Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : 25 mars Ordre de passage des participants : Micah & Rosa

Les jours s’étaient écoulés, paisiblement. Je m’étais réveillé aux premières lueurs du jour après la fête organisée par Sam. Il m’avait fallu un certain temps pour rassembler les brides éparses de ma mémoire et retracer la soirée que j’avais vécue. Rosalyn. Son corps ne tarda pas à se dévoiler à ma conscience, occupant pour un temps toutes mes pensées. Mon collègue m’avait charrié, lorsque nous nous étions croisés le matin. Il ignorait totalement qui avait bien pu partager la chambre d’ami avec moi, et je n’avais pas l’intention de l’éclaircir sur ce point. La jeune femme s’était certainement éclipsée au milieu de la nuit. C’était bien la première fois qu’une femme osait me fausser compagnie. Ce n’était pas dans ce sens que marchait les choses d’ordinaire. J’étais loin d’être irrespectueux, et lorsque mes conquêtes en valaient la peine, je n’hésitais pas à me plier en quatre pour leur offrir le réveil le plus délicieux de leur vie. D’un autre côté, lorsqu’il était entendu que ce n’était qu’une partie de jambes en l’air sans perspective, je n’hésitai pas à renfiler mes affaires dès les hostilités terminées. Le coup que m’avait fait Rosa, en revanche, n’entrait dans aucune de ces deux classes. Malgré l’alcool que nous avions ingurgité, j’avais espéré que le réveil soit plus ravissant qu’il ne l’avait été. Mes bras s’étaient refermés, déçus, sur l’oreiller de la blonde, et j’avais profité une dernière fois de son parfum. C’était bien sûr la dernière chose à faire. Il n’y avait rien de mieux que les odeurs pour vous enchaîner le cœur.

Sa fragrance m’avait très rapidement obsédée les sens. Je n’arrivais plus à penser à autre chose. Et lorsque je l’avais recroisée au bar, ça avait été très difficile d’être confrontée à ce vestige de ce que nous avions partagé. Je n’eus cependant pas droit à plus, et plusieurs fois, je ne pus rien voir d’autre que son dos et ses boucles blondes, alors qu’elle me fuyait irrémédiablement. Je ne pensais pas avoir fait quoique ce soit de mal, et les manières de Rosa commencèrent à me mettre sur les nerfs. Je n’arrivais pas à comprendre sa réaction. Si elle regrettait, elle pouvait simplement me le dire en face, et je n’aurais pas cherché à lui soutirer davantage. Je n’étais en rien un maître chanteur, et forcer les femmes ne m’intéressait pas. Mais Rosalyn faisait preuve d’un manque de maturité effrayant en agissant tel qu’elle le faisait. Elle n’osait même pas me regarder en face, et s’empressait de filer lorsque j’avais le malheur d’arriver à proximité. J’aurais pu me contenter de cette situation, finir par m’y faire. Que perdais-je après tout ? Rosa et moi n’avions jamais été particulièrement proches jusqu’à quelques jours encore.

Mais je ne pouvais pas me satisfaire de son silence et de la distance qu’elle mettait entre nous. Je ne demandais rien, hormis une conversation et des explications. Si elle était capable de satisfaire ma curiosité, je n’avais pas l’intention d’insister. Mais il me fallait au moins cette ultime confrontation. En sortant du boulot ce soir-là, je l’avais suivi. Rosalyn n’habitait pas assez loin pour prendre sa voiture de toute évidence. J’avais le souvenir de l’avoir encore vu garée devant chez Sam en m’en allant l’autre jour, je ne savais pas si elle avait récupérée ou non finalement. Mais ça m’était égal. Je la suivais silencieusement, comme une ombre. J’attendis un instant devant son bâtiment, avant de m’y infiltrer à mon tour, et de rejoindre son appartement. Arrivé à la porte, je toquai brièvement. Il n’y avait pas un mouvement de l’autre côté de la paroi. J’insistai néanmoins. Je l’avais vu rentrer, aussi je ne doutai pas de sa présence. Son silence et son inactivité ne m’arrêterait pas. Au mieux, ça pouvait simplement m’inquiéter et m’inciter à employer la forcer pour entrer.

« C’est Micah. Je sais que tu es là Rosa. » J’inspirai péniblement, avant d’ajouter, le visage à quelques centimètres de sa porte : « Tu ne pourras pas m’éviter éternellement. » Ma voix était sans doute trop sombre pour inciter la jeune femme à ouvrir. Avec plus de douceur, je finissais par admettre : « Je t’ai promis de ne jamais te laisser, tu te souviens ? » Faire la conversation à une porte n’entrait pas exactement dans mes prévisions, mais si Rosalyn s’obstinait, je n’aurais pas le choix. Je lui exprimerais le fond de ma pensée ainsi, avant de la laisser dans sa stupidité.

Suite à la soirée chez Sam, j’avais tout fait pour éviter Micah et pour cause… enivrée par l’alcool, je m’étais jetée sur lui et une chose en entraînant une autre, nous avions fini par coucher ensemble. Je ne pouvais pas dire que je regrettais le moment, de ce que je m’en souvenais, je n’avais jamais rien connu de comparable, cependant je n’arrivais pas à imaginer la réaction de Micah, ce qu’il devait penser de moi. J’avais agit telle une fille facile, sans retenue, sans gêne et avec peu de principe, tout ce que je n’étais pas finalement, du moins je ne le pensais pas. Je ne savais pas vraiment ce que Micah penser de cette nuit là, ce qu’elle représentait pour lui et à vrai dire, je ne voulais pas le savoir. Lorsque l’on était au travail, je l’éviter du mieux que je pouvais, je m’arrangeais pour ne jamais être à ses côtés, encore moins seule. Embarrassée, je fuyais même son regard et lorsqu’il me semblait qu’il venait vers moi, je filais, prétextant du travail, un manque de temps ou qu’on venait de m’appeler pour aider, voix que j’étais la seule à entendre bien entendu ! Tout ceci était épuisant mais je me disais que Micah finirait par oublier, que ce n’était qu’une question de temps mais j’espérais ne pas être tombée trop bas dans son estime en me donnant à lui avec autant de facilité.

Je rentrais chez moi après le travail et une nouvelle soirée à avoir tout mis en œuvre pour éviter Micah. Je m’y étais rendue à pied, j’avais besoin de réfléchir depuis cette fameuse nuit – et peut-être aussi de me faire un peu culpabiliser – et la marche était un excellent moyen.
Epuisée, aussi bien moralement que physiquement, je fermais la porte de chez moi avec un soupire las. Je retirais mon manteau et mon écharpe que j’accrochais sur le porte manteau avec mon sac à main et je n’avais tellement pas la force de me préparer à manger que je pris un plat préparé dans mon réfrigérateur et le mettais au micro onde. Se faisant, je donnais à manger à mon chien, mes deux chats et mes oiseaux. J’eu à peine terminé qu’on toqua à la porte. Surprise qu’on vienne frapper chez moi à une telle heure, je regardais à travers le judas afin d’identifier la personne venant me rendre visite. Mes lèvres mimèrent un juron tandis que mes sourcils se froncèrent de désespoir : Micah était derrière ma porte. Que faisait-il là ? Je n’avais absolument pas l’envie et encore moins le courage de l’affronter ! Je décidais alors de ne faire aucun bruit, espérant qu’il pensait qu’il n’y avait personne, il finirait bien par partir non ? Il frappa une nouvelle fois et je retenais ma respiration, épiant une nouvelle fois par le trou prévu à cet effet dans ma porte espérant le voir tourner les talons. Quelle erreur…

« C’est Micah. Je sais que tu es là Rosa. »

Il bluffait, comment pouvait-il le savoir ? A moins qu’il m’ait vu entrer dans l’immeuble ? Réfléchissant à ce que je devais faire il ajouta : « Tu ne pourras pas m’éviter éternellement. » Il avait raison ! Mais le ton qu’il avait employé ne me donnait pas vraiment envie de lui ouvrir. M’en voulait-il d’avoir profité de son enivrement ou était-ce mon comportement récent qui l’énervait ? Quoi qu’il en fut, l’affrontement ne me disait vraiment rien, même si je l’avais bien mérité en y pensant.

« Je t’ai promis de ne jamais te laisser, tu te souviens ? »

Adossée contre ma porte, je fermais péniblement les yeux. Je m’en souvenais maintenant qu’il le rappelait à mon esprit et ses paroles me semblaient être tellement belles que mon cœur se gonfla. Je n’avais finalement pas d’autre choix s’offrant à moi. Avec une grande inspiration pour me donner du courage, je me tournais vers la porte et la déverrouiller avant d’en tourner la poignet. Je l’ouvris doucement, comme avec une certaine prudence et lorsqu’elle laissa apparaître Micah, je ne le regardais pas immédiatement dans les yeux mettant un certain temps… celui de prendre mon courage à deux mains.

« Bonsoir… » Murmurais-je comme une gamine intimidée. « Je ne pensais pas que tu viendrais jusqu’ici. » Mon chien arriva derrière moi, grognant en lorgnant Micah. Cela me paru étrange car il était plutôt doux comme animal mais il avait peut-être ressenti mon stresse et imaginé que quelque chose n’allait pas. Je lui intimer de se calmer et l’envoyé se coucher à son panier. Plutôt obéissant, il resta quelques secondes à regarder Micah comme s’il cherchait à faire passer un message que lui seul pouvait comprendre et s’en alla. Mon attention se reporta alors sur le brun, levant une main vers l’intérieur de mon appartement, je l’invitais à entrer.

« Tu ne vas pas rester sur le pas de la porte ? » J’avais peur de ce qui allait se dire une fois la porte refermée mais je ne voulais pas non plus avoir une discussion dont le ton pouvait monter dans mon couloir et étaler ma vie priver aux oreilles de mes voisins, surtout pas ce genre de chose !
Une fois tous deux à l’intérieur et la porte fermée, j’essayais de faire comme si de rien n’était, comme si tout était naturel même si mon ton était un peu hésitant. « Installe-toi, je t’en prie. » Lui dis-je en lui montrant le canapé. « Tu veux boire quelque chose ? » Pour ma part j’aurai bien eu besoin d’une bière ou de quelque chose de plus fort mais il fallait voir ce qu’il s’était passé la dernière fois que je m’étais laissée aller avec l’alcool…

Quelques secondes s’écoulèrent à nouveau. Rosalyn ne semblait pas disposée à m’ouvrir. Je soupirai en passant une main distraite dans mes cheveux, et au moment où j’allais renoncer, je perçus le cliquetis familier d’un verrou que l’on retirait. Ma conscience se raccrocha à la porte qui s’ouvrit, avant que mes yeux n’aient le loisir de détailler la jeune femme. Elle mit un certain temps à lever ses prunelles claires sur moi, mais je n’eus pas le cœur à le lui reprocher. L’avoir à nouveau sous les yeux, et si proche, c’était déjà une victoire en soit. Ne restait plus désormais qu’à extirper de ses pensées les raisons qui la poussaient à me fuir et, encore maintenant, à prendre cet air si distant. « Bonsoir… » Ce fut à peine un murmure. Je tâchai de sourire, même si je n’arrivais pas à mettre sur mes lèvres le moindre soupçon d’affection. « Je ne pensais pas que tu viendrais jusqu’ici. » J’eus un rire sans joie. Dans la mesure où la coincer chez elle semblait être le seul moyen de parvenir à avoir une conversation avec elle, je n’avais guère eu d’autre choix. Je me gardai cependant de lui confesser cette terrible réalité, n’ayant pas l’intention de jeter de l’huile sur le feu dès les premiers mots. Une présence se dessina rapidement aux côtés de la jeune femme, et mon regard tomba, étonné, sur le chien qui grognait déjà. Sans doute n’aimait-il pas les intrus. Mais il ne désobéit pas à sa maîtresse lorsqu'elle lui intima de retourner à son panier.

« Tu ne vas pas rester sur le pas de la porte ? » Son geste avait devancé ses mots, et j’opinai brièvement du chef pour accepter son invitation à entrer. Une fois à l’intérieur, je laissai un instant mon regard envelopper la pièce, avant de me tourner vers Rosa, qui venait juste de refermer derrière nous. Je doutais qu’il y ait le moindre signe à découvrir dans ces marques de politesse, néanmoins je souris lorsqu’elle ajouta : Installe-toi, je t’en prie. » Suivant ses indications, je fis un pas jusqu’au canapé et m’y installai sereinement. « Tu veux boire quelque chose ? » Mon visage répondit pour moi, mais je pris tout de même la peine de préciser : « C’est gentil, mais mieux vaut que nous ayons les idées claires cette fois-ci. » Je me redressai légèrement, attrapant du regard les prunelles de Rosalyn. Je n’avais pas l’intention d’y aller par quatre chemin, aussi étais-je susceptible de la prendre au dépourvu en énonçant : « Je ne vais pas t’embêter longtemps. J’aimerais juste comprendre pourquoi tu m’évites. » J’arquai un sourcil, avant d’ajouter avec un naturel effarant : « J’avais pourtant l’impression que tu avais apprécié la soirée que nous avions passés ensemble. » Le coin de mes lèvres se souleva, et je réalisai trop tard le mordant de ma remarque.

Remarquant que ma collègue ne s’était toujours pas installée, sans doute parce qu’elle craignait d’instaurer la moindre proximité entre nous, je tendis la main et réussis à attraper son poignet. D’une pression, je la rapprochais, tout en levant un regard sincère sur elle. « Je ne voulais pas t’effrayer ou te donner une piètre image de moi. » Mes mâchoires se crispèrent, tandis que je tentai toujours aussi péniblement de comprendre les motivations de la jeune femme. Mes sourcils se froncèrent, j’attirai encore davantage Rosa vers moi, ce qui me permit de poser ma seconde main sur sa jambe. « Dis-moi ce qui t’effraie, Rosa. » Un sourire fin s’immisça sur mes lèvres, tandis qu’un éclat farouche raffermit mon regard. « Je ne peux pas juste te laisser m’échapper. » Mes paroles avaient dépassé ma pensée. Je ne présumais pas que la blonde m’appartenait, je ne voulais simplement pas la perdre. Cette idée s’était ancrée en moi dès l’instant où mon regard s’était à nouveau posé sur elle, et il m’avait simplement fallu un certain temps pour l’assimiler et la transposer dans des mots.

Je n’étais pas très à l’aise, sachant que ce qu’il s’était passé entre nous allait venir sur tapis et de ce fait, je me sentais maladroite. Lorsque je lui proposais quelque chose à boire par exemple, j’aurais pu préciser que j’avais du jus d’orange ou autre boisson non alcoolisée au lieu de tendre une immense perche. « C’est gentil, mais mieux vaut que nous ayons les idées claires cette fois-ci. » J’étais d’accord avec ce fait, mais l’entendre comme si l’idée ne m’avait pas effleuré avait quelque chose de dérangeant. J’avais l’impression de renvoyer l’image d’une fille n’ayant rien dans la tête, mais cette sensation ne dura pas longtemps car Micah avait la ferme intention de lancer la discussion tant redoutée sans même attendre.

« Je ne vais pas t’embêter longtemps. J’aimerais juste comprendre pourquoi tu m’évites. » Pourquoi ? Cela ne paraissait pas évidant ? « J’avais pourtant l’impression que tu avais apprécié la soirée que nous avions passés ensemble. » Le rouge me monta aux joues, j’étais certaine d’être même écarlate ! Je voulais bredouiller quelque chose mais cela m’en fut impossible, j’étais tellement gênée que j’en étais presque paralysée.

Micah me sortit de ma torpeur en attrapant mon poignet et en me forçant à me rapprocher quelque peu de lui. Le regard qu’il leva vers moi était sincère et touchant, et j’ignorai ce qu’il allait me dire, en tout cas je ne pensais pas à ce qui allait venir. « Je ne voulais pas t’effrayer ou te donner une piètre image de moi. » Mon visage afficha clairement ma surprise. « M’effrayer ? pourquoi tu pense ça ? » Je ne comprenais pas ce qu’il disait. Jamais il ne m’avait fait peur et j’étais loin d’avoir une mauvaise image de lui ! C’était plutôt lui qui devait penser ça de moi.

D’une pression, Micah m’approcha un peu plus de lui et posa une main sur ma jambe. Un frisson me parcouru, ce simple touché me ramenant aux caresses qu’il avait pu infliger à mon corps. « Dis-moi ce qui t’effraie, Rosa. » J’ouvris la bouche, puis la refermais aussitôt. Ce qui m’effrayait ? Je pensais avoir la réponse mais la révéler était-il nécessaire ? « Je ne peux pas juste te laisser m’échapper. » Mon visage se pencha sur le côté tandis qu’une expression attendrit m’échappa. « Oh Micah… » Je m’asseyais finalement à ses côtés. Les choses qu’ils me disaient me touchaient, je me devais alors de lui donner une explication mais avant j’avais une question qui me brûlait les lèvres : « Tu ne m’en veux pas d’avoir provoqué tout ça alors ? Tu ne trouves pas que je suis une fille… facile ? » je lui faisais enfin part de ce qui m’avait préoccupé depuis cette soirée et même si j’avais peur de ses réponses, j’avais l’impression de me libérer d’un poids en les lui confiant. « Je ne fais jamais ça d’habitude, ce n’est pas mon genre. » J’eu un sourire amer avant de continuer. « J’imagine que c’est le genre de chose que dit une fille légère pour se justifier. »

Je posais une main sur sa joue, mon regard se faisant plus triste car ce que j’allais lui dire n’était ni facile à exprimer et peut-être pas à entendre non plus. « J’adorais être amie avec toi Micah, tu es quelqu’un de bien et j’aime passer du temps avec toi, mais je ne peux pas être plus proche de toi. » Après ce que j’avais vécu avec Desmund, je ne me sentais pas prête à commencer une nouvelle relation, je n’en avais pas l’envie non plus même si Micah me semblait complètement différent de Desmund et que j’avais l’impression qu’il ne me traiterait pas de la même manière, mais d’un autre côté, je n’avais pas imaginé que Desmund me ferait un coup pareil non plus.

« M’effrayer ? pourquoi tu pense ça ? » Elle paraissait réellement surprise. Son comportement des derniers jours me poussait à l’imaginer effrayée. Mais face à sa réaction actuelle, je commençais à douter de l’innocence de Rosalyn. Peut-être n’était-elle qu’une fille ordinaire, capable d’enchaîner les aventures sans chercher à les approfondir, et sans le moindre état d’âme. Ce constat me perturba, mais je n’en rapprochai pas moins la jeune femme de moi, tout en continuant sur ma lancée. J’en lâchais même plus que je n’avais l’intention de lui en révéler. Son regard se fit moins crispé, et son visage plus doux. « Oh Micah… » Elle vint finalement s’assoir à mes côtés, et je suivis son parcours du regard, jusqu’à me tourner parfaitement vers elle lorsqu’elle fut installée. Je n’avais pas réussi à me résoudre à lâcher sa main.

« Tu ne m’en veux pas d’avoir provoqué tout ça alors ? Tu ne trouves pas que je suis une fille… facile ? » Mon visage se crispa l’espace d’un instant, avant qu’un sourire fin ne se dessine sur mes lèvres. Son ton était léger, et son visage paraissait confondu alors qu’elle s’exprimait. Rosa me touchait d’une façon inédite. Personne n’avait réussi à m’accrocher à ce point le regard et le cœur. Je n’étais pas des plus simples à attendrir, pour la simple et bonne raison que je fuyais les relations sociales trop poussées, trop responsabilisantes. Les seules que je sois capable d’assumer s’arrêtaient à ma famille proche. D’ailleurs, jusque-là, aucune femme n’avait été capable de me toucher, en dehors de Lexie. Que diable y’avait-il en Rosalyn qui me rende si fébrile ? « Je ne fais jamais ça d’habitude, ce n’est pas mon genre. » Son amertume ne fit qu’accroitre davantage ma tendresse pour elle. « J’imagine que c’est le genre de chose que dit une fille légère pour se justifier. » Un sourire amusé remplaça celui, fin et impliqué, qui flottait jusque-là sur mes lèvres. Je n’avais jamais pensé de Rosa qu’elle était une fille facile depuis ce soir là. Ca aurait été franchement audacieux et cruel de lui reprocher une telle chose après avoir profité de son état d’ivresse. S’il y avait réellement quelqu’un à blâmer et à juger dans cette histoire, c’était moi, et non Rosalyn. A vrai dire, la seule chose pour laquelle je pouvais lui en vouloir, c’était de m’avoir d’emblée tourné le dos, sans me parler de ce qui la troublait. Car il n’y avait pas à réfléchir davantage sur les motifs de sa fuite. Elle s’en voulait d’avoir flanché, et de s’être si facilement abandonnée à moi.

Ses doigts contre ma joue coupèrent court à mes réflexions. L’éclat dans ses prunelles m’inquiéta, laissant mon propre regard s’assombrir. « J’adorais être amie avec toi Micah, tu es quelqu’un de bien et j’aime passer du temps avec toi, mais je ne peux pas être plus proche de toi. » Mes sourcils se soulevèrent brièvement, tandis que ma main vint recouvrir la sienne, posée sur ma joue. Le coin de mes lèvres s'étira distraitement, tandis que je tâchai d’accrocher de mes prunelles claires celles de la jeune femme. « Ecoutes, Rosa, si tu te bloques à cause de cette frayeur de passer pour une fille facile, je préfère te rassurer. Nous n’avons rien fait que des adultes consentants et alcoolisés aient à se reprocher. » Je déliai mes doigts de sa main que je n’avais pas quitté durant tout le début de la conversation, pour les placer dans sa nuque. Ses boucles blondes sous mon touché me rappelèrent un instant égaré. « Je te respecte et je respecte ton choix. » Mes prunelles paraissaient abattues et mon sourire bien triste lorsque j’ajoutai cela. Je pouvais parfaitement me mettre à sa place, car j’avais souvent annoncé ce genre d’impossibilité à des femmes tombées sous mon charme. Et je comprenais parfaitement, à bien y réfléchir, sa volonté de mettre derrière elle le moment que nous avions partagés. Mais ma compréhension ne me permettait pas pour autant de la laisser se fourvoyer. Contrairement à elle, je n’essayais pas de fuir ou de me voiler la face. Si je ne l’avais suivi que pour avoir des réponses, et une explication concrète, il m’était désormais évident que ça n’était pas tout. J’entrevoyais plus qu’une histoire d’un soir avec Rosalyn, et je n’allais pas la laisser se draper dans ses habitudes pour la laisser me repousser.

Je rapprochai sensiblement mon visage du sien, presque sans y faire attention. « Tu te voiles la face si tu penses que nous pouvons être simplement amis. » La déception ou la tristesse n’avaient plus la moindre emprise sur mon visage. Je pressai davantage sa nuque, la forçant à se rapprocher de moi. Mes lèvres s’étirèrent, fières et confiantes. « Nous ne l’étions pas avant, et nous ne le serons pas plus après avoir couché ensemble. » J'en étais arrivé à frôler de mes lèvres celles de la jeune femme, et je n’eus pas le moindre remord à jouer avec cette proximité électrique. « Tu ne pourras pas effacer ce que nous avons partagé. » Mes prunelles fondirent dans les siennes. « Je ne te laisserais pas faire. » Et je l’embrassai, doucement, tendrement, mes lèvres retrouvant enfin l’échange dans lequel elles s’étaient abandonnées avec ferveur.

Je ne voulais pas le blesser, d’autant que je me souvenais plus ou moins lui avoir fait quelques déclarations durant notre étreinte… du genre que je voulais qu’il reste près de moi ou que je ne voudrais jamais m’éloigner de lui. Je crois que je le pensais réellement lorsque ces mots avaient quittaient ma bouche et encore aujourd’hui, au fond de moi, j’avais envie d’être près de lui. Micah avait une étrange influence sur moi, jusque là, alors que nous n’étions que de simples connaissances de travail, que nous ne nous parlions presque pas, je ne l’avais pas réalisé mais depuis ce fameux matin où il était entré dans la boutique de fleurs, les choses avaient changé. Comme si nous nous connaissions depuis longtemps, comme si sa présence m’était presque indispensable. C’était étrange comme sensation et je n’y trouvais pas d’explication. Je ne pouvais bien évidemment pas lui dire tout ça, je n’allais pas en rajouter une couche alors que je venais de lui annoncer que je pouvais pas être plus que son amie. J’avais peur qu’il prenne mal la chose, je ne savais pas comment il allait réagir mais il le fit plutôt bien, posa sa main sur la mienne et accrochant mon regard sans une once de reproche.

« Ecoutes, Rosa, si tu te bloques à cause de cette frayeur de passer pour une fille facile, je préfère te rassurer. Nous n’avons rien fait que des adultes consentants et alcoolisés aient à se reprocher. »

Il avait raison, mais j’avais eu peur de la vision qu’il avait pu avoir de moi après cela, mais il semblait que je m’étais inquiétée pour rien. Sa main vint se caler sur ma nuque dans une caresse légère et il enchaîna : « Je te respecte et je respecte ton choix. » Décidément, Micah était vraiment quelqu’un de bien. Combien d’hommes auraient accepté un refus après cette nuit là ? Combien auraient été vexés et se seraient énervés ne supportant pas de voir leur ego écorché ? Lui, il acceptait les choses, mes choix, même si je pu lire la tristesse dans ses yeux et que cela m’enserra le cœur. Si je n’avais pas connu Desmund, si je n’avais pas eu cette triste expérience, j’aurai sauté dans les bras de Micah sans retenue. Mais voilà les choses n’étaient pas si faciles et j’étais encore blessée, et je n’avais pas envie de me replonger dans une histoire même si Micah en valait la peine. Je ne voulais pas non plus le bannir de ma vie, je désirais le garder auprès de moi, comme ami, cela me suffirait du moins pour le moment…

Mais malgré sa compréhension, je vis le visage de Micah se rapprocher du mien. Je tentais de ne pas bouger, il disait qu’il respectait mes choix, il n’allait rien faire contre donc. Je n’allais pas avoir un mouvement de recule lui laissant croire que je ne lui faisais pas confiance.

« Tu te voiles la face si tu penses que nous pouvons être simplement amis. » J’haussais un sourcil, interrogative. Il ne voulait pas que nous soyons amis ? Finalement, il préférait ne rien avoir si il ne pouvait pas m’avoir de la manière qu’il le désirait ? Je me posais pas mal de questions mais la pression qu’il exerça sur ma nuque, nous rapprochant un peu plus et son sourire assuré en firent naître un millier d’autres.

« Nous ne l’étions pas avant, et nous ne le serons pas plus après avoir couché ensemble. » Son souffle contre mes lèvres me laissèrent complètement muette. « Tu ne pourras pas effacer ce que nous avons partagé. Je ne te laisserais pas faire. » Sans que je ne puisse faire quoi que se soit, ses lèvres trouvèrent les miennes avec un naturel extraordinaire. Et je me perdis dans ce baiser, posant mes mains sur ses joues, laissant le baiser s’approfondir, en profitant tout simplement, m’abandonnant à lui comme je l’avais déjà fait. Erreur.

Mes mains descendirent jusqu’à ses épaules et je le repoussais plus ou moi doucement, mettant fin au baiser, je me levais du canapé, passant une main dans mes cheveux et tournant en rond.

« Non, ce n’est pas bien, on ne doit pas. » Je n’arrêtais pas de tourner sans but précis, répétant dans un murmure mon refus. « Tu ne comprends pas. Je sors d’une relation… compliquée. Je ne veux pas en entamer une nouvelle, je suis désolée, mais pour le moment je ne m’en sens pas capable. » Je tentais de me calmer, m’asseyant cette fois dans le fauteuil afin de garder une certaine distance avec l’homme qui me faisait tourner la tête. « Ecoutes, je ne veux pas effacer ce qu’il s’est passé entre nous, c’était… enfin je ne le regrette pas tu vois, mais c’est fini. Et si tu ne veux pas être mon ami parce que je refuse d’être plus pour toi, c’est que tu ne m’apprécie pas autant ça finalement. » J’étais plutôt triste d’avoir à énoncer ce fait, mais comment le voir autrement ?

Le baiser fut d’une étonnante tendresse. Le contact de mes lèvres contre celles de Rosa fit remonter un frisson le long de ma colonne, et mon torse se souleva lorsque ses mains encadrèrent mon visage. Une fois de plus, j’étais étonné par ce que Rosa me faisait découvrir. Je n’avais pas eu l’intention de la revendiquer en m’invitant chez elle, tout comme je n’avais pas eu l’intention de laisser mon cœur flancher en instiguant ce baiser. Pourtant je ne pus que sentir mon cœur se gonfler, et une généreuse chaleur prit possession de chaque fibre de mon corps. Rosa était tout ce dont j’avais besoin sur le moment. Je ne pris pas la peine de laisser mon esprit vagabonder, ça n’était pas nécessaire. Ma main se resserra sur sa nuque. J’avais sous les doigts et sur les lèvres tout ce que je pouvais espérer.

Mais l’échange fut interrompu. Les mains de Rosalyn, que j’avais à peine senties se déplacer, me repoussèrent brusquement. Je n’eus pas le loisir de la retenir qu’elle se levait déjà du canapé. La sentir m’échapper ainsi après un moment si délicieux était extrêmement frustrant. Je levai mon regard le plus sombre sur elle, arquant un sourcil avant d’entendre ce qu’elle avait à dire. « Non, ce n’est pas bien, on ne doit pas. » Elle arrêta aussi brusquement de tourner en rond qu’elle n’avait commencé. Mes lèvres se crispèrent, ma mâchoire se serra, et mes sourcils se froncèrent. Je n’aimais pas du tout son ton, et encore moins ses paroles. J’étais également assez agacé de voir que mon baiser n’avait rien enlevé à sa détermination. Aurais-je du mêler ma langue à la sienne ? « Tu ne comprends pas. Je sors d’une relation… compliquée. Je ne veux pas en entamer une nouvelle, je suis désolée, mais pour le moment je ne m’en sens pas capable. » Il n’y avait pas d’argument plus imparable. J’aurais pu douter de n’importe qui, mais je n’avais pas l’intention de mettre en doute l’honnêteté de la jeune femme. Mon visage se détendit légèrement, mais mon expression restait sombre. Je n’aimais pas la tournure que prenait les évènements.

Rosalyn trouva le moyen de s’installer dans un fauteuil suffisamment en retrait du canapé où je me trouvais. Mes bras se croisèrent sur mon torse, tandis que je ne quittai pas la blonde de mon regard impliqué. « Ecoutes, je ne veux pas effacer ce qu’il s’est passé entre nous, c’était… enfin je ne le regrette pas tu vois, mais c’est fini. » Son refus me tomba droit sur le cœur, et mon estomac se serra de dépit. Elle ne semblait pas prête à faire la moindre concession. « Et si tu ne veux pas être mon ami parce que je refuse d’être plus pour toi, c’est que tu ne m’apprécie pas autant que ça finalement. » Mes lèvres tremblèrent, et mon regard se fit plus fin, plus tranchant également. Mes mâchoires s’étaient à nouveau crispées, et ma langue claqua contre mon palais avant que je ne puisse m’exprimer : « N’inverse pas les rôles, s’il te plait. » Je me redressais légèrement, et mon regard devint plus noir que jamais. « C’est toi qui me repousse, tu es la seule à ne pas apprécier l’autre « autant que ça finalement ». » J’avais fait mine d’imiter son petit ton courroucé, en agitant la tête au passage, pour lui prouver le ridicule de ses termes. Quel âge avait-elle pour encore avancer ce type d’argument ?

Je me levai du canapé, pour m’avancer vers elle. Je ne fis cependant pas l’erreur de l’approcher trop prêt. Je n’avais aucune intention de la laisser me troubler en entendant moi-même la perturber. Je me postai donc bien droit devant elle, les bras croisés, la surplombant tout naturellement. « Alors ne m’accuses pas de ne pas vouloir être ton ami. Ce n’est pas que je ne veux pas, c’est que je ne peux pas. » Mes sourcils se soulevèrent légèrement, et mes prunelles se firent moins vindicatives. « Que tu l’admettes ou non, nous avons déjà dépassé le stade de l’amitié, et je ne pourrais pas m’en contenter. » Je me penchais vers elle, posant les mains sur ses accoudoirs avant de m’accroupir. Cette fois, c’est elle qui me dominait, et je la laissais faire volontairement. Je levai un regard confiant vers la jeune femme, posant une main légère sous son menton. « Mais je n’insisterais pas, si tu n’as pas encore tourné la page. » Je capturai définitivement son regard, et ma voix avait retrouvé toute la douceur qu’elle affichait précédemment lorsque j’ajoutai : « Je suis désolé que nous ne soyons pas sur la même longueur d’onde. Mais je ne te lâcherais pas pour autant. » Dans une caresse, je retirai mes doigts de son menton et, dans un dernier sourire, je me redressai.

« N’inverse pas les rôles, s’il te plait. »

Il ne semblait pas content du tout. Sa mine était sombre et il ne paraissait plus aussi compréhensif que quelques instants plus tôt. Je m’en voulais de lui faire ressentir cela mais je ne comprenais pas ce qu’il cherchait à me dire. Comment ça j’inversais les rôles ? Quels rôles ? Le regard noir, il m’éclaira un peu : « C’est toi qui me repousse, tu es la seule à ne pas apprécier l’autre « autant que ça finalement ». » Ma bouche s’ouvrit s’harmonisant avec le reste de mon visage dans une expression presque outrée. Il se moquait clairement de moi, de ce que je lui avais dit ! Je me sentie blessée mais aussi énervée. Je ne pensais que Micah pouvait réagir de cette manière.

J’étais complètement fermée lorsqu’il se leva du canapé et se rapprocha de moi. Je ne fus nullement impressionnée par le fait qu’il puisse me dominer de sa hauteur même si sa posture et son regard avaient de quoi en intimider plus d’un. « Alors ne m’accuses pas de ne pas vouloir être ton ami. Ce n’est pas que je ne veux pas, c’est que je ne peux pas. » Et pourquoi ne pouvait-il pas ? s’il aimait vraiment être avec moi, il aurait du l’accepter. « Que tu l’admettes ou non, nous avons déjà dépassé le stade de l’amitié, et je ne pourrais pas m’en contenter. » Non, nous ne l’avions pas dépassé car nous l’avions à peine effleuré. Nous avions sauté une étape, nous ne l’avion pas dépassé ! Voilà la façon dont moi je voyais les choses mais je ne pu le lui dire car il s’était agenouillé et levait un regard trop confiant vers moi pour qu’il ne me perturbe pas. « Mais je n’insisterais pas, si tu n’as pas encore tourné la page. » Je ne comprenais plus grand-chose. Il ne comprenait pas mes arguments mais les comprenait un peu tout de même ? C’était confus, tant que je n’arrivais pas à mettre une logique dans tout cela. « Je suis désolé que nous ne soyons pas sur la même longueur d’onde. Mais je ne te lâcherais pas pour autant. » Sa détermination semblait sans faille, mais entre ce qu’il disait et ce qu’il ferait, il y aurait peut-être une différence…

Je me redressais à mon tour mais avec plus de force que lui, agacée et avec pas mal de choses sur le cœur à lui dire. « Ce n’est pas parce qu’on a couché ensemble qu’on ne peut pas être amis ! On se connaît à peine finalement et si ce que tu appréciais chez moi c’était juste ‘ça’ ?! Si je te proposais une amitié avec extra, tu l’accepterais ? Sérieusement Micah, je ne t’ai jamais vu avec la même fille plus d’une soirée, c’est qu’il y a une raison non ? Tu n’as pas envie de te ranger, j’imagine et c’est ton droit. Mais moi si je te propose une amitié c’est parce que je pense que ça pourrait déboucher sur quelque chose avec le temps. J’aime ta présence, ton rire, ta façon d’être sarcastique parfois, ta manière de faire fit de ce que le monde peut bien penser de toi. J’aime ta franchise, le fait que tu ne m’as jamais traité comme la fille de ton patron, j’aime être avec toi ! Quand tu es là j’ai l’impression d’être complète, comme si ta présence comblait un vide en moi, un vide que je ne pensais même pas avoir jusque là ! Et… » Je m’arrêtais soudainement, rougissante. Qu’est-ce que je venais de dire ? Je venais de lui révéler un peu trop de chose et je m’en sentais gênée. Je m’étais laissée emporter et voilà où j’en étais… Pourtant je ne me taisais pas, comme j’étais partie autant aller jusqu’au bout. Ce fut avec plus de calme et une voix plus intimidée que j’avouais alors : « Je sais qu’on ne se connaît pas vraiment mais je sais aussi que dans les côtés de toi que je ne connais pas encore, j’en aimerais aussi la grande majorité. » J’avais l’impression de l’encourager mais je voulais lui faire comprendre qu’il comptait tout de même pour moi et que même si je ne pouvais pas être plus intime avec lui, je ne voulais pas qu’il sorte de ma vie.

La position de Rosa m’apparaissait délicate. Je pouvais comprendre qu’elle avait un passé, et des bagages émotionnelles, comme la plupart des gens au final. Mais le fait qu’elle me repousse de but en blanc faisait naître une sensation très désagréable dans mon estomac. Le rejet n’avait rien d’aisé à assumer. J’avais perdu mes parents très jeune, et seuls mes frères et ma sœur bénéficiaient aujourd’hui de mon amour et de mon attachement. Pour la première fois, avec Rosa, je sentais que cette situation n’avait rien de définitive, et que j’étais capable de m’ouvrir à elle comme à personne auparavant. Mais tout ce que je récoltais, c’était sa frayeur, son rejet, et sa fuite. Je ne savais pas s’il était possible de la faire changer d’avis, mais je ne pouvais pas accepter l’échec la concernant. Aussi, lorsqu’elle se leva violemment, et riva sur moi des prunelles excédées, je sentis mon cœur se serrer.

« Ce n’est pas parce qu’on a couché ensemble qu’on ne peut pas être amis ! » J’arquai un sourcil. Peut-être avait-elle l’habitude de coucher avec ses amis, mais personnellement j’avais une vision plus cloisonnée des rapports sociaux. Je n’avais que très peu d’amis véritables, la plupart étant des hommes pour la simple et bonne raison que j’avais du mal à considérer la possibilité d’une amitié avec les femmes. Il fallait qu’elles soient franchement laides pour que je cherche à m’en faire des amies. Ce qui n’était évidemment pas le cas de Rosalyn. « On se connaît à peine finalement et si ce que tu appréciais chez moi c’était juste ‘ça’ ?! Si je te proposais une amitié avec extra, tu l’accepterais ? Sérieusement Micah, je ne t’ai jamais vu avec la même fille plus d’une soirée, c’est qu’il y a une raison non ? Tu n’as pas envie de te ranger, j’imagine et c’est ton droit. Mais moi si je te propose une amitié c’est parce que je pense que ça pourrait déboucher sur quelque chose avec le temps. » Un sifflement sceptique m’échappa. Je n’aimais pas du tout ce qu’elle tentait de me proposer. A suivre son raisonnement, j’étais trop volage pour qu’elle ne daigne s’aventurer avec moi, mais si nous étions amis, elle finirait par me laisser une ouverture ? Ça sonnait bien trop formel à mon goût. Je n’étais pas du genre à faire le moindre plan concernant mes relations, je vivais au jour le jour, avec le moins d’attache possible. Je n’avais pas envie d’attendre sagement aux côtés de Rosa que la voie se libère.

« J’aime ta présence, ton rire, ta façon d’être sarcastique parfois, ta manière de faire fi de ce que le monde peut bien penser de toi. J’aime ta franchise, le fait que tu ne m’as jamais traité comme la fille de ton patron, j’aime être avec toi ! Quand tu es là j’ai l’impression d’être complète, comme si ta présence comblait un vide en moi, un vide que je ne pensais même pas avoir jusque là ! Et… » Mes lèvres s’étaient légèrement entrouvertes, et je vis à la façon qu'elle eut de se reprendre que ses mots avaient sans doute dépassés sa pensée. J’avais du mal à assimiler tous les compliments qu’elle venait de me faire. Mais n’était-ce pas censé être suffisant pour se lancer dans une histoire avec quelqu’un ? « Je sais qu’on ne se connaît pas vraiment mais je sais aussi que dans les côtés de toi que je ne connais pas encore, j’en aimerais aussi la grande majorité. » Un soupir à mi-chemin entre le soulagement et l’incompréhension m’échappa. Mes doigts se posèrent sur mes tempes, et je dus les masser un instant avant d’être capable d’enregistrer réellement les propos de ma collègue. Finalement, je fixai mes prunelles dans les siennes, et croisai les bras dans une attitude qui se voulait contenue. Mon cerveau était très loin du calme qui paraissait m’habiter. « Ce que tu essaies de me dire c’est que, malgré toutes les qualités que tu me connais, tu ne cherches pas plus qu’un ami en moi, mais que si par la force des choses tu en venais à changer d’avis, tu serais ravie de me laisser ma chance ? » Mes mots étaient posés, et j’arquai simplement un sourcil interrogateur, afin qu’elle confirme d’un simple hochement de tête. Quelques secondes passèrent, mes mâchoires se crispèrent légèrement, et mon regard se perdit au-delà de Rosalyn, sur ses meubles et sa décoration, sans pour autant que j’y prête réellement attention.

« C’est insuffisant. » Mes yeux tombèrent dans les siens, durs et glacials. « Parfaitement insuffisant. » Je me rapprochai de Rosa, nos deux corps se retrouvant presque collés, et mon souffle s’écrasa sur son visage lorsque j’ajoutai : « Je ne peux pas être ton ami et garder pour moi mes projets en attendant que tu daignes t’intéresser à moi de la manière à laquelle je m’intéresse à toi ! Et ne me sers pas le couplet sur le mec incapable de se poser, s’il te plait, tu vaux mieux que ça. » Mes doigts glissèrent sur sa joue, et mon regard fut plus transperçant que jamais. « Je ne sais pas vraiment pourquoi, ni comment, mais j’ai envie d’être avec toi Rosa. Pas seulement comme un ami. J’aime ta présence également, tes petites manies, et ce caractère bien à toi. Mais j’ai aussi besoin de te toucher. » Nos fronts se rencontrèrent, et je fermai un instant les yeux en inspirant profondément. Le parfum de Rosa m’enivrait, et j’avais du mal à rassembler mes pensées. Dans un souffle, je finis par murmurer : « Ça me tue d’être à nouveau loin de toi depuis ce soir-là. Mais ce sera encore pire de t’avoir à mes côtés sans pouvoir t’avoir réellement. » Je ne poussai pas le vice jusqu’à l’embrasser. Pourtant je n’aspirais à rien d’autre en cet instant. Je maudissais le mec qui avait pu rendre Rosa aussi butée et fermée à l’idée d’être à nouveau avec quelqu’un. Reprenant une distance plus raisonnable, je délaissai sa joue, et je fis même un pas très correct en arrière. « Quel est donc l’abruti qui a pu te faire du mal ? »

Je l’avais criblé d’informations un peu difficiles à assimiler en si peu de temps, tellement qu’il s’en massa les tempes comme si cela pouvait l’aider à tout remettre en place dans son esprit ou bien était-ce un geste purement excédé… Il leva finalement son regard vers moi et croisa les bras d’une manière tout à fait naturel. Il ne paraissait pas tant déstabilisé que ça en fin de compte, mais j’étais loin de me douter du trouble que j’avais provoqué dans son esprit.

« Ce que tu essaies de me dire c’est que, malgré toutes les qualités que tu me connais, tu ne cherches pas plus qu’un ami en moi, mais que si par la force des choses tu en venais à changer d’avis, tu serais ravie de me laisser ma chance ? » J’hochais simplement la tête. C’était bien ça et je ne voyais pas le mal à ça. J’étais prudente, mais surtout je ne fermais pas définitivement la porte à quelque chose entre nous deux. J’appréciais Micah et à l’en croire c’était réciproque, alors ce n’était pas parce que je n’étais pas prête en ce moment précis que je devais lui imposer un refus complet. Ma réponse muette ne sembla pas le satisfaire non plus, son regard s’était perdu quelque part au-delà de mon épaule, il semblait absent mais pas pour longtemps. « C’est insuffisant. » Ses mots claquèrent, telle une gifle tandis que ses yeux durs et froids se rivaient de nouveau sur moi. « Parfaitement insuffisant. » Ma bouche s’entrouvris d’une déception que j’étais incapable d’exprimer.

Il se rapprocha de moi, nos corps se retrouvant si proches et malgré moi je ne pu reculer, cette attraction était bien trop forte peu importait ma volonté. « Je ne peux pas être ton ami et garder pour moi mes projets en attendant que tu daignes t’intéresser à moi de la manière à laquelle je m’intéresse à toi ! Et ne me sers pas le couplet sur le mec incapable de se poser, s’il te plait, tu vaux mieux que ça. » Ses doigts caressèrent ma joues et je me demandais si je n’avais pas été cruelle de lui demander ça. E la manière dont il le disait, cela semblait tellement injuste. Comme si je voulais le garder près de moi, enchaîner en attendant de voir si il pourrait avoir ce qu’il désirait et ce, sans garantie, aucune. C’était assez difficile à avaler. « Je ne sais pas vraiment pourquoi, ni comment, mais j’ai envie d’être avec toi Rosa. Pas seulement comme un ami. J’aime ta présence également, tes petites manies, et ce caractère bien à toi. Mais j’ai aussi besoin de te toucher. » Un soupire tremblant s’échappa de mes lèvres. J’avais aussi le besoin et l’envie de le toucher mais je me retenais, bien que nos fronts l’un contre l’autre était une caresse infime mais elle signifiait tellement pour moi.

« Ça me tue d’être à nouveau loin de toi depuis ce soir-là. Mais ce sera encore pire de t’avoir à mes côtés sans pouvoir t’avoir réellement. » Je flanchais. Avançant doucement mon visage, peut être un peu trop lentement, j’allais laisser mes lèvres se poser sur les siennes. Je n’avais plus de volonté à cet instant précis, mais le pas que Micah fit en arrière eu l’effet d’une bonne gifle sur moi et me remis les idées en place.

« Quel est donc l’abruti qui a pu te faire du mal ? » Je serrais les dents et les poings, mes sourcils se froncèrent et je tentais de ne pas m’énerver : penser à Desmund me mettait toujours hors de moi. « Il ne vaut même pas la peine que je gaspille ma salive pour prononcer son nom. » Le téléphone sonna à cet instant précis et n’ayant pas eu le temps de débrancher le répondeur en rentrant, il s’enclencha rapidement, laissant entendre une voix bien familière : « Rosalyn, c’est moi. Je sais que tu es là. Tu ne pourras pas m’éviter toute ta vie. Laisse-moi juste te parler, je voudrais… » J’étais allée jusqu’au téléphone d’un pas agacé et je l’avais débranché d’un geste vif et énervé. Il fallait croire qu’il avait senti qu’on parlait de lui ! Toujours là quand je ne le voulais pas. En même temps je ne voulais jamais le voir ni l’entendre. « Ca devient du harcèlement. » Grognais-je entre mes dents même si j’exagérais un peu.

Mes chats semblèrent se réveiller à cet instant, pointant leur museau dans le salon. A la vu de Micah le premier fit un bon et s’en alla dans ma chambre telle une fusé tandis que le second crachait vers lui, visiblement effrayé mais cherchant à se montrer courageux. Décidément je ne comprenais pas mes animaux ce soir… Je pris la boule de poils dans mes bras pour le calmer. « Doucement, calme toi, regarde… » Japprochais d’un pas vers Micah, seulement un pas, je voulais lui montrer qu’il n’avait rien à craindre mais il paniqua encore plus, pédalant dans mes bras, toutes griffes dehors, il me griffa l’une de mes mains si violemment et profondément que je le lâchais en laissant échapper un petit couinement de douleur. « Mais qu’est-ce qui vous arrive ce soir ? » Jamais mes animaux ne s’étaient comportés de cette façon pourquoi semblait-il si hostiles et effrayés face à Micah ?