvrir de nouvelles personnes, persuadée que chaque être humain possédait sa part d'intrigue, comme dans un livre, et qu'il y avait toujours beaucoup à découvrir sur son prochain. Adrian était d'accord avec elle, en un sens. Même s'il n'arrivait pas à s'intégrer dans un groupe d'amis, même s'il n'arrivait pas à parler avec un camarade d'école, le jeune homme analysait beaucoup les gens autour de lui. Chacun avait sa propre histoire, chacun avait sa part d'ombre et de lumière qu'il était intéressant de découvrir. Cependant, malgré le fait qu'il soit d'accord avec Emily, Adrian affichait une drôle de tête. La jeune femme parlait beaucoup et semblait très à l'aise avec lui. Jamais encore personne n'avait pris la peine - mis à part Laszlo - de s'intéresser à sa personne.

Emily lui adressa un clin d’œil en riant et reprit son sujet de discussion. Elle se justifiait sur sa grande curiosité et sur sa présence ici. Adrian la laissa parler, amusé au fond de lui par la capacité de ce petit bout de femme à s'exprimer. Ce qui était sûr, c'est que son entourage ne devait pas s'ennuyer avec elle. Emily semblait être une femme pleine d'entrain et de joie de vivre, un très bon remède contre la déprime. En tout cas, elle venait d’égayer l'humeur du jeune Adrian qui se sentait beaucoup mieux. Il n'avait plus envie de pleurer sur son sort et ressentait une grande bouffée d'oxygène à coté d'Emily. Il ne savait comment l'expliquer, mais l'attitude bon enfant de la jeune femme lui plaisait - n'allait pas croire qu'il était en train de tomber amoureux d'elle, non non non ! Seulement, Adrian aimait les gens heureux. Allait savoir pourquoi, rencontrer une personne comme Emily lui procurait un bien-être exceptionnel. Il avait presque envie de se lever, la prendre par la main et courir dans l'herbe. Bon, il le ferait pas car il n'était pas dans un film, mais l'attitude positive de la jeune femme était contagieuse.

Bien vite, Emily se montra beaucoup plus curieuse et posa quelques questions à Adrian, qui avait presque oublié sa tristesse. Il haussa alors les épaules, prêt à se confier. Cette jeune femme avait réussi à le mettre tout de suite en confiance et il n'hésita pas à parler. « Ce qui me rend triste ? Sûrement le fait que je n'ai personne à qui parler ni avec qui passer de bons moments. Pourtant, j'adore m'amuser. Mais on dirait que les gens autour de moi ne me voient pas. Comme si j'étais... invisible. » Il haussa encore les épaules, ce qui allait finir par ressemblait à une manie. « Ce qui me rend heureux ? Beaucoup de petites choses en fait. Comme je vous l'ai dit, j'adore m'amuser, même si on me prend souvent pour un grand gamin. » Adrian soupira, heureux d'avoir dit ces quelques phrases. Pour une fois, quelqu'un voulait bien l'écouter - toujours en dehors de ce gros ours de Laszlo. Et c'était... rafraîchissant. Le jeune homme avait presque envie de rester en compagnie d'Emily pour le reste de la journée tant elle était agréable. Aucune hostilité se dégageait d'elle. Ce devait être un sacré numéro en tout cas. « Vous alliez prendre des photos des environs ? » Adrian avait remarqué l'appareil qu'elle portait autour du coup. Il était curieux de connaître sa réponse et qui sait, il pourrait lui tenir compagnie si elle en avait besoin.

Pourquoi se priver de s’amuser juste pour faire plaisir aux autres sous prétexte qu’il faut grandir, hein ? Cette phrase, Adrian se l'était de nombreuses fois répétée dans sa tête. Il fut d'ailleurs agréablement surpris de voir qu'il n'était pas le seul à la penser. Pourquoi les adultes repoussaient-ils tout le coté agréable de l'amusement ? Pourquoi pensaient-ils être tournés en ridicule pour oser profiter de la vie ? Car oui, Adrian pensait bien que se comporter comme l'égal d'un enfant lui permettait d'oublier les mauvais coté de son existence. Personne dans ce monde ne pouvait être pleinement heureux, mais fallait-il pour autant se laisser emporter par la tristesse et le chagrin ? Fallait-il se laisser envahir par le malheur et baisser les bras ? Non. Adrian était persuadé de pouvoir se rendre heureux lui-même. Il suffisait juste d'un peu de volonté et surtout, de beaucoup d'imagination. Cette dernière lui permettait de ne pas trop déprimer, même si, aujourd'hui, il avait fini par craquer. Il n'était pas non plus insensible et avait ces moments de doutes. Mais l'arrivée de la jeune femme avait totalement changé ses pensées et ses idées. Adrian ne voulait plus pleurnicher sur son sort, il était décidé à profiter de sa journée, au diable les ennuis !

Pour changer d'optique, il posa une question à Emily, histoire d'apprendre à la connaitre un peu plus. L'appareil photo l'intriguait. Il voulait connaître les intentions artistiques de la jeune femme qui l'avait rejoins et obtint rapidement sa réponse. Emily prenait effectivement des photos des environs et proposa à Adrian d'observer son travail. Il prit alors l'appareil photo entre ses mains mais laissa le libre arbitre à l'artiste pour montrer ses œuvres. Emily lui raconta quelques anecdotes amusantes, notamment comment elle avait réussi à capturer des instants de la vie des clients de chez Granny's. Adrian eut un petit rire en imaginant Marco convaincre Archie de se laisser prendre en photo. « Elles sont vraiment géniales. On peut dire que vous savez bien cerner la personnalité des gens. » Et ce don était extrêmement rare. Certaines personnes prenaient des photos pour obtenir des souvenirs, alors que les vrais photographes arrivaient à voir au delà . Ils pouvaient déceler les petites beautés de la nature ou de l'être humain en un seul clic. Emily semblait avoir cette belle capacité, avec ou sans appareil photo d'ailleurs.

Rapidement, elle proposa à Adrian de la suivre, comme un assistant, ce qui eut don d'illuminer le visage du jeune homme. Il avait totalement oublié sa peine et se voyait déjà partir à l'aventure. Puis, Emily n'avait peut-être pas tord. S'ils avaient assez de chance, ils pouvaient tomber sur un trésor. Et en terme de trésor, Adrian ne s'imaginait pas forcément une boîte remplie de pièces d'or, non. Il s'imaginait beaucoup plus, et il en fallait peu au jeune garçon pour qu'il n'attribut ce terme à n'importe quel objet s'il le jugeait nécessaire. Par exemple, il avait déjà mis la main sur un vieux bouquin, à un vide-grenier. Un véritable petit trésor littéraire, l'histoire de Peter Pan, qu'il gardait précieusement dans sa table de nuit et qu'il lisait de temps à autre, lorsque l'envie lui prenait. « Je suis partant ! Et je ne suis pas tellement timide. Pas pour ce qui est de servir de modèle en tout cas. » Adrian se leva du sol et prit sa canne, pour s'aider et pour ne pas tomber lamentablement sur le sol. « Vous connaissez des endroits secrets ici ? Enfin, des lieux qu'on ne voit pas habituellement ? Parce que j'adorerai découvrir des parties de Storybrooke que je ne connais pas. » Avec sa jambe folle, Adrian ne pouvait pas se permettre de partir seul à l'aventure. Autant dire que l'arrivée d'Emily eut le don de raviver son âme d'aventurier, au point que le garçon se sentait d'attaque pour cette petite mission photos improvisée.

À chaque fois qu'il était question d'amusement, Adrian se sentait revivre. Il était un peu comme un enfant dans une salle de classe qui entendait soudainement la sonnerie annonçant la récréation. Il laissait derrière lui son ennui, ses problèmes, et partait à l'aventure. Emily était sa récréation du jour. « Je ne sais pas si je suis très photogénique par contre. » Adrian était pâle. De grandes cernes soulignaient ses yeux clairs. Il ressemblait à un cadavre ambulant. « Je n'ai jamais été le modèle de qui que ce soit auparavant. Enfin, si. À l'école, il y a toujours les photos de classes. Mais généralement, elles sont horribles. Le photographe appuie sur le bouton sans prévenir et la moitié des élèves, moi y compris, affichent une drôle de tête. D'ailleurs, je crois pas avoir gardé une seule photo dans mes affaires. » En effet, les photos de classes avaient fini soit brûlées, soit au fond d'un conteneur d'ordures. Adrian n'aimait pas vraiment l'image qu'il reflétait. Peut-être que Emily pouvait arranger ce problème. « Je dis pas ça pour que tu ne me prennes pas en photo, hein. Mais, je ne sais pas vraiment ce que ça va donner. » Une vraie pipelette ce jeune homme.

L'aventure pouvait désormais commencer. Emily promettait d'être un guide particulièrement agréable à suivre et Adrian restait derrière elle, désireux d'entendre tout ce qu'elle avait à lui raconter sur la ville et ses secrets. Le jeune homme en était sûr et certain, Emily devait connaître beaucoup d'endroits que d'autres habitants ne soupçonneraient même pas. Peu d'entre eux se donnaient la peine de se rendre en forêt, comme s'ils avaient peur de se perdre. D'ailleurs, Adrian, qui avait l'habitude de se promener dans les bois, n'avait jamais croisé grand monde, à part Laszlo et Emily. Et en parlant de Laszlo, la photographe venait de le citer. Mais Adrian fut tellement happé par la suite de son histoire qu'il en oublia de dire qu'il était le colocataire du garde forestier. À la place, il laissait son imagination se mettre en marche. Des fées ? Des farfadets ? D'autres créatures magiques ? Il rêvait d'en rencontrer ! Malheureusement, Adrian savait bien que toutes ces histoires n'étaient que des légendes, mais il ne pouvait s'empêcher de les imaginer quand même, dans la forêt, en train de mener leurs petites vies à l'abri des regards curieux.

Les deux nouveaux amis arrivèrent rapidement devant un petit étang, qui semblait tout à fait banal au premier abord. Mais lorsque Emily lui donna un nom, l'étang-miroir, Adrian porta un regard nouveau sur le point d'eau. Il commençait alors à imaginer des créatures aquatiques occuper les lieux et sortir la nuit, lorsque personne ne risquait de s'aventurer trop près d'eux. Cette petite idée le fit sourire mais il sortit rapidement de ses pensées au moment où Emily lui proposa de s'essayer à la photographie. « Tu es sûre que tu veux me confier ton appareil ? » Adrian n'avait jamais pris de photo de sa vie. Il avait presque peur de faire n'importe quoi. Cependant, il prit l'objet dans ses mains, excité à l'idée de faire ses propres clichés. « J'ai un peu peur de le faire tomber. » Le jeune garçon eut un rire nerveux. Il avait l'air d'un enfant qui pouvait enfin jouer avec les appareils des grands. « Bon, je vais tenter une photo. Tu veux pas servir de modèle ? » Adrian était prêt à prendre sa première photo, concentré sur l'objectif. « Au moins, elle ne risque pas d'être entièrement gâchée. » Bon, là, il avait l'air de draguer, ce qui n'était pas du tout le cas. Cette simple idée le fit rougir. Emily ressemblait davantage à une grande sœur qu'à une fille avec qui il voulait avoir un rendez-vous amoureux... grande sœur ? D'où il sortait cette nouvelle idée ? Il ne connaissait même pas Emily. Pourtant, quelque part, Adrian avait la sensation de l'avoir connu bien avant aujourd'hui.