La tournure que prenait la situation ne me plaisait pas. J’aimais beaucoup Rosa, et après ce que nous avions partagé l’autre soir, je pensais pouvoir entreprendre une histoire sérieuse avec elle. Mais c’était sans compter son passé et l’homme qui semblait l’avoir fait souffrir. N’ayant moi-même aucun antécédent de ce genre, j’avais peine à comprendre qu’elle me repousse à cause de son ex. Mais d’une certaine manière, c’était qu’elle n’avait pas tourné la page, et qu’il continuait à l’obséder. Du moins était-ce ainsi que je voyais les choses. L’air grave, j’attendais que Rosa me renseigne sur cet homme. Je ne savais pas réellement ce que je ferais une fois que je connaitrais son identité, mais j’avais trop besoin d’elle pour laisser un souvenir amer me la voler.

« Il ne vaut même pas la peine que je gaspille ma salive pour prononcer son nom. » Rosa paraissait irritée rien qu’à la mention dudit abruti. J’aurais voulu la rassurer, revenir à nouveau auprès d’elle, lui avouer que ça n’avait pas d’importance, et que je ferais en sorte que sa blessure se referme. Mais le téléphone fixe sonna, interrompant mes gestes et mes pensées. Mais ça ne dura pas longtemps, le répondeur se mettant rapidement en marche. « Rosalyn, c’est moi. Je sais que tu es là. Tu ne pourras pas m’éviter toute ta vie. Laisse-moi juste te parler, je voudrais… » Elle coupa court à cet épanchement en débranchant d’un geste rageur le téléphone. Mon regard ne la suivit pas, bloqué sur un point indiscernable au sol. « Ca devient du harcèlement. » Je n’arrivais plus à bouger. Mes poings se serrèrent et ma mâchoire se crispa. J’aurais pu reconnaître cette voix grave et trainante entre mille. Desmund. Je l’avais déjà entendu en pleine tentative de drague, mais ça n’avait rien à voir avec le ton de ses derniers mots. Il paraissait vraiment tenir à Rosa. Il m’avait parlé d’une fille récemment, mais je n’avais pas fait le lien. Il les enchainait tellement. Il était bien moins respectueux que moi. Et c’était donc à mon meilleur ami que je devais les réticences actuelles de celle que je désirais par-dessus tout serrer dans mes bras.

« Doucement, calme toi, regarde… » Je n’avais pas réalisé le manège de ses chats, et je relevai brusquement la tête lorsqu’elle s’approcha de moi avec une de ses boules de poils dans les bras. Le chat était effrayé et paniqué. Je n’arrivais pas à décrisper la mâchoire. Je faisais souvent cet effet aux animaux, à croire que je n’avais pas la fibre pour les inciter à m’apprécier. De toute évidence, je n’avais pas plus de facultés concernant les humains. « Mais qu’est-ce qui vous arrive ce soir ? » Mon regard ne suivit pas longtemps le chat qui se carapatait follement, et se posa sur Rosalyn, après de longues minutes à fuir ses prunelles claires. Je soupirai, ne sachant trop comment réagir face à la révélation. La mine grave, j’éludai le sujet qui m’affolait les neurones : « Les animaux ont toujours eu peur de moi. » Je fis un pas sur le côté, me préparant à contourner la jeune femme. « Je ne leur en veux pas, et je ne t’en veux pas non plus. » Je tournai légèrement la tête pour fondre mes prunelles dans les siennes, avant de continuer : « Mais ne pense pas que tous les hommes traitent les femmes comme le fait Des. » Je confessais ainsi avoir reconnu la voix de l’ex- petit-ami de Rosa. Je connaissais bien le personnage, et ça ne m’étonnait pas qu’il ait fait souffrir Rosa. Je le détestais d’être passé avant moi, et d’avoir semé le doute dans son esprit. Mais je me détestais également, d’avoir dans mon viseur l’ex de mon meilleur ami, qui avait vraisemblablement l’intention de la reconquérir. Je ne pouvais pas effacer ses torts dans l’esprit de Rosa dans mon seul intérêt. Desmund était un ami, et à choisir, malgré toutes les émotions que ma collègue faisait naître en moi, je devais le privilégier lui. En quelques pas, j’eus rejoint la porte de l’appartement. Ma main se posa d’elle-même sur la poignée. Je devais partir, avant de créer plus de problèmes que je ne pouvais en résoudre.

« Et s’il t’a fait du mal, je crois qu’il s’en veut aujourd’hui. Laisse lui une chance de s’expliquer, et de te prouver qu’il tient à toi. » Ca m’en coûtait de défendre Desmund, malheureusement je n’avais guère d’autre possibilité. Rosa ne passerait jamais à autre chose si elle ne trouvait pas le moyen de résoudre le malentendu, d’une façon ou d’une autre. Je ne pouvais que m’effacer, le temps qu’ils règlent leurs différends. Je savais que ce pourrait être en ma défaveur et, qu’alors, je me mordrais les doigts d’avoir agi avec autant de dignité. Mais s’ils étaient faits l'un pour l'autre, de quel droit viendrais-je m’interposer ? S’il y avait une chance que mon meilleur ami puisse rendre à nouveau Rosalyn heureuse, je ne pouvais pas m’imposer. « Tu devais vraiment tenir à lui, pour que son souvenir t’empêche d’être avec quelqu’un d’autre. Et s’il n’en a pas l’air, Desmund reste quelqu’un de bien. » J’ouvrai la porte, et je fis même un pas à l’extérieur de l'appartement. Je tournai distraitement le regard vers Rosa, la main prête à refermer la porte. « Je vous souhaite d’arranger les choses. » Et la porte claqua, me laissant un goût acide au fond du palais et de la gorge. Je détestais la conclusion à laquelle j’en étais arrivé. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Aucune femme ne devait s’immiscer dans une amitié comme celle que je partageais avec Des.

« Les animaux ont toujours eu peur de moi. » C’était assez étonnant. Les animaux n’aimaient pas les personnes qui ne leur inspiraient pas confiance, qu’ils craignaient, or j’avais du mal à associer cela à Micah. Il était gentil et prévenant, du moins avec moi, il avait aussi son caractère mais il n’était pas pire que certains. En y réfléchissant, mes animaux n’aimaient pas non plus Desmund, ils n’étaient pas aussi démonstratifs qu’avec Micah mais cela se voyait bien, j’aurai du me fier à leur instinct ! Ou pas… car j’étais persuadée que Micah était un homme totalement différent de Desmund, je ne l’imaginais pas agissant comme lui, se jouant des femmes et de leurs sentiments.

« Je ne leur en veux pas, et je ne t’en veux pas non plus. » Il m’avait contourné mais tourna tout de même son regard vers moi. « Mais ne pense pas que tous les hommes traitent les femmes comme le fait Des. » « Non, bien sûr, je le sais ça mais… » Je percutais seulement à ce moment là ce qu’il venait de dire ou plutôt la révélation qu’il venait de me faire. « Attends, tu le connais ? et suffisamment pour l’appeler ‘Des’ ? Ne me dis pas que c’est ami quand même ? » Abasourdie, je ne pouvais pas croire ce que je venais d’entendre. Micah et Desmund étaient amis ? Cela faisait-il de Micah un homme de la même trempe ? Non. Ce n’était pas parce qu’ils étaient amis qu’ils étaient similaire, n’est-ce pas ? Le temps que je réfléchisse, Micah avait déjà rejoint la porte de mon appartement, se fut sa voix s’élevant qui me tira de mes pensées.

« Et s’il t’a fait du mal, je crois qu’il s’en veut aujourd’hui. Laisse lui une chance de s’expliquer, et de te prouver qu’il tient à toi. » Mais je n’en avais aucune envie ! Qu’il s’en veuille, cela lui donnerait une bonne leçon ! « Tu devais vraiment tenir à lui, pour que son souvenir t’empêche d’être avec quelqu’un d’autre. Et s’il n’en a pas l’air, Desmund reste quelqu’un de bien. » Entre la colère et la surprise d’entre ses paroles, je regardais Micah sans esquisser le moindre geste, les paupières clignant à peine, et je restais toujours fixe lorsqu’il ouvrit la porte et fit un pas à l’extérieur. « Je vous souhaite d’arranger les choses. » Quelqu’un de bien ? Arranger les choses ? En avais-je envie ? Non ! Trompe moi une fois, honte à toi, trompe moi deux fois… je ne serais pas la petite blonde trop naïve qui se laissait faire et revenait sans broncher ! J’en voulais à Desmund mais je ne pensais que ce fut pour les raisons que Micah avait énoncé. Micah ! Je réalisais qu’il venait de fermer la porte et qu’il devait déjà être en train de quitter l’immeuble, je m’élancer donc vers ma porte, l’ouvrant à la volée prête à courir comme jamais – je n’étais pas très sportive – mais je fus stoppée nette par la silhouette de Micah, toujours présent. Je ne savais pas le temps qui s’était écoulé entre le moment où il était parti et celui où j’avais voulu le rattraper mais il fallait croire que c’était peu vu qu’il était encore là, n’ayant sans doute pas eu le temps de partir.

Il me tournait encore plus ou moins le dos, je lui attrapais donc la main pour le forcer à se tourner complètement face à moi et je l’attirais d’un geste vif à moi pour déposer mes lèvres sur les siennes. Je ne savais pas exactement ce que je faisais mais je ne voulais pas qu’il parte de cette manière, je ne pouvais pas l’accepter, mais était-ce la meilleure façon de faire ? J’avais eu envie de l’embrasser mais je jetais de l’huile sur le feu non ?

« Ce n’est pas son souvenir qui me reste, mais celui de ce qu’il m’a fait. Je suis rancunière, te voilà prévenu… »

« Non, bien sûr, je le sais ça mais… Attends, tu le connais ? et suffisamment pour l’appeler ‘Des’ ? Ne me dis pas que c’est un ami quand même ? » Je ne pris pas la peine de relever sa question, la suite de mes paroles suffisant à lui apporter une réponse. Desmund était effectivement un ami, l’un des rares que j’avais sans doute. J’étais plutôt sociable, même si j’avais du mal avec certains codes et que je me livrais rarement aux autres. Mes collègues avaient beau être une compagnie agréable, rares étaient ceux que je voyais en dehors du boulot. Quant aux autres habitants de Storybrooke avec lesquels je pouvais échanger, notamment dans le cadre du job que j’exécutais pour arrondir mes fins de mois, il n’y avait pas grand-chose d’intéressant à dire. Seul Desmund sortait du lot. Et si Rosa entendait me laisser sur la touche, je ne comptais pas lui faciliter la tâche. Dans ces conditions, il était hors de question que je cherche à entamer la moindre relation avec elle. L’amitié ne m’intéressait pas, et plus semblait à la fois la déranger et risquer de me faire perdre un ami.

Le claquement sonore de sa porte d’entrée retentit derrière moi. Je peinais à réaliser ce que je venais de faire. Mieux, j’en arrivais à m’impressionner. J’avais réussi à tourner sereinement le dos à la femme qui me faisait envie, afin de ne pas faire de l’ombre à mon meilleur ami. Mon honneur était sauf, et je n’avais pas manqué de tact pour une fois. Tout finissait bien dans le meilleur des mondes possibles. Ou presque. Mes muscles étaient tétanisés. Je n’arrivais pas à faire un pas de plus dans le couloir. M’éloigner davantage me demanderait un calme que je n’avais pas encore trouvé. Je respirai profondément, focalisant mes pensées sur Desmund. Même si c’était une vraie raclure, je n’échangerais notre relation pour rien au monde. Je ne pouvais sortir en boite ou écumer les bars avec personne d'autre. Il était mon partenaire et j’étais le sien. Nous formions un duo bien huilé. Et aucune femme n’avait jusque-là réussi à court-circuiter notre jeu.

La porte s’ouvrit derrière moi, suspendant ma respiration. Les doigts de Rosalyn contre ma paume envoyèrent un étrange frisson électrique parcourir le reste de mon corps. Je la sentis m’attirer pour que je me retourne. Mon regard tomba dans le sien, une fraction de seconde, avant que son visage ne fonde sur le mien, et que nos lèvres se retrouvent. Surpris, je ne tardai pas à fermer les yeux pour profiter d’un contact sur lequel je pensais avoir tiré un trait. Elle se recula rapidement, trop rapidement à mon goût. Je la laissai m’échapper en crispant les mâchoires. « Ce n’est pas son souvenir qui me reste, mais celui de ce qu’il m’a fait. Je suis rancunière, te voilà prévenu… » Je peinais à comprendre. Me prévenait-elle pour la suite de notre relation ? Je me frappai mentalement pour cette pensée stupide. Elle venait de m’embrasser, je doutais que ce soit sans signification. Je l’attrapai par la hanche et l’attirai contre moi. Ma main libre caressa sa joue, tandis que je la considérais avec tendresse. « Et moi je suis loyal, Rosa. » Mes prunelles s’assombrirent. Je n’aimais pas avoir à prononcer ces mots, pourtant il le fallait. Quoique j’aie envie de faire avec Rosalyn, en me laissant pousser par l’instant et mes émotions, je ne pouvais pas mettre mon cerveau en pause. « Des est un ami, et si vous n’êtes plus ensemble, je sais de source sûre qu’il a encore des sentiments pour toi. » Mon bras se raffermit dans son dos, tandis que mon pouce caressait distraitement la commissure de ses lèvres. « Il a fait le con, j’ai compris, et puisqu’il t’a perdu, tu as tout à fait le droit d’avoir quelqu’un d’autre. » Un sourire fade étira mes lèvres. Mes mots étaient pesés, rien de ce que je disais n’était une surprise en soi, mais j’avais besoin d’expliciter le cheminement de mes pensées. « Tu es témoin, j’étais le premier à vouloir que tu passes à autre chose. Mais pas comme ça. » Ses lèvres étaient si proches que me retenir de les embrasser tenait du supplice. Pourtant, je ne pouvais pas me permettre de faiblir. « Je t’apprécies Rosa, et la nuit que nous avons passé ensemble m’a fait dérailler le cerveau mais… » Je la relâchais presque brusquement, et m’écartai d’un pas mesuré. Sa proximité était un véritable poison. « Il faut d’abord que tu règles tes comptes avec Des. »

Je doutais vraiment d’avoir agit comme il le fallait en l’embrassant. J’en avais eu envie mais ne lui donnais-je pas de faux espoirs ? Je voulais être avec Micah mais je m’en sentais en même temps incapable. En l’embrassant c’était comme si je lui disais que j’avais changé d’avis, que je pouvais être à lui malgré tout. J’étais égoïste. Je ne pouvais pas entamer de relation avec lui à cause de ma récente expérience douloureuse mais je ne voulais pas qu’il m’échappe. En tout cas pas sur cette note. J’avais eu l’impression qu’en le laissant partir de cette manière quelque chose se briserait à tout jamais, que plus rien ne serait possible entre nous même dans l’avenir qu’il soit proche ou non. C’était comme si je ne savais pas ce que je voulais alors que cela semblait pourtant clair. Mais Micah me paraissait trop important à mes yeux pour que je le laisse m’échapper sans la certitude qu’il voudra toujours de moi. C’était cruel. Vouloir à tout prix qu’il m’attende sans garantie… mais comment résister alors qu’il m’attirait à lui avec sa main sur ma hanche, que l’autre vint se poser dans une caresse sur ma joue et qu’il me regardait avec tant de tendresse dans les yeux ? J’avais l’impression d’être unique pour lui et ça me plaisait de me sentir désirée de la sorte par lui.

« Et moi je suis loyal, Rosa. » Je m’en doutais pas. Je ne connaissais pas vraiment Micah, et je ne lui connaissais pas de relation sérieuse l’ayant toujours vu avec une fille différente à chaque fois que je le croisais et pourtant je ne peinais pas à le croire lorsqu’il m’affirmait être fidèle. Avais-je raison de lui faire tant confiance ou étais-je juste aveuglé par les sentiments qu’il faisait naître en moi ? « Des est un ami, et si vous n’êtes plus ensemble, je sais de source sûre qu’il a encore des sentiments pour toi. » Des sentiments ? Desmund ? J’en riais intérieurement ! Cet être abject devait être incapable d’éprouver le moindre sentiment ! A part la satisfaction d’être un Don Juan.

Mon corps se retrouva pressé contre celui de Micah de par sa volonté et je n’avais vraiment pas de quoi m’en plaindre, alors je me laissais faire oubliant mes réticences. « Il a fait le con, j’ai compris, et puisqu’il t’a perdu, tu as tout à fait le droit d’avoir quelqu’un d’autre. » J’hochais la tête. J’étais d’accord avec ce qu’il disait même si j’avais clairement dit que je ne pouvais pas avoir un autre homme dans ma vie en ce moment mais peut-être que… j’étais sur le point d’argumenter avec moi-même sur la possibilité de revoir mon point de vue mais le sourire fade de Micah m’alerta que quelque chose n’allait pas. « Tu es témoin, j’étais le premier à vouloir que tu passes à autre chose. Mais pas comme ça. » Pas comme ça ? Comment ça ? J’étais perdue, il disait vouloir être avec moi mais là il faisait machine arrière ? Il semblait aussi perdu que moi au final mais là où je me comprenais plus ou moins, je n’arrivais pas à le comprendre lui. Ne voulait-il pas que nous entamions une relation plus que tout ? au point même de me refuser une amitié ? et là il me… repoussé ? ou du moins il se retenait car je n’avais pas fait le moindre geste pour l’embrasser ou l’enlacer même si l’idée était loin d’être déplaisante.

« Je t’apprécies Rosa, et la nuit que nous avons passé ensemble m’a fait dérailler le cerveau mais… » Je n’aimais pas ce ‘mais’ que je trouvais très mal venu, tout comme j’eu du mal à encaisser le fait qu’il me lâche brusquement et s’écarte comme j’avais pu le faire avant. « Il faut d’abord que tu règles tes comptes avec Des. » Il se foutait de moi ?! Il ne comprenait pas auparavant mes motivations et là que j’étais presque prête à lui tomber dans les bras, il m’encourager à régler d’abord mon ancienne histoire avant de pouvoir en entamer une avec lui ? Il fallait croire que c’était son amitié avec Desmund qui le poussait à réagir de cette manière. Mais je n’avais pas envie de ‘régler mes comptes’ avec lui ! Je ne voulais pas le voir et encore moins lui parler, je n’avais pas la moindre envie de lui pardonner d’avoir trahi ma confiance. J’étais irritée et pourtant je savais au fond qu’il avait raison et finalement même si il avait pu lire sur mon visage de la réticence, je me détendis. J’avançais d’un pas vers Micah et caressais sa joue avec douceur, un sourire tendre mais aussi triste aux bords des lèvres. « Tu as sans doute raison. Ca ne sera pas facile mais je tâcherais de faire un effort… pour toi. » Je me rapprochais un peu plus et je déposais un baiser sur sa joue non occupée par ma main. « Tu es vraiment quelqu’un de bien Micah Stevens. » Lui soufflais-je alors que ma bouche dérivais de sa joue vers ses lèvres sans que je n’y prenne plus garde que ça et sans préméditation, je l’embrassais une nouvelle fois avec douceur puis avec un peu plus de ferveur Quelques instants seulement avant que je ne me force à rompre ce contact « Tu devrais partir avant que ça ne dégénère. J’ai du mal à me contrôler en ta présence. » Lui avouais-je sans oser le regarder de peur que son regard me fasse fondre et flancher d’autant plus.

La lucidité dont je faisais preuve n’avait jamais été aussi complète. Rosa me tentait à la limite du raisonnable, et si je n’avais aucun mal à l’admettre, lutter contre cette force invisible qui m’enchainait à elle était d’une difficulté sans égale. Il fallait être fou pour la repousser au nom de l’amitié, et c’était pourtant bien la ligne de conduite à laquelle je m’étais astreint. Je connaissais Des depuis bien plus longtemps que ma collègue, et surtout ça n’avait rien à voir. Ce que j’avais avec Des était parfaitement identifié et identifiable, alors que ma relation avec Rosa n’entrait dans aucune ordre admis et logique. Nous n’étions pas vraiment des amis, faute d’avoir passé suffisamment de temps à apprendre à nous connaître réellement, nous n’avions pas assez souvent partagé le même lit non plus pour être considérés comme des amants. De toute évidence, nous n’étions pas non plus prêts à franchir le cap de la relation stable. Force était donc de constater que Rosalyn n’était strictement rien pour moi. Ce qui ne l’empêchait pas d’être tout.

Je m’étais reculé avant de craquer. J’avais beau être loyal et digne de confiance, la jeune femme n’aurait pas à s’employer énormément pour me pousser au-delà de mes retranchements. Je fronçai les sourcils lorsqu’elle fit un pas, brisant simplement la distance que j’avais instauré entre nous. Elle poussa même le vice jusqu’à tendre sa main vers moi, et à offrir à ma joue une caresse aussi douce qu’éphémère. La torture semblait la satisfaire, alors qu’elle me servait un sourire à m’en déchirer le cœur. « Tu as sans doute raison. Ca ne sera pas facile mais je tâcherais de faire un effort… pour toi. » Quelle horreur. Lui avais-je vraiment fait prononcer ces mots ? Elle ferait un effort avec Desmund, « pour moi ». Le sort était cruel. Je serrais la mâchoire pour conserver un calme que je n’avais jamais réellement atteint. Son baiser suffit à me dénouer l’estomac. Je n’arrivais pas à mettre de terme sur les émotions que ses gestes m’évoquaient. « Tu es vraiment quelqu’un de bien Micah Stevens. » A nouveau, ma poitrine se serra. Mon regard tâchait de rester le plus impassible possible. Je n’avais qu’une envie : qu’elle se taise et qu’elle s’éloigne, qu’elle retourne chez elle et me laisse en paix avec mes pensées et mes émotions contradictoires. Ca faisait plus d’une envie, certes, mais je n’étais plus réellement apte à faire la part des choses, et mon esprit n’était guère plus qu’un vaste chaos.

Ses lèvres glissèrent sur les miennes, soufflant les doutes et balayant mes pensées. De nouveau, je posai la main sur sa hanche, l’attirant le plus proche possible de moi. Je n’avais pas à parler, je ne pouvais rien vouloir, je ne pouvais qu’essayer de lui appartenir. Sa douceur me submergea. Le baiser s’approfondit, je ne pus plus rester impassible. Lorsqu’elle se recula, elle eut la mauvaise idée d’en dire trop : « Tu devrais partir avant que ça ne dégénère. J’ai du mal à me contrôler en ta présence. » Son regard était fuyant. Ma main libre caressa son menton, avant de le redresser, me permettant finalement d’approcher son visage du mien. Je capturai ses prunelles incertaines. Les doutes n’avaient pas disparu, mais ils me paraissaient soudain bien fades. Les lèvres de Rosa avaient subjugué chaque parcelle de mon corps, et de mon âme. Je ne pus soudain pas me taire plus longtemps.

« C’est trop dur. » J’écrasai mes lèvres contre sa bouche enivrante. D’une pression, je forçais la barrière de ses lèvres, mêlant ma langue à la sienne. Mes doigts glissèrent contre sa joue, finissant leur course dans ses cheveux, maintenant l’arrière de sa tête pour qu’elle ne puisse plus me fuir ou me repousser. C’en était trop. Je ne voulais plus réfléchir. Rosa finirait par me perdre, mais ça m’était égal. Je ne pouvais pas imaginer le moindre lendemain sans elle. Sa présence me paraissait primordiale, indispensable, salvatrice. Son passé avec Des ne pouvait pas rejaillir sur moi. S’il avait été trop con pour réaliser le joyau qu’il avait entre les doigts, je ne commettrais pas la même erreur. Aussi mauvais que soit le timing, je ne pouvais pas repousser la jeune femme davantage. Elle devait me revenir, et je me devais de lui appartenir. Complètement, sans retenue, sans fard. Nous aurions tout le temps de songer aux conséquences plus tard. Faisant pression sur son corps, je la poussai à l’intérieur de son appartement, délaissant sa hanche, sans oser suspendre notre baiser, pour refermer sèchement la porte derrière nous. Mes doigts glissèrent dans ses boucles blondes, passèrent son épaule, caressèrent d’un geste précis son buste, effleurant sa poitrine, encore protégée par un top et un sous-vêtement. Ma main se posa sous sa côte, la repoussant légèrement, tandis que mes lèvres se détachèrent à peine des siennes. Mon murmure était fébrile, j’avais d’ors-et-déjà le souffle court : « Je te veux pour moi seul. » Et je fondis à nouveau sur ses lèvres, tandis que mes mains se faufilaient sous son haut, le contact de sa peau faisant frissonner chaque fibre de mon être.

Une chose était sûre : Nous étions aussi confus sur nos sentiments et nos principes l’un et l’autre. Il suffisait de voir : je lui disais de ne pas pouvoir être avec un autre homme mais je ne voulais pas le laisser s’en aller et lui, il ne voulait être juste mon ami, mais tenait à ce que je règle mon histoire avec Desmund et en parallèle, il ne résistait pas au baiser que je lui avait imposé. Bien que je lui ai demandé de partir avant que les choses ne dérapes encore une fois, il ne sembla prédisposé à m’écouter. Il releva mon menton dans une caresse, m’obligeant à affronter son regard et bouleversa mon cœur : « C’est trop dur. » Ses lèvres se joignirent aux miennes et bientôt se fut nos langues qui se trouvèrent. Ses doigts se perdirent dans mes cheveux et l’une de ses mains s’arrêta à l’arrière de ma tête comme pour me retenir alors que je n’avais nullement l’envie de fuir… Mes mains s’accrochèrent à ses hanches et très vite Micah fit pression contre moi, me faisant comprendre qu’il était temps de retourner dans mon appartement et sans que nos lèvres ne se quitte, il ferma la porte, chose que je su au bruit que cela procura car j’étais bien trop absorbée par notre baiser pour me soucier d’autre chose. Sa main me caressa dans un geste sans doute calculé et bien rodé me tirant un frisson délicieux.

« Je te veux pour moi seul. » J’aurai pu être frustrée qu’il ait mis fin à notre baiser, mais l’entendre prononcer ces mots et avec ce ton fébrile ne fit qu’accentuer le désir et le besoin que j’avais de lui, sans compter que ses lèvres me revinrent presque aussitôt. Ses mains n’étaient pas reste, il les fit se glisser sous mon top et le contact entre nos peaux m’électrisa me poussant à me serrer davantage contre lui et soupirant d’aise. Ma bouche dévia, de ses lèvres elles parcoururent sa mâchoire carrée puis descendirent dans son cou que j’explorais doucement, tendrement, entre baisers et mordillements. Je reculais tout en restant accrochée à lui, le forçant ainsi à me suivre. Je connaissais suffisamment bien mon appartement pour pouvoir m’y diriger les yeux fermés et même à reculons. Je me laissais tomber sur le canapé sans trop de vitesse pour ne pas nous faire mal, entraînant Micah avec moi. Assise à ses côtés, cela ne me suffit plus très vite. Micah me poussait à me montrer audacieuse, j’avais l’impression que rien n’était suffisant que tout pouvait être plus intense avec lui et en même temps chaque moment passé avec lui me semblait extraordinaire et inoubliable. Comment résister alors à cette attraction ? J’avais l’étrange sentiment d’être liée à lui, d’être destinée à être avec lui. C’était bizarre mais tellement grisant.

Très vite, je me retrouvais assise à califourchon sur lui et je tirais sur le col de son tee shirt pour laisser plus d’espace à mes lèvres, mais malgré la maltraitance que je faisais subir au vêtement, il restait gênant et je ne me détachais de Micah que pour le lui retirer. J’observais un instant la partie de son corps dévoilé à mes prunelles. Il n’y avait pas à dire, Micah était beau, trop même ! Mes mains se laissèrent aller à glisser sur cette peau qui m’attirait tant et ma bouche retrouva celle de Micah avec envie. C’était quasiment comme la fois précédente, agréable, enivrant, déstabilisant, le plus c’était que nous étions lucide cette fois-ci, pas comme à notre dernière entrevue… notre dernière… cette pensée fit son chemin malgré moi dans mon esprit et je me redressais soudainement bien qu’un peu à contre cœur. Mes prunelles scrutèrent celles de Micah sans qu’aucun mot ne franchisse la barrière de mes lèvres dans un premier temps. Il y avait un problème… quelque chose qui me dérangeait malgré moi.

« Micah… on pourrait s’arrêter là ? ou bien ne pas dépasser cette étape ? » Il allait penser que je ne savais pas ce que je voulais. C’était moi qui lui avait dit que j’avais du mal à me contrôler en sa présence, moi encore qui l’avait délesté de son haut alors que nous ne faisions que nous embrasser et qu’une petite caresse était passée, mais j’avais une impression dérangeante en tête. « La dernière fois que nous nous sommes retrouvés seuls on a couché ensemble et là ça semblait partir pour recommencer. Je ne voudrais pas que nous soyons réduit qu’à ça, tu comprends ? » Je ne voulais pas que notre relation, si relation il finissait par y avoir, ne se résume qu’à des étreintes aussi torrides et inoubliables soient-elles mais lui qu’en pensait-il ? Etait-ce vraiment moi qu’il voulait ou juste s’envoyer en l’air. Ses sentiments n’étaient-ils pas brouillés par son désir ? Cela m’était déjà arrivée. On ne m’avait pas aimé moi, même si on le pensait sincèrement, mais ce que je représentais, la petite blonde dont l’image représentait un certain idéal dans l’esprit de certain. Je ne voulais pas que ça soit le cas avec Micah, je voulais vraiment qu’il m’apprécie moi et non mon corps, pas juste mon corps en tout cas.

« On pourrait profiter du temps ensemble pour apprendre à mieux se connaître ? Discuter et tout le reste, tu ne pense pas ? » Est-ce que j’allais le vexer ? J’espérais que non, mais il était vrai qu’il était difficile de s’arrêter ainsi et de couper cours à quelque chose qui semblait si bien entamé, cela n’avait rien de facile pour moi alors qu’en serait-il pour lui ?

Rosalyn semblait avoir aussi peu envie de me voir partir que je n’avais envie de la quitter. Elle accueillit mon étreinte avec douceur, m’extirpant un frisson comblé. A mes quelques mots, elle se pressa davantage contre moi, ses lèvres ne tardant pas à délaisser les miennes pour descendre lentement jusqu'à mon cou. Mes doigts glissaient sur sa peau, enflammant mes instincts. Elle se détacha légèrement pour me guider jusqu’au canapé. Mes pupilles se fixèrent sur son visage, ses yeux, sa bouche, qui m’hypnotisait littéralement. Elle m’entraîna sur le canapé, et je ne pus qu’adhérer à ses mouvements. Dans un état second, je ne faisais que réclamer sa peau, pour la combler de baisers et de caresses tous plus enflammés les uns que les autres. Une urgence fébrile enveloppait mon corps, possédant mes sens, alors que Rosa se mettait déjà à califourchon sur moi. L’une de mes mains glissa sur sa cuisse, l’autre emprisonnant son visage, tandis que notre échange devenait plus empressé, plus fiévreux. Un aimant semblait nous attirer l’un vers l’autre. Je ne pouvais pas me détacher d’elle. Rosalyn serait mon monde, mon univers, le catalyseur de toutes mes attentions. Je ne demandais rien, sinon de la posséder, entièrement. Je ne voulais plus que d’autres Desmund puissent lui faire du mal. J’avais le sentiment d’être le seul à pouvoir lui apporter ce qu’elle méritait. C’était un orgueil qui ne m’était pas familier. Mais bien des choses sortaient de l’ordinaire lorsque j’étais avec la jeune femme. Elle avait un effet étrange sur moi, et pas du tout désagréable.

Mon t-shirt disparut, et les doigts de Rosa le remplacèrent sur mon torse. J’expirais longuement, torturé par les mains fraiches de la jeune femme sur moi. Ses lèvres me revinrent et je les accueillis avec ferveur, mes doigts se calant sur sa chute de reins. Je l’attirai contre moi avec plus d’empressement, mais elle ne répondit pas de la manière que j’attendais. Elle se redressa, ses prunelles fondant sur les miennes. Elle semblait inquiète, et mes gestes furent suspendus par ce simple voile au fond de ses yeux. Je n’aimais pas lui voir cette lueur dans le regard. « Micah… on pourrait s’arrêter là ? ou bien ne pas dépasser cette étape ? » J’arquai un sourcil, et mes doigts délaissèrent ses boucles blondes pour descendre contre son dos. « La dernière fois que nous nous sommes retrouvés seuls on a couché ensemble et là ça semblait parti pour recommencer. Je ne voudrais pas que nous soyons réduit qu’à ça, tu comprends ? » Mes lèvres s’étirèrent à peine, mais mes traits s’étaient détendus. J’avais craint le pire face à l’inquiétude soudain de Rosa. Mais ce n’était que « ça ». « On pourrait profiter du temps ensemble pour apprendre à mieux se connaître ? Discuter et tout le reste, tu ne penses pas ? » Mes mains dans son dos eurent à peine à changer de trajectoire pour l’attraper par les hanches. Je la soulevai facilement, pour lui faire quitter mon giron, et la laisser simplement s’assoir à mes côtés. Je me tournai vers elle, tandis que mes doigts caressèrent tendrement sa joue.

« Je pense aussi. » Un sourire affable se dessina sur mes lèvres, tandis que je rivai un regard plein de douceur sur la blonde. Rosalyn était bourré d’incertitudes et de frayeurs. Qu’importe la femme forte qu’elle voulait montrer aux yeux du monde, et le fait qu’elle fasse passer les autres avant elle-même. Je sentais qu’il était de mon devoir de la faire passer avant n’importe qui d’autre, et de la rassurer, de lui montrer qu’elle pouvait également bénéficier de la générosité dont elle faisait preuve. « On a pas mal de choses à rattraper, si on veut commencer à bien faire les choses. » Nous serions un couple atypique. Mes doigts glissèrent de sa joue jusqu’à ses cheveux, et d’une pression légère à l’arrière de sa tête, je l’attirai vers moi. Sa tête ainsi posée contre mon épaule, je pris sa main dans la mienne. Un sourire comblé aux lèvres, j’ajoutai : « Et n’aie jamais peur de m’avouer le fond de ta pensée, comme tu viens de le faire. L’honnêteté c’est primordial. » Je taisais tout ce qu’elle ne savait pas encore sur moi, comme un étonnant remord qui me bouffait les entrailles, mais que je n’étais pas encore prêt à lui confesser. En attendant, si elle souhaitait faire connaissance, elle n’aurait qu’à demander, et je répondrais selon ses désirs. Pour l’instant, je n’avais guère de questions à lui poser. J’aimais connaître les gens au fur et à mesure, en les côtoyant, plus qu’en les saoulant d’interrogations. Mais je n’empêchais pas Rosa d’agir comme elle l’entendait, si ça pouvait la rassurer, j’en faisais mon affaire également.