People Need Love ♪ Emily Puck

Sujet: People Need Love ♪ Emily Puck Ven 5 Avr - 22:51

Introduction

Époque du sujet : Flash-Back
Date du sujet : Deux ans avant la malédiction
Ordre de passage des participants : Declan - Doll (Emily)

Il pleuvait à torrent sur le royaume enchantée. Declan était sorti pour faire quelques courses à l'extérieur et s'était retrouvé à courir à travers la forêt, trempés jusqu'aux os. Il aurait même pu tomber, à de nombreuses reprises, mais s'était relativement bien rattrapé à chaque fois, à l'aide de branches basses qui se trouvaient sur son chemin. Cependant, ses vêtements étaient tâchés de boues et ses chaussures totalement inondées. La journée promettait d'être des plus... pénibles. Et lorsque l'on connait le caractère de Declan, on sait qu'une journée pénible le mettait inévitablement de mauvaise humeur.

Il rentrait alors chez lui, en pestant contre le temps, contre les limaces, contre la boue et les gens trop insistants tout en fermant la porte d'entrée. Lorsqu'il se tourna, Declan eut une vision d'horreur. Sa cabane était en désordre ! Des objets traînaient partout, des cookies étaient étalés par terre - comme beaucoup d'autres condiments - et sa table en bois était envahie de paquets cadeaux. Mais ce n'était pas tout. Une horde de lutins avait infesté les lieux. Il y en avait absolument de partout ! Declan serrait la mâchoire et balayait la pièce d'un regard sombre et meurtrier. Un petit groupe de lutins sautaient sur la table et observaient le sorcier entre amusement et inquiétude. Puis, soudain, Doll sortit de derrière les paquets en chantant une horrible chanson festive qui termina en un sifflement joyeux. Declan menaçait d'exploser à tout instant, à en juger la couleur de son visage qui avait viré au rouge. « SORTEZ D'ICI TOUT DE SUITE ! » Un lutin n'était pas d'accord et lui lança une boîte en carton sur la tête.

Declan se réveilla d'un bond et tomba à la renverse, en dehors de son lit. Les draps retombèrent sur lui et il émit un petit gémissement de douleur. Et ce ne fut qu'après s'être frotté le front qu'il se leva du sol en lançant des regards inquisiteurs dans la pièce. Il n'y avait plus de lutins. Plus du tout. Mais en réalité, il n'y en avait jamais eu. Declan avait simplement fait un horrible cauchemar qui avait pris fin avec son réveil. Un soupir de soulagement se fit entendre et il ne tarda pas à prendre un pain au lait qu'il avait acheté sur le marché la veille et un verre d'eau. Le petit déjeuner engloutit, le sorcier se dirigea vers une bassine d'eau, se rinça le visage et fut fin prêt à partir ramasser quelques champignons et autres vivres dans la forêt.

Le temps était clair et les rayons du soleil perçaient les feuillages, éclairant quelques endroits par-ci par-là. Declan marchait d'un pas traînant, en lançant quelques coups d’œil aux bas des arbres, à la recherche de quelques espèces de champignons qui poussaient à n'importe quelle période de l'année. Il pouvait également y avoir quelques fruits sauvages, que Declan appréciait tout particulièrement sur une bonne tarte à dessert. Et puis, s'il pouvait tomber sur quelques rôdeurs avec qui il pourrait échanger quelques objets ou quelques vivres, ce serait parfait.

*BOUM*

Doll se réveilla en sursaut en entendant ce bruit sourd et se cogna la tête en sautant sur ses pieds, ayant momentanément oublié qu’elle était dans un tiroir et non pas dans une boulangerie comme elle avait cru. Une douleur fulgurante lui traversa le crâne, elle tituba en voyant vingt chandelles, et se laissa retomber sur le fond du tiroir à moitié assommée. Knocked out, le lutin. Un réveil bien désagréable, pour quelqu’un qui venait de rêver qu’elle vivait dans une pâtisserie et faisait des gâteaux toute la journée avec ses copains lutins, en jetant occasionnellement une tarte à la figure du Père Noël ligoté à une chaise, le tout en chantant des comptines plus ou moins glauques de Saint Nicolas. Il lui semblait avoir aperçu un lapin se promenant avec des œufs quelque part aussi, mais non seulement elle n’avait pas compris ce qu’il faisait là, mais elle n’y avait pas prêté attention plus que ça ; avant que le BOUM ne la réveille elle était en plein conflit avec une espèce de mouche bleue qui voulait lui prendre une de ses dents. Et puis le BOUm l’avait réveillée, et puis c’était elle qui avait fait BOUM contre le « plafond » de sa « chambre »… A moitié dans les pommes, elle se massa le crâne en grimaçant et se releva après quelques minutes, bougonnant et songeant qu’elle devrait changer de tiroir. Celui-là était trop bas de plafond pour elle.

S’agrippant au rebord, elle se mit sur la pointe des pieds et jeta un œil au-dehors pour n’apercevoir que la chambre vide. Le lit était défait et les volets ouverts, elle en déduisit que Declan était parti faire un tour. N’avait-il pas mentionné qu’il fallait aller chercher des provisions ? Jetant un œil vers la fenêtre, elle s’aperçut que la matinée était déjà bien avancée. Disparaissant de nouveau dans son tiroir, elle replia correctement le bout de tissu qui lui servait de couverture, vissa son bonnet à grelot sur sa tête blonde, et bondit hors de son perchoir. S’accrochant aux poignées de l’étagère, elle descendit avec l’agilité d’un petit singe et atterrit gracieusement sur le sol, écartant fièrement les bras à la manière d’un gymnaste. Un grand sourire aux lèvres, comme si elle était fière de sa performance, Doll mit les deux poings sur ses hanches et inspecta la pièce d’un œil critique. Comme elle pouvait s’y attendre, Declan n’avait ni rangé son petit déjeuner ni fait son lit. Parfait, elle pourrait s’échauffer avant de partir le rejoindre. Remontant les manches de sa veste verte sans se départir de sa bonne humeur, elle se mit à l’œuvre non sans chantonner évidemment. Il était temps de montrer à ce sorcier ce qu’un lutin de maison avait dans le ventre, non mais !

A peine dix minutes plus tard –et encore, elle avait pris son temps- Doll sortait de la maison avec un petit couteau à sa ceinture qui lui servirait de sabre pour couper les végétaux, et sur le dos une hotte qu’elle avait fabriquée elle-même, qui était au moins aussi grande qu’elle et une fois remplie probablement plus lourde, mais les lutins de maison avaient développé, malgré leur petite taille, une force qui leur permettait de manipuler des objets plus lourds qu’eux-mêmes chez les humains, comme des casseroles, des fruits, des légumes, des brosses… Tout ce qui leur permettait de remplir leur tâche correctement. Pas fatiguée le moins du monde, elle s’élança à toutes jambes avec la rapidité d’un lapin, suivant le chemin qu’elle savait que Declan avait pris. Il ne pouvait pas être bien loin, elle le rattraperait vite !
Elle ne mit effectivement pas bien longtemps avant de voir sa haute silhouette penchée sur les racines d’un arbre. Accélérant sa course, elle piqua un sprint et le rejoignit alors qu’il se relevait et s’apprêtait à reprendre sa marche.

« Declaaaaaaaaaaaaaaan ! » appela-t-elle de sa voix claironnante. « Méchant garçon, tu aurais pu m’attendre avant de partir ! En plus tu m’as réveillée en tombant de ton lit ce matin, et à cause de ça j’ai sursauté, je me suis cognée, et je suis retombée dans les vapes pendant… pfiou… au moins dix minutes. Dix minutes, tu imagines ? J’aurais pu mourir, avoir une hémorragie au cerveau, ne plus jamais me relever ! Alors je n’aurais pas pu ranger la cuisine et faire ton lit comme je l’ai fait ce matin. » conclut-elle d’un air grave comme s’il s’agissait là d’une affaire d’Etat. « Et pire encore, tu n’aurais plus de petit lutin pour te distraire en attendant qu’Aiden revienne nous raconter ses histoires. Et toi, as-tu bien dormi, malgré ta chute ? De quoi rêvais-tu ? Et on cherche quoi ? Des champignons ? Oh oui des champignons, je sais bien cuisiner les champignons, à la poêle c'est délicieux ! » continuait-elle de babiller joyeusement comme la pipelette qu'elle était sans se soucier de savoir si son discours avait un sens. Il commençait à avoir l’habitude, il saurait bien faire le tri !

Pour un début d'expédition, Declan avait déjà réussi à récolter quelques myrtilles et un grand nombre d'herbes aromatiques. Il fallait le voir, avec son poignard, en train d'arracher tout ce qu'il trouvait sur son passage. Le sorcier faisait preuve d'une délicatesse rare à ces moments et on pouvait presque le prendre pour un homme doux, adorable, serein. En revanche, lorsqu'un insecte croisait son chemin, il n'hésitez pas à faire couler le sang et à montrer son vrai visage. Bon, n'exagérons rien, ce n'étaient que des insectes... mais son attitude était assez proche de celle qu'il adoptait dans ses mauvais jours. Heureusement, mis à part cet horrible rêve - et les insectes -, Declan se sentait bien aujourd'hui. Il n'affichait même pas sa tête d'éternel grognon et se plaisait à contempler des papillons qui voletaient tout autour de lui. Puis, il aperçut quelques champignons contre les racines d'un arbre et se pencha pour les analyser et enfin les récupérer lorsqu'il était sûr qu'ils étaient comestibles. Avec tous ces bons ingrédients sous la main, il pouvait faire de très bons repas. Mais s'il voulait être sûr de pouvoir profiter de ses préparations, Declan devait ramasser beaucoup plus de champignons, beaucoup plus d'herbes, beaucoup plus de myrtilles. Depuis qu'un lutin s'était invité chez lui et depuis que Aiden faisait des visites improvisées, le sorcier se voyait dans l'obligation de proposer à manger, à boire, si bien qu'il ne restait presque rien pour lui-même. Ah, la sociabilisation. Declan devait s'y faire, pour son bien et celui de son entourage.

Et en parlant de sociabilisation... le sorcier entendit son nom et tourna lentement la tête sur sa droite. Il se redressa, rangeant les champignons qu'il avait récolté dans son sac tout en gardant un œil sur Doll qui venait de s'inviter à l'expédition et qui le sermonnait pour ne pas l'avoir attendu ou encore pour l'avoir réveillée brusquement - involontairement. Elle disait être tombée dans les vapes pendant un moment après s'être cognée et reprochait à Declan de n'avoir rien fait. Comment aurait-il pu deviner, de toute façon, qu'elle avait perdu connaissance puisqu'elle logeait dans un de ses tiroirs ? Quand bien même il l'aurait vu, le sorcier n'aurait pas pu comprendre que le lutin n'était pas simplement en train de dormir mais plutôt de subir les conséquences d'un grand coup sur la tête. Enfin, tout étant que Declan ne s'offusqua pas de ces accusations et continuait de ranger ses provisions dans sa besace, parfaitement calme.

Doll n'en avait pas fini, alors que le sorcier tournait les talons pour poursuivre sa route. La petite voix du lutin s'élevait dans les airs et chatouillait ses oreilles de façon assez... désagréable. Elle parlait beaucoup trop. Declan avait besoin de profiter du calme du matin mais depuis l'arrivée du lutin, il savait que ce serait impossible. Il pouvait tirer un trait sur sa méditation et sur sa bonne humeur. Voilà comment rendre un sorcier grognon. Mettez-lui un ami qu'il n'avait pas demandé, qui bavarde beaucoup et qui le suit à la trace et vous obtiendrez un très bon résultat. Même si en réalité, Declan appréciait Doll, il ne le montrait pas. Alors, lorsqu'elle lui demanda de quoi il avait bien pu rêver ce matin, le sorcier eut une réponse toute prête en tête. Cependant, il la laissa finir de poser ses questions, qui ne s'arrêtaient plus - un petit avant-goût d'une future rencontre avec un certain Keenan. « Si tu veux tout savoir, j'ai rêvé que tu avais invité tes amis lutins à mettre ma maison sans dessus dessous. » Il releva ensuite une de ses mains dans laquelle il tenait un champignon, pour répondre à une de ses autres questions. « J'en ai déjà ramassé une bonne poignée. » Et il lui en faudrait encore une bonne vingtaine pour être sûr de tenir la semaine avec ce petit lutin gourmand. « Je suppose que tu veux m'aider à en ramasser ? Ou à en trouver ? » Le sorcier marchait encore, s'éloignant du lutin avec ses grandes jambes d'humain.

Bientôt, ils tomberaient sur un groupe de brigands cherchant à marchander quelques unes de leurs trouvailles. Et Declan serait le premier à tenter de troquer quelques fils d'or avec eux. Il espérait juste que Doll soit assez patiente pour le laisser conclure ses affaires. Il avait besoin de viande et, pour dire vrai, il n'aimait pas chasser. Si les brigands possédaient quelques poulets morts, ce serait déjà une très bonne nouvelle. « Tu as fait vite pour me rejoindre malgré ton coup sur la tête. Comme quoi, tu n'as rien finalement » Il aurait pu s'inquiéter s'il l'aurait trouvé inanimée chez lui, mais ce n'était pas le cas, alors...

Les lutins étaient probablement l’espèce de créatures la moins recommandée pour vivre avec quelqu’un comme Declan. Si usuellement ils se cachaient et prenaient garde à ne pas se faire repérer, il arrivait que des exceptions comme Doll se manifestent et finalement sociabilisent et cohabitent avec l’habitant originel de la maison. Et dans ce cas de figure, mieux valait être préparé. Les lutins étaient des créatures que l’on pouvait qualifier d’attachiantes : attachantes car toujours de bonne humeur et prêtes à rendre service, et chiantes parce que bavardes et, mine de rien, assez de pot-de-colle dans leur genre. D’où la nécessité d’être assez tolérant et sociable quand on avait la chance –ou la malchance- d’héberger un lutin sous son toit. Ce qui n’était pas le cas de Declan, mais Doll ne s’en souciait pas vraiment, s’accommodant fort bien de sa mauvaise humeur et de son côté bougon. Elle trouvait même qu’ils ne faisaient pas une si mauvaise paire, au final. Elle était peut-être la seule à le penser, mais peu lui importait.

« Si tu veux tout savoir, j'ai rêvé que tu avais invité tes amis lutins à mettre ma maison sans dessus dessous. » répondit Declan avec une pointe de reproche dans la voix. Doll haussa un sourcil, étonnée qu’il ait pu rêver de lutins, qui plus est qui mettaient une maison sans dessus dessous. Les lutins de maison, au contraire, étaient génétiquement programmés pour ranger les maisons, pas y fiche le bazar ! Il n’avait donc rien écouté de ses leçons ? Et puis de toute façon, elle était le seul lutin des environs et n’avait pas envie d’en croiser d’autres. Elle ignorait si la rumeur de sa disgrâce s’était répandue de famille de lutins en famille de lutins, et elle ne tenait pas à le savoir. Mais évidemment, elle garda ces réflexions pour elle.
« J'en ai déjà ramassé une bonne poignée. » dit-il en changeant de sujet pour lui montrer une poignée de champignons. Parfait, ne restait plus qu’à en trouver un peu plus et ils auraient de quoi préparer quelque chose digne de leurs estomacs ! Une chance pour Declan que les lutins aient un appétit moindre que les humains… Même si la quantité de nourriture qu’ils pouvaient ingurgiter, proportionnellement à leur taille et à celle supposée de leur estomac, était impressionnante. « Je suppose que tu veux m'aider à en ramasser ? Ou à en trouver ? »

‘Oui oui oui !’ fit-elle en hochant vigoureusement de la tête, un grand sourire aux lèvres. Être utile était une mission capitale dans la vie d’un lutin, chassé de chez lui ou pas ; et voyant que Declan s’éloignait à grands pas, elle se remit à trottiner derrière lui en inspectant les environs pour dénicher des champignons comestibles. Elle était d’ailleurs en train de regarder sous une racine quand il lança : « Tu as fait vite pour me rejoindre malgré ton coup sur la tête. Comme quoi, tu n'as rien finalement »
« Nous autres lutins, nous avons la tête solide. On est bien obligés, avec les rennes du patron qui donnaient parfois des coups de sabot. Elles n’étaient vraiment pas aimables, ces bêtes-là. Caractérielles et égoïstes. » affirma doctement Doll en se battant contre un champignon récalcitrant, elle réussit finalement à arracher au prix d’une roulade involontaire dans l’herbe. Elle se releva, remit son bonnet en place, et tendit le fruit de son dur labeur à Declan. Puis elle épousseta sa veste et reprit sa marche à ses côtés, jouant de son épée-couteau pour tailler des brins d’herbe sur sa route. « Il ne faut pas croire que nous sommes de pauvres petites créatures sans défense. Nous sommes certes minuscules, mais assez solides pour entretenir une maison d’humains ou accomplir des tâches requérant une force équivalente à la vôtre. Comment crois-tu que je m’en sois tirée avant d’arriver chez toi ? Sans me faire manger par le premier renard venu ? » remarqua-t-elle avec un sourire amusé. Il était vrai qu’elle était chez Declan depuis quelques temps maintenant, mais jamais encore elle ne lui avait vraiment raconté ce qu’il y avait eu avant. De même qu’il était lui-même très secret sur sa vie passée. Elle s’arrêta un instant pour lui indiquer un autre amassement de champignons, puis reprit d'un air curieux : « Si tu ne savais rien de tout ça, j’en conclus que tu n’avais encore jamais eu de lutin de maison chez toi. Tu vis seul depuis longtemps ? »

Doll était en train de raconter à Declan combien elle avait la tête solide. Il arqua d'ailleurs un sourcil en imaginant les rennes donner des coups de sabots à la petite créature qu'elle était. Les lutins pouvaient-ils vraiment supporter ce type de douleur ? Le sorcier avait mal à la mâchoire rien que d'imaginer l'effet que pouvait produire un coup de sabot sur la tête. Il lui serait d'ailleurs bien utile d'avoir les mêmes capacités qu'un lutin, surtout lorsqu'il se retrouver en pleine bagarre à la taverne. Même s'il était un grand sorcier, Declan ressentait bien les effets d'un crochet du droit. En tout cas, Doll avait un désavantage : sa taille. À cause d'un champignon difficile à récupérer, le petit lutin tomba en faisant des roulades dans l'herbe. Declan l'observa et, ayant manqué le début, ne comprit pas pourquoi celle-ci perdait son temps à s'amuser par terre. Il songea même à l'idée que ce puisse être un truc de lutins, avant que Doll ne lui tende le champignon coupable de ses roulades. Declan le récupéra, sans remercier son amie - oui oui, elle l'était, mais chut - puis continua son chemin.

Doll reprit la conversation - ou plutôt ses explications - et expliqua à Declan qu'elle n'était pas une créature sans défense, loin de là. Il lui lança un drôle de regard lorsqu'elle se mit à parler de renard. Il ne manquerait plus que ces petites bêtes se fassent un festin de lutins. Heureusement donc, Doll pouvait leur échapper. Declan n'allait pas se montrer soulager, mais il était impressionné. Il imaginait bien le petit lutin, braver le danger avec sa petite épée et ses roulades. Mais il sortit rapidement de sa rêverie alors que Doll lui montrait tout un lot de champignons. Declan prit alors son poignard pour en récupérer, toujours très attentif à ce que disait le petit lutin. S'il avait déjà eu une créature magique chez lui ? Cette idée lui arracha un petit rire, alors que Doll posait une dernière question. « Oui, je vis seul. » Il ne riait plus et ramasser tous les champignons qu'il avait sous la main. « Et non, je n'ai jamais eu de lutins de maison. Jusqu'à ce que tu arrives. » Une fois que sa besace fut bien remplie, le sorcier se leva et aperçut les brigands qui marchandaient avec quelques rôdeurs. « Suis-moi. »

Sans attendre de connaître l'avis de Doll, Declan approcha des trois hommes qui venaient de terminer leur échange avec les rôdeurs. Ces derniers partirent en lançant un regard au sorcier, puis chuchotèrent avant de disparaître entre les arbres. « Bonjour Messieurs ! » Declan approcha de deux pas supplémentaires et ouvrit sa besace pour en sortir quelques fils d'or. « Est-ce que ceci vous intéresse ? Inutile de vous dire d'où je les tiens. » Le sorcier n'avait vraiment que faire de fils d'or. Alors, les échanger contre quelques vivres ne le dérangeait pas. En revanche, il ne s'attendait pas à ce que l'un des brigands s'intéresse à autre chose qu'aux fils d'or. « Tu l'vends combien ton nain ? » L'imbécile, qui ne savait pas faire de différence entre un lutin et un nain, désigna Doll de sa main poisseuse.

Si Doll avait rencontré pas mal d’ennuis depuis son départ de l’atelier du Père Noël, elle avait réussi à se faire suffisamment discrète aux yeux des êtres humains pour éviter tout problème à leur contact. Elle s’installait dans une maison, s’y faisait discrète, et si les habitants se mettaient à soupçonner quelque chose, elle filait aussitôt. Elle vivait dans les bois, évitant les renards, loups, oiseaux de proie et autres bestioles qui auraient voulu en faire son déjeuner, et elle s’en était toujours sortie de la sorte, se faisant oublier et surtout ignorer du genre humain qui était par trop imprévisible dans ses réactions au contact des créatures magiques. Declan était, en quelque sorte, la première exception à la règle. Peut-être parce qu’il était lui-même une exception, qui sait ; mais Doll savait avec certitude qu’il n’était pas comme les autres humains, quoi qu’il puisse être. Elle savait qu’il connaissait la magie, mais n’avait pas encore été assez confrontée au monde humain pour savoir avec exactitude ce qu’était un sorcier, une espèce pour ainsi dire inexistante à l’Atelier où la magie venait d’une autre source. Elle avait évité les humains, malgré la tentation de les rejoindre, et s’en était plutôt bien portée jusqu’à maintenant. C’est pourquoi elle ne put s’empêcher d’avoir un temps d’interrogation alors qu’elle voyait Declan se diriger vers trois hommes à la mine patibulaire et peu avenante. Ils n’avaient pas l’air très recommandables, ces messieurs-là, mais voyant que Declan avait l’air déterminé à aller les voir, elle ravala sa remarque et le suivit, non sans un poil d’appréhension.

« Bonjour Messieurs ! » Doll se garda bien de prononcer le moindre mot, peu désireuse d’attirer l’attention sur elle, se contentant de rester sagement derrière Declan en espérant qu’ils ne fassent pas plus attention à elle qu’à un champignon. « Est-ce que ceci vous intéresse ? Inutile de vous dire d'où je les tiens. » Doll haussa un sourcil en considérant les fils d’or qu’il leur tendait, se demandant d’où ces machins pouvaient bien provenir et surtout à quoi ils pouvaient bien servir, mais les brigands avaient visiblement d’autres projets en tête. L’un d’eux baissa le regard sur elle, et l’indiqua d’un geste de la main en grommelant : « Tu l'vends combien ton nain ? ».

Oubliant de s’indigner d’être ainsi confondue avec un nain –les nains étaient plus grands et plus rustauds que les lutins- Doll écarquilla les yeux de stupeur et considéra alternativement les brigands, puis Declan, puis les brigands qui n’avaient décidément pas des têtes sympathiques. L’acheter, elle ! Mais pour quoi faire ? D’un seul coup, les vieilles histoires que ses parents lui racontaient quand elle était petite remontèrent à la surface, les contes que l’on raconte aux jeunes lutins pour les dissuader de faire des bêtises, sur ces géants qui venaient les kidnapper pendant leur sommeil pour en faire leurs esclaves et ne jamais les laisser retourner à l’Atelier ou à la liberté tout court. Doll sentit son cœur chuter de quelques étages dans sa poitrine et, paniquée, se planqua derrière la jambe de Declan en s’accrochant à sa botte, la clochette à la pointe de son bonnet tintant de manière ridiculement innocente au vu de la situation. Levant vers lui des yeux suppliants vers le sorcier, elle le supplia : « Ne les laisse pas m’emmener… Je ne veux pas être vendue, je ne veux pas être un esclave, je ne veux pas être leur animal de compagnie, je ne veux pas partir, je veux rester avec toi… ». Bon d’accord, cette tragédienne dans l’âme avait certainement la voix plus larmoyante que nécessaire, mais le fond n’en restait pas moins vrai. Elle préférait encore supporter la mauvaise humeur de Declan jusqu’à la fin de ses jours plutôt que de partir avec ces brutes ! « Je te promets que je serai sage, et moins bavarde… Mais me laisse pas partir avec eux ! »

Lorsque l'un des trois brigands demanda le prix de Doll, Declan baissa les yeux vers le lutin. Lui qui se montrait si désagréable et si nonchalant avec elle semblait tout à coup inquiet. Pourquoi cet homme voulait-il acheter la petite créature ? Pour qu'elle fasse son ménage à sa place ? Pour lui servir d'esclave ? Les deux autres rôdeurs étaient tout aussi intéressés par l'idée de leur ami. Ils regardaient Doll comme s'ils attendaient qu'elle soit enfin à eux. De toute façon, il était hors de question que Declan laisse ces inconnus acheter le lutin. Même s'il ne la connaissait pas depuis des années, le sorcier s'était... disons-le, attaché à la petite créature. Il la voyait souvent fourrée chez lui et avait appris à l'apprécier, malgré lui, malgré son désir de rester loin des gens. Declan était du genre à s'attacher au gens avec rapidité, d'où son entêtement à tenir quiconque éloigné de lui. Doll ne l'avait pas écouté et s'était librement installée dans sa petite cabane au fond de la forêt, sans se soucier - apparemment - des rumeurs qui circulaient sur le sorcier. Aujourd'hui, on lui proposait de se débarrasser d'une personne qui lui tenait à cœur. Le plus simple aurait été d'accepter l'offre, pour ne plus avoir à se soucier de la sécurité du lutin tous les jours. Mais dans un même sens, il se soucierait d'elle s'il la savait entre les mains de trois imbéciles capables de donner des coups de bâtons à Doll. Dans les deux cas, Declan n'avait pas d'autres choix que de refuser leur offre, car il serait toujours inquiet concernant le petit lutin à grelot qu'il aimait bien sans oser le dire.

Comment se débarrasser d'une petite créature qui se planque derrière vous comme un chaton apeuré ? Il n'y paraissait pas, mais cette image de Doll fendait le cœur du sorcier. Heureusement que les lutins n'étaient pas des êtres capables d'empathie, sinon, Declan serait mal barré. Il ne pourrait plus jamais aborder son apparence de grand grincheux face à une petite Doll qu'il voulait impressionner pour ne pas trop qu'elle s'attache à lui, à son tour. Était-ce trop tard dans tous les cas ? Possible. Declan ne savait pas si le lutin l'appréciait ou si elle aimait juste sa cabane au fond des bois au point d'y rester.

Doll se mit soudainement à supplier le sorcier de ne pas laisser les hommes l'emmener. Elle semblait si désespérée que Declan dut se forcer de ne plus la regarder, pour qu'elle ne comprenne pas qu'il se sentait désolé pour elle. Désolé parce qu'elle avait eu peur à cause de ces trois brigands qui la regardaient comme un précieux trésor tant espéré. Et au lieu de s'adresser à Doll qui lui avait promis d'être sage s'il la gardait avec elle, Declan braqua son regard sombre sur le rôdeur qui avait lancé sa proposition. « Je ne la vends pas. Elle m'appartient. » C'était un mensonge, mais le sorcier ne voulait pas fâcher ces messieurs, qui trouveraient toujours à redire si Declan annonçait que le lutin n'appartenait à personne. « Et j'espère que vous ne vous opposerez pas à mon refus. Vous savez de quoi je suis capable. » Les trois hommes reculèrent, comme s'ils fuyaient la peste. Et puisque le marché était conclu, Declan s'éloigna des rôdeurs en espérant que Doll le suive.

Planquée derrière la botte de Declan à laquelle elle continuait à s’agripper comme un gamin dans les jupons de sa mère, Doll lança un regard mi-craintif mi-hostile aux trois brigands qui la regardaient avec un horrible air de convoitise. Elle refusait de partir, elle refusait de se retrouver en captivité : son expérience de la cage aux perroquets du capitaine Hook lui avait largement suffi, même s’il avait fini par l’en libérer. A ce souvenir, un nœud se créa dans la gorge du petit lutin. Est-ce que Hook l’aurait protégée face aux brigands ? Ou bien l’aurait-il vendue contre une somme conséquente ? Elle voulait croire qu’il l’aurait défendue ; et surtout, elle espérait très fort que ce soit le cas de Declan. Levant vers lui des yeux gris suppliants, elle ne sut que penser de sa mine fermée, presque réfléchie, ce qui la plongea dans un état de désarroi plus intense encore : hésitait-il ? Envisageait-il réellement de la vendre ? L’espace d’un instant, elle songea à mettre à profit l’agilité et la rapidité dont les lutins étaient doués pour s’enfuir loin, et vite. Mais ses jambes refusaient de bouger, et c’est clouée sur place qu’elle fut forcée d’attendre le verdict final. Comme tout lutin, elle avait besoin d’un ‘propriétaire’, lequel était souvent défini par instinct et n’en avait parfois pas conscience : à l’Atelier c’était évidemment le Père Noël, mais en dehors ? Pour Doll, c’était les personnes auxquelles elle avait été liées, le propriétaire de la maison, puis Hook, et maintenant Declan. Comme n’importe quel lutin, elle se plaçait instinctivement sous leur tutelle, qu’ils en aient conscience ou non, et agissait uniquement en fonction d’eux. Elle n’avait pas le choix, c’était dans sa nature. Les lutins n’étaient pas fait pour l’indépendance. Encore moins pour la solitude. Il était naturel pour elle d’être incapable de partir pour sauver sa peau… puisque seul Declan maintenant avait ce pouvoir de la libérer ou non.

Lorsqu’il ouvrit la bouche pour parler, elle retint sa respiration… mais la reprit dès qu’il eut parlé pour soupirer de soulagement.

« Je ne la vends pas. Elle m'appartient. » dit-il d’un ton qui n’appelait pas à la discussion. « Et j'espère que vous ne vous opposerez pas à mon refus. Vous savez de quoi je suis capable. »

Si la menace à peine voilée éveilla la curiosité de Doll –parlait-il de la magie ?- elle fut néanmoins rassurée instantanément. Une lueur de reconnaissance brilla dans les prunelles du lutin alors qu’elle se sentit beaucoup plus légère. Ainsi Declan tenait assez à elle –pour quelque raison que ce soit- pour déclarer qu’elle lui appartenait et qu’il était hors de question de la vendre ? Un sourire illumina le visage du lutin alors qu’elle jeta un dernier regard aux brigands, avant de trottiner derrière Declan pour repartir à la maison… Sans s’apercevoir de ce qui se tramait derrière elle jusqu’à ce qu’elle se sente une forte poigne s’emparer d’elle et l’arracher du sol.

« AAAAAAAAAAAAAAH ! LÂCHEZ-MOI ESPECES DE BRUTES ! » se mit-elle à crier en se débattant du mieux qu’elle pouvait, enserrée dans cette grosse main qui l’étouffait. « DECLAAAAAN ! »

Mais déjà le paysage se mettait à défiler sous ses yeux, alors que les trois brigands s’enfuyaient… Avec elle en otage. Non d’un renne, c’était un enlèvement ! Un rapt ! D’un seul coup, Doll vit passer toute sa vie devant ses yeux –à l’image de ces gens qui vont mourir, à ce qu’on dit- et sentit son cœur accélérer dans sa poitrine alors qu’elle imaginait déjà ce que ces brigands allaient lui infliger. Non non non, pas question ! Mûe soudainement par un instinct de survie insoupçonné, elle fit la seule chose qui lui passa par l’esprit : elle planta ses dents de toutes ses forces dans la main du brigand. L’homme laissa échapper un cri de douleur –elle n’y était pas allée de main morte !- et par réflexe écarta les doigts. Ce fut suffisant pour que Doll glisse et aille rouler sur le sol en tourneboulé, se remette sur ses pieds en chancelant, et file sauter derrière une racine pour s’y cacher. Plaquée derrière le tronc d’un arbre, elle retint son souffle en espérant qu’ils ne la repèreraient pas… et pour pouvoir s’échapper discrètement. Ou pour que la cavalerie arrive très vite.

Declan pensait tellement avoir réussi à dissuader les brigands qu'il s'était éloigné sans e poser de questions. Le sorcier était craint de beaucoup et de ce fait, il avait pris l'habitude de ne pas avoir à répéter deux fois une même phrase. Les gens n'osaient pas le contredire ou l'attaquer, par crainte de passer un sale quart d'heure. Declan se souvenait d'ailleurs d'une fois où un homme avait osé lui tenir tête. Un homme qui voulait chasser son frère, Berach, et qui persistait à dire qu'un jour ou l'autre, il aurait sa peau et débarrasserait la forêt enchantée du monstre. Cette homme est désormais au fin fond d'une cellule, sûrement recroquevillé contre un mur, à se balancer d'avant en arrière en suppliant que sa vie s'achève. Parfois, Declan pouvait être très brutal envers ses ennemis et il n'avait pas hésité à perturber cet homme pour qu'il ne soit plus capable de réfléchir à comment chasser le lycan.

Les brigands étaient donc bien naïfs d'oser s'en prendre à Doll comme ils étaient en train de le faire, alors que le sorcier avait le dos tourné. La petite créature se mit à crier en se débattant et aussitôt, Declan s'arrêta de marcher, sans pour autant se tourner. Vraiment ? Ces hommes n'avaient rien de mieux à faire que de vouloir s'acharner sur un lutin ? Le sorcier attendit un petit moment, lorsque Doll put s'échapper, avant de laisser une fumée pourpre l'envelopper. L'un des brigands remarqua l'absence du sorcier et se mit à rire, pensant qu'il était parti sans son lutin de compagnie. Mais c'était une grave erreur. Pauvre de lui. Il disparut à son tour, sans que ses deux amis ne s'en aperçoivent.

Finalement, l'un des deux se tourna pour poser une question au troisième et fronça les sourcils en voyant que ce dernier ne répondait pas à l'appel. Puis, il leva les yeux en voyant une ombre s'agiter sur le sol. Son ami était pendu par les pieds à une branche d'arbre et tentait de se débattre pour se libérer. Declan profita de ce moment d'inattention pour attraper le second et l'envoyer nager un peu dans le lac. Ses hurlements et les gémissements de l'autre alertèrent le troisième, qui, au lieu de fouiller dans les buissons pour trouver le lutin, se tourna pour observer les dégâts.

« Je pensais avoir été clair. Le lutin n'est pas à vendre. » La main droite du sorcier attrapa le cou épais du dernier brigand et il le souleva du sol, avant de le pousser contre un arbre. Le dos de l'homme heurta violemment les écorces qui tombèrent en éclats sur le sol. « Et apparemment, vous ne savez pas de quoi je suis capable. » Sur ces mots, des lianes remontèrent contre le tronc pour enrouler les jambes du brigands afin de l'attacher. Piégé, l'homme se mit soudainement à hurler en regardant face à lui, comme si son heure était venue. Declan se recula et chercha la petite Doll des yeux. « Tu peux sortir maintenant. C'est sans danger. » Les trois hommes autour d'eux étaient en train de hurler comme des déments. Ils semblaient même exagérément effrayés pour des types qui venaient de se faire attacher ou balancer dans l'eau. En réalité, Declan leur avait infligé de petites illusions. L'un pensait nager en compagnie d'une créature aquatique féroce, celui accroché à la branche pendait au dessus de bêtes affamées imaginaires alors que le dernier pensait que des serpents lui enroulaient les jambes pendant qu'un plus gros tentait de le dévorer. Toutes ces illusions n'étaient présentes que dans leurs esprits.

Effrayant. Tout cela était décidément effrayant, et si elle avait su que la vie pouvait être aussi effrayante hors des murs de la fabrique, Doll y aurait probablement réfléchi à deux fois avant de quitter le cocon douillet de l’Atelier du Père Noël. Toute sa vie, elle avait vécu dans cette bulle enchantée où son quotidien avait été rythmé par les jouets, la fête, le souci du bonheur des autres et surtout des enfants, et l’insouciance. Etre traquée par des brigands avait été le dernier de ses soucis, puisque personne n’était capable de trouver l’emplacement de la fabrique à moins d’être un initié, et les seuls à l’être à sa connaissance étaient la Fée des Dents, le Lapin de Pâques et Jack Frost. Le danger avait toujours été pour elle une notion totalement étrangère… Jusqu’à ce qu’elle ne décide de voler de ses propres ailes. Et à cet instant précis, planquée dans des fourrés en espérant que ces fourbes ne la trouvent pas, elle commençait un tantinet à le regretter. Finalement, on n’était pas si mal à la fabrique, malgré le caractère de cochon du vieux Santa. A quatre pattes sous les feuilles du buisson, elle risqua un regard au dehors… Et sursauta en voyant une branche attraper l’un des brigands par le pied et le soulever de terre. Ouvrant de grands yeux ébahis, elle en oublia de respirer mais dut se plaquer les deux mains sur la bouche pour se retenir de crier à Declan de fuir en le voyant arriver. Et si un arbre s’en prenait à lui aussi ? Mais un autre brigand s’envola pour atterrir dans le lac avec un PLOUF retentissant ; et ce sans que Declan paraisse perturbé le moins du monde. Stupéfaite, Doll comprit enfin. C’était lui qui faisait ça ?

« Je pensais avoir été clair. Le lutin n'est pas à vendre. » Les mains de Doll descendirent légèrement de son visage, mais restèrent suspendues en l’air, jointes, tant elle ne parvenait à se détacher de la scène. C’était pour elle qu’il faisait ça ? Naaaan pas possible, il devait y avoir une autre explication. « Et apparemment, vous ne savez pas de quoi je suis capable. » Cette fois, elle ne put retenir une exclamation de frayeur en voyant le dernier bandit décoller du sol pour se faire plaquer avec violence contre un tronc et ligoter là par des branchages animés par magie. Ses hurlements lui faisaient peur. Il avait si mal que ça ? Qu’est-ce que Declan était en train de lui faire ? Elle tressaillit une dernière fois lorsque Declan reprit la parole d’une voix plus forte, s’adressant visiblement à elle. « Tu peux sortir maintenant. C'est sans danger. »

Après un court instant d’hésitation, elle obtempéra et sortit des fourrés où elle avait trouvé refuge. Elle avait de la poussière sur les joues et son bonnet était de travers, mais elle s’en aperçut à peine, se contentant d’avancer de quelques petits pas penauds tout en jetant des coups d’œil inquiets aux trois malheureux en train d’hurler dans le vide. Finalement, elle coula aussi un regard vers Declan, puis vers eux de nouveau, puis vers lui… Et se plaqua les deux mains sur les oreilles pour les boucher. Plus de bruit, plus de bruit, chuuuut.

« Arrête ! » s’exclama-t-elle d’une voix moins assurée qu’elle ne l’aurait espéré. « Je veux plus qu’ils crient. Je n’aime pas ça. Ca fait mal aux oreilles et ça fait peur. Fais-les taire, s’il te plaît. » Oui, la petite Doll était une trouillarde, et une émotive avec ça. Les lutins n’étaient pas habitués aux émotions fortes, et pour leur bien autant que celui de leur entourage, mieux valait éviter de trop les bousculer comme elle venait de l’être. « On s’en va, dis ? » demanda-t-elle en levant des yeux suppliants vers lui ? Puis, décidant de ne pas lui laisser le choix, elle partit à grands pas –enfin façon de parler- en le tirant par la jambe de son pantalon, le grelot de son bonnet tintant comme pour faire écho au bazar qui agitait son pauvre cœur bien trop petit pour supporter toute cette agitation. Non, les lutins n’étaient décidément pas des aventuriers ! « C’est toi qui as fait ça, dis ? C’est ça être sorcier ? Tu fais quoi d’autre ? Ca fait peur quand même. Tu ne me ferais pas de mal hein ? » reprit-elle dans son babillement habituel en se tordant le cou pour essayer d’attraper son regard. « Mais quand même… merci Declan. Je suis désolée de m’être laissée attraper. » conclut-elle, penaude.

Sujet: Re: People Need Love ♪ Emily Puck