Oui, Hunting aurait vraiment espéré s’en tirer comme ça, offrant une dernière promesse à Cadwell – pour lui, ce n’était nullement des menaces – et continuer sa journée tranquillement, quoiqu’un peu handicapé par sa nouvelle blessure. Il aurait espéré la clouer sur place, qu’elle retourne à ses occupations. Une chirurgienne de son acabit devait être follement occupée, elle devait certainement mieux avoir à faire que de poursuivre un tueur. Ou alors, sa vie valait-elle plus que ceux qui attendaient une intervention de premier ordre. Quels avaient été les projets qu’elle avait mis sur le côté pour pouvoir s’occuper de la main du jardinier ? D’ailleurs, pourquoi avait-elle décidé de le soigner, lui ? Pour se venger, en faisant peu cas de l’anesthésie ? Ou y avait-il une explication cachée, enfuie dans l’inconscient des deux protagonistes ? Hunting n’y pensait pas. Hunting avait un simple sourire sur les lèvres, alors qu’il parcourait le couloir, certain de sa libération immédiate. Mais la main de la doctoresse se referma sur son avant-bras, faisant naitre un soupçon de colère meurtrière à l’intérieur du brun. Il n’aimait pas être arrêté dans ses mouvements, être contredis. Et Mara, bien qu’elle ignorait ceci, avait néanmoins l’audace de revenir à la charge. Ne voulait-elle pas mettre un terme à son supplice ? Quel genre de masochiste pouvait-elle être…

Je n’ai pas peur de toi. Il lui adressa un regard féroce, amplis de cette nouvelle rage, sourde, parfaitement différente de ce calme précédent. Ça se voyait dans les reflets de ses yeux. A la voulait morte, sur le champ. C’était une vivante bien dérangeante et également bien stupide. Qui serait assez fou pour lui courir après, avec un tel discours qu’il lui avait tenu. Cadwell n’avait aucune conscience de sa propre personne et de ce que Hunting était capable de lui faire subir, et de ce qu’il lui ferait vivre. Il prit une longue respiration, se concentrant sur ce qu’elle venait de dire, sur cet éclat d’assurance qu’il ne supportait plus pour l’occasion. Elle lui promit d’être ennuyeuse, elle n’avait pas besoin de tenir de tels propos, l’était déjà, énormément, aux yeux du tortionnaire. Elle devait être attardée sur certains points de ses chromosomes, ce n’était pas possible autrement. D’autant plus qu’elle ne le lâchait pas – bien qu’il ne fit aucun geste pour se défaire de sa prise. Il avait essayé de la cerner, il n’y arrivait pas. Cadwell était une énigme à ses yeux, un problème des plus agaçants, qui ne demanderait que du temps pour être résolu. Mais la femme médecin venait d’entamer grandement la patience de l’homme.

Hunting ne disait rien, les muscles de sa nuque serrés, la mâchoire fermée, son regard ne se détachant pas de la doctoresse. S’il ne la comprenait pas, Mara tentait d’en faire autant. Un mince sourire se posa sur ses lèvres, relevant avec une constatation acide à quel point elle se trompait. Son analyse intellectuelle était parfaitement faussée. Il n’avait pas peur d’elle. Il aurait tout fait pour anéantir l’espace entre eux, pour lui arracher ses vêtements, en faire un bâillon, des attaches, pour réduire le plus possible la mobilité de la chirurgienne. Après, il aurait pu disposer d’elle selon ses envies, à loisir, à désir. Faire des dégâts ? Elle n’y arriverait pas. Si elle balayait tous les mots que Hunting disait, il en faisait de même avec ses objectifs délirants. Ils n’évoluaient pas dans le même monde, comment aurait-elle pu, seulement, l’effleurer, lui faire du mal ? Dans le déni parfait du jardinier, il ne pensa pas que c’était à cause d’elle, justement, qu’il s’était fait cette vilaine blessure à la main. Ce serait s’avouer un détail bien dérangeant. Et ça, il ne pouvait pas, pas maintenant. Je ne te laisserais pas fuir. Il voulait la prendre par le cou et la plaquer si fort qu’il aurait fait de la bouillie de son corps. A la place, il ferma le poing, se concentrant sur la douleur diffuse, qui ne l’aidait en rien.

Le rideau était fermé, Hunting le remarqua seulement. Il plissa les yeux, se demandant à quel jeu, elle, elle jouait – la manière de mourir le plus rapidement possible, peut-être ? Mara restait sourde à tout ce qu’il disait. Il se dit qu’il pourrait l’assommer, une fois encore. Ça serait tellement simple. Ça ne ferait que donner raison à la femme médecin. Hunting se rapprocha, sans la toucher cette fois, les mains dans le dos, la toisant de sa taille, de sa froideur. Cadwell n’était qu’un misérable insecte. Un nuisible. L’intérêt cuisant qu’il avait pour elle n’était plus qu’une plaie dont il cherchait à se débarrasser, car elle était une plaie agaçante. « Pourquoi en êtes-vous si sûre ? Et ne me dites pas que vous le sentez au fond de vous. » Car dans ce cas, il se verrait obligé de l’ouvrir de haut en bas, pour chercher à l’intérieur de ses entrailles encore chaudes ce qui la rendait si spéciale. « Vous êtes aveugle de la réalité, Mara. Si nous naissons naturellement bon, vous n’avez pas grandi. Vous prétendez pouvoir m’aider, alors que je ne vous ai pas demandé de l’aide. Qui êtes-vous pour juger ce dont j’ai besoin ? » Il était un peu plus vindicatif que précédemment. « Je ne désire pas votre aide. Pas une aide de ce genre, tout du moins. » Si elle pouvait se poser sur une table et attendre qu’il la fasse souffrir, il la laisserait faire, bien que cela diminuerait à son plaisir. « Vous parlez d’un jeu que vous ne suivez pas, pourtant, vous êtes encore là, à courir après moi, à tenter de me changer, à ne pas me prendre au sérieux. » Il fit un pas en arrière, sans perdre le froid de son regard. « Vous ressemblez à un enfant, Mara, qui n’a pas encore perçu le monde dans lequel il évolue. Vous voulez sauver les gens, mais en dehors de votre bloc opératoire, qui avez-vous sauvé ? » Et il se rapprocha un peu plus, se penchant sur son oreille, toujours sans la toucher. « Et qui n’avez-vous pas pu sauver, dans ce bloc, docteur ? » Hunting savait de qui il parlait, de cette première victime, qui avait menée Mara jusqu’à lui. « Votre ignorance vous sauve, Mara. Voulez-vous à ce point vous détruire, que vous êtes prête à vous en débarrasser ? » Hunting perdit son regard sur le côté, songeant, un instant, silencieusement. « Soit, si c’est ainsi, je vous propose mon aide. Vous désirez tant savoir ce qui me motive. Vous ne le saurez qu’à condition de quelques sacrifices. Etes-vous prête à accepter cela ? » Et dans l’improbable de la situation, il lui tendit sa main, prêt à réaliser un accord qui n’avait rien de vu depuis le début de cette histoire. Un instant unique.

Si elle serait cette main, il lui apprendrait le goût de la peur, le goût du sang, le goût de la violence. Elle apprendrait qui est Hunting. Mais serait-elle prête à en payer le prix ?

Le regard ferme, Mara mettait au défi le criminel de la contredire. Qu’importe ce qu’il tenterait, il n’arriverait plus à la faire chanceler. La chirurgienne était aussi sûre d’elle-même que si elle était au bloc. Elle ne se posait plus aucune question, et avait fait le vide dans sa tête en attendant la réaction d’Hunting. Et celle-ci ne tarda pas. L’homme se rapprocha, mais ses mains restèrent solidement ancrées dans son dos. Il la dominait largement, mais Mara relégua cette information à un pan de sa conscience qui n’avait pas son mot à dire actuellement. Aussi implacable que cherchait à paraître le tortionnaire, Mara sentait la force de sa haine pour elle, mais ne sourcilla pas. Il pouvait avoir envie de la tuer, et la détester pour son acharnement, il pourrait lui faire subir mille sévices, la jeune femme ne broncherait pas. Lorsqu’elle prenait une décision, elle s’y tenait. Quoiqu’il en coûte, quoi qu’il advienne, Hunting deviendrait sa nouvelle cause pour le temps nécessaire à sa réhabilitation. Elle ne voyait pas ça comme une contrainte, bien au contraire. Mara ne cherchait qu’à faire le bien, et elle ne voyait pas de charge plus profitable à l’ensemble de la population de Storybrooke. S’il ne voyait pas les choses sous cet angle, Hunting serait la première personne à bénéficier de son acharnement. Elle était prête à mettre de côté le peu d’activités auxquelles elle pouvait se livrer en dehors du travail pour lui venir en aide. N’était-elle pas déjà en train de se priver de déjeuner pour lui ?

« Pourquoi en êtes-vous si sûre ? Et ne me dites pas que vous le sentez au fond de vous. » Un sourire étoffa les traits bienveillants de la chirurgienne. Elle n’eut cependant pas la possibilité de répondre, car déjà le criminel enchaînait : « Vous êtes aveugle de la réalité, Mara. Si nous naissons naturellement bon, vous n’avez pas grandi. Vous prétendez pouvoir m’aider, alors que je ne vous ai pas demandé de l’aide. Qui êtes-vous pour juger ce dont j’ai besoin ? » Elle pinça des lèvres, mais ne fut nullement contrariée par les reproches d’Hunting. Il tentait de la mettre mal à l’aise, de la percer à jour pour la déstabiliser et lui faire tirer un trait sur ses plans. Mais il ne la comprenait pas, comment l’aurait-il pu ? Les deux protagonistes avaient évolué sur des plans bien trop éloignés et différents pour être capables de saisir l’essence des pensées et de la vie de l’autre. Mara se rendait compte du fossé qui les séparait. Et elle réalisait que pour pouvoir aider au mieux le tortionnaire, il faudrait qu’elle apprenne à le comprendre. Ça n’avait rien d’une mince affaire, mais elle était suffisamment curieuse et autodidacte pour parvenir à un résultat. Elle ignorait simplement quelle forme il prendrait. « Je ne désire pas votre aide. Pas une aide de ce genre, tout du moins. » Elle fronça lentement les sourcils, cherchant à comprendre ce qu’il pouvait bien sous-entendre. Quelle aide un criminel pouvait-il vouloir ? Voulait-il qu’elle lui prête un bloc et quelques instruments pour sévir ? Ou plus simplement qu’elle se jette sous ses instruments de torture pour qu’il puisse mettre ses menaces à exécution ? L’une comme l’autre étaient des options auxquelles Mara ne pouvait pas se résoudre. « Vous parlez d’un jeu que vous ne suivez pas, pourtant, vous êtes encore là, à courir après moi, à tenter de me changer, à ne pas me prendre au sérieux. » Elle ne fit pas le moindre geste alors qu’il recula, leurs regards ne se quittant plus une seconde.

« Vous ressemblez à un enfant, Mara, qui n’a pas encore perçu le monde dans lequel il évolue. Vous voulez sauver les gens, mais en dehors de votre bloc opératoire, qui avez-vous sauvé ? » Elle craignait de comprendre où il souhaitait en venir, et se raidit alors qu’il se rapprocha à nouveau et se pencha pour lui susurrer à l’oreille : « Et qui n’avez-vous pas pu sauver, dans ce bloc, docteur ? » Elle serra les dents, sa mâchoire se crispa, et un éclair électrique couva au fond de ses prunelles pures. « Votre ignorance vous sauve, Mara. Voulez-vous à ce point vous détruire, que vous êtes prête à vous en débarrasser ? » Hunting regarda un instant ailleurs, permettant à la chirurgienne de détailler une nouvelle fois son visage. Elle songeait que, en comparaison de l’homme taciturne et silencieux qu’elle était venue trouver chez lui quelques jours plus tôt, Hunting était devenu bien prolixe. Elle aurait sans doute du rester stoïque en pareilles circonstances, mais elle ne put empêcher un sourire fin de faire irruption sur ses lèvres. Mara voulait croire en l’effet positif qu’elle avait sur lui. Qu’importe qu’il lui jette des reproches et des menaces au visage, au moins sa langue s’était déliée. La jeune femme avait le mérite d’être patiente. Elle était prête à s’accrocher à chacun des progrès que ferait le criminel. Et elle finirait par l’avoir, sa victoire.

« Soit, si c’est ainsi, je vous propose mon aide. Vous désirez tant savoir ce qui me motive. Vous ne le saurez qu’à condition de quelques sacrifices. Etes-vous prête à accepter cela ? » Le regard de Mara passa tour à tour de celui, profond, de l’homme à la main qu’il lui tendait. Elle laissa quelques menues secondes de silence s’écouler, puis la détermination retrouva le chemin de ses prunelles. Ses doigts glissèrent contre la paume d’Hunting puis serrèrent l’arête de sa main. Elle n’avait pas conscience de faire un pacte avec le diable. Elle songeait simplement que, peu importe les sacrifices qu’il exigerait, sa rédemption en valait largement la peine. Elle ne fit même pas l’effort de réfléchir à ce qu’il pourrait oser exiger d’elle, car il avait tort sur un point, Mara s’accrochait férocement à son ignorance. « J’accepte. » Elle sourit à nouveau, et sans relâcher la main du criminel, elle ajouta : « Mais je ne serais pas la seule à faire des sacrifices. Si pour connaître tes motivations, j’accepte les sacrifices dont tu parles, en échange tu dois me promettre de ne faire souffrir personne. » Son ton devint plus sombre, et un éclat empli de réalisme traversa son regard. « Tu penses que je suis une enfant, et je sais que tu t’évertueras à me faire grandir selon tes propres concepts. » Elle inspira lentement, figeant ses yeux sur ceux d’Hunting, cherchant à les transpercer, à lui prouver qu’elle ne serait pas qu’un pantin entre ses mains. « Mon ignorance de ton monde ne vaut que ton ignorance du mien. » Elle serra davantage sa main dans la sienne, n’ayant cure de la blessure qu’elle venait juste de soigner. « Si j’entre dans ton monde, tu ne toucheras plus personne d’autre. » Son regard se plissa légèrement, et sa poigne devint féroce. Mara savait que c’était douloureux, elle était suffisamment expérimentée pour connaître la douleur d’une plaie que l’on malmène. Elle l’avait déjà suturée sans anesthésie, et désormais elle s’échinait à détruire son travail. La chirurgienne était quelqu’un de bien, mais elle savait qu’en face d’un monstre comme Hunting, il ne fallait pas montrer ses faiblesses. Elle ignora la petite voix dans sa tête qui la suppliait d’arrêter et de reprendre le cours tranquille de sa vie, loin de cet homme nocif.

Mara exigeait d’Hunting une exclusivité dans la torture. Elle ignorait encore ce que ce mot signifiait, elle avait seulement vu le résultat du travail du tortionnaire, ses yeux parcourant le corps dans un mélange de crainte et de fascination. La chirurgienne avait toujours été curieuse de ce qu’elle ne connaissait pas. Mais ce dans quoi elle se risquait désormais ne souffrait aucune comparaison avec ce qu’elle avait connu jusque-là. Une partie d’elle-même en avait délibérément conscience. Mais l’autre se fichait des effets secondaires non désirés, ne percevant que le résultat principal : la sauvegarde de Storybrooke et la rédemption d’un homme, d’un criminel, Hunting.

La main de Mara glissa dans celle de Hunting et il eut ce qui ressembla à un sourire mutin, à sa manière. La doctoresse tombait dans ses griffes et constata que cela avait été une tâche bien moins ardue qu’il ne s’y serait attendu. Une fois le choix des bons mots fait, il n’était plus que menues convenances pour faire tomber les proies dans un piège finement dressé, qui révélait ses faiblesses. Hunting n’avait aucun intérêt à cacher ses intentions envers la femme médecin, ainsi ce fut en parfaite connaissance de cause qu’elle accepta l’offre du jardinier. Qui aurait pu prédire un tel accord ? Elle, la parfaite demoiselle, qui sauve les vies & lui, le parfait monstre, qui se repait de la souffrance. Tellement impossible, et pourtant, se réalisant dans ce pauvre box d’hôpital. Il lui enseignerait l’importance de bien torturer un individu, du déceler l’instant où l’esprit craque, le dosage subtil pour parvenir à une paranoïa des plus savoureuses. Elle serait le cobaye, le rongeur qui tourne dans sa roue et dont son univers ne se résout qu’au monde que son maitre veut bien lui accorder. Il lui façonnerait ses peurs, leur donnerait les essences les plus dévorantes, porterait son nom sur chaque fait horrible qui marquerait la vie de Cadwell. Il ne lui ferait pas vivre un rêve. Mara venait de signer avec le diable, elle s’en mordrait les doigts… quand il le décidera.

Des conditions vinrent bien vite, entachant sommairement le plaisir soudain de Hunting. Il ne dit rien, n’hocha même pas la tête. Les mains étaient encore jointes, et Cadwell enfonçait ses ongles dans la blessure toute fraiche de l’homme. Il ne montra rien, même si la douleur se rependait dans tout son avant-bras. Il ne lui donnerait pas satisfaction à son acte. Parce que ce serait ce que lui attendrait, puisqu’elle réagissait comme le tortionnaire l’aurait fait. A la place, son sourire s’élargit, faisant croire qu’il acceptait les termes de la femme médecin. Il n’en était rien. Il profitait de cette joie, fugace, de voir que la chirurgienne ne suivait pas ce chemin blanc et immaculé, pour la seconde fois de la journée. Vraisemblablement, elle ne restait pas sage en présence de Hunting, calquant ses manières, ses tours, sans qu’il ne le lui ait vraiment appris. Elle pouvait toujours tenter de se rattraper avec des paroles plein d’altruisme, il n’y prêtait pas attention. A cet instant, il se moquait des autres. Il venait tout juste d’acquérir une victime consentante… Il lui ferait regretter ce choix, la ferait pleurer sur cet instant où elle se liait au tueur, ferait en sorte qu’elle se ronge de l’intérieur pour ce qu’elle venait d’accepter. Il s’acharnerait, pour faire en sorte qu’elle ne songe plus qu’à l’erreur qu’elle aurait pu éviter, mais que, cependant, elle plongeait, tête la première.

Hunting avait un mois complet pour s’amuser avec elle, avant de la faire disparaitre pour de bon. Il n’était pas très doué pour garder ses jouets, qui finissaient toujours par disparaitre dans un repos – ultime repos – mérité. Mara ne fuirait pas. Mara se jetterait dans ses bras pour qu’il puisse marquer sa peau, détruire son corps, profaner son esprit, rompre ses certitudes, la recouvrir de blessures, manquer de la tuer. Et il la soignerait, la remettrait sur ses deux pieds, lui rendrait la confiance qu’il lui avait volé, lui rendrait ses sourires. Et il détruirait tout ceci une fois encore, pour plus de plaisir, la baignant dans plus de sadisme, dans plus d’horreur, il la claquerait sur les bas-fonds de l’espèce humain, la tordrait, la râperait. Hunting la ferait pleurer. Hunting la ferait crier. Elle lui en voudra, elle le haïra – plus qu’à cet instant. Elle voudra sa mort. Il ne lui offrirait que celle de sa propre personne. Il en rêvait, déjà, de sa lame s’enfonçant dans la chair tendre de son ventre, coupant la peau, les tissus, les organes. Il ferait jaillir le sang de sa plaie, et peindrait son impatience de sa mort dans l’horreur du monde.

Hunting fronça les yeux quand Cadwell augmenta sa prise sur sa main, sans pour autant chercher à se retirer de celle-ci. C’était un échange qu’il ne pouvait interrompre, au risque de tout perdre. Ce serait au premier qui lâcherait, à celui qui accorderait la supériorité de l’autre. Mara partait déjà perdante, puisqu’elle venait d’accepter le pacte du jardinier. tu ne toucheras plus personne d’autre. Il la dévisagea, lui rendant le même éclat dans son regard, assombrissant ses yeux, tandis qu’il se penchait vers elle, son souffle se heurtant sur le visage de la doctoresse. « Oh, nous venons à peine de commencer et vous demandez déjà l’exclusivité, Mara ? » Son ton de serpent, ravi, était toujours assez fort pour n’être entendu que par elle. Il plissa les yeux, joueur. La tentation était trop grande, il ne pourrait pas cracher sur une telle occasion. « Dans ce cas, je ne toucherai que vous. » La noirceur de son regard laissa présager que ce n’était pas pour le mieux. Elle voulait qu’il ne se concentre que sur elle. Il le ferait. Il ne penserait qu’à elle tandis qu’il trancherait les autres. Venait-il de mentir, ouvertement, en la regardant dans les yeux, sans présenter un seul trouble ? En effet. Cependant, elle ne le saurait jamais. Hunting mentait comme il respirait, avec une facilité déconcertante. Faire une fausse promesse n’était qu’un détail dont il se débarrassait facilement. Cadwell ne méritait pas encore ce genre de vérité. Pas encore…

Hunting releva la tête, un son étrange provenant à ses oreilles. Il reconnut le son d’un bipper et supposa qu’il s’agissait de celui du docteur. Son sourire s’élargit, lâcha la main de la jeune femme. « Il semblerait que vous soyez désirée ailleurs. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. » Il paraissait presque poli, avec ces quelques mots. Il n’y voyait que là sa porte de sortie. Trop longtemps en présence de Cadwell et il ne savait pas s’il serait capable de ne pas la tuer – parce que l’envie était toujours là, insidieuse, dans chacune de ses pensées, l’électricité particulière dans ses doigts, là où deux secondes encore auparavant, sa peau touchait celle de la femme médecin. Cet échange n’avait fait que l’exciter davantage, sa curiosité grandissante avec ce lien nouveau qui les unissait. Que pourrait-elle supporter ? Mourrait-elle avant qu’il ne se soit parfaitement distrait d’elle ? Ah ! qu’il lui tardait de découvrir tout ceci. « Ce n’est qu’un au-revoir, docteur. Nous nous reverrons bien assez vite. » Jusque-là, il n’y aurait que de l’impatience dans ses veines.