Introduction Époque du sujet : Actuelle Date du sujet : 14 octobre 2012 Ordre de passage des participants : Eleanor - Laszlo

Réveillée aux aurores par une émission radio abrutissante, Eleanor ne réagit qu'en poussant un léger grognement et enfonçant d'avantage son visage dans son oreiller alors que son mari se levait. Il devait être environ sept heure du matin -une heure bien ingrate, n'est-ce pas ?-. Avec un soupir, elle abandonna sa quête de sommeil et rassembla son courage pour affronter le froid, regrettant déjà de quitter oreiller et couettes. Enfilant sa robe de chambre, elle glissa ses doigts dans ses mèches blondes pour les démêler un minimum. La jeune femme quitta la chambre conjugale, laissant son époux s'habiller, et rejoignit la cuisine. Comme d'habitude, elle sortit deux bols, cuillères et couteaux ; comme d'habitude, elle lança le café et, comme d'habitude, elle mit des tartines à griller. La routine était la même depuis déjà quelques années et rien ne semblait pouvoir la briser. Mari et femme prirent leur petits déjeunes dans un silence presque complet, s'échangeant parfois quelques commentaires sur les articles du petit journal de Storybrooke. Puis bientôt vint l'heure pour l'avocat de partir rejoindre le cabinet, laissant sa femme seule dans la grande maison pour la journée.

La routine pour Eleanor ne s'arrêtait pas là : il fallait encore débarrasser et nettoyer la table, faire sa toilette, enfiler collants et élégante petite robe noire et trouver de quoi s'occuper. Vaguement consciente de répéter le terrible stéréotype de la femme au foyer, elle mit en route une lessive de blanc puis retourna à sa cuisine. Là, elle sélectionna toute une playlist qu'elle mit en route à un volume assez élevée puis se pencha sur son livre de recette, décidant de laquelle elle testerait ce jour-ci. Son choix se porta finalement sur une bûche aux chocolat et à la framboise. -tout devait être parfait pour Noël et, l'air de rien, l'échéance approchait-. C'est donc en collant sur le carrelage impeccable de sa trop grande et trop vide maison que la blonde se mit à la tâche, fredonnant avec entrain. Le programme de la matinée semblait juste aussi plat et prévisible que celui de la veille, de l'avant-veille et ainsi de suite. Pourtant, Dieu en avait apparemment décidé autrement.

Il était dans les environs de 9h30 quand, ayant finalement réussi à venir à bout de son dessert et laissant le résultat de ses efforts reposer au frigidaire, Eleanor s'aventura dans la buanderie pour récupérer le linge et l'étendre. Et c'est ainsi qu'elle se retrouva face au drame. Le sol, entièrement inondé. Il fallait bien que ça tombe sur elle, ce satané problème de plomberie ! Comme si elle avait le moindre don pour ce genre de choses. Se précipitant sur l'annuaire de la petite ville, elle tourna vite les pages, cherchant désespérément un plombier. Ne trouvant que le numéro d'un "homme à tout faire", elle ne se posa pas des masses de questions avant le composer et laisser un message expliquant son problème et donnant ses coordonnées. Elle n'avait plus qu'à prier pour que quelqu'un vienne régler ce désastre. En attendant, la femme au foyer sortit le plus de serpillières qu'elle pouvait en trouver et troqua robe et collant contre jean et débardeur blanc afin de pouvoir éponger son sol sans craindre pour ses vêtements.

Autant dire que quand la sonnette retentit, ses pauvres bras criaient déjà famine pitié et ce fut avec un immense soulagement qu'elle ouvrit la porte. Quelle joie de savoir que le problème allait être réglé ! Joie et soulagement qu'elle fit immédiatement partager à l'homme derrière la porte. « Vous êtes mon sauveur ! Suivez-moi, je vais vous montrer l'étendu des dégâts. » Le faisant entrer dans sa demeure, elle le conduisit jusque dans la buanderie, se sentant légèrement idiote de ne pas savoir gérer elle-même ce genre de stupide complication.

Etre garde forestier voulait dire faire régulièrement des rondes dans la forêt entourant Storybrooke pour s'assurer que tout allait bien et que personne ne sortait de la ville par cette voie-là; mais cela, Laszlo n'en n'avait pas conscience. Pour lui, il s'agissait uniquement de vérifier l'état de la forêt et reporter toute anomalie qu'elle soit humaine ou naturelle, au bureau du shérif. En théorie. En pratique, l'homme ne reportait que les anomalies humaine. Comme les restes de feu, les tentes abandonnées, les gens perdus et autres choses prouvant qu'il y a eut une activité humaine autre qu'une simple randonnée. Le reste, il s'en occupait. Tant que ça ne mettait pas en danger le reste de la ville, un arbre qui tombe parce qu'il est trop vieux et complètement bouffé par les mites, par exemple, ce n'est pas quelque chose qu'il considère comme une anomalie. Mais tout ce qui ne rentre pas dans le moule du parfait petit monde de Regina Mills était considéré comme une anomalie. Concrètement, il y en avait de plus en plus depuis l'arrivée d'Emma Swan. Laszlo n'avait pas encore eut l'occasion de s'entretenir avec elle, mais il l'avait déjà aperçu, au loin.

Être, en deuxième position, l'homme à tout faire de Storybrooke signifiait qu'il devait garder son téléphone portable allumé en permanence car il était impossible de prévoir quand quelqu'un aurait besoin de ses services. Sauf lors des rondes en forêt. Lors de ces dernières, il gardait son portable sur silencieux, devant rester concentré durant cette dernière et surtout, voulant profiter du calme de la nature qui l'entourait. Le calme était devenu un luxe dont il profitait de moins en moins avec l'arrivée d'Adrian (et par voir d'extension, Emily par intermittence) chez lui. Pourtant, malgré tous ses grognements à ce sujet son air un peu bourru dans certains cas, Laszlo aimait bien ce nouveau bout de routine qui s'était installé dans sa vie. C'était comme avoir une petite famille dans cet endroit où il n'en n'avait aucune. Ils étaient tous les trois dans un cas similaire pour des raisons différentes, et ensemble il reformaient une famille; un peu disfonctionnelle et bancale, mais une famille tout de même. Alors pour eux, ils avaient un code: s'il y avait le moindre problème, ils appelaient trois fois d'affilée et il rappelait tout de suite, ronde ou pas ronde. C'est pour cela qu'il portait toujours une grande attention aux pulsation contre sa hanche quand il faisait ses rondes. Comme ici. Mais rien de grave. Il n'y avait eu qu'une seule sonnerie. Il finit sa ronde tranquillement en vingt minutes et écouta le message.

Une femme qui avait semblait-il un problème d'inondation. Oui c'était toujours embêtant ce genre de chose. Il rentra chez lui, sa sacoche à outils, qu'il balança négligemment à l'arrière de son pickup, et démarra en direction de chez la femme en question. Des qu'elle ouvrit la porte, il se présenta comme étant l'homme à tout faire qu'elle avait appelé. Il n'eut pas franchement le temps de dire quoi que ce soit d'autre, la jeune femme l'emmenant déjà vers les lieux du désastre. Et effectivement il y avait un soucis (il avait tellement l'habitude des gens qui ne savaient pas simplement mettre un peu de déboucheur liquide dans leur évier que pendant une seconde il s'était attendu à ça. Il observa un instant l'état de la buanderie avant de comprendre une chose: ce n'était pas le tuyaux de la machine à laver qui avait lâché. Si c'était cela, l'eau ne continuerait pas à couler comme ça, surtout vu la taille de la machine à laver en question. Donc c'était vraisemblablement un tuyau d'arrivée d'eau qui avait lâché quelque part. Première chose à faire couper l'arrivée d'eau.

"Est-ce que vous pouvez m'indiquez la valve d'arrivée d'eau? Ou au moins les compteurs?"

Car pas mal de gens ignoraient à quoi ressemblait exactement une valve d'arrivée d'eau, alors que les compteurs, tout le monde le savait. Or les deux étaient généralement proches. Une fois que cela sera fait, il pourrait aller braver le pauvre centimètre d'eau jusqu'à la machine à laver et commencer à trouver d'où venait vraiment le problème.

Eleanor ne le niera pas : cette stupide histoire de plomberie défectueuse lui avait quelque peu fait perdre les notions de politesse les plus élémentaires. Un peu plus et elle se serait littéralement jetée au cou de l'homme. Heureusement, elle avait encore un minimum de tenu et c'est donc avec un grand soulagement qu'elle le menait à la scène du désastre. Etrange tout de même comme on s'en remet à de totaux inconnus du moment qu'ils se disent qualifier pour résoudre nos problèmes. C'est vrai : c'était le principe de toute arnaque et la plupart fonctionnait. La méfiance ne semblait pas de mise dans ce genre de situation et c'était tout de même drôlement étonnant. Enfin bon, Eleanor était loin de ce genre de considérations psychologiques et elle souhaitait seulement que le problème soit réparé, le plus vite possible. Après tout elle avait encore une autre lessive qui attendait, elle avait projeté de s'occuper du jardin dans l'après midi sans parler du ménage qu'elle devait faire dans la maison. Bref, ce n'était tout simplement pas le bon moment pour cette fuite inexpliquée. Mais, une fois encore, ça se saurait si ce genre de problème arrivait au bon moment.

Elle observa le brun fixer les dégâts, sachant parfaitement qu'il analysait la situation et ce qui avait pu la causer. Il prit finalement la parole pour lui demander la localisation de la valve d'arrivée d'eau ou du compteur, ayant sans doute déduit quelque chose de ces centimètres d'eau qui ne parlaient pas le moins du monde à Eleanor. Pas plus qu'une "valve d'arrivée d'eau" à vrai dire. Sérieusement, elle avait l'impression de découvrir sa maison avec cette simple question. Et elle était sérieusement sensée savoir où ça se trouvait ? « Le compteur, c'est dans mes cordes. Par contre pour la valve, je suis désolée je n'ai aucune idée d'où elle peut se trouver. » Pour ne pas dire qu'elle n'avait tout simplement aucune idée de ce que c'était et de comment pouvait bien fonctionner la plomberie. « Si vous voulez bien me suivre... » La blonde eut un dernier regard pour son sol qui prenait misérablement l'eau, eau qui ne semblait pas vouloir s'arrêter de couler. Il était vrai que la plus intelligente des réactions auraient été de couper l'eau mais que voulez-vous ? Elle n'avait reçu aucune formation et ignorait totalement comment gérer cette situation. D'un côté, elle devrait s'estimer heureuse que ce soit une première et essayer d'en profiter un peu pour apprendre à se débrouiller si ce genre d’événement se reproduisait.

Toujours est-il qu'elle conduisit son sauveur à travers les pièces silencieuses de la grande maison pour finalement trouver le dit compteur. Avec un sourire un brin gêné -demander de l'aide et ignorer où se trouvaient certaines choses dans sa propre maison était un poil gênant, en effet-, la demoiselle Williams le désigna à l'homme à tout faire de leur petite ville. Elle s'en remettait maintenant à lui pour faire son mystérieux travail. Etrange aussi que ce soit la première fois qu'elle fasse appel à ses services. D'ordinaire, elle ne doutait pas que les gens aient fréquemment besoin de lui pour régler un quelconque problème. C'était une première rencontre pour le moins tardive étant donné la taille de la ville quand on y réfléchissait...

Le garde forestier avait eu raison de demander le compteur en plus de la valve d'arrivée d'eau. Cette femme ne savait pas où cette dernière se trouvait. Comme dit précédemment, ce n'est pas bien grave; il avait vite compris que peu de gens le savait et avait finit par prendre cela avec philosophie. Laszlo n'était pas le genre à prendre de haut les gens (sauf en question de taille mais ça c'est une autre histoire), alors il se contenta d'offrir un sourire de gratitude à la jeune femme quand elle le conduisit jusqu'au compteur d'eau. Bon sang ce que cette maison pouvait être grande. Déjà que sa propre maison lui semblait grande - même avec l'arrivée d'Adrian dans cette dernière - alors celle-ci...Malgré toutes ses capacités d'orientation spatiale dont pour pouvait s'enorgueillir Laszlo, il était presque sûr de se perdre sans guide dans cet endroit. Alors il suivit scrupuleusement sa guide du jour, non sans se permettre un ou deux regards sur la décoration et ce qui se passait autour de lui en général dans la maison. Il remarqua bien vite les classiques photos de couples, les étagères de le livre, oh, tiens, un piano. Peut-être la seule chose qui rendait cette maison un peu plus humaine. Sinon...Il avait plus l'impression d'avancer dans un musée sur la vie quotidienne typique d'un couple dans les années 60 que dans une maison habitée. Mais ce n'était pas ses affaires. Arrivant au compteur d'eau, Laszlo eut l'impulsion d'expliquer un peu à la jeune femme cette histoire de valve, qu'elle sache quoi faire et où si jamais ce genre d'événement se reproduisait.

"Merci. Je vous parlais d'une valve d'arrivée d'eau, elle est juste là." Il désigna une petite poignée à une vingtaine de centimètres du compteur d'eau "Si jamais il vous arrive une nouvelle fois ce genre de mésaventure, la première chose à faire est de couper l'arrivée d'eau. Pour ça, il suffit de tourner la poignée."

Expliqua-t-il d'une voix calme et mesurée, dénuée de toute moquerie ou condescendance. Il expliquait simplement. Sans entrer dans des détails de plomberie, il était régulier que Laszlo explique au moins cette histoire d'arrivée d'eau, ce qui était une base à savoir. Pour le reste, il se gardait bien d'en parler trop en détail, sinon il finirait par se retrouver sans travail. Il tourna la poignée, par ailleurs, et fut satisfait du petit bruit significatif de la coupure d'eau. Maintenant que ça c'était fait, il fallait retourner vers le lieu du sinistre. Il marcha côte à côte avec la maîtresse de maison, pensant pouvoir retrouver le chemin vers la buanderie. Visiblement, malgré des années à se promener dans la forêt et à se retrouver rien qu'avec les arbres et la végétation ambiante, se retrouver dans cette maison relevait en fait de la course d’orientation niveau expert pour le garde forestier qui, pensant s’y retrouver, avait pris sur la gauche au lieu de la droite et fit rapidement demi-tour en remarquant la jeune femme partant dans la direction opposée. La buanderie fut enfin atteinte et le garde forestier prit la liberté de déplacer la machine à laver pour accéder aux canalisations d’eau. Cependant, il ne vit aucune cassure, aucune canalisation qui semblait défectueuse…Etrange ça…

"Ca, c’est bizarre. J’ai beau voir vos tuyaux d’eaux, je ne vois rien d’anormal…"

Alors là, c’était une grande première.

Une fois arrivé au compteur, l'homme reprit les choses en main. Il expliqua avec le calme de celui qui avait l'habitude comment la valve d'eau fonctionnait et Eleanor prit mentalement des notes. Elle espérait sincèrement que ce genre d'incident ne se reproduirait pas mais apparemment elle n'était pas à l'abris de ce genre de situation et il était donc préférable que la prochaine fois elle sache comment réagir. Ainsi peut être éviterait-elle de voir son carrelage impeccable transformé en une pataugeoire. Elle ressentit une pointe de gratitude pour le brun, heureuse de voir qu'il ne la considérait pas de haut malgré son peu de connaissance. Cela lui permettait de se détendre un peu et de sentir légèrement moins gênée. Après tout, elle ne devait pas être la seule à ignorer la localisation d'une telle valve et il n'était jamais trop tard pour apprendre ! Récapitulons : première chose à faire en cas de problème de fuite, aller au compteur, trouver la poignée juste à côté et la tourner. Pour la suite, elle s'en remettrait surement à appeler quelqu'un à l'aide comme elle l'avait judicieusement fait ce matin même.

Cette étape validée, elle tourna les talons pour retrouver la buanderie, accompagnée par l'homme à tout faire de la petite ville. Perdue dans ses pensées -si elle voulait faire un tiramisu, dessert dont raffolait son mari, il lui faudrait racheter quelques ingrédients et elle commençait donc à faire la liste des courses dans sa tête- elle ne s'arrêta de marcher qu'en entendant les bruits de pas qui l'accompagnaient diminuer. Se retournant avec surprise, elle se rendit compte que l'homme avait pris le mauvais chemin. Elle le regarda faire demi-tour et la rejoindre avec un sourire mi-attendri mi-amusé. Si elle ne se perdait pas dans la villa, elle devait avouer ne s'être jamais habituée à ses nombreuses salles et couloirs vides. Elle eut un léger pincement au coeur en songeant que rien n'aurait du être si calme, silencieux et bien rangé. Il aurait du y avoir des rires d'enfant, des jurons lâchés parce qu'elle aurait marché sur des jouets qui traînaient au beau milieu du passage,... La blonde secoua la tête, chassant ce genre de pensées totalement non constructives de son esprit. La buanderie. Elle reprit sa marche et ils arrivèrent finalement à la buanderie. Toujours silencieuse, elle observa de nouveau le brun faire son travail en s'efforçant de rediriger ses pensées vers la liste des courses. Tout plutôt que de penser de nouveau aux rires d'un enfant raisonnant dans la maison.

Les paroles de l'homme à tout faire la firent redescendre sur terre et elle cligna des yeux, le fixant un moment sans comprendre. Puis la connexion se fit dans sa petite caboche et, malgré que la situation ne s'y prête pas, elle eut un petit éclat de rire. « Etes-vous en train de me dire qu'il se peut que ma maison soit hantée ? »

Honnêtement, Laszlo s’était plutôt attendu à ce que la maîtresse de maison soit un peu tendue ou paniquée selon le genre de personne, mais certainement pas à ce qu’elle rigole. Tant mieux d’un côté, il valait mieux prendre les choses comme celles-ci à la rigolade plutôt que de pleurer sur son sort. Pourtant lui, ça l’inquiétait un peu de ne pas trouver d’où provenait autant d’eau, surtout vu que l’eau continuait d’arriver vu le niveau d’eau qui montait peu à peu et les petite vaguelettes qui parcouraient la surface de l’eau. Il ne répondit pas tout de suite à la jeune femme, n’ayant pas tout à fait enregistré le fait qu’elle lui pose une question. Il se déplaçait dans la petite buanderie inondée dans l’espoir de voir une faille qui pourrait expliquer cette histoire d’eau qui continuait d’arriver. Il comprit enfin qu’elle lui avait posé une question et y répondit, bien qu’un peu tendu.

"Pas exactement, plus de l’ordre d’un mystère de plomberie…"

Oui, bon, pour le sens de l’humour on repassera. Il n’avait pas été désagréable pour autant, seulement, lorsqu’il est concentré sur un travail, son sens de l’humour se retrouve reléguer loin, très loin. Alors même s’il sait qu’il devrait répondre avec une bonne blague, il oublie, tout simplement. Il cherchait un peu partout, un réservoir d’eau qui aurait une fuite, une canalisation qu’il n’aurait pas vu quoi que ce soit qui pourrait expliquer qu’il y ait autant d’eau dans cette pièce même après que l’arrivée d’eau ait été coupée. Mais ça ne semblait pas vouloir se faire trouver. Pourtant Laszlo n’était pas du genre à hésiter à aller voir dans l’eau et à mouiller le t-shirt comme on disait pour trouver la source du problème.

Puis il y eut un élément qui lui vint en tête. Une possibilité qui n’existait pas partout mais qui arrivait parfois dans certaines maisons…Si c’était ça, ils étaient bons pour une chasse au trésor. Sortant du coin qu’il était allé inspecter, l’homme à tout faire revint vers la jeune femme.

"Dites-moi, votre maison, elle date de quand ?"

La question pouvait sembler étrange, mais il y avait une bonne raison à cela. Certaines maisons datant un peu, surtout aussi étendues que celle-ci, pouvait posséder deux circuits de canalisations et donc, par conséquent, deux poignées d’arrivée d’eau. S’ils en avaient fermé une, si elle en possédait deux…Il allait falloir trouver la seconde qui, bien évidemment, ne se trouvait pas au même endroit que la première, sinon ça serait trop simple voyons. Parfois, il se demandait ce que les ingénieurs pouvaient bien penser quand ils concevaient des maisons ou des villas. Deux circuits d’eau, pourquoi pas ; mais dans ce cas qu’ils mettent les deux poignées d’arrivée d’eau au même endroit.

"Il est possible que votre maison possède deux arrivées d’eau…Pas au même endroit évidemment…"

L'absence d'une quelconque réaction suite à son petit éclat de rire ne gêna pas le moins du monde Eleanor. Après tout, elle avait l"habitude de discuter seule ou presque, son mari ne répondant pas souvent à ses longs monologues. Elle parlait pourtant, racontant sa journée et essayant de deviner celle de l'avocat, discourant sur les recettes qu'elle voudrait tester et les diverses causes de charité qu'elle aimerait rejoindre pour s'occuper. Et elle avait besoin de s'entendre parler, de meubler le silence par tous les moyens juste pour ne plus avoir l'impression d'être seule. Alors que Laszlo ne lui réponde pas et ne relève pas le visage ne la choquait pas plus que ça : quelque part, elle savait qu'il l'avait écouté. Seulement il y avait plus important à penser, comme par exemple la raison pour laquelle sa maison était en train de subir une inondation. L'air extrêmement concentré du brun la faisait d'ailleurs sourire, à la fois impressionnée et amusée d'une telle implication professionnelle. D'un autre côté, c'était tout de même une chance qu'il y ait au moins une personne dans cette buanderie pour se sentir un minimum inquiété par ce problème de canalisation. Et dire qu'un peu plus tôt la chose paniquait la blonde ! Elle devait vraiment avoir une trop forte tendance à faire confiance aux autres pour régler les choses sérieuses...

Absorbée par sa contemplation de l'homme en pleine réflexion, Eleanor put presque voir une ampoule se dessiner au dessus de sa tête quand une idée lui vint à l'esprit. Etrange comme il était divertissant de lire sur le visage des autres, surtout quand on avait à faire à une personne expressive. Par contre, la question qui suivit eut le don de la prendre au dépourvu. De quand datait la maison ? Comme si elle pouvait en avoir la moindre idée. A vrai dire, la seule chose dont elle se rappelait en ce qui concernait l'achat et la visite de la maison, c'était tous ses plans et projets que son mari et elle avait. L'âge du bâtiment semblait bien insignifiant devant tout ce qu'ils avaient prévu de vivre dans leur nouveau chez eux. « Elle est vieille, c'est tout ce que je peux dire sans peur de me tromper. » Et elle ne voyait absolument pas en quoi cela pouvait les aider à résoudre leur mystère plomberesque. Ce dernier point ne tarda d'ailleurs pas à être éclairer par les précisions de l'homme à tout faire qui devait avoir senti son désarroi. « Evidemment. Ce serait quand même beaucoup trop simple de mettre les deux au même endroit... »

La maîtresse de maison allait pousser un soupir de désespoir quand ce fut finalement à son tour d'avoir une illumination. Après tout, ils avaient fait faire pas mal de travaux dans la maison, ne serait-ce que pour aménager la chambre de bébé et le cabinet de toilettes au premier étage. Et évidemment, ils avaient eu besoin de fournir des plans de la maison et notamment de la plomberie aux ouvriers, ou du moins elle osait le supposer. « Je pense que j'ai quelque chose qui pourrait nous aider, suivez moi ! » Et, une nouvelle fois, elle quitta la buanderie, rejoignit le salon pour accéder au premier étage et plus exactement au bureau de son époux. Aussitôt, elle se mit à fouiller dans les différentes pochettes de couleurs, n'ayant aucune idée de la façon dont les documents y étaient classés. Quand elle parvint finalement à mettre la main sur ce qu'elle cherchait, elle poussa une petite exclamation de victoire avant de l'étaler sur le bureau qui occupait le centre de la pièce. « Voilà, on a fait faire ce plan pour... Peu importe pour quoi, de toute façon. Je ne saurais pas le lire mais je suppose que s'il y a une seconde arrivée d'eau elle doit y être indiquée, non ? » Plus ça allait, plus cette réparation prenait des airs de grande chasse au trésor...

Comment ça il avait le don pour poser des questions pièges ? Ce n’était pas une question piège que de demander la date de construction, approximative en plus, de la maison. C’était une information dont il avait besoin. Que les gens ne sachent pas était une autre histoire, une qu’il ne blâmait en aucune manière. Lui-même ne savait même pas de quand datait la bicoque qu’il habitait à l’orée de la forêt. Ça se voyait qu’elle n’était pas toute jeune tout en étant probablement plus récente que la maison dans laquelle il se trouvait actuellement. Cependant, poser la question ne coûtait rien et parfois on pouvait se retrouver avec de bonnes surprises, comme un propriétaire connaissant la date ou du moins la décennie de construction de la maison en question. Certes, ce ne fut pas une de ces fois-là, mais peu importait, ils allaient bien trouver une solution, quitte à appeler le service d’eau de la ville pour qu’ils coupent l’eau au branchement le plus proche de la maison, le temps qu’il comprenne d’où venait cette inondation et qu’il répare les dégâts qui l’ont causée en premier lieu.

"Si ça peut vous rassurer ; j’ai encore quelques tours dans ma manche au cas où cette seconde valve n’existe – "

Il fit une pause dans son discours, voyant l’expression de la blonde s’illuminer devant ses yeux. Laszlo ne serait donc pas le seul à avoir une illumination ce soir. Sauf que contrairement aux siennes, celles de la maitresse de maison avaient tendance à les faire vraiment avancer…Même si là, tout de suite maintenant il ne savait pas trop où elle le trainait encore dans cette maison surdimensionnée, mais il suivait au pas près cette fois. Il n’allait pas se perdre deux fois dans cette maison. Hors de question ! Sans parler de l’intégrité de cette mission de sauvetage d’inondation, mais il y avait aussi une petite part de sa fierté personnelle qui était en jeu. Pourtant, une fois arrivé à l’étage, il laissa Eleanor farfouiller dans les dossiers, préférant ne pas y fourrer ses grosses paluches toutes mouillées. Surtout à cause de ce dernier point. Et qu’il y mettrait probablement énormément de désordre ne sachant absolument pas où commencer à chercher.

Finalement, un petit cri de victoire s’échappe de la gorge de la blonde et il détourna ses yeux des divers ouvrages qu’il pouvait voir sur certaines des étagères pour se rapprocher du bureau où un papier avait été étalé. Il reconnut bien vite les plans d’une maison. Donc de cette maison selon son interlocutrice. Oui, c’était très intéressant ça comme trouvaille. Un sourire plana sur le visage du brun alors qu’il observait le plan, jetant seulement un regard intrigué vers la jeune femme quand elle se reprit sur l’explication du pourquoi du comment de l’existence de ces plans. C’est que cette intervention, à priori de routine, commençait à prendre des airs d’inconnu et d’aventure.

"Vous êtes géniale Mme Williams."

Pour une question de convenance, Laszlo avait préféré en rester à la base des noms de familles. Prenant une bonne minute pour parcourir des yeux les tracés représentant les canalisations d’eau, il repéra la première arrivée d’eau et…Bingo ! La seconde arrivée d’eau. Ah oui, bien, bien loin de la première. La pointant du doigt sur le plan, il offrit un immense sourire vainqueur à la jeune femme.

"Bien. Mme Williams, je pense que nous touchons au but." Il reporta son attention sur le plan "A quoi correspond cette pièce ?"

Car maintenant qu’ils l’avaient trouvé cette valve, il fallait aller la fermer. Ça serait bien.

Eleanor faillit éclater de rire en se rendant compte à quel point Laszlo la suivait de près sur le chemin du bureau. Il faut dire qu'il n'y avait pas cinq minutes, le pauvre homme avait bien manqué se perdre dans la villa et elle se doutait bien qu'il n'avait pas particulièrement envie que cela se reproduise. Vraiment, elle l'avait déjà dit mais cette réparation ressemblait beaucoup plus à une course d'orientation qu'autre chose. Arrivée dans le bureau, elle ne perdit pas de temps à chercher le plan qu'elle trouva d'ailleurs relativement vite étant donné la masse de papiers accumulés dans la pièce et le présenta aussitôt à son dépanneur. La remarque de ce dernier lui arracha un sourire d'enfant alors qu'elle sentait ses joues rougir. Depuis quand réagissait-elle comme une collégienne ? Il est vrai qu'elle n'avait pas souvent le droit à ce genre de compliment. Comme il était vrai qu'elle n'avait aucun mérite : elle aurait justement du y penser beaucoup plus tôt. Pourtant, elle avait le sentiment de se rendre utile et, pour une fois, ça n'impliquait pas du ménage ou de la cuisine. Et c'était drôlement agréable. N'empêche que le Mme Williams était un brin gênant. Elle trouvait ça bien formel. « Appelez moi Eleanor, je vous en prie. Mme Williams... Ca me donne l'impression d'être sexagénaire. », corrigea-t-elle avec un léger sourire.

Sourire qu'elle perdit vite en voyant l'endroit que le brun indiquait sur le plan. Le cabinet de toilette. Celui-là même qu'ils avaient fait refaire il y avait maintenant un an de cela. Nerveusement, elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille avant de répondre d'un air un peu absent. « C'est un cabinet de toilette secondaire. Je... Je vais vous y mener. » Et encore une fois il fallait errer un peu dans les couloirs de la villa pour atteindre la destination suivante. Pourtant Eleanor n'avait plus du tout la tête à la chasse au trésor, triturant mécaniquement son alliance tout en marchant en silence. Elle ne se sentait juste pas le courage de remettre les pieds dans la chambre d'enfant, encore moins avec un presque inconnu. Oh, elle ne doutait pas que Laszlo soit un homme tout à fait honorable mais... C'était quelque chose de très personnel. Elle y revenait de temps en temps, quand un cauchemar lui rappelait l'incident et qu'elle n'arrivait pas à refermer l'oeil de la nuit ou quand elle était trop nostalgique pour faire autrement. De moins en moins souvent, jamais longtemps. Plus vite que prévu, elle se retrouva finalement devant la porte, la poignée froide dans la main. Une inspiration et la porte était ouverte : elle ne devait pas s'arrêter de vivre. Et le sol de la buanderie devait être sauvé. Entrant dans la pièce, elle eut un vague geste de main vers la deuxième porte. « C'est par là. »

Elle ne guida pas l'homme plus loin et resta un moment immobile au milieu de la pièce, fixant le berceau et les peluches d'un air absent. Doucement, presque timidement, elle leva la main avec lenteur vers le mobile qu'elle avait elle-même fait et, finalement, l'effleura du bout des doigts. Puis elle retira vivement la main et sortit de la chambre tout aussi vite. La blonde préférait de loin attendre dans le couloir. Là, au moins, elle pourrait garder le masque de parfaite maîtresse de maison.

"C'est noté"

Le sourire de la jeune femme était communicatif. Non pas que Laszlo n'aime pas sourire, au contraire, mais il fallait avouer que depuis son arrivée à Storybrooke, le brun n'avait pas trouvé tant de raisons que cela pour sourire vraiment. Il avait plus souvent eu des sourires amusés voire moqueur que réels et franc. Sauf avec Emily et Adrian. Ces deux-là étaient deux clowns ambulants, aussi enquiquinant et curieux puissent-ils être parfois, et il faudra vraiment n'avoir aucun sens de l'humour pour ne pas sourire en leur présence. Surtout Emily, leur petit boule de joie de vivre locale. Un rien lui faisait plaisir. Maintenant, il pouvait compter Eleanor dans les personnes avec qui il avait plaisir à sourire. Ça pouvait sembler banal, mais ça équivalait à un démonstration d'amitié chez le brun. Bon, d'accord, ça ne veut pas dire qu'ils étaient amis à proprement parlé; elle restait une cliente avant tout, mais elle faisait partie des personnes qu'il pensait valoir le coup que l'on s'intéresse à eux dans cette ville. Ce qui ne comptait pas tant de gens que ça pour Laszlo: Emy, Adrian, Mara...Et maintenant Eleanor.

Cependant l'ambiance bon enfant s'évapora très vite une fois que l'homme à tout faire ait pointé l'endroit où se trouvait la deuxième arrivée d'eau. La blonde ne dit rien de spécifique, mais on pouvait sentir l'atmosphère s'alourdir d'un coup, comme si on venait d'annoncer la mort de quelqu'un. Ce qui, en soi, n'était pas totalement faux, bien que le brun n'en sache rien. S'il avait du, il aurait...En fait, il n'aurait rien fait de plus ou de moins, car il était là pour travailler, pas pour discuter bagage émotionnel avec la jeune femme. Parce que sinon ils n'étaient pas sortis de l'auberge. La seule chose qu'il aurait pu faire, ça aurait été d'avoir l'air moins détaché que ce qu'il présentait actuellement. Là...Il ne pouvait qu’être détaché de la situation actuelle. Ça ne l'empêcha pas de sentir le changement subtil d'atmosphère et préféra fermer sa bouche et suivre en silence la maîtresse de maison. Cette dernière le mena à travers la maison (définitivement trop grande au goût de Laszlo) pour arriver dans...Une chambre d'enfant. Le brun faillit poser une question mais en voyant l'air sombre et affecté qu'affichait Eleanor mais se retint, lâchant un simple "merci" quand elle lui indiqua où se trouvait le cabinet de toilette tant recherché. Il avait déjà ouvert les portes du placard sous le petit lavabo quand il entendit des pas quitter la pièce précipitamment. Haussant un sourcil il passa la tête par la porte pour voir que la pièce était vide.

"Tout va bien Elenaor?"

Qu'elle n'aille lui faire un malaise tout de même. Certes, il avait dans ses connaissances proches une infirmière, ce n’était pas une raison pour autant de laisser la maitresse de maison défaillir. Sauf que bien vite, il se trouva face à un léger souci. L’arrivée d’eau s’avérait être rebelle. N’ayant, probablement, jamais servie elle semblait coincée. D’accord, Laszlo était loin du gabarit de gringalet, mais même lui avait besoin d’aide sur ce coup-là. Ca l’embêtait un peu, vu la réaction qu’avait eu la blonde en entrant dans cette pièce, mais il n’avait pas le choix.

"Eleanor ? Désolé de vous demander ça, mais je vais avoir besoin d’une deuxième paire de main…"