Declan avait écarté la menace que représentaient les brigands pour Doll, mais le petit lutin ne semblait ni apprécier le spectacle ni le vacarme qu'il en découlait. Les trois hommes hurlaient et se débattaient comme des déments. Ils avaient l'air d'être en proie à des hallucinations, ce qui était le cas, et n'arrêteraient pas de crier tant que Declan ne cesserait pas l'emprise psychique qu'il avait sur eux. De son coté, Doll sortit de sa cachette dans un drôle d'état. Mais la petite créature semblait préoccupée par les brigands et le sorcier, puis par les cris que ces derniers poussaient encore. Aussi, le petit lutin plaqua ses mains contre ses oreilles, une réaction qui étonna Declan, puisqu'il lui avait sauvé la vie. La suite surpris le sorcier encore plus. Doll voulait qu'il arrête. Pourtant, ils ne recevaient que ce qu'ils méritaient, pour avoir osé le prendre pour un imbécile, mais surtout pour avoir osé s'attaquer au lutin.

Doll avait peur. Ce simple mot figea Declan sur place. Il ne voulait pas l'effrayer. Étrangement, même si cette idée lui aurait plu par le passé, le sorcier ne voulait plus que son amie ait peur de lui. Voilà à quoi en était réduis Declan en acceptant d'avoir une vie sociable : il avait peur de perdre ceux auxquels il tenait réellement. Alors, il se laissa entraîner par Doll, loin des brigands, tel un pantin incapable de décider seul de ses gestes. Puis, pour ne pas effrayer le lutin plus qu'il ne l'était, Declan cessa les illusions et relâcha ses victimes qui ne demandèrent pas leur reste. Les trois hommes partirent rapidement, terrorisés à l'idée qu'un autre événement semblable ne leur arrive s'ils restaient trop longtemps dans les pattes du sorcier. Sorcier qui écoutait attentivement les paroles de son amie qui lui posait tout un tas de questions.

S'il lui ferait du mal, à elle ? Avec son caractère de cochon, Declan aurait très bien pu dire que oui, si elle l'embêtait trop, il pourrait être tenté de la torturer un peu, mais ce n'était pas la vérité. Jamais le sorcier ne pourrait faire souffrir le lutin. Jamais. Elle était devenue vraiment trop importante pour lui et il s'en était rendu compte avec les tentatives des brigands pour kidnapper Doll. Au final, le petit lutin remercia Declan de l'avoir sorti d'affaire et s'excusait pour s'être laissée attraper. Un soupir s'échappa des poumons du sorcier qui regardait la route devant lui. « Ce n'est pas de ta faute. Ce sont eux. Et ils n'ont eu ce qu'ils méritaient. » Declan cessa alors de marcher et observa le lutin. « Ce n'est pas évident d'être un sorcier, mais je ne te ferai pas de mal. Je ne fais souffrir que ceux qui me font souffrir. » Encore un soupir. « Tu veux continuer de cueillir ou tu préfères rentrer ? Je pense qu'il y a assez là-dedans pour faire un bon festin. »